Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1906-03-23
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 mars 1906 23 mars 1906
Description : 1906/03/23 (Numéro 82). 1906/03/23 (Numéro 82).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune
Description : Collection numérique : La Commune de Paris Collection numérique : La Commune de Paris
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k287295v
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Vendredi 23 Mars 1906
52e Année 3e Série N' 82
Le Numéro quotidien = 5E/IVÊ & SEINE-ET-O1SE 15 centimes = DEPARTEMENTS 20 centimes
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
Gaston CAÊMETTE
Directeur-Gérant
RÉDACTION ADMINISTRATIOIq
26, rue Drouot, Paris (9° Arr')
RÉDACTION ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9« Arr')
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8, place de la Bourse.
Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-lâ, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
1 1 de rite de ttot. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
SOMMAIHH
DE NOTRE
Supplément Ixittépaipç
DE DEMAIN
Jean Bertheroy Les baisers perdus
Nouvelle inédite
Hugues Delorme. Le poisson rouge
et la brochet
Fable
Sonia. Le docteur Pozzi
Les « hors cadre »
G.-A. DE CAILLAVET Jean-Pierre Bouvreuil,
candidat
EMILE Bergerat. Ballade en l'honneur
̃ du Gade
Poésie
MAURICE Dumoulin. Le vrai Malet
D'après des
documents inédits
Sanceline "Snobinettes"
Croquis de Paris
Jacques Delimal Courses de chevaux
sous Louis XVI
ARMAND DAYOT De Watteau à David
Les peintres des fêtes
et des conversa-
tions galantes
A. B Souvenirs d'un peintre
André Beaunier. A travers les Revues
EDOUARD Fuster Retour de Courrières
L'Aide sociale
G. Labadie-Lagrave L'origine des toasts
Lectures étrangères
Page Jl/îusîca/e
EMILE FREY. Menuet inédit
Novare
Il y a aujourd'hui cinquante-sept. ans,
le 23 mars 1849, se livrait en Piémont,
près de Novare, une bataille qui durait
dix heures et où s'effondraient les espé-
rances de l'Italie. Le roi Charles-Albert
dont le marquis Costa de Beauregard
a dessiné la figure tourmentée et énigma-
tique, si déconcertante pour un histo-
rien, si captivante pour un psychologue-
marchait à sa destinée, lui qui avait pris
pour devise cette parole d'audacieuse
espérance: «J'attends mon astre », la-
quelle devait être encore inscrite sur les
panneaux de la voiture royale qui l'em-
menaen exil. Sous lapression d'unmouve-
ment populaire irréflé'chi, il s'était décidé
à dénoncer, le 12 mars, l'armistice conclu
l'année précédente avec l'Autriche. Les
hostilités devaient s'ouvrir le 20 mars.
La campagne fut de courte durée, les
armées se trouvant, à cette date, à peu
de distance l'une de l'autre. Le 23, le
maréchal Radetzky rencontrait, immé-
diatement au sud de Novare, l'armée pié-
montaise que commandait le Roi en per-
sonne. Malgré la bravoure proverbiale
de Charles-Albert qui « devant la mort
avait toutes les tristesses d'un amant dé-
daigné », malgré le dévouement de ses
fils, le duc de Savoie et le duc de Gênes,
l'armée piémontaise. confinée dans une
attitude défensive qui devait inévitable-
ment lui être funeste, fut repoussée et
vaincue.
Charles-Albert abdiqua. Son fils Vic-
tor-Emmanuel ramassa le sceptre qui
lui était transmis dans un jour de dé-
sastre, et tout de suite montra qu'il était
digne de la confiance de son peuple. La
paix fut conclue c'était pour l'Italie di-
visée et battue l'évanouissement de ses
rêves d'union. Dix ans plus tard, après
les efforts et les succès de Cavour, après
la participation honorable du Piémont
aux affaires d'Orient, après l'alliance
française, après Palestro, Magenta, Sol-
ferino, la revanche était prise, et conquise
la Lombardie. La première étape, la plus
dure, la plus importante, était franchie
dans la voie de l'indépendance et de l'u-
nité italiennes.
Duns chaque famille, le souvenir des
mauvais jours demeure le plus vivant,
car les épreuves retrempent les carac-
tères, engendrent ou rétablissent la con-
corde. De même les peuples vigoureux
conservent plus profondément la mé-
moire des jours de deuil qui furent pour
eux le point de départ d'une renaissance,
d'un relèvement. L'Italie, surtout celle
du Nord, n'a pas oublié Novare. Sur le
champ de bataille, au village de la Bi-
cocca où la lutte fut particulièrement
sanglante et acharnée, à quinze cents ou
deux mille mètres de la ville, s'élève un
ossuaire qui fut construit en 1860. Les
ossements, recueillis à cette date en di-
vers points de la vaste plaine, y ont été
pieusement déposés. Cet ossuaire est
plus grand et plus imposant que la plu-
part des monuments similaires. Par son
seul aspect il impressionne le visiteur.
A l'intérieur qui est aménagé en cha-
pelle, sont gravés sur le bronze les noms
de tous ceux qui sont morts le 23 mars
1849. De tous sans exception, carle gou-
.vernement piémontais, par un rare sen-
timent de générosité, a demandé à l'Au-
triche de lui communiquer les noms des
officiers et soldats autrichiens tombés le
même jour sous le drapeau de leur pays,
et a voulu que leur souvenir fût rappelé,
avec celui des siens, en ce lieu où leurs
restes sont confondus.
La plus illustre victime de cette jour-
née fut le lieutenant général Hector Per-
rone di San Martino. Il commandait une
division, celle qui fut chargée de la dé-
fense de la Bicocca, et il trouva la mort,
une mort glorieuse, tandis qu'il récon-
fortait ses jeunes troupes de sa voix au-
torisée.
Chacun sait, en Italie, que le général
Perrone avait été, quelques mois avant
cette campagne, président du Conseil et
ministre des affaires étrangères et qu'à
la reprise des hostilités il avait réclamé
sa place à l'armée. Mais sa biographie
mérite d'être connue en France, parce
qu'elle est moitié française.
Le Piémont a toujours été une pépi-
nière de soldats. Aujourd'hui' encore il
fournit à l'Italie ses meilleures troupes.
Sous le premier Empire, Hector Perrone
vint en France avec de nombreux com-
patriotes, comme lui avides d'action et
de renommée. En 1806 il entrait à notre
Ecole de Saint-Cyr d'où il sortait officier.
Il prit part, dès lors, à toutes les campa-
gnes de l'Empire jusqu'en 1815 où, promu
colonel, il fit la tampagne de Belgique à
l'état-major du général Gérard,A la Res-
tauration, suivie de la réduction des ca-
dres de l'armée, il dut rentrer dans la vie
civile, s'occupa d'agriculture dans le
Forez, et fortifia encore le lien qui l'atta-
chait à la France par son mariage avec
Mlle de LaTour-Maubourg, petite-fille' de
La Fayette.
En 1830 il rentrait dans l'armée avec
son grade, prenait part en 1832 à l'expé-
dition de Belgique et au siège d'Anvers
avec son ancien chef, le maréchal Gérard,
il recevait les étoiles en. 1839.
'Il exerçait un commandement à Lyon
en 1848 lorsque éclata la révolution en
Italie, bientôt suivie de la guerre contre
l'Autriche. Perrone, déjà vieux, quitta sa
patrie d'adoption pour retourner en Pié-
mont et apporter à. son pays le concours
de son expérience. Il fut nommé lieute-
nant général', organisa les nouveaux con-
tingents lombards qui se donnaient à la
cause de l'Italie, fut ministre après l'àr-
mistice, reprit un commandement à la
reprise des hostilités et tomba à No-
vare. 1 1
Ainsi le général Perrone, au cours de
sa carrière, servit la France plus encore
que l'Italie. Piémontais par sa naissance,
par les hautes charges publiques que le
Piémoni lui confia dans une heure diffi-
cile et par sa mort à Novare il a pen-
dant quarante ans fait partie de notre
armée. Ses services lui avaient mérité
les honneurs de la grande naturalisation
que complétaient ses alliances de famille.
Sa fin mit en deuil deux armées. Cepen-
dant, dans l'ossuaire delà Bicocca, à No-
vare, rien, pas une inscription, pas une
palme, pas une couronne ne rappelait,
jusqu'à ce jour que le général Perrone
pourrait être revendiqué par la France
comme un de ses Tçyaiïx serviteurs.
Cet oubli est réparé, ou va l'être. La
France tient à honneur de commémorer
ceux qui l'ont servie. Le gouvernement
français a désigné notre consul à Turin
pour déposer aujourd'hui même, dans
l'ossuaire de Novare, une couronne funé-
raire ornée des couleurs italiennes et
françaises à la mémoire de cet ancien
général français qui, commandant d'une
division comme Douay et Raoult, doyen
de son armée comme Renault, fut mor-
tellement atteint d'une balle à la tête
comme Margueritte, et tomba, comme
eux tous, pour son pays, en un jour de
défaite dont il contribuait à composer
une journée honorable.
C'est en 1806, ai-je dit, que Perrone
entra à Saint-Cyr, il y a un siècle. Il en
sortit pour combattre en Espagne, aux
armées impériales., dans ces divisions
italiennes que l'histoire signale pour leur
vaillance et leur discipline. Au cours du
siècle dernier, Italiens et Français se
sont ainsi trouvés souvent côte à côte,
luttant pour les mêmes causes. Récem-
ment encore, une poignée de marins ita-
liens et français défendait héroïquement
les missions catholiques d*è Pékin. Cet
hommage rendu aujourd'hui à un homme
dont la carrière fut consacrée aux deux
pays est comme un symbole de cette
communauté de luttes et de cette instinc-
tive alliance.
Henry Bordeaux.
Échos
La Température
Une dépression persiste sur la Méditerranée,
où le temps est mauvais le minimum baro-
métrique, 748™ se tenait hier matin'au sud de
la Provence. La pression se relève sur le
centre de l'Europe; elle reste supérieure à
yyOmm sur l'Ecosse et l'Irlande. Hier à Paris,
vers midi, après un léger mouvement de
haussé, le baromètre restait stationnaire à
7Ô2mm4.
Sur nos côtes la mer est grosse au sud de
la Provence, très houleuse à la pointe du Co-
tentin.
Des pluies sont tombées dans le sud-ouest
et le nord du continent. En France, il a plu à
Marseille et à Perpignan; il neigeait hier matin
à Calais et à Cherbourg.
La température a baissé sur nos régions
elle était hier, à Paris de i° au-dessous de zéro
vers sept heures du matin, et de 70 au-dessus.
l'après-midi. Journée assez belle, c'est-à-dire
sans pluie, mais très froide. On notait 2° au-
dessous à Lyon, 6° au mont Ventoux, 10° au
puy de Dôme, 160 au pic du Midi.
En France, des pluies sont probables dans
le sud. Le temps va rester nuageux et froid
dans le nord. Le soir, le baromètre était à
76imm.
(La température du 22 mars 1905 était
A Paris, thermomètre 70 au-dessus de zéro
le matin, 15° l'après-midi. Baromètre 760"10'
dans la matinée, 762mm le soir.)
Les Courses
Aujourd'hui, à deux heures, Courses à
Maisons-Laffitte. Gagnants du Figaro:
PrixdeFromainaille:PierrotIII; Marceline.
Prix d'Inval Prangins; Bal Masqué.
Prix de Houdan Old Lady Frimaire.
Prix Delâtre Gamaliel; Caramel.
Prix Andrée Zaïre Bethsaïda.
Prix Le Nickam Matou; Viveur.
IMMORALITE POLITIQUE
Oy L'être facétieux qui a eu le premier
< l'idée d'offrir une médailleàM. Com-
bes a dû s'amuser follement en appre-
nant hier que le Conseil des ministres
avait chargé M. Thomson d'assister of fi-
ciellement à la remise de cette médaille
et de prononcer un discours à cette céré-
monie de mi-carême.
Le ministre de la marinedevra ce soir,
s'il prend vraiment la parole à cette
fête carnavalesque, faire table rase de
toutes ses idées personnelles et des opi-
nions retentissantes de, la plupartdesmi-
nistres actuels ses collègues. Il en est dix
au moins sur onze, en effet, qui ont
couvert de flétrissures celui qu'ils, mé-
daillent aujourd'hui, et nos oreilles sont
encore charmées des cinglantes apostro-
phes que M. Leygues, M. Barthou, M.
Poincaré, M. Clemenceau, justement
écœurés, ont prodiguées à M. Combes,
président du Conseil.
Quantauxautres,MM.Sarrien, Etienne,
Ruau, Bourgeois, ils ont été fréquemment
excommuniés par ce même M. Combes
qui refusait à ses « dissidents » jusqu'au
titre de républicain; de sorte que M.
Thomson risque, ou bien d'insulter le
ministère Sarrien en rappelant les
actes de M. Combes, ou bien d'injurier
M. Combes en rappelant qu'il lui parle
au' nom du cabinet Sarrien.
Il n'y a qu'un seul ministre actuel qui,
ayant fait partie du cabinet Combes,
aurait pu parler avec autorité de ce qui
avait été commis à cette époque, c'est
M. Doumergue; mais il a sans doute de-
mandé qu'on détournât de lui ce calice, et
c'est ainsi que le ministre de" la marine
s'est jeté à l'eau pour la joie, de ses col-
lègues.
M. Thomson a cependant une tout
autre besogne à accomplir et il s'y est
attelé avec un succès que la marine en-
tière admire, lui qui a à reconstituer
toutes nos forces navales désorganisées
par l'illustre complice de M. Combes,
M. Pelletan.
Mais quelle nouvelle leçon d'immora-
lité politique se dégage de la réunion de
ce soir!
Voilà des hommes qui dans l'oppo-
sition républicaine la plus véhémente
ont constamment dénoncé et flagellé
M. Combes, voilà des hommes qui, en
raison même de cette opposition, ont
é'té désignés pour remplacer un jour le
ministre qu'ils jugeaient néfaste, et le
jour où ces hommes ont pris le pouvoir,
oublieux désormais de,toute logique, ils
se joignent humblement au cortège de
.ceux qui les vilipendaient par ordre de
M. Combes, et avec eux, prosternés de-
vant lui, ils apportent, en forme de mé-
daille, la fiche de consolation à celui qui
inventa la fiche de délation.
Que penser de telles palinodies? 9
En dépit de tous. les discours qui
s échapperont ce soir de ces bouches
gênées, et malgré toutes les médailles
qu'on attachera sur l'ancien chef du gé-
néral André et de M. Pelletan, M. Combes,
il ne faut pas qu'on l'oublie, a été répu-
dié par la Chambre, comme il sera de-
main rejeté par le pays, parce qu'il a été
le ministre de la haine, de la provoca-
tion, de la persécution, de l'arbitraire et
de la délation.
Et nous ne parlons pas de la politique
extérieure, qu'un ministre malhabile
avait rendue tellement périlleuse qu'il a
fallu dix mois à M. Rouvier pour la rec-
tifier
M. Combes avait fait de l'armée, avec
le général André, une école de dénon-
ciation par ces fiches maçonniques *qui
exhalaient l'envie, le fiel et la bassesse
intellectuelle de celui qui les écrivait, et
qui dévoilaient la honte de celui qui les
recevait et les récompensait.
Avec M. Pelletan, il avait semé l'indis-
cipline dans les arsenaux, retardé de
dix ans nos constructions navales les
plus urgentes, désorganisé notre marine
et son armement, bafoué ses chefs.
A travers tout le pays, en détenant le
pouvoir par la menace, il a créé des
Comités d'estaminet qui gouvernent en-
core le Parlement et traquent les élec-
teurs il a traité, dans le parti répu-
blicain lui-même, ses adversaires comme
dés corrupteurs, des voleurs ou des sus-
pects il a discrédité ses représentants et
ses agents, détruit l'indépendance des
juges, soumis tous les avancements à la
faveur, accentué le malentendu entre le
capital et le travail en soulevant l'ouvrier
contre le patron il a étalé la plus inso-
lente intolérance, sous le couvert de la
libre pensée; il a bafoué la famille, ou-
tragé la conscience, meurtri la foi.
Sous sa férule, avec ce régime de sus-
picion, d'injures et de haine, le parti ré-
publicain, qui devenait peu à peu la na-
tion tout entière, s'est émietté, divisé en
sectes, en écoles, en chapelle, pour per-
sécuter à son exemple, pour menacer,
opprimer ou exclure!
Voilà ce que M. Combes a fait dans
ce pays avide de paix, de réconcilia-
tion, de loyauté, de franchise et de tra-
vail. Au dehors la guerre étrangère ou
peu s'en faut au dedans la guerrecivile
a peu de chose près.
Si cette politique mérite une récom-
pense, comme le juge, paraît-il, le minis-
tère actuel, ce n'est pas une médaille
qu'il faut offrir à M. Combes, ce n'est
pas un discours ministériel qu'il faut lui
servir, c'est le pouvoir qu'il faut lui
rendre. Gaston Calmette.
A Travers Paris
S. Exe. sir Francis Bertie, ambassa-
deur d'Angleterre, assistera demain sa-
medi au banquet annuel de la Chambre
de commerce anglaise de Paris, qui aura
lieu sous la présidence de M. William
James Ablett.
Au cours de ce banquet, auquel assis-
teront également sir William Holland et
sir Charles Howard Vincent, ainsi que
de nombreux invités de la haute société
parisienne, plusieurs discours seront pro-
noncés sur l'entente cordiale.
M. Etienne, ministre de la guerre, a
mis à la disposition des organisateurs la
musique de la garde républicaine qui
pendant le repas jouera le God save the
King, la Marseillaise et divers morceaux
de son répertoire. ̃
Mgr Ireland archevêque de Saint-
Paul aux Etats-Unis,' partira ce matin de
Paris, où il 'ne s'est arrêté que quelques
heures, pour se rendre à Rome.
L'illustre prélat ne connaît pas encore
Pie X, et ce voyage est son premier
voyage ad limina depuis la mort de
Léon XIII. Il compte rester dans la Ville
éternelle jusqu'à Pâques et consacrer
ensuite un peu de temps à ses nombreux
amis de Paris avant de reprendre la
mer. •̃'̃ • ̃
-q--O--
Le citoyen Broutchoux, qui travaillait
jusqu'à ces derniers jours les grévistes
du Nord et du Pas-de-Calais, doit être
à en croire son nom un lapin..
M. Basly et M. Bouveri qui l'accusent
d'agiter les mineurs afin de s'en servir, le
soupçonnent d'avoir des intentions im-
pures, condamnables et funestes,
comme pourrait être par exemple celle
fie se faire, aux prochaines élections,
nommer député à la place de l'un de ces
messieurs. Aussi MM. Basly et Bouveri
sont tout sévérité pour le fâcheux Brout-
choux, qu'ils voudraient bien envoyer
paître
C'est un anarchiste, un Broutchoux
rouge, un étranger, un Broutchoux de
Bruxelles, un Broutchoux farci de mau-
vais projets, et il faut maudire le chou
sous lequel naquit ce Broutchoux
Peut-être, au moment où fulminent
ainsi MM. Bouveri et Basly, pourrait-on
leur rappeler que jadis ils mirent eux-
mêmes un certain enthousiasme à fo-
menter les grèves au pays noir, qu'eux
aussi tonnèrent en harangues enflam-
mées contre les Compagnies et le capital,
qu'eux aussi exploitèrent fort le thème
de l'exploitation patronale. Mais quoi,
ils répondraient sa'ns doute que, depuis
lors, le vent a tourné et les moulins
aussi, que cela se passait au dix-neu-
vième siècle et que nous voici au ving-
tième, que beaucoup d'eau a passé sous
les ponts et qu'il en est resté un peu
dans leur vin, et qu'enfin maintenant ils
sont des arrivés, des députés.
Et, malgré tout cela ne laisse pas de
changer la manière de voir d'un citoyen.
Dans les grèves comme sur les grè-
ves, il y a un flux et un reflux!
Mme Merelli va débuter bientôt à
l'instar de Marie Audo sur une scène
de music-hall. Elle a été l'héroïne d'un
scandale trop éclatant pour n'avoir pas
beaucoup de talent. De par ses àventu-
res, tour à tour frivoles et tragiques, elle
pouvait'hésiter entre le drame ou le vau-
deville. Bravement, elle a opté pour le
café-concert.
Or il paraît que le pauvre Gallay a
appris dans sa prison de Fresnes, où l'on
est toujours si au courant des nouvelles
et des élégances parisiennes, que son an-
cienne amie allait chausser le cothurne,
tandis que lui-même devait présente-
ment se contenter du chausson de li-
sière. Le détenu a manifesté, paraît-il, un
violent désespoir de ne pouvoir assister
aux débnts de sa compagne d'aventures,
et il a supplié son gardien de lui faire par-
venir les articles de critique consacrés
au talent de Mme Merelli par une presse
impartiale. Pourquoi Gallay ne tenterait-
il pas une petite évasion pour aller pas-
ser une soirée au théâtre? Il aurait, en
risquant cette entreprise, un précédent
fort honorable, celui de Cartouche. Le
grand « brigand poudré », comme on l'ap-
pelait au dix-huitième' siècle, subissait
paisiblement sa peine au fond d'un ca-
chot, lorsqu'il apprit qu'on allait repré-
senter, à la Comédie-Française s'il vous-
plaît, une. pièce dont il était le héros
et qui avait pour auteur l'acteur
Legrand.il voulut « s'aller voir jouer lui-
même » et, dans ce but, fit un grand trou
dans le mur avec l'aide d'un ouvrier ma-
çon, son codétenu. Par malheur, les
prisonniers tombèrent dans la boutique
d'un fruitier et ne tardèrent pas à être
reconduits jusque sur la paille humide
des cachots.- Pourquoi Gallay ne ferait-
il pas, lui-aussi, son petit Cartouche pour
aller galamment applaudir Mme Merelli?
-S'il demandait des places de faveur au
secrétariat du théâtre je suis assuréqu'on
ne manquerait point de les lui accorder.
On a tort de se plaindre que l'enthou-
siasme disparaisse et que le public s'a-
veulisse. Ce n'est pas du tout l'avis du
commissaire de police des Gobelins.
A la sortie du théâtre de quartier qui
dans cette contrée suburbaine décentra-
lise le mélodrame, deux spectateurs se
mirent à discuter les mérites de l'œuvre
qu'ils, venaient d'entendre. Leurs avis dif-
féraient à ce point que les deux contra-
dicteurs crurent nécessaire de recourir à
ces arguments frappants que l'on n'em-
ploie plus guère qu'à la Chambre les
jours de grande séance. C'est ainsi qu'ils
ne tardèrent pas à échanger force ho-
rions. Ils furent de ce chef appréhendés
au col et conduits devant le commis-
saire. On les interrogea sur les -causes
de leur discussion et leur réponse ne
laisse point de nous inviter aux plus
pessimistes réflexions.
En effet les deux spectateurs du théâ-
tre des Gobelins ne se battaient point en
l'honneur de la noble et touchante hé-
roïne, modèle de toutes les perfections,
mais en celui du traître, qui seul avait
su conquérir leur sympathie. Voilà un
de ces petits faits qu'aiment à recueillir
les critiques des mœurs. La vertu n'in-
téresse plus, elle est passée de mode;
elle dçvient, comme on l'a dit, « le pis
aller du vice ». Parlez-moi d'un séduis
sànt chevalier d'industrie ou d'un bel
assassin dont les gens qu'il tue sont les
moindres victimes voilà de quoi réveil-
ler l'enthousiasme de nos contemporains
et leur fournir le sujet de leurs plus
véhémentes conversations.
Une nouvelle série des albums de
Sem paraîtra prochainement, consacrée
à Monte-Carlo. On y trouvera non seu-
lement des silhouettes de personnalités
en vue du Tout-Paris, mais encore celles
de la haute vie élégante des grandes ca-
pitales Londres, New-York, Vienne,
Berlin.
Le succès s'annonce très grand, et
cette série, comme les précédentes, sera
enlevée dès son apparition.
Le roman nouveau de Jean Dornis,
le Voile du Temple, attendu avec une
grande curiosité, vient de paraître chez
Ollendorff. Le premier devoir d'un ro-
man est de répondre à la préoccupation
de l'heure. C'est le mérite de ce livre
passionnant où. se développe, en des
pages d'une précision et d'une discrétion
remarquables, l'histoire du conflit reli-
gieux et mondain qui vient de jeter l'une
contre l'autre deux catégories de ci-
toyens français. L'intérêt du conflit est
extrême, le drame d'amour poignant. Le
talent de Jean Dornis les a conduits avec
une grande originalité, avec une vraie
force dramatique et avec tout le pathé-
tique que la souffrance cruelle du cœur
vient ajouter aux drames profonds de la
pensée.
M. Paul Deschanel adresse au direc-
teur du Figaro la lettre suivante, qui est
un hommage pour la mémoire d'un grand
artiste
Mon cher Directeur,
J'ai l'honneur de vous adresser ci-incluse la
somme de cinquante francs pour le monu-
ment de Gérôme.
Tout heureux de pouvoir m'associer ainsi
à l'hommage rendu à la mémoire du grand
artiste, je vous prie, mon cher Directeur,
d'agréer l'assurance de mes sentiments bien
dévoués. '̃•••̃
• .P. DESCHANEL.
Nous transmettons c,ette souscription
au Comité du monument Gérôme, dont
l'heureuse initiative a le plus beau succès.
Au cours de la séance d'hier, à l'Aca-
démie française, deux lettres de candi-
dature au fauteuil laissé vacant par la
mort du cardinal Perraud ont été lues
celle du marquis de Ségur 'et celle du
cardinal Mathieu.
On parle aussi de la candidature très
probable d'un grand poète, M. Henri de
Régnier.
Les Grands Magasins du Louvre pré-
parent pour lundi prochain 26 mars leur
Exposition spéciale de Robes ;et Man-
teaux pour Dames.
Les modèles nouveaux en Confections,
Modes, Jupons, ainsi que les exquises
toilettes printanières, seront des mer-
veilles de bon goût à des prix invraisem-
blables de bon marché. On connaît d'ail-
leurs la réputation universelle des rayons
de Confections des Grands Magasins du
Louvre; rayons installés avec tout le
confort moderne et occupant au 1er étage
l'immense galerie de la rue de Rivoli,
toute la place du Palais-Royal, la rue
Saint-Honoré, toute la rue Marengo, soit
10,600 mètres de superficie. Une grande
mise en vente de Soieries, à-des prix in-
connus jusqu'à ce jour, augmentera en-
core l'intérêt de cette journée qui mar-
quera dans les annales des Grands Ma-
gasins du Louvre.
On nous cite à propos des souscrip-
tions pour les familles des victimes de
Courrières un bel exemple de solidarité.
Les ouvriers des usines Darracq ont fait
mieux que d'envoyer une obole pour les
sinistrés de Courrières, ils ont adressé
au Comité de secours leur paye intégrale
d'une demi-journée de travail'.
Inutile d'ajouter que M. A. Darracq
s'est associé personnellement dans une
très large mesure à ce beau mouvement.
Les reines des reines, les rois des rois
n'étaient pas,' hier, ceux que tout Paris
vit défiler en cortège sur les boulevards.
Non. Ce furent, bien mieux, ceux et
celles qui eurent l'heur de souper au Res-
taurajit de l'Abbaye et qui passèrent en
faisant succulente chère la plus folle,
la plus joyeuse, la plus « royale » de
toutes les nuits. Ah! que l'on rit, que
l'on dansa! qu'on fit de folies en cette
« nuictée » désormais historique! Les
échos de la place Pigalle en retentissent
encore, et l'on escaladerait le ciel en dres-
sant l'une sur l'autre toutes les bou-
teilles de champagne qui furent bues
par les convives de ce pantagruélique
réveillon de mi-carème
C'était à prévoir, et une fois de plus le
grand succès récompense le vrai mérite.
« Séduction », cette friandise exquise,
est aujourd'hui sur toutes les tables et
c'est à l'unanimité que les gourmets lui
ont décerné le qualificatif qui lui va si
bien la Merveille des gaufrettes four-
rées:
Les Biscuits Pernot se sont comme
toujours montrés à la hauteur de leur
réputation et restent plus que jamais la
grande Marque françaises des Desserts
tins.
Hors Paris
De Biarritz
« II est absolument inexact que le roi
d'Angleterre ait eu, à Fontarabie ou à
Saint-Sébastien, une entrevue quelcon-
que avec le prince Albert de Prusse, qui
se trouve en villégiature dans cette der-
nière ville. Aussi, quand le télégramme
de V Agence Havas qui reproduisait une
information d'un de nos confrères an-
nonçant cette entrevue a été affiché dans
les cercles et dans les hôtels de Biarritz,
la surprise a-t-elle été très vive.
» Edouard VII s'est bien rendu à Fon-
tarabie mercredi dernier. Mais, ce jour-
là, le prince Albert de Prusse ne s'est
pas absenté de Saint-Sébastien.
» La responsabilité de cette nouvelle
inexacte doit incomber à un journal de
Saint-Sébastien qui l'a lancée hâtivement
dans la circulation. Du reste, les com-
mentaires dont elle était accompagnée
relativement aux négociations d'Algési-
ras devaient la rendre suspecte aux es-
prits les moins avisés.
» Le roi d'Angleterre avait une occa-
sion de voir le prince Albert de Prusse
il y a quelques jours. Il n'a pas cru de-.
voir en piofiter.
» II n'en est pas moins possible que
l'oncle de l'empereur Guillaume vienne
à Biarritz prochainement saluer S. M.
Edouard Vit;, mais, en général, on ne
croit guère à cette visite, qui, si elle avait
dû se produire, serait sans doute faite
déjà. »
Nouvelles à la Main
Mi-carême.
Deux dames masquées de velours noir
sont sur le point d'en venir aux mains,
sur le boulevard. Un passant les sépare
Arrêtez, mesdames, les loups ne se
mangent pas entre eux.
Sur un char, entre figurants
Qu'est-ce qu'on t'a mis sur le dos?
Un manteau vénitien.
Bigre! il a des lagunes.
Le Masque de Fèr.
lISllPPLIilAUXlWIS
M. Brunetière, l'éminent directeur de'
la Revue des Deux Mondes, vient d'adres-
ser aux évêques français une lettre col-
lective, dont les signataires constituent
une véritable élite intellectuelle et qui a
pour but de supplier les vénérables des-
tinataires de ne point s'opposer à l'essai
loyal de la loi du 9 décembre 1905.
Les cosignataires de cette supplique
sont au nombre de vingt-cinq, parmi
lesquels, outre .M. Brunetière, qui l'a
rédigée MM. le marquis de Vogué,
d'Haussonville, Thureau-Dangin, Albert
Vandal, de l'Académie française Geor-
ges Picot, Leroy-Beaulieu, de Lapparent,
de l'Institut i._Sîibatier, avocat à la Cour
de cassation S rt, Albert Gigot, prince
d'Arenberg, Denys Cochin, de Castelnau,
comte de Caraman, députés, etc.
L'opinion nettement exprimée par des
catholiques aussi qualifiés à tous égards
ne peut manquer d'impressionner vi-
vement nos évêques, dont la grande ma-
jorité est d'ailleurs gagnée depuis long-
temps, croyons-nous, à la cause dont
M. Brunetière a été l'avocat éloquent,
très spécialement autorisé, au surplus,
par tant de services rendus à la religion,
à intervenir dans une affaire qui inté-
resse à un si haut .degré le présent et
l'avenir de l'Eglise dé France.
J'ai eu l'occasion de m'entretenir hier
soir-avec l'éminent académicien, qui a
bien voulu me donner une analyse du
document dont il s'agit,.sans m'en com-
muniquer toutefois le texte.
Notre lettre aux évèques, me dit
M. Brunetière, est et doit' rester confi-
dentielle. Si nous prenions la responsa-
bilité de la publier, nous mériterions
par ce fait même une partie des repro-
ches qu'une certaine presse a déjà diri-
gés contre nous à ce sujet, sans connaî-
tre d'ailleurs l'unique pièce du procès.
On a dit notamment que nous nous
mêlions de ce qui ne nous regardait pas.
» On le dirait avec quelque raison si
nous livrions nous-mêmes au public une
supplique qui, dans le cas contraire, ne
dépasse certainement pas le droit de
catholiques dont on peut, si l'on y tient
absolument, contester la compétence,
mais non pas le désir sincère, désinté-
ressé, de contribuer selon leurs forces
au bien public.
» Toutefois, je ne vois pas d'inconvé-
nient à vous révéler la substance de
cette lettre, puisque son, contenu a trans-
piré dans une certaine mesure et sou-
levé quelques critiques.
» II est très vrai que nous y avons ex-
posé, avee.un.e respectueuse mais entière
liberté, les raisons qui militent, à notre
sens, pour que les évêques ne s'opposent
pas à la constitution des associations
cultuelles, qui sont le point central de la
loi du 9 décembre. Et l'une de ces rai-
sons, c'est que les évêques les peuvent
constituer comme ils le voudront, et
prendre donc, dans la rédaction de leurs
statuts, sans qu'aucune disposition lé-
gale gêne à ce point de vue l'exercice de
leur légitime autorité, toutes les précau-
tions nécessaires pour réduire au mini-
mum les possibilités de schisme.
» Une autre de ces raisons, c'est que,
si l'on ne constitue pas les associations
cultuelles prévues par le législateur,
c'en est fait du culte public en France.
Or le culte privé n'offre pas, loin de là,
les mêmes avantages. Et, par ailleurs, la
disparition du culte public,dans les con-
ditions actuelles de l'Eglise et des catho-
liques vis-à-vis du gouvernement, pré-
senterait un danger très réel de guerre
civile et nous conduirait tout droit à l'a-'
narchie.
» Il me semble que des considérations
de cette nature valent la peine d'être se-'
rieusement examinées. Nous n'avons pas,
est-il besoin de le dire, la prétention
d'imposer notre manière de voir à l'épis-
copat, et il est bien entendu qu'il appar-
tient à la seule autorité religieuse de.
prendre les décisions qu'elle jugera con-
venables.
» Nous nous y soumettrons; mais je ne
vois pas pourquoi l'on ne permettrait pas
à des catholiques qui ont, autant que
personne, le sentiment du respect et de
52e Année 3e Série N' 82
Le Numéro quotidien = 5E/IVÊ & SEINE-ET-O1SE 15 centimes = DEPARTEMENTS 20 centimes
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
Gaston CAÊMETTE
Directeur-Gérant
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Les « hors cadre »
G.-A. DE CAILLAVET Jean-Pierre Bouvreuil,
candidat
EMILE Bergerat. Ballade en l'honneur
̃ du Gade
Poésie
MAURICE Dumoulin. Le vrai Malet
D'après des
documents inédits
Sanceline "Snobinettes"
Croquis de Paris
Jacques Delimal Courses de chevaux
sous Louis XVI
ARMAND DAYOT De Watteau à David
Les peintres des fêtes
et des conversa-
tions galantes
A. B Souvenirs d'un peintre
André Beaunier. A travers les Revues
EDOUARD Fuster Retour de Courrières
L'Aide sociale
G. Labadie-Lagrave L'origine des toasts
Lectures étrangères
Page Jl/îusîca/e
EMILE FREY. Menuet inédit
Novare
Il y a aujourd'hui cinquante-sept. ans,
le 23 mars 1849, se livrait en Piémont,
près de Novare, une bataille qui durait
dix heures et où s'effondraient les espé-
rances de l'Italie. Le roi Charles-Albert
dont le marquis Costa de Beauregard
a dessiné la figure tourmentée et énigma-
tique, si déconcertante pour un histo-
rien, si captivante pour un psychologue-
marchait à sa destinée, lui qui avait pris
pour devise cette parole d'audacieuse
espérance: «J'attends mon astre », la-
quelle devait être encore inscrite sur les
panneaux de la voiture royale qui l'em-
menaen exil. Sous lapression d'unmouve-
ment populaire irréflé'chi, il s'était décidé
à dénoncer, le 12 mars, l'armistice conclu
l'année précédente avec l'Autriche. Les
hostilités devaient s'ouvrir le 20 mars.
La campagne fut de courte durée, les
armées se trouvant, à cette date, à peu
de distance l'une de l'autre. Le 23, le
maréchal Radetzky rencontrait, immé-
diatement au sud de Novare, l'armée pié-
montaise que commandait le Roi en per-
sonne. Malgré la bravoure proverbiale
de Charles-Albert qui « devant la mort
avait toutes les tristesses d'un amant dé-
daigné », malgré le dévouement de ses
fils, le duc de Savoie et le duc de Gênes,
l'armée piémontaise. confinée dans une
attitude défensive qui devait inévitable-
ment lui être funeste, fut repoussée et
vaincue.
Charles-Albert abdiqua. Son fils Vic-
tor-Emmanuel ramassa le sceptre qui
lui était transmis dans un jour de dé-
sastre, et tout de suite montra qu'il était
digne de la confiance de son peuple. La
paix fut conclue c'était pour l'Italie di-
visée et battue l'évanouissement de ses
rêves d'union. Dix ans plus tard, après
les efforts et les succès de Cavour, après
la participation honorable du Piémont
aux affaires d'Orient, après l'alliance
française, après Palestro, Magenta, Sol-
ferino, la revanche était prise, et conquise
la Lombardie. La première étape, la plus
dure, la plus importante, était franchie
dans la voie de l'indépendance et de l'u-
nité italiennes.
Duns chaque famille, le souvenir des
mauvais jours demeure le plus vivant,
car les épreuves retrempent les carac-
tères, engendrent ou rétablissent la con-
corde. De même les peuples vigoureux
conservent plus profondément la mé-
moire des jours de deuil qui furent pour
eux le point de départ d'une renaissance,
d'un relèvement. L'Italie, surtout celle
du Nord, n'a pas oublié Novare. Sur le
champ de bataille, au village de la Bi-
cocca où la lutte fut particulièrement
sanglante et acharnée, à quinze cents ou
deux mille mètres de la ville, s'élève un
ossuaire qui fut construit en 1860. Les
ossements, recueillis à cette date en di-
vers points de la vaste plaine, y ont été
pieusement déposés. Cet ossuaire est
plus grand et plus imposant que la plu-
part des monuments similaires. Par son
seul aspect il impressionne le visiteur.
A l'intérieur qui est aménagé en cha-
pelle, sont gravés sur le bronze les noms
de tous ceux qui sont morts le 23 mars
1849. De tous sans exception, carle gou-
.vernement piémontais, par un rare sen-
timent de générosité, a demandé à l'Au-
triche de lui communiquer les noms des
officiers et soldats autrichiens tombés le
même jour sous le drapeau de leur pays,
et a voulu que leur souvenir fût rappelé,
avec celui des siens, en ce lieu où leurs
restes sont confondus.
La plus illustre victime de cette jour-
née fut le lieutenant général Hector Per-
rone di San Martino. Il commandait une
division, celle qui fut chargée de la dé-
fense de la Bicocca, et il trouva la mort,
une mort glorieuse, tandis qu'il récon-
fortait ses jeunes troupes de sa voix au-
torisée.
Chacun sait, en Italie, que le général
Perrone avait été, quelques mois avant
cette campagne, président du Conseil et
ministre des affaires étrangères et qu'à
la reprise des hostilités il avait réclamé
sa place à l'armée. Mais sa biographie
mérite d'être connue en France, parce
qu'elle est moitié française.
Le Piémont a toujours été une pépi-
nière de soldats. Aujourd'hui' encore il
fournit à l'Italie ses meilleures troupes.
Sous le premier Empire, Hector Perrone
vint en France avec de nombreux com-
patriotes, comme lui avides d'action et
de renommée. En 1806 il entrait à notre
Ecole de Saint-Cyr d'où il sortait officier.
Il prit part, dès lors, à toutes les campa-
gnes de l'Empire jusqu'en 1815 où, promu
colonel, il fit la tampagne de Belgique à
l'état-major du général Gérard,A la Res-
tauration, suivie de la réduction des ca-
dres de l'armée, il dut rentrer dans la vie
civile, s'occupa d'agriculture dans le
Forez, et fortifia encore le lien qui l'atta-
chait à la France par son mariage avec
Mlle de LaTour-Maubourg, petite-fille' de
La Fayette.
En 1830 il rentrait dans l'armée avec
son grade, prenait part en 1832 à l'expé-
dition de Belgique et au siège d'Anvers
avec son ancien chef, le maréchal Gérard,
il recevait les étoiles en. 1839.
'Il exerçait un commandement à Lyon
en 1848 lorsque éclata la révolution en
Italie, bientôt suivie de la guerre contre
l'Autriche. Perrone, déjà vieux, quitta sa
patrie d'adoption pour retourner en Pié-
mont et apporter à. son pays le concours
de son expérience. Il fut nommé lieute-
nant général', organisa les nouveaux con-
tingents lombards qui se donnaient à la
cause de l'Italie, fut ministre après l'àr-
mistice, reprit un commandement à la
reprise des hostilités et tomba à No-
vare. 1 1
Ainsi le général Perrone, au cours de
sa carrière, servit la France plus encore
que l'Italie. Piémontais par sa naissance,
par les hautes charges publiques que le
Piémoni lui confia dans une heure diffi-
cile et par sa mort à Novare il a pen-
dant quarante ans fait partie de notre
armée. Ses services lui avaient mérité
les honneurs de la grande naturalisation
que complétaient ses alliances de famille.
Sa fin mit en deuil deux armées. Cepen-
dant, dans l'ossuaire delà Bicocca, à No-
vare, rien, pas une inscription, pas une
palme, pas une couronne ne rappelait,
jusqu'à ce jour que le général Perrone
pourrait être revendiqué par la France
comme un de ses Tçyaiïx serviteurs.
Cet oubli est réparé, ou va l'être. La
France tient à honneur de commémorer
ceux qui l'ont servie. Le gouvernement
français a désigné notre consul à Turin
pour déposer aujourd'hui même, dans
l'ossuaire de Novare, une couronne funé-
raire ornée des couleurs italiennes et
françaises à la mémoire de cet ancien
général français qui, commandant d'une
division comme Douay et Raoult, doyen
de son armée comme Renault, fut mor-
tellement atteint d'une balle à la tête
comme Margueritte, et tomba, comme
eux tous, pour son pays, en un jour de
défaite dont il contribuait à composer
une journée honorable.
C'est en 1806, ai-je dit, que Perrone
entra à Saint-Cyr, il y a un siècle. Il en
sortit pour combattre en Espagne, aux
armées impériales., dans ces divisions
italiennes que l'histoire signale pour leur
vaillance et leur discipline. Au cours du
siècle dernier, Italiens et Français se
sont ainsi trouvés souvent côte à côte,
luttant pour les mêmes causes. Récem-
ment encore, une poignée de marins ita-
liens et français défendait héroïquement
les missions catholiques d*è Pékin. Cet
hommage rendu aujourd'hui à un homme
dont la carrière fut consacrée aux deux
pays est comme un symbole de cette
communauté de luttes et de cette instinc-
tive alliance.
Henry Bordeaux.
Échos
La Température
Une dépression persiste sur la Méditerranée,
où le temps est mauvais le minimum baro-
métrique, 748™ se tenait hier matin'au sud de
la Provence. La pression se relève sur le
centre de l'Europe; elle reste supérieure à
yyOmm sur l'Ecosse et l'Irlande. Hier à Paris,
vers midi, après un léger mouvement de
haussé, le baromètre restait stationnaire à
7Ô2mm4.
Sur nos côtes la mer est grosse au sud de
la Provence, très houleuse à la pointe du Co-
tentin.
Des pluies sont tombées dans le sud-ouest
et le nord du continent. En France, il a plu à
Marseille et à Perpignan; il neigeait hier matin
à Calais et à Cherbourg.
La température a baissé sur nos régions
elle était hier, à Paris de i° au-dessous de zéro
vers sept heures du matin, et de 70 au-dessus.
l'après-midi. Journée assez belle, c'est-à-dire
sans pluie, mais très froide. On notait 2° au-
dessous à Lyon, 6° au mont Ventoux, 10° au
puy de Dôme, 160 au pic du Midi.
En France, des pluies sont probables dans
le sud. Le temps va rester nuageux et froid
dans le nord. Le soir, le baromètre était à
76imm.
(La température du 22 mars 1905 était
A Paris, thermomètre 70 au-dessus de zéro
le matin, 15° l'après-midi. Baromètre 760"10'
dans la matinée, 762mm le soir.)
Les Courses
Aujourd'hui, à deux heures, Courses à
Maisons-Laffitte. Gagnants du Figaro:
PrixdeFromainaille:PierrotIII; Marceline.
Prix d'Inval Prangins; Bal Masqué.
Prix de Houdan Old Lady Frimaire.
Prix Delâtre Gamaliel; Caramel.
Prix Andrée Zaïre Bethsaïda.
Prix Le Nickam Matou; Viveur.
IMMORALITE POLITIQUE
Oy L'être facétieux qui a eu le premier
< l'idée d'offrir une médailleàM. Com-
bes a dû s'amuser follement en appre-
nant hier que le Conseil des ministres
avait chargé M. Thomson d'assister of fi-
ciellement à la remise de cette médaille
et de prononcer un discours à cette céré-
monie de mi-carême.
Le ministre de la marinedevra ce soir,
s'il prend vraiment la parole à cette
fête carnavalesque, faire table rase de
toutes ses idées personnelles et des opi-
nions retentissantes de, la plupartdesmi-
nistres actuels ses collègues. Il en est dix
au moins sur onze, en effet, qui ont
couvert de flétrissures celui qu'ils, mé-
daillent aujourd'hui, et nos oreilles sont
encore charmées des cinglantes apostro-
phes que M. Leygues, M. Barthou, M.
Poincaré, M. Clemenceau, justement
écœurés, ont prodiguées à M. Combes,
président du Conseil.
Quantauxautres,MM.Sarrien, Etienne,
Ruau, Bourgeois, ils ont été fréquemment
excommuniés par ce même M. Combes
qui refusait à ses « dissidents » jusqu'au
titre de républicain; de sorte que M.
Thomson risque, ou bien d'insulter le
ministère Sarrien en rappelant les
actes de M. Combes, ou bien d'injurier
M. Combes en rappelant qu'il lui parle
au' nom du cabinet Sarrien.
Il n'y a qu'un seul ministre actuel qui,
ayant fait partie du cabinet Combes,
aurait pu parler avec autorité de ce qui
avait été commis à cette époque, c'est
M. Doumergue; mais il a sans doute de-
mandé qu'on détournât de lui ce calice, et
c'est ainsi que le ministre de" la marine
s'est jeté à l'eau pour la joie, de ses col-
lègues.
M. Thomson a cependant une tout
autre besogne à accomplir et il s'y est
attelé avec un succès que la marine en-
tière admire, lui qui a à reconstituer
toutes nos forces navales désorganisées
par l'illustre complice de M. Combes,
M. Pelletan.
Mais quelle nouvelle leçon d'immora-
lité politique se dégage de la réunion de
ce soir!
Voilà des hommes qui dans l'oppo-
sition républicaine la plus véhémente
ont constamment dénoncé et flagellé
M. Combes, voilà des hommes qui, en
raison même de cette opposition, ont
é'té désignés pour remplacer un jour le
ministre qu'ils jugeaient néfaste, et le
jour où ces hommes ont pris le pouvoir,
oublieux désormais de,toute logique, ils
se joignent humblement au cortège de
.ceux qui les vilipendaient par ordre de
M. Combes, et avec eux, prosternés de-
vant lui, ils apportent, en forme de mé-
daille, la fiche de consolation à celui qui
inventa la fiche de délation.
Que penser de telles palinodies? 9
En dépit de tous. les discours qui
s échapperont ce soir de ces bouches
gênées, et malgré toutes les médailles
qu'on attachera sur l'ancien chef du gé-
néral André et de M. Pelletan, M. Combes,
il ne faut pas qu'on l'oublie, a été répu-
dié par la Chambre, comme il sera de-
main rejeté par le pays, parce qu'il a été
le ministre de la haine, de la provoca-
tion, de la persécution, de l'arbitraire et
de la délation.
Et nous ne parlons pas de la politique
extérieure, qu'un ministre malhabile
avait rendue tellement périlleuse qu'il a
fallu dix mois à M. Rouvier pour la rec-
tifier
M. Combes avait fait de l'armée, avec
le général André, une école de dénon-
ciation par ces fiches maçonniques *qui
exhalaient l'envie, le fiel et la bassesse
intellectuelle de celui qui les écrivait, et
qui dévoilaient la honte de celui qui les
recevait et les récompensait.
Avec M. Pelletan, il avait semé l'indis-
cipline dans les arsenaux, retardé de
dix ans nos constructions navales les
plus urgentes, désorganisé notre marine
et son armement, bafoué ses chefs.
A travers tout le pays, en détenant le
pouvoir par la menace, il a créé des
Comités d'estaminet qui gouvernent en-
core le Parlement et traquent les élec-
teurs il a traité, dans le parti répu-
blicain lui-même, ses adversaires comme
dés corrupteurs, des voleurs ou des sus-
pects il a discrédité ses représentants et
ses agents, détruit l'indépendance des
juges, soumis tous les avancements à la
faveur, accentué le malentendu entre le
capital et le travail en soulevant l'ouvrier
contre le patron il a étalé la plus inso-
lente intolérance, sous le couvert de la
libre pensée; il a bafoué la famille, ou-
tragé la conscience, meurtri la foi.
Sous sa férule, avec ce régime de sus-
picion, d'injures et de haine, le parti ré-
publicain, qui devenait peu à peu la na-
tion tout entière, s'est émietté, divisé en
sectes, en écoles, en chapelle, pour per-
sécuter à son exemple, pour menacer,
opprimer ou exclure!
Voilà ce que M. Combes a fait dans
ce pays avide de paix, de réconcilia-
tion, de loyauté, de franchise et de tra-
vail. Au dehors la guerre étrangère ou
peu s'en faut au dedans la guerrecivile
a peu de chose près.
Si cette politique mérite une récom-
pense, comme le juge, paraît-il, le minis-
tère actuel, ce n'est pas une médaille
qu'il faut offrir à M. Combes, ce n'est
pas un discours ministériel qu'il faut lui
servir, c'est le pouvoir qu'il faut lui
rendre. Gaston Calmette.
A Travers Paris
S. Exe. sir Francis Bertie, ambassa-
deur d'Angleterre, assistera demain sa-
medi au banquet annuel de la Chambre
de commerce anglaise de Paris, qui aura
lieu sous la présidence de M. William
James Ablett.
Au cours de ce banquet, auquel assis-
teront également sir William Holland et
sir Charles Howard Vincent, ainsi que
de nombreux invités de la haute société
parisienne, plusieurs discours seront pro-
noncés sur l'entente cordiale.
M. Etienne, ministre de la guerre, a
mis à la disposition des organisateurs la
musique de la garde républicaine qui
pendant le repas jouera le God save the
King, la Marseillaise et divers morceaux
de son répertoire. ̃
Mgr Ireland archevêque de Saint-
Paul aux Etats-Unis,' partira ce matin de
Paris, où il 'ne s'est arrêté que quelques
heures, pour se rendre à Rome.
L'illustre prélat ne connaît pas encore
Pie X, et ce voyage est son premier
voyage ad limina depuis la mort de
Léon XIII. Il compte rester dans la Ville
éternelle jusqu'à Pâques et consacrer
ensuite un peu de temps à ses nombreux
amis de Paris avant de reprendre la
mer. •̃'̃ • ̃
-q-
Le citoyen Broutchoux, qui travaillait
jusqu'à ces derniers jours les grévistes
du Nord et du Pas-de-Calais, doit être
à en croire son nom un lapin..
M. Basly et M. Bouveri qui l'accusent
d'agiter les mineurs afin de s'en servir, le
soupçonnent d'avoir des intentions im-
pures, condamnables et funestes,
comme pourrait être par exemple celle
fie se faire, aux prochaines élections,
nommer député à la place de l'un de ces
messieurs. Aussi MM. Basly et Bouveri
sont tout sévérité pour le fâcheux Brout-
choux, qu'ils voudraient bien envoyer
paître
C'est un anarchiste, un Broutchoux
rouge, un étranger, un Broutchoux de
Bruxelles, un Broutchoux farci de mau-
vais projets, et il faut maudire le chou
sous lequel naquit ce Broutchoux
Peut-être, au moment où fulminent
ainsi MM. Bouveri et Basly, pourrait-on
leur rappeler que jadis ils mirent eux-
mêmes un certain enthousiasme à fo-
menter les grèves au pays noir, qu'eux
aussi tonnèrent en harangues enflam-
mées contre les Compagnies et le capital,
qu'eux aussi exploitèrent fort le thème
de l'exploitation patronale. Mais quoi,
ils répondraient sa'ns doute que, depuis
lors, le vent a tourné et les moulins
aussi, que cela se passait au dix-neu-
vième siècle et que nous voici au ving-
tième, que beaucoup d'eau a passé sous
les ponts et qu'il en est resté un peu
dans leur vin, et qu'enfin maintenant ils
sont des arrivés, des députés.
Et, malgré tout cela ne laisse pas de
changer la manière de voir d'un citoyen.
Dans les grèves comme sur les grè-
ves, il y a un flux et un reflux!
Mme Merelli va débuter bientôt à
l'instar de Marie Audo sur une scène
de music-hall. Elle a été l'héroïne d'un
scandale trop éclatant pour n'avoir pas
beaucoup de talent. De par ses àventu-
res, tour à tour frivoles et tragiques, elle
pouvait'hésiter entre le drame ou le vau-
deville. Bravement, elle a opté pour le
café-concert.
Or il paraît que le pauvre Gallay a
appris dans sa prison de Fresnes, où l'on
est toujours si au courant des nouvelles
et des élégances parisiennes, que son an-
cienne amie allait chausser le cothurne,
tandis que lui-même devait présente-
ment se contenter du chausson de li-
sière. Le détenu a manifesté, paraît-il, un
violent désespoir de ne pouvoir assister
aux débnts de sa compagne d'aventures,
et il a supplié son gardien de lui faire par-
venir les articles de critique consacrés
au talent de Mme Merelli par une presse
impartiale. Pourquoi Gallay ne tenterait-
il pas une petite évasion pour aller pas-
ser une soirée au théâtre? Il aurait, en
risquant cette entreprise, un précédent
fort honorable, celui de Cartouche. Le
grand « brigand poudré », comme on l'ap-
pelait au dix-huitième' siècle, subissait
paisiblement sa peine au fond d'un ca-
chot, lorsqu'il apprit qu'on allait repré-
senter, à la Comédie-Française s'il vous-
plaît, une. pièce dont il était le héros
et qui avait pour auteur l'acteur
Legrand.il voulut « s'aller voir jouer lui-
même » et, dans ce but, fit un grand trou
dans le mur avec l'aide d'un ouvrier ma-
çon, son codétenu. Par malheur, les
prisonniers tombèrent dans la boutique
d'un fruitier et ne tardèrent pas à être
reconduits jusque sur la paille humide
des cachots.- Pourquoi Gallay ne ferait-
il pas, lui-aussi, son petit Cartouche pour
aller galamment applaudir Mme Merelli?
-S'il demandait des places de faveur au
secrétariat du théâtre je suis assuréqu'on
ne manquerait point de les lui accorder.
On a tort de se plaindre que l'enthou-
siasme disparaisse et que le public s'a-
veulisse. Ce n'est pas du tout l'avis du
commissaire de police des Gobelins.
A la sortie du théâtre de quartier qui
dans cette contrée suburbaine décentra-
lise le mélodrame, deux spectateurs se
mirent à discuter les mérites de l'œuvre
qu'ils, venaient d'entendre. Leurs avis dif-
féraient à ce point que les deux contra-
dicteurs crurent nécessaire de recourir à
ces arguments frappants que l'on n'em-
ploie plus guère qu'à la Chambre les
jours de grande séance. C'est ainsi qu'ils
ne tardèrent pas à échanger force ho-
rions. Ils furent de ce chef appréhendés
au col et conduits devant le commis-
saire. On les interrogea sur les -causes
de leur discussion et leur réponse ne
laisse point de nous inviter aux plus
pessimistes réflexions.
En effet les deux spectateurs du théâ-
tre des Gobelins ne se battaient point en
l'honneur de la noble et touchante hé-
roïne, modèle de toutes les perfections,
mais en celui du traître, qui seul avait
su conquérir leur sympathie. Voilà un
de ces petits faits qu'aiment à recueillir
les critiques des mœurs. La vertu n'in-
téresse plus, elle est passée de mode;
elle dçvient, comme on l'a dit, « le pis
aller du vice ». Parlez-moi d'un séduis
sànt chevalier d'industrie ou d'un bel
assassin dont les gens qu'il tue sont les
moindres victimes voilà de quoi réveil-
ler l'enthousiasme de nos contemporains
et leur fournir le sujet de leurs plus
véhémentes conversations.
Une nouvelle série des albums de
Sem paraîtra prochainement, consacrée
à Monte-Carlo. On y trouvera non seu-
lement des silhouettes de personnalités
en vue du Tout-Paris, mais encore celles
de la haute vie élégante des grandes ca-
pitales Londres, New-York, Vienne,
Berlin.
Le succès s'annonce très grand, et
cette série, comme les précédentes, sera
enlevée dès son apparition.
Le roman nouveau de Jean Dornis,
le Voile du Temple, attendu avec une
grande curiosité, vient de paraître chez
Ollendorff. Le premier devoir d'un ro-
man est de répondre à la préoccupation
de l'heure. C'est le mérite de ce livre
passionnant où. se développe, en des
pages d'une précision et d'une discrétion
remarquables, l'histoire du conflit reli-
gieux et mondain qui vient de jeter l'une
contre l'autre deux catégories de ci-
toyens français. L'intérêt du conflit est
extrême, le drame d'amour poignant. Le
talent de Jean Dornis les a conduits avec
une grande originalité, avec une vraie
force dramatique et avec tout le pathé-
tique que la souffrance cruelle du cœur
vient ajouter aux drames profonds de la
pensée.
M. Paul Deschanel adresse au direc-
teur du Figaro la lettre suivante, qui est
un hommage pour la mémoire d'un grand
artiste
Mon cher Directeur,
J'ai l'honneur de vous adresser ci-incluse la
somme de cinquante francs pour le monu-
ment de Gérôme.
Tout heureux de pouvoir m'associer ainsi
à l'hommage rendu à la mémoire du grand
artiste, je vous prie, mon cher Directeur,
d'agréer l'assurance de mes sentiments bien
dévoués. '̃•••̃
• .P. DESCHANEL.
Nous transmettons c,ette souscription
au Comité du monument Gérôme, dont
l'heureuse initiative a le plus beau succès.
Au cours de la séance d'hier, à l'Aca-
démie française, deux lettres de candi-
dature au fauteuil laissé vacant par la
mort du cardinal Perraud ont été lues
celle du marquis de Ségur 'et celle du
cardinal Mathieu.
On parle aussi de la candidature très
probable d'un grand poète, M. Henri de
Régnier.
Les Grands Magasins du Louvre pré-
parent pour lundi prochain 26 mars leur
Exposition spéciale de Robes ;et Man-
teaux pour Dames.
Les modèles nouveaux en Confections,
Modes, Jupons, ainsi que les exquises
toilettes printanières, seront des mer-
veilles de bon goût à des prix invraisem-
blables de bon marché. On connaît d'ail-
leurs la réputation universelle des rayons
de Confections des Grands Magasins du
Louvre; rayons installés avec tout le
confort moderne et occupant au 1er étage
l'immense galerie de la rue de Rivoli,
toute la place du Palais-Royal, la rue
Saint-Honoré, toute la rue Marengo, soit
10,600 mètres de superficie. Une grande
mise en vente de Soieries, à-des prix in-
connus jusqu'à ce jour, augmentera en-
core l'intérêt de cette journée qui mar-
quera dans les annales des Grands Ma-
gasins du Louvre.
On nous cite à propos des souscrip-
tions pour les familles des victimes de
Courrières un bel exemple de solidarité.
Les ouvriers des usines Darracq ont fait
mieux que d'envoyer une obole pour les
sinistrés de Courrières, ils ont adressé
au Comité de secours leur paye intégrale
d'une demi-journée de travail'.
Inutile d'ajouter que M. A. Darracq
s'est associé personnellement dans une
très large mesure à ce beau mouvement.
Les reines des reines, les rois des rois
n'étaient pas,' hier, ceux que tout Paris
vit défiler en cortège sur les boulevards.
Non. Ce furent, bien mieux, ceux et
celles qui eurent l'heur de souper au Res-
taurajit de l'Abbaye et qui passèrent en
faisant succulente chère la plus folle,
la plus joyeuse, la plus « royale » de
toutes les nuits. Ah! que l'on rit, que
l'on dansa! qu'on fit de folies en cette
« nuictée » désormais historique! Les
échos de la place Pigalle en retentissent
encore, et l'on escaladerait le ciel en dres-
sant l'une sur l'autre toutes les bou-
teilles de champagne qui furent bues
par les convives de ce pantagruélique
réveillon de mi-carème
C'était à prévoir, et une fois de plus le
grand succès récompense le vrai mérite.
« Séduction », cette friandise exquise,
est aujourd'hui sur toutes les tables et
c'est à l'unanimité que les gourmets lui
ont décerné le qualificatif qui lui va si
bien la Merveille des gaufrettes four-
rées:
Les Biscuits Pernot se sont comme
toujours montrés à la hauteur de leur
réputation et restent plus que jamais la
grande Marque françaises des Desserts
tins.
Hors Paris
De Biarritz
« II est absolument inexact que le roi
d'Angleterre ait eu, à Fontarabie ou à
Saint-Sébastien, une entrevue quelcon-
que avec le prince Albert de Prusse, qui
se trouve en villégiature dans cette der-
nière ville. Aussi, quand le télégramme
de V Agence Havas qui reproduisait une
information d'un de nos confrères an-
nonçant cette entrevue a été affiché dans
les cercles et dans les hôtels de Biarritz,
la surprise a-t-elle été très vive.
» Edouard VII s'est bien rendu à Fon-
tarabie mercredi dernier. Mais, ce jour-
là, le prince Albert de Prusse ne s'est
pas absenté de Saint-Sébastien.
» La responsabilité de cette nouvelle
inexacte doit incomber à un journal de
Saint-Sébastien qui l'a lancée hâtivement
dans la circulation. Du reste, les com-
mentaires dont elle était accompagnée
relativement aux négociations d'Algési-
ras devaient la rendre suspecte aux es-
prits les moins avisés.
» Le roi d'Angleterre avait une occa-
sion de voir le prince Albert de Prusse
il y a quelques jours. Il n'a pas cru de-.
voir en piofiter.
» II n'en est pas moins possible que
l'oncle de l'empereur Guillaume vienne
à Biarritz prochainement saluer S. M.
Edouard Vit;, mais, en général, on ne
croit guère à cette visite, qui, si elle avait
dû se produire, serait sans doute faite
déjà. »
Nouvelles à la Main
Mi-carême.
Deux dames masquées de velours noir
sont sur le point d'en venir aux mains,
sur le boulevard. Un passant les sépare
Arrêtez, mesdames, les loups ne se
mangent pas entre eux.
Sur un char, entre figurants
Qu'est-ce qu'on t'a mis sur le dos?
Un manteau vénitien.
Bigre! il a des lagunes.
Le Masque de Fèr.
lISllPPLIilAUXlWIS
M. Brunetière, l'éminent directeur de'
la Revue des Deux Mondes, vient d'adres-
ser aux évêques français une lettre col-
lective, dont les signataires constituent
une véritable élite intellectuelle et qui a
pour but de supplier les vénérables des-
tinataires de ne point s'opposer à l'essai
loyal de la loi du 9 décembre 1905.
Les cosignataires de cette supplique
sont au nombre de vingt-cinq, parmi
lesquels, outre .M. Brunetière, qui l'a
rédigée MM. le marquis de Vogué,
d'Haussonville, Thureau-Dangin, Albert
Vandal, de l'Académie française Geor-
ges Picot, Leroy-Beaulieu, de Lapparent,
de l'Institut i._Sîibatier, avocat à la Cour
de cassation S rt, Albert Gigot, prince
d'Arenberg, Denys Cochin, de Castelnau,
comte de Caraman, députés, etc.
L'opinion nettement exprimée par des
catholiques aussi qualifiés à tous égards
ne peut manquer d'impressionner vi-
vement nos évêques, dont la grande ma-
jorité est d'ailleurs gagnée depuis long-
temps, croyons-nous, à la cause dont
M. Brunetière a été l'avocat éloquent,
très spécialement autorisé, au surplus,
par tant de services rendus à la religion,
à intervenir dans une affaire qui inté-
resse à un si haut .degré le présent et
l'avenir de l'Eglise dé France.
J'ai eu l'occasion de m'entretenir hier
soir-avec l'éminent académicien, qui a
bien voulu me donner une analyse du
document dont il s'agit,.sans m'en com-
muniquer toutefois le texte.
Notre lettre aux évèques, me dit
M. Brunetière, est et doit' rester confi-
dentielle. Si nous prenions la responsa-
bilité de la publier, nous mériterions
par ce fait même une partie des repro-
ches qu'une certaine presse a déjà diri-
gés contre nous à ce sujet, sans connaî-
tre d'ailleurs l'unique pièce du procès.
On a dit notamment que nous nous
mêlions de ce qui ne nous regardait pas.
» On le dirait avec quelque raison si
nous livrions nous-mêmes au public une
supplique qui, dans le cas contraire, ne
dépasse certainement pas le droit de
catholiques dont on peut, si l'on y tient
absolument, contester la compétence,
mais non pas le désir sincère, désinté-
ressé, de contribuer selon leurs forces
au bien public.
» Toutefois, je ne vois pas d'inconvé-
nient à vous révéler la substance de
cette lettre, puisque son, contenu a trans-
piré dans une certaine mesure et sou-
levé quelques critiques.
» II est très vrai que nous y avons ex-
posé, avee.un.e respectueuse mais entière
liberté, les raisons qui militent, à notre
sens, pour que les évêques ne s'opposent
pas à la constitution des associations
cultuelles, qui sont le point central de la
loi du 9 décembre. Et l'une de ces rai-
sons, c'est que les évêques les peuvent
constituer comme ils le voudront, et
prendre donc, dans la rédaction de leurs
statuts, sans qu'aucune disposition lé-
gale gêne à ce point de vue l'exercice de
leur légitime autorité, toutes les précau-
tions nécessaires pour réduire au mini-
mum les possibilités de schisme.
» Une autre de ces raisons, c'est que,
si l'on ne constitue pas les associations
cultuelles prévues par le législateur,
c'en est fait du culte public en France.
Or le culte privé n'offre pas, loin de là,
les mêmes avantages. Et, par ailleurs, la
disparition du culte public,dans les con-
ditions actuelles de l'Eglise et des catho-
liques vis-à-vis du gouvernement, pré-
senterait un danger très réel de guerre
civile et nous conduirait tout droit à l'a-'
narchie.
» Il me semble que des considérations
de cette nature valent la peine d'être se-'
rieusement examinées. Nous n'avons pas,
est-il besoin de le dire, la prétention
d'imposer notre manière de voir à l'épis-
copat, et il est bien entendu qu'il appar-
tient à la seule autorité religieuse de.
prendre les décisions qu'elle jugera con-
venables.
» Nous nous y soumettrons; mais je ne
vois pas pourquoi l'on ne permettrait pas
à des catholiques qui ont, autant que
personne, le sentiment du respect et de
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