Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1901-02-01
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 février 1901 01 février 1901
Description : 1901/02/01 (Numéro 32). 1901/02/01 (Numéro 32).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
£U JIGARO VEBÎBBEOI 1«>&JSVRIEB 1901
emplois de l'administration des postes
et télégraphes le second fixe les mesu^
res à prendre, dans l'intérêt de l'hygiène
et de la salubrité des locaux, lors des
études relatives à l'installation ou à la
réinstallation des bureaux de poste, de
télégraphe et de téléphone le troisième
institue une Commission en vue d'étu-
dier tes moyens d'établir un sanatorium,
affecté aux agents et sous-agents atteinte
de tuberculose. Cette Commission, qui
sera. présidée parle ministre ou le sous-
seerétaire d'Etat, et, en leur absence, par
M. Napias, directeur de l'Assistance pu-
blique comprend vingt membres.
Enfin, M. Millerand a ordonné l'affi-
chage immédiat, dans tous les bureaux
de l'administration des postes et télé-
graphes, de l'avis suivant rédigé par M. le
docteur Mignot et. approuvé par le Comité
médical du ministère
AVIS CONCERNANT
14 PROPAGATION DE LA TUBERCULOSE
La tuberculose tue, à Paris seulement, plus
de 13,000 personnes chaque année. Dans les
villes de province et dans les campagnes, elle
est loin d être rare.
Et pourtant on sait maintenant que là con-
tagion seule peut la causer; tous ses modes
de contagion sont connus elle est donc évi-
table.
Dans presque. tous les cas, elle se propage
de la façon suivante
Un tuberculeux crache sur le sol et ses
crachats s'y dessèchent; Les microbes de la
tuberculose se trouvent dans ses crachats
par milliers et, desséchés, peuvent rester
vivants durant de longues années, toujours
prêts à geriner comme une graine. Ils se ré-
pandent en poussières dans l'air et, si l'on
vient à respirer ces poussières, ils pénètrent
dans les poumons, s'y développent et repro-
dùisent la maladie.
i Aucun âge, aucune constitution n'est sûre-
ment à l'abri de leurs atteintes
t_ II est donc de l'intérêt de tous de veiller à
•l'exécution des prescriptions suivantes:
1» Il est interdit, dans tous les locaux de
l'administration des postes et des télégra-
phes, de cacher par "terre
r 2» Le balayage à sec est défendu. On doit
lui substituer le nettoyage des parquets à
l'aide de linges mouillés.
Toutes ces mesures sont excellentes et
l'on ne saurait trop féliciter le ministre
du commerce de les avoir prises d'ur-
gence, dès qu'elles lui ont été proposées
par son délégué à la Commission de la
tuberculose. Outre qu'elles protégeront
efficacement le personnel des postes et
télégraphes, elles auront encore, espé-
rons-le, cet excellent résultat d'initier le
public aux menaces permanentes du
terrible fléau et aux mesures d'hygiène
propres à y parer. Jules Cawlane.
OBSÈQUES
DE
M. HENRI DE BORNIER
.a..
Hier ont eu lieu.les obsèques de M.
nenri de Bornier. Elles ont été un écla-
tant hommage d'admiration et d'estime
pour le poète et pour l'homme. Foule
énorme, composée des personnalités les
plus connues dans les lettres.
Le cortège funèbre est arrivé à midi à
l'église Saint-Paul. Les honneurs mili-
taires étaient rendus à l'officier de la
.Légion d'honneur par une compagnie du.
:46«deJigna, ,fu -70< i .•' .•
Lé deuil était conduit par le capitaine
Magnan, gendre de M. de Bornier.
Les cordons du poêle étaient tenus
par M. Leygues, ministre de l'instruc-
tion publique et des beaux-arts; le vi-
eomte de Vogué, directeur de l'Académie
française; M. Jules Glaretie, administra-
teur du Théâtre-Français; M. Gaston
Boissief, secrétaire perpétuel de l'Acadé-
mie française; M- Muller, conservateur
de la bibliothèque de l'Arsenal; M. Her-
vieu, président de la Société des Gens
de lettres.
De magnifiques couronnes avaient été
dép'osées autour du cercueil nous cite-
rons, parmi les plus belles, celles de la
Comëflie-Française, de l'Odéon, de la
bibliothèque de l'Arsenal, du cercle de
la Critique, de la Société des auteurs
dramatiques, des Cornéliens, etc.
L'inhumation a eu lieu au cimetière
Montmartre. Neuf discours ont été pro"
poncés devant le cercueil.
M. Georges Leygues, ministre de l'ins-
truction publique, a parlé le premier au
nom du gouvernement. Il a fait, au mi-
lieu de l'émotion générale, et avec une
rare éloquence, l'éloge, du poète.
Nous n'en citerons que les passages
principaux
Je me souviens qu'un soir, dans le collège 9
de ma petite ville, on nous réunit dans la
salle d'étude, et qu'après un court entretien
sur Charlemagne et Rolland le professeur
d'histoire nous lut les strophes célèbres. Ce
fut comme un éclair qui déchirait notre
nuit.
Il noua sembla que nos âmes s'étaient su'
bitement élargies et qu'on les avait allégées
du poids de découragement et de misère qui
les accablait. 1 ?
Les enthousiasmes héréditaires 'venaient
de se réveiller en nous.
Le lendemain, les strophes volaient sur
toutes les lèvres, les regards étaient plus as.
surés, la démarche plus fière.
On s'était repris à espérer et à croire 1
Le nom de 1 homme qui accomplit de tels
miracles ne périra pas.
Henri de Bornier était un esprit haut et
• libre il sut rester fidèle â d'anciennes
croyances sans se croire oblige de calomnier
son temps.
IL croyait, avec raison, qu'un lien étroit
«mit le présent, au pagsé et que les siècles
nous ont légué des traditions et un patri-
moine de gloire et d'honneur que nous n'avons
le droit ni de répudier, ni de laisser compro-*
mettre.
En telle sorte que son théâtre est comme
une école de^ patriotisme et de vertu quel-
que chose comme le « manuel du bon Franr
çais». p,
Au nom du gouvernement de la Répubii»
que, j'apporte un dernier salut à Henri dé é
"tîornier qui fui un noble poète et un grand
patriote l
Le vicomte Melchior de Vogiié a parlé
au nom de l'Académie française et a re*
tracé avec éloquence la vie et l'oeuvre du
poète. ̃
M. Clarotie, au nom de la Comédie-
Française, a rendu hommage à l'auteur
de la Fille de Roland. Nous citerons ce
passage de son discours
M. de Bornier m'avait demandé, depuis des
aanèes, de faire entendre les nobles et patrio-
tiques paroles de son Charlemagne, un jour
de Samt-Charlemagne.
• L'an passé j'y étais parvenu et, le 28 jan-
vier 1900, M. Henri de Bornier disait fière-
ment à la compagne de sa vie, à cette famille
'exquise qui l'adorait et qui le pleure
Je suis joué le même soir à la Comédie-
Française et à l'Odéop mes çièces.vous voyez,
pont de celles qu'on peut faire entendre aux
jeunes gens?
Ses pièces, messieurs, étaient en effet de
celles qui font éclôre au cœur de ceux qui les
écoutent les grandes pensées venues du cœur.
Que ce fût le pur patriotisme incarné dans la
vieux Charles ou l'horreur du libelle et de la
calomnie exprimée par Bayard parlant à
l'Arétin, Henri de Bornier ne portait à la
scène que les nobles sentiments qui font le
poète à la fois inspiré etindigpé. La Comédie-
Française lui doit bien des œuvres supérieu-
res elle lui doit surtout un chef-d'œuvre qui
ne périra jamais.
M. Hervieu a parlé au nom de laSo^
ciété des Gens dé lettres et a rappelé que
M. de Bornier avait été le président de
cette Société, et que sa bienveillance
n'avait jamais fait défaut à quiconque
s'était adressé à lui dans les lettres.
Après le discours de M. Paul Ferrier,
qui a parlé au nom de la Société des
auteurs dramatiques, M- Henry Fou-
quier a prononcé quelques paroles émues
au nom de l'Association professionnelle
de la critique dont M. de Bornier faisait
partie depuis longtemps.
Il avait, en effet, a-t-il dit, exercé la cri-
tique dramatique et,l'avait fait avec cette
courtoisie et cette mesure sans lesquelles elle
perd sa bonne grâce littéraire, son autorité et
son utilité.
Dans notre Association, comme à l'Acadé-
mie, comme à notre Société des Gens de let-
tres, Comme partout en un mot, il était
estimé, respecté, aimé estimé pour son ta-
lent, respecté pour son caractère, aimé pour
sa bonté et sa belle humeur,
M. Muller a parlé ensuite au nom du
personnel de la bibliothèque de l'Arsenal
puis M. Mounet-Sully au nom des ar-
tistes, et M. Pintard'au nom des habi-
tants de la ville de Lunel où était né M. de
Bornier. M- Pintard a annoncé qu'une
statue du poète serait élevée dans cette
ville.,
Parmi les personnes qui ont assisté
aux obsèques de M. de Bornier, nous ci-
terons
MM. Paul Deschanel, Roujon, Sardou, Lar-
roumet, Albert Sorel, Ginisty, comte d'Haus-
sonville, Liard, Mounet-Sullv, Paul Mou*
net, Henry Houssaye, duc d'Audiffret-Pas-
quier, Lavisse, Lavedan, Sully-Prudhomme,
Gebhart, René Doumio, Jean-Paul Laurens,
Silvain, Mme Hartmann-Silvain, MM. Dieu-
lafoy, Gustave Rivet, Victorin Joncières,
René Brice
MM. le général Kirgener de Planta, lieute-
nant de Nàléche, marquis de Vogué, général
Barbe, Henri de Lapommeraye, de Saint-
Arroman, Léopold Delisle, Paul Meurice,
Albert Lambert, Mlle Leconte, Mme Barretta,
lieutenant-colonel Dérué, Gaston Devore;
MM. Roger-Régis Lamotte, A. Dorehain,
E.-S. Strauss, Ch. Formentin, E. Sarreau,
Lefèvre-Pontalis, Clément de Royer, P. Bon-
nefoy, Camille Flammarion, marquis de Vil-
leneuve, général Reibell, Ed. Haraucourt, de
Selves, docteur Grasset, Eugène Bouché, F.
Coppée, Paul Destrées, Catulle Mendès, G.
Toudouze, de Marcère, A. Theuriet, Gustave
Roger, agent général de la Société des au-
teurs dramatiques, etc.
Jean Villemer.
VIENT DE PARAITRE
A la Librairie Armand Colin
Problèmes politiques dit temps présent,
par Emile Faguet, de l'Académie fran-
çaise Notre régime parlementaire;
Armée et Démocratie le Socialisme
dans la Révolution française la Liberté
de l'enseignement les Eglises et l'Etat
(un volume in-i8, br-, 3 fr. 50).
Chez dilendorfï
L'Album d'Henry Bataille, Têtes et Pen-
sécs, va faire la joie de tous les salons et
nous pouvons prédire que les exemplaires,
bientôt, en deviendront rares. Ce sont
vingt-deux portraits de la littérature con-
temporaine, visages d'hommes et visages
d'oeuvres Mirbeau, Mfndès, Jean Lor-
rain, Pierre Louys, Jules Case, H. de Ré-
nier, Muhlfeld, Renard, Donnay, etc.
C'est une évocation surprenante et sou-
vent, ironique 1 du caractère original de
chacun des écrivains. Le document sera
sans prix pour les biographes de l'avenir
aujourd'hui, il en est peu qui puissent au-
tant piquer la curiosité parisienne.
Notre Service1 de Librairie se charge
d'envoyer, en France, ces ouvrages contre rem-
boursement.
“»- .^srs^yv»-
LA CHAMBRE
Jeudi 31 janvier 1901.
LES ASSOCIATIONS
Nous en sommes à l'article 1er de la loi
et le défilé des amendements commence.
II n'est pas près de finir-1
L'article Ier est ainsi conçu
L'association est la convention par laquelle
deux ou plusieurs personnes mettent en coin.
mun leurs connaissances ou leur activité dans
un but autre que de partager des bénéfices.
Elle est régie quant à sa validité par les prin-
cipes généraux du droit, applicables aux cou*
trats et obligatipns.
M. de Chambrun a demandé qu'on
substituât à ce texte une rédaction -plus
large et plus élastique: « L'exercice du
droit d'association n'a pour limites que
les droits et la liberté d'autrui, et la sé-
curité publique. »
M. de Chambrun faisait à la tribune
son premier début, et il ne dominait pas
complètement, à ce qu'il m'a paru, l'é-
motion qui en est inséparable. Sa voix
est faible, et on entendait moins son dis-
cours que les bravos de ses amis. Toute-
fois,sa bonne grâce et la juste sympathie
qui t'entoure ont valu à son amende-
ment une minorité présentable, 216 voix
contre 309,
M. Paul Beauregard, professeur de
droit, a un tempérament plus combatif.
Il a pris la parole sur un amendement
de M. Renault-Morlière, et en a ainsi ex-
pliqué le but:
M. Paul Beauregard. L'article l«r
du projet de la Commission contient essen»
tielfement deux choses une définition de
l'association et l'affirmation sans réserve que
les associations seront régies par les princi-
pes généraux du droit commun.
Notre amendement a pour but 1» la sup-
pression de toute définition de l'association,
en y substituant l'affirmation pure et simple e
que l'on reconnaîtra largement et librement
tous les citoyens le droit d'association;
2o contrairement à l'affirmation sans réserve
que les associations seront régies par les
principes généraux du droit commun, l'intrOi
duction formelle d'une réserve concernant
les exceptions qui doivent résulter de la pré-
sente loi. (Très bien très bien au centre et
à droite.) ut».
M. Beauregard ne veut pas entendre
parler de définitions; il les regarde
comme un nid à procès omnis definitio
periculosa. Suivant lui, celle de M. le
président du Conseil soumet à la décla-
ration préalable les associations les plus
fortuites, les plus moffensives» les plus
désintéressées. On ne pourra même plus*
faire une partie de crocket\sans en pré-
venir les autorités compétentes. Le texte
de la Commission menace les Comités
électoraux, les réunions électorales,
toutes tes réunions
M. Paul Beauregard: Vous avez tous
en province des amis qui ont l'habitude de
se réunir au café, à jour fixe, pour lire les
journaux et parler politique. Ceux-là mettent
en commun leurs connaissances et leur acti-
car nous leur donnons beaucoup faire
en ce moment. (On rit.) Eh bien toutes ces
petites réunions sont, avec votre projet, aux
mains du pouvoir, et le gouvernement
pourra, quand il lui plaira, les dissoudre.
(Très bien très bien au centre. Interrup-
tions à gauche.)
J'entends bien votre objection « Ge n'est
pas cela que nous voulons dire. » Alors, dites
ce que vous voulez dire (Très bien très
bien !)̃̃̃'̃̃
C'est le président du Conseil, directe-
ment visé, quia répondu à M. Paul Beau-
regard. Il a défendu sa définition et n'a
pas eu de peine à prouver que, sans
échapper absolument à la loi commune
qui est d'embrasser trop. ou trop peu,
elle présente beaucoup plus d'avantages
que d'inconvénients. Cette joute entre
deux juristes a été le duel ordinaire de la
théorie et de la pratique; M. Paul Beau-
regard représentant la théorie et l'école.
M. Waldeck-Rousseau a mis en pleine
lumière le sens et le but de ce mot
« contrat » qui domine toute la loi. J'y
insiste parce qu'il aura certainement lui-
même l'occasion d'y revenir, plutôt cent
fois qu'une. C'est le nœud de la ques-
tion
M. Waldeck-Rousseau, président du
Conseil. Qu'on le veuille ou non, toutes
les fois que des personnes seront d'accord
pour formuler un engagement, une obligation,
tl y aura un contrat ou une convention, et il
y aura aussi intérêt à définir cette conven-
tion ou ce contrat parce que chaque espèce
est régie par des règles particulières.
Cet intérêt est considérable quand il s'agit
de l'association, afin qu'on ne puisse pas la
confondre avec la société.
On a dit: « Qu'importe qu'une personne pos-
sède puisque ses biens circulent et que si elle
meurt son patrimoine est morcelé? » Mais, si
plusieurs personnes s'assemblent pour mettre
en commun leurs biens et recevoir des libé-
ralités de l'extérieur, ces biens vont former
un patrimoine immobilisé dans les mains de
l'association, et c'est pourquoi le danger
qu'elle présente provient de l'accumulation et
de l'immobilisatton de ces biens.
Si j'ai voulu une définition, c'est pour
qu'on ne confonde pas l'association avec la
société, et comme le plus souvent l'associa-
tion est une société, je me suis demandé le
caractère essentiel qu'elle devait -présenter
pour ne pas être une société. (Très bien! très
bien!) Ce caractère est indiqué par l'article
1832 du Code civil. Pour que des intérêts mis
en commun constituent une société, il faut
qu'il y ait partage de bénéfices.
Ce partage de bénéfices est donc la déter?
minante des sociétés de biens, et c'est pour-
quoi neus avons défini l'association « Une
convention par laquelle deux ou plusieurs
personnes mettent en commun leurs connais-
sances ou leur activité dans un but autre
que de partager des bénéfices, » (Applaudis-
sements à gauche.)
Le ministre s'est ensuite appliqué à
établir que, loin de constituer une me-
nace pour l'indépendance et la tranquil-
lité des associations, la déclaration préa-
lable était, au contraire, une garantie
pour elles, comme l'acte de naissance en
est t. une pour l'enfant qui vjent.au inonde
•V.Si vqùV- n'obligez :paé:, lèâ àjSsûciatioii^
à se faire connaître, vous réduisez par
cela même l'Etat à organiser une police
contre les associations occultes ».
Je n'apprendrai rien à personne en
disant, en répétant que lé président du
Conseil a obtenu son succès ordinaire.
M. Beauregard a répliqué et l'amende-
ment a été repoussé par 309 voix contre
232. Majorité, 77voix; toujours la même,
octo.décimale, ou peu s'en faut.
Un autre amendement de M. l'abbé
Lemire a eu le même sort que ceux de
MM. deChambrun et Rënault-Morlière.
M. Lemire Appréhendait que les petites
sociétés locales de gymnastique, de mu-
sique ou de tir, qui ont un local à elles
et qui perçoivent des cotisations, ne fus-
sent obligées de se transformer en so-
ciétés civiles ou commerciales. Le rap-
porteur, M. Georges Trouillot, l'a com-
plètement rassuré sur ce point; l'article 5
de la loi les garantit contre une aussi
invraisemblable exigence.
Il faut dire que cet article, S est nou-
veau, de rédaction toute récente, et qu'il
ne figurait pas dans. le texte primitif.
Aussi a-t-il donné lieu" à un petit échange
d'explications
M. le rapporteur, r- M. Lemire a fait allu-
sion à une décision prise par la Commission
et dont le texte n'a pas été distribué.
M. Piou.– Comment peut-on discuter une
question aussi importante sans avoir le texte
sous les yeux? î
M. le rapporteur. -r S'il fallait que la
Commission distribuât un texte nouveau, eba-
que fois qu'elle prend une décision, le budget
de la Chambre en souffrirait. (Très bien; très
bien au centre et à droite.)
M. Anthime-Ménard. Lisez-nous au
moins l'article 5 que vous opposez à l'amen-
dement de M. Lemire.
M. le rapporteur. Voici ce nouveau
texte
« Toute association, légalement constituée,
peut, sans, aucune autorisation spéciale, tester
en justice et posséder et administrer, en de-
hors des subventions de l'Etat,; des départe*
ments et des communes
)) 1° Les apports mobiliers versés par ses
» membres conformément à ses statuts;
» 2o Le local destiné à l'administration de
»l'association et à la réunion de ses mem-
» bres
» 3» Les immeubles strictement nécessai-
» res à l'accomplissement du but qu'elle se
» propose ».
M. Piou. Admettez-vous que les mi-
neurs et les femmes mariées pourront. faire
partie d'une association ? Y
M. le rapporteur. Ce serait en dehors
du droit commun. (Exclamations sur divers
bancs â droite et au centre.) Comment n'aper- `'
cevez-vous pas ce qu'il y aurait de dangereux
dans une pareille innovation ? `l
Plusieurs membres à droite et au centre.
Et l'Association des femmes de France ? 9
M. le rapporteur. Comment pouvez*
vous admettre qu'une femme, sans l'autorisa-
tion de son mari, puisse entrer dans une
association, s'y lier et s'y créer des droits ? "?
(Réclamations sur divers bancs à droite et au
centre.)
M. Lemire nous demande d'indiquer que
les principes de droit commun à toutes les
obligations sont applicables aux associa-
tions. C'est une chose inutile et qui va de soi.
Je prie la Chambre de repousser l'amende-
ment. (Mouvements divers.)
Après ces explications, l'amendement
de Fabbé Lemire n'avait plus grande uti-
lité, il n'a recueilli que 96 voix.
En revanche, lé gouvernement et la
Commission se sont empressés d'ac-
cueillir une petite une grosse addi*
tion de texte .proposée par M. Charles
Ferry. « L'association est un contrat par
lequel plusieurs personnes mettent en
commun leurs connaissances et leur ac-
tivité, etc. » Telle était la rédaction de
l'article ler. M. Charles Ferry a abtenu
qu'on y introduisît ces mots « d'une façon
permanente » la permanence étant en
effet une des marques caractéristiques
de l'association.
Ce résultat, qui ne sera pas le seul
prouve que l'intransigeance n'est pas
à l'ordre du jour, et il vaut mieux qu'il
en soit ainsi. Autrement, on eût attribué
le vote de la loi à un parti pris opiniâtre
et irréductible, à un coup de majorité.
M. Julien Goujon, député du centre,
jurisconsulte délié et un peu subtil, a de-
mandé que l'article 2 fût incorporé dans
l'article 1er. S'il faut l'en croire, cette in-
corporation suffirait pour préserver tous
les partis de certains pièges 'qui se ca-
chent, suivant lui, dans les dessous de la
loi. Il a avoué que, semblable au héros
de Chavette, il avait de la méfiance, et il
a invité ses collègues de l'extrême gau-
che socialiste à partager son inquiétude
« Vous nous aimez trop! » lui a crié
M. Jourde. • w
Et comme il ajoutait que la situation
du parti socialiste serait moins bonne
après le vote de la loi, M. Jourde l'a in-
terrompu de nouveau « Et vous n'en
êtes pas enchanté » »
M. Julien Goujon s'en est défendu. Il
veut la liberté pour tout le monde et il
estime qu'un certain nombre de lois,
non abrogées, fourniront à un gou-
vernement malintentionné des armes
offensives contre lesquelles la loi ac-
tuelle ne sera qu'une insuffisante pro-
tection. Le vrai rempart, à ses yeux,
serait la fusion de l'article lw et de l'ar-
ticle 2, qui aurait l'avantage de remettre
la connaissance de tous les litiges à la
juridiction civile. r
Je confesse que je n'ai pas très bien
saisi comment se produirait cette heu-
reuse conséquence. Elle a échappé au
rapporteur lui-même. M. Trouillot a ré-
pondu que les difficultés signalées par
M. Julien Goujon étant de purs fantô-
mes, l'amalgame des deux articles n'au-
rait pas la vertu de les faire disparaître,
que toutes les thèses politiques, y com-
pris la nationalisation des biens, demeu-
raient ouvertes à la discussion, et que
les magistrats correctionnels ne pour-
suivraient que des délits caractérisés.
L'amendement de M. Goujon a été re-
poussé par 330 voix contre 227 majo-
rité, i03 voix et l'article fer a été voté
ensuite par 353 voix contre 93, et une
centaine d'abstentions. La route est lon-
gue, mais on a fait un pas, un petit pas.
Qui veut voyager loin, ménage sa mon-
ture.
Pas-Perdus,
LE SÉNAT
LE BUDGET DE 1901
Le Sénat a enfin abordé la discussion
du budget de 1901 il est permis de sup-
poser qu'avec tout le dévouement dont
il est capable, il conduira rapidement
cette discussion et qu'elle pourra s'ache-
ver à brève échéance.
La séance d'hier a été consacrée exclu-
sivement à la discussion générale et elle
a été remplie par deux grands discours,
l'un du rapporteur général, M. Antonin
Dubost, l'autre' de M. Caillaux, ministre
des finances, V' 7' v f
M. Antonin Dubost, auteur d'un rap-
port général très travaillé, très docu-
menté, a défendu son œuvre à, la tribune
du Luxembourg. Il l'a fait avec habileté.
Il a commence par une critique du
budget soumis au Parlement pour 1901,
qui n'améliore ni la situation du Trésor
ni la situation économique de la France.
L'examen des éléments de ce budget
révèle les causes profondes d'un pareil
état de choses; nous dépensons trop et
non seulement nous augmentons sans
cesse nos dépenses, mais nous ne savons
même pas évaluer nos dépenses de cha-
que année au chiffre vrai qu'elles attein-
dront.
Si l'on étudie les budgets des différents
exercices, depuis le commencement du
siècle, on est frappé de ce fait que sans
cesse les dépenses inscrites au budget
ne représentent qu'un minimum tou-
jours dépassé dans la pratique et abou-
tissent toujours à augmenter les déficits
d'ancienne origine.
Le budget de cette année n'échappe
pas à la règle.
Et après avoir versé un pleur sur la
crise traversée, le rapporteur général a
constaté qu'il était de l'intérêt du pays
d'inaugurer le nouveau siècle par une
réforme complète de nos vieilles habi-
tudes budgétaires.
La première règle que les pouvoirs pu-
blics doivent s'imposer est de faire ren-
trer, bon gré mal gré, dans le budget les
dépenses qui sont encore payées sur
d'autres ressources que les revenus ordi-
naires du Trésor public.
La seconde mesure qu'on doit se pro-
poser pour but, c'est la réduction de la
dette.
Nous avons la plus grosse dette du
monde; que faisons-nous pour la ré-
duire ? Rien ou presque rien
En réalité, le rapport de l'impôt à la popu-
lation, l'importance des richesses possédées
sont démêlements d'appréciation considéra-
bles, mais ne sauraient constituer le critérium
exclusif des charges qui pèsent sur un pays.
Il faut envisager, en outre, sa situation éco-
nomique par rapport a celle des nations avec
lesquelles il est en concurrence, et, en der-
nière analyse, c'est cette comparaison qui
peut seule permettre de porter un jugement
définitif.
Sans doute, s'il résultait de la comparaison
que, malgré des charges numériquement plus
lourdes, la progression économique de ce
pays n'est pas entravée, qu'au contraire il
prend de l'avance sur les autres, que tout au
moins il n'est pas distancé par eux, ce serait
évidemment la preuve que la supériorité de
ses charges est compensée par d'autres élé-
ments de développement" et probablement
par l'habile emploi qu'il sait faire de ses ri-
chesses ou de ses capitaux et par l'activité,
l'intelligence et l'esprit d'initiative plus grands
de ses habitants. Mais, s'il en est autrement,
on peut avoir la certitude que c'est, pour une
part importante, au poids excessif de ses
charges improductives qu'il faut attribuer
son infériorité économique.
C'est pour cela que je ne désespère pas de.
ce pays. Je pense qu'il se relèvera, s'il y est
aidé, et qu'il reprendra le rang qu'il n'aurait
jamais du perdre:
S'il n'a plus ce rang actuellement, c'est le
poids excessif de l'impôt qui en est la cause.
Nous subissons une sorte de dépression
économique, due aux charges qui nous acca-
blent.
Ces charges, il est évident qu'il faudrait
tendre à les alléger. Au lieu de cela, on les
augmente sans cesse.
M. le rapporteur général a fait plus
loin allusion aux crédits considérables
que consomment nos services militaires
et à appelé l'attention du Sénat sur la
nécessité d'éviter les gaspillages" et les
abus. Mais en réalité, il s'est surtout li-
'vré à de longues considérations sur la
situation budgétaire du pays plutôt que
de s'occuper spécialement du budget
de 1901. <¿
C'est ce qu'a fait remarquer dès le
début de sa réponse M. Caillaux qui s'est
au contraire attaché à défendre son œu-
vre financière.
Le ministre des finances a constaté les
progrès dont le budget de 1901 portait la
trace. Il avait déclaré l'an dernier qu'il
fallait achever l'unité budgétaire et forti-
fier l'amortissement: ce double but a été
atteint:
Ce que je tiens à indiquer au Sénat, c'est
que le budget que nous lui présentons est un
budget sincère où nous avons tenu compte
et des avertissements qui nous avaient été
donnés et des engagements que nous avions
pris. Il me semble d'ailleurs que les criti-
ques de M. le rapporteur ont porté sur l'en-
semble de nos budgets plutôt que sur le bud-
get de 1901.
M. le rapporteur a dit que depuis 1815 le
régime presque chronique de nos budgets
était le déficit. Il aurait pu remonter plus
haut et parler des budgets de la monarchie.
Il y a une lettre bien amusante de
Louis XV à Choiseul: « Les voleries sont
énormes, lui écrivait-il. Qu'y faire? Fleury a
essayé de les arrêter, il n'a pas réussi; tenez.
vous tranquille. Mais je ne voudrais pas.
prendre les budgets de la monarchie comme'
exemple.
Admettons que depuis 1815 il y ait eu des
budgets en deficit, on ne peut nier que de-
puis dix ou quinze ans il y a un progrès no-
table, les regles financières ont été appli-
quées et depuis plusieurs années on ne ren-
contre plus dans nos budgets les fantaisies et
les irrégularités qui ont signalé certains bud-
gets antérieurs.
Ce que vous ne pouvez contester, c'est que
de 1895 à 1900, pour la première fois depuis
bien longtemps, la dette a diminué. Pour
établir son raisonnement, M. le rapporteur a*
pris l'année 1893. On ne peut prendre comme
exemple une seule année, il faut en connaître
plusieurs. Eh bien depuis 1895, votre dette
a certainement diminué.
Grâce à mes prédécesseurs, grâce aux
Chambres, a ajouté le ministre, de très
grands progrès ont été réalisés. Certes.
il peut rester beaucoup à faire
Nous avons à supporter un budget mili-
taire, un budget d outillage économique et
un budget démocratique, et nous devons en
payer les dépenses à l'aide des ressources de
l'impôt.
Je crois qué nous pouvons y arriver, mais
à condition de nous imposer une discipline
sérieuse, à condition de résister aux tenta-,
tions qui se présentent chaque jour, à condi-
tion de ne pas céder à certains entraînements,
à. certains engouements (Très bien très
bien!), à condition d'avoir toujours présent à
l'esprit ce fait que le budget ne peut pas sup-
porter des dépenses indéfinies.
On ne peut pas accroître indéfiniment les
charges du pays sans porter atteinte à ses
forces productives. Si 1 on dépassait la me-
sure, on le mènerait à la ruine.
Je fais appel, aujourd'hui plus que jamais,
à l'esprit de prudence, de sagesse, dont le
Sénat a donné tant de preuves. Je lui de-
mande de veiller avec plus do sévérité que
jamais à l'emploi de l'argent du pays. (Très
bien très bien! Applaudissements sur
un grand nombre de bancs.)
Le succès de M. Caillaux a été consi-
dérable et légitime et dès qu'il fut des-
cendu de la tribune, la clôtura de la dis-
cussion générale a été prononcée.
Le Sénat abordera donc aujourd'hui
les budgets des. divers ministères en
commençant-par celui de la justice.
Au début de la séance la Chambre
haute avait élu un secrétaire en rempla-
cement de M. Le Cour Grandmaison,
décédé: c'est M. Bodinier qui a été
nommé par 147 voix sur 165 votants.
Edmond MiUaud.
COULISSES PARLEMENTAIRES
Les Prévoyant» de l'Avenir
Nous aurons aujourd'hui, a% début de la
séance de la Chambre, la discussion d'une
proposition de M. Berry et de quelques-uns de
ses collègues, proposition qui tend à inviter
le gouvernement à rapporter le décret du
3 avril dernier visant la Société des pré-
voyants de l'avenir.
Le président du Conseil avait d'ailleurs
rendu son décret à la suite d'une démarche
faite auprès de lui par les représentants
d'une des grandes Commissions parlemen.
taires,et la proposition de M. Berry n'est pas
faite pour créer le moindre embarras au gou-
vernement.
ContniisDion des •ssociatiçag
La Commission des associations s'est com-
plétée par l'élection d'un nouveau membre.
Depuis un an, en effet, il y avait un siège
vacant par suite de la démission ae M. Cuneo
d'Ornano qui, après l'accident de chemin de
fèr dont il avait été victime, s'était trouvé
dans l'impossibilité de siéger. Depuis son ré-
tablissement, Mi Cuneo d Oroano avait ma-
nifesté l'intention de retirer sa démission et
de revenir prendre sa place à la Commission.
Mais le bureau de la Chambre, consulté, a
estimé que la démission était définitive et
qu'il y avait nécessité de procéder à une nou-
velle élection. Celle-ci a eu lieu hier, dans le
8« bureau qui avait élu, à l'origine, M- Cuneo
d'Ornano.
M. Charles Bos, partisan du projet gouver*
nemental, a été élu par 14 voix contre 11 à
M. Cuneo d'Ornano.
Les »leni militaires
On sait qu'un projet de loi a^tê récem-
ment déposé sur la tribune de Il Chambre,
allouant une pension viagère de 150 fr. à tous
les anciens soldats, âgés d'au moins soixante-
cinq ans, qui ont servi sous le régime de la
loi de sept ans.
A la suite de démarches très actives faites
par la Ligue de revendication des anciens
militaires, cet intéressant projet qui répare
un regrettable oubli dont jusqu'ici ont été
victimes de bons serviteurs de la France
va. être mis à l'ordre du jour de la Chambre.
le budget ou f énst
Après avoir achevé, en une seule séance, la
discussion générale du budget de 1901, le
Sénat a réglé l'ordre de sestravauxpour l'exa»
meu des budgets des -divers ministères.
Il discutera, tout d'abord, le budget de la
justice. Viendront ensuite, et dans cet ordre,
ceux de l'Imprimerie nationale, la Légion
d'honneur, l'intérieur, les services péniten-
tiaires, les cultes, la guerre, la marine, les
affaires étrangères, les protectorats, la Caisse
des invalides de la marine, l'Assistance pu-
blique, les beaux-arts, le commerce, les pos-
tes et télégraphes, la Caisse nationale d'épar-
les colonies, chemin de fer et port de la
Réunion, chemin de fer du Soudan, l'agri-
culture, les travaux publics, annuités et ga-
ranties d'intérêt, chemin de fer de l'État,
finances, médailles et monnaies et, enfin, la
loi de finances.
On pense qu'en une quinzaine de jours le
Sénat aura pu statuer sur ces divers budgets.
Nous n'aurions plus ainsi à' redouter un
nouveau douzième provisoire.
Pa«l Héœery-
Nouvelles Militaires
Armée de Terre ̃ ̃
Service de santé
Deux concours s'ouvriront à l'Ecole à' ap-
plication du service de santé militaire, l'un
le 2 septembre 1901 pour un emploi: de pro-
fesseur agrégé (section de médecine à ladite
école), l'autre le 14 octobre 1901 pour l'em-
ploi de répétiteur à l'Ecole de Lyon (section
de chirurgie).•̃
Les candidats à l'Ecole du service de santé
militaire sont prévenus que le ministre de la
guerre a fixé à 100 le nombre des élèves à ad-
mettre à ladite é,cole à Ja suite 4u concours
de cette année.
Les élèves démissionnaires avant leur en-
trée à l'Ecole seront remplacés de manière à
compléter l'effectif présent à 100 au moment
de- l'ouverture des cours.
Service d'ëUt-major
M. de Jacquelot de Boisrouvray, colonel
breveté du 60» d'infanterie, est mis en acti-
vité hors cadres pour être affecté au service
d'état-major et nommé à l'emploi de chef
d'état-major du 28 corps, en remplacement du
général Durand, nommé au commandement
de la 80* brigade d'infanterie.
Au 5e chasseurs
Le ministre de la guerre vient de faiy con-
naître à la municipalité de Neufchiteau que
le 5e régiment de chasseurs ne rentrera dans
cette ville que lorsque l'autorité militaire
aura reçu complète satisfaction pour l'eau de
la caserne.
Si la municipalité ne se décide pas à pren-
dre à bref délai les dispositions nécessaires
pour amener de l'eau potable à Rebeuval, le
régiment sera définitivement enlevé à la gar-
nison de Neufchâteau.
La présence d'un régiment dans une ville
étant une source de bénéfices considérables
pour les commerçants, c'est bien le moins
que les édiles fassent les dépenses nécessai-
res pour le conserver.
Armée coloniale
MM. les colonels Richard et La Fournier
sont provisoirement détachés dans les ser-
vices techniques de l'artillerie navale, ainsi
que M. le lieutenant-colonel Maillé. :̃
Ils continuent à concourir pour le service
colonial.
Le capitaine Gurdani, du 56 régiment d'in-
fanterie coloniale, est désigné pour servir au
1er régiment de tirailleurs sénégalais, par
permutation de tour de départ avec le capi-
taine de Belenet, du 4e ségiment. Il s'enibar-
quera à Marseille le 5 février.
Le capitaine Beulé, de la 2« compagnie
d'ouvriers de l'artillerie coloniale à Brest, est t
classé à l'état-major particulier st mis à la
disposition, du ministre de la marine pour
servir à l'état-major général (affaires militai-
res de l'expédition de Chine).
Henri Mazereau.
NOTES DW .P~
le ne yeux pas juger, au point de vue
économique, 1a grève des employés du
Métropolitain. En matière de grève, il est
toujours assez difficile de discuter qui a
tort et qui a raison, et c'est pour cela que
la plupart des^rèves se terminent-généra-
lement par une cote mal taillée. Mais si le
fond est obscur, la forme est très claire, et
l'on ne saurait trop s'élever contre la façon
dont les employés du Métropolitain,
hommes et femmes, ont mis littéralement
la clef sous la porte. •
Qu'ils/aient des griefs contre la Compa-
gnie, c'est très possibW. Il se peut même
que ces griefs soient légitimes.. M3is- en
quoi" le public en est-U /.responsable, "et
quelle raison de priver ainsi, sans crier
gare, sans le moindre avertissement préa-
lable, tant de petits employés, tant d'ou-
vriers du moyen de locomotion auquel '"ils
s'étaientdéjàhabitués,et dont deux ou trois
aventures pareilles auraient bientôt fait de
les désaffectionner?
Nous l'avons observé bien souvent
toute grève, pour réussir, doit avoir pour
elle l'opinion publique. Or l'opinion pu-
blique est généralement assez égoïste elle
veut bien compatir aux souffrances d'au-
trui, mais à la'condition de ne pas souffrir
elle-même. Il se peut que la Compagnie
ne se soit pas beaucoup souciée des em-
ployés, mais les employés ne se sont pas
beaucoup souciés des voyageurs, et par là
contrairement au précepte de l'Evangile,
ils ont fait aux autres ce qu'ils ne voulaient
pas qu'on leur fit à eux-mêmes. C'était
bien mal engager l'affaire, car le commen-
cement de la sagesse, quand on entreprend
une campagne, est de se faire des specta-
teurs des alliés, et non pas des adver-
saires.
j
L'HIVER
Si vous voulez vous guérir des -rhu-
mes, toux, bronchites, catarrhes, et de
toutes les maladies de la poitrine et des
voies respiratoires si vous voulez, évi-
ter la grippe et vous préserver de ses
suites et complications; si vous voulez
fortifier vos bronches, vos po,uàions et
votre estomac, prenez, à chaque repas,
deux Gouttes Livoniennes de Trouette-
Perret. Ce sont de petites capsules com-
posées de créosote purifiée, goudron de
Norvège et baume de Tolu, sans aucun
goût et se prenant facilement en man-
geant.
Se vend 3 francs le flacon 4e 60 cap-
sules ou gouttes, dans toutes les phar-
macies, et chez l'inventeur, 15, rue des
Immeubles-Industriels, à Paris, -v Exi-
ger les noms « Gouttes Livoniennes de
Trouette-Perret » sur chaque flacon.
L'Incendie du boulevarddes Italiens
-41i8'"
Le boulevard des Italiens était à peu
près désert la nuit dernière, vers quatre
heures. Quelques rares passants attar-
dés, quelques ouvriers matineux pres-
saient le pas, sous la neige qui, depuis
un certain moment, tombait a gros flo-
cons. Tout à. coup, un cri sinistre reten-
tit « Au feu! » ..1
Une hiftur intense venait d'apparaître
au sommet de la maison portant le n° 8.
Quelques secondes plus tard, une épaisse
colonne de fumée s'échappait par m toit
embrasé et s'éleyait vers le ciel. Le
boulevard se trouva subitement illu-
miné.
Un incendie venait d'éclater au qua-
trièmeétage de cette maison, au-dessus
de la salle des spectacles de Robert-
Houdin, dans les ateliers deM. Clément-
Maurice, photographe, le successeur de
M. Tourtin. Alimenté par les produits
chimiques emmagasinés dans, le labora-
toire, il prit en un clin d'œil une vasks
extension et fit éclater toute la verrière.
Des agents coururent aux avertisseurs
les plus proches et téléphonèrent aux
pompiers. En même temps, on s'occupa
du sauvetage des locataires de l.'im-
emplois de l'administration des postes
et télégraphes le second fixe les mesu^
res à prendre, dans l'intérêt de l'hygiène
et de la salubrité des locaux, lors des
études relatives à l'installation ou à la
réinstallation des bureaux de poste, de
télégraphe et de téléphone le troisième
institue une Commission en vue d'étu-
dier tes moyens d'établir un sanatorium,
affecté aux agents et sous-agents atteinte
de tuberculose. Cette Commission, qui
sera. présidée parle ministre ou le sous-
seerétaire d'Etat, et, en leur absence, par
M. Napias, directeur de l'Assistance pu-
blique comprend vingt membres.
Enfin, M. Millerand a ordonné l'affi-
chage immédiat, dans tous les bureaux
de l'administration des postes et télé-
graphes, de l'avis suivant rédigé par M. le
docteur Mignot et. approuvé par le Comité
médical du ministère
AVIS CONCERNANT
14 PROPAGATION DE LA TUBERCULOSE
La tuberculose tue, à Paris seulement, plus
de 13,000 personnes chaque année. Dans les
villes de province et dans les campagnes, elle
est loin d être rare.
Et pourtant on sait maintenant que là con-
tagion seule peut la causer; tous ses modes
de contagion sont connus elle est donc évi-
table.
Dans presque. tous les cas, elle se propage
de la façon suivante
Un tuberculeux crache sur le sol et ses
crachats s'y dessèchent; Les microbes de la
tuberculose se trouvent dans ses crachats
par milliers et, desséchés, peuvent rester
vivants durant de longues années, toujours
prêts à geriner comme une graine. Ils se ré-
pandent en poussières dans l'air et, si l'on
vient à respirer ces poussières, ils pénètrent
dans les poumons, s'y développent et repro-
dùisent la maladie.
i Aucun âge, aucune constitution n'est sûre-
ment à l'abri de leurs atteintes
t_ II est donc de l'intérêt de tous de veiller à
•l'exécution des prescriptions suivantes:
1» Il est interdit, dans tous les locaux de
l'administration des postes et des télégra-
phes, de cacher par "terre
r 2» Le balayage à sec est défendu. On doit
lui substituer le nettoyage des parquets à
l'aide de linges mouillés.
Toutes ces mesures sont excellentes et
l'on ne saurait trop féliciter le ministre
du commerce de les avoir prises d'ur-
gence, dès qu'elles lui ont été proposées
par son délégué à la Commission de la
tuberculose. Outre qu'elles protégeront
efficacement le personnel des postes et
télégraphes, elles auront encore, espé-
rons-le, cet excellent résultat d'initier le
public aux menaces permanentes du
terrible fléau et aux mesures d'hygiène
propres à y parer. Jules Cawlane.
OBSÈQUES
DE
M. HENRI DE BORNIER
.a..
Hier ont eu lieu.les obsèques de M.
nenri de Bornier. Elles ont été un écla-
tant hommage d'admiration et d'estime
pour le poète et pour l'homme. Foule
énorme, composée des personnalités les
plus connues dans les lettres.
Le cortège funèbre est arrivé à midi à
l'église Saint-Paul. Les honneurs mili-
taires étaient rendus à l'officier de la
.Légion d'honneur par une compagnie du.
:46«deJigna, ,fu -70< i .•' .•
Lé deuil était conduit par le capitaine
Magnan, gendre de M. de Bornier.
Les cordons du poêle étaient tenus
par M. Leygues, ministre de l'instruc-
tion publique et des beaux-arts; le vi-
eomte de Vogué, directeur de l'Académie
française; M. Jules Glaretie, administra-
teur du Théâtre-Français; M. Gaston
Boissief, secrétaire perpétuel de l'Acadé-
mie française; M- Muller, conservateur
de la bibliothèque de l'Arsenal; M. Her-
vieu, président de la Société des Gens
de lettres.
De magnifiques couronnes avaient été
dép'osées autour du cercueil nous cite-
rons, parmi les plus belles, celles de la
Comëflie-Française, de l'Odéon, de la
bibliothèque de l'Arsenal, du cercle de
la Critique, de la Société des auteurs
dramatiques, des Cornéliens, etc.
L'inhumation a eu lieu au cimetière
Montmartre. Neuf discours ont été pro"
poncés devant le cercueil.
M. Georges Leygues, ministre de l'ins-
truction publique, a parlé le premier au
nom du gouvernement. Il a fait, au mi-
lieu de l'émotion générale, et avec une
rare éloquence, l'éloge, du poète.
Nous n'en citerons que les passages
principaux
Je me souviens qu'un soir, dans le collège 9
de ma petite ville, on nous réunit dans la
salle d'étude, et qu'après un court entretien
sur Charlemagne et Rolland le professeur
d'histoire nous lut les strophes célèbres. Ce
fut comme un éclair qui déchirait notre
nuit.
Il noua sembla que nos âmes s'étaient su'
bitement élargies et qu'on les avait allégées
du poids de découragement et de misère qui
les accablait. 1 ?
Les enthousiasmes héréditaires 'venaient
de se réveiller en nous.
Le lendemain, les strophes volaient sur
toutes les lèvres, les regards étaient plus as.
surés, la démarche plus fière.
On s'était repris à espérer et à croire 1
Le nom de 1 homme qui accomplit de tels
miracles ne périra pas.
Henri de Bornier était un esprit haut et
• libre il sut rester fidèle â d'anciennes
croyances sans se croire oblige de calomnier
son temps.
IL croyait, avec raison, qu'un lien étroit
«mit le présent, au pagsé et que les siècles
nous ont légué des traditions et un patri-
moine de gloire et d'honneur que nous n'avons
le droit ni de répudier, ni de laisser compro-*
mettre.
En telle sorte que son théâtre est comme
une école de^ patriotisme et de vertu quel-
que chose comme le « manuel du bon Franr
çais». p,
Au nom du gouvernement de la Répubii»
que, j'apporte un dernier salut à Henri dé é
"tîornier qui fui un noble poète et un grand
patriote l
Le vicomte Melchior de Vogiié a parlé
au nom de l'Académie française et a re*
tracé avec éloquence la vie et l'oeuvre du
poète. ̃
M. Clarotie, au nom de la Comédie-
Française, a rendu hommage à l'auteur
de la Fille de Roland. Nous citerons ce
passage de son discours
M. de Bornier m'avait demandé, depuis des
aanèes, de faire entendre les nobles et patrio-
tiques paroles de son Charlemagne, un jour
de Samt-Charlemagne.
• L'an passé j'y étais parvenu et, le 28 jan-
vier 1900, M. Henri de Bornier disait fière-
ment à la compagne de sa vie, à cette famille
'exquise qui l'adorait et qui le pleure
Je suis joué le même soir à la Comédie-
Française et à l'Odéop mes çièces.vous voyez,
pont de celles qu'on peut faire entendre aux
jeunes gens?
Ses pièces, messieurs, étaient en effet de
celles qui font éclôre au cœur de ceux qui les
écoutent les grandes pensées venues du cœur.
Que ce fût le pur patriotisme incarné dans la
vieux Charles ou l'horreur du libelle et de la
calomnie exprimée par Bayard parlant à
l'Arétin, Henri de Bornier ne portait à la
scène que les nobles sentiments qui font le
poète à la fois inspiré etindigpé. La Comédie-
Française lui doit bien des œuvres supérieu-
res elle lui doit surtout un chef-d'œuvre qui
ne périra jamais.
M. Hervieu a parlé au nom de laSo^
ciété des Gens dé lettres et a rappelé que
M. de Bornier avait été le président de
cette Société, et que sa bienveillance
n'avait jamais fait défaut à quiconque
s'était adressé à lui dans les lettres.
Après le discours de M. Paul Ferrier,
qui a parlé au nom de la Société des
auteurs dramatiques, M- Henry Fou-
quier a prononcé quelques paroles émues
au nom de l'Association professionnelle
de la critique dont M. de Bornier faisait
partie depuis longtemps.
Il avait, en effet, a-t-il dit, exercé la cri-
tique dramatique et,l'avait fait avec cette
courtoisie et cette mesure sans lesquelles elle
perd sa bonne grâce littéraire, son autorité et
son utilité.
Dans notre Association, comme à l'Acadé-
mie, comme à notre Société des Gens de let-
tres, Comme partout en un mot, il était
estimé, respecté, aimé estimé pour son ta-
lent, respecté pour son caractère, aimé pour
sa bonté et sa belle humeur,
M. Muller a parlé ensuite au nom du
personnel de la bibliothèque de l'Arsenal
puis M. Mounet-Sully au nom des ar-
tistes, et M. Pintard'au nom des habi-
tants de la ville de Lunel où était né M. de
Bornier. M- Pintard a annoncé qu'une
statue du poète serait élevée dans cette
ville.,
Parmi les personnes qui ont assisté
aux obsèques de M. de Bornier, nous ci-
terons
MM. Paul Deschanel, Roujon, Sardou, Lar-
roumet, Albert Sorel, Ginisty, comte d'Haus-
sonville, Liard, Mounet-Sullv, Paul Mou*
net, Henry Houssaye, duc d'Audiffret-Pas-
quier, Lavisse, Lavedan, Sully-Prudhomme,
Gebhart, René Doumio, Jean-Paul Laurens,
Silvain, Mme Hartmann-Silvain, MM. Dieu-
lafoy, Gustave Rivet, Victorin Joncières,
René Brice
MM. le général Kirgener de Planta, lieute-
nant de Nàléche, marquis de Vogué, général
Barbe, Henri de Lapommeraye, de Saint-
Arroman, Léopold Delisle, Paul Meurice,
Albert Lambert, Mlle Leconte, Mme Barretta,
lieutenant-colonel Dérué, Gaston Devore;
MM. Roger-Régis Lamotte, A. Dorehain,
E.-S. Strauss, Ch. Formentin, E. Sarreau,
Lefèvre-Pontalis, Clément de Royer, P. Bon-
nefoy, Camille Flammarion, marquis de Vil-
leneuve, général Reibell, Ed. Haraucourt, de
Selves, docteur Grasset, Eugène Bouché, F.
Coppée, Paul Destrées, Catulle Mendès, G.
Toudouze, de Marcère, A. Theuriet, Gustave
Roger, agent général de la Société des au-
teurs dramatiques, etc.
Jean Villemer.
VIENT DE PARAITRE
A la Librairie Armand Colin
Problèmes politiques dit temps présent,
par Emile Faguet, de l'Académie fran-
çaise Notre régime parlementaire;
Armée et Démocratie le Socialisme
dans la Révolution française la Liberté
de l'enseignement les Eglises et l'Etat
(un volume in-i8, br-, 3 fr. 50).
Chez dilendorfï
L'Album d'Henry Bataille, Têtes et Pen-
sécs, va faire la joie de tous les salons et
nous pouvons prédire que les exemplaires,
bientôt, en deviendront rares. Ce sont
vingt-deux portraits de la littérature con-
temporaine, visages d'hommes et visages
d'oeuvres Mirbeau, Mfndès, Jean Lor-
rain, Pierre Louys, Jules Case, H. de Ré-
nier, Muhlfeld, Renard, Donnay, etc.
C'est une évocation surprenante et sou-
vent, ironique 1 du caractère original de
chacun des écrivains. Le document sera
sans prix pour les biographes de l'avenir
aujourd'hui, il en est peu qui puissent au-
tant piquer la curiosité parisienne.
Notre Service1 de Librairie se charge
d'envoyer, en France, ces ouvrages contre rem-
boursement.
“»- .^srs^yv»-
LA CHAMBRE
Jeudi 31 janvier 1901.
LES ASSOCIATIONS
Nous en sommes à l'article 1er de la loi
et le défilé des amendements commence.
II n'est pas près de finir-1
L'article Ier est ainsi conçu
L'association est la convention par laquelle
deux ou plusieurs personnes mettent en coin.
mun leurs connaissances ou leur activité dans
un but autre que de partager des bénéfices.
Elle est régie quant à sa validité par les prin-
cipes généraux du droit, applicables aux cou*
trats et obligatipns.
M. de Chambrun a demandé qu'on
substituât à ce texte une rédaction -plus
large et plus élastique: « L'exercice du
droit d'association n'a pour limites que
les droits et la liberté d'autrui, et la sé-
curité publique. »
M. de Chambrun faisait à la tribune
son premier début, et il ne dominait pas
complètement, à ce qu'il m'a paru, l'é-
motion qui en est inséparable. Sa voix
est faible, et on entendait moins son dis-
cours que les bravos de ses amis. Toute-
fois,sa bonne grâce et la juste sympathie
qui t'entoure ont valu à son amende-
ment une minorité présentable, 216 voix
contre 309,
M. Paul Beauregard, professeur de
droit, a un tempérament plus combatif.
Il a pris la parole sur un amendement
de M. Renault-Morlière, et en a ainsi ex-
pliqué le but:
M. Paul Beauregard. L'article l«r
du projet de la Commission contient essen»
tielfement deux choses une définition de
l'association et l'affirmation sans réserve que
les associations seront régies par les princi-
pes généraux du droit commun.
Notre amendement a pour but 1» la sup-
pression de toute définition de l'association,
en y substituant l'affirmation pure et simple e
que l'on reconnaîtra largement et librement
tous les citoyens le droit d'association;
2o contrairement à l'affirmation sans réserve
que les associations seront régies par les
principes généraux du droit commun, l'intrOi
duction formelle d'une réserve concernant
les exceptions qui doivent résulter de la pré-
sente loi. (Très bien très bien au centre et
à droite.) ut».
M. Beauregard ne veut pas entendre
parler de définitions; il les regarde
comme un nid à procès omnis definitio
periculosa. Suivant lui, celle de M. le
président du Conseil soumet à la décla-
ration préalable les associations les plus
fortuites, les plus moffensives» les plus
désintéressées. On ne pourra même plus*
faire une partie de crocket\sans en pré-
venir les autorités compétentes. Le texte
de la Commission menace les Comités
électoraux, les réunions électorales,
toutes tes réunions
M. Paul Beauregard: Vous avez tous
en province des amis qui ont l'habitude de
se réunir au café, à jour fixe, pour lire les
journaux et parler politique. Ceux-là mettent
en commun leurs connaissances et leur acti-
car nous leur donnons beaucoup faire
en ce moment. (On rit.) Eh bien toutes ces
petites réunions sont, avec votre projet, aux
mains du pouvoir, et le gouvernement
pourra, quand il lui plaira, les dissoudre.
(Très bien très bien au centre. Interrup-
tions à gauche.)
J'entends bien votre objection « Ge n'est
pas cela que nous voulons dire. » Alors, dites
ce que vous voulez dire (Très bien très
bien !)̃̃̃'̃̃
C'est le président du Conseil, directe-
ment visé, quia répondu à M. Paul Beau-
regard. Il a défendu sa définition et n'a
pas eu de peine à prouver que, sans
échapper absolument à la loi commune
qui est d'embrasser trop. ou trop peu,
elle présente beaucoup plus d'avantages
que d'inconvénients. Cette joute entre
deux juristes a été le duel ordinaire de la
théorie et de la pratique; M. Paul Beau-
regard représentant la théorie et l'école.
M. Waldeck-Rousseau a mis en pleine
lumière le sens et le but de ce mot
« contrat » qui domine toute la loi. J'y
insiste parce qu'il aura certainement lui-
même l'occasion d'y revenir, plutôt cent
fois qu'une. C'est le nœud de la ques-
tion
M. Waldeck-Rousseau, président du
Conseil. Qu'on le veuille ou non, toutes
les fois que des personnes seront d'accord
pour formuler un engagement, une obligation,
tl y aura un contrat ou une convention, et il
y aura aussi intérêt à définir cette conven-
tion ou ce contrat parce que chaque espèce
est régie par des règles particulières.
Cet intérêt est considérable quand il s'agit
de l'association, afin qu'on ne puisse pas la
confondre avec la société.
On a dit: « Qu'importe qu'une personne pos-
sède puisque ses biens circulent et que si elle
meurt son patrimoine est morcelé? » Mais, si
plusieurs personnes s'assemblent pour mettre
en commun leurs biens et recevoir des libé-
ralités de l'extérieur, ces biens vont former
un patrimoine immobilisé dans les mains de
l'association, et c'est pourquoi le danger
qu'elle présente provient de l'accumulation et
de l'immobilisatton de ces biens.
Si j'ai voulu une définition, c'est pour
qu'on ne confonde pas l'association avec la
société, et comme le plus souvent l'associa-
tion est une société, je me suis demandé le
caractère essentiel qu'elle devait -présenter
pour ne pas être une société. (Très bien! très
bien!) Ce caractère est indiqué par l'article
1832 du Code civil. Pour que des intérêts mis
en commun constituent une société, il faut
qu'il y ait partage de bénéfices.
Ce partage de bénéfices est donc la déter?
minante des sociétés de biens, et c'est pour-
quoi neus avons défini l'association « Une
convention par laquelle deux ou plusieurs
personnes mettent en commun leurs connais-
sances ou leur activité dans un but autre
que de partager des bénéfices, » (Applaudis-
sements à gauche.)
Le ministre s'est ensuite appliqué à
établir que, loin de constituer une me-
nace pour l'indépendance et la tranquil-
lité des associations, la déclaration préa-
lable était, au contraire, une garantie
pour elles, comme l'acte de naissance en
est t. une pour l'enfant qui vjent.au inonde
•V.Si vqùV- n'obligez :paé:, lèâ àjSsûciatioii^
à se faire connaître, vous réduisez par
cela même l'Etat à organiser une police
contre les associations occultes ».
Je n'apprendrai rien à personne en
disant, en répétant que lé président du
Conseil a obtenu son succès ordinaire.
M. Beauregard a répliqué et l'amende-
ment a été repoussé par 309 voix contre
232. Majorité, 77voix; toujours la même,
octo.décimale, ou peu s'en faut.
Un autre amendement de M. l'abbé
Lemire a eu le même sort que ceux de
MM. deChambrun et Rënault-Morlière.
M. Lemire Appréhendait que les petites
sociétés locales de gymnastique, de mu-
sique ou de tir, qui ont un local à elles
et qui perçoivent des cotisations, ne fus-
sent obligées de se transformer en so-
ciétés civiles ou commerciales. Le rap-
porteur, M. Georges Trouillot, l'a com-
plètement rassuré sur ce point; l'article 5
de la loi les garantit contre une aussi
invraisemblable exigence.
Il faut dire que cet article, S est nou-
veau, de rédaction toute récente, et qu'il
ne figurait pas dans. le texte primitif.
Aussi a-t-il donné lieu" à un petit échange
d'explications
M. le rapporteur, r- M. Lemire a fait allu-
sion à une décision prise par la Commission
et dont le texte n'a pas été distribué.
M. Piou.– Comment peut-on discuter une
question aussi importante sans avoir le texte
sous les yeux? î
M. le rapporteur. -r S'il fallait que la
Commission distribuât un texte nouveau, eba-
que fois qu'elle prend une décision, le budget
de la Chambre en souffrirait. (Très bien; très
bien au centre et à droite.)
M. Anthime-Ménard. Lisez-nous au
moins l'article 5 que vous opposez à l'amen-
dement de M. Lemire.
M. le rapporteur. Voici ce nouveau
texte
« Toute association, légalement constituée,
peut, sans, aucune autorisation spéciale, tester
en justice et posséder et administrer, en de-
hors des subventions de l'Etat,; des départe*
ments et des communes
)) 1° Les apports mobiliers versés par ses
» membres conformément à ses statuts;
» 2o Le local destiné à l'administration de
»l'association et à la réunion de ses mem-
» bres
» 3» Les immeubles strictement nécessai-
» res à l'accomplissement du but qu'elle se
» propose ».
M. Piou. Admettez-vous que les mi-
neurs et les femmes mariées pourront. faire
partie d'une association ? Y
M. le rapporteur. Ce serait en dehors
du droit commun. (Exclamations sur divers
bancs â droite et au centre.) Comment n'aper- `'
cevez-vous pas ce qu'il y aurait de dangereux
dans une pareille innovation ? `l
Plusieurs membres à droite et au centre.
Et l'Association des femmes de France ? 9
M. le rapporteur. Comment pouvez*
vous admettre qu'une femme, sans l'autorisa-
tion de son mari, puisse entrer dans une
association, s'y lier et s'y créer des droits ? "?
(Réclamations sur divers bancs à droite et au
centre.)
M. Lemire nous demande d'indiquer que
les principes de droit commun à toutes les
obligations sont applicables aux associa-
tions. C'est une chose inutile et qui va de soi.
Je prie la Chambre de repousser l'amende-
ment. (Mouvements divers.)
Après ces explications, l'amendement
de Fabbé Lemire n'avait plus grande uti-
lité, il n'a recueilli que 96 voix.
En revanche, lé gouvernement et la
Commission se sont empressés d'ac-
cueillir une petite une grosse addi*
tion de texte .proposée par M. Charles
Ferry. « L'association est un contrat par
lequel plusieurs personnes mettent en
commun leurs connaissances et leur ac-
tivité, etc. » Telle était la rédaction de
l'article ler. M. Charles Ferry a abtenu
qu'on y introduisît ces mots « d'une façon
permanente » la permanence étant en
effet une des marques caractéristiques
de l'association.
Ce résultat, qui ne sera pas le seul
prouve que l'intransigeance n'est pas
à l'ordre du jour, et il vaut mieux qu'il
en soit ainsi. Autrement, on eût attribué
le vote de la loi à un parti pris opiniâtre
et irréductible, à un coup de majorité.
M. Julien Goujon, député du centre,
jurisconsulte délié et un peu subtil, a de-
mandé que l'article 2 fût incorporé dans
l'article 1er. S'il faut l'en croire, cette in-
corporation suffirait pour préserver tous
les partis de certains pièges 'qui se ca-
chent, suivant lui, dans les dessous de la
loi. Il a avoué que, semblable au héros
de Chavette, il avait de la méfiance, et il
a invité ses collègues de l'extrême gau-
che socialiste à partager son inquiétude
« Vous nous aimez trop! » lui a crié
M. Jourde. • w
Et comme il ajoutait que la situation
du parti socialiste serait moins bonne
après le vote de la loi, M. Jourde l'a in-
terrompu de nouveau « Et vous n'en
êtes pas enchanté » »
M. Julien Goujon s'en est défendu. Il
veut la liberté pour tout le monde et il
estime qu'un certain nombre de lois,
non abrogées, fourniront à un gou-
vernement malintentionné des armes
offensives contre lesquelles la loi ac-
tuelle ne sera qu'une insuffisante pro-
tection. Le vrai rempart, à ses yeux,
serait la fusion de l'article lw et de l'ar-
ticle 2, qui aurait l'avantage de remettre
la connaissance de tous les litiges à la
juridiction civile. r
Je confesse que je n'ai pas très bien
saisi comment se produirait cette heu-
reuse conséquence. Elle a échappé au
rapporteur lui-même. M. Trouillot a ré-
pondu que les difficultés signalées par
M. Julien Goujon étant de purs fantô-
mes, l'amalgame des deux articles n'au-
rait pas la vertu de les faire disparaître,
que toutes les thèses politiques, y com-
pris la nationalisation des biens, demeu-
raient ouvertes à la discussion, et que
les magistrats correctionnels ne pour-
suivraient que des délits caractérisés.
L'amendement de M. Goujon a été re-
poussé par 330 voix contre 227 majo-
rité, i03 voix et l'article fer a été voté
ensuite par 353 voix contre 93, et une
centaine d'abstentions. La route est lon-
gue, mais on a fait un pas, un petit pas.
Qui veut voyager loin, ménage sa mon-
ture.
Pas-Perdus,
LE SÉNAT
LE BUDGET DE 1901
Le Sénat a enfin abordé la discussion
du budget de 1901 il est permis de sup-
poser qu'avec tout le dévouement dont
il est capable, il conduira rapidement
cette discussion et qu'elle pourra s'ache-
ver à brève échéance.
La séance d'hier a été consacrée exclu-
sivement à la discussion générale et elle
a été remplie par deux grands discours,
l'un du rapporteur général, M. Antonin
Dubost, l'autre' de M. Caillaux, ministre
des finances, V' 7' v f
M. Antonin Dubost, auteur d'un rap-
port général très travaillé, très docu-
menté, a défendu son œuvre à, la tribune
du Luxembourg. Il l'a fait avec habileté.
Il a commence par une critique du
budget soumis au Parlement pour 1901,
qui n'améliore ni la situation du Trésor
ni la situation économique de la France.
L'examen des éléments de ce budget
révèle les causes profondes d'un pareil
état de choses; nous dépensons trop et
non seulement nous augmentons sans
cesse nos dépenses, mais nous ne savons
même pas évaluer nos dépenses de cha-
que année au chiffre vrai qu'elles attein-
dront.
Si l'on étudie les budgets des différents
exercices, depuis le commencement du
siècle, on est frappé de ce fait que sans
cesse les dépenses inscrites au budget
ne représentent qu'un minimum tou-
jours dépassé dans la pratique et abou-
tissent toujours à augmenter les déficits
d'ancienne origine.
Le budget de cette année n'échappe
pas à la règle.
Et après avoir versé un pleur sur la
crise traversée, le rapporteur général a
constaté qu'il était de l'intérêt du pays
d'inaugurer le nouveau siècle par une
réforme complète de nos vieilles habi-
tudes budgétaires.
La première règle que les pouvoirs pu-
blics doivent s'imposer est de faire ren-
trer, bon gré mal gré, dans le budget les
dépenses qui sont encore payées sur
d'autres ressources que les revenus ordi-
naires du Trésor public.
La seconde mesure qu'on doit se pro-
poser pour but, c'est la réduction de la
dette.
Nous avons la plus grosse dette du
monde; que faisons-nous pour la ré-
duire ? Rien ou presque rien
En réalité, le rapport de l'impôt à la popu-
lation, l'importance des richesses possédées
sont démêlements d'appréciation considéra-
bles, mais ne sauraient constituer le critérium
exclusif des charges qui pèsent sur un pays.
Il faut envisager, en outre, sa situation éco-
nomique par rapport a celle des nations avec
lesquelles il est en concurrence, et, en der-
nière analyse, c'est cette comparaison qui
peut seule permettre de porter un jugement
définitif.
Sans doute, s'il résultait de la comparaison
que, malgré des charges numériquement plus
lourdes, la progression économique de ce
pays n'est pas entravée, qu'au contraire il
prend de l'avance sur les autres, que tout au
moins il n'est pas distancé par eux, ce serait
évidemment la preuve que la supériorité de
ses charges est compensée par d'autres élé-
ments de développement" et probablement
par l'habile emploi qu'il sait faire de ses ri-
chesses ou de ses capitaux et par l'activité,
l'intelligence et l'esprit d'initiative plus grands
de ses habitants. Mais, s'il en est autrement,
on peut avoir la certitude que c'est, pour une
part importante, au poids excessif de ses
charges improductives qu'il faut attribuer
son infériorité économique.
C'est pour cela que je ne désespère pas de.
ce pays. Je pense qu'il se relèvera, s'il y est
aidé, et qu'il reprendra le rang qu'il n'aurait
jamais du perdre:
S'il n'a plus ce rang actuellement, c'est le
poids excessif de l'impôt qui en est la cause.
Nous subissons une sorte de dépression
économique, due aux charges qui nous acca-
blent.
Ces charges, il est évident qu'il faudrait
tendre à les alléger. Au lieu de cela, on les
augmente sans cesse.
M. le rapporteur général a fait plus
loin allusion aux crédits considérables
que consomment nos services militaires
et à appelé l'attention du Sénat sur la
nécessité d'éviter les gaspillages" et les
abus. Mais en réalité, il s'est surtout li-
'vré à de longues considérations sur la
situation budgétaire du pays plutôt que
de s'occuper spécialement du budget
de 1901. <¿
C'est ce qu'a fait remarquer dès le
début de sa réponse M. Caillaux qui s'est
au contraire attaché à défendre son œu-
vre financière.
Le ministre des finances a constaté les
progrès dont le budget de 1901 portait la
trace. Il avait déclaré l'an dernier qu'il
fallait achever l'unité budgétaire et forti-
fier l'amortissement: ce double but a été
atteint:
Ce que je tiens à indiquer au Sénat, c'est
que le budget que nous lui présentons est un
budget sincère où nous avons tenu compte
et des avertissements qui nous avaient été
donnés et des engagements que nous avions
pris. Il me semble d'ailleurs que les criti-
ques de M. le rapporteur ont porté sur l'en-
semble de nos budgets plutôt que sur le bud-
get de 1901.
M. le rapporteur a dit que depuis 1815 le
régime presque chronique de nos budgets
était le déficit. Il aurait pu remonter plus
haut et parler des budgets de la monarchie.
Il y a une lettre bien amusante de
Louis XV à Choiseul: « Les voleries sont
énormes, lui écrivait-il. Qu'y faire? Fleury a
essayé de les arrêter, il n'a pas réussi; tenez.
vous tranquille. Mais je ne voudrais pas.
prendre les budgets de la monarchie comme'
exemple.
Admettons que depuis 1815 il y ait eu des
budgets en deficit, on ne peut nier que de-
puis dix ou quinze ans il y a un progrès no-
table, les regles financières ont été appli-
quées et depuis plusieurs années on ne ren-
contre plus dans nos budgets les fantaisies et
les irrégularités qui ont signalé certains bud-
gets antérieurs.
Ce que vous ne pouvez contester, c'est que
de 1895 à 1900, pour la première fois depuis
bien longtemps, la dette a diminué. Pour
établir son raisonnement, M. le rapporteur a*
pris l'année 1893. On ne peut prendre comme
exemple une seule année, il faut en connaître
plusieurs. Eh bien depuis 1895, votre dette
a certainement diminué.
Grâce à mes prédécesseurs, grâce aux
Chambres, a ajouté le ministre, de très
grands progrès ont été réalisés. Certes.
il peut rester beaucoup à faire
Nous avons à supporter un budget mili-
taire, un budget d outillage économique et
un budget démocratique, et nous devons en
payer les dépenses à l'aide des ressources de
l'impôt.
Je crois qué nous pouvons y arriver, mais
à condition de nous imposer une discipline
sérieuse, à condition de résister aux tenta-,
tions qui se présentent chaque jour, à condi-
tion de ne pas céder à certains entraînements,
à. certains engouements (Très bien très
bien!), à condition d'avoir toujours présent à
l'esprit ce fait que le budget ne peut pas sup-
porter des dépenses indéfinies.
On ne peut pas accroître indéfiniment les
charges du pays sans porter atteinte à ses
forces productives. Si 1 on dépassait la me-
sure, on le mènerait à la ruine.
Je fais appel, aujourd'hui plus que jamais,
à l'esprit de prudence, de sagesse, dont le
Sénat a donné tant de preuves. Je lui de-
mande de veiller avec plus do sévérité que
jamais à l'emploi de l'argent du pays. (Très
bien très bien! Applaudissements sur
un grand nombre de bancs.)
Le succès de M. Caillaux a été consi-
dérable et légitime et dès qu'il fut des-
cendu de la tribune, la clôtura de la dis-
cussion générale a été prononcée.
Le Sénat abordera donc aujourd'hui
les budgets des. divers ministères en
commençant-par celui de la justice.
Au début de la séance la Chambre
haute avait élu un secrétaire en rempla-
cement de M. Le Cour Grandmaison,
décédé: c'est M. Bodinier qui a été
nommé par 147 voix sur 165 votants.
Edmond MiUaud.
COULISSES PARLEMENTAIRES
Les Prévoyant» de l'Avenir
Nous aurons aujourd'hui, a% début de la
séance de la Chambre, la discussion d'une
proposition de M. Berry et de quelques-uns de
ses collègues, proposition qui tend à inviter
le gouvernement à rapporter le décret du
3 avril dernier visant la Société des pré-
voyants de l'avenir.
Le président du Conseil avait d'ailleurs
rendu son décret à la suite d'une démarche
faite auprès de lui par les représentants
d'une des grandes Commissions parlemen.
taires,et la proposition de M. Berry n'est pas
faite pour créer le moindre embarras au gou-
vernement.
ContniisDion des •ssociatiçag
La Commission des associations s'est com-
plétée par l'élection d'un nouveau membre.
Depuis un an, en effet, il y avait un siège
vacant par suite de la démission ae M. Cuneo
d'Ornano qui, après l'accident de chemin de
fèr dont il avait été victime, s'était trouvé
dans l'impossibilité de siéger. Depuis son ré-
tablissement, Mi Cuneo d Oroano avait ma-
nifesté l'intention de retirer sa démission et
de revenir prendre sa place à la Commission.
Mais le bureau de la Chambre, consulté, a
estimé que la démission était définitive et
qu'il y avait nécessité de procéder à une nou-
velle élection. Celle-ci a eu lieu hier, dans le
8« bureau qui avait élu, à l'origine, M- Cuneo
d'Ornano.
M. Charles Bos, partisan du projet gouver*
nemental, a été élu par 14 voix contre 11 à
M. Cuneo d'Ornano.
Les »leni militaires
On sait qu'un projet de loi a^tê récem-
ment déposé sur la tribune de Il Chambre,
allouant une pension viagère de 150 fr. à tous
les anciens soldats, âgés d'au moins soixante-
cinq ans, qui ont servi sous le régime de la
loi de sept ans.
A la suite de démarches très actives faites
par la Ligue de revendication des anciens
militaires, cet intéressant projet qui répare
un regrettable oubli dont jusqu'ici ont été
victimes de bons serviteurs de la France
va. être mis à l'ordre du jour de la Chambre.
le budget ou f énst
Après avoir achevé, en une seule séance, la
discussion générale du budget de 1901, le
Sénat a réglé l'ordre de sestravauxpour l'exa»
meu des budgets des -divers ministères.
Il discutera, tout d'abord, le budget de la
justice. Viendront ensuite, et dans cet ordre,
ceux de l'Imprimerie nationale, la Légion
d'honneur, l'intérieur, les services péniten-
tiaires, les cultes, la guerre, la marine, les
affaires étrangères, les protectorats, la Caisse
des invalides de la marine, l'Assistance pu-
blique, les beaux-arts, le commerce, les pos-
tes et télégraphes, la Caisse nationale d'épar-
les colonies, chemin de fer et port de la
Réunion, chemin de fer du Soudan, l'agri-
culture, les travaux publics, annuités et ga-
ranties d'intérêt, chemin de fer de l'État,
finances, médailles et monnaies et, enfin, la
loi de finances.
On pense qu'en une quinzaine de jours le
Sénat aura pu statuer sur ces divers budgets.
Nous n'aurions plus ainsi à' redouter un
nouveau douzième provisoire.
Pa«l Héœery-
Nouvelles Militaires
Armée de Terre ̃ ̃
Service de santé
Deux concours s'ouvriront à l'Ecole à' ap-
plication du service de santé militaire, l'un
le 2 septembre 1901 pour un emploi: de pro-
fesseur agrégé (section de médecine à ladite
école), l'autre le 14 octobre 1901 pour l'em-
ploi de répétiteur à l'Ecole de Lyon (section
de chirurgie).•̃
Les candidats à l'Ecole du service de santé
militaire sont prévenus que le ministre de la
guerre a fixé à 100 le nombre des élèves à ad-
mettre à ladite é,cole à Ja suite 4u concours
de cette année.
Les élèves démissionnaires avant leur en-
trée à l'Ecole seront remplacés de manière à
compléter l'effectif présent à 100 au moment
de- l'ouverture des cours.
Service d'ëUt-major
M. de Jacquelot de Boisrouvray, colonel
breveté du 60» d'infanterie, est mis en acti-
vité hors cadres pour être affecté au service
d'état-major et nommé à l'emploi de chef
d'état-major du 28 corps, en remplacement du
général Durand, nommé au commandement
de la 80* brigade d'infanterie.
Au 5e chasseurs
Le ministre de la guerre vient de faiy con-
naître à la municipalité de Neufchiteau que
le 5e régiment de chasseurs ne rentrera dans
cette ville que lorsque l'autorité militaire
aura reçu complète satisfaction pour l'eau de
la caserne.
Si la municipalité ne se décide pas à pren-
dre à bref délai les dispositions nécessaires
pour amener de l'eau potable à Rebeuval, le
régiment sera définitivement enlevé à la gar-
nison de Neufchâteau.
La présence d'un régiment dans une ville
étant une source de bénéfices considérables
pour les commerçants, c'est bien le moins
que les édiles fassent les dépenses nécessai-
res pour le conserver.
Armée coloniale
MM. les colonels Richard et La Fournier
sont provisoirement détachés dans les ser-
vices techniques de l'artillerie navale, ainsi
que M. le lieutenant-colonel Maillé. :̃
Ils continuent à concourir pour le service
colonial.
Le capitaine Gurdani, du 56 régiment d'in-
fanterie coloniale, est désigné pour servir au
1er régiment de tirailleurs sénégalais, par
permutation de tour de départ avec le capi-
taine de Belenet, du 4e ségiment. Il s'enibar-
quera à Marseille le 5 février.
Le capitaine Beulé, de la 2« compagnie
d'ouvriers de l'artillerie coloniale à Brest, est t
classé à l'état-major particulier st mis à la
disposition, du ministre de la marine pour
servir à l'état-major général (affaires militai-
res de l'expédition de Chine).
Henri Mazereau.
NOTES DW .P~
le ne yeux pas juger, au point de vue
économique, 1a grève des employés du
Métropolitain. En matière de grève, il est
toujours assez difficile de discuter qui a
tort et qui a raison, et c'est pour cela que
la plupart des^rèves se terminent-généra-
lement par une cote mal taillée. Mais si le
fond est obscur, la forme est très claire, et
l'on ne saurait trop s'élever contre la façon
dont les employés du Métropolitain,
hommes et femmes, ont mis littéralement
la clef sous la porte. •
Qu'ils/aient des griefs contre la Compa-
gnie, c'est très possibW. Il se peut même
que ces griefs soient légitimes.. M3is- en
quoi" le public en est-U /.responsable, "et
quelle raison de priver ainsi, sans crier
gare, sans le moindre avertissement préa-
lable, tant de petits employés, tant d'ou-
vriers du moyen de locomotion auquel '"ils
s'étaientdéjàhabitués,et dont deux ou trois
aventures pareilles auraient bientôt fait de
les désaffectionner?
Nous l'avons observé bien souvent
toute grève, pour réussir, doit avoir pour
elle l'opinion publique. Or l'opinion pu-
blique est généralement assez égoïste elle
veut bien compatir aux souffrances d'au-
trui, mais à la'condition de ne pas souffrir
elle-même. Il se peut que la Compagnie
ne se soit pas beaucoup souciée des em-
ployés, mais les employés ne se sont pas
beaucoup souciés des voyageurs, et par là
contrairement au précepte de l'Evangile,
ils ont fait aux autres ce qu'ils ne voulaient
pas qu'on leur fit à eux-mêmes. C'était
bien mal engager l'affaire, car le commen-
cement de la sagesse, quand on entreprend
une campagne, est de se faire des specta-
teurs des alliés, et non pas des adver-
saires.
j
L'HIVER
Si vous voulez vous guérir des -rhu-
mes, toux, bronchites, catarrhes, et de
toutes les maladies de la poitrine et des
voies respiratoires si vous voulez, évi-
ter la grippe et vous préserver de ses
suites et complications; si vous voulez
fortifier vos bronches, vos po,uàions et
votre estomac, prenez, à chaque repas,
deux Gouttes Livoniennes de Trouette-
Perret. Ce sont de petites capsules com-
posées de créosote purifiée, goudron de
Norvège et baume de Tolu, sans aucun
goût et se prenant facilement en man-
geant.
Se vend 3 francs le flacon 4e 60 cap-
sules ou gouttes, dans toutes les phar-
macies, et chez l'inventeur, 15, rue des
Immeubles-Industriels, à Paris, -v Exi-
ger les noms « Gouttes Livoniennes de
Trouette-Perret » sur chaque flacon.
L'Incendie du boulevarddes Italiens
-41i8'"
Le boulevard des Italiens était à peu
près désert la nuit dernière, vers quatre
heures. Quelques rares passants attar-
dés, quelques ouvriers matineux pres-
saient le pas, sous la neige qui, depuis
un certain moment, tombait a gros flo-
cons. Tout à. coup, un cri sinistre reten-
tit « Au feu! » ..1
Une hiftur intense venait d'apparaître
au sommet de la maison portant le n° 8.
Quelques secondes plus tard, une épaisse
colonne de fumée s'échappait par m toit
embrasé et s'éleyait vers le ciel. Le
boulevard se trouva subitement illu-
miné.
Un incendie venait d'éclater au qua-
trièmeétage de cette maison, au-dessus
de la salle des spectacles de Robert-
Houdin, dans les ateliers deM. Clément-
Maurice, photographe, le successeur de
M. Tourtin. Alimenté par les produits
chimiques emmagasinés dans, le labora-
toire, il prit en un clin d'œil une vasks
extension et fit éclater toute la verrière.
Des agents coururent aux avertisseurs
les plus proches et téléphonèrent aux
pompiers. En même temps, on s'occupa
du sauvetage des locataires de l.'im-
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