Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1901-10-31
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 octobre 1901 31 octobre 1901
Description : 1901/10/31 (Numéro 304). 1901/10/31 (Numéro 304).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
335 m&AMQ JEPDI 3T OCTOBRE TSSÏ
situation, les détails si subtils du projet
de loi? Rien. Qu'on dise donc simple-
ment les choses telles qu'elles sont le
Trésor a besoin de 265 millions dépen-
sés pour l'honneur de' la France il les
emprunte tes Français les prêteront. Un
point; c'est tout. Voilà qui est certain,
et sérieux.
Le reste n'est que jeu d'esprit, de beau-
coup d'esprit, mais rien de plus. Le rem-
boursement de nos 265 millions par la
Chine n'offre d'autre garantie que « la
matière dont sont faits nos rêves », eût
dit Prospero. 14~ k'r8teur,
Le PrôteuTt
Ivaiion d'AUmayer
Un nouveau Rocambole
Allmayer, ce héros légendaire de l'es-
croquerie et du vol, qui semble sorti de
l'imagination fantaisiste d'un Gaboriau
ou d'un Ponson du Terrai!; Allmayer
vient de s'échapper de la Guyane, où il
était gardé depuis douze ans. Il a réussi
à gagner la France. Le fait nous est
signalé, en ces termes, par notre cor-
respondant du Havre, M. André Hof-
gaard
Le fameux Allmayer vient de passer par
notre ville. On suppose qu'il est arrivé en
Europe par la voie anglaise. de 1
Ce matin, un inspecteur de la Sûreté de
Paris, envoyé au Havre exprès pour l'y at-
tendre, a «m Je reconnaître dans un voya-
• geur qui débarquait du bateau de Southamp-
toin. II l'a filé et, après l'avoir vu entrer a
l'hôtel Frascati, il est allé chercher deux
agents de la Sûreté pour s'assurer de sa per-
sonne en cas d'identification. Mais, à son re-
tour, l'homme, mis en éveil sans doute, avait
déjà repris le chemin de la gare.
Les autorités judiciaires gardent le silence
,1e plus absolu sur cette affaire.
Au service pénitentiaire, nous avons
eu la confirmation de cette nouvelle.
On a lancé dans toutes les directions le
signalement du fugitif. Le voici:
« Allrnaver (Eugène), quarante et un
ans, .sans profession, né à Paris et y
ayant demeuré, notamment i7, boule-
vard Haussroann taille, 160 centimè-
tres cheveux et sourcils bruns; front
large, yeux gris, nez moyen, bouche
grande, menton couvert, visage allongé,
teint pâle. »
Condamné en i889, par la Cour d'as-
sises de la Seine, à douze ans de travaux
forcés, ce redoutable aventurier avait été
libéré il y a deux ans, après avoir béné-
ficié d'une réduction de peine. Il restait
soumis à la surveillance administrative
et, selon les termes de la loi, il était
contraint d'habiter la colonie pendant le
reste de ses jours. Il vient donc de rom-
pre son ban. C'est la, quatrième fois que e
ce nouveau Rocambole, qui si souvent
défraya la chronique- judiciaire, glisse
entre, les mains de la justice de son pays,
Les évasions. de la Guyane
Dans' quelles circonstances a-t-il réussi
-à quitter le bagne? Nous l'apprendrons
bientôt.. Ce qui est surprenant, c'est
qu'un gaillard .comme lui ne se soit pas
évadé plus tôt, alors que tant d'autres
forçats, moins imaginatifset moins, au-
dacieux, parviennent fréquemment à
recouvrer la^liberté ?
Il y a deux moyens de s'échapper de
la Guyane.
Le premier consiste à entrer en rela-
tion avec le patron d'un sloop de pêche
ou le capitaine d'un bateau à l'ancre
dans les eaux de Cayenne et à obtenir de
•lui qu'il vous dépose sur le territoire
contesté ou bien au Brésil. Cela est rela-
tivement facile à un condamné qui dis-
pose d'une certaine somme d argent.
.Deux ou trois mille francs suffisent. Il
n'est pas impossible à un libéré de se
procurer pareille somme. C'est proba-
blement ainsi qu'aura agi Allmayer.
Lesecond moyen de quitter cette terre
inhospitalière est plus dangereux. C'est
de s'aventurer dans les forêts épaisses
qui Environnent la colonie et de ga-
gner à pied la frontière hollandaise.
Un autre malfaiteur célèbre, dont la
vie fut un roman aussi invraisembla-
ble que celle d'Allmayer, le faux mon-
nayeur Giraud de Gâtebourse, qui se li-
vra pendant plus de quinze ans à la fa-
brication et à l'émission de faux billets
de la Banque de France, conçut un pareil
projet. Il est vrai qu'il lui coûta la vie.
Giraud avait, pour compagnon de case,
une sorte d'hercule, un Corse nommé
Matteï et,, comme ils ne pouvaient fuir
l'un sans l'autre, il en avait fait le colla-
borateur de son évasion. Par une nuit
'bien sombre, Matteï attaqua et bâillonna
le garde-fchiourrne de faction puis, tous
deux'se glissèrent dehors, ..en rampant
comme des reptiles, et gagnèrent les bois.
Bientôt poursuivis par les chiens chas-
seurs de nègres lancés sur leur piste, ils
s'affolèrent et se perdirent. A quelque
temps de là, Matteï fut repris, mourant
de faim et de fatigue. Il raconta la terri-
ble fin dé son compagnon,
Un soir Giraud de Gâtebourse était
monté sur un rocher pour consulter l'ho-
rizon. Pris de vertige, il était tombé dans
Un terrain mouvant où il s'était enlizé en
quelques minutes. Des millions de crabes,
d'énormes fourmis rouges l'avaient dé-
voré vivant, sous les yeux du Corse ter-
rifié qui s'était enfui, à moitié fou d'hor-
reur.
La traversée des forêts de la Guyane
-est, on le voit, hérissée de dangers.
Mais tous ceux qui la tentent ne par-
tagent pas l'affreux sort du faux mon-
nayeur qui, après avoir mené grand
train vers le milieu du second Empire
et reçu chez lui la plupart des notabi-
lités'de l'époque, devait périr si miséra-
blement dans la brousse guyanaise.
Souvent ils réussissent, puis ils s'em-
bauchent comme manœuvré sur quel-
que paquebot en partance pour 1 Eu-
rope, et l'on n'entend plus- parler d'eux.
Allmayer apu s'échapper de la sorte.;
mais tout permet de supposer qu'en
homme de ressources, il aura préféré
choisir le premier moyen pour rentrer
"en France.
L'odyssée d'un coquin
Rappelons brièvement l'odyssée de ce
coquin émérite.
Etant tout jeune encore, il volait son
père. Plus tard, au régiment, il déroba
des bijoux à son capitaine, fut déféré
pour ce délit à un'Conseil de guerre et
condamné à cinq ans de prison. Il tenta
"de s'évader du Cherche-Midi et faillit
réussir.
1 C'est lui qui, en i886, inventa le vol au
téléphone au préjudice de M. Kastor, un
négociant de là rue de là Grange-Bate-
lière qui en fut pour 40,000 francs. Ar-
rêté, à quelques jours de là, il bouscule
les agents qui le conduisent au poste et
s'échappe.
Allmayer mène une existence de grand
seigneur, en s'affublant de noms ron-
flants. Successivement, il s'appelle le
comte de Bonneville, le vicomte de Mes-
tré, là comte de Maupas, le comte de
Motteville, de Maryer, de Meyer, etc. Il
fréquente les courses, les premières, les
restaurants à la mode. Il entre dans l'in-
timité des demi-mondaines en renom,
les comble de cadeaux, mais ne manque
jamais de les leur reprendre quand elles
ont cessé de lui plaire et qu'il rompt avec
elles.
Il fait des dupes nombreuses, se pro-
cure de l'argent par tous les moyens et
le dépense sans compter. Allmayer' doane,
par exemple, aisément un, louis à l'em-
ployé de chemin de fer qui ouvre la por-
tière de son compartiment.
Sa précédente évasion est restée c61è-
bre. Arrêté de nouveau,il est conduit à
Mazas. Un jour, pendant l'instruction de
son affaire, un inspecteur de la Sûreté
entre dans le cabinetdu juge, M. Villers,
pour réclamer l'ordre d'élargissement
d'un prévenu. Le jugen'ayant pas sous la
main l'imprimé réglementaire, libelle une
lettre manuscrite au directeur.de Mazas,
y appose son cachet et signe. Dès lors,
l'aigrefin de haut,vol élabore, son plan
d'évasion. ;'•̃̃̃
Réintégré le soir, dans sa cellule,, il de-
mande du papier et des plumes pour pré-
parer sa défense. Il remplit dé nombreux
feuillets.
Le lendemain on le reconduit chez le
juge. Il étalé ses feuillets sur la table de
M. Villers, parvient à glisser parmi eux
une feuille de papier à Ten-tête du Par-
quet et une enveloppe portant dans un
angle « Ordre de M. le procureur géné-
ral » qu'ilvient de subtiliser, De retour
à la prison, il écrit les lignes suivantes,
en imitant à la perfection l'écriture du
magistrat .̃̃
A monsieur Lanton, directeur de Mazas
Monsieur le Directeur,
Je reçois de M. le procureur de la Répu-
blique l'ordre de mettre en liberté le nommé
Allmayer.
Veuillez, en conséquence, signer ce soir
même la levée d'écrou de ce provenu, que je
régulariserai demain. Le juge d'instrucilo~b,
Le juge d'instruction,
VILLERS.
Puis Allmayer plie soigneusement la
lettre en quatre, la met sous enveloppe
et la place dans sa poche. Mais, telle
quelle, cette pièce n'est pas complète.
Il lui manque, pour être valable, le ca-
chet du juge. Allmayer n'est pas long-
temps embarrassé pour si peu.
Bientôt il est ramené à l'instruction.
Assis devant son bureau, M. Villers l'in-
terroge, ayant en face de lui son greffier.
qui transcrit les réponses du prisonnier.
A côté d'Allmayer se tient le garde de
service.
.Tout en argumentant, Allmayer s'em-
pare machinalement du timbre convoité
et le fait tourner entre ses doigts. A cer-
tain moment, il se met a gesticuler et,
d'un coup de poing, envoie l'encrier du
magistrat sur le pantalon du garde. Ta-
bleau Le garde se lève, furieux. Le
juge et le greffier, dirigent les yeux vers
lui. C'est ce qu'attendait l'astucieux gre-
din auquel une seconde suffit pour si-
gner de l'indispensable timbre la lettre
libératrice.
En sortant de chez M. Villers il est
conduit à la « souricière » pour y atten-
dre la voiture cellulaire. Il tend alors sa
1 ettre à. un brave municipal
A propos, lui dit-il d'un ton dégagé,
j'allais oublier que M. Villers m'avait
chargé de remettre cette lettre à l'un de
vous.
Le pli présente tous les caractères de
l'authenticité. Sans défiance, le munici-
pal va, le porter à son chef qui s'em-
prflBse de le faire parvenir à son adresse.
Quelques heures plus tard, Allmayer
sortait de prison, la tête haute, salué jus-
qu'à terre par ses geôliers. Le soir même
il assistait à la représentation de la Co-
médie-Française..
Il resta un certain temps à Paris, où il
reprit la vie joyeuse, puis il passa en
Belgique, y fut arrêté, plaida contre
ceux qui avaient osé mettre la main sur
lui, gagna son procès grâce, à son au-
dace. On le retrouve à Paris en 1887. Il
met en circulation des traites signées du
nom de M. Alfassa. Enfin, au mois de
septembre 1888, il se faitprendre au Havre
par l'agent Soudais qui l'avait vainement
cherché à Belgrade, à Gênes, à. Biarritz,
à Bordeaux, à Coutras, au Mans et même
au Maroc.
A la Guyane il fomenta, dit-on, puis
dénonça la rébellion des forçats anar-
chistes, au cours de laquelle Simon dit
Biscuit, le complice de Ravachol, trouva
la mort il y a quelques années.
Tel est l'homme. On ne l'a pas encore
repris certes non!
Henri Petitjean.
Contre les bureaux de placement
Une importante réunion de gens de
maison a eu lieu, hier, à la Bourse du
travail. indépendante. Ne pas confondre
avec .'celle de la rue du Ghâteau-d'Eau.
Dès qu'il y a nombreuse aggloméra-
tion d'hommes, l'heure vient toujours
où deux camps se dessinent.
Finalement, l'entente n'est, plus pos-
sible un épais groupe de dissidents se
forme. C'est ce qui est arrive à l'ancienne
Bourse du travail, restée, en majorité,
révolutionnaire et collectiviste.
Des travailleurs, ayant compris .l'ina-
nité des grèves et des voies de fait, ont
résolu de séparer complètement la poli-
tique de leurs revendications profession-
nelles et de ne poursuivre les améliora-
tions rêvées que sur un terrain pacifique
où patrons et ouvriers chercheraient en-
semble le moyen de se mettre d'accord.
En ces cas-là, il faut toujours un
homme d'action capable de mener à bien
l'entreprise,, de la loger, de la mettre
dans ses meubles, d'inspirer confiance.
Cet homme, les travailleurs l'ont désigné
tout de suite c'est M. Paul Lanoir; i
c'est celui-là même qui a formulé en' ces
termes la loi de l'ouvrier non révolution-
naire:
Le Capital-Travail et le Capital-Argent sont
les deux facteurs indispensables n la vie so-
ciale.' L'un compléte l'autre; les deux se font
vivre mutuellement. Le devoir de ces deux
collaborateurs est donc de rechercher ami*-
blement, de bonne foi, et en toutes circons-
tances, le point de rencontré des concessions
réciproques qu'ils se doivent l'un à l'autre.
M. Paul Lanoir a bravement fait part
des intentions de ses camarades à quel-
ques patrons qui ont mis à sa disposi-
fion des sommes assez importantes. Il a
loué trois étages rue des Vertus, 6. Il y a
installé des b.ureaux où, quelques jours
après, 194 syndicats fonctionnaient.
Parmi eux, celui des gens de maison
qui comptait, rue du Château-d'Eau,
i8,000 membres dont déjà 3,500 ont ad-
héré par écrit au syndicat de la rue des
Vertus, lequel espère, dans un délai pro-
chain, en compter 12,000, puisqu'il éva-
lue à ce nombre ceux des gens de maison
qui ne sont pas collectivistes.
̃ Ce sont les représentants des 3,500
syndiqués qui se sont réunis hier.
Tous ont approuvé l'esprit nouveau de
la classe ouvrière, Ils ont protèsté contre
la constitution des Conseils du travail
qui peuvent, si une minorité tyrannique
l'exige, déclarer la grève générale: `
Conquérir par la persuasion, telle est
la loi de la nouvelle union ouvrière.
Et «Ile est assez persuasive pour
qu'une importante maison de nouveau-
tés, ayantun si.-rand nombre d'employés
qu'il lui faut, par mois, remplacer quinze
hommes et dix femmes, se soit engagée
à lie se fournir qu'au syndicat de la rue
des Vertus. Cette nouvelle est frénéti-
quement applaudie.
Il fut un temps où l'on attaquait, on
dévalisait les bureaux de placement.
Les nouveaux syndiqués répudient ces
moyens qu'ils s'engagent à ne jamais
employer. Ils reconnaissent tous les mé-
faits dont ces bureaux, paraît-il, se sont
rendus coupables, mais il .n'y a, selon
eux, qu'un moyen de les combattre:
mettre, par leurs efforts individuels, les
bureaux de placement dans la nécessité
de se fermer.
En attendant que tous les syndiqués
soient placés, des cours professionnels
seront faits dans leurs différentes salles
par les plus experts d'entre eux.
On verra même, chose invraisembla-
ble, M. Lépine, préfet de police, présider
l'un de ces cours.
Les syndiqués ont osé lui offrir la pré-
sidence d'honneur de tous les cours afin
de donner aux patrons un gage de leurs
bonnes intentions.
Qui se serait jamais attendu à voir les
révolutionnaires se civiliser à ce point? P
Charles Chinoholle,
̃– N*wl'
TA ~G'~N~E
tJwU£UN£i£l
Jeudi 31 octobre
Théâtre Au Gymnase, première da la Bas-
cule (huit heures trois quarts).
Les congés de la Toussaint Sortie des lycées
et collèges, à dix heures du matin (rentrée,
dimanche soir reprise des cours, lundi
matin). •
Au Tribunal de fiômmerce A partir d'au-
jourd'hùi, la liste des éloctours consulaires,
en vuè des élections de décembre prochain
au Tribunal de commerce, est à la disposi-
tion do tout requérant, et les réclamations se-
ront reçues au greffe des'justices de paix jus-
qu'au 14 novembre.
Les concours d'aujourd'hui Bourses de
voyage en faveur des élèves des Ecoles indus-
trielles (dans tous les chefs-lieux). Certifi-
cat d'aptitude pédagogique (3, rue Mabillon).
Service de bout de l'an Mlle Mario Bash-
kirtsef (deux heures, chapelle du cimetière
de Passy). ̃
Le départ de la classe. « Le Sillon donne
ce soir, à huit heures et demie, à l'Insti-
tut populaire du cinquième arrondissement (5,
rue Cochin), une grande conférence patrioti-
que à l'occasion du départ de la classe. M.
Marc Sangnier, ancien élève de l'Ecole poly-
technique, y parlera de l'armée et de la dé-
mocratie,
–
Le. Monde et la Ville
CERCLES
Hier, « Prix d'Armenonville », au tir aux
pigeons du Cercle du Bois-de-Boulogne.
Gagnants suivant l'ordre MM. Raymond
Huet, avant abattu, à 25 mètres, 7 pigeons
sur 7; Georges Pellerin, à 23 mètres, 6 sur 7;
comtq du Taillis, à 22 mètres 1/3, 4 sur 5.
Les poules suivantes ont été gagnées par
MM. G. Pellerin, Robert Hennessy, comte du
Taillis et prince Poniatowski.
Le mercredi 6 novembre, « Prix de' Saint-
Hubert ». Un pigeon, handicap.
MARIAGES
M. l'abbé Allés a béni hier, à Saint-
Pierre de Chaillot, au milieu d'une brillante
assistance, le mariage de M. Hippolyte Alvès
de Araujo, secrétaire de la légation du Brésil
en France, fils de l'ancien ministre d'Etat du
Brésil, avec Mlle Amelia da Porciuncula, fille 1
de M. et de Mme S. da Porciuncula.
Les témoins étaie'nt pour le marié, le con-
seiller Jésuino Marcondes, ancien ministre
d'Etat du Brésil, son oncle, et le baron de
Rio-Branco, ministre du Brésil fi Berlin pour
la mariée, M. Oscar da Porciuncula, son frère,
et M. Bruno Chaves, ministre du Brésil à
Vienne.
La quête a été faite par Mlles Isabel et
Alice da Porciuncula avec MM. Francisco S.
Lopes et.J.de Murinclly..
Reconnu parmi les assistants
Le ministre du Brésil en France ot Mme de
Piza, M. Gomoz Farreîra, premier secrétaire de
lalégation brésilienne; M. et Mme Correa de
Araujo, baron et baronne de Nioac, vicomte da
Cavalcanti, professeur Dieulafoy, M. J. Leoni,
consul du Brésil comtesse et Mils Montoiro do
Barros, Mme et Mlle de Kniglit, Mme Sanchez,
docteur et Mlle de Gouvea, baron et baronne
Pasquierj baron et baronne de Muriliba, M. et
Mmo Inigïiez, comte et comtesse Albert de
Nioac, baronne d'Itajuba, M. et Mme A. de
Sousa, M. et Mme Nazare Aga. M. et Mme
Albert Cardoso, vicomtesse et Mlle de Sistello,
M., Mmo et Mlles J. de Araujo, Mlles da Ponha,
M. et Mme Monteiro de Barros, M. Pedro Cher-
mont, vicomte et vicomtesse de.Santa-Victoria,
comte et comtesse de Araguaya, Mme et Mlle
Hime, Mme et Mlles Vôira-Moptoiro, Mme et
Mlle Klingelhofer, Mme Pereira da Silva, Mme
et Mlles Carmignani, comte et comtesse de
.Béon, Mroe et Mlle de Guimaraes, M. et Mlle de
Macedo, Mme de :Bensaude, Mme Oulman, Mme
et Mlle de Lima, M. et Mme Delgado de Car- I
valho, baron de Albuquerque, Mme A» Semina-
rio, etc.
Au retour de l'église, réception et lunch
chez M. et Mme S, da Porciuncula, dans leurs
salons de l'avenue Kléber.
Le mercredi 6 novembre on bénira/ à
Saint-Etienne du Mont, le mariage de M. Jules
Viatte, architecte à Fontainebleau, fils du re-
ceveiir des finances en retraite, avec Mlle Ma-
rie-Louise Gallet, fille de M. et de Mme Ed-
mond Gallet.
M. l'abbé Meuley, chapelain de Saint-
Louis des Invalides* bénira en cette église, le
lundi 11 novembre, le mariage de M. Etienne
Peignot, avocat à la-Cour d'aj^çel de Paris, c,
député de la Marne, avec Mlle Marguerite Du-
bois, fille du général, secrétaire général de la
maison militaire du Président de la Républi-
que, et de Mme Emile Dubois.
Les témoins seront, pour la fiancée M.
Abel Combarieu, secrétaire général civil de la
Présidence, et M. Edouard Péltier, son oncle;
pour le fiancé M. Villiers-Herluison, son on-
cle et M. Vallée, sénateur de la Marne.
Mlle Yvonne de Barbentane, fiancée au
comte des Roys, est la fille du comte Roger
de Barbentane et de la comtesse défunte, née
de Ribes.
M. Maurice Colrat de Montrozier, avo-
cat à la Cour d'appel de Paris, secrétaire de
M. Raymond Poincaré et l'un des conférenciers
les plus appréciés de la Ligue des contribua-
bles, est fiancé à Mlle Anne Delaune, fille du
député du Nord et de Mme Marcel Delaune.
A Périgueux, en l'église de la Cité, a été
célébré, avant-hier, le mariage de M. Hérault
'sous-lieutenant au 50e régiment d'infanterie,
avec Mlle Marie Guillier, fille du sénateur de
la Dordogne.et maire de Périgueux.
Témoins du marié le colonel Belle, com-
mandant le 50e régiment d'infanterie, et le ca-
pitaine Poirrier, du même régiment; de la
mariée M. Maurice Guillier, président du Tri-
bunal de Karikal, dans les Indes françaises,
et M. Dubleix, ses oncles.
En l'église cathédrale de Toul a été célé-
bré le mariage de M. Cazenavé de La Roche,
lieutenant au 100e régiment d'infanterie, avec
Mlle Jeanne Plassiart. Les témoins étaient,
pour le marié M. l'abbé de La Roche, son
frère, et M. de Nivales, son cousin; pour la
mariée le capitaine Plassiart, du 30 chas-
seurs, son frère, et le major Giraud, son beau-
frère.
'Le Saint-Père avait envoyé aux époux sa
bénédiction apostolique.
DEUIL
Beaucoup de monde, hier, en la chapelle
de la Sainte Vierge de l'église Saint-Pierre de
Chaillot, où la comtesse Marie Branicka, ac-
tuellement à Bialowcerkieff (gouvernement de
Kiew, en Russie), faisait dire une messe pour
le repos de l'âme de son frère le prince Jean
Sapieha, dont nous avons annoncé le décès
dans son domaine de Bilka, en Galicie (Au- ,1
triche). b «•'
'Le deuil était conduit par le prince Pierre
Strozzi, gendre de la comtesse Marie Bra-
nicka le comte Starzynski, son cousin; M.
Stanislas Rembielinski et le marquis Gicquel
des Touches. Parmi les assistants
Comte Tornielli, ambassadeur d'Italie; mar-
quise Gicquel des Touches, princesse Lapoukine-
Demidoff, avec ses filles; prince et princesse
Eugène Murat, comte de Damrémont, prince
Joseph Lubomirski, vice-amiral Duporré, prin-
cesse Koudacheff née Demidoff, comte de Villa-
gonzalo, comte Stryenski, duc do Montmorency,
marquis de Casa-Riera, comtesse Jean de Ber-
teux, princesse Aurélia Zurlo, marquis de Len-
tithac. marquis et marquise de Noé, comte et
Mlle d'Ep.inay, M. G. Corragioni d'Orelli, com-
tesse et Mlle d'Epinay, comte F. de Sonis, comte
et comtesse Zbuczowski, prince Alexandre Ga-
̃lHzine, comte Ladislas Standicki, baron et ba-
ronne de Taube, M. A. de Hitroff, Mmes Demouy,
Friee, Idrao do Saint-Luc, Bocquini M. l'abbé
Corragioni d'Orclli, baronne Randomn-Berthier,
comte de Turenne, comte Horace de Choiseul,
comte et comtesse Tarnowski, baron de Mesnard,
M. et Mme Henri Germain, comte Ernest de Ga-
briac, prince d'Essling, M. et Mme A. du Bos,
.comtesse Cornet, comtesse de. R.ouzat, comte E.
.de Choisoul-Gouffler, MM, Maxime Duval.F. Rai-
borti, A. Van den Bossche, Mavocordato, Four.
nier-Sai'lovczo, do Madruszecki,- Louis Dàuvergne;
comte et comtesse do Job née de Landrèville,
̃Mme et Mll'o Bertier, M. et Mme. Komorowicz,
comte do Maugny, comte et comtesse d'Es-
tampes, .etc. :[':̃
L'absoute a été donné par l'abbé Ledein,
curé de la paroisse. i
La princesse Strozzi, qui s'était rendue à
Bilka pour assister aux obsèques de son oncle,
ira rejoindre, 'à Biàlo'w.cerkieff, sa jnè'fe" ét sa
sœur, la comtesse Maria Branicka et là prin-
cesse Georges Radziwill.
Nous apprenons la mort, Du capi-
taine GUbçrt, chevalier de la Légion d'hon-
neur, écrivain militaire des plus distingués,
décédé à Nancy à l'âge de cinquante ans. Ori-
ginaire d'une famille messine, le défunt comp-'
tait parmi ses ancêtres les généraux Durutte
etEspagne, du premier Empire. Capitaine d'ar-
tillerie, sorti de l'Ecole de guerre et attaché à
l'état-major de la 11" division, à Nancy, il fut
frappé de paralysie. Son cerveau étantresté in-
tact, il se voua à l'étude des questions militaires
etillaisse des travaux trèsestimés sur l'organi-
sation de l'armée, la tactique et la stratégie;
De M. Dispan de Floran, ancien président de
la Cour d'appel de Pau, ancien conseiller gé-
néral de la Haute-Garonne, décédé à l'âge de
soixante'treize ans; Du comte de Ville.
neuvc-Esclapon décédé à Valensolle (Bas-
ses-Alpes), à l'âge de soixante-seize ans;
De, Mlle de Brives-Peyrussc sœur de
feu le général de Brives, décédé à Murat
(Cantal), à l'âge de quatre-vingt-cinq ans
De Mlle de Mannberguer, belle-sœur du baron
Alfred de Vatteville, décédée â Strasbourg, à
l'âge de quarante-huit ans. Ses obsèques au-
ront lieu ce matin, à dix heures, au temple
protestant de la rue Chauchat; De M. Rcy,
capitaine de cavalerie en retraite, ancien per-
cepteur, décédé âPéri gueux, àl'âge de soixante-
seize ans De M. Sopliroiyme Beaujour,
notaire honoraire à Caen, ancien président de
la Chambre des notaires, ancien membre et
secrétaire du Consistoire de l'Eglise réformée
de Caen et du Conseil presbytéral de cette
ville, ancien président et membre de l'Acadé-
mie des sciences, arts et belles-lettres de Caen,
ancien conseiller municipal, délégué du Co-
mité de l'Union des femmes de France, décédé
à Caen, à. l'âge de quatre-vingt-huit ans;
De M. Dccordc,, ancien bâtonnier de l'Ordre
des avocats' de Rouen, ancien adjoint au
maire, membre de l'Académie de Rouen, che-
valier de la Légion d'honneur, décédé dans
cette ville Du docteur Sclioenpank, député
socialiste allemand, collaborateur du Vor-
waerts, décédé à Leipzig, à l'âge de quarante-
deux ans; «– Du'vicomte de Contadcs, décédé
à Angers à l'âge de soixante-dix-sept ans.
Ferrari.
A l'Étranger
FIGARO A BERLIN V
SEom ennucte sur la question
iTÂlgace-Eiorralne
Berlin, 28 octobre.
Le beau livre de M. René Bazin et le
serment prêté par l'évêque de Metz à
l'Erapereur allemand ont donné à la
question d'Alsace-Lorraine un regain
d'actualité.
A sa table, Guillaume lia fait asseoir
Mgr Benzler à sa droite, alors que le
prince de Hohenlohe, statthalter d'Al-
sace-Loraine, occupait la place de gau-
che. Pendant tout un dîner d'apparat, il
a comblé le nouveau prélat d'amabilités
et,en le quittant, lui. a murmuré ces mots
significatifs « Je compte sur vous. »
Deux jours avant, l'Empereur avait
envoyé à «ses chera Alsaciens-Lorrains »
une de ces dépêches retentissantes dont
il accompagne les actes les plus simples
de la vie ou de l'administration. Malgré
les protestations unanimes de l'univer-
sité de Strasbourg-, il leur faisait. cadeau,
non sans ostentation, d'un professeur
catholique.et croyait que le choix du doc-
r
teur Spahn lui concilierait tous les cœurs
dans les pays annexés. .1
L'Empereur se trompait et pour. une
fois n'a pas eu la main heureuse. Le doc-
teur Spahn s'est compromis fâcheuse-
ment avec l'hérétique. De Rome aussi
bien que de Strasbourg se sont élevées
des protestations. Les séminaristes ne1
jouiront pas de la science du docteur
Spahn. Elle leur a été interdite. Quant
aux « chers Alsaciens-Lorrains », l'atten-
tion de l'Empereur ne paraît pas les avoir
touchés.
Je suis bien sûr, d'ailleurs, que le nou-
vel évoque de Metz décevra aussi les
espérances de son hôte impérial. Pas
plus que ses prédécesseurs il ne violen-
tera les consciences. Prêtres et laïques
resteront aujourd'hui comme hier, rési-
gnés mais non conquis.
J'ai causé avec Wetterlé, Delsor, Preiss,
les chefs du parti des jeunes députés au
Reichstag, vainqueurs de candidats alle-
mands je connais Preiss, protestant et
libéral d'origine, qui, par patriotisme et
par amour de la France, a fini par s'en-
rôler dans les rangs des cléricaux. J'ai
sous les yeux en ce moment un résumé
de la situation en Alsace-Lorraine, écrit
par l'abbé Wettérlé lui-même, dans le
but de m'éclairer et de préciser mon
point de vue.
Je puis dire par .conséquent avec, fer-
meté, et sans aucune pensée chauvine
« Non l'Alsace-Lorraine n'est pas sou-
mise de cceur. Il n'est pas vrai qu'elle
aime le régime qu'elle subit. Il n'est pas
vrai que ses yeux se soient détournés de
la France. »
Révoltée, elle ne l'a jamais été. Fro-
testataire, elle- ne l'est plus. Elle a ac-
cepté le fait accompli pour essayer
d'élargir l'étreinte qui l'enserre et qui
l'étouffé. Elle réclame à ses maîtres un
peu plus de liberté. Mais son titre de
gloire, c'est d'avoir été Française; son
espoir secret, c'est de le redevenir.
Les Allemands pourront abolir en Lor-
raine notre langue et fausser dans le
cerveau des enfants le souvenir de la
France. Ils n'effaceront pas l'empreinte
que notre génie national sut y mettre.
Si les paysans d'Alsace ont'élu Delsor,
Wetterlé, c'est que ces deux prêtres de
talent leur revenaient retrempés de
France où ils avaient sucé à nouveau le
lait nourricier. Delsor, forcé de pavoiser
un jour de fête allemande, compose avec
l'étendard national et le drapeau bava-
rois un trophée aux couleurs françaises.
Wetterlé se montre sans cesse plus hardi
dans ses polémiques ardentes. Preiss ne
laisse échapper aucune occasion de flé-
trir la politique qui opprime les cœurs.
L'empreinte française, comment l'ef-
facer ? Trois ans de domination ont suffi
pour qu'elle demeure en Westphalie
réelle et vivante 1
Nous, catholiques de Westphalie,
me disait un jour le rédacteur d'un grand
journal rhénan,. nous ne verrions aucun
inconvnnient à être annexés par la
France, si elle, était tolérante.
N'est-ce pas M de Kœller qui avouait
« En Lorraine, nous ne devons pas l'ou-
blier, nous'nous trouvons en face d'une
civilisation supérieure »? ~·2
N'est-ce pas M. Wagner, recteur de
l'université de Berlin, qui prononçait
devant moi cette phrase que je n'ai pas
oubliée La véritable frontière de l'Al-
lemagno ce n'est pas le Rhin, c'est
l'Elbe »? Dans son esprit, à l'ouest de
l'Elbe existait une culture plus avancée*
Je l'attribue pour ma part au rayonne-
ment de la France.
Depuis Wintçrër le doyen des protes-
tataires, jusqu'à Mérpt le nouvel élu de
Metz', et le plus net peut-être de tous, les
députes alsaciens-lorrains sont unis par
une tradition vivante, par une commu-
nauté d'amour que trente ans de con-
quête n'ont pas effacées, n'ont pas affai-
blies.
Nous les abandonnons-moins coura-
geuxen cela que le petit Danemark– mais s
ils ne nous renient pas. Sans avoir l'é-
nergie des Polonais, ils luttent encore.
Nous sommes des ingrats si nous fer-
mons les yeux devant leurs efforts.
Je compte sur vous! a dit l'Empereur à
l'évêque de Metz, Allemand do nais-
sance. Les Alsaciens-Lorrains, du plus
profond de leur cœur, comptent sur la
France. Ils en ont l'empreinte.
Charles Bonnefon.
NOUVELLES
ANÇX.ETERRE
LES ANARCHISTES A Ï-ONDRES
Londres, 30 octobre. ̃– Un grand nombre
do clubs anarchistes de Londres se sont
réunis la nuit dernière à l'occasion de l'exé-
cution de Czolgosz. Des drapeaux noirs et
rouges surmontaient son portrait, mis à la
place d'honneur. Partout le nom du meur-
trier de Mao Einley a été chaleureusement
acclamé aux cris de « Czolgosz le brave! »,
Des danses ont eu lieu,pqur célébrer la no-
blesse de sa mort. Plusieurs groupes ne se
sont séparés qu'à quatre heures du matin,
après le chant de la Carmagnole.
A Scotland Yard, la police sait que la plus
grande activité règne on ce moment parmi
Jes anarchistes de Londres.
ALLEMAGNE
CONTRE LE TOLSTOISME
̃ Leipzig, 30 octobre. Le ministère pu-
blic a fait saisir dans la maison d'édition
Eugène Diederich la brochure du comte Léon
Tolstoï intitulée le Sens de la vie.
ITALIE
TREMBLEMENT DE TERRE
Rome, 30 octobre. Tout le nord de la
Péninsule a ressenti des secousses de trem-
blement de terre. Le phénomène a été signalé,
vers trois heures cinquante de l'après-midi,
à Brescia, "Vérone, Domodossola, Gênes, Sa-
vone, Noviligure, Massamaritima, Bologne,
Ferrare, Reggio d Emilia.
AUTRICHE
LES ÉTUDIANTS NATIONAUX ALLEMANDS
Vienne, 30 octobre. Les manifestations
auxquelles s'étaient déjà livrés hier les étu-
diants nationaux allemands de l'université
d'Inspruck contre le professeur Menèstrina
se sont renouvelées aujourd'hui. L'amphi-
théâtre était comble. La professeur fut ac-
cueilli à son entrée par des cris « A mort 1
Pouah », des sifflets et des trépignements.
Quand le silence se fut rétabli, M- Menèstrina
commença son cours d'italien. Mais les ma-
nifestations reprirent de plus belle jusqu'à ce
que M. Menèstrina eût quitté la salle.
ETATS-UNIS i
• GUERRE DE RACES
-Bâton-Rouge, 30 octobre. A Ballestown,_
une échauffouréo est survenue entre blancs
et nègres..
Un constable, à la tête de la police, faisait
une enquête, pour savoir si un nègre qui te-
nait un restaurant avait sa licence, lorsque
des coups de feu furent tirés sur lui et ses
hommes. En peu d'instants, le combat de-
vint général entre blancs et. nègres et on mit
le feu au restaurant.
Quand l'ordre fut à peu près rétabli, on
trouva sur le terrain les cadaves de cinq pè-
gres, de trois négresses et. d'un enfant. Les
trois négresses avaient été brûlées vives dans
le restaurant.
D'après une autre version, il y a eu trois
blancs et onze nègres tués.
Le New York Herald nous communique la dé.
pèche suivante •
New-York, 30 octobre. M. Henri Four*
nier et plusieurs autres personnes, après
avoir conduit M, William K. Vanderbilt à
MeadowbrookClubHouse, dans une-automo-
bile Mors de soixante chevaux, revenaient,
à New-York lorsque la voiture, en traver.
sant le chemin de fer de Long Island, fut
tamponnée par une machine toute seule qui
manœuvrait.
L'automobile fracassée, tout le inonde fut
projeté à terre. On accourut à leur secours et
les blessés furent transportés dans un hOtel
voisin.
M. Fullerton, le crâne fracturé, est dana
un état grave; M. Fournier a été blessé aux
jambes; M. Everall a une jambe cassée; MM,
Bachelder et Lewis ont des blessures à lai
tête; M. Gerric a de graves contusions..
M. Bachelder, venu souvent à Paris, est à
New-York le correspondant du journal la
Vélo.
bbyub tfes Jouinaux
Corinfhianisme
M. Abel Hermant, dans le dernier fas-
cicule des Modes, nous raconte de quelle
façon un peu sévère ce nouveau sport
mondain fut jugé ces jours-ci par un
vieux philosophe de ses amis
C'est la querelle des amateurs et. des pro-
fessionnels qui renaît sous une nouvelle
forme.
On s'est mesuré en peinture avec les pein-
tres, en musique avec les musiciens, en litté-
rature avec les gens de lettres. On ne s'était
pas encore mesuré avec les domestiques sur
le terrain de leur spécialité. Entre nous, jo
n'estime point qu'on ait plus de chances de
vaincre sur ce terrain-là que sur les autres,
et il est probable que, cette fois encore, les
professionnels l'emporteront sur les ama-
teurs.
Les « corinthiens » ont peut-êtifa une
autre arrière-pensée.
-Ils veulent se préserver du péché d'orgueil
et se ramener soi-même au sens de l'égalité.
Ils veulent, autant par charité que par poli-
tique, démontrer aux serviteurs que les tra.
vau'x serviles ne sont point si humiliants,
puisque les maîtres font la partie de s'y li-
vrer. Cette sensiblerie ne me touche guère, et
je ne crois pas qu'elle touche davantage les
déshérités qui en sont l'objet. On prétend les
amadouer on ne fait que leur prouver qu'on
les craint. •
Et la conclusion du « vieux philoso-
phe » de M. Hermant est que le mieux
serait de s'en tenir à l'antique méthode:
à chacun son métier, et de renoncer.! à
un exercice où, sous couleur de sport, se
révèle un instinct dont nous n'avons
pas sujet d'être fiers l'instinct de servir.
L'instinct de servir est l'un des plus ré-
pandus parmi les hommes, notamment parmi
ceux que leur naissance destine à comman-
der. C'est un goût, ou plutôt une perversion
du -goût, bien étrange, mais on ne peut nier
qu'elle soit fort commune. Nous en trouvons
le plus d'exemples dans les passions de l'a-
mour.
Je n'ai point à vous apprendre que les fem-
mes veulent être battues, et il paraît que
beaucoup d'hommes implorent de celles qu ils
aiment les moins honorables traitements.
Mais cette manie n'est point particulière à
l'amour.
Vous me rappeliez tout à l'heure que les
enfants jouent au domestique. Cela est vrai.
Ils jouent au domestique aussi bien qu'au
brigand d'où je conclus que, des le plus
jeune uge, l'instinct de la servilité est aussi
vif chez l'être humain que l'instinct de l'illé-
galité. Il faut croire que la servilité est plus
durable, puisque des adultes, à qui l'idée
11e viendrait plus de jouer au brigand, jouent
au domestique,
j
Postes anglaises
D'après la Revue scientifique, voici la
nomenclature des divers articles, expé-
diés par les postes anglaises dans le
Royaume-Uni et à l'étranger durant le
dernier exercice
Lettres, 2,323,500,000. Cartes postales,
419,000,000. Livres, circulaires, etc.,
732,400,000. Journaux. 167,800,000. Pa-
quets, colis postaux, 81,017,000.
Par suite de la réduction d'affranchis-
sement sur les lettres accordée depuis
deux ans, le nombre des lettres envoyées
a augmenté de vingt-trois pour cent 1
Quelques particularités curieuses
II a été expédié 17,729,869 lettres chargées.
Sur 345,690 paquets, les envoyeurs avaient
oublié de mettre l'adressé; ces paquets con-
tenaient 251 livres sterling en or et en billets
de banque et 7,203 livres sterling en billets à.
ordre et chèques.
Plus de 382,000 paquets envoyés dans l'A-
frique du Sud n'ont pu être remis aux desti-
nataires, l'adresse étant indéchiffrable.
La correspondance de l'armée d'Afrique
s'est élevée en bloc à plus de 20 millions de
lettres et paquets,
Les envois d'argent qui n'ont pu, faute
d'adresse, être remis à leurs destinatai-
res représentent donc une somme d'envi-
ron 200,000 francs, immobilisée dans le§
tiroirs de l'administration 1
L'historien de Musolino
Il'existe. Il y a en Italie un homnàe qui
très sérieusement s'est mis à la disposi-
tion du brigand calabrais pour écrire
son histoire,
'Le Temps reçoit de'son correspondant
de Rome quelques renséignements sûr
cet homme de lettres
Cet historiographe s'appelle Nocera. Ren-
contré un jour sur une montagne par Muso-
lino, qui le connaissait, il fut invité bon gré
mal gré à suivre le bandit dans sa caverne
pour y recevoir ses confidences. Musolino lui
dicta sa biographie et lui fit écrire une lettre
à la Tribuna pour protester contre un article
où l'on se plaignait de l'incapacité des agents
lancés à la recherche du bantlit.
M. Nocera raconte que la caverne, si l'on
peut l'appeler ainsi; dans laquelle se tenait
le plus souvent caché Musolino'ayec ses amis,
était pourvue de tout. Elle n'était pas meu-
blée luxueusement, mais il n'y manquait
situation, les détails si subtils du projet
de loi? Rien. Qu'on dise donc simple-
ment les choses telles qu'elles sont le
Trésor a besoin de 265 millions dépen-
sés pour l'honneur de' la France il les
emprunte tes Français les prêteront. Un
point; c'est tout. Voilà qui est certain,
et sérieux.
Le reste n'est que jeu d'esprit, de beau-
coup d'esprit, mais rien de plus. Le rem-
boursement de nos 265 millions par la
Chine n'offre d'autre garantie que « la
matière dont sont faits nos rêves », eût
dit Prospero. 14~ k'r8teur,
Le PrôteuTt
Ivaiion d'AUmayer
Un nouveau Rocambole
Allmayer, ce héros légendaire de l'es-
croquerie et du vol, qui semble sorti de
l'imagination fantaisiste d'un Gaboriau
ou d'un Ponson du Terrai!; Allmayer
vient de s'échapper de la Guyane, où il
était gardé depuis douze ans. Il a réussi
à gagner la France. Le fait nous est
signalé, en ces termes, par notre cor-
respondant du Havre, M. André Hof-
gaard
Le fameux Allmayer vient de passer par
notre ville. On suppose qu'il est arrivé en
Europe par la voie anglaise. de 1
Ce matin, un inspecteur de la Sûreté de
Paris, envoyé au Havre exprès pour l'y at-
tendre, a «m Je reconnaître dans un voya-
• geur qui débarquait du bateau de Southamp-
toin. II l'a filé et, après l'avoir vu entrer a
l'hôtel Frascati, il est allé chercher deux
agents de la Sûreté pour s'assurer de sa per-
sonne en cas d'identification. Mais, à son re-
tour, l'homme, mis en éveil sans doute, avait
déjà repris le chemin de la gare.
Les autorités judiciaires gardent le silence
,1e plus absolu sur cette affaire.
Au service pénitentiaire, nous avons
eu la confirmation de cette nouvelle.
On a lancé dans toutes les directions le
signalement du fugitif. Le voici:
« Allrnaver (Eugène), quarante et un
ans, .sans profession, né à Paris et y
ayant demeuré, notamment i7, boule-
vard Haussroann taille, 160 centimè-
tres cheveux et sourcils bruns; front
large, yeux gris, nez moyen, bouche
grande, menton couvert, visage allongé,
teint pâle. »
Condamné en i889, par la Cour d'as-
sises de la Seine, à douze ans de travaux
forcés, ce redoutable aventurier avait été
libéré il y a deux ans, après avoir béné-
ficié d'une réduction de peine. Il restait
soumis à la surveillance administrative
et, selon les termes de la loi, il était
contraint d'habiter la colonie pendant le
reste de ses jours. Il vient donc de rom-
pre son ban. C'est la, quatrième fois que e
ce nouveau Rocambole, qui si souvent
défraya la chronique- judiciaire, glisse
entre, les mains de la justice de son pays,
Les évasions. de la Guyane
Dans' quelles circonstances a-t-il réussi
-à quitter le bagne? Nous l'apprendrons
bientôt.. Ce qui est surprenant, c'est
qu'un gaillard .comme lui ne se soit pas
évadé plus tôt, alors que tant d'autres
forçats, moins imaginatifset moins, au-
dacieux, parviennent fréquemment à
recouvrer la^liberté ?
Il y a deux moyens de s'échapper de
la Guyane.
Le premier consiste à entrer en rela-
tion avec le patron d'un sloop de pêche
ou le capitaine d'un bateau à l'ancre
dans les eaux de Cayenne et à obtenir de
•lui qu'il vous dépose sur le territoire
contesté ou bien au Brésil. Cela est rela-
tivement facile à un condamné qui dis-
pose d'une certaine somme d argent.
.Deux ou trois mille francs suffisent. Il
n'est pas impossible à un libéré de se
procurer pareille somme. C'est proba-
blement ainsi qu'aura agi Allmayer.
Lesecond moyen de quitter cette terre
inhospitalière est plus dangereux. C'est
de s'aventurer dans les forêts épaisses
qui Environnent la colonie et de ga-
gner à pied la frontière hollandaise.
Un autre malfaiteur célèbre, dont la
vie fut un roman aussi invraisembla-
ble que celle d'Allmayer, le faux mon-
nayeur Giraud de Gâtebourse, qui se li-
vra pendant plus de quinze ans à la fa-
brication et à l'émission de faux billets
de la Banque de France, conçut un pareil
projet. Il est vrai qu'il lui coûta la vie.
Giraud avait, pour compagnon de case,
une sorte d'hercule, un Corse nommé
Matteï et,, comme ils ne pouvaient fuir
l'un sans l'autre, il en avait fait le colla-
borateur de son évasion. Par une nuit
'bien sombre, Matteï attaqua et bâillonna
le garde-fchiourrne de faction puis, tous
deux'se glissèrent dehors, ..en rampant
comme des reptiles, et gagnèrent les bois.
Bientôt poursuivis par les chiens chas-
seurs de nègres lancés sur leur piste, ils
s'affolèrent et se perdirent. A quelque
temps de là, Matteï fut repris, mourant
de faim et de fatigue. Il raconta la terri-
ble fin dé son compagnon,
Un soir Giraud de Gâtebourse était
monté sur un rocher pour consulter l'ho-
rizon. Pris de vertige, il était tombé dans
Un terrain mouvant où il s'était enlizé en
quelques minutes. Des millions de crabes,
d'énormes fourmis rouges l'avaient dé-
voré vivant, sous les yeux du Corse ter-
rifié qui s'était enfui, à moitié fou d'hor-
reur.
La traversée des forêts de la Guyane
-est, on le voit, hérissée de dangers.
Mais tous ceux qui la tentent ne par-
tagent pas l'affreux sort du faux mon-
nayeur qui, après avoir mené grand
train vers le milieu du second Empire
et reçu chez lui la plupart des notabi-
lités'de l'époque, devait périr si miséra-
blement dans la brousse guyanaise.
Souvent ils réussissent, puis ils s'em-
bauchent comme manœuvré sur quel-
que paquebot en partance pour 1 Eu-
rope, et l'on n'entend plus- parler d'eux.
Allmayer apu s'échapper de la sorte.;
mais tout permet de supposer qu'en
homme de ressources, il aura préféré
choisir le premier moyen pour rentrer
"en France.
L'odyssée d'un coquin
Rappelons brièvement l'odyssée de ce
coquin émérite.
Etant tout jeune encore, il volait son
père. Plus tard, au régiment, il déroba
des bijoux à son capitaine, fut déféré
pour ce délit à un'Conseil de guerre et
condamné à cinq ans de prison. Il tenta
"de s'évader du Cherche-Midi et faillit
réussir.
1 C'est lui qui, en i886, inventa le vol au
téléphone au préjudice de M. Kastor, un
négociant de là rue de là Grange-Bate-
lière qui en fut pour 40,000 francs. Ar-
rêté, à quelques jours de là, il bouscule
les agents qui le conduisent au poste et
s'échappe.
Allmayer mène une existence de grand
seigneur, en s'affublant de noms ron-
flants. Successivement, il s'appelle le
comte de Bonneville, le vicomte de Mes-
tré, là comte de Maupas, le comte de
Motteville, de Maryer, de Meyer, etc. Il
fréquente les courses, les premières, les
restaurants à la mode. Il entre dans l'in-
timité des demi-mondaines en renom,
les comble de cadeaux, mais ne manque
jamais de les leur reprendre quand elles
ont cessé de lui plaire et qu'il rompt avec
elles.
Il fait des dupes nombreuses, se pro-
cure de l'argent par tous les moyens et
le dépense sans compter. Allmayer' doane,
par exemple, aisément un, louis à l'em-
ployé de chemin de fer qui ouvre la por-
tière de son compartiment.
Sa précédente évasion est restée c61è-
bre. Arrêté de nouveau,il est conduit à
Mazas. Un jour, pendant l'instruction de
son affaire, un inspecteur de la Sûreté
entre dans le cabinetdu juge, M. Villers,
pour réclamer l'ordre d'élargissement
d'un prévenu. Le jugen'ayant pas sous la
main l'imprimé réglementaire, libelle une
lettre manuscrite au directeur.de Mazas,
y appose son cachet et signe. Dès lors,
l'aigrefin de haut,vol élabore, son plan
d'évasion. ;'•̃̃̃
Réintégré le soir, dans sa cellule,, il de-
mande du papier et des plumes pour pré-
parer sa défense. Il remplit dé nombreux
feuillets.
Le lendemain on le reconduit chez le
juge. Il étalé ses feuillets sur la table de
M. Villers, parvient à glisser parmi eux
une feuille de papier à Ten-tête du Par-
quet et une enveloppe portant dans un
angle « Ordre de M. le procureur géné-
ral » qu'ilvient de subtiliser, De retour
à la prison, il écrit les lignes suivantes,
en imitant à la perfection l'écriture du
magistrat .̃̃
A monsieur Lanton, directeur de Mazas
Monsieur le Directeur,
Je reçois de M. le procureur de la Répu-
blique l'ordre de mettre en liberté le nommé
Allmayer.
Veuillez, en conséquence, signer ce soir
même la levée d'écrou de ce provenu, que je
régulariserai demain. Le juge d'instrucilo~b,
Le juge d'instruction,
VILLERS.
Puis Allmayer plie soigneusement la
lettre en quatre, la met sous enveloppe
et la place dans sa poche. Mais, telle
quelle, cette pièce n'est pas complète.
Il lui manque, pour être valable, le ca-
chet du juge. Allmayer n'est pas long-
temps embarrassé pour si peu.
Bientôt il est ramené à l'instruction.
Assis devant son bureau, M. Villers l'in-
terroge, ayant en face de lui son greffier.
qui transcrit les réponses du prisonnier.
A côté d'Allmayer se tient le garde de
service.
.Tout en argumentant, Allmayer s'em-
pare machinalement du timbre convoité
et le fait tourner entre ses doigts. A cer-
tain moment, il se met a gesticuler et,
d'un coup de poing, envoie l'encrier du
magistrat sur le pantalon du garde. Ta-
bleau Le garde se lève, furieux. Le
juge et le greffier, dirigent les yeux vers
lui. C'est ce qu'attendait l'astucieux gre-
din auquel une seconde suffit pour si-
gner de l'indispensable timbre la lettre
libératrice.
En sortant de chez M. Villers il est
conduit à la « souricière » pour y atten-
dre la voiture cellulaire. Il tend alors sa
1 ettre à. un brave municipal
A propos, lui dit-il d'un ton dégagé,
j'allais oublier que M. Villers m'avait
chargé de remettre cette lettre à l'un de
vous.
Le pli présente tous les caractères de
l'authenticité. Sans défiance, le munici-
pal va, le porter à son chef qui s'em-
prflBse de le faire parvenir à son adresse.
Quelques heures plus tard, Allmayer
sortait de prison, la tête haute, salué jus-
qu'à terre par ses geôliers. Le soir même
il assistait à la représentation de la Co-
médie-Française..
Il resta un certain temps à Paris, où il
reprit la vie joyeuse, puis il passa en
Belgique, y fut arrêté, plaida contre
ceux qui avaient osé mettre la main sur
lui, gagna son procès grâce, à son au-
dace. On le retrouve à Paris en 1887. Il
met en circulation des traites signées du
nom de M. Alfassa. Enfin, au mois de
septembre 1888, il se faitprendre au Havre
par l'agent Soudais qui l'avait vainement
cherché à Belgrade, à Gênes, à. Biarritz,
à Bordeaux, à Coutras, au Mans et même
au Maroc.
A la Guyane il fomenta, dit-on, puis
dénonça la rébellion des forçats anar-
chistes, au cours de laquelle Simon dit
Biscuit, le complice de Ravachol, trouva
la mort il y a quelques années.
Tel est l'homme. On ne l'a pas encore
repris certes non!
Henri Petitjean.
Contre les bureaux de placement
Une importante réunion de gens de
maison a eu lieu, hier, à la Bourse du
travail. indépendante. Ne pas confondre
avec .'celle de la rue du Ghâteau-d'Eau.
Dès qu'il y a nombreuse aggloméra-
tion d'hommes, l'heure vient toujours
où deux camps se dessinent.
Finalement, l'entente n'est, plus pos-
sible un épais groupe de dissidents se
forme. C'est ce qui est arrive à l'ancienne
Bourse du travail, restée, en majorité,
révolutionnaire et collectiviste.
Des travailleurs, ayant compris .l'ina-
nité des grèves et des voies de fait, ont
résolu de séparer complètement la poli-
tique de leurs revendications profession-
nelles et de ne poursuivre les améliora-
tions rêvées que sur un terrain pacifique
où patrons et ouvriers chercheraient en-
semble le moyen de se mettre d'accord.
En ces cas-là, il faut toujours un
homme d'action capable de mener à bien
l'entreprise,, de la loger, de la mettre
dans ses meubles, d'inspirer confiance.
Cet homme, les travailleurs l'ont désigné
tout de suite c'est M. Paul Lanoir; i
c'est celui-là même qui a formulé en' ces
termes la loi de l'ouvrier non révolution-
naire:
Le Capital-Travail et le Capital-Argent sont
les deux facteurs indispensables n la vie so-
ciale.' L'un compléte l'autre; les deux se font
vivre mutuellement. Le devoir de ces deux
collaborateurs est donc de rechercher ami*-
blement, de bonne foi, et en toutes circons-
tances, le point de rencontré des concessions
réciproques qu'ils se doivent l'un à l'autre.
M. Paul Lanoir a bravement fait part
des intentions de ses camarades à quel-
ques patrons qui ont mis à sa disposi-
fion des sommes assez importantes. Il a
loué trois étages rue des Vertus, 6. Il y a
installé des b.ureaux où, quelques jours
après, 194 syndicats fonctionnaient.
Parmi eux, celui des gens de maison
qui comptait, rue du Château-d'Eau,
i8,000 membres dont déjà 3,500 ont ad-
héré par écrit au syndicat de la rue des
Vertus, lequel espère, dans un délai pro-
chain, en compter 12,000, puisqu'il éva-
lue à ce nombre ceux des gens de maison
qui ne sont pas collectivistes.
̃ Ce sont les représentants des 3,500
syndiqués qui se sont réunis hier.
Tous ont approuvé l'esprit nouveau de
la classe ouvrière, Ils ont protèsté contre
la constitution des Conseils du travail
qui peuvent, si une minorité tyrannique
l'exige, déclarer la grève générale: `
Conquérir par la persuasion, telle est
la loi de la nouvelle union ouvrière.
Et «Ile est assez persuasive pour
qu'une importante maison de nouveau-
tés, ayantun si.-rand nombre d'employés
qu'il lui faut, par mois, remplacer quinze
hommes et dix femmes, se soit engagée
à lie se fournir qu'au syndicat de la rue
des Vertus. Cette nouvelle est frénéti-
quement applaudie.
Il fut un temps où l'on attaquait, on
dévalisait les bureaux de placement.
Les nouveaux syndiqués répudient ces
moyens qu'ils s'engagent à ne jamais
employer. Ils reconnaissent tous les mé-
faits dont ces bureaux, paraît-il, se sont
rendus coupables, mais il .n'y a, selon
eux, qu'un moyen de les combattre:
mettre, par leurs efforts individuels, les
bureaux de placement dans la nécessité
de se fermer.
En attendant que tous les syndiqués
soient placés, des cours professionnels
seront faits dans leurs différentes salles
par les plus experts d'entre eux.
On verra même, chose invraisembla-
ble, M. Lépine, préfet de police, présider
l'un de ces cours.
Les syndiqués ont osé lui offrir la pré-
sidence d'honneur de tous les cours afin
de donner aux patrons un gage de leurs
bonnes intentions.
Qui se serait jamais attendu à voir les
révolutionnaires se civiliser à ce point? P
Charles Chinoholle,
̃– N*wl'
TA ~G'~N~E
tJwU£UN£i£l
Jeudi 31 octobre
Théâtre Au Gymnase, première da la Bas-
cule (huit heures trois quarts).
Les congés de la Toussaint Sortie des lycées
et collèges, à dix heures du matin (rentrée,
dimanche soir reprise des cours, lundi
matin). •
Au Tribunal de fiômmerce A partir d'au-
jourd'hùi, la liste des éloctours consulaires,
en vuè des élections de décembre prochain
au Tribunal de commerce, est à la disposi-
tion do tout requérant, et les réclamations se-
ront reçues au greffe des'justices de paix jus-
qu'au 14 novembre.
Les concours d'aujourd'hui Bourses de
voyage en faveur des élèves des Ecoles indus-
trielles (dans tous les chefs-lieux). Certifi-
cat d'aptitude pédagogique (3, rue Mabillon).
Service de bout de l'an Mlle Mario Bash-
kirtsef (deux heures, chapelle du cimetière
de Passy). ̃
Le départ de la classe. « Le Sillon donne
ce soir, à huit heures et demie, à l'Insti-
tut populaire du cinquième arrondissement (5,
rue Cochin), une grande conférence patrioti-
que à l'occasion du départ de la classe. M.
Marc Sangnier, ancien élève de l'Ecole poly-
technique, y parlera de l'armée et de la dé-
mocratie,
–
Le. Monde et la Ville
CERCLES
Hier, « Prix d'Armenonville », au tir aux
pigeons du Cercle du Bois-de-Boulogne.
Gagnants suivant l'ordre MM. Raymond
Huet, avant abattu, à 25 mètres, 7 pigeons
sur 7; Georges Pellerin, à 23 mètres, 6 sur 7;
comtq du Taillis, à 22 mètres 1/3, 4 sur 5.
Les poules suivantes ont été gagnées par
MM. G. Pellerin, Robert Hennessy, comte du
Taillis et prince Poniatowski.
Le mercredi 6 novembre, « Prix de' Saint-
Hubert ». Un pigeon, handicap.
MARIAGES
M. l'abbé Allés a béni hier, à Saint-
Pierre de Chaillot, au milieu d'une brillante
assistance, le mariage de M. Hippolyte Alvès
de Araujo, secrétaire de la légation du Brésil
en France, fils de l'ancien ministre d'Etat du
Brésil, avec Mlle Amelia da Porciuncula, fille 1
de M. et de Mme S. da Porciuncula.
Les témoins étaie'nt pour le marié, le con-
seiller Jésuino Marcondes, ancien ministre
d'Etat du Brésil, son oncle, et le baron de
Rio-Branco, ministre du Brésil fi Berlin pour
la mariée, M. Oscar da Porciuncula, son frère,
et M. Bruno Chaves, ministre du Brésil à
Vienne.
La quête a été faite par Mlles Isabel et
Alice da Porciuncula avec MM. Francisco S.
Lopes et.J.de Murinclly..
Reconnu parmi les assistants
Le ministre du Brésil en France ot Mme de
Piza, M. Gomoz Farreîra, premier secrétaire de
lalégation brésilienne; M. et Mme Correa de
Araujo, baron et baronne de Nioac, vicomte da
Cavalcanti, professeur Dieulafoy, M. J. Leoni,
consul du Brésil comtesse et Mils Montoiro do
Barros, Mme et Mlle de Kniglit, Mme Sanchez,
docteur et Mlle de Gouvea, baron et baronne
Pasquierj baron et baronne de Muriliba, M. et
Mmo Inigïiez, comte et comtesse Albert de
Nioac, baronne d'Itajuba, M. et Mme A. de
Sousa, M. et Mme Nazare Aga. M. et Mme
Albert Cardoso, vicomtesse et Mlle de Sistello,
M., Mmo et Mlles J. de Araujo, Mlles da Ponha,
M. et Mme Monteiro de Barros, M. Pedro Cher-
mont, vicomte et vicomtesse de.Santa-Victoria,
comte et comtesse de Araguaya, Mme et Mlle
Hime, Mme et Mlles Vôira-Moptoiro, Mme et
Mlle Klingelhofer, Mme Pereira da Silva, Mme
et Mlles Carmignani, comte et comtesse de
.Béon, Mroe et Mlle de Guimaraes, M. et Mlle de
Macedo, Mme de :Bensaude, Mme Oulman, Mme
et Mlle de Lima, M. et Mme Delgado de Car- I
valho, baron de Albuquerque, Mme A» Semina-
rio, etc.
Au retour de l'église, réception et lunch
chez M. et Mme S, da Porciuncula, dans leurs
salons de l'avenue Kléber.
Le mercredi 6 novembre on bénira/ à
Saint-Etienne du Mont, le mariage de M. Jules
Viatte, architecte à Fontainebleau, fils du re-
ceveiir des finances en retraite, avec Mlle Ma-
rie-Louise Gallet, fille de M. et de Mme Ed-
mond Gallet.
M. l'abbé Meuley, chapelain de Saint-
Louis des Invalides* bénira en cette église, le
lundi 11 novembre, le mariage de M. Etienne
Peignot, avocat à la-Cour d'aj^çel de Paris, c,
député de la Marne, avec Mlle Marguerite Du-
bois, fille du général, secrétaire général de la
maison militaire du Président de la Républi-
que, et de Mme Emile Dubois.
Les témoins seront, pour la fiancée M.
Abel Combarieu, secrétaire général civil de la
Présidence, et M. Edouard Péltier, son oncle;
pour le fiancé M. Villiers-Herluison, son on-
cle et M. Vallée, sénateur de la Marne.
Mlle Yvonne de Barbentane, fiancée au
comte des Roys, est la fille du comte Roger
de Barbentane et de la comtesse défunte, née
de Ribes.
M. Maurice Colrat de Montrozier, avo-
cat à la Cour d'appel de Paris, secrétaire de
M. Raymond Poincaré et l'un des conférenciers
les plus appréciés de la Ligue des contribua-
bles, est fiancé à Mlle Anne Delaune, fille du
député du Nord et de Mme Marcel Delaune.
A Périgueux, en l'église de la Cité, a été
célébré, avant-hier, le mariage de M. Hérault
'sous-lieutenant au 50e régiment d'infanterie,
avec Mlle Marie Guillier, fille du sénateur de
la Dordogne.et maire de Périgueux.
Témoins du marié le colonel Belle, com-
mandant le 50e régiment d'infanterie, et le ca-
pitaine Poirrier, du même régiment; de la
mariée M. Maurice Guillier, président du Tri-
bunal de Karikal, dans les Indes françaises,
et M. Dubleix, ses oncles.
En l'église cathédrale de Toul a été célé-
bré le mariage de M. Cazenavé de La Roche,
lieutenant au 100e régiment d'infanterie, avec
Mlle Jeanne Plassiart. Les témoins étaient,
pour le marié M. l'abbé de La Roche, son
frère, et M. de Nivales, son cousin; pour la
mariée le capitaine Plassiart, du 30 chas-
seurs, son frère, et le major Giraud, son beau-
frère.
'Le Saint-Père avait envoyé aux époux sa
bénédiction apostolique.
DEUIL
Beaucoup de monde, hier, en la chapelle
de la Sainte Vierge de l'église Saint-Pierre de
Chaillot, où la comtesse Marie Branicka, ac-
tuellement à Bialowcerkieff (gouvernement de
Kiew, en Russie), faisait dire une messe pour
le repos de l'âme de son frère le prince Jean
Sapieha, dont nous avons annoncé le décès
dans son domaine de Bilka, en Galicie (Au- ,1
triche). b «•'
'Le deuil était conduit par le prince Pierre
Strozzi, gendre de la comtesse Marie Bra-
nicka le comte Starzynski, son cousin; M.
Stanislas Rembielinski et le marquis Gicquel
des Touches. Parmi les assistants
Comte Tornielli, ambassadeur d'Italie; mar-
quise Gicquel des Touches, princesse Lapoukine-
Demidoff, avec ses filles; prince et princesse
Eugène Murat, comte de Damrémont, prince
Joseph Lubomirski, vice-amiral Duporré, prin-
cesse Koudacheff née Demidoff, comte de Villa-
gonzalo, comte Stryenski, duc do Montmorency,
marquis de Casa-Riera, comtesse Jean de Ber-
teux, princesse Aurélia Zurlo, marquis de Len-
tithac. marquis et marquise de Noé, comte et
Mlle d'Ep.inay, M. G. Corragioni d'Orelli, com-
tesse et Mlle d'Epinay, comte F. de Sonis, comte
et comtesse Zbuczowski, prince Alexandre Ga-
̃lHzine, comte Ladislas Standicki, baron et ba-
ronne de Taube, M. A. de Hitroff, Mmes Demouy,
Friee, Idrao do Saint-Luc, Bocquini M. l'abbé
Corragioni d'Orclli, baronne Randomn-Berthier,
comte de Turenne, comte Horace de Choiseul,
comte et comtesse Tarnowski, baron de Mesnard,
M. et Mme Henri Germain, comte Ernest de Ga-
briac, prince d'Essling, M. et Mme A. du Bos,
.comtesse Cornet, comtesse de. R.ouzat, comte E.
.de Choisoul-Gouffler, MM, Maxime Duval.F. Rai-
borti, A. Van den Bossche, Mavocordato, Four.
nier-Sai'lovczo, do Madruszecki,- Louis Dàuvergne;
comte et comtesse do Job née de Landrèville,
̃Mme et Mll'o Bertier, M. et Mme. Komorowicz,
comte do Maugny, comte et comtesse d'Es-
tampes, .etc. :[':̃
L'absoute a été donné par l'abbé Ledein,
curé de la paroisse. i
La princesse Strozzi, qui s'était rendue à
Bilka pour assister aux obsèques de son oncle,
ira rejoindre, 'à Biàlo'w.cerkieff, sa jnè'fe" ét sa
sœur, la comtesse Maria Branicka et là prin-
cesse Georges Radziwill.
Nous apprenons la mort, Du capi-
taine GUbçrt, chevalier de la Légion d'hon-
neur, écrivain militaire des plus distingués,
décédé à Nancy à l'âge de cinquante ans. Ori-
ginaire d'une famille messine, le défunt comp-'
tait parmi ses ancêtres les généraux Durutte
etEspagne, du premier Empire. Capitaine d'ar-
tillerie, sorti de l'Ecole de guerre et attaché à
l'état-major de la 11" division, à Nancy, il fut
frappé de paralysie. Son cerveau étantresté in-
tact, il se voua à l'étude des questions militaires
etillaisse des travaux trèsestimés sur l'organi-
sation de l'armée, la tactique et la stratégie;
De M. Dispan de Floran, ancien président de
la Cour d'appel de Pau, ancien conseiller gé-
néral de la Haute-Garonne, décédé à l'âge de
soixante'treize ans; Du comte de Ville.
neuvc-Esclapon décédé à Valensolle (Bas-
ses-Alpes), à l'âge de soixante-seize ans;
De, Mlle de Brives-Peyrussc sœur de
feu le général de Brives, décédé à Murat
(Cantal), à l'âge de quatre-vingt-cinq ans
De Mlle de Mannberguer, belle-sœur du baron
Alfred de Vatteville, décédée â Strasbourg, à
l'âge de quarante-huit ans. Ses obsèques au-
ront lieu ce matin, à dix heures, au temple
protestant de la rue Chauchat; De M. Rcy,
capitaine de cavalerie en retraite, ancien per-
cepteur, décédé âPéri gueux, àl'âge de soixante-
seize ans De M. Sopliroiyme Beaujour,
notaire honoraire à Caen, ancien président de
la Chambre des notaires, ancien membre et
secrétaire du Consistoire de l'Eglise réformée
de Caen et du Conseil presbytéral de cette
ville, ancien président et membre de l'Acadé-
mie des sciences, arts et belles-lettres de Caen,
ancien conseiller municipal, délégué du Co-
mité de l'Union des femmes de France, décédé
à Caen, à. l'âge de quatre-vingt-huit ans;
De M. Dccordc,, ancien bâtonnier de l'Ordre
des avocats' de Rouen, ancien adjoint au
maire, membre de l'Académie de Rouen, che-
valier de la Légion d'honneur, décédé dans
cette ville Du docteur Sclioenpank, député
socialiste allemand, collaborateur du Vor-
waerts, décédé à Leipzig, à l'âge de quarante-
deux ans; «– Du'vicomte de Contadcs, décédé
à Angers à l'âge de soixante-dix-sept ans.
Ferrari.
A l'Étranger
FIGARO A BERLIN V
SEom ennucte sur la question
iTÂlgace-Eiorralne
Berlin, 28 octobre.
Le beau livre de M. René Bazin et le
serment prêté par l'évêque de Metz à
l'Erapereur allemand ont donné à la
question d'Alsace-Lorraine un regain
d'actualité.
A sa table, Guillaume lia fait asseoir
Mgr Benzler à sa droite, alors que le
prince de Hohenlohe, statthalter d'Al-
sace-Loraine, occupait la place de gau-
che. Pendant tout un dîner d'apparat, il
a comblé le nouveau prélat d'amabilités
et,en le quittant, lui. a murmuré ces mots
significatifs « Je compte sur vous. »
Deux jours avant, l'Empereur avait
envoyé à «ses chera Alsaciens-Lorrains »
une de ces dépêches retentissantes dont
il accompagne les actes les plus simples
de la vie ou de l'administration. Malgré
les protestations unanimes de l'univer-
sité de Strasbourg-, il leur faisait. cadeau,
non sans ostentation, d'un professeur
catholique.et croyait que le choix du doc-
r
teur Spahn lui concilierait tous les cœurs
dans les pays annexés. .1
L'Empereur se trompait et pour. une
fois n'a pas eu la main heureuse. Le doc-
teur Spahn s'est compromis fâcheuse-
ment avec l'hérétique. De Rome aussi
bien que de Strasbourg se sont élevées
des protestations. Les séminaristes ne1
jouiront pas de la science du docteur
Spahn. Elle leur a été interdite. Quant
aux « chers Alsaciens-Lorrains », l'atten-
tion de l'Empereur ne paraît pas les avoir
touchés.
Je suis bien sûr, d'ailleurs, que le nou-
vel évoque de Metz décevra aussi les
espérances de son hôte impérial. Pas
plus que ses prédécesseurs il ne violen-
tera les consciences. Prêtres et laïques
resteront aujourd'hui comme hier, rési-
gnés mais non conquis.
J'ai causé avec Wetterlé, Delsor, Preiss,
les chefs du parti des jeunes députés au
Reichstag, vainqueurs de candidats alle-
mands je connais Preiss, protestant et
libéral d'origine, qui, par patriotisme et
par amour de la France, a fini par s'en-
rôler dans les rangs des cléricaux. J'ai
sous les yeux en ce moment un résumé
de la situation en Alsace-Lorraine, écrit
par l'abbé Wettérlé lui-même, dans le
but de m'éclairer et de préciser mon
point de vue.
Je puis dire par .conséquent avec, fer-
meté, et sans aucune pensée chauvine
« Non l'Alsace-Lorraine n'est pas sou-
mise de cceur. Il n'est pas vrai qu'elle
aime le régime qu'elle subit. Il n'est pas
vrai que ses yeux se soient détournés de
la France. »
Révoltée, elle ne l'a jamais été. Fro-
testataire, elle- ne l'est plus. Elle a ac-
cepté le fait accompli pour essayer
d'élargir l'étreinte qui l'enserre et qui
l'étouffé. Elle réclame à ses maîtres un
peu plus de liberté. Mais son titre de
gloire, c'est d'avoir été Française; son
espoir secret, c'est de le redevenir.
Les Allemands pourront abolir en Lor-
raine notre langue et fausser dans le
cerveau des enfants le souvenir de la
France. Ils n'effaceront pas l'empreinte
que notre génie national sut y mettre.
Si les paysans d'Alsace ont'élu Delsor,
Wetterlé, c'est que ces deux prêtres de
talent leur revenaient retrempés de
France où ils avaient sucé à nouveau le
lait nourricier. Delsor, forcé de pavoiser
un jour de fête allemande, compose avec
l'étendard national et le drapeau bava-
rois un trophée aux couleurs françaises.
Wetterlé se montre sans cesse plus hardi
dans ses polémiques ardentes. Preiss ne
laisse échapper aucune occasion de flé-
trir la politique qui opprime les cœurs.
L'empreinte française, comment l'ef-
facer ? Trois ans de domination ont suffi
pour qu'elle demeure en Westphalie
réelle et vivante 1
Nous, catholiques de Westphalie,
me disait un jour le rédacteur d'un grand
journal rhénan,. nous ne verrions aucun
inconvnnient à être annexés par la
France, si elle, était tolérante.
N'est-ce pas M de Kœller qui avouait
« En Lorraine, nous ne devons pas l'ou-
blier, nous'nous trouvons en face d'une
civilisation supérieure »? ~·2
N'est-ce pas M. Wagner, recteur de
l'université de Berlin, qui prononçait
devant moi cette phrase que je n'ai pas
oubliée La véritable frontière de l'Al-
lemagno ce n'est pas le Rhin, c'est
l'Elbe »? Dans son esprit, à l'ouest de
l'Elbe existait une culture plus avancée*
Je l'attribue pour ma part au rayonne-
ment de la France.
Depuis Wintçrër le doyen des protes-
tataires, jusqu'à Mérpt le nouvel élu de
Metz', et le plus net peut-être de tous, les
députes alsaciens-lorrains sont unis par
une tradition vivante, par une commu-
nauté d'amour que trente ans de con-
quête n'ont pas effacées, n'ont pas affai-
blies.
Nous les abandonnons-moins coura-
geuxen cela que le petit Danemark– mais s
ils ne nous renient pas. Sans avoir l'é-
nergie des Polonais, ils luttent encore.
Nous sommes des ingrats si nous fer-
mons les yeux devant leurs efforts.
Je compte sur vous! a dit l'Empereur à
l'évêque de Metz, Allemand do nais-
sance. Les Alsaciens-Lorrains, du plus
profond de leur cœur, comptent sur la
France. Ils en ont l'empreinte.
Charles Bonnefon.
NOUVELLES
ANÇX.ETERRE
LES ANARCHISTES A Ï-ONDRES
Londres, 30 octobre. ̃– Un grand nombre
do clubs anarchistes de Londres se sont
réunis la nuit dernière à l'occasion de l'exé-
cution de Czolgosz. Des drapeaux noirs et
rouges surmontaient son portrait, mis à la
place d'honneur. Partout le nom du meur-
trier de Mao Einley a été chaleureusement
acclamé aux cris de « Czolgosz le brave! »,
Des danses ont eu lieu,pqur célébrer la no-
blesse de sa mort. Plusieurs groupes ne se
sont séparés qu'à quatre heures du matin,
après le chant de la Carmagnole.
A Scotland Yard, la police sait que la plus
grande activité règne on ce moment parmi
Jes anarchistes de Londres.
ALLEMAGNE
CONTRE LE TOLSTOISME
̃ Leipzig, 30 octobre. Le ministère pu-
blic a fait saisir dans la maison d'édition
Eugène Diederich la brochure du comte Léon
Tolstoï intitulée le Sens de la vie.
ITALIE
TREMBLEMENT DE TERRE
Rome, 30 octobre. Tout le nord de la
Péninsule a ressenti des secousses de trem-
blement de terre. Le phénomène a été signalé,
vers trois heures cinquante de l'après-midi,
à Brescia, "Vérone, Domodossola, Gênes, Sa-
vone, Noviligure, Massamaritima, Bologne,
Ferrare, Reggio d Emilia.
AUTRICHE
LES ÉTUDIANTS NATIONAUX ALLEMANDS
Vienne, 30 octobre. Les manifestations
auxquelles s'étaient déjà livrés hier les étu-
diants nationaux allemands de l'université
d'Inspruck contre le professeur Menèstrina
se sont renouvelées aujourd'hui. L'amphi-
théâtre était comble. La professeur fut ac-
cueilli à son entrée par des cris « A mort 1
Pouah », des sifflets et des trépignements.
Quand le silence se fut rétabli, M- Menèstrina
commença son cours d'italien. Mais les ma-
nifestations reprirent de plus belle jusqu'à ce
que M. Menèstrina eût quitté la salle.
ETATS-UNIS i
• GUERRE DE RACES
-Bâton-Rouge, 30 octobre. A Ballestown,_
une échauffouréo est survenue entre blancs
et nègres..
Un constable, à la tête de la police, faisait
une enquête, pour savoir si un nègre qui te-
nait un restaurant avait sa licence, lorsque
des coups de feu furent tirés sur lui et ses
hommes. En peu d'instants, le combat de-
vint général entre blancs et. nègres et on mit
le feu au restaurant.
Quand l'ordre fut à peu près rétabli, on
trouva sur le terrain les cadaves de cinq pè-
gres, de trois négresses et. d'un enfant. Les
trois négresses avaient été brûlées vives dans
le restaurant.
D'après une autre version, il y a eu trois
blancs et onze nègres tués.
Le New York Herald nous communique la dé.
pèche suivante •
New-York, 30 octobre. M. Henri Four*
nier et plusieurs autres personnes, après
avoir conduit M, William K. Vanderbilt à
MeadowbrookClubHouse, dans une-automo-
bile Mors de soixante chevaux, revenaient,
à New-York lorsque la voiture, en traver.
sant le chemin de fer de Long Island, fut
tamponnée par une machine toute seule qui
manœuvrait.
L'automobile fracassée, tout le inonde fut
projeté à terre. On accourut à leur secours et
les blessés furent transportés dans un hOtel
voisin.
M. Fullerton, le crâne fracturé, est dana
un état grave; M. Fournier a été blessé aux
jambes; M. Everall a une jambe cassée; MM,
Bachelder et Lewis ont des blessures à lai
tête; M. Gerric a de graves contusions..
M. Bachelder, venu souvent à Paris, est à
New-York le correspondant du journal la
Vélo.
bbyub tfes Jouinaux
Corinfhianisme
M. Abel Hermant, dans le dernier fas-
cicule des Modes, nous raconte de quelle
façon un peu sévère ce nouveau sport
mondain fut jugé ces jours-ci par un
vieux philosophe de ses amis
C'est la querelle des amateurs et. des pro-
fessionnels qui renaît sous une nouvelle
forme.
On s'est mesuré en peinture avec les pein-
tres, en musique avec les musiciens, en litté-
rature avec les gens de lettres. On ne s'était
pas encore mesuré avec les domestiques sur
le terrain de leur spécialité. Entre nous, jo
n'estime point qu'on ait plus de chances de
vaincre sur ce terrain-là que sur les autres,
et il est probable que, cette fois encore, les
professionnels l'emporteront sur les ama-
teurs.
Les « corinthiens » ont peut-êtifa une
autre arrière-pensée.
-Ils veulent se préserver du péché d'orgueil
et se ramener soi-même au sens de l'égalité.
Ils veulent, autant par charité que par poli-
tique, démontrer aux serviteurs que les tra.
vau'x serviles ne sont point si humiliants,
puisque les maîtres font la partie de s'y li-
vrer. Cette sensiblerie ne me touche guère, et
je ne crois pas qu'elle touche davantage les
déshérités qui en sont l'objet. On prétend les
amadouer on ne fait que leur prouver qu'on
les craint. •
Et la conclusion du « vieux philoso-
phe » de M. Hermant est que le mieux
serait de s'en tenir à l'antique méthode:
à chacun son métier, et de renoncer.! à
un exercice où, sous couleur de sport, se
révèle un instinct dont nous n'avons
pas sujet d'être fiers l'instinct de servir.
L'instinct de servir est l'un des plus ré-
pandus parmi les hommes, notamment parmi
ceux que leur naissance destine à comman-
der. C'est un goût, ou plutôt une perversion
du -goût, bien étrange, mais on ne peut nier
qu'elle soit fort commune. Nous en trouvons
le plus d'exemples dans les passions de l'a-
mour.
Je n'ai point à vous apprendre que les fem-
mes veulent être battues, et il paraît que
beaucoup d'hommes implorent de celles qu ils
aiment les moins honorables traitements.
Mais cette manie n'est point particulière à
l'amour.
Vous me rappeliez tout à l'heure que les
enfants jouent au domestique. Cela est vrai.
Ils jouent au domestique aussi bien qu'au
brigand d'où je conclus que, des le plus
jeune uge, l'instinct de la servilité est aussi
vif chez l'être humain que l'instinct de l'illé-
galité. Il faut croire que la servilité est plus
durable, puisque des adultes, à qui l'idée
11e viendrait plus de jouer au brigand, jouent
au domestique,
j
Postes anglaises
D'après la Revue scientifique, voici la
nomenclature des divers articles, expé-
diés par les postes anglaises dans le
Royaume-Uni et à l'étranger durant le
dernier exercice
Lettres, 2,323,500,000. Cartes postales,
419,000,000. Livres, circulaires, etc.,
732,400,000. Journaux. 167,800,000. Pa-
quets, colis postaux, 81,017,000.
Par suite de la réduction d'affranchis-
sement sur les lettres accordée depuis
deux ans, le nombre des lettres envoyées
a augmenté de vingt-trois pour cent 1
Quelques particularités curieuses
II a été expédié 17,729,869 lettres chargées.
Sur 345,690 paquets, les envoyeurs avaient
oublié de mettre l'adressé; ces paquets con-
tenaient 251 livres sterling en or et en billets
de banque et 7,203 livres sterling en billets à.
ordre et chèques.
Plus de 382,000 paquets envoyés dans l'A-
frique du Sud n'ont pu être remis aux desti-
nataires, l'adresse étant indéchiffrable.
La correspondance de l'armée d'Afrique
s'est élevée en bloc à plus de 20 millions de
lettres et paquets,
Les envois d'argent qui n'ont pu, faute
d'adresse, être remis à leurs destinatai-
res représentent donc une somme d'envi-
ron 200,000 francs, immobilisée dans le§
tiroirs de l'administration 1
L'historien de Musolino
Il'existe. Il y a en Italie un homnàe qui
très sérieusement s'est mis à la disposi-
tion du brigand calabrais pour écrire
son histoire,
'Le Temps reçoit de'son correspondant
de Rome quelques renséignements sûr
cet homme de lettres
Cet historiographe s'appelle Nocera. Ren-
contré un jour sur une montagne par Muso-
lino, qui le connaissait, il fut invité bon gré
mal gré à suivre le bandit dans sa caverne
pour y recevoir ses confidences. Musolino lui
dicta sa biographie et lui fit écrire une lettre
à la Tribuna pour protester contre un article
où l'on se plaignait de l'incapacité des agents
lancés à la recherche du bantlit.
M. Nocera raconte que la caverne, si l'on
peut l'appeler ainsi; dans laquelle se tenait
le plus souvent caché Musolino'ayec ses amis,
était pourvue de tout. Elle n'était pas meu-
blée luxueusement, mais il n'y manquait
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