£E FIGARO MERCREDI 30 OCTOBRE 1901
céleste avec étonnement mais qui con-
naît Confucius en Chine, à part quelques
lettrés? 2
» Et il ajouta, textuellement 3_
« Chinois ne savent rien. Chinois
imbéciles! >
Nos missions rendent-elles des ser-
vices ?
Elles en rendent de considérables,
mais, jusqu'ici, elles n'ont fait des pro-
sélytes que dans le peuple. Les classes
élevées sont absolument inaccessibles à
nos conceptions religieuses, et nos mis-
sionnaires ont. renoncé à tenter de les
convaincre.
» Et puisque je vous parle des mis-
sionnaires catholiques français, laissez-
moi vous rappeler que s'ils se canton-
nent dans l'exercice de la religion, il
n'en est- pas de même des missionnaires
britanniques qui, eux, sont aussi méde-
cins, pharmaciens, etc. Les missionnai-
res américains vont plus loin conjme les
Anglais, ils exercent la médecine, la
pharmacie, etc., mais ils font aussi du
commerce, et c'est grâce à eux qu'un
grand nombre de Chinois se servent de
produits américains. Je sais bien que
ce cumul répugne à nos idées françaises
et que nous n'admettrions pas qu'un
prêtre s'occupât de négoce mais il n'en
est pas moins vrai que précisément,
grâce à 'ce cumul, les Anglais et les
Américains sont en contact plus intime
avec le peuple.
C'est possible, fis-je en me levant,
car on annonçait la visite d'un haut per-
sonnage mais nous autres Français,
«aos sommes pétris de préjugés et nous
aimons mieux exporter nos idées que
nos marchandises. C'est fort regrettable
pour la balance de notre commerce,
mais nous mettons au-dessus de la
gloire de Carthage celle d'Athènes et de
ïlomef » »
tf.-B. Batàsoart*
LA JOURNEE
1ia.
Jiïêfcfêcti 30 octobre
Spoiié Detnié* jour du Concours général
de l'alcool, organisé par le ministère de l'agri-
culture (huit heures du matin, avenue de
Neuilly). Tir aux pigeons prix d'Arme-
nonville du. Cercle du Bois de Boulogne (deux
heures).
Théâtres Au théâtre Antoine, premières
du Sâillon et de la Mariotte (huit heures et
demie). Au Nouveau-Théâtre, première du
Clos (huit heures et demie). A Déjazet,
première (à ce théâtre) de la Torttie (huit
heures et demie). Au Gymnase, répétition
générale de la Bascule (huit heures trois
quarts).
A l'Hôtel de Ville Séance du Conseil muni*
cipal (trois heures).
A l'Hôtel des! Invalides Solennité du dépôt
du drapeau du corps expéditionnaire de Chine
(onze heures du matin).
A qui là dot Dernier jour" d'inscription
pour lés jeunes filles du dixième arrondisse-
ment qui concourent en vue de l'obtention
d'une dot de 500 francs léguée par M. Lediû.
Le Monde et la Ville
RENSEIGNEMENTS MONDAINS
̃*̃* S. A> R. le comte de Turin à quitté hier
soir Paris pour retourner à Turin et de là à
Florence où il reprendra le commandement de
son régiment.
-«-'Lé marquis dé Beauvoir vient dé partir
pour faire un' court séjour en Russie.
Reconnu parmi les personnes qui dînaient
hier soir chez Ritz
M. et Mme A. d'André, lady Colebrooke, prin-
cesse Vladimir Orloff, prince et princesse d'Isen-
burg, prince Alexis Orloft, lady Sarah Wilson-,
comté Albert Mensdorf, M. A. de Hitroff, M. Ma-
vrocordato,,M. Narischkine, prince et princesse
Troubetzkoy, duchesse de Sutherland, prince
Karageorgewitch, M. d& Massa, baron Silvestri,
M.. L. Binder, comte Sierstorpff.
Le Grand Cercle offrait, hier soir, à ses
membres et à quelques invités une charmante
soirée dramatique.
Au programme quelques poésies et Deux
Innocentes, l'exquise saynète de notre colla-
borateur Marcel Prévost, interprétée à ravir
par Mlle, Bertiny, de la Comédie-Française;
Mlle Yvonne Garrick, la délicieuse ingénue de
l'Odéon, et Mlle Vieille, du Conservatoire.
On a fait une véritable ovation aux trois
jolies artistes.
MARIAGES
Mgr" Journé, camérier de la maison pa-
pale, a béni, hier; en la chapelle du palats de
la nonciature apostolique, le mariage du ba-
ron Yvan de Marèay, fils de l'ancien préfet de
la Corse, et de la baronne de Marcay née
Tessier, $v.ec Mlle Yvonne Paulmier, fille du
député du Calvados et de Mme Charles Paul-
mier.
Les témoins étaient le général Mercier,
sénateur; le comte d'ËlVa, député; le marquis
de Là Fayette et le comte de Céris.
Dans l'assistance on a admiré de très élé-
gantes toilettes et surtout de ravissants cha-
peaux confectionnés avec un goût exquis, pour
la cérémonie religieuse ainsi que pour le ma-
riage civil, par la maison Carlier de la rue de
la Paix.
On éélébrerâ aujourd'hui, à la Made-
leinë, lé niâriage de M. Auguste Sire, avec
Mlle Marie-'Hélène Brunet, fille de l'ancien
sous-directeur au ministère do l'intérieur, et
petite-fille du général Brunet, l'un des héros
du siège de âébastopol.
M. Tâbbié Chesnelong, Curé de Saint-
Michel des Batignolles, a béni en l'église
S,aint-AugUstin le mariage du comte Michel
de L'Estoile; lieutenant au 18e chasseurs, avec
Mlle Henriette Chabrol.
Témoins du marié le baron de l'Estoile,
son oncle, et le colonel de Sillègue, comman-
dant le 18e chasseurs; de la mariée MM. Wil-
brpd Chabrol, son oncle, et de Planterose,
lieutenant dé cavalerie, son beau-frère.
Le comte des Roys, fils du marquis et de
la marquise des Roys, est fiancé à Mlle de
Barbentane, fille du marquis et de la marquise
de Barbentane.
M. Charles-Philibert Gomel, licencié en
droit, petit-flls de M. Gomel, le regretté con-
seiller d'Etat sous TEmpire, est fiancé à Mlle
Alice Thirria. fille de l'ancien auditeur au
Conseil d'Etat, ancien membre du Conseil de
préfecture de la Seine, chevalier de la Légion
d'honneur l'auteur si apprécié d'ouvrages
historiques sur Napoléon III, la duchesse de
Berry, etc.
La fiancée est la petite-fille de feu M. Thir-
ria, inspecteur général dés mines, géologue
des plus distingués et rarrière-petitejfille de
M. Thirria dé Yaîséne, avoéat au Parlement
de Paris et magistrat après la Révolution.
Le mariage sera célébré le g décembre, à
Saint-Pierre de Chaillot.
A Saint-Léomer, dans la Vienne, à été
'béni le mariage du comte Cardonne de Genest,
capitaine au 15e chasseurs, avec Mlle Anne-
Marie Cornette de Laminière.
Témoins du marié M. Paul Le Roux, sè-
nateur de la Vendée, et M. Quatre-Solz de
Marolles; de la mariée M. Louis de Lami-
nière, son frère, et M. Louradour-Ponteil, son
oncle.
M. l'abbé Crépaux, curé de Notre-Dame
de Nice, a béni samedi dernier, en l'église de
Gourdon, près de Grasse, le mariage du comte
de Poret, capitaine de frégate en retraite, avpc
la comtesse Marie de Jonquières.
Les témoins étaient, pour le marié MM.
Lancestre et Seytre, notaires; pour la mariée
M. L'uns, juge au Tribunal civil de Grasse et
le docteur Chabert.
ÙEUIL ̃•
Rappelons que la comtesse Marie Bra-
nika née princesse Sapieha fera célébrer ce
matin, à dix heures et demie très. précises, un
service funèbre pour le repos de l'âme de son
frère, le prince Jean Sapieha, décédé en Gali-
cie (Autriche).
̃' La cérémonie aura lieu à Saint-Pierre de
Chaillot, en la chapelle de la Sainte Vierge
(entrée par la porte de Oavenue Marceau).
Les personnes qui n'auraient pas reçu de
lettre sont priées d8 considérer-cet avis comme
une invitation. <
Une messe de Requiem a été célébrée en
la chapelle de la Sainte Vierge de la basilique
Sainte-Clotilde, pour le repos de l'âme du
comte Edmond de Gontaut-Biron, membre du
service d'honneur de Monseigneur le duc d'Or-
léar/j..
Le chef de la Maison royale de France était
représenté par le duc de Luynes.
Un service anniversaire aura lieu demain
en la chapelle du cimetière de Passy, à deux
heures de l'après-midi, pour le repos de l'âme
de Mlle Marie Bashkirtseff, le peintre dont
l'avenir s'annonçait si brillamment.
Mme Bashkirtséff, sa mère inconsolable, y
ssistera avec toute sa famille et ses amis.
Nous apprenons la mort De la com-
tesse de Tourneminc, décédûe à Verduri-sur-
Meuse, chez son gendre le commandant J.-B.
Dumas, du 19e bataillon de chasseurs; De
Mme veuve Monrival, née Tixier, veuve en
premières noces de M. Philippe de Kerhallet,
décédée à Paris, à l'âge de soixante-douze
ans. Ses obsèques seront célébrées demain, à
midi, à la Madeleine; Du capitaine Sabate,
du 1330 régiment d'infanterie, en garnison à
Belley. En traversant la gare de Virieu-le-
Grand, il a été écrasé par un train de mar-
chandises qui se dirigeait vers Genève. Le
malheureux officier était âgé de quarante-cinq
ans. Ses obsèques seront célébrées aujour-
d'hui, à Belley Du comte Paul S\eelienyi,
ancien ministre du commerce, de l'agriculture
et de l'industrie, à Budapest, sous le minis-
tère Tisza, décédé à l'âge de soixante-trois
ans. Marié à une comtesse Andrassy, il était
le père du comte Jules Szechenyi, ministre
hongrois a latere, à Vienne; De M. Caleb
Baldwin, décédé à Newark, à l'âge de cent
deux ans.
MË Ferrai»..
^\>V^^«^ I
A l'Étranger
FIGARO A LONDRES
Londres, le 28 octobre 1Ô01.
L'Angleterre justifie de plus en plus
son nom de « pays des brouillards ».
Nous avons passé samedi la journée tout
entière dans une atmosphère atroce et
dans une obscurité complète. Le soir,
dans les théâtres, on apercevait à peine la
scène et les acteurs 'et, à la sortie, les
spectateurs ont eu la plus grande peine
à rentrer chez eux. Beaucoup de gens
ont été se réfugier dans les hôtels les
plus proches où ils ont passé la nuit et,
dans les clubs, les chambres à coucher
faisaient prime.
Et nous ne sommes pas encore en
novembre Si cela continue, nous au-
rons un hiver bien gai.
La discorde est au camp d'Agramant i
La révocation du général Buller, sous le
fallacieux prétexte qu'il a prononcé un
discours public, contrairement à la dis-
cipline, a profondément irrité l'armée et
le public. Les journaux militaires blâ-
ment en termes énergiques la mesure
prise contre le général Buller par M.
Brodrick et lord Roberts, et le public n'a
pas attendu cette manifestation de l'opi-
nion de l'armée pour faire connaître ses
sentiments, qui sont absolument favo-
rables au général qui a délivré Ladys-
mith, qui a refusé de récrire ces dépê-
ches de Spionskop pour faire plaisir à
lord Lansdowne et à lord Roberts, qui a
toujours ménagé ses soldats et qui s'est
invariablement conduit en brave et loyal
soldat et en galant homme.
Dans les music-halls, partout où le
portrait cinématographique du général
Buller est montré, il est acclamé. Sa-
medi, à Wimbledon, le portrait de lord
Roberts a été accueilli par ces mots « A
la potence, Roberts I Montrez-nous Bul-
1er, le bon vieux Buller » s>
En ce moment, Buller est le héros po-
pulaire, quoi qu'en dise la presse minis-
térielle qui a mené la campagne ano-
nyme et calomnieuse qui a tellement
effrayé M. Brodrick, le ministre de la
guerre, qu'il a fait révoquer le général
Buller par lord Roberts.
Vous verrez quelques séances intéres-
santes au Parlement, dès le début de la
session, car l'incident Buller n'est pas
terminé, tant s'en faut.
Le général Buller n'est pas homme à
entrer en polémique avec la presse, et
s'il a relevé les calomnies récemment di-
rigées contre lui, c'est parce qu'il savait
qui se cachait derrière les journaux -et
d'où partaient les attaques.
Quand le général Buller était en Ir-
lande, commandant du district de Kil-
larnéy, je me trouvai pendant quelque
temps dans le même hôtel que- lui. Le
bruit courait alors que, devant une Com-
mission d'enquête, il avait dit que « la
Ligue agraire avait été le salut des
paysans irlandais ».
Je fis passer ma carte en sollicitant
une entrevue. Le général Buller me
reçut le plus gracieusement du monde et
quand, au cours de notre conversation,
je lui demandai si ce qu'on disait était
vrai, il me répondit, avec un sourire
« Je ne veux ni contredire ni confirmer
ce que disent de moi les journaux. »
Pour qui connaissait le caractère franc
et loyal du général, cette réponse suffi-
sait. Je n'insistai pas.
Et aujourd'hui, me rappelant l'entre-
vue que le général me fit l'honneur de
m'âccordèr à Killarney, je Suis certain
que son discours du 10 octobre n'a été
prononcé que pour atteindre les gens
masqués qui se. cachaient derrière un
journal pour l'attaquer. A un simple
journal, sir Redvers Buller n'aurait pas
repondu.
^Sous le titre-de :ïe Dernier des dandy s
M. Clyde Fitch a écrit une pièce que M.
Tree vient de donner à Her Majesty's
Theatre. Le dernier des dandys, c?est le
comte d'Orsay qui, pendant une quin-
zaine d'années, étonna la société de Lon-
dres par son luxe, son faste et ses élé-
gances. Il lui donna le ton, il fut le roi
de la mode et des salons jusqu'au mo-
ment où la ruine de son amie, lady Bles-
sington, le força à revenir en France où
il mourut pauvre et ignoré.
Le comte d'Orsay n'était pas seulement
un élégant; il était fort spirituel, il ma-
niait également bien le crayon, 16 pin-
ceau, l'ébauchoir et la plume, et l'on a de
lui une statuette de la reine Victoria qui
n'est pas sans mérite et un portrait de,
Wellington qui fit dire au duc de Fer
« Voilà la première fois que je suis peint
en gentleman! »
M..Tree a fait revivre pour nous le
comte d'Orsay, homme de plaisir ainsi
qu'arbitre 'des élégances, mais malheu-
reusement l'auteur n'a pas su mettre
dans la bouche d son personnage le
langage fin, spirituel et élevé qui conve-
nait au comte d'Orsay, gentilhomme et
homme du monde jusqu'au bout des
ongles.
Jamais le comte d'Orsay n'aurait parlé
de ses « amies à ses domestiques comme [
le'lui fait faire M. Clyde Fitch jamais il
n'aurait dit à son valet de chambre
Octavio, avez-vous vos bottes?
Oui, monsieur.
Alors, reconduisez M. Peters.
M. Peters est un usurier qui vient ré-
clamer son dû.
Ce comte d'Orsay-là n'est pas le vrai
et M. Clyde Fitch n'a pas su tirer parti
d'un excellent sujet.
Je l'ai. dit, M. Tree est parfait. Son
comte d'Orsay est admirable allure,
élégance, tenue, tout y est, et aussi long-
temps que le personnage est muet, il est
irréprochable; mais dès qu'il débite les
banalités de M. Clyde Fitch, l'illusion
s'en va, et c'est fort regrettable.
La pièce est superbement montée; les
décors sont beaux, et les costumes de
1840 à 1850 d'une fidélité intéressante et
vieillotte, car les costumes d'il y a cin-
quante ans paraissent toujours plus
étranges que ceux des époques anté-
rieures.
L'interprétation est très bonne. Il faut
citer surtout Mmes Tree (lady Sum-
mérshire) et Hanburg (lady Blessing-
ton), et MM. H. Warner (lord Ardale)
et Maurice (lord Ascot); ce dernier tout,
spécialement remarquable dans un rôle
de grand seigneur brutal, ivrogne et
sportsraan d'un type heureusement dis-
paru.
Paul Villara.
NOUVELLES
1
ETATS-UNIS
ti'élcctroeiitlom de Czolgosz
Kiîbutn, 29 octobre. Je tiens d'un des
rares témoins oculaires do l'exécution des
détails très circonstanciés sur les derniers
moments de l'assassin de M. Mac Kinley.
Averti que son dernier jour était arrivé,
Czolgosz a eu dans la soirée d'hier une exci-
tation violente; puis, il s'est ressaisi. Il en a
,été ainsi jusqu'au moment fatal, L'anarchiste
a passé par des alternatives de nervosité ai-
guë et de sang-froid.
Il a refusé les secours de la religion mais
on a compris qu'il se raidissait contre un se-
cret désir de consolation. Il a été préoccupé
jusqu'au bout de mourir en fervent anar-
chiste et de mériter une place dans le pan-
théon des résricidés.
Sa nuit a semblé calme. Ce qui est cer-
tain, c'est qu'il dormait à cinq heures moins
le quart, lorsqu'on est venu lire dans sa cel-
lule son arrêt de mort. Il est resté impassible
pendant cette leoture, mais sans oser lever
les yeux.
A six heures, les gardiens lui ont remis les
vêtements spéciaux, préparés pour faciliter
le supplice chemise très évasée au cou, bro-
dequins spéciaux, etc.
Czolgosz s'est habillé lui-même et il a de-
mandé à manger. On lui a servi un déjeuner
confortable. Puis il a annoncé au gardien-
chef qu'il avait l'intention de prononcer quel-
ques paroles devant l'assistance. Le gardien
lui a dit que c'était impossible. Le condamné
a paru se résigner. >
Aseptheures, Czolgosz a été introduit dans
la salle.
Les vingt-six témoins étaient assis sur des
chaises. On leur avait ordonné de rester im-
mobiles et absolument silencieux, quoi qu'il
pût arriver. Les abords du sinistre local
étaient garnis d'agents nombreux, prêts à
intervenir en cas de désordre. En présence
de ces témoins, le médecin de là prison et un
docteur avaient, avec le concours de l'électri-
cien, arrangé le fauteuil funèbre et les acces-
soires nécessaires à la réussite de l'opération.
Une minute avant l'entrée de Czolgosz, l'élec-
tricien s'était retiré dans le cabinet des com-
mutateurs.
Quand Czolgosz parut, le silence s'établit.
L'assassin était soutenu pas les aides, soit
qu'il eût besoin de ce secours, soit qu'on vou-
lût prévenir toute résistance.(Malgré ces pré-
cautions, Czolgosz a trébuché au seuil de la
porte; il a trébuché encore une fois en ap-
prochant du fauteuil. Son pied avait heurté
l'épais tapis de caoutchouc isolateur qui
porte le fauteuil. j
On l'a obligé à s'asseoir mais, quand on a
voulu rejeter sa tète en arrière contre le dos-
sier, tout son corps a frissonné, et il a résisté.
Alors, il a essaye de parler, et voici ses pa-
roles, d'abord prononcées d'une voix trem-
blante, et qui s est graduellement raffermie }
J'ai tué le Président, parce qu'il était
l'ennemi du peuple des travailleurs. Je n'en
ai pas regret.
A ce moment, les gardiens ont appliqué sa
tête- sur le dossier, puis lui ont passé des
courroies au front et sous le menton. Ces
courroies cachaient sa figure presque entière-
ment et sans doute aussi les yeux.
Ici, lo condamné, qui ne devait plus revoir
le jour, eut un mot touchant
Je suis fâché de n'avoir pu voir mon
père.
Il allait continuer, lorsque les agents se
sont précipitamment reculés. Le chef a levé
la main.
Aussitôt le corps est terriblement secoué,
et comme gonflé. Les courroies craquent; les
mains se crispent.
Les préparatifs avaient duré douzé minu-
tes, montre en main.
Le courant était de 6,700 volts. On l'a main-'
tenu à cette intensité pendant quarante-cinq
secondes, et le corps restait gonflé et tendu.
Quand le courant fut interrompu, le corps
s'affaissa, sans donner aucun signe de vie.
Un des docteurs s'est approché et a cons-
taté, dit-il, (jue le coeur avait cessé de battre.
Cependant, il ordonna une seconde décharge.
Le spectacle fut affreux, Le cadavre reçut
une nouvelle. secousse et parut revivre, se
débattre, vouloir briser ses liens.
Après avoir de nouveau constaté la mort, à
l'aide du stéthosèope, les médecins se reti-
rèrent, et le gardien-chef a prononce ces pa-
roles
Messieurs les témoins, le prisonnier est
mort. ̃-̃
';30n~€e leva, et-jjlusieurs^parnn Jles tassîs-
tants étaient en proie à un trouble pro-
fond.
Le frère et la beau-frère du condamné
avaient demandé à assister au supplice. On
le leur avait refusé. On leur avait aussi re-
fusé la restitution du cadavre.
A sept heures vingt, les courroies qui en-
veloppaient Czolgosz furent enlevées et le
corps fut disposé sur la table d'autopsïe.
C'est le docteur Spitzlya, de New-York, qui' a
opéré pendant trois heures, examinant tous
les organes qui furent trouvés parfaitement
sains.
L'enterrement a eu lieu dans le cimetière
de la prison, gardé par un détachement de
troupes.
On a jeté dans le cercueil une assez grande
quantité d'acide, afin qu'il ne reste aucune
trace de l'assassin, et que les chairs soient
promptemont dévorées.
Le bruit court que lo gardien-chef avait
reçu la veille nombre de lettres le menaçant
de mort prochaine, si Czolgosz était exécuté.
JjeNeio York Herald reçoit d'Auburn une
dépêche qui confirme les détails ci-dessus.
Le docteur qui a assisté à l'exécution et cons-
taté la mort est le docteur Mac Donald.
Czojjjosz aurait manifesté l'intention de par-
ler à la foule qui entourait le pénitencier.
Sur le refus du gardien, il demeura taci-
turne jusqu'au moment où il fst attaché sur
le fauteuil.
TURQUIE
LE TRAITÉ DE BERLIN
ConstantinaplOj 28 octobre. Le plénipo-
tentiaire turc à la Commission du Danube
informa dernièrement Towfick-pacha, mi-
nistre des affaires étrangères, qu'une esca-
drille russe avait remonté le Danube depuis
les bouches du Kilia jusqu'à proximité de
Galatz, à Ziglina. Tewfick-pacha, estimant
que ce fait constituait une infraction au
traité de Berlin, qui décide que la navigation
du Danube est interdite aux vaisseaux dé
guerre de toutes les nations, demanda une
consultation au Foreign Office sur cette ques-
tion..
La réponse de lord Landsdowne a été caté-
gorique. La Russie aurait commis une in-
fraction au traité de 1878, mais comme la
Roumanie, principale intéressée, n'a pas
jugé utile de réclamer, le Foreign Office es-
time qu'il est inutile de soulever la question.
En d'autres temps, un pareil fait eût sans
doute produit' plus d'émotion en Angleterre.
Mais, à présent, le gouvernement britannique
a d'autres soucis 1 yr
LA GUERRE
AU TRANSVAAL
Une chaude alerte
Le,War Office a publié hier la dépêche
hebdomadaire de lord Kitchener, où le
généralissime anglais fait un exposé de
la situation. Un fait domine tout son
récit on a cru, une fois encore, tenir
Louis Botha! Une fois encore, le général
boer a réussi à s'échapper. Mais l'alerte
a été chaude, car les colonnes Reming-
ton et Rawlisson sont parvenues jusqu'à
quelques centaines de mètres du général
boerV
Mais l'esprit de décision et l'extraor-
dinaire mobilité de Botha le sauvèrent
encore une fois, et lorsque les Anglais
arrivèrent à son camp, près d'Ermelo, il
avait disparu et ses ennemis, durent se
contenter de s'emparer de son chapeau,
de son revolver et de quelques papiers.
qu'il avait abandonnés, dans sa précipi-
tation.
La compensation est mince et, même
en y ajoutant l'exploit de la maison
brûlée, tout cela n'avance pas beaucoup
les affaires des Anglais.
Au Cap, les troupes du général French
continuent à déployer une grande acti-
vité mais contre des commandos qui
évitent soigneusement tout engagement
avec l'ennemi et semblent bien être hors
de danger.
Victoire ou défaite ?
Une autre dépêche du généralissime
anglais signale un très vif engagement à
l'extrêmeouest du Transvaal, près de la
rivière Marico, entrela colonne Methuen
et les commandos Kemp et Delarey qui
ont repris l'offensive avec énergie et,
sortant d'une brousse épaisse, se sont
élancés contre les troupes anglaises dans
un élan d'une violence extraordinaire.
Est-ce une victoire, est-ce une défaite
anglaise? La dépêche ne le dit pas très
clairement. En effet, lord. Kitchener an-
nonce bien que les Boers furent re-
poussés. mais il ajoute qu'ils se sont
emparés de huit chariots.
En tout cas, la bataille coûte cher aux
Anglais qui se sont, paraît-il, battus
avec une grande bravoure et ont laissé
sur le terrain 28 morts et 55 blessés.
Et les listes funèbres s'allongent
toujours. Elles mentionnent pour cette
semaine, dans les rangs boers, 74 morts
et 16 blessés; et dans le camp anglais
98 morts et 77 blessés.
Emmanuel Glaser.
LA CHAMBRE
̃ Mardi 29 octobre 1901.
LA MAfeSNE MARCHANDE
Il serait téméraire d'affirmer que les
personnes, de jour en jour plus nom-
breuses, qui aiment le genre rigolo
trouveront tout à. fait leur compte dans
cette discussion sur la marine mar-
chande. Mais elles devront se rappeler
que les représentants du peuple sont des
hommes graves, par définition. Ainsi
averties, j'espère encore leur faire tou-
cher du doigt l'amusante petite comédie
de concurrence régionale qui se joue
sous le masque de cette loi rébarbative.
Malheureusement, l'habitude que pren-
nent certains orateurs de lire leurs dis-
cours ne m'y aidera pas. Ces lectures
sont généralement pneumatiques, elles
font le vide sur les banquettes parle-
mentaires. M. Claudinon, député de la
Loire, a pu s'en apercevoir aujourd'hui.
M. Ciâudinon, député de la Loire, est
certainement un des hommes les plus
compétents de la Chambre pour étudier
et mesurer les répercussions qu'une loi
sur la marine marchande peut avoir sur
notre industrie métallurgique. Mais il
lit, et, pour, comble de disgrâce, il lit
dans son gilet. Qu'arrive-t-il ? C'est que
plus l'orateur parle bas, plus les cau-
seurs parlent haut. M. Claudinon doit
avoir donné à ses collègues quelques
bons conseils qui leur seront transmis
demain par le Journal officiel «
C'est le ministre du commerce, M. Mil-
lerand, qui a pris la parole après lui, et
alors on a commencé à y-voir clair^Le
)- projet de loi est-il bon, est-il mauvais ?
M. Millerand a-t-il raison ou a-t-il tort?
e On admettra bien que je me récuse,
£ C'est affaire entre armateurs et cons-
tructeurs. Mais les adversaires les plus
L. résolus du ministre ont reconnu que,
e dans cet exposé d'une question complexe
i. où sont engagés tant d'intérêts presque
a inconciliables, il s'est surpassé lui-même
s et à porté à leur maximum de puissance
t démonstrative ses facultés de debater.
e Jamais méthode plus sûre, jamais dia-
B lectique plus serrée n'ont abouti à des
conclusions plus nettes. Tout le monde
» n'approuvait pas, mais tout le monde
3 comprenait, ce qui n'est pas un résultat
t négligeable. ̃̃̃̃•̃
t M. Millerand, ministre da commerce.
t Avant d'exposer les conclusions de la Com-
mission parlementaire, que la Commission et
le gouvernement se sont appropriées, laissez-
i moi vous rappeler que la loi en discussion
est intitulée loi sur la marine marchande.
C'est donc de notre flotte commerciale qu'il
s'agit; ce qu'on veut, c'est remédier à l'abais-
sèment effrayant du nombre et de la valeur
de ses unités. Voilà l'intérêt général à sauve-
̃ garder. Certes, il en est d'autres, mais ceux-
ci seront servis en même temps que celui-là.
Si, en effet, vous votez une loi qui ait pour
résultat d'augmenter le nombre de nos uni-
tés, immédiatement toutes les industries con-
nexes, notamment celle dey=* constructions
navales, prospéreront; mais n'oubliez pas
que le problème à résoudre est celui de la
marine marchande. Si vous le perdiez de vue,
la loi manquerait son effet, e> les sacrifices
demandés aux contribuables ne se justifie-
raient plus s'ils n'avaient pour résultat que
de favoriser certaines sociétés particuliè-
res, si intéressantes qu'elles puissent être.
(Très bien'très bien!) !)
Partant de la, le ministre s'est efforcé
d'établir que la loi de 1893 avait été dé-
sastreuse pour l'armateur, placé dans
cette alternative de renoncer à la prime
ou de subir la loi du constructeur fran-
çais. Entre deux maux, il en a choisi un
troisième il a acheté, à l'étranger, de
vieux rossignols au rabais. PeUt-on
s'étonner que notre marine marchande
en ait souffert ?
La loi de 1893 à eu pour effet-de déve-
lopper démesurément la construction
des navires à voiles. M. Millerand ne les
méprise pas, niais il pense que, même
pour une flotte marchande, l'avenir ap-
partient aux vapeurs. C'est cette navigà-
tion qu'il faut favoriser et que tous nos
rivaux favorisent. Elle aurait reçu, chez
nous, un coup mortel, si l'on n'appli-
quait immédiatement sur ses blessures
le baume de la compensation d'arme-
ment, c'est-à-dire si 1 on ne se hâtait de
rendre à tous les armateurs français,
sans distinction, la part de prime à la-
quelle ils ont droit. Ce n'est pas l'ori-
gine de leur bateau qu'il faut regarder,
c'est la couleur de leur drapeau.
M. le ministre du commerce. Un voi-
lier qui a pris en Angleterre du charbon à
destination de l'Amérique et a ramené du
blé en Angleterre, est revenu en France d'où
il était, parti sur lest, pour toucher sa prime,
qui s'est élevée à 80,000 francs sur un capital
de 450,000 francs, c'est un dividende de
22 0/0.
Un autre navire à voiles a encaissé du
Trésor français plus de 75,000 francs pour un
voyage de dix mois ce qui, sur un capital
de moins de 509,000 francs, représente un
dividende de 31 0/0, calculé à l'année. (Bruit
à gauche.)
C'est ce qui permettait à M. Sibille de dire,
par un heureux euphémisme, que lés action-
naires de sociétés de voiliers ne faisaient pas
un mauvais placement. (On rit.)
Mais je demande aux juges impartiaux
quels services ori peut invoquer pour justifier
de pareilles primes.
Je pourrais citer dix autres, exemples. J'ai
sous les yeux un a^atre compte rendu dres-
sant le tableau de six voiliers. Ces six voi-
liers ont supporté pour de bons et de très
mauvais voyages un dividende qui s'est élevé
jusqu'à 83 0/0 et dont la moyenne ressort à
20 fr. 57 0/0.
Et cela, ajoute- t-on, après l'amortissement
complet du capital « en moins de dix ans ».
(Exclamations à gauche;)
Un peu violentes, les exclamations 1
Un socialiste de Saint-Denis, M. Renou,
a crié au ministre
Ce ri'est pas aux mineurs deMont-
ceau qu'il faut envoyer les gendarmes;
c'est à ces voleurs bourgeois 1
M. Millerand aurait pu, il aurait peut-
être dû répondre à M. Renou qu'on n'est
pas un voleur pour profiter des avanta-
ges, même exorbitants, d'une loi votée
par 422 députés républicains. On ne voit
pas bien ces bourgeois abandonnant leur
prime aux pauvres.
Le gouvernement et la Commission
sont tombés d'accord qu'en tout état de
cause, il fallait rétablir la balance en mo-
difiant l'échelle des primes. La défense
nationale y est intéressée, puisque la na-
vigation à vapeur, stimulée et dévelop-
pée, formera le personnel marin dont la
France peut avoir besoin en temps de
guerre.
Quant à la compensation d'armement,
contre laquelle les adversaires du projet
poussent les hauts cris, et qui reste leur
grand cheval de bataille, a-t-on vraiment
le droit de s'en plaindre lorsque la pro-
tection assurée aux constructeurs s'élève
à 225 francs par tonneau, et que le. prix
du tonneau ne dépasse pas 450 francs ?
« Les métallurgistes reprochent aux ar-
mateurs d'acheter leurs navires à l'étran-
ger; mais où donc ces mêmes métallur-
gistes achètent-ils leurs charbons ?»
Ici, vous le voyez, nous tenons le loup
par les oreilles: iJ s'agit, avant tout, d'une
concurrence d'intérêts particuliers que
le ministre invite à s'incliner devant l'in- j
térêt national.
Je doute qu'ils s'inclinent devant cet J
appel pressant et applaudi. Ils assurent
que l'intérêt national est de leur côté <
et que l'éloquence ministérielle, si
concluante qu'elle paraisse, n'&rriyera 3
pas à le déplacer en s'imposant à la j
conscience de la Chambre. J
Qui n'entend qu'une cloche n'entend T
qu'un son, disent-ils, écoutons l'autre ]
cloche; les Chambres sont comme les t
Muses, elles aiment ces sonneries alter- (
nées. La tâche difficile de répondre à (
M. Millerand était échue à M. Brindeau,
député du Havre, et Le Havre ne lui eût
pas permis de s'y dérober. l
Il a plaidé la cause des constructeurs, t
sans toutefois méconnaître qu'il était {
nécessaire de modifier, sur certains >
points essentiels, la loi de 1893, trop i
favorable aux voiliers. En résumé, M. c
Brindeau a repris les principaux argu- <
ments de M. Sibille, et, en descendant y
de la tribune, il a décoché à.M. Millerand
cette éternelle flèche du Par.the qui n'a
de rivale que l'épée de Datnoclès « Si le
projet'passe, cette victoire du ministre
fera plus d'honneur à son talent qu'à sa
prévoyance! » l
11 passera, légèrement édulcoré. Déjà
la Commission prépare son miel.
tPas-Perdusv1
COULISSES PARLEMENTAIRES
L'emprunt devant lé Parlement.
Les retraites ouvrières
La Commission du budget a entendu le mi-
nistre des finances M. Caillaux est venu
défendre son projet d'emprunt, sur lequel on
trouvera par ailleurs les renseignements
utiles.
AS. Caillaux a insisté auprès dela Commis-
sion pour qu'intervienne à bref délai une so-
lution.
La Commission examinera le projet au-
jourd'hui même elle a par avance chargé
M. Hubbard du rapport.
Aussitôt que l'avis aura été émis par la
Commission du budget sur l'emprunt de
235 mil (ions j}o rente 3 0/0, M. Caillaux, fer»
tous ses efforts pour obtenir sans retard le
vote do la Chambre et du Sénat. Il est per-
mis de croire que le Parlement aura statué
avant la fin de la première semaine de no-
vembre l'émission pourrait donc avoir lieu
avant '& 20 du mois prochain.
M. Basly a développé hier matin, devant la
Commission d'assurance et de prévoyance
sociales, sa proposition sur lés Caisses de re-
traites ouvrières des mineurs. D'âpres sort
système,les Caisses seraient alimentées exclu-
sivement au moyen de versements effectués
par les Compagnies l'ouvrier n'aurait aiÂin
versement a faire. x'
Le président de la Commission a fait s'a-
voir a ses collègues qu'il avait reçu de M.
Waldeck-Rousseau communication des pro-
jets du gouvernement concernant les Pré-
voyants de l'avenir.
Ijo ministre de l'intérieur estime qu'il y a
urgence à faire cesser la situation où se
trouve cette association, et il considère que le
moyen d'y mettre un terme serait de la son-
mettre au régime de la loi nouvelle sur les
associations. •••'̃
Comme l'application • de plafio cette
loi aux Prévoyants de l'avenir et aux sociétés
analogues soulève des controverses juridique'
élicates, le président du Conseil propose
qu'elle soit réalisée au moyen du texte sui-
vant
Les Sociétés de prévoyance qui ne se proposent
pas 1 un c(es buts énumérés àl'articlepremierdola
loi de 1898 sur les sociétés de secours mutuel, et
qui promettent simplement à leurs membres une
part du revenu, du capital social, sous résarvs
que chaque part distribuée ne pourra dépasser
une fois et demie lé capital verse, seront placées
sous le régime institué par lés articles 2, 5, 6, 10
et 11 de la loi du !<"̃ juillet 1901.
La Commission statuera ultérieurement.
Paul Hémery.
VIENT DE PARAITRE
Chez Ollendorff
Le Crépuscule, le nouveau roman de
Georges Ohnet. Cette œuvre, d'une mé%
lancolie pénétrante, tout imprégnée d'hu-
manité et de tendresse, prouve l'extrême
souplesse du grand talent de l'auteur du
Maître de forges.
Le Crépuscule est un drame d'âme, pro*
fond, terrible et simple, d'où se dégage la
philosophie de la vie c'est un livre qui
émeut et qui fait penser.
>•– Notre Servioe de Librairie se charge
d'envoyer, en France, cet ouvrage contre rem-
boursemënt.
INFORMATIONS POLITIQUES
Le Conseil dés ministres
Les ministres se sont réunis hier ma-
tin, à l'Elysée, sous la présidence de Ms
Loubet.
Le Conseil a autorisé M. Caillaux, mi-
nistre des finances, à déposer deux pro^
jets de loi ayant pour objet de procurer
au Trésor les ressources, nécessaires
pour récupérer les dépenses de l'expé-
dition de Chine et pour payer les in-
demnités dues au particuliers à raison
des mêmes événements.
Le Conseil a continué l'examen du pro-
jet de loi relatif aux retraites des ou-
vriers mineurs. Il a adopté l'ensemble
des dispositions ayant pour but de créer
un fonds de bonification permettant de
majorer chaque année, jusqu'au complet
fonctionnement de la loi de 1894, les re-
traites proportionnelles liquidéesen vertu
de cette loi.
Le ministre des finances a fait con-
naître qu'il achevait de réunir les ren-
seignementsstatistiquesnécessairespQur
compléter les dispositions arrêtées, et.qui
permettront de déposer le projet défini-
tif à la.séance de mardi prochain.
M. Deçrais, ministre des colonies, a,
soumis à la signature du Président de la
République un décret portant organisa-
tion de la justice indigène au Tonkin.
J.J"J~J"
Revus ûes Journaux
r!!lb.
Le discours de M. Rostand
Le bruit ayant couru, dans quelques
salons parisiens, que M. Edmond Ros-
tand songeait à écrire en vers son dis-
cours de réception à l'Académie, un ré-
dacteur du Temps, M. Joseph Galtier,.
s'est empressé de courir aux nouvelles:
Le jeune académicien a reçu notre •>
confrère au château de Saint-Prix, où,
M. Rostand résidera quelques semaines
encore, en attendant de partir pour
Cambo. Et il n'a point démenti l'infor-
mation.
Vous n'êtes pas le premier à me deinân-
der si j'écrirai mon discours en vers. De &ï-
vers cotés on me conseille de le faire ainsi,
M. Jules Lemaîtrè\entre autres. Mais la vé-
rité m'oblige à vous confesser que jusqu'ici
je n'ai pris aucune résolution. Je ne sais pas. ·
» Mon bagage en prose, en prose publiée, se
réduit à une préface que j'ai donnée à Jules
Huret. Le reste dort dans mes cartons. J'ai
toujours sacrifié à, la poésie, et cependant à
cette heure, je pencherais pour le discours:
en prose. Il se peut' que je change d'avis.
» En ce moment, j'ai fini de lire et d'étudier `
les Oeuvres d'Henri de Bornier. Je n'ai pas
connu l'homme; je me souviens de l'avoir 1
rencontré une ou deux fois. Je vais me pro-
curer des renseignements, des anecdotes
pour la partie biographique. Il nie restera à 7
Voir M. Boissier afin de lui demander si lés
règlements de l'Académie n'interdisent pas îe
discours en vers; puis je partirai pourCatnbo.
C'est là que je prendrai la plume, et si 4 çâ
» me chante », j'accorderai ma lyre.
En somme, vous n'avez pas encore dit
votre dernier mot. Nous entendrons peut-
être du nouveau à l'Académie. ̃ .̃
Qui sait? » •.̃̃•
M. Rostand sourit
11 ne me déplairait pas de «choquer » lea
usages reçus. '̃
Vous n'êtes pas protocolaire?
Oh! non, Dieu merci! 1
-Mais que penserait l'Académie de cette
céleste avec étonnement mais qui con-
naît Confucius en Chine, à part quelques
lettrés? 2
» Et il ajouta, textuellement 3_
« Chinois ne savent rien. Chinois
imbéciles! >
Nos missions rendent-elles des ser-
vices ?
Elles en rendent de considérables,
mais, jusqu'ici, elles n'ont fait des pro-
sélytes que dans le peuple. Les classes
élevées sont absolument inaccessibles à
nos conceptions religieuses, et nos mis-
sionnaires ont. renoncé à tenter de les
convaincre.
» Et puisque je vous parle des mis-
sionnaires catholiques français, laissez-
moi vous rappeler que s'ils se canton-
nent dans l'exercice de la religion, il
n'en est- pas de même des missionnaires
britanniques qui, eux, sont aussi méde-
cins, pharmaciens, etc. Les missionnai-
res américains vont plus loin conjme les
Anglais, ils exercent la médecine, la
pharmacie, etc., mais ils font aussi du
commerce, et c'est grâce à eux qu'un
grand nombre de Chinois se servent de
produits américains. Je sais bien que
ce cumul répugne à nos idées françaises
et que nous n'admettrions pas qu'un
prêtre s'occupât de négoce mais il n'en
est pas moins vrai que précisément,
grâce à 'ce cumul, les Anglais et les
Américains sont en contact plus intime
avec le peuple.
C'est possible, fis-je en me levant,
car on annonçait la visite d'un haut per-
sonnage mais nous autres Français,
«aos sommes pétris de préjugés et nous
aimons mieux exporter nos idées que
nos marchandises. C'est fort regrettable
pour la balance de notre commerce,
mais nous mettons au-dessus de la
gloire de Carthage celle d'Athènes et de
ïlomef » »
tf.-B. Batàsoart*
LA JOURNEE
1ia.
Jiïêfcfêcti 30 octobre
Spoiié Detnié* jour du Concours général
de l'alcool, organisé par le ministère de l'agri-
culture (huit heures du matin, avenue de
Neuilly). Tir aux pigeons prix d'Arme-
nonville du. Cercle du Bois de Boulogne (deux
heures).
Théâtres Au théâtre Antoine, premières
du Sâillon et de la Mariotte (huit heures et
demie). Au Nouveau-Théâtre, première du
Clos (huit heures et demie). A Déjazet,
première (à ce théâtre) de la Torttie (huit
heures et demie). Au Gymnase, répétition
générale de la Bascule (huit heures trois
quarts).
A l'Hôtel de Ville Séance du Conseil muni*
cipal (trois heures).
A l'Hôtel des! Invalides Solennité du dépôt
du drapeau du corps expéditionnaire de Chine
(onze heures du matin).
A qui là dot Dernier jour" d'inscription
pour lés jeunes filles du dixième arrondisse-
ment qui concourent en vue de l'obtention
d'une dot de 500 francs léguée par M. Lediû.
Le Monde et la Ville
RENSEIGNEMENTS MONDAINS
̃*̃* S. A> R. le comte de Turin à quitté hier
soir Paris pour retourner à Turin et de là à
Florence où il reprendra le commandement de
son régiment.
-«-'Lé marquis dé Beauvoir vient dé partir
pour faire un' court séjour en Russie.
Reconnu parmi les personnes qui dînaient
hier soir chez Ritz
M. et Mme A. d'André, lady Colebrooke, prin-
cesse Vladimir Orloff, prince et princesse d'Isen-
burg, prince Alexis Orloft, lady Sarah Wilson-,
comté Albert Mensdorf, M. A. de Hitroff, M. Ma-
vrocordato,,M. Narischkine, prince et princesse
Troubetzkoy, duchesse de Sutherland, prince
Karageorgewitch, M. d& Massa, baron Silvestri,
M.. L. Binder, comte Sierstorpff.
Le Grand Cercle offrait, hier soir, à ses
membres et à quelques invités une charmante
soirée dramatique.
Au programme quelques poésies et Deux
Innocentes, l'exquise saynète de notre colla-
borateur Marcel Prévost, interprétée à ravir
par Mlle, Bertiny, de la Comédie-Française;
Mlle Yvonne Garrick, la délicieuse ingénue de
l'Odéon, et Mlle Vieille, du Conservatoire.
On a fait une véritable ovation aux trois
jolies artistes.
MARIAGES
Mgr" Journé, camérier de la maison pa-
pale, a béni, hier; en la chapelle du palats de
la nonciature apostolique, le mariage du ba-
ron Yvan de Marèay, fils de l'ancien préfet de
la Corse, et de la baronne de Marcay née
Tessier, $v.ec Mlle Yvonne Paulmier, fille du
député du Calvados et de Mme Charles Paul-
mier.
Les témoins étaient le général Mercier,
sénateur; le comte d'ËlVa, député; le marquis
de Là Fayette et le comte de Céris.
Dans l'assistance on a admiré de très élé-
gantes toilettes et surtout de ravissants cha-
peaux confectionnés avec un goût exquis, pour
la cérémonie religieuse ainsi que pour le ma-
riage civil, par la maison Carlier de la rue de
la Paix.
On éélébrerâ aujourd'hui, à la Made-
leinë, lé niâriage de M. Auguste Sire, avec
Mlle Marie-'Hélène Brunet, fille de l'ancien
sous-directeur au ministère do l'intérieur, et
petite-fille du général Brunet, l'un des héros
du siège de âébastopol.
M. Tâbbié Chesnelong, Curé de Saint-
Michel des Batignolles, a béni en l'église
S,aint-AugUstin le mariage du comte Michel
de L'Estoile; lieutenant au 18e chasseurs, avec
Mlle Henriette Chabrol.
Témoins du marié le baron de l'Estoile,
son oncle, et le colonel de Sillègue, comman-
dant le 18e chasseurs; de la mariée MM. Wil-
brpd Chabrol, son oncle, et de Planterose,
lieutenant dé cavalerie, son beau-frère.
Le comte des Roys, fils du marquis et de
la marquise des Roys, est fiancé à Mlle de
Barbentane, fille du marquis et de la marquise
de Barbentane.
M. Charles-Philibert Gomel, licencié en
droit, petit-flls de M. Gomel, le regretté con-
seiller d'Etat sous TEmpire, est fiancé à Mlle
Alice Thirria. fille de l'ancien auditeur au
Conseil d'Etat, ancien membre du Conseil de
préfecture de la Seine, chevalier de la Légion
d'honneur l'auteur si apprécié d'ouvrages
historiques sur Napoléon III, la duchesse de
Berry, etc.
La fiancée est la petite-fille de feu M. Thir-
ria, inspecteur général dés mines, géologue
des plus distingués et rarrière-petitejfille de
M. Thirria dé Yaîséne, avoéat au Parlement
de Paris et magistrat après la Révolution.
Le mariage sera célébré le g décembre, à
Saint-Pierre de Chaillot.
A Saint-Léomer, dans la Vienne, à été
'béni le mariage du comte Cardonne de Genest,
capitaine au 15e chasseurs, avec Mlle Anne-
Marie Cornette de Laminière.
Témoins du marié M. Paul Le Roux, sè-
nateur de la Vendée, et M. Quatre-Solz de
Marolles; de la mariée M. Louis de Lami-
nière, son frère, et M. Louradour-Ponteil, son
oncle.
M. l'abbé Crépaux, curé de Notre-Dame
de Nice, a béni samedi dernier, en l'église de
Gourdon, près de Grasse, le mariage du comte
de Poret, capitaine de frégate en retraite, avpc
la comtesse Marie de Jonquières.
Les témoins étaient, pour le marié MM.
Lancestre et Seytre, notaires; pour la mariée
M. L'uns, juge au Tribunal civil de Grasse et
le docteur Chabert.
ÙEUIL ̃•
Rappelons que la comtesse Marie Bra-
nika née princesse Sapieha fera célébrer ce
matin, à dix heures et demie très. précises, un
service funèbre pour le repos de l'âme de son
frère, le prince Jean Sapieha, décédé en Gali-
cie (Autriche).
̃' La cérémonie aura lieu à Saint-Pierre de
Chaillot, en la chapelle de la Sainte Vierge
(entrée par la porte de Oavenue Marceau).
Les personnes qui n'auraient pas reçu de
lettre sont priées d8 considérer-cet avis comme
une invitation. <
Une messe de Requiem a été célébrée en
la chapelle de la Sainte Vierge de la basilique
Sainte-Clotilde, pour le repos de l'âme du
comte Edmond de Gontaut-Biron, membre du
service d'honneur de Monseigneur le duc d'Or-
léar/j..
Le chef de la Maison royale de France était
représenté par le duc de Luynes.
Un service anniversaire aura lieu demain
en la chapelle du cimetière de Passy, à deux
heures de l'après-midi, pour le repos de l'âme
de Mlle Marie Bashkirtseff, le peintre dont
l'avenir s'annonçait si brillamment.
Mme Bashkirtséff, sa mère inconsolable, y
ssistera avec toute sa famille et ses amis.
Nous apprenons la mort De la com-
tesse de Tourneminc, décédûe à Verduri-sur-
Meuse, chez son gendre le commandant J.-B.
Dumas, du 19e bataillon de chasseurs; De
Mme veuve Monrival, née Tixier, veuve en
premières noces de M. Philippe de Kerhallet,
décédée à Paris, à l'âge de soixante-douze
ans. Ses obsèques seront célébrées demain, à
midi, à la Madeleine; Du capitaine Sabate,
du 1330 régiment d'infanterie, en garnison à
Belley. En traversant la gare de Virieu-le-
Grand, il a été écrasé par un train de mar-
chandises qui se dirigeait vers Genève. Le
malheureux officier était âgé de quarante-cinq
ans. Ses obsèques seront célébrées aujour-
d'hui, à Belley Du comte Paul S\eelienyi,
ancien ministre du commerce, de l'agriculture
et de l'industrie, à Budapest, sous le minis-
tère Tisza, décédé à l'âge de soixante-trois
ans. Marié à une comtesse Andrassy, il était
le père du comte Jules Szechenyi, ministre
hongrois a latere, à Vienne; De M. Caleb
Baldwin, décédé à Newark, à l'âge de cent
deux ans.
MË Ferrai»..
^\>V^^«^ I
A l'Étranger
FIGARO A LONDRES
Londres, le 28 octobre 1Ô01.
L'Angleterre justifie de plus en plus
son nom de « pays des brouillards ».
Nous avons passé samedi la journée tout
entière dans une atmosphère atroce et
dans une obscurité complète. Le soir,
dans les théâtres, on apercevait à peine la
scène et les acteurs 'et, à la sortie, les
spectateurs ont eu la plus grande peine
à rentrer chez eux. Beaucoup de gens
ont été se réfugier dans les hôtels les
plus proches où ils ont passé la nuit et,
dans les clubs, les chambres à coucher
faisaient prime.
Et nous ne sommes pas encore en
novembre Si cela continue, nous au-
rons un hiver bien gai.
La discorde est au camp d'Agramant i
La révocation du général Buller, sous le
fallacieux prétexte qu'il a prononcé un
discours public, contrairement à la dis-
cipline, a profondément irrité l'armée et
le public. Les journaux militaires blâ-
ment en termes énergiques la mesure
prise contre le général Buller par M.
Brodrick et lord Roberts, et le public n'a
pas attendu cette manifestation de l'opi-
nion de l'armée pour faire connaître ses
sentiments, qui sont absolument favo-
rables au général qui a délivré Ladys-
mith, qui a refusé de récrire ces dépê-
ches de Spionskop pour faire plaisir à
lord Lansdowne et à lord Roberts, qui a
toujours ménagé ses soldats et qui s'est
invariablement conduit en brave et loyal
soldat et en galant homme.
Dans les music-halls, partout où le
portrait cinématographique du général
Buller est montré, il est acclamé. Sa-
medi, à Wimbledon, le portrait de lord
Roberts a été accueilli par ces mots « A
la potence, Roberts I Montrez-nous Bul-
1er, le bon vieux Buller » s>
En ce moment, Buller est le héros po-
pulaire, quoi qu'en dise la presse minis-
térielle qui a mené la campagne ano-
nyme et calomnieuse qui a tellement
effrayé M. Brodrick, le ministre de la
guerre, qu'il a fait révoquer le général
Buller par lord Roberts.
Vous verrez quelques séances intéres-
santes au Parlement, dès le début de la
session, car l'incident Buller n'est pas
terminé, tant s'en faut.
Le général Buller n'est pas homme à
entrer en polémique avec la presse, et
s'il a relevé les calomnies récemment di-
rigées contre lui, c'est parce qu'il savait
qui se cachait derrière les journaux -et
d'où partaient les attaques.
Quand le général Buller était en Ir-
lande, commandant du district de Kil-
larnéy, je me trouvai pendant quelque
temps dans le même hôtel que- lui. Le
bruit courait alors que, devant une Com-
mission d'enquête, il avait dit que « la
Ligue agraire avait été le salut des
paysans irlandais ».
Je fis passer ma carte en sollicitant
une entrevue. Le général Buller me
reçut le plus gracieusement du monde et
quand, au cours de notre conversation,
je lui demandai si ce qu'on disait était
vrai, il me répondit, avec un sourire
« Je ne veux ni contredire ni confirmer
ce que disent de moi les journaux. »
Pour qui connaissait le caractère franc
et loyal du général, cette réponse suffi-
sait. Je n'insistai pas.
Et aujourd'hui, me rappelant l'entre-
vue que le général me fit l'honneur de
m'âccordèr à Killarney, je Suis certain
que son discours du 10 octobre n'a été
prononcé que pour atteindre les gens
masqués qui se. cachaient derrière un
journal pour l'attaquer. A un simple
journal, sir Redvers Buller n'aurait pas
repondu.
^Sous le titre-de :ïe Dernier des dandy s
M. Clyde Fitch a écrit une pièce que M.
Tree vient de donner à Her Majesty's
Theatre. Le dernier des dandys, c?est le
comte d'Orsay qui, pendant une quin-
zaine d'années, étonna la société de Lon-
dres par son luxe, son faste et ses élé-
gances. Il lui donna le ton, il fut le roi
de la mode et des salons jusqu'au mo-
ment où la ruine de son amie, lady Bles-
sington, le força à revenir en France où
il mourut pauvre et ignoré.
Le comte d'Orsay n'était pas seulement
un élégant; il était fort spirituel, il ma-
niait également bien le crayon, 16 pin-
ceau, l'ébauchoir et la plume, et l'on a de
lui une statuette de la reine Victoria qui
n'est pas sans mérite et un portrait de,
Wellington qui fit dire au duc de Fer
« Voilà la première fois que je suis peint
en gentleman! »
M..Tree a fait revivre pour nous le
comte d'Orsay, homme de plaisir ainsi
qu'arbitre 'des élégances, mais malheu-
reusement l'auteur n'a pas su mettre
dans la bouche d son personnage le
langage fin, spirituel et élevé qui conve-
nait au comte d'Orsay, gentilhomme et
homme du monde jusqu'au bout des
ongles.
Jamais le comte d'Orsay n'aurait parlé
de ses « amies à ses domestiques comme [
le'lui fait faire M. Clyde Fitch jamais il
n'aurait dit à son valet de chambre
Octavio, avez-vous vos bottes?
Oui, monsieur.
Alors, reconduisez M. Peters.
M. Peters est un usurier qui vient ré-
clamer son dû.
Ce comte d'Orsay-là n'est pas le vrai
et M. Clyde Fitch n'a pas su tirer parti
d'un excellent sujet.
Je l'ai. dit, M. Tree est parfait. Son
comte d'Orsay est admirable allure,
élégance, tenue, tout y est, et aussi long-
temps que le personnage est muet, il est
irréprochable; mais dès qu'il débite les
banalités de M. Clyde Fitch, l'illusion
s'en va, et c'est fort regrettable.
La pièce est superbement montée; les
décors sont beaux, et les costumes de
1840 à 1850 d'une fidélité intéressante et
vieillotte, car les costumes d'il y a cin-
quante ans paraissent toujours plus
étranges que ceux des époques anté-
rieures.
L'interprétation est très bonne. Il faut
citer surtout Mmes Tree (lady Sum-
mérshire) et Hanburg (lady Blessing-
ton), et MM. H. Warner (lord Ardale)
et Maurice (lord Ascot); ce dernier tout,
spécialement remarquable dans un rôle
de grand seigneur brutal, ivrogne et
sportsraan d'un type heureusement dis-
paru.
Paul Villara.
NOUVELLES
1
ETATS-UNIS
ti'élcctroeiitlom de Czolgosz
Kiîbutn, 29 octobre. Je tiens d'un des
rares témoins oculaires do l'exécution des
détails très circonstanciés sur les derniers
moments de l'assassin de M. Mac Kinley.
Averti que son dernier jour était arrivé,
Czolgosz a eu dans la soirée d'hier une exci-
tation violente; puis, il s'est ressaisi. Il en a
,été ainsi jusqu'au moment fatal, L'anarchiste
a passé par des alternatives de nervosité ai-
guë et de sang-froid.
Il a refusé les secours de la religion mais
on a compris qu'il se raidissait contre un se-
cret désir de consolation. Il a été préoccupé
jusqu'au bout de mourir en fervent anar-
chiste et de mériter une place dans le pan-
théon des résricidés.
Sa nuit a semblé calme. Ce qui est cer-
tain, c'est qu'il dormait à cinq heures moins
le quart, lorsqu'on est venu lire dans sa cel-
lule son arrêt de mort. Il est resté impassible
pendant cette leoture, mais sans oser lever
les yeux.
A six heures, les gardiens lui ont remis les
vêtements spéciaux, préparés pour faciliter
le supplice chemise très évasée au cou, bro-
dequins spéciaux, etc.
Czolgosz s'est habillé lui-même et il a de-
mandé à manger. On lui a servi un déjeuner
confortable. Puis il a annoncé au gardien-
chef qu'il avait l'intention de prononcer quel-
ques paroles devant l'assistance. Le gardien
lui a dit que c'était impossible. Le condamné
a paru se résigner. >
Aseptheures, Czolgosz a été introduit dans
la salle.
Les vingt-six témoins étaient assis sur des
chaises. On leur avait ordonné de rester im-
mobiles et absolument silencieux, quoi qu'il
pût arriver. Les abords du sinistre local
étaient garnis d'agents nombreux, prêts à
intervenir en cas de désordre. En présence
de ces témoins, le médecin de là prison et un
docteur avaient, avec le concours de l'électri-
cien, arrangé le fauteuil funèbre et les acces-
soires nécessaires à la réussite de l'opération.
Une minute avant l'entrée de Czolgosz, l'élec-
tricien s'était retiré dans le cabinet des com-
mutateurs.
Quand Czolgosz parut, le silence s'établit.
L'assassin était soutenu pas les aides, soit
qu'il eût besoin de ce secours, soit qu'on vou-
lût prévenir toute résistance.(Malgré ces pré-
cautions, Czolgosz a trébuché au seuil de la
porte; il a trébuché encore une fois en ap-
prochant du fauteuil. Son pied avait heurté
l'épais tapis de caoutchouc isolateur qui
porte le fauteuil. j
On l'a obligé à s'asseoir mais, quand on a
voulu rejeter sa tète en arrière contre le dos-
sier, tout son corps a frissonné, et il a résisté.
Alors, il a essaye de parler, et voici ses pa-
roles, d'abord prononcées d'une voix trem-
blante, et qui s est graduellement raffermie }
J'ai tué le Président, parce qu'il était
l'ennemi du peuple des travailleurs. Je n'en
ai pas regret.
A ce moment, les gardiens ont appliqué sa
tête- sur le dossier, puis lui ont passé des
courroies au front et sous le menton. Ces
courroies cachaient sa figure presque entière-
ment et sans doute aussi les yeux.
Ici, lo condamné, qui ne devait plus revoir
le jour, eut un mot touchant
Je suis fâché de n'avoir pu voir mon
père.
Il allait continuer, lorsque les agents se
sont précipitamment reculés. Le chef a levé
la main.
Aussitôt le corps est terriblement secoué,
et comme gonflé. Les courroies craquent; les
mains se crispent.
Les préparatifs avaient duré douzé minu-
tes, montre en main.
Le courant était de 6,700 volts. On l'a main-'
tenu à cette intensité pendant quarante-cinq
secondes, et le corps restait gonflé et tendu.
Quand le courant fut interrompu, le corps
s'affaissa, sans donner aucun signe de vie.
Un des docteurs s'est approché et a cons-
taté, dit-il, (jue le coeur avait cessé de battre.
Cependant, il ordonna une seconde décharge.
Le spectacle fut affreux, Le cadavre reçut
une nouvelle. secousse et parut revivre, se
débattre, vouloir briser ses liens.
Après avoir de nouveau constaté la mort, à
l'aide du stéthosèope, les médecins se reti-
rèrent, et le gardien-chef a prononce ces pa-
roles
Messieurs les témoins, le prisonnier est
mort. ̃-̃
';30n~€e leva, et-jjlusieurs^parnn Jles tassîs-
tants étaient en proie à un trouble pro-
fond.
Le frère et la beau-frère du condamné
avaient demandé à assister au supplice. On
le leur avait refusé. On leur avait aussi re-
fusé la restitution du cadavre.
A sept heures vingt, les courroies qui en-
veloppaient Czolgosz furent enlevées et le
corps fut disposé sur la table d'autopsïe.
C'est le docteur Spitzlya, de New-York, qui' a
opéré pendant trois heures, examinant tous
les organes qui furent trouvés parfaitement
sains.
L'enterrement a eu lieu dans le cimetière
de la prison, gardé par un détachement de
troupes.
On a jeté dans le cercueil une assez grande
quantité d'acide, afin qu'il ne reste aucune
trace de l'assassin, et que les chairs soient
promptemont dévorées.
Le bruit court que lo gardien-chef avait
reçu la veille nombre de lettres le menaçant
de mort prochaine, si Czolgosz était exécuté.
JjeNeio York Herald reçoit d'Auburn une
dépêche qui confirme les détails ci-dessus.
Le docteur qui a assisté à l'exécution et cons-
taté la mort est le docteur Mac Donald.
Czojjjosz aurait manifesté l'intention de par-
ler à la foule qui entourait le pénitencier.
Sur le refus du gardien, il demeura taci-
turne jusqu'au moment où il fst attaché sur
le fauteuil.
TURQUIE
LE TRAITÉ DE BERLIN
ConstantinaplOj 28 octobre. Le plénipo-
tentiaire turc à la Commission du Danube
informa dernièrement Towfick-pacha, mi-
nistre des affaires étrangères, qu'une esca-
drille russe avait remonté le Danube depuis
les bouches du Kilia jusqu'à proximité de
Galatz, à Ziglina. Tewfick-pacha, estimant
que ce fait constituait une infraction au
traité de Berlin, qui décide que la navigation
du Danube est interdite aux vaisseaux dé
guerre de toutes les nations, demanda une
consultation au Foreign Office sur cette ques-
tion..
La réponse de lord Landsdowne a été caté-
gorique. La Russie aurait commis une in-
fraction au traité de 1878, mais comme la
Roumanie, principale intéressée, n'a pas
jugé utile de réclamer, le Foreign Office es-
time qu'il est inutile de soulever la question.
En d'autres temps, un pareil fait eût sans
doute produit' plus d'émotion en Angleterre.
Mais, à présent, le gouvernement britannique
a d'autres soucis 1 yr
LA GUERRE
AU TRANSVAAL
Une chaude alerte
Le,War Office a publié hier la dépêche
hebdomadaire de lord Kitchener, où le
généralissime anglais fait un exposé de
la situation. Un fait domine tout son
récit on a cru, une fois encore, tenir
Louis Botha! Une fois encore, le général
boer a réussi à s'échapper. Mais l'alerte
a été chaude, car les colonnes Reming-
ton et Rawlisson sont parvenues jusqu'à
quelques centaines de mètres du général
boerV
Mais l'esprit de décision et l'extraor-
dinaire mobilité de Botha le sauvèrent
encore une fois, et lorsque les Anglais
arrivèrent à son camp, près d'Ermelo, il
avait disparu et ses ennemis, durent se
contenter de s'emparer de son chapeau,
de son revolver et de quelques papiers.
qu'il avait abandonnés, dans sa précipi-
tation.
La compensation est mince et, même
en y ajoutant l'exploit de la maison
brûlée, tout cela n'avance pas beaucoup
les affaires des Anglais.
Au Cap, les troupes du général French
continuent à déployer une grande acti-
vité mais contre des commandos qui
évitent soigneusement tout engagement
avec l'ennemi et semblent bien être hors
de danger.
Victoire ou défaite ?
Une autre dépêche du généralissime
anglais signale un très vif engagement à
l'extrêmeouest du Transvaal, près de la
rivière Marico, entrela colonne Methuen
et les commandos Kemp et Delarey qui
ont repris l'offensive avec énergie et,
sortant d'une brousse épaisse, se sont
élancés contre les troupes anglaises dans
un élan d'une violence extraordinaire.
Est-ce une victoire, est-ce une défaite
anglaise? La dépêche ne le dit pas très
clairement. En effet, lord. Kitchener an-
nonce bien que les Boers furent re-
poussés. mais il ajoute qu'ils se sont
emparés de huit chariots.
En tout cas, la bataille coûte cher aux
Anglais qui se sont, paraît-il, battus
avec une grande bravoure et ont laissé
sur le terrain 28 morts et 55 blessés.
Et les listes funèbres s'allongent
toujours. Elles mentionnent pour cette
semaine, dans les rangs boers, 74 morts
et 16 blessés; et dans le camp anglais
98 morts et 77 blessés.
Emmanuel Glaser.
LA CHAMBRE
̃ Mardi 29 octobre 1901.
LA MAfeSNE MARCHANDE
Il serait téméraire d'affirmer que les
personnes, de jour en jour plus nom-
breuses, qui aiment le genre rigolo
trouveront tout à. fait leur compte dans
cette discussion sur la marine mar-
chande. Mais elles devront se rappeler
que les représentants du peuple sont des
hommes graves, par définition. Ainsi
averties, j'espère encore leur faire tou-
cher du doigt l'amusante petite comédie
de concurrence régionale qui se joue
sous le masque de cette loi rébarbative.
Malheureusement, l'habitude que pren-
nent certains orateurs de lire leurs dis-
cours ne m'y aidera pas. Ces lectures
sont généralement pneumatiques, elles
font le vide sur les banquettes parle-
mentaires. M. Claudinon, député de la
Loire, a pu s'en apercevoir aujourd'hui.
M. Ciâudinon, député de la Loire, est
certainement un des hommes les plus
compétents de la Chambre pour étudier
et mesurer les répercussions qu'une loi
sur la marine marchande peut avoir sur
notre industrie métallurgique. Mais il
lit, et, pour, comble de disgrâce, il lit
dans son gilet. Qu'arrive-t-il ? C'est que
plus l'orateur parle bas, plus les cau-
seurs parlent haut. M. Claudinon doit
avoir donné à ses collègues quelques
bons conseils qui leur seront transmis
demain par le Journal officiel «
C'est le ministre du commerce, M. Mil-
lerand, qui a pris la parole après lui, et
alors on a commencé à y-voir clair^Le
)- projet de loi est-il bon, est-il mauvais ?
M. Millerand a-t-il raison ou a-t-il tort?
e On admettra bien que je me récuse,
£ C'est affaire entre armateurs et cons-
tructeurs. Mais les adversaires les plus
L. résolus du ministre ont reconnu que,
e dans cet exposé d'une question complexe
i. où sont engagés tant d'intérêts presque
a inconciliables, il s'est surpassé lui-même
s et à porté à leur maximum de puissance
t démonstrative ses facultés de debater.
e Jamais méthode plus sûre, jamais dia-
B lectique plus serrée n'ont abouti à des
conclusions plus nettes. Tout le monde
» n'approuvait pas, mais tout le monde
3 comprenait, ce qui n'est pas un résultat
t négligeable. ̃̃̃̃•̃
t M. Millerand, ministre da commerce.
t Avant d'exposer les conclusions de la Com-
mission parlementaire, que la Commission et
le gouvernement se sont appropriées, laissez-
i moi vous rappeler que la loi en discussion
est intitulée loi sur la marine marchande.
C'est donc de notre flotte commerciale qu'il
s'agit; ce qu'on veut, c'est remédier à l'abais-
sèment effrayant du nombre et de la valeur
de ses unités. Voilà l'intérêt général à sauve-
̃ garder. Certes, il en est d'autres, mais ceux-
ci seront servis en même temps que celui-là.
Si, en effet, vous votez une loi qui ait pour
résultat d'augmenter le nombre de nos uni-
tés, immédiatement toutes les industries con-
nexes, notamment celle dey=* constructions
navales, prospéreront; mais n'oubliez pas
que le problème à résoudre est celui de la
marine marchande. Si vous le perdiez de vue,
la loi manquerait son effet, e> les sacrifices
demandés aux contribuables ne se justifie-
raient plus s'ils n'avaient pour résultat que
de favoriser certaines sociétés particuliè-
res, si intéressantes qu'elles puissent être.
(Très bien'très bien!) !)
Partant de la, le ministre s'est efforcé
d'établir que la loi de 1893 avait été dé-
sastreuse pour l'armateur, placé dans
cette alternative de renoncer à la prime
ou de subir la loi du constructeur fran-
çais. Entre deux maux, il en a choisi un
troisième il a acheté, à l'étranger, de
vieux rossignols au rabais. PeUt-on
s'étonner que notre marine marchande
en ait souffert ?
La loi de 1893 à eu pour effet-de déve-
lopper démesurément la construction
des navires à voiles. M. Millerand ne les
méprise pas, niais il pense que, même
pour une flotte marchande, l'avenir ap-
partient aux vapeurs. C'est cette navigà-
tion qu'il faut favoriser et que tous nos
rivaux favorisent. Elle aurait reçu, chez
nous, un coup mortel, si l'on n'appli-
quait immédiatement sur ses blessures
le baume de la compensation d'arme-
ment, c'est-à-dire si 1 on ne se hâtait de
rendre à tous les armateurs français,
sans distinction, la part de prime à la-
quelle ils ont droit. Ce n'est pas l'ori-
gine de leur bateau qu'il faut regarder,
c'est la couleur de leur drapeau.
M. le ministre du commerce. Un voi-
lier qui a pris en Angleterre du charbon à
destination de l'Amérique et a ramené du
blé en Angleterre, est revenu en France d'où
il était, parti sur lest, pour toucher sa prime,
qui s'est élevée à 80,000 francs sur un capital
de 450,000 francs, c'est un dividende de
22 0/0.
Un autre navire à voiles a encaissé du
Trésor français plus de 75,000 francs pour un
voyage de dix mois ce qui, sur un capital
de moins de 509,000 francs, représente un
dividende de 31 0/0, calculé à l'année. (Bruit
à gauche.)
C'est ce qui permettait à M. Sibille de dire,
par un heureux euphémisme, que lés action-
naires de sociétés de voiliers ne faisaient pas
un mauvais placement. (On rit.)
Mais je demande aux juges impartiaux
quels services ori peut invoquer pour justifier
de pareilles primes.
Je pourrais citer dix autres, exemples. J'ai
sous les yeux un a^atre compte rendu dres-
sant le tableau de six voiliers. Ces six voi-
liers ont supporté pour de bons et de très
mauvais voyages un dividende qui s'est élevé
jusqu'à 83 0/0 et dont la moyenne ressort à
20 fr. 57 0/0.
Et cela, ajoute- t-on, après l'amortissement
complet du capital « en moins de dix ans ».
(Exclamations à gauche;)
Un peu violentes, les exclamations 1
Un socialiste de Saint-Denis, M. Renou,
a crié au ministre
Ce ri'est pas aux mineurs deMont-
ceau qu'il faut envoyer les gendarmes;
c'est à ces voleurs bourgeois 1
M. Millerand aurait pu, il aurait peut-
être dû répondre à M. Renou qu'on n'est
pas un voleur pour profiter des avanta-
ges, même exorbitants, d'une loi votée
par 422 députés républicains. On ne voit
pas bien ces bourgeois abandonnant leur
prime aux pauvres.
Le gouvernement et la Commission
sont tombés d'accord qu'en tout état de
cause, il fallait rétablir la balance en mo-
difiant l'échelle des primes. La défense
nationale y est intéressée, puisque la na-
vigation à vapeur, stimulée et dévelop-
pée, formera le personnel marin dont la
France peut avoir besoin en temps de
guerre.
Quant à la compensation d'armement,
contre laquelle les adversaires du projet
poussent les hauts cris, et qui reste leur
grand cheval de bataille, a-t-on vraiment
le droit de s'en plaindre lorsque la pro-
tection assurée aux constructeurs s'élève
à 225 francs par tonneau, et que le. prix
du tonneau ne dépasse pas 450 francs ?
« Les métallurgistes reprochent aux ar-
mateurs d'acheter leurs navires à l'étran-
ger; mais où donc ces mêmes métallur-
gistes achètent-ils leurs charbons ?»
Ici, vous le voyez, nous tenons le loup
par les oreilles: iJ s'agit, avant tout, d'une
concurrence d'intérêts particuliers que
le ministre invite à s'incliner devant l'in- j
térêt national.
Je doute qu'ils s'inclinent devant cet J
appel pressant et applaudi. Ils assurent
que l'intérêt national est de leur côté <
et que l'éloquence ministérielle, si
concluante qu'elle paraisse, n'&rriyera 3
pas à le déplacer en s'imposant à la j
conscience de la Chambre. J
Qui n'entend qu'une cloche n'entend T
qu'un son, disent-ils, écoutons l'autre ]
cloche; les Chambres sont comme les t
Muses, elles aiment ces sonneries alter- (
nées. La tâche difficile de répondre à (
M. Millerand était échue à M. Brindeau,
député du Havre, et Le Havre ne lui eût
pas permis de s'y dérober. l
Il a plaidé la cause des constructeurs, t
sans toutefois méconnaître qu'il était {
nécessaire de modifier, sur certains >
points essentiels, la loi de 1893, trop i
favorable aux voiliers. En résumé, M. c
Brindeau a repris les principaux argu- <
ments de M. Sibille, et, en descendant y
de la tribune, il a décoché à.M. Millerand
cette éternelle flèche du Par.the qui n'a
de rivale que l'épée de Datnoclès « Si le
projet'passe, cette victoire du ministre
fera plus d'honneur à son talent qu'à sa
prévoyance! » l
11 passera, légèrement édulcoré. Déjà
la Commission prépare son miel.
tPas-Perdusv1
COULISSES PARLEMENTAIRES
L'emprunt devant lé Parlement.
Les retraites ouvrières
La Commission du budget a entendu le mi-
nistre des finances M. Caillaux est venu
défendre son projet d'emprunt, sur lequel on
trouvera par ailleurs les renseignements
utiles.
AS. Caillaux a insisté auprès dela Commis-
sion pour qu'intervienne à bref délai une so-
lution.
La Commission examinera le projet au-
jourd'hui même elle a par avance chargé
M. Hubbard du rapport.
Aussitôt que l'avis aura été émis par la
Commission du budget sur l'emprunt de
235 mil (ions j}o rente 3 0/0, M. Caillaux, fer»
tous ses efforts pour obtenir sans retard le
vote do la Chambre et du Sénat. Il est per-
mis de croire que le Parlement aura statué
avant la fin de la première semaine de no-
vembre l'émission pourrait donc avoir lieu
avant '& 20 du mois prochain.
M. Basly a développé hier matin, devant la
Commission d'assurance et de prévoyance
sociales, sa proposition sur lés Caisses de re-
traites ouvrières des mineurs. D'âpres sort
système,les Caisses seraient alimentées exclu-
sivement au moyen de versements effectués
par les Compagnies l'ouvrier n'aurait aiÂin
versement a faire. x'
Le président de la Commission a fait s'a-
voir a ses collègues qu'il avait reçu de M.
Waldeck-Rousseau communication des pro-
jets du gouvernement concernant les Pré-
voyants de l'avenir.
Ijo ministre de l'intérieur estime qu'il y a
urgence à faire cesser la situation où se
trouve cette association, et il considère que le
moyen d'y mettre un terme serait de la son-
mettre au régime de la loi nouvelle sur les
associations. •••'̃
Comme l'application • de plafio cette
loi aux Prévoyants de l'avenir et aux sociétés
analogues soulève des controverses juridique'
élicates, le président du Conseil propose
qu'elle soit réalisée au moyen du texte sui-
vant
Les Sociétés de prévoyance qui ne se proposent
pas 1 un c(es buts énumérés àl'articlepremierdola
loi de 1898 sur les sociétés de secours mutuel, et
qui promettent simplement à leurs membres une
part du revenu, du capital social, sous résarvs
que chaque part distribuée ne pourra dépasser
une fois et demie lé capital verse, seront placées
sous le régime institué par lés articles 2, 5, 6, 10
et 11 de la loi du !<"̃ juillet 1901.
La Commission statuera ultérieurement.
Paul Hémery.
VIENT DE PARAITRE
Chez Ollendorff
Le Crépuscule, le nouveau roman de
Georges Ohnet. Cette œuvre, d'une mé%
lancolie pénétrante, tout imprégnée d'hu-
manité et de tendresse, prouve l'extrême
souplesse du grand talent de l'auteur du
Maître de forges.
Le Crépuscule est un drame d'âme, pro*
fond, terrible et simple, d'où se dégage la
philosophie de la vie c'est un livre qui
émeut et qui fait penser.
>•– Notre Servioe de Librairie se charge
d'envoyer, en France, cet ouvrage contre rem-
boursemënt.
INFORMATIONS POLITIQUES
Le Conseil dés ministres
Les ministres se sont réunis hier ma-
tin, à l'Elysée, sous la présidence de Ms
Loubet.
Le Conseil a autorisé M. Caillaux, mi-
nistre des finances, à déposer deux pro^
jets de loi ayant pour objet de procurer
au Trésor les ressources, nécessaires
pour récupérer les dépenses de l'expé-
dition de Chine et pour payer les in-
demnités dues au particuliers à raison
des mêmes événements.
Le Conseil a continué l'examen du pro-
jet de loi relatif aux retraites des ou-
vriers mineurs. Il a adopté l'ensemble
des dispositions ayant pour but de créer
un fonds de bonification permettant de
majorer chaque année, jusqu'au complet
fonctionnement de la loi de 1894, les re-
traites proportionnelles liquidéesen vertu
de cette loi.
Le ministre des finances a fait con-
naître qu'il achevait de réunir les ren-
seignementsstatistiquesnécessairespQur
compléter les dispositions arrêtées, et.qui
permettront de déposer le projet défini-
tif à la.séance de mardi prochain.
M. Deçrais, ministre des colonies, a,
soumis à la signature du Président de la
République un décret portant organisa-
tion de la justice indigène au Tonkin.
J.J"J~J"
Revus ûes Journaux
r!!lb.
Le discours de M. Rostand
Le bruit ayant couru, dans quelques
salons parisiens, que M. Edmond Ros-
tand songeait à écrire en vers son dis-
cours de réception à l'Académie, un ré-
dacteur du Temps, M. Joseph Galtier,.
s'est empressé de courir aux nouvelles:
Le jeune académicien a reçu notre •>
confrère au château de Saint-Prix, où,
M. Rostand résidera quelques semaines
encore, en attendant de partir pour
Cambo. Et il n'a point démenti l'infor-
mation.
Vous n'êtes pas le premier à me deinân-
der si j'écrirai mon discours en vers. De &ï-
vers cotés on me conseille de le faire ainsi,
M. Jules Lemaîtrè\entre autres. Mais la vé-
rité m'oblige à vous confesser que jusqu'ici
je n'ai pris aucune résolution. Je ne sais pas. ·
» Mon bagage en prose, en prose publiée, se
réduit à une préface que j'ai donnée à Jules
Huret. Le reste dort dans mes cartons. J'ai
toujours sacrifié à, la poésie, et cependant à
cette heure, je pencherais pour le discours:
en prose. Il se peut' que je change d'avis.
» En ce moment, j'ai fini de lire et d'étudier `
les Oeuvres d'Henri de Bornier. Je n'ai pas
connu l'homme; je me souviens de l'avoir 1
rencontré une ou deux fois. Je vais me pro-
curer des renseignements, des anecdotes
pour la partie biographique. Il nie restera à 7
Voir M. Boissier afin de lui demander si lés
règlements de l'Académie n'interdisent pas îe
discours en vers; puis je partirai pourCatnbo.
C'est là que je prendrai la plume, et si 4 çâ
» me chante », j'accorderai ma lyre.
En somme, vous n'avez pas encore dit
votre dernier mot. Nous entendrons peut-
être du nouveau à l'Académie. ̃ .̃
Qui sait? » •.̃̃•
M. Rostand sourit
11 ne me déplairait pas de «choquer » lea
usages reçus. '̃
Vous n'êtes pas protocolaire?
Oh! non, Dieu merci! 1
-Mais que penserait l'Académie de cette
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