Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1897-09-28
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 septembre 1897 28 septembre 1897
Description : 1897/09/28 (Numéro 271). 1897/09/28 (Numéro 271).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Mardi 28 Septembre 1897
««•Année 3*Sérte N* 271
Le Numéro = SEINE & SEINE-ET-OISE 15 centimes *=> DÉPARTEMENTS 20 centimes
KDE RODAYS A. PÉRIVIER
directeurs Gérants
ffi DE RODAYS, Rédacteur en CJlgfi e
A* PÉRIVIER, Administrateur
RÉDACTION
ADMINISTRATION PUBUCTEËT-
26, Rue Drouot, 26 PARIS
"Hi DFVI^LEMESSANT, Fondateur
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LafabricÉon
{ des ratés
On. a chargé un juge d'instruction
d'examiner le cas du docteur Laporte,
médecin lamentable, accoucheur à la
main malheureuse, mais pourquoi ou-
blie-t-on de désigner le juge qui devrait
instruire le procès de ceux qui ont ac-
couché de tous les autres docteurs
Laporte?
C'est évidemment fort généreux et fort
salutaire de.foudroyer, d'achever de bri-
ser une épave, un ballotté de la vie, un
raté. pour employer le mot brutal qui
englobe tant de misères différentes, celles
qui sont injustes et celles qui sont méri-
tées. Cela dispense de la tâche plus diffi-
cile' de s'attaquer à la grande fabrique
de ratés elle-même.
Elle est grande ouverte. Elle fonc-
tionne, plus activement que jamais,
avec tout son outillage d'illusions, de
gavage cérébral, de diplômes et de ré-
compenses officielles. La fabrique est
en pleine prospérité ce qu'elle a jus-
qu'ici jeté dans la circulation de docteurs
Lapof te n'est rien auprès des fournées
qu'elle prépare. Les générations nais-
santes et grandissantes sont la matière
première qu'elle attend pour la jeter
toute vive dans ses laminoirs et ses
fours Four des médecins, Feur des avo-
cats, Four des beaux-arts, Four de l'Uni-
versité, Four des sciences pratiques,
car le châtiment du positivisme de notre
siècle est qu'il a aussi sa bohème, et
qu'il faut avoir passé par l'Ecole poly-
technique pour être un des cinq cents
cantonniers attendant fébrilement cha-
que tas de cailloux disponible.
Le docteur Laporte est un raté certes,
mais des plus attendrissants et des plus
dignes de respect que nous ayons vus de
longtemps dans le défilé des faits divers.
Au lieu de le jeter au Dépôt et de le flé-
trir même par une possibilité de con-
damnation, par un doute sur ses chances
d'acquittement, une société bonne et
juste aurait dû immédiatement le tirer
de la misère et, si elle tenait les pro-
messes mensongères dont elle est pro-
digue, lui donner un emploi officiel.
^HélasJ quand on a vu d'un peu près,
dans là vie comme dans la médecine,
quel imperceptible fil de la Vierge sépare
le succès de l'avortement et le déclassé,
je ne dis pas de l'homme remarquable,
mais de l'homme qui a réussi, on est dis-
posé à accorder aux pauvres ratés bien
de l'indulgence.
D'ailleurs, les circonstances mêmes
qui ont fait coffrer le docteur Laporte
pouvaient, avec un veinard, devenir
le commencement d'une célébrité. Plus
tard on aurait pu lire dans les bio-
graphies illustrées « Lorsqu'il était en-
core peu connu et en proie à toutes
les difficultés de la vie, l'illustre médecin
pratiqua un accouchement avec une
audace et un sang-froid extraordinaires.
11 n'avait sous la main que de misérables
outils un,marteau de cuisine, un vieux
morceau de ferraille. Le temps pressait.
On n'avait ni le loisir, ni les moyens de
se procurer des instruments de précision.
Le docteur Laporte ne sauva ni l'enfant
ni la mère, parce que cela était impossi-
ble, mais théoriquement l'opération fut
acTmirablement réussie. »
La vie du médecin est pleine de ces
casse-cou. La foule ne s'est jamais ameu-
tée contre un avocat qui perd tous ses
procès avec une maladresse insigne. Elle
est facilement montée contre un médecin
que, la nature s'est pour une fois refusée
à seconder. L'admirable devise d'Am-
broise Paré perdrait tout son prestige
ainsi retournée « Je le pansay, Dieu ne
le guarit point », et ce n'est pas à Dieu
qu'ôn s'en prendrait, mais à Ambroise.
J'ai eu pour ami d'enfance un brave
et intelligent garçon qui fut médecin il
rie servirait à rien de citer son nom,
puisqu'il est mort jeune et sans avoir
eu le temps de se faire connaître.
Un jour, il se trouvait dans une chau-
mière de la basse Bretagne, auprès d'une
femme prête à accoucher; les hommes
étaient allés aux champs, et il ne demeu-
rait pour l'assister qu'une vieille impo-
tente et de mauvais vouloir. L'enfant
vint au monde n'ayant même pas le
souffle; il fallait avoir le merveilleux
instinct, l'entraînement subtil de certains
de la profession pour s'apercevoir que
ce souffle, on pouvait le lui donner,
et compléter l'œuvre incomplète de la
vie. Mais il eût été nécessaire d'avoir
toute une série de remèdes et d'agents
que les chaumières et même les villes
bretonnes ne possèdent g"uère. Dans la
vie, le beau se panache souvent de gro-
tesque. Mon ami avisa dans la cheminée
la marmite où chauffait la soupe de la
famille. A la grande stupéfaction et mal-
gré l'opposition de la vieille qui retrou-
vait alors toute son énergie, il pTongea
l'enfant dans cette soupe toute chaude, le
replongea, le tamponna, le frictionna, et
de la loque incertaine qu'il avait eue en-
tre les mains il fit un enfant vivant et
bien vivant. Voyez-vous, à Paris, dans
une occurrence semblable, la colère, les
sarcasmes qui se seraient déchaînés, en
cas d'insuccès, contre ce morticole qui
trempait les enfants dans la soupe bouii..
lante 1 Ce serait déjà très joli, dans la
réussite, d'éviter le ridicule.
L'aventure du docteur Laporte n'a rien
que de normal et de courant. Ce n'estpas
pour s'amuser qu'il s'escrimait du mar-
teau rouillé et de la ferraille ébréchée.
La différence est grande entre les riches
ovariotomistes à qui leurs crimes rap-
portent des rentes et ce désespéré qui
cherchait à sauver un être par les seuls
moyens qu'il avait. Aussi est-ce pour
cela. Que nous disions qu'il eût été encore
moins injuste de le récompenser pour
son intention et pour ses efforts que de
l'emprisonner pour le malheureux résul-
tat de l'opération.
̃̃ :̃̃̃ y ..̃
Mais la société, qui jette par milliers
les ratés dans la circulation, ne s'occupe
d'eux désormais que pour les écraser
quand une mésaventure attire l'attention
sur eux. Elle détourne ainsi, à peu de
frais, la colère que nous devrions res-
sentir pour ses propres fautes.
C'est trop commode, encore un fois,
de ne s'en prendre qu'à ces dévoyés, à
ces vaincus, à ces avortons, et de ne
point s'occuper de l'usine Si nous ju-
geons coupable un pauvre diable de
bohème médical qui charcute plus ou
moins maladroitement un nouveau-né,
que devrions-nous dire des illustres mal-
faiteurs dont les utopies ont engendré
des légions de tels bohèmes? Faiseurs
de programmes et chasseurs de popula-
rité, esprits faux et menteurs qui n'ont
su acquérir leur gloire qu'en faisant dé-
railler le monde, ils ont poussé vers
une sorte de krach moral quantité
d'existences, comme certains financiers
véreux attirent vers la ruine quantité de
petites fortunes. Ils ont spéculé sur l'ins-
truction et sur les professions libérales-
comme sur une valeur de Bourse.
Il était strictement honnête de recon-
naître qu'une partie de l'humanité, la
plus considérable, est organisée seule-
ment pour produire un travail matériel,
une besogne toute de main-d'œuvre ou
de force physique, et qu'une autre, beau-
coup plus restreinte, est appelée à tra-
vailler des yeux, du cerveau et de la
parole.
Etait-ce pour cette seconde catégorie
un privilège? Non, "c'était plutôt une
destinée, pour ne pas dire une fatalité.
L'erreur, pour ne pas dire le crime,
de ceux qui ont dirigé le monde moderne
depuis un siècle et demi a été de faire
croire à la foule que l'instruction, et par
suite la faculté d'exercer les professions
libérales, constituait une aristocratie, une
distinction, et surtout un moyen de faire
fortune. Ils ont ainsi transformé en un
objet de cupidité ce qui était jadis un
honneur involontaire et périlleux, ou
bien tout simplement une honnête façon
d'employer les jours qui nous furent
départis-.
Toute simplicité commença alors à
être bannie de la vie; toute modestie
abandonna les intentions. Les artisans
renièrent leur métier et les laboureurs
eurent honte de la terre. T<)us les bien-
faits de Tîgnorâricë^îïîspârurëni, peu à
peu. Les enfants de ces gens qui étaient
déjà ébranlés et détournés de leur na-
ture se mirent à rougir de leurs pères.
Des farceurs, et des nigauds qui les ren-
forcèrent, proclamèrent qu'enfin l'huma-
nité était émancipée, et que pour la pre-
mière fois les fils du peuple pouvaient
s'élever vers de brillantes destinées grâce
à leur intelligence, comme s'ils en
avaient jamais été empêchés
Ce furent les commencements de la
grande fabrique des ratés. Des usines et
des succursales s'élevèrent, sous le nom
de lycées, de facultés et d'écoles spéciales.
Tous les cerveaux devaient y être pres-
sés dans les mêmes moules, badigeon-
nés des mêmes vernis. Le public s'y
rua, et les familles crédules s'imposèrent
des sacrifices pour jeter à la fabrique
des enfants qui auraient fait de bons et
estimables manœuvres et ne purent
même que rarement, et par des coups
de chance, faire de mauvais médecins,
de fâcheux avocats, d'innombrables
fonctionnaires et d'abominables artistes.
Enfin, c'est notre propre temps qui
trouva le couronnement de tout, l'ef-
frayante conclusion, en décrétant l'ins-
truction obligatoire L'instruction obli-
gatoire, comme on aurait pu, pendant
qu'on y était, déclarer obligatoires l'intel-
ligence, ou le chaud ou le froid, ou le
bonheur, ou une couleur de cheveux.
C'est par d'aussi grossiers moyens que
des gloires s'édifièrent, que des situations
puissantes furent acquises, et que de
solennels prud'hommes ou de rusés co-
quins devinrent vénérables. Pendant ce
temps, les fours de l'usine regorgeaient
de recrues et dégorgeaient de ratés.
Il n'est pas à prévoir que cela s'arrête
de sitôt le nombre des candidatures
aux professions dites libérales, devenues
les pires des enfers, s'augmente en rai-
son inverse du besoin que l'on a de ces
professions mais la proportion des ratés
s'accroît en raison directe de la multipli-
cation des candidats.
Dès à présent il serait très salutaire
que l'on ne forçât plus les enfants à ap-
prendre à lire.
Arsène Alexandre.
AU JOUR LE JOUR
TRIANON y 1
C'est demain qu'ouvre Trianon, le « palais
de la chanson >, sorti du milieu des décom-
bres de feu l'Elysée-Montmartre, comme jadis
le Phénix renaquit de ses cendres. C'est un
imprésario intelligent, actif et avisé qui a été
le magicien de la transformation.
Son nom ? Albert Chauvin.
Son signalement ? Un homme jeune, aima-
ble, de taille moyenne, à la brune moustache,
à l'œil noir bien ouvert, toujours en mouve-
ment, toujours en recherche, qu'on croit tenir
et qui vous échappe toujours; au demeurant,
le meilleur fils du monde.
Hier, en boulevardant sur la Butte sacrée,
que feu Salis l'homme au chat appelait
le cerveau de Paris, nous avons rencontré
M. Chauvin lui-même, et nous l'avons emboîté,
non sans souffler, car il a le pas d'un écu-
reuil.
Eh bien lui dîmes-nous vous ouvrez
donc demain, et pour tout de bon, cette fois ?
Certes, et sans remise. Songez donc ce
devait être pour le ter août, mais le i-er août
des ajchitsctes, ça n'est que fin septembre.
Ah! ils sont terribles, les architectes, les entre-
preneurs, les ouvriers ils font des montagnes,
avec des nids de fourmis. Ah mon cher ami,
ne faites jamais bâtir.
Je tâtai la pièce de cinq francs 45 o/o de
perte sur la valeur réelle qui languissait,
solitaire, en mon porte-monnaie, et je répon-
dis, avec assurance il faut toujours, en
avoir, n'est-ce pas ?
Non, je ne ferai pas bâtir aujourd'hui! 1
plus tard peut-être? bien plus tard! Alors
vous ouvrez donc votre salle d'été en automne.
Pour l'été que nous avons eu, il ne faut
pas trop s'en plaindre. On peut même dire qu'il
commence à peine, voilà le soleil qui se montre
enfin. J'avais envie de mettre sur mes affi-
ches c Ouverture de la salle d'été. de la
Saint-Martin. D'ailleurs, soyez calme, toutes
les précautions sont prises. Je ne crains pas les
caprices de notre folle température les appa-
reils sont disposés, de telle sorte que je ne
m'inquiète pas du dehors je puis donner, à
ma volonté, le degré de chaleur ou de fraîcheur
qu'il me plaît.
Le système américain, alors ?
Parfaitement.
Nous arrivâmes devant Trianon, et, passant
sous l'ogive mauresque trilobée qui forme le
péristyle, nous gravîmes le grand escalier
couvert de moelleux tapis, pour pénétrer dans
le grand hall d'un aspect de miraculeuse fraî-
cheur sur un fond céladon, strié d'un treil-
lage, des fleurs, des fleurs partout' des
fleurs, de la scène aux plafonds, et même le
long des grandes fermes qui soutiennent la
toiture fleurs peintes, fleurs en papier, fleurs
en métal, fleurs de lumière, lilas, roses, clé-
matites, un déluge de printemps.
Eh bien ?-me dit Chauvin, qui pa raissait
jouir de mon étonnement.
C'est féerique; mais comme c'est grand 1
Douze cents places.
Douze cents 1
Mais déjà ce directeur galopait à travers
son théâtre, et je pris ma course, à sa suite.
Ce que vous voyez n'est qu'une salle
provisoire destinée à devenir salle de bal je
vais vous montrer ma salle d'hiver.
Et nous allâmes, escaladant des échelles,
faisant de l'équilibre sur des planches flexibles,
enjambant des tas de briques acrobates en
redingote, équilibristes sans balancier et
nous arrivâmes dans un espace assez grand,
où des nuées d'ouvriers se débattaient les
maçons gâchaient, les menuisiers tapaient, les
serruriers rivaient, les peintres barbouillaient,
énorme symphonie du travail, où chacun des
corps de métier jouait sa partie.
Vous en avez pour six mois là dedans l
m'écriai-je.
M. Chauvin sourit finement:
Vous n'êtes pas du bâtiment, cela se
voit. Ma salle d'hiver sera prête dans les
premiers jours dé novembre.
Et quels sont vos projets; car, en somme,
dans ce temple, il ne suffit pas qu'il y ait des
fidèles, c'est-à-dire du public et il y en aura
en foule cela est certain, il faut encore
des officiants.
Oh 1 pour ça, mon cher, je me suis adressé
à la grande maîtrise tout simplement. J'ai pris
tous les chansonniers de Montmartre, qui sont
aimés du public, tous les apôtres de ce genre
où revit l'esprit français, ce genre qui a perpé-
tué nos conteurs du seizième,et où l'on retrouve,
comme chez eux, le solide bon sens et la fine
raillerie. J'ai voulu frapper un grand coup et
je crois qu'il portera. Mon but était de dégager
le café-concert de toutes ces stupidités dont
on abrutit le public, de lui donner mieux, avec
une élite de vrais artistes. J'ai pris les meilleurs,
les plus consacrés, les plus populaires. Alors
nous verrons bien.
Quels sont-ils?
J'ai Marcel Legay, le compositeur fou-
gueux, le musicien original et vibrant; et ici, il
ne chantera pas seulement ses œuvres. Il vous
réserve encore d'autres surprises ainsi, pour
commencer, demain, il dira une fantaisie ly-
rique de Léon Durocher, la Muse verte avec
son émotion communicative, sa verve étrange
et saisissante. J'ai aussi Victor Meusy, l'an-
cien « chien noir », qui a passé à Trianon
avec tous les siens, armes et bagages, c'est-à-
dire Paul Delmet dont la voix fait pâmer les
femmes; Dominique Bonnaud, le bonimenteur
verveux Eugène Lemercier, l'auteur des
Plaisirs montmartrois, et Vincent Hyspa, un
fantaisiste bien gaulois, sur lequel je compte,
et Jules Moy, le comique pittoresque, et Pon-
cin, l'auteur de la Soularde, et Gondoin, et
Oble, une voix de timbre admirable, et le poète
André Barde, sarcastique et cinglant, et Mmes
Violette Dechaume et Laurence Deschamps.
Ainsi, mon cher, vous voyez que cette partie
de mon spectacle sera suffisamment corsée.
Et quels sont justement l'ordre et la
composition que vous suivrez dans Votre
spectacle ? î
Voici d'abord une partie de café-
concert de trois quarts d'heure, pour donner
au public le temps d'arriver; ensuite, une
petite pantomine la Peur du Gendarme,
puis les chansonniers pendant une bonne
heure. Ça, c'est mon clou, comme l'on
dit! et pour terminer, une revue rapide
de Gavault et Cottens, avec des décors de
Gabin et des costumes de Millet. Ceci,
d'ailleurs, reste dans le programme; car c'est
« l'histoire de la chanson », et ce sera le
dessert, après un repas copieux.
Oui, copieux, en effet. Vous ne craignez
pas l'indigestion ?
Allons donc! la cuisine est bonne, les
cuisiniers sont de premier choix, et les vins
exquis. Ce n'est d'ailleurs qu'un commence-
ment,je vous en réserve bien d'autres, pour cet
hiver. Je.
Dites?
Non, on me volerait mon idée. Donc
soyez discret.
Absolument. puisque je ne sais rien.
C'est la meilleure garantie.
Et il se mit à rire malicieusement.
Après avoir souhaité bonne chance à ce
hardi, je m'éloignai rêveur, ruminant ma pen-
sée. Et je me disais que rien n'était plus
étrange que le sort de ces anciens bohèmes,
autrefois rivés à ce grigou de génie qui s'appe-
lait Salis, crevant alors de faim, qui étaient de
venus, aujourd'hui, presque des propriétaires,
et des bien nourris, choyés par cette foule
qu'ils ont méprisée; adorés des bourgeois,
qu'ils ont fouaillés, et je me suis dit que
l'heure était bien venue de les réunir.
« Les malins, pensais-je tout haut, comme1
feu Sancho, l'homme aux proverbes, c'est ceux ``~
qui ne reçoivent aue là monnaie qui a cours;
qui n'emploient les remèdes que tant qu'ils
guérissent qui mangent les ceufs frais, et les
fruits mûrs et ce sont ceux-là qui engagent
les artistes quand ils ont la vogue et la popu-
larité. »
Monsieur Albert Chauvin me suis-je
écrié, comme Dorine, me parlant à moi-
même, vous êtes un opportuniste
Jean Bérteaux.
Échos
La Température y
Le baromètre à Paris était encore hier à
7681111 cependant le ciel est resté couvert
toute la journée, menaçant la pluie, malgré
une température assez douce et faisant espé-
rer le beau temps. Dans le Nord, sévit depuis
deux jours une assez forte tempête sur la Bal-
tique sur nos côtes de l'Ouest, au contraire,
la mer est très calme et très belle.
La température s'abaisse dans le centre et
l'est de 1 Europe. Hier, à Paris, le thermo-
mètre donnait dans la matinée 170 au-dessus,
et 200 à 2 heures 70 à Moscou, 220 à Alger
et à Malte. D'après les observations météoro-
logiques, le temps va rester en France au
beau ëïau chaud: Dans la soirée le thermo-
mètre était à i8o, et le baromètre dans la nuit
testait â 767mm.
-<:>O
Les Courses
A 2 h. 15, courses à Enghien. • Ga-
gnants de Robert Milton
Prix du Nantais Philocléon.
Prix du Rouennais Blandy.
Prix de Bray Fil d'Or.
Prix de VAvranchïn Gaulois III.
Prix de la, Vire Deidamia.
LE BAGNE PRÉSIDENTIEL
wX. Les radicaux, qui depuis longtemps
<*s serraient de près les bornes du ri-
dicule, sont décidément en train de les
dépasser. Ils font un crime à M. le Pré-
sident de la République d'avoir accepté
l'invitation à dîner qui lui a été adressée
par le « Comité du Commerce et de l'In-
dustrie » et d'avoir convié M. Waldeck-
Rousseau à l'une de ses parties de chasse
dans la forêt de Rambouillet. 1.
Quelle idée ces braves gens se font-ils
de la fonction.de chef, d'Etat? A les en
croire, le bagne serait préférable.
Avant de dîner avec quelqu'un, le chef
d'Etat selon leur cœur devrait s'in-
quiéter de savoir, non point si son con-.
vive est bien élevé, spirituel, aimable,
mais s'il est radical et bon teint. S'il ne
l'est point, il doit redouter la table et fuir
la maison, comme une vierge qui a tout
à perdre fuit l'antre d'une matrone ayant
tout perdu. Comme, d'après la même
théorie, le Président de la République
n'aurait le droit ni de choisir un minis-
tre prérogative pourtant à lui expres-
sément conférée et garantie par la Cons-
titution, ni ne manifester son senti-
ment sur la marche des affaires publi-
ques, il est évident que les philosophes
qui voudraient définir sa fonction au-
raient le droit de le comparer soit à une
machine, soit à un être inconscient et
irresponsable un timbre humide ou un
oiseau décoratif.
Il a pourtant des responsabilités obli-
gatoires, ainsi que le voyage en Russie
l'a prouvé il a pourtant des droits posi-
tifs et même des devoirs impérieux,
ainsi que le texte de la Constitution
de.1875 le détermine.
Rien de tout cela ne compte pour les
radicaux dès qu'ils ne sont pas au pou-
voir. Pour eux, les hommes, quels qu'ils
soient, ne sont libres qu'en raison de
l'utilité que peut retirer de leurs actes
une politique forcenée. Dès que le Prési-
dent de la République choisit ses rela-
tions, prétend dîner avec qui lui plaît et
chasser avec qui l'intéresse; dès qu'il
prétend agir comme un homme et non
comme un esclave, il viole la Constitu-
tion.
Heureusement, les hommes de bon
sens ont un recours contre les exagéra-
tions niaises et intéressées il consiste à
hausser les épaules et à passer outre.
Mais, de notre temps, il faut avoir du
courage pour être un homme de bon
sens.
A Travers Paris
Si la succession de M. Jules Cambon est
redoutable au point de vue des difficultés
politiques et administratives, elle est par-
ticulièrement enviable si on ne la consi-
dère qu'au point de vue du traitement.
Le gouvernement général de l'Algérie
ne peut rivaliser qu'avec les ambassades
ou le gouvernement général de l'Indo-
Chine relativement aux émoluments
qu'il comporte.
Le traitement du gouverneur général
de l'Algérie est de 60,000 francs diverses
sommes viennent s'y ajouter, à savoir
*s
40,000 francs pour frais de représentation;
10,000 francs pour entretien du mobilier;
5;000 francs pour chauffage, éclairage et
blanchissage
2,000 francs pour fournitures de bureau.
Soit au total 117,000 francs; ce qui, à
3,000 francs près, représente le double
du traitement d'un ministre. Le gouver-
neur a la jouissance de deux palais, ce-
lui d'Alger et celui de Mustapha.
Enfin, une somme de 10,000 francs est
allouée au gouverneur général pour le
personnel de son cabinet. Une véritable
armée de fonctionnaires constitue les
bureaux du gouverneur général. Celui-ci
a directement sous ses ordres 1 secré-
taire général, 5 chefs de bureau, 11 sous-
chefs, 10 commis principaux, 10 commis
rédacteurs, 10 commis de comptabilité,
25 commis ordinaires, 1 contrôleur des
dépenses* 6 employés spéciaux et 1 mé-
decin. Soft un total de 70 personnes. Il y
a des ministères dont l'administration
centrale ne comprend pas un personnel
9.U§§i m«ta
a dit que le gouvernement général de
l'Algérie constituait une véritable vice-
royauté.
T T 1
La question du navarin, question posée
avant-hier par le Figaro, nous a valu une
avalanche de lettres fort intéressantes.
Nous en publions deux- qui, à notre avis,
équivalent à un prononcé en dernier
appel
Monsieur le Masque de Fer,
Le Figaro demande si par « navarin » on
entend un ragoût préparé avec de la viande
de veau ou de mouton. Dans l'art culinaire, on
entend, à mon avis, par a navarin » un ra-
goût préparé uniquement avec de la viande
de mouton et des pommes de terre.
Veuillez agréer, etc.
Signé: STIGNANI,
Maître d'hôtel du grand hôtel Terminus.
Enfin, un homme d'infiniment d'es-
prit, un académicien érudit en tout,
même en cuisine, nous envoie, tracée
de ses fines pattes de mouche, la con-
sultation suivante qui résume tout
Le navarin aux pommes est un faux ragoût
de mouton inventé par les restaurateurs à
l'usage des clients qui ne,savent pas le dis-
tinguer du véritable.
Le vrai ragoût de mouton, qui n'admet que
la pomme de terre revenue à part et bien
dorée, est n plat admirable que peu de cui-
siniers ou cuisinières savent faire dans les
règles.
Le navarin est un plat des plus médiocres,
avec ses carottes, petits pois, etc.
Qu'on le fasse au veau! Il ne mérite pas
mieux 1
_400.
Nous avons eu l'occasion, à diverses
reprises, de nous expliquer, en toute in-
dépendance, sur la Verrerie ouvrière
d'Albi, et nous n'avons dissimulé aux
ouvriers ni la sympathie personnelle
qu'ils nous inspiraient, ni la méfiance que
nous éprouvions à l'égard des politiciens
qui les mènent.
La méfiance, depuis, n'a fait que s'ac-
croître, et la sympathie, par contre, est
en train de diminuer considérablement.
Les ouvriers, en effet, qui, précisément
parce qu'ils sont des travailleurs, de-
vraient avoir besoin de tout le monde,
semblent prendre à tâche de s'aliéner
tous les concours.
Sous la haute direction de quelques
meneurs de profession, ils ont, il y a
deux- jours, fortement banqueté à. Albi,
ce qui dorine à penser qu'il n'y a pas lieu
de s'inquiéter de leur sort. En voilà donc
que la question du pain cher ne paraît
pas toucher En sortant de table,. ils se
sont répandus par la ville en. chantant
une chanson dont voici le refrain '•
̃ i Le Christ à l'écurie,
La Vierge à la voirie ̃ "̃.
Voilà, assurément, qui est bien fait
pour leur attirer la clientèle II faut ajou-
ter, comme circonstance atténuante, que,
d'après ce qui a été dit au banquet, « un
citoyen anonyme avait fait cadeau à la
Verrerie ouvrière de cinq mille litres de
vin afin que tout le monde pût boire à la
santé de la" révolution sociale! » »
Les cinq mille litres ont fait merveille,
mais les méchantes langues en ont pris
prétexte pour dire que les verriers d'Albi
vident peut-être plus de bouteilles qu'ils
n'en fabriquent
11 n'y a rien d'amusant comme les
gens qui veulent être plus royalistes que
le Roi. -1
Dimanche dernier a eu lieu, à Nérac,
dans le Lot-et-Garonne, une manifesta-
tion radicale-socialiste en guise de pro-
testation contre la « disgrâce » du sous-
préfet de l'arrondissement.
Or, sait-on en quoi a consisté cette dis-
grâce ? Le sous-préfet en question, M.
Grégoire, a été envoyé de Nérac, qui est
une troisième classe, à Pamiers qui est
une seconde.
Partout ailleurs que dans le Lot-et-
Garonne, cela s'appellerait de l'avance-
ment. Mais les gens de l'endroit considè-
rent sans doute que rien ne vaut le sé-
jour de Nérac, et qu'il n'y a pas au monde
de seconde, ni même de première qui
soit préférable à cette troisième.
C'est un point de vue, évidemment.
Mais il ne paraît pas que ce soit celui du
sous-préfet Grégoire, que nos renseigne-
ments nous représentent comme tout à
fait enchanté de sa « disgrâce».
Parlez-nous de la province pour la
simplicité des mœurs et la bonhomie du
langage
Un personnage politique récemment
invité à un comice agricole a reçu du
président de ce comice une lettre d'in-
vitation que nous avons eue sous les
yeux et qui contient la phrase suivante
Pour avoir une idée, monsieur et très ho-
noré concitoyen, de l'importance de notre
comice, il vous suffira de savoir que vous y
rencontrerez 238 bêtes à corne, 240 de l'espèce
ovine et 190 de l'espèce porcine. Nous serions
grandement honorés de votre présence.
Inutile de dire qu'en libellant ainsi
cette invitation, le brave président n'a
voulu y mettre aucune malice autre-
ment, ce ne serait plus drôle du tout t
Depuis la reprise du beau temps, le
parc de Saint-Cloud a vu revenir ses
habitués et le Pavillon bleu ne désem-
plit pas.
Tziganes sur la terrasse, bal de noce
au premier étage et représentation in-
time donnée par une société artistique
au petit théâtre du Pavillon bleu 1 On
ne s'ennuie pas à Saint-Cloud.
Hors" Paris
DeCopenhague
« L'impératrice douairière de Russie
partira demain mardi, à 2 heures de
l'après-midi, pour Libau, accompagnée
de son fils le grand-duc Michel et de sa
fille la grande-duchesse Olga.
« Avant son départ, l'Impératrice a of-
fert,à bord de son yacht ï Etoile polaire x
un grand déjeuner au Roi, à la Reine, à
la princesse de Galles et à tous les prin-
ces et princesses de la Cour, ainsi qu'à
un certain nombre de sommités mili-
taires et politiques.
» Sa Majesté voyagera sur le Standard,
escorté par VEtoile polaire jusqvL'hLïlp'du,
et se rendra de cette ville directement au
Caucase où elle passera un mois auprès
de son fils le Tsarevitch.
» La princesse de Galles quittera Co-
penhague sur son yacht VOsèorne sa-
medi prochain,pour retourner en Angle-
terre. »
Le Comité anglais d'arbitrage et de paix
vient de prendre une résolution tendant
à ne pas célébrer cette année l'anniver-
saire de la bataille de Trafalgar (21 oc-
tobre).
Le Comité, dit cette résolution, « con-
damne sévèrement la' commémoration
de cet anniversaire qui tend à. réveiller
des animosités nationales qu'on devrait
oublier, et qui'n'est qu'un vestige de bar-
barie tout à fait contraire aux idées des
temps modernes. Lé Comité félicite de
tout cœur les maires et les municipa-
lités qui ont refusé de répondre à l'in-
vitation que leur avait adressée la Li-
gue navale de prendre part à cette com-
mémoration.»
.o,r..
De Lisbonne
« Le Conseil d'amirauté vient de don-
ner un grand banquet à la flotte espa-
gnole. Cent vingt convives environ y as-
sistaient. C'est dans les salons de l'Ave-
nida-Palace qu'a eu lieu cette merveil-
leuse réunion et il n'y avait qu'une voix
pour remercier la Compagnie interna-
tionale des Grands Hôtels d'avoir doté la
ville d'une organisation aussi parfaite.
C'est un hommage auquel s'associeront
tous ceux qui ont fait le voyage de Lis-
bonne et qui sont descendus à l'Avenida-
Palace. »
On ne se croirait guère à une époque
aussi avancée de l'année, à voir la bril-
lante animation qui règne à Spa.
Aux concerts du parc, au théâtre, dans
les salons du Casino, partout on trouve
la foule élégante des grands jours. Les
nombreux personnages qui tiennent ac-
tuellement leurs assises à Spa comptent
prolonger leur séjour bien avant en oc-
tobre.
'Ot<='~3–
Muvelles â la Main
Un domestique se présente dans Uttô
maison où il y a beaucoup à faire;
L'ouvrage ne vous manquera pas
ici, mon ami, lui dit le maître de la.mai-t
son, il faut quelqu'un de solide. Etes-»
vous fort?
Non, monsieur, mais ie m'appelle
Félix! ̃̃ .,̃:•:•
Entre demi-mondaines
Bah! après tout, moi, je m'en
moque Comme disait un homme que
j'ai beaucoup aimé, vertu n'est qu'un
mot.
C'était un sceptique?
Non. c'était un employé du télé-
graphe!
CI a a
Nous citions hier un vers latin tout à
fait adapté au voyage présidentiel en
Russie. Il paraît que depuis son retour
M. Félix Faure n'a de goût que pour
la campagne, et qu'il ne peut plus passer
un après-midi à Paris sans soupirer
mélancoliquement
0 Russe, quando te aspiciam!
Le jeu des petites définitions.
Petite définition d'un joueur '•̃
Cagnotte: Petit trou très cher.
Le Masque de Fer.
II «IL D'AUJOURD'HUI
C'est aujourd'hui, à deux heures et
demie, que les ministres se réuniront en
Conseil à l'Elysée. M. Félix Faure ren-
trera de Rambouillet expressément pour
présider cette réunion.'
Par le seul fait qu'ils sont actuelle-
ment plus espacés, les Conseils des mi-
nistres prennent une importance plus
grande, et il en sera de celui-ci comme
du dernier Conseil, tenu le 13 septembre
et où fut liquidé tout un stock d'affaires
extrêmement intéressantes. ̃
Une des plus graves, cependant, est res.
tée en quelque sorte en l'air, et elle sera
très certainement remise aujourd'hui sur
le tapis. Nous voulons parler de la ques-
tion du gouvernement général de l'Alger
rie liée, comme on sait, à un mouve-
ment diplomatique des plus importants.
Le gouvernement se rend parfaite-
ment compte qu'il ne faut pas laisser
plus longtemps cette question en sus-
pens. Il n'y a déjà eu, à ce propos, que
trop d'incertitude, de tiraillements, d'af-
firmations, de démentis et de tapagel
Les ministres ont le sentiment que cette •
situation est fâcheuse pour tout le monde,
qu'elle n'augmente le prestige de per-
sonne, et ils ont l'intention d'y couper
court aujourd'hui même.
Un ministre disait hier
De toute façon, à l'issue du Conseil
de demain, la question algérienne sera
réglée.
Cela signifiait que l'on apprendrait d'une
manière certaine ou bien,'ainsi qu'on'
l'avait arrêté au dernier Conseil, le rem-
placement à Alger de M. Jules Cambon'
et son entrée dans la diplomatie avec un
poste en rapport avec la haute situation
qu'il occupe actuellement, ou bien son
maintfen comme gouverneur général.
Cela a l'air d'un dilemme de M.- de Lai
Palice: cependant, si l'on songe aux
trente-six mille combinaisons qui se sorti
fait jour tous ces temns-ci,. le problème,
ainsi circonscrit, semtné déjà simplifié,
et il en faut surtout retenir que, dans
un sens ou dans l'autre, là Question algé-
««•Année 3*Sérte N* 271
Le Numéro = SEINE & SEINE-ET-OISE 15 centimes *=> DÉPARTEMENTS 20 centimes
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LafabricÉon
{ des ratés
On. a chargé un juge d'instruction
d'examiner le cas du docteur Laporte,
médecin lamentable, accoucheur à la
main malheureuse, mais pourquoi ou-
blie-t-on de désigner le juge qui devrait
instruire le procès de ceux qui ont ac-
couché de tous les autres docteurs
Laporte?
C'est évidemment fort généreux et fort
salutaire de.foudroyer, d'achever de bri-
ser une épave, un ballotté de la vie, un
raté. pour employer le mot brutal qui
englobe tant de misères différentes, celles
qui sont injustes et celles qui sont méri-
tées. Cela dispense de la tâche plus diffi-
cile' de s'attaquer à la grande fabrique
de ratés elle-même.
Elle est grande ouverte. Elle fonc-
tionne, plus activement que jamais,
avec tout son outillage d'illusions, de
gavage cérébral, de diplômes et de ré-
compenses officielles. La fabrique est
en pleine prospérité ce qu'elle a jus-
qu'ici jeté dans la circulation de docteurs
Lapof te n'est rien auprès des fournées
qu'elle prépare. Les générations nais-
santes et grandissantes sont la matière
première qu'elle attend pour la jeter
toute vive dans ses laminoirs et ses
fours Four des médecins, Feur des avo-
cats, Four des beaux-arts, Four de l'Uni-
versité, Four des sciences pratiques,
car le châtiment du positivisme de notre
siècle est qu'il a aussi sa bohème, et
qu'il faut avoir passé par l'Ecole poly-
technique pour être un des cinq cents
cantonniers attendant fébrilement cha-
que tas de cailloux disponible.
Le docteur Laporte est un raté certes,
mais des plus attendrissants et des plus
dignes de respect que nous ayons vus de
longtemps dans le défilé des faits divers.
Au lieu de le jeter au Dépôt et de le flé-
trir même par une possibilité de con-
damnation, par un doute sur ses chances
d'acquittement, une société bonne et
juste aurait dû immédiatement le tirer
de la misère et, si elle tenait les pro-
messes mensongères dont elle est pro-
digue, lui donner un emploi officiel.
^HélasJ quand on a vu d'un peu près,
dans là vie comme dans la médecine,
quel imperceptible fil de la Vierge sépare
le succès de l'avortement et le déclassé,
je ne dis pas de l'homme remarquable,
mais de l'homme qui a réussi, on est dis-
posé à accorder aux pauvres ratés bien
de l'indulgence.
D'ailleurs, les circonstances mêmes
qui ont fait coffrer le docteur Laporte
pouvaient, avec un veinard, devenir
le commencement d'une célébrité. Plus
tard on aurait pu lire dans les bio-
graphies illustrées « Lorsqu'il était en-
core peu connu et en proie à toutes
les difficultés de la vie, l'illustre médecin
pratiqua un accouchement avec une
audace et un sang-froid extraordinaires.
11 n'avait sous la main que de misérables
outils un,marteau de cuisine, un vieux
morceau de ferraille. Le temps pressait.
On n'avait ni le loisir, ni les moyens de
se procurer des instruments de précision.
Le docteur Laporte ne sauva ni l'enfant
ni la mère, parce que cela était impossi-
ble, mais théoriquement l'opération fut
acTmirablement réussie. »
La vie du médecin est pleine de ces
casse-cou. La foule ne s'est jamais ameu-
tée contre un avocat qui perd tous ses
procès avec une maladresse insigne. Elle
est facilement montée contre un médecin
que, la nature s'est pour une fois refusée
à seconder. L'admirable devise d'Am-
broise Paré perdrait tout son prestige
ainsi retournée « Je le pansay, Dieu ne
le guarit point », et ce n'est pas à Dieu
qu'ôn s'en prendrait, mais à Ambroise.
J'ai eu pour ami d'enfance un brave
et intelligent garçon qui fut médecin il
rie servirait à rien de citer son nom,
puisqu'il est mort jeune et sans avoir
eu le temps de se faire connaître.
Un jour, il se trouvait dans une chau-
mière de la basse Bretagne, auprès d'une
femme prête à accoucher; les hommes
étaient allés aux champs, et il ne demeu-
rait pour l'assister qu'une vieille impo-
tente et de mauvais vouloir. L'enfant
vint au monde n'ayant même pas le
souffle; il fallait avoir le merveilleux
instinct, l'entraînement subtil de certains
de la profession pour s'apercevoir que
ce souffle, on pouvait le lui donner,
et compléter l'œuvre incomplète de la
vie. Mais il eût été nécessaire d'avoir
toute une série de remèdes et d'agents
que les chaumières et même les villes
bretonnes ne possèdent g"uère. Dans la
vie, le beau se panache souvent de gro-
tesque. Mon ami avisa dans la cheminée
la marmite où chauffait la soupe de la
famille. A la grande stupéfaction et mal-
gré l'opposition de la vieille qui retrou-
vait alors toute son énergie, il pTongea
l'enfant dans cette soupe toute chaude, le
replongea, le tamponna, le frictionna, et
de la loque incertaine qu'il avait eue en-
tre les mains il fit un enfant vivant et
bien vivant. Voyez-vous, à Paris, dans
une occurrence semblable, la colère, les
sarcasmes qui se seraient déchaînés, en
cas d'insuccès, contre ce morticole qui
trempait les enfants dans la soupe bouii..
lante 1 Ce serait déjà très joli, dans la
réussite, d'éviter le ridicule.
L'aventure du docteur Laporte n'a rien
que de normal et de courant. Ce n'estpas
pour s'amuser qu'il s'escrimait du mar-
teau rouillé et de la ferraille ébréchée.
La différence est grande entre les riches
ovariotomistes à qui leurs crimes rap-
portent des rentes et ce désespéré qui
cherchait à sauver un être par les seuls
moyens qu'il avait. Aussi est-ce pour
cela. Que nous disions qu'il eût été encore
moins injuste de le récompenser pour
son intention et pour ses efforts que de
l'emprisonner pour le malheureux résul-
tat de l'opération.
̃̃ :̃̃̃ y ..̃
Mais la société, qui jette par milliers
les ratés dans la circulation, ne s'occupe
d'eux désormais que pour les écraser
quand une mésaventure attire l'attention
sur eux. Elle détourne ainsi, à peu de
frais, la colère que nous devrions res-
sentir pour ses propres fautes.
C'est trop commode, encore un fois,
de ne s'en prendre qu'à ces dévoyés, à
ces vaincus, à ces avortons, et de ne
point s'occuper de l'usine Si nous ju-
geons coupable un pauvre diable de
bohème médical qui charcute plus ou
moins maladroitement un nouveau-né,
que devrions-nous dire des illustres mal-
faiteurs dont les utopies ont engendré
des légions de tels bohèmes? Faiseurs
de programmes et chasseurs de popula-
rité, esprits faux et menteurs qui n'ont
su acquérir leur gloire qu'en faisant dé-
railler le monde, ils ont poussé vers
une sorte de krach moral quantité
d'existences, comme certains financiers
véreux attirent vers la ruine quantité de
petites fortunes. Ils ont spéculé sur l'ins-
truction et sur les professions libérales-
comme sur une valeur de Bourse.
Il était strictement honnête de recon-
naître qu'une partie de l'humanité, la
plus considérable, est organisée seule-
ment pour produire un travail matériel,
une besogne toute de main-d'œuvre ou
de force physique, et qu'une autre, beau-
coup plus restreinte, est appelée à tra-
vailler des yeux, du cerveau et de la
parole.
Etait-ce pour cette seconde catégorie
un privilège? Non, "c'était plutôt une
destinée, pour ne pas dire une fatalité.
L'erreur, pour ne pas dire le crime,
de ceux qui ont dirigé le monde moderne
depuis un siècle et demi a été de faire
croire à la foule que l'instruction, et par
suite la faculté d'exercer les professions
libérales, constituait une aristocratie, une
distinction, et surtout un moyen de faire
fortune. Ils ont ainsi transformé en un
objet de cupidité ce qui était jadis un
honneur involontaire et périlleux, ou
bien tout simplement une honnête façon
d'employer les jours qui nous furent
départis-.
Toute simplicité commença alors à
être bannie de la vie; toute modestie
abandonna les intentions. Les artisans
renièrent leur métier et les laboureurs
eurent honte de la terre. T<)us les bien-
faits de Tîgnorâricë^îïîspârurëni, peu à
peu. Les enfants de ces gens qui étaient
déjà ébranlés et détournés de leur na-
ture se mirent à rougir de leurs pères.
Des farceurs, et des nigauds qui les ren-
forcèrent, proclamèrent qu'enfin l'huma-
nité était émancipée, et que pour la pre-
mière fois les fils du peuple pouvaient
s'élever vers de brillantes destinées grâce
à leur intelligence, comme s'ils en
avaient jamais été empêchés
Ce furent les commencements de la
grande fabrique des ratés. Des usines et
des succursales s'élevèrent, sous le nom
de lycées, de facultés et d'écoles spéciales.
Tous les cerveaux devaient y être pres-
sés dans les mêmes moules, badigeon-
nés des mêmes vernis. Le public s'y
rua, et les familles crédules s'imposèrent
des sacrifices pour jeter à la fabrique
des enfants qui auraient fait de bons et
estimables manœuvres et ne purent
même que rarement, et par des coups
de chance, faire de mauvais médecins,
de fâcheux avocats, d'innombrables
fonctionnaires et d'abominables artistes.
Enfin, c'est notre propre temps qui
trouva le couronnement de tout, l'ef-
frayante conclusion, en décrétant l'ins-
truction obligatoire L'instruction obli-
gatoire, comme on aurait pu, pendant
qu'on y était, déclarer obligatoires l'intel-
ligence, ou le chaud ou le froid, ou le
bonheur, ou une couleur de cheveux.
C'est par d'aussi grossiers moyens que
des gloires s'édifièrent, que des situations
puissantes furent acquises, et que de
solennels prud'hommes ou de rusés co-
quins devinrent vénérables. Pendant ce
temps, les fours de l'usine regorgeaient
de recrues et dégorgeaient de ratés.
Il n'est pas à prévoir que cela s'arrête
de sitôt le nombre des candidatures
aux professions dites libérales, devenues
les pires des enfers, s'augmente en rai-
son inverse du besoin que l'on a de ces
professions mais la proportion des ratés
s'accroît en raison directe de la multipli-
cation des candidats.
Dès à présent il serait très salutaire
que l'on ne forçât plus les enfants à ap-
prendre à lire.
Arsène Alexandre.
AU JOUR LE JOUR
TRIANON y 1
C'est demain qu'ouvre Trianon, le « palais
de la chanson >, sorti du milieu des décom-
bres de feu l'Elysée-Montmartre, comme jadis
le Phénix renaquit de ses cendres. C'est un
imprésario intelligent, actif et avisé qui a été
le magicien de la transformation.
Son nom ? Albert Chauvin.
Son signalement ? Un homme jeune, aima-
ble, de taille moyenne, à la brune moustache,
à l'œil noir bien ouvert, toujours en mouve-
ment, toujours en recherche, qu'on croit tenir
et qui vous échappe toujours; au demeurant,
le meilleur fils du monde.
Hier, en boulevardant sur la Butte sacrée,
que feu Salis l'homme au chat appelait
le cerveau de Paris, nous avons rencontré
M. Chauvin lui-même, et nous l'avons emboîté,
non sans souffler, car il a le pas d'un écu-
reuil.
Eh bien lui dîmes-nous vous ouvrez
donc demain, et pour tout de bon, cette fois ?
Certes, et sans remise. Songez donc ce
devait être pour le ter août, mais le i-er août
des ajchitsctes, ça n'est que fin septembre.
Ah! ils sont terribles, les architectes, les entre-
preneurs, les ouvriers ils font des montagnes,
avec des nids de fourmis. Ah mon cher ami,
ne faites jamais bâtir.
Je tâtai la pièce de cinq francs 45 o/o de
perte sur la valeur réelle qui languissait,
solitaire, en mon porte-monnaie, et je répon-
dis, avec assurance il faut toujours, en
avoir, n'est-ce pas ?
Non, je ne ferai pas bâtir aujourd'hui! 1
plus tard peut-être? bien plus tard! Alors
vous ouvrez donc votre salle d'été en automne.
Pour l'été que nous avons eu, il ne faut
pas trop s'en plaindre. On peut même dire qu'il
commence à peine, voilà le soleil qui se montre
enfin. J'avais envie de mettre sur mes affi-
ches c Ouverture de la salle d'été. de la
Saint-Martin. D'ailleurs, soyez calme, toutes
les précautions sont prises. Je ne crains pas les
caprices de notre folle température les appa-
reils sont disposés, de telle sorte que je ne
m'inquiète pas du dehors je puis donner, à
ma volonté, le degré de chaleur ou de fraîcheur
qu'il me plaît.
Le système américain, alors ?
Parfaitement.
Nous arrivâmes devant Trianon, et, passant
sous l'ogive mauresque trilobée qui forme le
péristyle, nous gravîmes le grand escalier
couvert de moelleux tapis, pour pénétrer dans
le grand hall d'un aspect de miraculeuse fraî-
cheur sur un fond céladon, strié d'un treil-
lage, des fleurs, des fleurs partout' des
fleurs, de la scène aux plafonds, et même le
long des grandes fermes qui soutiennent la
toiture fleurs peintes, fleurs en papier, fleurs
en métal, fleurs de lumière, lilas, roses, clé-
matites, un déluge de printemps.
Eh bien ?-me dit Chauvin, qui pa raissait
jouir de mon étonnement.
C'est féerique; mais comme c'est grand 1
Douze cents places.
Douze cents 1
Mais déjà ce directeur galopait à travers
son théâtre, et je pris ma course, à sa suite.
Ce que vous voyez n'est qu'une salle
provisoire destinée à devenir salle de bal je
vais vous montrer ma salle d'hiver.
Et nous allâmes, escaladant des échelles,
faisant de l'équilibre sur des planches flexibles,
enjambant des tas de briques acrobates en
redingote, équilibristes sans balancier et
nous arrivâmes dans un espace assez grand,
où des nuées d'ouvriers se débattaient les
maçons gâchaient, les menuisiers tapaient, les
serruriers rivaient, les peintres barbouillaient,
énorme symphonie du travail, où chacun des
corps de métier jouait sa partie.
Vous en avez pour six mois là dedans l
m'écriai-je.
M. Chauvin sourit finement:
Vous n'êtes pas du bâtiment, cela se
voit. Ma salle d'hiver sera prête dans les
premiers jours dé novembre.
Et quels sont vos projets; car, en somme,
dans ce temple, il ne suffit pas qu'il y ait des
fidèles, c'est-à-dire du public et il y en aura
en foule cela est certain, il faut encore
des officiants.
Oh 1 pour ça, mon cher, je me suis adressé
à la grande maîtrise tout simplement. J'ai pris
tous les chansonniers de Montmartre, qui sont
aimés du public, tous les apôtres de ce genre
où revit l'esprit français, ce genre qui a perpé-
tué nos conteurs du seizième,et où l'on retrouve,
comme chez eux, le solide bon sens et la fine
raillerie. J'ai voulu frapper un grand coup et
je crois qu'il portera. Mon but était de dégager
le café-concert de toutes ces stupidités dont
on abrutit le public, de lui donner mieux, avec
une élite de vrais artistes. J'ai pris les meilleurs,
les plus consacrés, les plus populaires. Alors
nous verrons bien.
Quels sont-ils?
J'ai Marcel Legay, le compositeur fou-
gueux, le musicien original et vibrant; et ici, il
ne chantera pas seulement ses œuvres. Il vous
réserve encore d'autres surprises ainsi, pour
commencer, demain, il dira une fantaisie ly-
rique de Léon Durocher, la Muse verte avec
son émotion communicative, sa verve étrange
et saisissante. J'ai aussi Victor Meusy, l'an-
cien « chien noir », qui a passé à Trianon
avec tous les siens, armes et bagages, c'est-à-
dire Paul Delmet dont la voix fait pâmer les
femmes; Dominique Bonnaud, le bonimenteur
verveux Eugène Lemercier, l'auteur des
Plaisirs montmartrois, et Vincent Hyspa, un
fantaisiste bien gaulois, sur lequel je compte,
et Jules Moy, le comique pittoresque, et Pon-
cin, l'auteur de la Soularde, et Gondoin, et
Oble, une voix de timbre admirable, et le poète
André Barde, sarcastique et cinglant, et Mmes
Violette Dechaume et Laurence Deschamps.
Ainsi, mon cher, vous voyez que cette partie
de mon spectacle sera suffisamment corsée.
Et quels sont justement l'ordre et la
composition que vous suivrez dans Votre
spectacle ? î
Voici d'abord une partie de café-
concert de trois quarts d'heure, pour donner
au public le temps d'arriver; ensuite, une
petite pantomine la Peur du Gendarme,
puis les chansonniers pendant une bonne
heure. Ça, c'est mon clou, comme l'on
dit! et pour terminer, une revue rapide
de Gavault et Cottens, avec des décors de
Gabin et des costumes de Millet. Ceci,
d'ailleurs, reste dans le programme; car c'est
« l'histoire de la chanson », et ce sera le
dessert, après un repas copieux.
Oui, copieux, en effet. Vous ne craignez
pas l'indigestion ?
Allons donc! la cuisine est bonne, les
cuisiniers sont de premier choix, et les vins
exquis. Ce n'est d'ailleurs qu'un commence-
ment,je vous en réserve bien d'autres, pour cet
hiver. Je.
Dites?
Non, on me volerait mon idée. Donc
soyez discret.
Absolument. puisque je ne sais rien.
C'est la meilleure garantie.
Et il se mit à rire malicieusement.
Après avoir souhaité bonne chance à ce
hardi, je m'éloignai rêveur, ruminant ma pen-
sée. Et je me disais que rien n'était plus
étrange que le sort de ces anciens bohèmes,
autrefois rivés à ce grigou de génie qui s'appe-
lait Salis, crevant alors de faim, qui étaient de
venus, aujourd'hui, presque des propriétaires,
et des bien nourris, choyés par cette foule
qu'ils ont méprisée; adorés des bourgeois,
qu'ils ont fouaillés, et je me suis dit que
l'heure était bien venue de les réunir.
« Les malins, pensais-je tout haut, comme1
feu Sancho, l'homme aux proverbes, c'est ceux ``~
qui ne reçoivent aue là monnaie qui a cours;
qui n'emploient les remèdes que tant qu'ils
guérissent qui mangent les ceufs frais, et les
fruits mûrs et ce sont ceux-là qui engagent
les artistes quand ils ont la vogue et la popu-
larité. »
Monsieur Albert Chauvin me suis-je
écrié, comme Dorine, me parlant à moi-
même, vous êtes un opportuniste
Jean Bérteaux.
Échos
La Température y
Le baromètre à Paris était encore hier à
7681111 cependant le ciel est resté couvert
toute la journée, menaçant la pluie, malgré
une température assez douce et faisant espé-
rer le beau temps. Dans le Nord, sévit depuis
deux jours une assez forte tempête sur la Bal-
tique sur nos côtes de l'Ouest, au contraire,
la mer est très calme et très belle.
La température s'abaisse dans le centre et
l'est de 1 Europe. Hier, à Paris, le thermo-
mètre donnait dans la matinée 170 au-dessus,
et 200 à 2 heures 70 à Moscou, 220 à Alger
et à Malte. D'après les observations météoro-
logiques, le temps va rester en France au
beau ëïau chaud: Dans la soirée le thermo-
mètre était à i8o, et le baromètre dans la nuit
testait â 767mm.
-<:>O
Les Courses
A 2 h. 15, courses à Enghien. • Ga-
gnants de Robert Milton
Prix du Nantais Philocléon.
Prix du Rouennais Blandy.
Prix de Bray Fil d'Or.
Prix de VAvranchïn Gaulois III.
Prix de la, Vire Deidamia.
LE BAGNE PRÉSIDENTIEL
wX. Les radicaux, qui depuis longtemps
<*s serraient de près les bornes du ri-
dicule, sont décidément en train de les
dépasser. Ils font un crime à M. le Pré-
sident de la République d'avoir accepté
l'invitation à dîner qui lui a été adressée
par le « Comité du Commerce et de l'In-
dustrie » et d'avoir convié M. Waldeck-
Rousseau à l'une de ses parties de chasse
dans la forêt de Rambouillet. 1.
Quelle idée ces braves gens se font-ils
de la fonction.de chef, d'Etat? A les en
croire, le bagne serait préférable.
Avant de dîner avec quelqu'un, le chef
d'Etat selon leur cœur devrait s'in-
quiéter de savoir, non point si son con-.
vive est bien élevé, spirituel, aimable,
mais s'il est radical et bon teint. S'il ne
l'est point, il doit redouter la table et fuir
la maison, comme une vierge qui a tout
à perdre fuit l'antre d'une matrone ayant
tout perdu. Comme, d'après la même
théorie, le Président de la République
n'aurait le droit ni de choisir un minis-
tre prérogative pourtant à lui expres-
sément conférée et garantie par la Cons-
titution, ni ne manifester son senti-
ment sur la marche des affaires publi-
ques, il est évident que les philosophes
qui voudraient définir sa fonction au-
raient le droit de le comparer soit à une
machine, soit à un être inconscient et
irresponsable un timbre humide ou un
oiseau décoratif.
Il a pourtant des responsabilités obli-
gatoires, ainsi que le voyage en Russie
l'a prouvé il a pourtant des droits posi-
tifs et même des devoirs impérieux,
ainsi que le texte de la Constitution
de.1875 le détermine.
Rien de tout cela ne compte pour les
radicaux dès qu'ils ne sont pas au pou-
voir. Pour eux, les hommes, quels qu'ils
soient, ne sont libres qu'en raison de
l'utilité que peut retirer de leurs actes
une politique forcenée. Dès que le Prési-
dent de la République choisit ses rela-
tions, prétend dîner avec qui lui plaît et
chasser avec qui l'intéresse; dès qu'il
prétend agir comme un homme et non
comme un esclave, il viole la Constitu-
tion.
Heureusement, les hommes de bon
sens ont un recours contre les exagéra-
tions niaises et intéressées il consiste à
hausser les épaules et à passer outre.
Mais, de notre temps, il faut avoir du
courage pour être un homme de bon
sens.
A Travers Paris
Si la succession de M. Jules Cambon est
redoutable au point de vue des difficultés
politiques et administratives, elle est par-
ticulièrement enviable si on ne la consi-
dère qu'au point de vue du traitement.
Le gouvernement général de l'Algérie
ne peut rivaliser qu'avec les ambassades
ou le gouvernement général de l'Indo-
Chine relativement aux émoluments
qu'il comporte.
Le traitement du gouverneur général
de l'Algérie est de 60,000 francs diverses
sommes viennent s'y ajouter, à savoir
*s
40,000 francs pour frais de représentation;
10,000 francs pour entretien du mobilier;
5;000 francs pour chauffage, éclairage et
blanchissage
2,000 francs pour fournitures de bureau.
Soit au total 117,000 francs; ce qui, à
3,000 francs près, représente le double
du traitement d'un ministre. Le gouver-
neur a la jouissance de deux palais, ce-
lui d'Alger et celui de Mustapha.
Enfin, une somme de 10,000 francs est
allouée au gouverneur général pour le
personnel de son cabinet. Une véritable
armée de fonctionnaires constitue les
bureaux du gouverneur général. Celui-ci
a directement sous ses ordres 1 secré-
taire général, 5 chefs de bureau, 11 sous-
chefs, 10 commis principaux, 10 commis
rédacteurs, 10 commis de comptabilité,
25 commis ordinaires, 1 contrôleur des
dépenses* 6 employés spéciaux et 1 mé-
decin. Soft un total de 70 personnes. Il y
a des ministères dont l'administration
centrale ne comprend pas un personnel
9.U§§i m«ta
a dit que le gouvernement général de
l'Algérie constituait une véritable vice-
royauté.
T T 1
La question du navarin, question posée
avant-hier par le Figaro, nous a valu une
avalanche de lettres fort intéressantes.
Nous en publions deux- qui, à notre avis,
équivalent à un prononcé en dernier
appel
Monsieur le Masque de Fer,
Le Figaro demande si par « navarin » on
entend un ragoût préparé avec de la viande
de veau ou de mouton. Dans l'art culinaire, on
entend, à mon avis, par a navarin » un ra-
goût préparé uniquement avec de la viande
de mouton et des pommes de terre.
Veuillez agréer, etc.
Signé: STIGNANI,
Maître d'hôtel du grand hôtel Terminus.
Enfin, un homme d'infiniment d'es-
prit, un académicien érudit en tout,
même en cuisine, nous envoie, tracée
de ses fines pattes de mouche, la con-
sultation suivante qui résume tout
Le navarin aux pommes est un faux ragoût
de mouton inventé par les restaurateurs à
l'usage des clients qui ne,savent pas le dis-
tinguer du véritable.
Le vrai ragoût de mouton, qui n'admet que
la pomme de terre revenue à part et bien
dorée, est n plat admirable que peu de cui-
siniers ou cuisinières savent faire dans les
règles.
Le navarin est un plat des plus médiocres,
avec ses carottes, petits pois, etc.
Qu'on le fasse au veau! Il ne mérite pas
mieux 1
_400.
Nous avons eu l'occasion, à diverses
reprises, de nous expliquer, en toute in-
dépendance, sur la Verrerie ouvrière
d'Albi, et nous n'avons dissimulé aux
ouvriers ni la sympathie personnelle
qu'ils nous inspiraient, ni la méfiance que
nous éprouvions à l'égard des politiciens
qui les mènent.
La méfiance, depuis, n'a fait que s'ac-
croître, et la sympathie, par contre, est
en train de diminuer considérablement.
Les ouvriers, en effet, qui, précisément
parce qu'ils sont des travailleurs, de-
vraient avoir besoin de tout le monde,
semblent prendre à tâche de s'aliéner
tous les concours.
Sous la haute direction de quelques
meneurs de profession, ils ont, il y a
deux- jours, fortement banqueté à. Albi,
ce qui dorine à penser qu'il n'y a pas lieu
de s'inquiéter de leur sort. En voilà donc
que la question du pain cher ne paraît
pas toucher En sortant de table,. ils se
sont répandus par la ville en. chantant
une chanson dont voici le refrain '•
̃ i Le Christ à l'écurie,
La Vierge à la voirie ̃ "̃.
Voilà, assurément, qui est bien fait
pour leur attirer la clientèle II faut ajou-
ter, comme circonstance atténuante, que,
d'après ce qui a été dit au banquet, « un
citoyen anonyme avait fait cadeau à la
Verrerie ouvrière de cinq mille litres de
vin afin que tout le monde pût boire à la
santé de la" révolution sociale! » »
Les cinq mille litres ont fait merveille,
mais les méchantes langues en ont pris
prétexte pour dire que les verriers d'Albi
vident peut-être plus de bouteilles qu'ils
n'en fabriquent
11 n'y a rien d'amusant comme les
gens qui veulent être plus royalistes que
le Roi. -1
Dimanche dernier a eu lieu, à Nérac,
dans le Lot-et-Garonne, une manifesta-
tion radicale-socialiste en guise de pro-
testation contre la « disgrâce » du sous-
préfet de l'arrondissement.
Or, sait-on en quoi a consisté cette dis-
grâce ? Le sous-préfet en question, M.
Grégoire, a été envoyé de Nérac, qui est
une troisième classe, à Pamiers qui est
une seconde.
Partout ailleurs que dans le Lot-et-
Garonne, cela s'appellerait de l'avance-
ment. Mais les gens de l'endroit considè-
rent sans doute que rien ne vaut le sé-
jour de Nérac, et qu'il n'y a pas au monde
de seconde, ni même de première qui
soit préférable à cette troisième.
C'est un point de vue, évidemment.
Mais il ne paraît pas que ce soit celui du
sous-préfet Grégoire, que nos renseigne-
ments nous représentent comme tout à
fait enchanté de sa « disgrâce».
Parlez-nous de la province pour la
simplicité des mœurs et la bonhomie du
langage
Un personnage politique récemment
invité à un comice agricole a reçu du
président de ce comice une lettre d'in-
vitation que nous avons eue sous les
yeux et qui contient la phrase suivante
Pour avoir une idée, monsieur et très ho-
noré concitoyen, de l'importance de notre
comice, il vous suffira de savoir que vous y
rencontrerez 238 bêtes à corne, 240 de l'espèce
ovine et 190 de l'espèce porcine. Nous serions
grandement honorés de votre présence.
Inutile de dire qu'en libellant ainsi
cette invitation, le brave président n'a
voulu y mettre aucune malice autre-
ment, ce ne serait plus drôle du tout t
Depuis la reprise du beau temps, le
parc de Saint-Cloud a vu revenir ses
habitués et le Pavillon bleu ne désem-
plit pas.
Tziganes sur la terrasse, bal de noce
au premier étage et représentation in-
time donnée par une société artistique
au petit théâtre du Pavillon bleu 1 On
ne s'ennuie pas à Saint-Cloud.
Hors" Paris
DeCopenhague
« L'impératrice douairière de Russie
partira demain mardi, à 2 heures de
l'après-midi, pour Libau, accompagnée
de son fils le grand-duc Michel et de sa
fille la grande-duchesse Olga.
« Avant son départ, l'Impératrice a of-
fert,à bord de son yacht ï Etoile polaire x
un grand déjeuner au Roi, à la Reine, à
la princesse de Galles et à tous les prin-
ces et princesses de la Cour, ainsi qu'à
un certain nombre de sommités mili-
taires et politiques.
» Sa Majesté voyagera sur le Standard,
escorté par VEtoile polaire jusqvL'hLïlp'du,
et se rendra de cette ville directement au
Caucase où elle passera un mois auprès
de son fils le Tsarevitch.
» La princesse de Galles quittera Co-
penhague sur son yacht VOsèorne sa-
medi prochain,pour retourner en Angle-
terre. »
Le Comité anglais d'arbitrage et de paix
vient de prendre une résolution tendant
à ne pas célébrer cette année l'anniver-
saire de la bataille de Trafalgar (21 oc-
tobre).
Le Comité, dit cette résolution, « con-
damne sévèrement la' commémoration
de cet anniversaire qui tend à. réveiller
des animosités nationales qu'on devrait
oublier, et qui'n'est qu'un vestige de bar-
barie tout à fait contraire aux idées des
temps modernes. Lé Comité félicite de
tout cœur les maires et les municipa-
lités qui ont refusé de répondre à l'in-
vitation que leur avait adressée la Li-
gue navale de prendre part à cette com-
mémoration.»
.o,r..
De Lisbonne
« Le Conseil d'amirauté vient de don-
ner un grand banquet à la flotte espa-
gnole. Cent vingt convives environ y as-
sistaient. C'est dans les salons de l'Ave-
nida-Palace qu'a eu lieu cette merveil-
leuse réunion et il n'y avait qu'une voix
pour remercier la Compagnie interna-
tionale des Grands Hôtels d'avoir doté la
ville d'une organisation aussi parfaite.
C'est un hommage auquel s'associeront
tous ceux qui ont fait le voyage de Lis-
bonne et qui sont descendus à l'Avenida-
Palace. »
On ne se croirait guère à une époque
aussi avancée de l'année, à voir la bril-
lante animation qui règne à Spa.
Aux concerts du parc, au théâtre, dans
les salons du Casino, partout on trouve
la foule élégante des grands jours. Les
nombreux personnages qui tiennent ac-
tuellement leurs assises à Spa comptent
prolonger leur séjour bien avant en oc-
tobre.
'Ot<='~3–
Muvelles â la Main
Un domestique se présente dans Uttô
maison où il y a beaucoup à faire;
L'ouvrage ne vous manquera pas
ici, mon ami, lui dit le maître de la.mai-t
son, il faut quelqu'un de solide. Etes-»
vous fort?
Non, monsieur, mais ie m'appelle
Félix! ̃̃ .,̃:•:•
Entre demi-mondaines
Bah! après tout, moi, je m'en
moque Comme disait un homme que
j'ai beaucoup aimé, vertu n'est qu'un
mot.
C'était un sceptique?
Non. c'était un employé du télé-
graphe!
CI a a
Nous citions hier un vers latin tout à
fait adapté au voyage présidentiel en
Russie. Il paraît que depuis son retour
M. Félix Faure n'a de goût que pour
la campagne, et qu'il ne peut plus passer
un après-midi à Paris sans soupirer
mélancoliquement
0 Russe, quando te aspiciam!
Le jeu des petites définitions.
Petite définition d'un joueur '•̃
Cagnotte: Petit trou très cher.
Le Masque de Fer.
II «IL D'AUJOURD'HUI
C'est aujourd'hui, à deux heures et
demie, que les ministres se réuniront en
Conseil à l'Elysée. M. Félix Faure ren-
trera de Rambouillet expressément pour
présider cette réunion.'
Par le seul fait qu'ils sont actuelle-
ment plus espacés, les Conseils des mi-
nistres prennent une importance plus
grande, et il en sera de celui-ci comme
du dernier Conseil, tenu le 13 septembre
et où fut liquidé tout un stock d'affaires
extrêmement intéressantes. ̃
Une des plus graves, cependant, est res.
tée en quelque sorte en l'air, et elle sera
très certainement remise aujourd'hui sur
le tapis. Nous voulons parler de la ques-
tion du gouvernement général de l'Alger
rie liée, comme on sait, à un mouve-
ment diplomatique des plus importants.
Le gouvernement se rend parfaite-
ment compte qu'il ne faut pas laisser
plus longtemps cette question en sus-
pens. Il n'y a déjà eu, à ce propos, que
trop d'incertitude, de tiraillements, d'af-
firmations, de démentis et de tapagel
Les ministres ont le sentiment que cette •
situation est fâcheuse pour tout le monde,
qu'elle n'augmente le prestige de per-
sonne, et ils ont l'intention d'y couper
court aujourd'hui même.
Un ministre disait hier
De toute façon, à l'issue du Conseil
de demain, la question algérienne sera
réglée.
Cela signifiait que l'on apprendrait d'une
manière certaine ou bien,'ainsi qu'on'
l'avait arrêté au dernier Conseil, le rem-
placement à Alger de M. Jules Cambon'
et son entrée dans la diplomatie avec un
poste en rapport avec la haute situation
qu'il occupe actuellement, ou bien son
maintfen comme gouverneur général.
Cela a l'air d'un dilemme de M.- de Lai
Palice: cependant, si l'on songe aux
trente-six mille combinaisons qui se sorti
fait jour tous ces temns-ci,. le problème,
ainsi circonscrit, semtné déjà simplifié,
et il en faut surtout retenir que, dans
un sens ou dans l'autre, là Question algé-
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