Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1905-12-12
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 12 décembre 1905 12 décembre 1905
Description : 1905/12/12 (Numéro 346). 1905/12/12 (Numéro 346).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k287193s
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
te Numéro quotidien pi SEINE & SEINE-ET-OISE s 15 centimes ss DEPARTEMENTS 20 centimes
r 51f Année 3e Série N° 346
{Hardi 12 Décembre 1905
Gaston CALMETTE
Directeur- Gérant
H.. DE VILLEMESSANT
Fondateur'
RÉDACTION ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9e Arrl)
RÉDACTION ADMINISTRATION
36, rue Drouot, Paris (9e Arr')
TÉLÉPHOKE, Trois lignes Nos 102.46 102.47 102.49
POUR LA PUBLICITÉ
S'ADRESSER, 26, RUE DROOOT
A L'HOTEL DU « FIGARO »
ET POUR LES ANNONCES ET RÉCLAMES
vChez MM. LAGRANGE, CERF & C»
8, place de la Bourse.
ABONNEMENT
SeIne et Seine-et-Ose. 4B » 30 » 60 M
Départements. 18 75 37 50 75 w
Union postale 21 50 43 u 8B
On s abonne dam tous les Bureaux de Poste
de France et d'Algérie.
« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me bâte
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. > (Beaumarchais.)
Le FIGARO parafa demain 1
avec HUIT pages 1
S. M. le Roi de Portugal
au FIGARO
Paris, il y a trois semaines, acclamait
1e souverain. Depuis quinze jours, dis-
crètement,mais avec plus de joie encore,
il fait fête au voyageur. Avec plus de
joie; car Paris a senti, grâce à l'inco-
gnito dont se couvrait cette souveraineté,
comme un lien de familière amitié s'éta-
blir entre Elle et lui. Désormais à l'abri
des rigueurs du protocole, le Roi s'est
offert le plaisir de ne vouloir plus être
chez nous qu'un passant, un touriste
amusé par la diversité des spectacles
qu'il se donnait, ou qu'il permettait qu'on
lui donnât.
Car l'élite de la société parisienne a
voulu, elle aussi, que cet incognito lui
profitât elle a, depuis quinze jours, fêté
avec une sorte d'enthousiasme le voya-
geur qui nous faisait visite; elle a voulu
qu'après avoir été l'hôte de l'Etat, dom
Carlos fût enfin, et le plus longtemps
possible, son hôte à elle. Le Roi compre-
nait trop l'ardente sincérité de ces mar-
ques de sympathie pour s'y dérober; et
ce sera pour nous un précieux et inou-
bliable souvenir que celui de l'empresse-
ment avec lequel il s'est rendu à l'invita-
tion que le Figaro lui adressait.
Deux fois déjà, S.M. le roi de Portugal
avait honoré notre maison de sa visite
le Figaro compte, en outre et depuis
longtemps, dom Carlos au nombre de ses
plus fidèles lecteurs; c'était donc en Pa-
risien, presque en « habitué » de notre
maison, que le souverain y revenait hier.
Beaucoup de nos amis s'étonneront
de ne point avoir été conviés à cette fête
intime. Nous les prions de ne pas nous
accuser de négligence à leur égard. Nous
n'avons, en cette circonstance, oublié
personne. Mais cette ré*unioh n'étaitpoint
comprise dans la série de nos five o'clock
de chaque saison. Notre hôte avait indi-
qué lui-même une partie du spectacle qui
devait, selon son désir, en composer le
programme; c'était en son honneur que
cette fête se donnait, et c'est à la léga-
tion de Portugal que fut laissé presque
entièrement le soin de préparer les listes
d'invitations. Il nous avait paru conve-
nable et intéressant que Sa Majesté ne
fût entourée au Figaro que d'amis, de
personnes déjà connues d'Elle, ou qu'Elle
pouvait avoir le désir de connaître.
A cinq heures exactement, le Roi quit-
-tait en voiture l'hôtel Bristol, accompa-
,gné du comte de Souza Roza, ministre
,de Portugal. Dans d'autres voitures
avaient pris place le comte Tarouca,
'chambellan le comte d'Arnoso, secré-
taire particulier le capitaine de frégate
Pinto Basto, aide de camp; le vice-ami-
•ral Bayle et le commandant Bouillane de
Lacoste, de la maison militaire de l'Ely-
sée, attachés à la personne du Roi.
A cinq heures et quart, la voiture
royale s'arrête devant l'hôtel du Figaro,
dont les couleurs du Portugal ornent la
façade. Une foule nombreuse couvre les
trottoirs, et salue respectueusement le
souverain que reçoivent, à sa descente
de voiture, M. Gaston Calmette, direc-
teur du Figaro, M. Jules Cardane et toute
la rédaction.
Le souverain et sa suite sont aussitôt
conduits à la salle des Fêtes où se presse
une très brillante assistance. Au mo-
ment où le Roi gagne le fauteuil qui
lui a été réservé devant la scène à
côté de S. A. S. le prince de Monaco
arrivé au Figaro quelques minutes avant
lui, l'orchestre du Concert Rouge,
dirigé par M. Francis Touche, exécute
l'Hymne portugais, que toute la salle
entend debout. Puis le rideau se lève.
Mlle Cécile Sorel, l'exquise sociétaire
de la Comédie-Française, est en scène,
dans un décor d'exquise élégance et dé-
licieusement fleuri. Mais l'auditoire n'est
pas, à ce moment, moins intéressant à
observer que le décor.
Au premier rang, au milieu, S. M.
le roi de Portugal ayant auprès de lui
S. A. S. le prince de Monaco. A leurs
côtés •
Le comte de Souza Roza, ministre de. Por-
tugal à Paris M. Charles Rouvier, ministre
de France à Lisbqnne; le comte Tarouca, le
comte d'Arnoso, le capitaine de frégate Pinto-
Basto, le comte Balny d'Avricourt, ministre
de Monaco à Paris, le comte de Lamotte
d'Allogny, chef de la maison du prince de
Monaco; l'enseigne de vaisseau Sauerwein,
aide de camp de Son Altesse Sérénissime; le
vice-amiral et Mme Bayle, le commandant de
Bouillane de Lacoste, M. Paoli.
Aux rangs suivants les membres du
corps diplomatique
L'ambassadeur des Etats-Unis et Mme
Mac Cormick, le ministre du Japon et Mme
Motono, Mme Calvo-Capdevila, le ministre
de Costa-Rica et la marquise de Péralta, le
ministre de Grèce et Mme Delyanni, Naby-
bey, chargé d'affaires de Turquie, le chargé
d'affaires de Bavière et la comtesse de Moy,
le premier conseiller de la légation de Portu-
gal et Mme Bartholomeu Ferreira; les autres
membres de cette légation M. et Mme Jayme
de Séguier, M. et Mme Caranges-Lucotte; le
consul de Portugal et Mme Domingos de Oli-
veira, le colonel et Mme Paiva d'Andrade,
M. et Mme d'Arenas de Lima; M. de Lucius,
secrétaire de l'ambassade d'Allemagne, etc.
Parmi les membres de la colonieportu-
gaise
Comtesse Carvalhîdo, M. et Mme Abuda-
rham, comtesse de Rivadeneyra, comte et
comtesse de Valle Flor, comte de Penha-
Longa, Mlle de Nogueiros, M. et Mme Cristo-
bal Botella, M. et Mme Roberto de Mesquita,
M. Leite Jardim, vicomtesse et Mlle de Sis-
tello, M. et Mme d'Aquila, M. et Mme Castro-
Guimaraës, M. et Mme Placido de Souza, Mme
,Speranza Saillard et la baronne R. Sail-
A«««M.3afiHe4i*J*L^ϱ-.>
lard, M.,Mme etMlleMonteiro, docteur et Mme
Bensaude, M. et Mme Lopes, M. et Mme Diaz-
Monteiro, Mme Saragga, M. et Mlle A. de
Souza, M. Constantino Dominguez, M. et
Mme Salon Bensaude, M., Mme et Mlle Silva
Lisboa, A. Almada Negreiros, M. Guedes de
Queiroz, M. Proença Vieira, M. Diaz-Mon-
teiro, Mme Urbano de Faria, Mme Miranda,
M. et Mlle Suggia, Mme José Bensaude, M.
Manoel Tavarès d'Almeida, M. Queiroz Ri-
beiro, M. et Mme Carlos Ferreira, comtesse
d'Azevedo de Silva, comte et comtesse de
Jimenez de Molina, M. et Mme Xavier de
Carvalho, docteur Cisneiros Ferreira, Mme
Costa, Mlle Hélène de Faria, M. Oliveira e
Silva, M. Gavazzi, M. Fernando Séguier, M.
Bartholomeu Perestrello, M. Francisco de
Lacerda, le très distingué compositeur; M.
Bossa, membre du Conseil du Roi, etc.
Reconnu parmi les autres invités
Baron et baronne Henri de Rothschild, M.
et Mme Georges Kohn, comtesse Adhéaume
de Chevigné, lady Sassoon, M. H.-A. Chau-
chard, marquis de Massa, comte et comtesse
Stanislas de Castellane, comte et comtesse de
Montsaulnin, baronne de Heeckeren-Mole-
caten, Mme P. Aloisi, comtesse Lydie Rostop-
tchine, Mme FreiwalcJ, prince Ferdinand
Ghika, comte Robert de Montesquiou, comte
de Castellane, M. et Mme George Ochs, M. et
Mme Otto Hecht, marquis et marquise de
Frenoys, Mme Baird, le général baron Fave-
rot de Kerbrech, le général Bizot, M. et Mme
Back de Surany, duc de Montmorency, Mme
Ferdinand Blumenthal, baronne Willie de
Rothschild et son petit-fils M. R. Gold-
schmidt, baronne David Leonino et miss Vio-
let Fane, comte et comtesse de Tanlay,
baron et baronne de Fonscolombe, Mme G.
Legrand; MM. Alfred Mézières, Albert Van-
dal, Henry Housssaye, Henri Lavedan,
membres de l'Académie française Mme
Henri Lavedan, MM. Alfred Grandidier, Ana-
tole Leroy-Beaulieu, Gabriel Lippmann, R. de
Saint-Marceaux, Gabriel Monod, membres
de l'Institut; Mme Gabriel Lippmann, M. et
Mme de Saint-Marceaux, Mme Camille Blanc,
Mme Eugène Fischhof, baronne Oppenheim,
Mme Auboyneau, général Kaiser, général,
Mme et Mlle Marchand,'Mme Boursin, M. et
Mme Edwards, M. et Mme Edmond Selig-
mann, Mme Bunau-Varilla, M. Joseph Rei-
nach, docteur Thyssen, MM. et Mmes G. et
C. G. Morlock, M. et Mme Hugo-Finaly,
Comte et comtesse Robert de Flers, M. et
Mme Gaston-A. deCaillavet, M. et Mme Fran-
çois Froment-Meurice, comtesse de Rehbin-
der, Mme de Tzokow, comte Hutton-Czapski,
membre de la Chambre des seigneurs de
Prusse; comte Alexandre de Laborde, M. et
Mme Gervex, Mme et Mlle Freund-Des-
champs, M. Stéphane Dervillé, président de
la Compagnie P. L. M.; M. et Mme Gavini
de Campile, M. Antoine^ Gavini, député M.
Guillaume Beer, Mme de Rouvre, Mme Chou-
zellier, marquis de Pimodan duc de Rarécourt,
M. Henry Deutsch (de la Meurthe), M. et Mme
Blondel, docteur Springer, M. Abel Goubaud,
docteur et Mme André May, Mme Stanley,
baronne de Pierrebourg,M. et Mme Fournier-
Sarlovèze, M. et Mme Boldesco, docteur et
Mme Gabriel Cohadon, Mme Raoul Ville-
main, docteur Giuseppe Proja; M. Aprea, le
peintre italien si distingué Mme G. Rous-
seau, Mme Vaughan, Mme Goldenberg,. M. et
Mme Budard, les barons A. et E. d'Avi-
gneaux, Mme Jean Wehrlé, Mlle Kaye, M. et
Mme Puel, M. et Mme Dettelbach, M. et Mme
d'Atri, M. Badel, M. et Mme Silvain, M. Ba-
sily, Mme P. Mersch, M. André Granier, M. et
MmeLey, docteur et Mme Letulle, M. Mavro,
M. V. Boudet, Mme Hugo Kahen, M. et Mme
Camille Oulman, Mme et Mlle Lauth, doc-
teur et Mme Didsbury, Mme Franceschi,
Mme Cranney Franceschi, Mme et Mlle Stef-
fens, Mme et Mlle Desrousseaux, M. Mario
Allen, M. Arnold Mortier, M. Gaston Berardi,
docteur Leudet, docteur et Mme Beurnier,
docteur Béni-Barde, MM. Francis de Crois-
Edouard Philippe, Ch. Cuvilier, Louis Legen-
dre, Mme Lender, M. Léon Bou'ët, etc.
Mlle Sorel s'est avancée vers le souve-
rain, souriante, un peu émue; et dit cet
à-propos, de M. Louis Legendre 1
AU ROI DOM CARLOS
Sire,
Le Figaro sent vivement
L'honneur de vous avoir pour hôte î
II rêvait donc d'un complimeut,
Digne d'une faveur si haute.
Mais, faut-il en faire l'aveu?
Il avait des inquiétudes.
Car, en France, on a quelque peu
Perdu les bonnes habitudes.
En France, faute d'une Courf
Conservatoire de ces choses,
L'art de louer, de jour en jour,
Recrute moins de virtuoses 1
Comment complimenter un Roi?
On ne l'apprend pas à l'école.
D'où notre légitime effroi
De transgresser le protocole 1
Mais on nous dit < Etes-vous fous ?
Le prince, quand vous l'invitâtes,
Ne comptait pas tomber, chez vous,
Sur des odes et des cantates.
Il vient pour se distraire, et non
Pour ouïr quelque flatterie
Ou qu'on lui tire le canon,
Bien qu'il aime l'artillerie.
> Donc, ne forcez pas votre effet,
Ne soignez pas trop votre entrée
C'est incognito qu'il vous fait
Cette visite inespérée 1 »
L'incognito souple rideau,
Fiction combien salutaire,
Seul allégement du fardeau
Que portent les grands de la terre!
Moyen qu'ils ont de voyager
Sans apparat ni diadème
Moment où l'on peut les juger,
Estimer, aimer pour eux-mêmes I.
Un prince est très homme d'esprit;
Penché sur l'énigme du monde,
Ce qu'il dit et ce qu'il écrit
Prouve sa science profonde
Parfois, même sous des beréeaux
D'orangers, le pouvoir attriste
Il saisit alors ses pinceaux,
Et ce roi devient un artiste
De séduire il a le secret;
Il met Lisbonne près d'Athènes f
C'est pour le résumer d'un trait,
Une âme haute, point hautaine
On le sait 1 Mais pour que cela
Soit une chose incontestée,
Sire, il faut, tel que vous voilà, •
Qu'il se trouve à notre portée?
Oui, chez un roi, les meilleurs dons
Nous resteraient cachés peut-être }
Mais de près nous le regardons
L'incognito. le fait connaître t
C'est solennellement promis^
Sire, on respectera le vôtre »
Vous serez, parmi nos amis,
Presque un invité comme un autre,
Nous nous résignons, soucieux
D'observer la règle établie,
A des souhaits silencieux
Pour vous, pour la reine Amélie.
Nous taisons notre vif espoir
Sire, à votre prochain passage.
(Car il faut revenir nous voir),
Que la Reine soit du voyage;
Que cette fille de nos rois,
Joyau de la Maison de France,.
Du sol natal une autre fois
Subisse la douce attirance 1.
Pas de speech- même réussit 1
Que l'éloquence se repose! 1
Notre mot d'ordre, le voici
Le cœur ouvert, la bouche close X
Et, pour faire très strictement
Ce que l'incognito réclame,
Nous supprimons le compliment
Qui commençait notre programme 1
A plusieurs reprises, de discrètes ap-
probations ont souligné la récitation de.
ce charmant morceau, digne du poète
délicat et de l'homme d'esprit qui l'a si-
gné. Le Roi, qui l'a écouté avec un visi-
ble plaisir, en applaudit chaleureusement
la péroraison et des applaudissements
vont, en même temps qu'au poète Louis
Legendre, à l'artiste exquise, Mlle Sorel,
dont le talent et la beauté surent parer
de tant d'élégance l'œuvre de l'écrivain.
Et tout aussitôt les trois coups sont
frappés. Le rideau se lève de nouveau.
En scène, Mme Jeanne Granier c'est la
Bonne intention, de M. Francis de Crois-
set, qui va être interprétée devant le Roi.
On se rappelle la superbe carrière que
fournit naguère aux Capucines, puis,
plus récemment, en Angleterre, la spiri-
tuelle et fringante comédie de M. Fran-
cis de Croisset. II nous a paru que cette
tranche un peu relevée d'esprit pa-
risien pouvait être sans inconvénient
offerte à la curiosité d'un souverain aussi
friand des délicatesses de notre art dra-
matique qu'indulgent à ses audaces.
Et en effet, la Bonne intention retrouvait
hier, devant S. M. le roi de Portugal, le
succès le plus éclatant, le plus flatteur.
Bravos, rires, salves d'applaudissements,
rappels. Mme Jeanne Granier était
ravie 1
Mais n'était-ce pas nous surtout qui
avions sujet de l'être, pour le délicieux
plaisir qu'elle venait de nous donner? On
ne jouera jamais cette comédie plus spi-
rituellement, plus humainement qu'elle
ne la joue; et jamais, les merveilleux
dons de cette grande artiste qui est ap-
plaudie chaque soir aux Variétés dans
une autre comédie du même auteur, ne
se seront plus suavement, plus fortement
épanouis qu'en cette œuvre-ci.
M. Paul Numa seconda, il est vrai, su-
périeurement sa partenaire, et ce rôle
est un des meilleurs que l'excellent co-
médien ait interprétés jusqu'ici. La Co-
médie-Française, en engageant M. Paul
Numa, a eu la main heureuse. M. Numa
possède des qualités qui se font de plus
en plus rares au théâtre une distinction
naturelle, de la gaieté, du tact et du goût,
et la fine intelligence de ce qu'il dit.
Autour des deux principaux interprètes
de la Bonne intention, on a également
applaudi M. Georges Flandre, excellent
dans le rôle du domestique; Mlle Jeanne
Bernou, du Vaudeville, qui a su inter-
préter avec une jolie finesse celui de la
jeune fille à qui Maud Gerfeuil rend son
fiancé; Mme Arnous-Rivière, l'artiste
si connue qui a bien voulu jouer le tout
petit rôle de la gouvernante anglaise et
a su lui donner une silhouette fort sa-
voureuse, et Mlle Fontanes, gentille en
wn rôle (trop pourt) de soubrette.
Il est six heures et demie. Tandis que
M. Francis Touche et ses excellents mu-
siciens exécutent, aux applaudissements
de toute la salle, les Sylphes, de Berlioz,
et la Danse persane, de Guiraud, notre
Directeur conduit le Roi au buffet qui a
été installé près de la scène, au seuil de
la salle de la rédaction.
M. Gaston Calmette boit à la santé du
Roi et « de Sa Gracieuse Majesté la reine »
et le Roi l'en remercie en termes parti-
culièrement flatteurs pour le Figaro;
« mon journal », ajoute-t-il.
Durant cet entr'acte, Sa Majesté s'entre-
tretient gaiement avec les personnes qui
l'entourent S. A. S. le prince de Monaco,
le comte de Souza Roza, le comte Boni
de Castellane, le marquis de Massa, lady
Sassoon, la baronne Henri de Rothschild,
M. et Mme Georges Kohn, la comtesse
Ad. de Chevigné, M. Albert Vandal, de
l'Académie française, M. et Mme Gavini,
qui ont pris un verre de champagne ou
d'orangeade avec Sa Majesté.
Puis notre Directeur présente au sou-
verain un grand nombre de personnes
que le Roi a aperçues dans la foule, et dont
la plupart sont déjà connues de lui M.
Chauchard, auquel il parle de son admi-
rable galerie de tableaux, MM. Mézières
et Henry Houssaye, de l'Académie fran-
çaise le comteA. de Laborde, MM". Henry
Deutsch (de la Meurthe), Henri Gervex;
M. Francis de Croisset, que Sa Majesté
félicite aimablement; M. Prestat et les
membres du Conseil de surveillance; la
rédaction du Figaro, qui s'est réunie au-
tour du Roi, et enfin les artistes que notre
hôte vient d'applaudir Mlle Sorel, Mme
Jeanne Granier, que le souverain re-
mercie, en quelques mots charmants, du
grand plaisir qu'il a éprouvé à les en-
tendre Mlle Bernou, M. Paul Numa,
M. Flandre, etc.
L'entr'acte est terminé; le Roi et sa
suite ont regagné leurs places; et c'est
maintenant la danse qui succède à la
comédie. Exquisement jolie sous, un
costumé Directoire du plus brillant effet,
Mlle Trouhanowa, du théâtre de Monte-
Carlo (dont on se rappelle les heureux
débuts sur la scène même où elle réap-
paraît aujourd'hui), exécute, assistée de
M. Chlioukine, du Théâtre impérial de
Moscou, des danses du temps, sur une
musique de J. Strauss qu'exécute au
piano, avec sa verve et son talent cou-
tumiers, M. Mathé. Et c'est la fin d'une
fête qui a semblé trop courte à tout le
monde, et dont nous ne devons pas le
succès qu'aux artistes éminents qui y
figurèrent. D'autres concours précieux
nous ont été gracieusement fournis, et
nous sommes heureux de remercier ici
M. Jusseaume, le très habile décorateur
de l'Opéra-Comique, qui voulut bien
parer notre petite scène d'une toilette
toute fraiche, en repeindre à neuf le
rideau et le manteau d'Arlequin; MM.
Lhoste et Bernel, qui s'étaient chargés
de la décoration et des meubles de la
mise en scène de la Bonne Intention, et
réussirent à transformer notre petit théâ-
tre en un boudoir où le meuble d'art et
le bibelot précieux mettaient une note
d'exquise élégance; la maison Chénier,
par qui notre hôtel tout entier, de la
scène à la salle, et des escaliers au bal-
con, fut fleuri de la façon la plus somp-
tueuse et la plus rare; et enfin l'habile
régisseur des Capucines M. Prad, obli-
geamment mis à la disposition du Figaro
par M. Mortier, et par les soins de' qui
toute notre représentation fut si bien ré-
glée.
Il était près de sept heures quand
S. M. dom Carlos quitta le Figaro. En
prenant congé de notre Directeur qui
l'avait accompagné jusqu'à sa voiture,
Sa Majesté a bien voulu lui dire l'im-
pression excellente qu'Elle emportait de
sa visite, et l'en remercier.
C'est à nous de remercier notre hôte.
Nous lui sommes redevables d'une joie
très flatteuse, très profonde, très recon-
naissante, et que partageront tous les
amis du Figaro.
LE FIGARO.
Echos
La Température
La pression barométrique devient très élevée
sur presque -toute l'Europe; elle n'est qu'un
peu inférieure à 760mm que dans l'extrême
Nord,tandis qu'elle dépasse 775mm dans l'Ouest
et le Centre; à Paris, hier, vers midi, le baro-
mètre accusait 78omm 8.
Le temps devient beau dans tout l'ouest de
l'Europe on ne signale que quelques averses
dans le sud de la France. Quant à la mer, elle
est grosse au large de la Provence, belle ou
peu agitée ailleurs.
La température s'est abaissée sur toutes
nos régions elle tétait, hier matin, à Paris
10 au-dessous de zéro vers sept heures et 60
à quatre heures de l'après-midi. On notait
00 à Belfort et à Toulouse, 80 au-dessus de
zéro à Perpignan, et dans nos stations élevées
50 au-dessous de zéro au puy de Dôme, 90 au
pic du Midi.
En France, un temps beau et froid est pro-
bable. Après une très belle journée, le baro-
métre marquait le soir, à Paris, 778mm.
Du New York Herald:
A New- York Beau temps. Température:
minima, 30 maxima, 70. Vent de l'ouest-sud-
est, faible. Baromètre en baisse.
A Berlin Nuageux. Température à midi, 5o.
A Londres Fort brouillard. Température
minima, 30 maxima, 6o, Vent calme. Baro-
mètre en hausse.
LE SOCIALISME INDÉPENDANT
Partout où le socialisme indépen-
< dant ose rompre en visière au so-
cialisme unifié, il est à peu près sûr de
gagner la bataille. La nouvelle victoire
qu'il vient de remporter à Lyon en est
une preuve. M. Augagneur, gouverneur
de Madagascar, est remplacé dans sa
circonscription électorale par un homme
de sa couleur, ou plutôt par un homme
de son caractère, c'est-à-dire par un de
ces libertaires d'un genre spécial qui re-
fusent de jurer sur la parole d'un maître
et qui ne se laissent pas enrégimenter.
Il faut croire que ces mauvaises tètes
sont encore assez nombreuses en France,
puisqu'on les voit se dresser, dans pres-
que toutes les circonstances importantes
contre le servum pecus des embrigadés.
Dans le Rhône et dans la Loire notam-
ment, ils ont opposé le drapeau de la ré-
volte efficace à celui du vasselage passif
et muet. Ils ont proclamé que l'obéis-
sance du cadavre n'était pas,faite pour
eux; une clientèle nombreuse le sa sui-
vis, et l'événement leur a donné raison.
Il en sera ainsi chaque fois que la liberté,
même socialiste, aura le courage de ré-
sister à la brutale tyrannie jacobine.
Elle a essayé quelquefois de s'en excu-
ser, elle a demandé pardon des licences
qu'elle prend et de l'émancipation qu'elle
s'offre. Elle a prétendu, pour obtenir sa
grâce, qu'entre le socialisme indépen-
dant et l'autre il n'y avait pas de sépara-
tion proprement dite, à peine des nuan-
ces de programme et des différences de
tactique par-dessus lesquelles l'unité
subsistait dans la diversité. C'est une
erreur du socialisme indépendant; plus
il accentuera sa dissidence, plus il ga-
gnera en dignité et en force. Il est bon
pour les diverses fédérations de mar-
quer ainsi qu'elles deviendraient aisé-
ment sécessionistes et schismastiques
le jour où l'on tenterait de les plier sous
le joug.
Elles nous demanderont en quoi la
chose nous regarde et ce que cela peut
bien nous faire. Indépendantes ou uni-
fiées, elle n'en seront pas moins socia-
listes. Oui, mais pas au même degré. Le
drapeau ne cessera pas d'être rouge,
mais les guidons s'en distingueront par
des emblèmes spéciaux. Et puis, par cela
même qu'un groupe quelconque reven-
dique sa liberté, il devient nécessaire-
ment plus libéral que ces blocs aveugles
et sourds qui, sans discussion, vousécra-
sent de leur masse. Il y a toujours plus
de chances de s'entendre avec ceux qui
ne se laissent pas écraser.
C'est pourquoi nous ne voyons pas
sans quelque plaisir le socialisme unifié,
ou soi-disant tel, éprouvé par une série
d'abandons qui ressemblent fort à des
mésaventures. Corsaires contre corsaires,
comme on dit, ne font pas leurs affaires.
A Travers Paris
Aide-toi, le ciel t'aidera.
Une de nos charmantes lectrices nous
suggère– à propos de l'article de notre
collaborateur « le Vieux Postier». sur les
téléphones une gentille et généreuse
idée qui est bien d'une femme et d'une
Parisienne.
Tout le monde est d'accord qu'il y a
beaucoup à faire pour améliorer les ser-
vices téléphoniques. Et c'est avec une
satisfaction toute naturelle qu'on a ac-
cueilli l'annonce des réformes projetées
à ce sujet par l'honorable sous-secrétaire
d'Etat aux postes. Mais, en attendant que
le gouvernement leur vienne en aide,
les abonnés ne. pourraient-ils s'aider un
peu eux-mêmes? Nous voulons toujours
que les alouettes nous tombent du ciel
toutes rôties peut-être pourrions-nous
essayer de les mettre nous-mêmes à la
broche.
Il y aurait, dans ce sens, une délicate
initiative à prendre. Pourquoi, à cette
époque si dure et si laborieuse de la fin
de l'année, n'encouragerait-on pas ces
braves filles surmenées et énervées par
l'approche du jour de l'an, en leur don-
nant des étrennes? On pourrait leur per-
mettre, comme font les facteurs pour le
calendrier, d'envoyer à domicile le nou-
veau livre des téléphones ou bien en-
core, il devrait être permis aux abonnés
de joindre une petite somme quelconque
aù payement de leur trimestre.
La façon de procéder, au surplus, im-
porterait peu l'essentiel est que le prin-
cipe soit admis. Et nous serions bien
heureux, quant à nous, de contribuer à
en faciliter la réalisation. Cette aimable
pensée, nous l'avons dit, vient, d'ailleurs,
d'une femme. Et ce que femme veut.
INSTANTANÉ
André RIVOIRE
L'auteur du Chemin de l'oubli, que l'Aca-
démie,française vient de couronner en tête
des lauréats du prix Archon Despérouse,
quoique jeune, est un vétéran des succès aca-'
démiques, car la Compagnie avait honoré
déjà, en 1900, de la même distinction flatteuse
son premier volume de vers le Songe de l'a-
mour. Poète exquis, d'une note délicate et
profonde, André Rivoire a cette originalité
d'unir au besoin de se répandre le goût de se
surveiller, et ce lyrique est aussi le plus subtil
et le plus précis des analystes. Il résulte de
ces qualités mêlées un charme rare, fait de
sensibilité mélancolique et d'émotion péné-
trante.
André Rivoire a également écrit pour le
théâtre de petites pièces très fines et très
ironiques, pleines de grâce et aussi de signifi-
cation. Ce fut à la Comédie-Française, ce
fantaisiste et alerte conte en vers, Il était
une bergère. qui fait songer à du Banville
attendri au théâtre Antoine, un acte très
profond sous une apparence légère à l'Odéon,
l'Ami du ménage, et, en ce moment même,
aux Capucines, en collaboration avec Tarride,
Fin de vertu, un marivaudage très moderne-
ment osé. Un si joli passé répond d'un bel
avenir.
Le bon socialisme.
Nous nous faisons journellement un
devoir de montrer les dangers du socia-
lisme. Il est donc juste que, lorsque l'oc-
casion s'en présente, nous reconnais-
sions aussi ce qu'il peut y avoir d'accepta-
ble et même d'assez séduisant dans ces
doctrines. Il est certain, par exemple,
qu'il y aurait mauvaise grâce à s'élever
contre la façon dont les socialistes d'Aix
en Provence entendent arriver au triom-
phe de leurs principes. Les moyens
qu'ils emploient pour cela n'ont rien de
révolutionnaire, et l'on serait mal venu
à en contester la parfaite légalité.
C'est à un journal de Marseille, le
Petit Provençal, que nous empruntons
l'ordre du jour de la dernière séance
tenue par les deux principaux cercles de
propagande de la bonne ville d'Aix
Unionsocialiste. Ce soir, samedi, con-
cours de quadrette, piquet et loto.
Association démocratique. Ce soir, à neuf
heures, concours de quadrette et loto. Diman-
che, à l'apéritif, continuation des sauteries
intimes.
Voilà, on ne saurait le nier, de l'excel-
lente « unification », et, sur'ce terrain-là,
l'entente pourrait devenir facile avec le
parti socialiste. Il faudrait seulement sa-
voir si les militants d'Aix en Provence se
sont bien conformés dans l'occurrence
aux vues directrices de leur Comité pa-
risien et si c'est bien là le véritable pro-
gramme des congrès d'Amsterdam ou de
Chalon. En cequi concerne les sauteries,
cela n'aurait rien de surprenant elles
sont assez familières à certains chefs.
Mais pour ce qui est de la quadrette et
du loto, une adhésion formelle des auto-
rités du parti ne serait pas superflue.
Les affections grippales sont « la porte
ouverte à à des maux plus sérieux. Aux
personnes délicates, le régime du Vin
Mariani (un verre à bordeaux après cha-
que repas) apporte régulièrement la
dose de vigueur qui suffit à les protéger
pendant la saison où les plus délicats de
nos organes sont à tout instant mena-
cés. Un refroidissement, un rhume, une
grippe sont sûrement enrayés par les
grogs chauds dont nous rappelons la for-
mule Deux tiers de Vin Mariani, un
tiers d'eau, sucrer à volonté, chauffer
sans bouillir; boisson délicieuse et sou-
veraine.
Le Comité des dames de l'Union cen-
trale des arts décoratifs vient de nom-
mer vice-présidente déléguée la duchesse
de Broglie. Cette élection a été motivée
par la mort de Mme Taine dont le Co-
mité garde un respectueux et reconnais-,
sant souvenir.
Le bureau des dames de l'Union cen-
trale des arts décoratifs se trouve ainsi
composé:
Vice-présidente déléguée la duchesse de,
Broglie
Vice-présidentes la générale Derrécagaix,
la duchesse d'Estissac, Mme Gaston Lecreux,
la comtesse de Maupeou, la marquise de Na-
daillac;
Secrétaire générale Mme Paul Biollay;
Secrétaires adjointes: Mlle Antoinette Buc-
quet, Mlle Pauline Pages.
Au Salon de l'Automobile.
Le nouveau type de carrosserie im-
porté en France par la maison Charron,
Girardot et Voigt qui en possède, les
brevets, et qui invitait Paris à en venir
voir un spécimen a hier, au' Salon,,
magnifiquement gagné sa cause.
Cette carrosserie est d'ailleurs d'une
conception ingénieuse, gracieuse et pra-
tique. Suivant un joli mouvement de
bois, d'étoffes et de glaces analogue à
celui des « causeuses » la carrosserie
s'infléchit et enveloppe dans sa partie
fermée la place qui demeure inutilement
inoccupée à côté du mécanicien.
Mlle Marthe Brandès, l'exquise socié-
taire de la Comédie-Française, fut hier
parmi celles qui s'en montrèrent les plus
enthousiastes.
"Ctv
OssipLew, le fourreur du grand monde
par excellence, vient de transformer sa
coquette installation de l'avenue des
Champs-Elysées. Dans ses nouveaux sa-
lons d'une élégante simplicité, on voit
ses superbes fourrures et des peaux ra-
rissimes qui font l'admiration de sa clien-
tèle ultra-select. Grâce à une connais-
sance parfaite des pays d'origine et une
impeccable probité commerciale, Ossip
Lew, qui est le fournisseur attitré d'un
grand nombre de Cours étrangères, a su
se créer une place à part dans la haute
société parisienne.
Toutes les élégances parisiennes, tout
ce qui porte un nom dans le monde du
grand sport, défilent et s'arrêtent au
Salon de l'Automobile, dans la salle de,
la Tombola, devant le merveilleux stand
de la Belle Jardinière. L'on ne saurait
décrire la variété des fourrures rares, des
vêtements spéciaux en peau, en cuir, en
caoutchouc, etc., etc., qui forment cet
ensemble admiré par le connaisseur
mieux encore que par le profane. Ce
difficile problème de joindre l'élégance
au confort est résolu là cinquante fois,,
dans cinquante modèles différents.
Dès la tombée de la nuit, pareil aux
palais enchantés des contes de fées,
l'Ermitage du rond-point des Champs-
Elysées apparaît étincelant de lumières,
et au bruit des automobiles et des atte-
lages qui stoppent au seuil du fameux
restaurant répondent les accents vibrants
de mélodies joyeuses. C'est qu'Emile
Aoust, non content d'offrir à ses clients
les mets les plus succulents et les vins
les plus exquis, s'est ingénié à leur pré-
senter un ensemble de musiciens de tout
premier ordre qui achève de faire de
l'Ermitage un séjour enchanteur.
Ce soir, au Casino de Paris, lutte finale
du Championnat du Monde. Les deux
hommes qui n'ont subi aucune défaite
au cours de ce tournoi, Petersen et Pa-
doubny, vont se rencontrer en un match
pour le titre de champion. Aux termes
de la décision du jury, cette rencontre
aura lieu « à outrance et sans merci,
jusqu'au tomber ». Au programme éga-
lement de cette soirée de gala, le match
de boxe anglaise entre Ashley C. Wil-
liams, champion professionnel anglais,
et Marc Gaucher, champion de France
amateur.
Voilà qui constitue, pour la présente
année, the greatest event dans le monde
sportif.
Voici deux faits dont le rapprochement
fera triompher les détracteurs de notre
époque, car tous deux semblent démon-
trer que l'universelle neurasthénie at-
teint jusqu'aux animaux les plus tradi-
tionalistes.
D'une part, le voyage du ministre des
travaux publics en Bretagne a été -l'occa-
sion de constater officiellement les boule-
versements advenus dans les mœurs
des sardines.
Décidément elles ne suivent plus le
Gulf-Stream, elles ne viennent plus errer
à date fixe le long des côtes de Breta-
gne et d'Irlande.
M. Gauthier a reçu sur cette question
sardinière un grand nombre de rapports,
dont il fera sans doute des conserves.
Second fait, plus inconcevable encore
Cette année, les hirondelles d'Alsace ont
oublié d'émigrer 1 L'hiver est venu, et la
froidure, sans qu'elles quittent les bru-
meux climats qu'elles fuient d'habitude
dès la fin d'octobre.
Comme les pauvres bêtes se mouraient
de froid, les hommes s'émurent, et la
Compagnie des chemins de fer du Saint-
Gothard s'offrit à transporter gratuite-
ment les hirondelles en Italie. On en
expédia ainsi des milliers.
0 décadence les hirondelles sont dans
le train.
De tout ceci il faut, hélas conclure que
l'instinct, l'immémorial et atavique ins-
tinct subit la même crise que l'intelli-
gence. La névrose gagne d'espèce en es-
pèce. Bêtes ei gens se déséquilibrent à
l'envi.
Et c'est bien le .cas de soupirer Tout
s'en va quand les hirondelles elles-
mêmes ne s'en vont plus 1
Que va devenir le pauvre captif qui les
attend au rivage du More ?.
11 O.CI
Les étrennes des facteurs.
C'est le moment où ces braves em-
ployés de l'Etat viennent nous présenter
r 51f Année 3e Série N° 346
{Hardi 12 Décembre 1905
Gaston CALMETTE
Directeur- Gérant
H.. DE VILLEMESSANT
Fondateur'
RÉDACTION ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9e Arrl)
RÉDACTION ADMINISTRATION
36, rue Drouot, Paris (9e Arr')
TÉLÉPHOKE, Trois lignes Nos 102.46 102.47 102.49
POUR LA PUBLICITÉ
S'ADRESSER, 26, RUE DROOOT
A L'HOTEL DU « FIGARO »
ET POUR LES ANNONCES ET RÉCLAMES
vChez MM. LAGRANGE, CERF & C»
8, place de la Bourse.
ABONNEMENT
SeIne et Seine-et-Ose. 4B » 30 » 60 M
Départements. 18 75 37 50 75 w
Union postale 21 50 43 u 8B
On s abonne dam tous les Bureaux de Poste
de France et d'Algérie.
« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me bâte
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. > (Beaumarchais.)
Le FIGARO parafa demain 1
avec HUIT pages 1
S. M. le Roi de Portugal
au FIGARO
Paris, il y a trois semaines, acclamait
1e souverain. Depuis quinze jours, dis-
crètement,mais avec plus de joie encore,
il fait fête au voyageur. Avec plus de
joie; car Paris a senti, grâce à l'inco-
gnito dont se couvrait cette souveraineté,
comme un lien de familière amitié s'éta-
blir entre Elle et lui. Désormais à l'abri
des rigueurs du protocole, le Roi s'est
offert le plaisir de ne vouloir plus être
chez nous qu'un passant, un touriste
amusé par la diversité des spectacles
qu'il se donnait, ou qu'il permettait qu'on
lui donnât.
Car l'élite de la société parisienne a
voulu, elle aussi, que cet incognito lui
profitât elle a, depuis quinze jours, fêté
avec une sorte d'enthousiasme le voya-
geur qui nous faisait visite; elle a voulu
qu'après avoir été l'hôte de l'Etat, dom
Carlos fût enfin, et le plus longtemps
possible, son hôte à elle. Le Roi compre-
nait trop l'ardente sincérité de ces mar-
ques de sympathie pour s'y dérober; et
ce sera pour nous un précieux et inou-
bliable souvenir que celui de l'empresse-
ment avec lequel il s'est rendu à l'invita-
tion que le Figaro lui adressait.
Deux fois déjà, S.M. le roi de Portugal
avait honoré notre maison de sa visite
le Figaro compte, en outre et depuis
longtemps, dom Carlos au nombre de ses
plus fidèles lecteurs; c'était donc en Pa-
risien, presque en « habitué » de notre
maison, que le souverain y revenait hier.
Beaucoup de nos amis s'étonneront
de ne point avoir été conviés à cette fête
intime. Nous les prions de ne pas nous
accuser de négligence à leur égard. Nous
n'avons, en cette circonstance, oublié
personne. Mais cette ré*unioh n'étaitpoint
comprise dans la série de nos five o'clock
de chaque saison. Notre hôte avait indi-
qué lui-même une partie du spectacle qui
devait, selon son désir, en composer le
programme; c'était en son honneur que
cette fête se donnait, et c'est à la léga-
tion de Portugal que fut laissé presque
entièrement le soin de préparer les listes
d'invitations. Il nous avait paru conve-
nable et intéressant que Sa Majesté ne
fût entourée au Figaro que d'amis, de
personnes déjà connues d'Elle, ou qu'Elle
pouvait avoir le désir de connaître.
A cinq heures exactement, le Roi quit-
-tait en voiture l'hôtel Bristol, accompa-
,gné du comte de Souza Roza, ministre
,de Portugal. Dans d'autres voitures
avaient pris place le comte Tarouca,
'chambellan le comte d'Arnoso, secré-
taire particulier le capitaine de frégate
Pinto Basto, aide de camp; le vice-ami-
•ral Bayle et le commandant Bouillane de
Lacoste, de la maison militaire de l'Ely-
sée, attachés à la personne du Roi.
A cinq heures et quart, la voiture
royale s'arrête devant l'hôtel du Figaro,
dont les couleurs du Portugal ornent la
façade. Une foule nombreuse couvre les
trottoirs, et salue respectueusement le
souverain que reçoivent, à sa descente
de voiture, M. Gaston Calmette, direc-
teur du Figaro, M. Jules Cardane et toute
la rédaction.
Le souverain et sa suite sont aussitôt
conduits à la salle des Fêtes où se presse
une très brillante assistance. Au mo-
ment où le Roi gagne le fauteuil qui
lui a été réservé devant la scène à
côté de S. A. S. le prince de Monaco
arrivé au Figaro quelques minutes avant
lui, l'orchestre du Concert Rouge,
dirigé par M. Francis Touche, exécute
l'Hymne portugais, que toute la salle
entend debout. Puis le rideau se lève.
Mlle Cécile Sorel, l'exquise sociétaire
de la Comédie-Française, est en scène,
dans un décor d'exquise élégance et dé-
licieusement fleuri. Mais l'auditoire n'est
pas, à ce moment, moins intéressant à
observer que le décor.
Au premier rang, au milieu, S. M.
le roi de Portugal ayant auprès de lui
S. A. S. le prince de Monaco. A leurs
côtés •
Le comte de Souza Roza, ministre de. Por-
tugal à Paris M. Charles Rouvier, ministre
de France à Lisbqnne; le comte Tarouca, le
comte d'Arnoso, le capitaine de frégate Pinto-
Basto, le comte Balny d'Avricourt, ministre
de Monaco à Paris, le comte de Lamotte
d'Allogny, chef de la maison du prince de
Monaco; l'enseigne de vaisseau Sauerwein,
aide de camp de Son Altesse Sérénissime; le
vice-amiral et Mme Bayle, le commandant de
Bouillane de Lacoste, M. Paoli.
Aux rangs suivants les membres du
corps diplomatique
L'ambassadeur des Etats-Unis et Mme
Mac Cormick, le ministre du Japon et Mme
Motono, Mme Calvo-Capdevila, le ministre
de Costa-Rica et la marquise de Péralta, le
ministre de Grèce et Mme Delyanni, Naby-
bey, chargé d'affaires de Turquie, le chargé
d'affaires de Bavière et la comtesse de Moy,
le premier conseiller de la légation de Portu-
gal et Mme Bartholomeu Ferreira; les autres
membres de cette légation M. et Mme Jayme
de Séguier, M. et Mme Caranges-Lucotte; le
consul de Portugal et Mme Domingos de Oli-
veira, le colonel et Mme Paiva d'Andrade,
M. et Mme d'Arenas de Lima; M. de Lucius,
secrétaire de l'ambassade d'Allemagne, etc.
Parmi les membres de la colonieportu-
gaise
Comtesse Carvalhîdo, M. et Mme Abuda-
rham, comtesse de Rivadeneyra, comte et
comtesse de Valle Flor, comte de Penha-
Longa, Mlle de Nogueiros, M. et Mme Cristo-
bal Botella, M. et Mme Roberto de Mesquita,
M. Leite Jardim, vicomtesse et Mlle de Sis-
tello, M. et Mme d'Aquila, M. et Mme Castro-
Guimaraës, M. et Mme Placido de Souza, Mme
,Speranza Saillard et la baronne R. Sail-
A«««M.3afiHe4i*J*L^ϱ-.>
lard, M.,Mme etMlleMonteiro, docteur et Mme
Bensaude, M. et Mme Lopes, M. et Mme Diaz-
Monteiro, Mme Saragga, M. et Mlle A. de
Souza, M. Constantino Dominguez, M. et
Mme Salon Bensaude, M., Mme et Mlle Silva
Lisboa, A. Almada Negreiros, M. Guedes de
Queiroz, M. Proença Vieira, M. Diaz-Mon-
teiro, Mme Urbano de Faria, Mme Miranda,
M. et Mlle Suggia, Mme José Bensaude, M.
Manoel Tavarès d'Almeida, M. Queiroz Ri-
beiro, M. et Mme Carlos Ferreira, comtesse
d'Azevedo de Silva, comte et comtesse de
Jimenez de Molina, M. et Mme Xavier de
Carvalho, docteur Cisneiros Ferreira, Mme
Costa, Mlle Hélène de Faria, M. Oliveira e
Silva, M. Gavazzi, M. Fernando Séguier, M.
Bartholomeu Perestrello, M. Francisco de
Lacerda, le très distingué compositeur; M.
Bossa, membre du Conseil du Roi, etc.
Reconnu parmi les autres invités
Baron et baronne Henri de Rothschild, M.
et Mme Georges Kohn, comtesse Adhéaume
de Chevigné, lady Sassoon, M. H.-A. Chau-
chard, marquis de Massa, comte et comtesse
Stanislas de Castellane, comte et comtesse de
Montsaulnin, baronne de Heeckeren-Mole-
caten, Mme P. Aloisi, comtesse Lydie Rostop-
tchine, Mme FreiwalcJ, prince Ferdinand
Ghika, comte Robert de Montesquiou, comte
de Castellane, M. et Mme George Ochs, M. et
Mme Otto Hecht, marquis et marquise de
Frenoys, Mme Baird, le général baron Fave-
rot de Kerbrech, le général Bizot, M. et Mme
Back de Surany, duc de Montmorency, Mme
Ferdinand Blumenthal, baronne Willie de
Rothschild et son petit-fils M. R. Gold-
schmidt, baronne David Leonino et miss Vio-
let Fane, comte et comtesse de Tanlay,
baron et baronne de Fonscolombe, Mme G.
Legrand; MM. Alfred Mézières, Albert Van-
dal, Henry Housssaye, Henri Lavedan,
membres de l'Académie française Mme
Henri Lavedan, MM. Alfred Grandidier, Ana-
tole Leroy-Beaulieu, Gabriel Lippmann, R. de
Saint-Marceaux, Gabriel Monod, membres
de l'Institut; Mme Gabriel Lippmann, M. et
Mme de Saint-Marceaux, Mme Camille Blanc,
Mme Eugène Fischhof, baronne Oppenheim,
Mme Auboyneau, général Kaiser, général,
Mme et Mlle Marchand,'Mme Boursin, M. et
Mme Edwards, M. et Mme Edmond Selig-
mann, Mme Bunau-Varilla, M. Joseph Rei-
nach, docteur Thyssen, MM. et Mmes G. et
C. G. Morlock, M. et Mme Hugo-Finaly,
Comte et comtesse Robert de Flers, M. et
Mme Gaston-A. deCaillavet, M. et Mme Fran-
çois Froment-Meurice, comtesse de Rehbin-
der, Mme de Tzokow, comte Hutton-Czapski,
membre de la Chambre des seigneurs de
Prusse; comte Alexandre de Laborde, M. et
Mme Gervex, Mme et Mlle Freund-Des-
champs, M. Stéphane Dervillé, président de
la Compagnie P. L. M.; M. et Mme Gavini
de Campile, M. Antoine^ Gavini, député M.
Guillaume Beer, Mme de Rouvre, Mme Chou-
zellier, marquis de Pimodan duc de Rarécourt,
M. Henry Deutsch (de la Meurthe), M. et Mme
Blondel, docteur Springer, M. Abel Goubaud,
docteur et Mme André May, Mme Stanley,
baronne de Pierrebourg,M. et Mme Fournier-
Sarlovèze, M. et Mme Boldesco, docteur et
Mme Gabriel Cohadon, Mme Raoul Ville-
main, docteur Giuseppe Proja; M. Aprea, le
peintre italien si distingué Mme G. Rous-
seau, Mme Vaughan, Mme Goldenberg,. M. et
Mme Budard, les barons A. et E. d'Avi-
gneaux, Mme Jean Wehrlé, Mlle Kaye, M. et
Mme Puel, M. et Mme Dettelbach, M. et Mme
d'Atri, M. Badel, M. et Mme Silvain, M. Ba-
sily, Mme P. Mersch, M. André Granier, M. et
MmeLey, docteur et Mme Letulle, M. Mavro,
M. V. Boudet, Mme Hugo Kahen, M. et Mme
Camille Oulman, Mme et Mlle Lauth, doc-
teur et Mme Didsbury, Mme Franceschi,
Mme Cranney Franceschi, Mme et Mlle Stef-
fens, Mme et Mlle Desrousseaux, M. Mario
Allen, M. Arnold Mortier, M. Gaston Berardi,
docteur Leudet, docteur et Mme Beurnier,
docteur Béni-Barde, MM. Francis de Crois-
Edouard Philippe, Ch. Cuvilier, Louis Legen-
dre, Mme Lender, M. Léon Bou'ët, etc.
Mlle Sorel s'est avancée vers le souve-
rain, souriante, un peu émue; et dit cet
à-propos, de M. Louis Legendre 1
AU ROI DOM CARLOS
Sire,
Le Figaro sent vivement
L'honneur de vous avoir pour hôte î
II rêvait donc d'un complimeut,
Digne d'une faveur si haute.
Mais, faut-il en faire l'aveu?
Il avait des inquiétudes.
Car, en France, on a quelque peu
Perdu les bonnes habitudes.
En France, faute d'une Courf
Conservatoire de ces choses,
L'art de louer, de jour en jour,
Recrute moins de virtuoses 1
Comment complimenter un Roi?
On ne l'apprend pas à l'école.
D'où notre légitime effroi
De transgresser le protocole 1
Mais on nous dit < Etes-vous fous ?
Le prince, quand vous l'invitâtes,
Ne comptait pas tomber, chez vous,
Sur des odes et des cantates.
Il vient pour se distraire, et non
Pour ouïr quelque flatterie
Ou qu'on lui tire le canon,
Bien qu'il aime l'artillerie.
> Donc, ne forcez pas votre effet,
Ne soignez pas trop votre entrée
C'est incognito qu'il vous fait
Cette visite inespérée 1 »
L'incognito souple rideau,
Fiction combien salutaire,
Seul allégement du fardeau
Que portent les grands de la terre!
Moyen qu'ils ont de voyager
Sans apparat ni diadème
Moment où l'on peut les juger,
Estimer, aimer pour eux-mêmes I.
Un prince est très homme d'esprit;
Penché sur l'énigme du monde,
Ce qu'il dit et ce qu'il écrit
Prouve sa science profonde
Parfois, même sous des beréeaux
D'orangers, le pouvoir attriste
Il saisit alors ses pinceaux,
Et ce roi devient un artiste
De séduire il a le secret;
Il met Lisbonne près d'Athènes f
C'est pour le résumer d'un trait,
Une âme haute, point hautaine
On le sait 1 Mais pour que cela
Soit une chose incontestée,
Sire, il faut, tel que vous voilà, •
Qu'il se trouve à notre portée?
Oui, chez un roi, les meilleurs dons
Nous resteraient cachés peut-être }
Mais de près nous le regardons
L'incognito. le fait connaître t
C'est solennellement promis^
Sire, on respectera le vôtre »
Vous serez, parmi nos amis,
Presque un invité comme un autre,
Nous nous résignons, soucieux
D'observer la règle établie,
A des souhaits silencieux
Pour vous, pour la reine Amélie.
Nous taisons notre vif espoir
Sire, à votre prochain passage.
(Car il faut revenir nous voir),
Que la Reine soit du voyage;
Que cette fille de nos rois,
Joyau de la Maison de France,.
Du sol natal une autre fois
Subisse la douce attirance 1.
Pas de speech- même réussit 1
Que l'éloquence se repose! 1
Notre mot d'ordre, le voici
Le cœur ouvert, la bouche close X
Et, pour faire très strictement
Ce que l'incognito réclame,
Nous supprimons le compliment
Qui commençait notre programme 1
A plusieurs reprises, de discrètes ap-
probations ont souligné la récitation de.
ce charmant morceau, digne du poète
délicat et de l'homme d'esprit qui l'a si-
gné. Le Roi, qui l'a écouté avec un visi-
ble plaisir, en applaudit chaleureusement
la péroraison et des applaudissements
vont, en même temps qu'au poète Louis
Legendre, à l'artiste exquise, Mlle Sorel,
dont le talent et la beauté surent parer
de tant d'élégance l'œuvre de l'écrivain.
Et tout aussitôt les trois coups sont
frappés. Le rideau se lève de nouveau.
En scène, Mme Jeanne Granier c'est la
Bonne intention, de M. Francis de Crois-
set, qui va être interprétée devant le Roi.
On se rappelle la superbe carrière que
fournit naguère aux Capucines, puis,
plus récemment, en Angleterre, la spiri-
tuelle et fringante comédie de M. Fran-
cis de Croisset. II nous a paru que cette
tranche un peu relevée d'esprit pa-
risien pouvait être sans inconvénient
offerte à la curiosité d'un souverain aussi
friand des délicatesses de notre art dra-
matique qu'indulgent à ses audaces.
Et en effet, la Bonne intention retrouvait
hier, devant S. M. le roi de Portugal, le
succès le plus éclatant, le plus flatteur.
Bravos, rires, salves d'applaudissements,
rappels. Mme Jeanne Granier était
ravie 1
Mais n'était-ce pas nous surtout qui
avions sujet de l'être, pour le délicieux
plaisir qu'elle venait de nous donner? On
ne jouera jamais cette comédie plus spi-
rituellement, plus humainement qu'elle
ne la joue; et jamais, les merveilleux
dons de cette grande artiste qui est ap-
plaudie chaque soir aux Variétés dans
une autre comédie du même auteur, ne
se seront plus suavement, plus fortement
épanouis qu'en cette œuvre-ci.
M. Paul Numa seconda, il est vrai, su-
périeurement sa partenaire, et ce rôle
est un des meilleurs que l'excellent co-
médien ait interprétés jusqu'ici. La Co-
médie-Française, en engageant M. Paul
Numa, a eu la main heureuse. M. Numa
possède des qualités qui se font de plus
en plus rares au théâtre une distinction
naturelle, de la gaieté, du tact et du goût,
et la fine intelligence de ce qu'il dit.
Autour des deux principaux interprètes
de la Bonne intention, on a également
applaudi M. Georges Flandre, excellent
dans le rôle du domestique; Mlle Jeanne
Bernou, du Vaudeville, qui a su inter-
préter avec une jolie finesse celui de la
jeune fille à qui Maud Gerfeuil rend son
fiancé; Mme Arnous-Rivière, l'artiste
si connue qui a bien voulu jouer le tout
petit rôle de la gouvernante anglaise et
a su lui donner une silhouette fort sa-
voureuse, et Mlle Fontanes, gentille en
wn rôle (trop pourt) de soubrette.
Il est six heures et demie. Tandis que
M. Francis Touche et ses excellents mu-
siciens exécutent, aux applaudissements
de toute la salle, les Sylphes, de Berlioz,
et la Danse persane, de Guiraud, notre
Directeur conduit le Roi au buffet qui a
été installé près de la scène, au seuil de
la salle de la rédaction.
M. Gaston Calmette boit à la santé du
Roi et « de Sa Gracieuse Majesté la reine »
et le Roi l'en remercie en termes parti-
culièrement flatteurs pour le Figaro;
« mon journal », ajoute-t-il.
Durant cet entr'acte, Sa Majesté s'entre-
tretient gaiement avec les personnes qui
l'entourent S. A. S. le prince de Monaco,
le comte de Souza Roza, le comte Boni
de Castellane, le marquis de Massa, lady
Sassoon, la baronne Henri de Rothschild,
M. et Mme Georges Kohn, la comtesse
Ad. de Chevigné, M. Albert Vandal, de
l'Académie française, M. et Mme Gavini,
qui ont pris un verre de champagne ou
d'orangeade avec Sa Majesté.
Puis notre Directeur présente au sou-
verain un grand nombre de personnes
que le Roi a aperçues dans la foule, et dont
la plupart sont déjà connues de lui M.
Chauchard, auquel il parle de son admi-
rable galerie de tableaux, MM. Mézières
et Henry Houssaye, de l'Académie fran-
çaise le comteA. de Laborde, MM". Henry
Deutsch (de la Meurthe), Henri Gervex;
M. Francis de Croisset, que Sa Majesté
félicite aimablement; M. Prestat et les
membres du Conseil de surveillance; la
rédaction du Figaro, qui s'est réunie au-
tour du Roi, et enfin les artistes que notre
hôte vient d'applaudir Mlle Sorel, Mme
Jeanne Granier, que le souverain re-
mercie, en quelques mots charmants, du
grand plaisir qu'il a éprouvé à les en-
tendre Mlle Bernou, M. Paul Numa,
M. Flandre, etc.
L'entr'acte est terminé; le Roi et sa
suite ont regagné leurs places; et c'est
maintenant la danse qui succède à la
comédie. Exquisement jolie sous, un
costumé Directoire du plus brillant effet,
Mlle Trouhanowa, du théâtre de Monte-
Carlo (dont on se rappelle les heureux
débuts sur la scène même où elle réap-
paraît aujourd'hui), exécute, assistée de
M. Chlioukine, du Théâtre impérial de
Moscou, des danses du temps, sur une
musique de J. Strauss qu'exécute au
piano, avec sa verve et son talent cou-
tumiers, M. Mathé. Et c'est la fin d'une
fête qui a semblé trop courte à tout le
monde, et dont nous ne devons pas le
succès qu'aux artistes éminents qui y
figurèrent. D'autres concours précieux
nous ont été gracieusement fournis, et
nous sommes heureux de remercier ici
M. Jusseaume, le très habile décorateur
de l'Opéra-Comique, qui voulut bien
parer notre petite scène d'une toilette
toute fraiche, en repeindre à neuf le
rideau et le manteau d'Arlequin; MM.
Lhoste et Bernel, qui s'étaient chargés
de la décoration et des meubles de la
mise en scène de la Bonne Intention, et
réussirent à transformer notre petit théâ-
tre en un boudoir où le meuble d'art et
le bibelot précieux mettaient une note
d'exquise élégance; la maison Chénier,
par qui notre hôtel tout entier, de la
scène à la salle, et des escaliers au bal-
con, fut fleuri de la façon la plus somp-
tueuse et la plus rare; et enfin l'habile
régisseur des Capucines M. Prad, obli-
geamment mis à la disposition du Figaro
par M. Mortier, et par les soins de' qui
toute notre représentation fut si bien ré-
glée.
Il était près de sept heures quand
S. M. dom Carlos quitta le Figaro. En
prenant congé de notre Directeur qui
l'avait accompagné jusqu'à sa voiture,
Sa Majesté a bien voulu lui dire l'im-
pression excellente qu'Elle emportait de
sa visite, et l'en remercier.
C'est à nous de remercier notre hôte.
Nous lui sommes redevables d'une joie
très flatteuse, très profonde, très recon-
naissante, et que partageront tous les
amis du Figaro.
LE FIGARO.
Echos
La Température
La pression barométrique devient très élevée
sur presque -toute l'Europe; elle n'est qu'un
peu inférieure à 760mm que dans l'extrême
Nord,tandis qu'elle dépasse 775mm dans l'Ouest
et le Centre; à Paris, hier, vers midi, le baro-
mètre accusait 78omm 8.
Le temps devient beau dans tout l'ouest de
l'Europe on ne signale que quelques averses
dans le sud de la France. Quant à la mer, elle
est grosse au large de la Provence, belle ou
peu agitée ailleurs.
La température s'est abaissée sur toutes
nos régions elle tétait, hier matin, à Paris
10 au-dessous de zéro vers sept heures et 60
à quatre heures de l'après-midi. On notait
00 à Belfort et à Toulouse, 80 au-dessus de
zéro à Perpignan, et dans nos stations élevées
50 au-dessous de zéro au puy de Dôme, 90 au
pic du Midi.
En France, un temps beau et froid est pro-
bable. Après une très belle journée, le baro-
métre marquait le soir, à Paris, 778mm.
Du New York Herald:
A New- York Beau temps. Température:
minima, 30 maxima, 70. Vent de l'ouest-sud-
est, faible. Baromètre en baisse.
A Berlin Nuageux. Température à midi, 5o.
A Londres Fort brouillard. Température
minima, 30 maxima, 6o, Vent calme. Baro-
mètre en hausse.
LE SOCIALISME INDÉPENDANT
Partout où le socialisme indépen-
< dant ose rompre en visière au so-
cialisme unifié, il est à peu près sûr de
gagner la bataille. La nouvelle victoire
qu'il vient de remporter à Lyon en est
une preuve. M. Augagneur, gouverneur
de Madagascar, est remplacé dans sa
circonscription électorale par un homme
de sa couleur, ou plutôt par un homme
de son caractère, c'est-à-dire par un de
ces libertaires d'un genre spécial qui re-
fusent de jurer sur la parole d'un maître
et qui ne se laissent pas enrégimenter.
Il faut croire que ces mauvaises tètes
sont encore assez nombreuses en France,
puisqu'on les voit se dresser, dans pres-
que toutes les circonstances importantes
contre le servum pecus des embrigadés.
Dans le Rhône et dans la Loire notam-
ment, ils ont opposé le drapeau de la ré-
volte efficace à celui du vasselage passif
et muet. Ils ont proclamé que l'obéis-
sance du cadavre n'était pas,faite pour
eux; une clientèle nombreuse le sa sui-
vis, et l'événement leur a donné raison.
Il en sera ainsi chaque fois que la liberté,
même socialiste, aura le courage de ré-
sister à la brutale tyrannie jacobine.
Elle a essayé quelquefois de s'en excu-
ser, elle a demandé pardon des licences
qu'elle prend et de l'émancipation qu'elle
s'offre. Elle a prétendu, pour obtenir sa
grâce, qu'entre le socialisme indépen-
dant et l'autre il n'y avait pas de sépara-
tion proprement dite, à peine des nuan-
ces de programme et des différences de
tactique par-dessus lesquelles l'unité
subsistait dans la diversité. C'est une
erreur du socialisme indépendant; plus
il accentuera sa dissidence, plus il ga-
gnera en dignité et en force. Il est bon
pour les diverses fédérations de mar-
quer ainsi qu'elles deviendraient aisé-
ment sécessionistes et schismastiques
le jour où l'on tenterait de les plier sous
le joug.
Elles nous demanderont en quoi la
chose nous regarde et ce que cela peut
bien nous faire. Indépendantes ou uni-
fiées, elle n'en seront pas moins socia-
listes. Oui, mais pas au même degré. Le
drapeau ne cessera pas d'être rouge,
mais les guidons s'en distingueront par
des emblèmes spéciaux. Et puis, par cela
même qu'un groupe quelconque reven-
dique sa liberté, il devient nécessaire-
ment plus libéral que ces blocs aveugles
et sourds qui, sans discussion, vousécra-
sent de leur masse. Il y a toujours plus
de chances de s'entendre avec ceux qui
ne se laissent pas écraser.
C'est pourquoi nous ne voyons pas
sans quelque plaisir le socialisme unifié,
ou soi-disant tel, éprouvé par une série
d'abandons qui ressemblent fort à des
mésaventures. Corsaires contre corsaires,
comme on dit, ne font pas leurs affaires.
A Travers Paris
Aide-toi, le ciel t'aidera.
Une de nos charmantes lectrices nous
suggère– à propos de l'article de notre
collaborateur « le Vieux Postier». sur les
téléphones une gentille et généreuse
idée qui est bien d'une femme et d'une
Parisienne.
Tout le monde est d'accord qu'il y a
beaucoup à faire pour améliorer les ser-
vices téléphoniques. Et c'est avec une
satisfaction toute naturelle qu'on a ac-
cueilli l'annonce des réformes projetées
à ce sujet par l'honorable sous-secrétaire
d'Etat aux postes. Mais, en attendant que
le gouvernement leur vienne en aide,
les abonnés ne. pourraient-ils s'aider un
peu eux-mêmes? Nous voulons toujours
que les alouettes nous tombent du ciel
toutes rôties peut-être pourrions-nous
essayer de les mettre nous-mêmes à la
broche.
Il y aurait, dans ce sens, une délicate
initiative à prendre. Pourquoi, à cette
époque si dure et si laborieuse de la fin
de l'année, n'encouragerait-on pas ces
braves filles surmenées et énervées par
l'approche du jour de l'an, en leur don-
nant des étrennes? On pourrait leur per-
mettre, comme font les facteurs pour le
calendrier, d'envoyer à domicile le nou-
veau livre des téléphones ou bien en-
core, il devrait être permis aux abonnés
de joindre une petite somme quelconque
aù payement de leur trimestre.
La façon de procéder, au surplus, im-
porterait peu l'essentiel est que le prin-
cipe soit admis. Et nous serions bien
heureux, quant à nous, de contribuer à
en faciliter la réalisation. Cette aimable
pensée, nous l'avons dit, vient, d'ailleurs,
d'une femme. Et ce que femme veut.
INSTANTANÉ
André RIVOIRE
L'auteur du Chemin de l'oubli, que l'Aca-
démie,française vient de couronner en tête
des lauréats du prix Archon Despérouse,
quoique jeune, est un vétéran des succès aca-'
démiques, car la Compagnie avait honoré
déjà, en 1900, de la même distinction flatteuse
son premier volume de vers le Songe de l'a-
mour. Poète exquis, d'une note délicate et
profonde, André Rivoire a cette originalité
d'unir au besoin de se répandre le goût de se
surveiller, et ce lyrique est aussi le plus subtil
et le plus précis des analystes. Il résulte de
ces qualités mêlées un charme rare, fait de
sensibilité mélancolique et d'émotion péné-
trante.
André Rivoire a également écrit pour le
théâtre de petites pièces très fines et très
ironiques, pleines de grâce et aussi de signifi-
cation. Ce fut à la Comédie-Française, ce
fantaisiste et alerte conte en vers, Il était
une bergère. qui fait songer à du Banville
attendri au théâtre Antoine, un acte très
profond sous une apparence légère à l'Odéon,
l'Ami du ménage, et, en ce moment même,
aux Capucines, en collaboration avec Tarride,
Fin de vertu, un marivaudage très moderne-
ment osé. Un si joli passé répond d'un bel
avenir.
Le bon socialisme.
Nous nous faisons journellement un
devoir de montrer les dangers du socia-
lisme. Il est donc juste que, lorsque l'oc-
casion s'en présente, nous reconnais-
sions aussi ce qu'il peut y avoir d'accepta-
ble et même d'assez séduisant dans ces
doctrines. Il est certain, par exemple,
qu'il y aurait mauvaise grâce à s'élever
contre la façon dont les socialistes d'Aix
en Provence entendent arriver au triom-
phe de leurs principes. Les moyens
qu'ils emploient pour cela n'ont rien de
révolutionnaire, et l'on serait mal venu
à en contester la parfaite légalité.
C'est à un journal de Marseille, le
Petit Provençal, que nous empruntons
l'ordre du jour de la dernière séance
tenue par les deux principaux cercles de
propagande de la bonne ville d'Aix
Unionsocialiste. Ce soir, samedi, con-
cours de quadrette, piquet et loto.
Association démocratique. Ce soir, à neuf
heures, concours de quadrette et loto. Diman-
che, à l'apéritif, continuation des sauteries
intimes.
Voilà, on ne saurait le nier, de l'excel-
lente « unification », et, sur'ce terrain-là,
l'entente pourrait devenir facile avec le
parti socialiste. Il faudrait seulement sa-
voir si les militants d'Aix en Provence se
sont bien conformés dans l'occurrence
aux vues directrices de leur Comité pa-
risien et si c'est bien là le véritable pro-
gramme des congrès d'Amsterdam ou de
Chalon. En cequi concerne les sauteries,
cela n'aurait rien de surprenant elles
sont assez familières à certains chefs.
Mais pour ce qui est de la quadrette et
du loto, une adhésion formelle des auto-
rités du parti ne serait pas superflue.
Les affections grippales sont « la porte
ouverte à à des maux plus sérieux. Aux
personnes délicates, le régime du Vin
Mariani (un verre à bordeaux après cha-
que repas) apporte régulièrement la
dose de vigueur qui suffit à les protéger
pendant la saison où les plus délicats de
nos organes sont à tout instant mena-
cés. Un refroidissement, un rhume, une
grippe sont sûrement enrayés par les
grogs chauds dont nous rappelons la for-
mule Deux tiers de Vin Mariani, un
tiers d'eau, sucrer à volonté, chauffer
sans bouillir; boisson délicieuse et sou-
veraine.
Le Comité des dames de l'Union cen-
trale des arts décoratifs vient de nom-
mer vice-présidente déléguée la duchesse
de Broglie. Cette élection a été motivée
par la mort de Mme Taine dont le Co-
mité garde un respectueux et reconnais-,
sant souvenir.
Le bureau des dames de l'Union cen-
trale des arts décoratifs se trouve ainsi
composé:
Vice-présidente déléguée la duchesse de,
Broglie
Vice-présidentes la générale Derrécagaix,
la duchesse d'Estissac, Mme Gaston Lecreux,
la comtesse de Maupeou, la marquise de Na-
daillac;
Secrétaire générale Mme Paul Biollay;
Secrétaires adjointes: Mlle Antoinette Buc-
quet, Mlle Pauline Pages.
Au Salon de l'Automobile.
Le nouveau type de carrosserie im-
porté en France par la maison Charron,
Girardot et Voigt qui en possède, les
brevets, et qui invitait Paris à en venir
voir un spécimen a hier, au' Salon,,
magnifiquement gagné sa cause.
Cette carrosserie est d'ailleurs d'une
conception ingénieuse, gracieuse et pra-
tique. Suivant un joli mouvement de
bois, d'étoffes et de glaces analogue à
celui des « causeuses » la carrosserie
s'infléchit et enveloppe dans sa partie
fermée la place qui demeure inutilement
inoccupée à côté du mécanicien.
Mlle Marthe Brandès, l'exquise socié-
taire de la Comédie-Française, fut hier
parmi celles qui s'en montrèrent les plus
enthousiastes.
"Ctv
OssipLew, le fourreur du grand monde
par excellence, vient de transformer sa
coquette installation de l'avenue des
Champs-Elysées. Dans ses nouveaux sa-
lons d'une élégante simplicité, on voit
ses superbes fourrures et des peaux ra-
rissimes qui font l'admiration de sa clien-
tèle ultra-select. Grâce à une connais-
sance parfaite des pays d'origine et une
impeccable probité commerciale, Ossip
Lew, qui est le fournisseur attitré d'un
grand nombre de Cours étrangères, a su
se créer une place à part dans la haute
société parisienne.
Toutes les élégances parisiennes, tout
ce qui porte un nom dans le monde du
grand sport, défilent et s'arrêtent au
Salon de l'Automobile, dans la salle de,
la Tombola, devant le merveilleux stand
de la Belle Jardinière. L'on ne saurait
décrire la variété des fourrures rares, des
vêtements spéciaux en peau, en cuir, en
caoutchouc, etc., etc., qui forment cet
ensemble admiré par le connaisseur
mieux encore que par le profane. Ce
difficile problème de joindre l'élégance
au confort est résolu là cinquante fois,,
dans cinquante modèles différents.
Dès la tombée de la nuit, pareil aux
palais enchantés des contes de fées,
l'Ermitage du rond-point des Champs-
Elysées apparaît étincelant de lumières,
et au bruit des automobiles et des atte-
lages qui stoppent au seuil du fameux
restaurant répondent les accents vibrants
de mélodies joyeuses. C'est qu'Emile
Aoust, non content d'offrir à ses clients
les mets les plus succulents et les vins
les plus exquis, s'est ingénié à leur pré-
senter un ensemble de musiciens de tout
premier ordre qui achève de faire de
l'Ermitage un séjour enchanteur.
Ce soir, au Casino de Paris, lutte finale
du Championnat du Monde. Les deux
hommes qui n'ont subi aucune défaite
au cours de ce tournoi, Petersen et Pa-
doubny, vont se rencontrer en un match
pour le titre de champion. Aux termes
de la décision du jury, cette rencontre
aura lieu « à outrance et sans merci,
jusqu'au tomber ». Au programme éga-
lement de cette soirée de gala, le match
de boxe anglaise entre Ashley C. Wil-
liams, champion professionnel anglais,
et Marc Gaucher, champion de France
amateur.
Voilà qui constitue, pour la présente
année, the greatest event dans le monde
sportif.
Voici deux faits dont le rapprochement
fera triompher les détracteurs de notre
époque, car tous deux semblent démon-
trer que l'universelle neurasthénie at-
teint jusqu'aux animaux les plus tradi-
tionalistes.
D'une part, le voyage du ministre des
travaux publics en Bretagne a été -l'occa-
sion de constater officiellement les boule-
versements advenus dans les mœurs
des sardines.
Décidément elles ne suivent plus le
Gulf-Stream, elles ne viennent plus errer
à date fixe le long des côtes de Breta-
gne et d'Irlande.
M. Gauthier a reçu sur cette question
sardinière un grand nombre de rapports,
dont il fera sans doute des conserves.
Second fait, plus inconcevable encore
Cette année, les hirondelles d'Alsace ont
oublié d'émigrer 1 L'hiver est venu, et la
froidure, sans qu'elles quittent les bru-
meux climats qu'elles fuient d'habitude
dès la fin d'octobre.
Comme les pauvres bêtes se mouraient
de froid, les hommes s'émurent, et la
Compagnie des chemins de fer du Saint-
Gothard s'offrit à transporter gratuite-
ment les hirondelles en Italie. On en
expédia ainsi des milliers.
0 décadence les hirondelles sont dans
le train.
De tout ceci il faut, hélas conclure que
l'instinct, l'immémorial et atavique ins-
tinct subit la même crise que l'intelli-
gence. La névrose gagne d'espèce en es-
pèce. Bêtes ei gens se déséquilibrent à
l'envi.
Et c'est bien le .cas de soupirer Tout
s'en va quand les hirondelles elles-
mêmes ne s'en vont plus 1
Que va devenir le pauvre captif qui les
attend au rivage du More ?.
11 O.CI
Les étrennes des facteurs.
C'est le moment où ces braves em-
ployés de l'Etat viennent nous présenter
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 70.51%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 70.51%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1" Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00" France-Brésil France-Brésil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "FranceBr"
- Auteurs similaires Villemessant Hippolyte de Villemessant Hippolyte de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Villemessant Hippolyte de" or dc.contributor adj "Villemessant Hippolyte de")Jouvin Benoît Jouvin Benoît /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Jouvin Benoît" or dc.contributor adj "Jouvin Benoît")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k287193s/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k287193s/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k287193s/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k287193s/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k287193s
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k287193s
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k287193s/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest