Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1896-06-13
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 juin 1896 13 juin 1896
Description : 1896/06/13 (Numéro 165). 1896/06/13 (Numéro 165).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k283676p
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
samedi 13 Juin 1896*
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42» Année 3e Série N° 165
ÏSDE RODAYS, Rédacteur eu Chef:
& A* PÉRIVIEB, Administrateur
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J/ J RÉDACTION
•IIDMIIWSTRATION PIIB^ÇTTÉ
26, Bue Drouot, 26
1 .i»aiv.is ̃ ̃ ̃
[F. SE EOD AYS A. PÉRIVIER
Directeurs- Gérants
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X. DE VILLEMESSANT, Fondateur
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fftt s'abonne dans tous les Bureaux de PoitQ
de France et d'Algérie.
.ro~vaES ET ~o~.Ar~a~s_
~gence'F. DO<.t.WGEM, ~6, rue G~n~rBaie~e
auteurs
et éditeurs
Avant de traiter à mon tour la ques-
tion si intéressante soulevée parle pro-
cès que M. PaulBourget avait intenté à
sori éditeur, M. Lemerre, j'ai voulu
attendre que le tribunal se fût prononcé.
Il ne me plaisait pas de pouvoir être, un `
instant, accusé d'avoir voulu peser sur
la décision des juges. Mais, maintenant
que M^lieoiéfrè à perdu sa cause, me
.voici libre, j'en puis parler en toute
sérôoité.
Et,'d'ailleurs, ce n'est pas tant la que-
relle personnelle, entre r M. Bourget et
Jf. Lemerre, qui m'intéresse, que le cas
général qu'elle pose des rapports entre
tes auteurs et les éditeurs. La question
s'élargit, elle s'étend de l'individu à la
ëommuriauté, il devient utile de la résu-
jîxer et d'en tirer la leçon, qui touche aux
intérêts de tous les écrivains..
Peut-être mes quatre années dé prési-
dence à la Société des Gens de lettres me
donnenihelles quelque compétence sur la
matière..Et, du reste, je me trouve bien
à l'aise pour dire mon entière pensée,
car je suis depuis bientôt vingt-cinq ans
l'ami tendre et inébranlable de mon édi-
teur, auquel, pendant ce quart de siècle,
je n'ai jamais demandé un compte.
̃d:v /̃.̃
̃ Pour comprendre, il faudrait d'abord
Remonter au déluge, dire comment les
premiers éditeurs ont ouvert boutique,
se sont installés marchands de littéra-
ture. Je n'ai, ici, ni le temps ni la place
de faire une pareille étude. Mais, en
gros, on s'explique très bien qu'à une
époque où la propriété littéraire n'était
pas une propriété, le prix vénal d'un
manuscrit se trouvait être d'une appré-
ciation particulièrement difficile. Toutes
les incertitudes de la loi, toutes les
pirateries possibles, rendaient le mé-
tier tf éditeur incertain une guerre
souvent de pirate à pirate. Et il. faut
ajouter que selon l'esprit du temps,
la littérature n'étant pas une pro-
fession, un état qui dût faire vivre, son
homme, mais une récréation intellec-
tnçlïe,iine floraison de-hasard et de luxe,
l'éditeur ne pouvait être un commerçant
comme un autre, spéculant sur une mar-
chandise cotée, pouvant rémunérer le
producteur selon des règles fixes. Il
cueillait ses fleurs au hasard, quitte à se
tromper, et il s'étonnaittoujours uhpeu
tfu'on voulût lui faire payer les'égian-
tines des haies et les coquelicots des
Mes. ̃ '̃ '̃̃ ̃ /̃̃̃̃̃ ̃̃̃̃̃̃̃.̃
De là, le jeu fatal. Un manuscrit ne
vaut pas dix sous ou vaut peut-être cent
mille francs, Qui le sait jamais? 'Long-
temps l'éditeur, se fiant à son flair, a
donné d'un manuscrit une somme ferme,
pour la vie, de sorte qu'il y avait quand
même un volé, lui Ou l'auteur. Puis,
lorsque l'idée est venue de payer l'au-
teur un droit fixe par exemplaire, des
complications sans nombre sont nées de
la /difficulté du contrôle. Et toujours est
restée à la base cette pensée que le mé-
tier d'éditeur n'est pas un métier comme
un autre,,que l'éditeur court des risques
particuliers, qu'il opère sur une,mar-
chandise qui, même de nos jours, en est
à peine une. Il s'obstine à se croire le
bienfaiteur de l'écrivain, tandis que
celui-ci l'accuse de vivre de lui, de s'en-
tichir du meilleur de son cerveau. Et
alors s'éternise la longue guerre, on
échange des coups de canne dans les
iarrière-bqutiques Balzac entame ses
grands procès, les gros mots d'ingrat et
de voleur volent par-dessus les comp-
toirs. C'est la haine séculaire de deux
races ennemies.
Certes, les choses ont bien changé,
toutes les grandes maisons d'édition de
Paris ont maintenant des rapports.d'une
entière correction commerciale avec
leurs auteurs, basés sur une entente de
plus en plus nette de la propriété litté-
raire. Le lointain atavisme de guerre, la
Continuelle suspicion, née de la difficulté
clu contrôle, disparaît, devant la parfaite
tenue des livres, les opérations au grand
jour de ces maisons, qui vendent des
Volumes comme d'autres vendent des
soieries et des dentelles. Et, cependant,
t'ancienne façon de comprendre le mé-
tier d'éditeur à persisté, puisque voici
M* Bourget qui se querelle avec M. Le-
inerrevipuïsque voici un procès qui nous
révèle les agissements les plus singu-
liers, tout un cas curieux et typique.
Ajoutez que cet éditeur n'est point négli-
geable, comme tant d'autres qui opèrent
dans l'ombre, qu'il a tenu une place im-
portante dans le mouvement des publi-
cations contemporaines, qu'il a été en
somme une figure et qu'il a joué un
iôlé.
Ce serait, en vérité, une figure bien in-
téressante à peindre que celle de M. Le-
jnërre, sincèrement, sans parti pris de
dénigrement ni d'éloges J'ignore s'il avait
reçu une instruction et une éducation so-
lides, je ne l'ai rencontré que deux ou
trois-fois dans ma vie; mais, à chaque
rencontre il m'a paru plus violent
qu'instruit et plus content de lui-même
que bien élevé. Il est inutile, d'ailleurs,
d'être un esprit très lettré pour *tre un
bon éditeur. Je crois même que l'instinct
suffit, j'entends l'instinct du livre qui se
Vendra^ de l'opération qui décidera à
la longue de la prospérité d'une mai-
»spn. Et AI est très certain que M. Le-
merre à fait preuve d'un flair prodi-
gieux »' en réalisant une fortune dans
des conditions où il semblait que tout
autre se serait ruiné. Il faut le re-
voir, au début, dans la petite boutique du
passage Choiseul, n'éditant que quelques
volumes de poètes qui paraissaient in-
•wradabjes. Pourtant, sa puissance es.t
partie de là, de ces poètes qui payaient 1
leurs éditions et dont il n'arrivait pas à 1
écouler les livres, 1
C'est que M. Lemerre ne doutait pas 1
de lui, était bruyant, envahissant, débor- j a
dant à ses heures d'une rude bonhomie i
pour ceux qui allaient lui apporter la <
fortune'. Il marcha à son étoile ainsi que 1
tous les instinctifs,'il ouvrit une sorte de
cénacle dans sonarrière-boutique.comme
on s'imagine qu'il en existait, jadis, chez
les libraires du Palais. Et les poètes af-
fluèrent, les jeunes, les combattants et i
les triomphants du lendemain. Le plus
grand nombre payaient pour être édités,
mais ils n'en contractaient pas moins
une dette de gratitude envers leur édi-
teur, de sorte que celui-ci.se constituait
ainsi une famille, une véritable garde n
du corps qui, plus tard, devait faire rem-
part autour de lui. En effet, des amitiés
illustres lui sont restées fidèles, et cela
prouve la solidité du lien qu'il a su
nouer. Mais ce que j'en veux surtout re-
tenir, ce sont les rapports commerciaux
qui, dès lors, vont s'établir.
On est en famille. M. Lemerre tutoie
ses auteurs, les traite en parents, en pe-
tits frères, avec lesquels on ne compte
pas. De plus, il a de,sa situation une idée
énorme. C'est lui qui a enfanté tous ces
poètes, tous ces romanciers, car sans lui
ils ne seraient sûrement pas, puisqu'il
ne les aurait pas édités. II a créé, des
collections qui donnent l'immortalité
certaine. Il dispose de la littérature,
comme on dispose d'une terre conquise.
Et, alors, apparaît la question argent.
Des comptes, à quoi bon? puisqu'on est
en famille. Il donne de l'argent quand on
en demande on réglera plus tard. Ou
bien, si l'on tient absolument à savoir si
l'on se vend, il crayonne le chiffre à peu
près sur un bout de papier. Il n'a de li-
vres que les livres exigés par la loi. A
quoi bon encore des livres de tirages et
de. brochage? puisqu'on est en famille.
Oh vit là en toute bonhomie, en toute
honnêteté naturelle. Il exige la confiance
de ses auteurs comme un père l'exige de
ses enfants, et le jour où une querelle
éclatera, il refusera net tout contrôle sé-
rieux, ^par dignité.
Son honnêteté d'éditeur, telle quil l'a
toujours comprise, mais elle. est certaine! l
Un vol, oh! grand Dieu! quel affreux
mot! il a raison de s'emporter,- de taper
du poing sur sa poitrine et sur les tables.
Ce ne sont pas même des. incorrections,
ce sont les façons d'être de l'éditeur à
l'ancienne'mode, convaincu que les au-
teurs lui doivent tout, qu'il leur donne
toujours trop d'argent: pour une pro-
priété discutable, que' lui seul a couru
des périls, puisque lui seul a risqué de
l'argent, et que, dès lors, il est bien libre
de partager l'argent gagné d'après l'esti-
mation de sa seule conscience.
Et, alors, éclate l'extraordinaire apos-
trophe, d'un comique si intense, que
Me Pouillet, l'avocat de M. Lemerre, a
lancée devant le tribunal « Qh La Fon-
taine! oh grands hommes du dix-sep-
tième siècle, qui n'aviez point d'argent 1
Oh! pauvre Corneille, qui n'aviez qu'une
paire- de souliers et qui attendiez, pieds
nus, quelquefois, qu'on l'eût raccom-
modée Combien vous étiez loin des
hommes d'aujourd'hui Et c'est bien
vrai cela, ô grands hommes qui vous
laissiez exploiter! Qu'il est donc désas-
treux,. aujourd'hui,- que vous ne soyez
plus là, pour qu'un. éditeur vous exploite
encore 1
•; •̃ • -'•̃̃-̃ :;#
Et, maintenant, voici M. Paul Bourget.
Je l'ai connu justement à son début loin-
tain déjà, lorsqu'il dut se présenter chez
M. Lemerre, timide et frémissant, avec
le manuscrit de ses premiers vers à la
main. Il venait de rompre bravement
avec l'Université, il vivait dans une pe-
tite chambre de la rue Guy-Labrosse,
passionné de Napoléon, de Stendhal et
de Balzac, l'intelligence éveillée et in-
quiète, les sens ouverts à la vie. Et,
depuis, je n'ai pas besoin de dire quel
acharné travail, quelles œuvres enfan-
tées,' quelle haute loyauté littéraire,
quelle existence entière donnée aux
lettres, récompensée enfin par une des
plus originales et des plus nobles situa-
.tions dans le roman contemporain
Et c'est cet écrivain qu'au nom de
M. Lemerre, son client, Me Pouillet va
plaisanter et va essayer de salir, par
la moins acceptable dés plaidoiries.
D'abord, apparaît la fameuse théorie,
M. Bourget devant tout à M. Lemerre,
devenu son ami par reconnaissance et
payant cette sainte amitié d'une mons-
trueuse ingratitude. Puis, M. Bourget
est accusé d'être un homme de lucre, de
n'avoir pas reculé devant le mensonge
et la calomnie pour forcer M.. Lemerre à
résilier, dans 1 unique but de traiter en-
suite avec un autre éditeur qui lui au-
rait fait des propositions plus avanta-
geuses. Et M. Bourget est ironiquement
traité de grand psychologue, et, pour
l'achever, on livre le secret de ses cor-
respondancesiïntimes, on lit à l'audience
des lettres de lui, méchamment, en
comptant bien que cette lecture le dé-
considérera et le fâchera avec des amis.
En somme, c'est lui le vilain, parce qu'il
a voulu voir clair dans de vieux comptes
datant de douze années.
Je ne puis entrer ici dans l'exposé com-
plet du procès, qui est d'apparence fort
compliquée; et j'aurais la place de le
faire, que je reculerais encore, car il me
faudrait parler, au moins incidemment,
d'un autre procès en cours entre le
Figaro et M. Lemerre, ce qui me semble-
rait incorrect. Mais il est indispensable
que je résume l'affaire brièvement, et
cela me sera d'autant plus facile, que rien
au fond n'était plus clair ni plus juste
que la prétention de M. Bourget.
Dans son intimité étroite avec son édi-
teur, qu'il avait même fini par tutoyer,
une série de faits, et particulièrement la
publication d'une certaine édition de
Cosmopotis en Amérique, finirent un
beau jour par ébranler son absolue con-
jîance. Les choses traînèrent, car elles
~t9~tË~
ne passe pas en quelques heures de l'
l'abandon heureux de l'amitié à. la cer- li
titude d'avoir été trahi. Des explica- q
tidns eurent lieu, et M. Lemerre finit n
par reconnaître qu'un règlement gê- t
néral des anciens comptes était né- t
cessaire. Donc, dans un nouveau v
traité, passé en novembre 1895, il
fut convenu qu'on arrêterait contra- é
dictoirement ce compte, qui, portait sur g
un nombre de quatre cent dix mille r
exemplaires que M. Lemerre disait avoir
tirés des œuvres complètes de M. Bour- t
get, depuis 1883, c'est-à-dire en douze v
années. L'opération était fort simple, il d
s'agissait d'établir sur des preuves irré- l
futables le nombre exact des exemplai- t
res tirés pendant ces douze années, d'en i
déduire le nombre des exemplaires que è
l'éditeur avait payés à l'auteur, et d'en 1
arriver ainsi, à l'aide d'une soustrac- c
tion, au nombre des exemplaires dont il I
.lui devait encore les droits. e
̃ Et le procès est né de là, M. Lemerre, 1
au dernier moment, malgré le traité de £
novembre 1895, ayant empêché d'établir r
contradictoirement ce nombre des exem- i
plaires tirés, en refusant de communi-
quer aux mandataires de M. Bourget les c
pièces dont ceux-ci avaient besoin pour se 1
convaincre, etparticulièrement ses.livres i
de tirages et de brochage. Il s'emporta, il (
déplara que sa dignité' ne lui permettait 4
pas de tolérer une pareille enquête, de-' 1
vant l'injurieux soupçon qu'elle préci-
sait. En somme, c'est toujours au fond
l'éternelle question du contrôle, la
preuve qu'un éditeur devrait faire à ]
l'auteur du nombre exact d'exemplaires
qu'il tire et met en vente. Il n'y a pas 1
d'autre querelle. M. Bourget, après tant i
d'autres, soupçonnant son éditeur de ]
l'avoir trompé sur les chiffres des«tirages,
a exigé de connaître ces chiffres avec les ]
preuves décisives à l'appui. Et, s'il a
traduit M. Lemerre devant le Tribunal
de commerce, c'est parce que celui-ci a.
refusé de lui donner ces preuves, et
c'est pour que le tribunal le condamne à
les lui donner..
On sait que le tribunal a fait droit à la
demande de M. Bourget, en nommant
un arbitre qui, contradictoirement avec:
les parties, devra procéder à l'établisse-
ment du compte, en se faisant communi-
quer toutes les pièces qui lui sembleront
indispensables pour arriver à la vérité
complète. Il est donc certain qu'il récla^
mera les livres de tirages et de brochage;
et, si ces livres n'existent pas chez M. Le-
mérre, comme cejui-ci l'a déclaré, il de-
vra au moins fournir les pièces qui lui
en tiennent lieu, factures, inventaires*,
ordres d'entrée et de sortie. De toutes:
façons, la clarté sera faite.
Avant de conclure, je voudrais bien
dire un' mot de. M° Pouillet; car, je
l'avoue, c'est Me Pouillet qui me stupéfie,
dans cette affaire. Il faut y établir très
nettement son rôle, écrivains, mes frères,
et nous souvenir.
Que M" Pouillet ait tenté de salir
M. Bourget en produisant'des lettres
intimes, en le présentant comme par-
jure à l'amitié, dévoré par la passion de
l'argent, calomniant un vieil ami, un
bienfaiteur; par amour du lucre, ce n'est
là encore que l'aimable jeu habituel
de l'avocat qui plaide sa cause, couvre
de boue la partie adverse, uniquement
pour innocenter son client. Pourtant,
n'oubliez pas que Me Pouillet est en
ce moment bâtonnier de l'Ordre, et je
m'imaginaisqu'unbâtonnier devait avoir
certains scrupules, surtout lorsqu'il avait
devant lui un maître de la littérature
comme M. Bourget, que sa vie de grand
labeur et de haute dignité aurait dû met-
tre à l'abri de si basses injures.
Mais laissons le bâtonnier, chacun
honore sa situation comme il l'entend. Ce
qui est plus intéressant pour nous, c'est
que Mo Pouillet est président de la Société
littéraire et artistique internationale,
c'est qu'il fait profession de s'occuper.
avec chaleur de la propriété littéraire,
c'est qu'il passe pour avoirda spécialité
de nous aimer et de défendre nos droits
dans le monde entier. Et, dernièrement
encore, ne l'a-t-on pas vu faire partie de
ce Congrès qui s'est réuni à Paris, pour
reviser la convention de Berne, un
Congrès où il nous représentait sans
doute en délégué omnipotent, car
pas un seul de nous, écrivains, mes frè-
res, n'a été appelé à y formuler nos
vœux. •
Et c'est cet homme qui vilipende M.
Bourget, qui plaide pour M. Lemerre là
plus douteuse dès causes, et qui la plaide
d'une exécrable manière, en apportant
sur le contrat d'édition une théorie inac-,
ceptable, qui a soulevé, au Palais, je le
sais, une véritable surprise. Il a soutenu
que l'auteur n'était pas l'associé de l'édi-
teur, que le contrat d'édition n'était pas,
un contrat de participation, mais un con-
trat de confiance; de sorte que l'éditeur
doit être cru sur parole, qu'il n'a pas de
pièces justificatives à fournir, et que
l'auteur n'a qu'à prendre le parti de se
taire, du moment qu'il ne peut convain-
cre l'éditeur de vol.
Mais il y a mieux, ces extraordinaires
affirmations sont basées sur des raison-,
nements plus extraordinaires encore..
Savez-vous pourquoi l'auteur n'est pas
l'associé de l'éditeur? c'est parce que lui
ne risque rien dans l'affaire, tandis que
l'éditeur risque son argent. L'auteur ne
risque rien mais il risque tout son cer-
veau, son cœur, son âme, sa vie entière 1
C'est lui qui est l'enjeu, et l'éditeur n'est
que l'exploiteur qui passe. Toujours
au fond se retrouve l'idée de l'éditeur
bienfaiteur, de l'éditeur Mécène, à qui
l'auteur doit tout. M. Bourget, par son
talent, par son travail conquiert une
des plus hautes places dans notre litté-
rature, et voilà Me Pouillet qui nous ap-
prend que cette place, c'est à M. Lemerre
qu'il la doit. Ah non, laissez-moi rire 1
M. Bourget ne doit absolument rien qu'à
lui-même, et quant à M. Lemerre, il doit
sa fortune à M. Bourget, voilà' le vrai
Sans auteur, pas d'éditeur, tandis qu'on
peut très bien "Cjesiee-voir Tasteur sans.
l'éditeur* l'auteur par exemple qui s'édite
lui-même. Et je dis ces choses, parce
quiUfaut qu'elles soient-. dites; mais je
n'en suis pas moins pour les plus affec-
tueux des rapports entre éditeurs et édi-
tés, avec la mutuelle gratitude des ser-
vices rendus et reçus.
Déjà, dans la très louche affaire des
éditeurs Letouzey et Ané, dont il avait
gagné la cause, l'attitude de M0 Pouillet
m'avait étonné. Et aujourd'hui ma con-
viction est faite, il est pour nous le
traître, l'avocat passé à la partie ad-
verse. Il nous aime bien, jure qu'il
défend toujours nos droits; mais nous,
le trouvons toujours 1.'avocat, de l'édi-
teur, de l'exploiteur, contre nous.. Et
il explique cela par la force même
de son amour, il dit qu'il veut sauver
l'auteur de ses propres excès, en plaidant
contre lui. Merci bien N'est-ce pas du
plus prodigieux comique ? Laissez-vous
exploiter, mes petits, fermez les yeux, si
l'on vous ment un peu sur les tira-
ges, et vous aurez au moins ce point de
ressemblance avec La Fontaine et Cor-
neille! 1
Et c'est M0 Pouillet qui a, défendu nos
droits dans le dernier Congrès de ta pro-
priété littéraire! Ah écrivains, mes frè-
res, comme ils étaient bien défendus, nos
droits, et avec quelle énergie il a dû faire
triompher l'étrange amour qu'il nous
porte l
La conclusion de tout ceci est que
M. Bourget a rendu un grand service
aux écrivains, en faisant déclarer par un
tribunal que le contrat d'édition est bien
un contrat de participation, qui donne à
l'auteur un droit de contrôle absolu. Et
nous lui devons tous des remerciements,
pour avoir fait définitivement fixer ce
droit, au milieu des ennuis et des dé-
goûts d'un pareil procès.
Avec M. Lemerre, c'est la fin d'un
monde. Ce qui lui arrive devait arriver,
car il était le dernier de ces éditeurs à
l'ancienne mode, mâtinés de bienfaiteurs
et de joueurs, se vantant de ne pas tenir
délivres, tutoyant leurs auteurs et les
payant à leur, fantaisie, en faisant entrer
dans le compte la part d'immortalité
dont ils se croyaient les dispensateurs.
Tout cela, c'est bien fini, et nous venons
d'assister à l'écroulement.
La propriété littéraire est une pro-
priété, et le travail littéraire doit être
soumis aux lois qui règlent actuellement
l'exploitation de tout travail, quel qu'il
soit. La justice et la dignité sont là, et pas
ailleurs. Depuis des années déjà, les
grandes maisons d'édition de Paris le
pavent bien, car elles n'ont pas d'autre
règle de conduite, tenant leurs livres de
commerce avec un soin scrupuleux, et
toujours-prêtes à les montrer aux au-
teurs qui désirent connaître leurs
comptes.
̃ Sans doute, bien des froissements; se-
ront évités, lorsqu'on aura trouvé un'
moyen de contrôle pratique, pour les
tirages. Nous l'avons beaucoup cherché,
à la Société des Gens de lettres, et je sais
qu'on l'y cherche encore. On finira par
le trouver, ce n'est pas douteux, et ce
qui est certain aussi, c'est que toutes les
grandes maisons d'édition sont prêtes à
l'accepter, s'il est vraiment applicable.
Alors, l'antique querelle sera terminée,
et s'il n'y a pas plus de talent, il y aura
tout de même un peu plus. d'honnêteté
sur la terre. _̃.
snr la terre. Emile Zola. `
Échos
La Température
Le baromètre a monté très rapide ment; il
était hier à 765mm; la veille, il ne dépassait
pas 758mm. Mais cette hausse va cesser; de
faibles pressions s'avancent vers nos côtes de
l'Ouest. Des pluies sont encore signalées dans
l'ouest du continent.
La température est également en légère
hausse, c'est-à-dire que le thermomètre don-
nait hier 160 le matin, arrivait à 200 1/2 à midi
et à 22o à deux heures; il était aussi à 22" à
Alger et à 260 à Constantinople, dans la ma-
tinée.
La journée d'hier a été assez chaude, sans
pluie, mais ce beau temps n'est que momen-
tané de nouveaux orages sont prochains.
Dans' la soirée, le thermomètre indiquait 16°
et le baromètre restait, .vers onze heures,
à 76omm.
Les Courses
A 2 h., courses au Bois de Boulogne.–
Gagnants de Robert Milton
Prix du Mont- Valérien Garde du
Corps, #
Prix d'Argenteuil La Licorne.
Prix de Ferrières Cossack.
Prix de la Néva Majestad.
Prix de Mendon Le Stagirite.
Prix de l'Eté Calcéolaire.
» M. BRISSON
Lx L'attaque dirigée par notre confrère
4K M. Judet contre le président Bris-
son n'est pas, dans l'état présent des
compétitions et des luttes parlementaires
en France, un acte politique indifférent.
On l'attribue à toutes sortes d'inspira-
tions ténébreuses, à des mobiles calculés
que dément l'indiscutable indépendance
de l'auteur. Elle n'a fait tant de bruit que
parce qu'elle expose au public ce qui
court les couloirs et les ruelles parle-
mentaires, savoir que, sous ses appa-
rences de machine à hacher impassible-
ment des lois, M. Brisson est le sectaire
le plus partial et le plus étroit, le calcu-
lateur le plus égoïste et peut-être aussi
le plus profond qui se soit assis sur le
fauteuil illustré jadis par les Marrast,
par les Dupin, par les Sauzet, par les
Morny et par tant d'autres.
Les querelles personnelles nous répu-
gnent généralement. Aussi, l'on remar-
quera que, dans la campagne que
nous avons menée contre un cabinet
qui av.aB mamfestejpaënt les prëférea-
ces; de M. Brisson, nous avons évité i .]
de nous occuper du personnage. Mais
l'attaque de M. Judet correspond non
seulement à un sentiment d'indigna-
tion courant dans le parti libéral et pro-
gressiste, mais à une nécessité de situa-
tion. Il serait dangereux, au moment où
des luttes décisives vont s'engager dans
le Parlement français, où les principes
de la propriété individuelle, de l'invio-
labilité des engagements publics et de la
sécurité sociale vont être mis en ques-
tion, de laisser croire que les adversaires
des doctrines radicales et socialistes sont
les dupes de « l'austérité deM.Brisson»,
après en avoir été les victimes.
Il suffit de montrer à cet homme, mieux
servi, par sa médiocrité enfiellée que ne
l'ont été Ferry et Gambetta par des ta-
lents supérieurs, qu'on le connaît enfin.
L'auréole se dissipera toute seule. Sur
quelle transcendance de sentiments, d'in-
telligence ou de savoir, sur quels services
rendus à l'Etat se fonde la réputation de
ce journaliste sans style et par consé-
quent sans relief, qui, sous l'Enpire, in-
carnait dans le Siècle une opposition
têtue, solennelle, faite de formules et
vide d'idées ? `
Pour mettre M. Brisson à sa place et
a son rang, point n'est besoin d'aller
fouiller dans le passé. Le présent suffit.
̃m ci «_»r-rp"n a
A Travers Paris
UNE LETTRE DU PRINCE NAPOLÉON
Le prince Napoléon a adressé hier, de
Bruxelles, la lettre suivante au général
du Barail, à propos de bruits fantaisistes
qui avaient couru sur son abdication en
faveur. du duc d'Orléans (!), bruits dont
nousïi'aviohs'mêmepas voulu nous faire
l'écho
Mon cher général,
Vous'me signalez des articles de journaux
parlant de négociations fantaisistes pour
m'amener à l'abandon de mes droits.
Les Napoléons n'ont de droits que ceux
qu'ils tiennent du peuple; seul le peuple
peut les infirmer.
Représentant d'une grande cause, jen ab-
diquerai jamais les devoirs que m'impose
mon nom.
Je sais subir patiemment la mauvaise for-
tune je suis de ceux qui; envisagent résolu-
ment, mais froidement, un avenir dans le-
quel ma foi reste inébranlable.
Croyez-moi, mon cher général,
Votre affectionné
NAPOLÉON*
cÍ c'o Q a
Un. mot charmant du Tsar qui n'a pas
encore trouvé place dans le récit des
magnificences de Moscou et qui vaut à
lui seul bien des cérémonies..
̃• On causait, à l'ambassade de France,
de la pluie et du beau temps de la pluie
qui n'avait cessé de tomber, trois se-
maines durant; du temps merveilleux
qui lui avait succédé, sans interruption,
depuis le commencement des fêtes.,
Sire, dit Mme de Montebello, c'est
̃Votre; Majesté qui a apporté .ce beau
temps avec Elle.
Non, madame, répondit l'Empe-
reur, c'est ma mère qui l'a apporté de
France. ̃ r ̃.
.e..r
M. le général de Boisdeffre et les mem-
bres de l'ambassade extraordinaire en-
voyée à Moscou pour les fêtes du cou-
ronnement sont rentrés à Paris hier
matin, à huit heures cinquante minutes,
par la gare de l'Est.
• Mme la générale de Boisdeffre, les gé-
néraux Mathis et Gonse et une dizaine
d'officiers de l'état-major général atten-
daient sur le quai de la gare.
Vers onze heures, le général de Bois-
deffre a été reçu à l'Elysée par le Prési-
dent de la République, avec qui il a eu
un assez long entretien.
La Commission, du budget a tenu hier
une importante séance.
Elle a voté, par 15 voix. contre 1 et
après un rapide échange d'observations,
l'impôt sur la rente et repoussé ensuite
l'amendement de M. Plichon « Il sera
offert aux porteurs de titres de rente sur
l'Etat passibles de l'impôt le choix entre
le remboursement de leur créance oula
remise d'un nouveau titre qui ne pourra
pas être converti avant 1902. » Mais rien
ne prouve que, sur ce dernier point, la
Chambre suivra docilement sa Commis-
sion. C'est même là-dessus que se livrera
vraisemblablement la grande bataille.
On annoncé que M. Lemerre, à la suite
des opinions formulées par ses confrères
dans le procès qu'il a perdu contre M.
Paul Bourget, a donné sa démission de
membre du Cercle de la Librairie.
C'est à deux heures que sera donnée,
auTrocadéro, la très belle audition de
la Damnation de Faust, organisée au
profit de Joseph Luigini par M.Edouard
Colonne, avec son orchestre et ses
chœurs..
On trouvera des places jusqu'à l'ou-
verture du concert au palais du Troca-
déro,
M. Louis Àndrieux nous a-" envoyé,
hier, 50 fr. pour Luigini, que nous ajou-
tons aux sommes déjà reçues l'ancien
préfet de police, ne pouvant assister au
festival d'aujourd'hui, tenait à prendre
part à la bonne œuvre organisée en fa-
veur de l'infortuné chef d'orchestre qu'il
avait connu autrefois à Lyon dans tout
l'éclat de ses succès.
C'est demain dimanche qu'a lieu, à la
Galerie Georges Petit, l'exposition parti-
culière des tableaux militaires de Ed. De-
taille et A. de Neuville, provenant du
Panorama de Rezonville.
Lundi, exposition publique la vente
se fera le mardi 16 juin.
̃ M. Kirchhoffer nous prie de déclarer
'que c'est à la demande des organisateurs
du Tournoi « international » et sur le
conseil de son maître, M. Vigeànt, qu'il
a renoncé, pour le moment du moins, à
relever le défi du cbeyaUer pioi avec
lequel -il lui eût été très agréable de sa
mesurer une quatrième fois,
Plus de deux cents dames de la colo-
nie anglo-américaine, ayant à leur tête
l'honorable Mme Gye, se trouvaient réu-"
nies mercredi dernier à la Galerie des
Champs-Elysées pour offrir à la mar-
quise de Dufïerin et Ava, à l'occasion de
son prochain départ, un souvenir, pour
la grande part prise par elle au dévelop-
pement des institutions charitables an-
glo-américaines de France. Ce souvenir,
une superbe garniture de cheminée
Louis XVI, a été présenté par sir Edward
Blount qui a prononcé un touchant dis-
cours. L'honorable docteur Herbert a,,
pris ensuite la parole pour rappeler tout
le bien fait par lady Dufferin pendant
son séjour, à Paris. Celle-ci, très tou-
chée des témoignages d'affection qui lui
étaient prodigués, a remercié en termes
émus. ,• ;̃;
.e.
Le Jardin de Paris donne ce soir une
grande fête de nuit, à l'occasion du Grand-
Prix. ̃•̃
Il C" a' ca a
A propos de l'écho que nous avions
consacré à la pitoyable fumisterie de la
fausse dépêche soi-disant adressée, par
l'empereur Guillaume à la famille, de
Jules Simon, nous recevons de M. Paul
Masson une lettre de protestation indi-'
gnée contre la seule pensée que cette
inconvenance ait pu lui être attribuée.
Nous accueillons avec d'autant plus
d'empressement la protestation de notre
confrère que notre écho ne le visait pas.
Ce n'est pas notre faute si ce pseudo-
nyme de Lemice-Terrieux, qu'il a rendu
célèbre, est devenu aujourd'hui une ap-
pellation générique, et M. Paul Masson^
nous en sommes très certains, doit -se
rendre compte lui-même de rinèonyé-
niçntde certaines plaisanteries, par- la
triste usage qu'en font des imitateurs
d'aussi mauvais goût et de si peu de
mesure.̃-•-
Quand on r'construira l 'Opéra-Comique. i.
11 sera reconstruit plus tôt que ne pré-
voyait la chanson, et les spectateurs
auront dans le dépôt d'Eviàh qui se trou-
vera tout près d'eux, à l'angle; du boule-
vard et de la rue Favart, une sorte de
foyer où ils. iront déguster, à chaque
entr'acte, un verre d'eau de cette mer-
veilleuse source Cachât aujourd'hui in^
séparable de la vie parisienne.
'H
•"̃̃̃ "'aoB'Rttit-
Depuis deux jours, la ville de Sênà
possède une centenaire, Catherine GaT-
lier, née le 10 juin 1796 à Compigny,
petit village de l'Yonne., 1.
Catherine Gallier était, servante à l'hô-
tel Çretté, à Bray-sur-Seine, en 1814, lors-
que Napoléon Ier s'y arrêta en traversant
cette ville. C'est élite qui servit à déjeû-
ner au grand homme, et elle se montre
très fière de ce; souvenir auquel elleïaït
complaisàmmènt allusion lorsqu'on l'in-
terroge sur l'époque de la fameuse cam-
pagne de France.
Catherine Gallier entra ensuite au ser-
vice d'une famille de Sens à laquelle elle
resta attachée cinquante ans.
Elle est'exempte de toute infirmité et
possède encore une mémoire extraordi-
naire. *>
De notre correspondant de Marseille t
« Il y a douze ans environ, le Figaro
racontait la détresse dans laquelle était
plongée une dame Benoîte Corradi, née
Gambetta, fille d'un frère du célèbre
tribun.
» La situation de cette malheureuse,
qui est d'ailleurs inscrite au bureau de
bienfaisance, n'a pas changé et a même a
'empiré. Elle a dû quitter son modeste
appartement de la rua Thiers pour: en
prendre un dans les vieux quartiers de
Marseille. Il m'a paru intéressant de
consigner ces détails au moment où la
mort de Gambetta fait, une fois de plus,
couler tant d'encre. »
On célébrera aujourd'hui,au château de
Berg, sur le lac de Stern, en Bavière, le
dixième anniversaire de la mort tragi-
que du roi Louis II, qui se noya dans ce
lac le 11 juin 1886, et on posera la pre-
mière pierre d'une chapelle commémo-
rative, dont le régent Luitpold, oncle du
roi défunt et du roi Othon actuellement
interné au château, de Fûrstenried, et
père, du prince héritier Louis, a ordonné
la construction.
L'incident récent survenu au banquet
de la colonie allemande de Moscou,
l'attitude prise en cette circonstance par
le prince Louis de Bavière, ne donnent-
ils pas un intérêt particulier à cette ç,
rémonie d'anniversaire, qui rappelle
l'étrange suicide encore mal expliqué
aujourd'hui d'un prince fier d'allure
et franc de langage autant que s«à cou-
sin- dont la folie, d'ailleurs formelle-
ment démentie par son médecin le doc-
teur Schleiss, servait si merveilleuse-
ment la politique de M. de Bismarck?
ïïouvelles à la Main £
Entre médecins
Comment faites-vous, mon cher
confrère, pour être payé intégralement?
Je ne soigne que les belles-mères.
Si elles guérissent, leurs nlles me payent
bien; si elles meurent, leurs gendres-nie
payent mieux.
Un pipelet de génie.
Ayant remarqué, pendant ces dermers
jours de pluie, que nombre de personnes
s'engageaient dans son escalier sans te-
nir compte de l'avis traditionnel «Es.
suyez vos pieds, s. v. p. », notre homme
n'avait rien trouvé de mieux, pour pçé-
venir toute infraction, que de modifier
ainsi le texte de l'écriteau-:
« Les mufles sont dispensés d'essuyer
leurs pieds sur, le paillasson. » "C
'̃ v X«e 3tDCM
Lo Jtom|ra =§£«¥£ &: SE/JtfE*£7-0/$E î 15 'sentîmes = DËf*ÀniEUBN1S t 20j&nttHm\ 1:
42» Année 3e Série N° 165
ÏSDE RODAYS, Rédacteur eu Chef:
& A* PÉRIVIEB, Administrateur
t).\
J/ J RÉDACTION
•IIDMIIWSTRATION PIIB^ÇTTÉ
26, Bue Drouot, 26
1 .i»aiv.is ̃ ̃ ̃
[F. SE EOD AYS A. PÉRIVIER
Directeurs- Gérants
̃••
X. DE VILLEMESSANT, Fondateur
ABONNEMENT
Trois Mois Six Mois Un An
«elne,Selne-et-Olse. 15 n 30 r 60%
Départements 18 75 15 37 50 75 m~
«Inion Postale. 2150 43 » 8B «
fftt s'abonne dans tous les Bureaux de PoitQ
de France et d'Algérie.
.ro~vaES ET ~o~.Ar~a~s_
~gence'F. DO<.t.WGEM, ~6, rue G~n~rBaie~e
auteurs
et éditeurs
Avant de traiter à mon tour la ques-
tion si intéressante soulevée parle pro-
cès que M. PaulBourget avait intenté à
sori éditeur, M. Lemerre, j'ai voulu
attendre que le tribunal se fût prononcé.
Il ne me plaisait pas de pouvoir être, un `
instant, accusé d'avoir voulu peser sur
la décision des juges. Mais, maintenant
que M^lieoiéfrè à perdu sa cause, me
.voici libre, j'en puis parler en toute
sérôoité.
Et,'d'ailleurs, ce n'est pas tant la que-
relle personnelle, entre r M. Bourget et
Jf. Lemerre, qui m'intéresse, que le cas
général qu'elle pose des rapports entre
tes auteurs et les éditeurs. La question
s'élargit, elle s'étend de l'individu à la
ëommuriauté, il devient utile de la résu-
jîxer et d'en tirer la leçon, qui touche aux
intérêts de tous les écrivains..
Peut-être mes quatre années dé prési-
dence à la Société des Gens de lettres me
donnenihelles quelque compétence sur la
matière..Et, du reste, je me trouve bien
à l'aise pour dire mon entière pensée,
car je suis depuis bientôt vingt-cinq ans
l'ami tendre et inébranlable de mon édi-
teur, auquel, pendant ce quart de siècle,
je n'ai jamais demandé un compte.
̃d:v /̃.̃
̃ Pour comprendre, il faudrait d'abord
Remonter au déluge, dire comment les
premiers éditeurs ont ouvert boutique,
se sont installés marchands de littéra-
ture. Je n'ai, ici, ni le temps ni la place
de faire une pareille étude. Mais, en
gros, on s'explique très bien qu'à une
époque où la propriété littéraire n'était
pas une propriété, le prix vénal d'un
manuscrit se trouvait être d'une appré-
ciation particulièrement difficile. Toutes
les incertitudes de la loi, toutes les
pirateries possibles, rendaient le mé-
tier tf éditeur incertain une guerre
souvent de pirate à pirate. Et il. faut
ajouter que selon l'esprit du temps,
la littérature n'étant pas une pro-
fession, un état qui dût faire vivre, son
homme, mais une récréation intellec-
tnçlïe,iine floraison de-hasard et de luxe,
l'éditeur ne pouvait être un commerçant
comme un autre, spéculant sur une mar-
chandise cotée, pouvant rémunérer le
producteur selon des règles fixes. Il
cueillait ses fleurs au hasard, quitte à se
tromper, et il s'étonnaittoujours uhpeu
tfu'on voulût lui faire payer les'égian-
tines des haies et les coquelicots des
Mes. ̃ '̃ '̃̃ ̃ /̃̃̃̃̃ ̃̃̃̃̃̃̃.̃
De là, le jeu fatal. Un manuscrit ne
vaut pas dix sous ou vaut peut-être cent
mille francs, Qui le sait jamais? 'Long-
temps l'éditeur, se fiant à son flair, a
donné d'un manuscrit une somme ferme,
pour la vie, de sorte qu'il y avait quand
même un volé, lui Ou l'auteur. Puis,
lorsque l'idée est venue de payer l'au-
teur un droit fixe par exemplaire, des
complications sans nombre sont nées de
la /difficulté du contrôle. Et toujours est
restée à la base cette pensée que le mé-
tier d'éditeur n'est pas un métier comme
un autre,,que l'éditeur court des risques
particuliers, qu'il opère sur une,mar-
chandise qui, même de nos jours, en est
à peine une. Il s'obstine à se croire le
bienfaiteur de l'écrivain, tandis que
celui-ci l'accuse de vivre de lui, de s'en-
tichir du meilleur de son cerveau. Et
alors s'éternise la longue guerre, on
échange des coups de canne dans les
iarrière-bqutiques Balzac entame ses
grands procès, les gros mots d'ingrat et
de voleur volent par-dessus les comp-
toirs. C'est la haine séculaire de deux
races ennemies.
Certes, les choses ont bien changé,
toutes les grandes maisons d'édition de
Paris ont maintenant des rapports.d'une
entière correction commerciale avec
leurs auteurs, basés sur une entente de
plus en plus nette de la propriété litté-
raire. Le lointain atavisme de guerre, la
Continuelle suspicion, née de la difficulté
clu contrôle, disparaît, devant la parfaite
tenue des livres, les opérations au grand
jour de ces maisons, qui vendent des
Volumes comme d'autres vendent des
soieries et des dentelles. Et, cependant,
t'ancienne façon de comprendre le mé-
tier d'éditeur à persisté, puisque voici
M* Bourget qui se querelle avec M. Le-
inerrevipuïsque voici un procès qui nous
révèle les agissements les plus singu-
liers, tout un cas curieux et typique.
Ajoutez que cet éditeur n'est point négli-
geable, comme tant d'autres qui opèrent
dans l'ombre, qu'il a tenu une place im-
portante dans le mouvement des publi-
cations contemporaines, qu'il a été en
somme une figure et qu'il a joué un
iôlé.
Ce serait, en vérité, une figure bien in-
téressante à peindre que celle de M. Le-
jnërre, sincèrement, sans parti pris de
dénigrement ni d'éloges J'ignore s'il avait
reçu une instruction et une éducation so-
lides, je ne l'ai rencontré que deux ou
trois-fois dans ma vie; mais, à chaque
rencontre il m'a paru plus violent
qu'instruit et plus content de lui-même
que bien élevé. Il est inutile, d'ailleurs,
d'être un esprit très lettré pour *tre un
bon éditeur. Je crois même que l'instinct
suffit, j'entends l'instinct du livre qui se
Vendra^ de l'opération qui décidera à
la longue de la prospérité d'une mai-
»spn. Et AI est très certain que M. Le-
merre à fait preuve d'un flair prodi-
gieux »' en réalisant une fortune dans
des conditions où il semblait que tout
autre se serait ruiné. Il faut le re-
voir, au début, dans la petite boutique du
passage Choiseul, n'éditant que quelques
volumes de poètes qui paraissaient in-
•wradabjes. Pourtant, sa puissance es.t
partie de là, de ces poètes qui payaient 1
leurs éditions et dont il n'arrivait pas à 1
écouler les livres, 1
C'est que M. Lemerre ne doutait pas 1
de lui, était bruyant, envahissant, débor- j a
dant à ses heures d'une rude bonhomie i
pour ceux qui allaient lui apporter la <
fortune'. Il marcha à son étoile ainsi que 1
tous les instinctifs,'il ouvrit une sorte de
cénacle dans sonarrière-boutique.comme
on s'imagine qu'il en existait, jadis, chez
les libraires du Palais. Et les poètes af-
fluèrent, les jeunes, les combattants et i
les triomphants du lendemain. Le plus
grand nombre payaient pour être édités,
mais ils n'en contractaient pas moins
une dette de gratitude envers leur édi-
teur, de sorte que celui-ci.se constituait
ainsi une famille, une véritable garde n
du corps qui, plus tard, devait faire rem-
part autour de lui. En effet, des amitiés
illustres lui sont restées fidèles, et cela
prouve la solidité du lien qu'il a su
nouer. Mais ce que j'en veux surtout re-
tenir, ce sont les rapports commerciaux
qui, dès lors, vont s'établir.
On est en famille. M. Lemerre tutoie
ses auteurs, les traite en parents, en pe-
tits frères, avec lesquels on ne compte
pas. De plus, il a de,sa situation une idée
énorme. C'est lui qui a enfanté tous ces
poètes, tous ces romanciers, car sans lui
ils ne seraient sûrement pas, puisqu'il
ne les aurait pas édités. II a créé, des
collections qui donnent l'immortalité
certaine. Il dispose de la littérature,
comme on dispose d'une terre conquise.
Et, alors, apparaît la question argent.
Des comptes, à quoi bon? puisqu'on est
en famille. Il donne de l'argent quand on
en demande on réglera plus tard. Ou
bien, si l'on tient absolument à savoir si
l'on se vend, il crayonne le chiffre à peu
près sur un bout de papier. Il n'a de li-
vres que les livres exigés par la loi. A
quoi bon encore des livres de tirages et
de. brochage? puisqu'on est en famille.
Oh vit là en toute bonhomie, en toute
honnêteté naturelle. Il exige la confiance
de ses auteurs comme un père l'exige de
ses enfants, et le jour où une querelle
éclatera, il refusera net tout contrôle sé-
rieux, ^par dignité.
Son honnêteté d'éditeur, telle quil l'a
toujours comprise, mais elle. est certaine! l
Un vol, oh! grand Dieu! quel affreux
mot! il a raison de s'emporter,- de taper
du poing sur sa poitrine et sur les tables.
Ce ne sont pas même des. incorrections,
ce sont les façons d'être de l'éditeur à
l'ancienne'mode, convaincu que les au-
teurs lui doivent tout, qu'il leur donne
toujours trop d'argent: pour une pro-
priété discutable, que' lui seul a couru
des périls, puisque lui seul a risqué de
l'argent, et que, dès lors, il est bien libre
de partager l'argent gagné d'après l'esti-
mation de sa seule conscience.
Et, alors, éclate l'extraordinaire apos-
trophe, d'un comique si intense, que
Me Pouillet, l'avocat de M. Lemerre, a
lancée devant le tribunal « Qh La Fon-
taine! oh grands hommes du dix-sep-
tième siècle, qui n'aviez point d'argent 1
Oh! pauvre Corneille, qui n'aviez qu'une
paire- de souliers et qui attendiez, pieds
nus, quelquefois, qu'on l'eût raccom-
modée Combien vous étiez loin des
hommes d'aujourd'hui Et c'est bien
vrai cela, ô grands hommes qui vous
laissiez exploiter! Qu'il est donc désas-
treux,. aujourd'hui,- que vous ne soyez
plus là, pour qu'un. éditeur vous exploite
encore 1
•; •̃ • -'•̃̃-̃ :;#
Et, maintenant, voici M. Paul Bourget.
Je l'ai connu justement à son début loin-
tain déjà, lorsqu'il dut se présenter chez
M. Lemerre, timide et frémissant, avec
le manuscrit de ses premiers vers à la
main. Il venait de rompre bravement
avec l'Université, il vivait dans une pe-
tite chambre de la rue Guy-Labrosse,
passionné de Napoléon, de Stendhal et
de Balzac, l'intelligence éveillée et in-
quiète, les sens ouverts à la vie. Et,
depuis, je n'ai pas besoin de dire quel
acharné travail, quelles œuvres enfan-
tées,' quelle haute loyauté littéraire,
quelle existence entière donnée aux
lettres, récompensée enfin par une des
plus originales et des plus nobles situa-
.tions dans le roman contemporain
Et c'est cet écrivain qu'au nom de
M. Lemerre, son client, Me Pouillet va
plaisanter et va essayer de salir, par
la moins acceptable dés plaidoiries.
D'abord, apparaît la fameuse théorie,
M. Bourget devant tout à M. Lemerre,
devenu son ami par reconnaissance et
payant cette sainte amitié d'une mons-
trueuse ingratitude. Puis, M. Bourget
est accusé d'être un homme de lucre, de
n'avoir pas reculé devant le mensonge
et la calomnie pour forcer M.. Lemerre à
résilier, dans 1 unique but de traiter en-
suite avec un autre éditeur qui lui au-
rait fait des propositions plus avanta-
geuses. Et M. Bourget est ironiquement
traité de grand psychologue, et, pour
l'achever, on livre le secret de ses cor-
respondancesiïntimes, on lit à l'audience
des lettres de lui, méchamment, en
comptant bien que cette lecture le dé-
considérera et le fâchera avec des amis.
En somme, c'est lui le vilain, parce qu'il
a voulu voir clair dans de vieux comptes
datant de douze années.
Je ne puis entrer ici dans l'exposé com-
plet du procès, qui est d'apparence fort
compliquée; et j'aurais la place de le
faire, que je reculerais encore, car il me
faudrait parler, au moins incidemment,
d'un autre procès en cours entre le
Figaro et M. Lemerre, ce qui me semble-
rait incorrect. Mais il est indispensable
que je résume l'affaire brièvement, et
cela me sera d'autant plus facile, que rien
au fond n'était plus clair ni plus juste
que la prétention de M. Bourget.
Dans son intimité étroite avec son édi-
teur, qu'il avait même fini par tutoyer,
une série de faits, et particulièrement la
publication d'une certaine édition de
Cosmopotis en Amérique, finirent un
beau jour par ébranler son absolue con-
jîance. Les choses traînèrent, car elles
~t9~tË~
ne passe pas en quelques heures de l'
l'abandon heureux de l'amitié à. la cer- li
titude d'avoir été trahi. Des explica- q
tidns eurent lieu, et M. Lemerre finit n
par reconnaître qu'un règlement gê- t
néral des anciens comptes était né- t
cessaire. Donc, dans un nouveau v
traité, passé en novembre 1895, il
fut convenu qu'on arrêterait contra- é
dictoirement ce compte, qui, portait sur g
un nombre de quatre cent dix mille r
exemplaires que M. Lemerre disait avoir
tirés des œuvres complètes de M. Bour- t
get, depuis 1883, c'est-à-dire en douze v
années. L'opération était fort simple, il d
s'agissait d'établir sur des preuves irré- l
futables le nombre exact des exemplai- t
res tirés pendant ces douze années, d'en i
déduire le nombre des exemplaires que è
l'éditeur avait payés à l'auteur, et d'en 1
arriver ainsi, à l'aide d'une soustrac- c
tion, au nombre des exemplaires dont il I
.lui devait encore les droits. e
̃ Et le procès est né de là, M. Lemerre, 1
au dernier moment, malgré le traité de £
novembre 1895, ayant empêché d'établir r
contradictoirement ce nombre des exem- i
plaires tirés, en refusant de communi-
quer aux mandataires de M. Bourget les c
pièces dont ceux-ci avaient besoin pour se 1
convaincre, etparticulièrement ses.livres i
de tirages et de brochage. Il s'emporta, il (
déplara que sa dignité' ne lui permettait 4
pas de tolérer une pareille enquête, de-' 1
vant l'injurieux soupçon qu'elle préci-
sait. En somme, c'est toujours au fond
l'éternelle question du contrôle, la
preuve qu'un éditeur devrait faire à ]
l'auteur du nombre exact d'exemplaires
qu'il tire et met en vente. Il n'y a pas 1
d'autre querelle. M. Bourget, après tant i
d'autres, soupçonnant son éditeur de ]
l'avoir trompé sur les chiffres des«tirages,
a exigé de connaître ces chiffres avec les ]
preuves décisives à l'appui. Et, s'il a
traduit M. Lemerre devant le Tribunal
de commerce, c'est parce que celui-ci a.
refusé de lui donner ces preuves, et
c'est pour que le tribunal le condamne à
les lui donner..
On sait que le tribunal a fait droit à la
demande de M. Bourget, en nommant
un arbitre qui, contradictoirement avec:
les parties, devra procéder à l'établisse-
ment du compte, en se faisant communi-
quer toutes les pièces qui lui sembleront
indispensables pour arriver à la vérité
complète. Il est donc certain qu'il récla^
mera les livres de tirages et de brochage;
et, si ces livres n'existent pas chez M. Le-
mérre, comme cejui-ci l'a déclaré, il de-
vra au moins fournir les pièces qui lui
en tiennent lieu, factures, inventaires*,
ordres d'entrée et de sortie. De toutes:
façons, la clarté sera faite.
Avant de conclure, je voudrais bien
dire un' mot de. M° Pouillet; car, je
l'avoue, c'est Me Pouillet qui me stupéfie,
dans cette affaire. Il faut y établir très
nettement son rôle, écrivains, mes frères,
et nous souvenir.
Que M" Pouillet ait tenté de salir
M. Bourget en produisant'des lettres
intimes, en le présentant comme par-
jure à l'amitié, dévoré par la passion de
l'argent, calomniant un vieil ami, un
bienfaiteur; par amour du lucre, ce n'est
là encore que l'aimable jeu habituel
de l'avocat qui plaide sa cause, couvre
de boue la partie adverse, uniquement
pour innocenter son client. Pourtant,
n'oubliez pas que Me Pouillet est en
ce moment bâtonnier de l'Ordre, et je
m'imaginaisqu'unbâtonnier devait avoir
certains scrupules, surtout lorsqu'il avait
devant lui un maître de la littérature
comme M. Bourget, que sa vie de grand
labeur et de haute dignité aurait dû met-
tre à l'abri de si basses injures.
Mais laissons le bâtonnier, chacun
honore sa situation comme il l'entend. Ce
qui est plus intéressant pour nous, c'est
que Mo Pouillet est président de la Société
littéraire et artistique internationale,
c'est qu'il fait profession de s'occuper.
avec chaleur de la propriété littéraire,
c'est qu'il passe pour avoirda spécialité
de nous aimer et de défendre nos droits
dans le monde entier. Et, dernièrement
encore, ne l'a-t-on pas vu faire partie de
ce Congrès qui s'est réuni à Paris, pour
reviser la convention de Berne, un
Congrès où il nous représentait sans
doute en délégué omnipotent, car
pas un seul de nous, écrivains, mes frè-
res, n'a été appelé à y formuler nos
vœux. •
Et c'est cet homme qui vilipende M.
Bourget, qui plaide pour M. Lemerre là
plus douteuse dès causes, et qui la plaide
d'une exécrable manière, en apportant
sur le contrat d'édition une théorie inac-,
ceptable, qui a soulevé, au Palais, je le
sais, une véritable surprise. Il a soutenu
que l'auteur n'était pas l'associé de l'édi-
teur, que le contrat d'édition n'était pas,
un contrat de participation, mais un con-
trat de confiance; de sorte que l'éditeur
doit être cru sur parole, qu'il n'a pas de
pièces justificatives à fournir, et que
l'auteur n'a qu'à prendre le parti de se
taire, du moment qu'il ne peut convain-
cre l'éditeur de vol.
Mais il y a mieux, ces extraordinaires
affirmations sont basées sur des raison-,
nements plus extraordinaires encore..
Savez-vous pourquoi l'auteur n'est pas
l'associé de l'éditeur? c'est parce que lui
ne risque rien dans l'affaire, tandis que
l'éditeur risque son argent. L'auteur ne
risque rien mais il risque tout son cer-
veau, son cœur, son âme, sa vie entière 1
C'est lui qui est l'enjeu, et l'éditeur n'est
que l'exploiteur qui passe. Toujours
au fond se retrouve l'idée de l'éditeur
bienfaiteur, de l'éditeur Mécène, à qui
l'auteur doit tout. M. Bourget, par son
talent, par son travail conquiert une
des plus hautes places dans notre litté-
rature, et voilà Me Pouillet qui nous ap-
prend que cette place, c'est à M. Lemerre
qu'il la doit. Ah non, laissez-moi rire 1
M. Bourget ne doit absolument rien qu'à
lui-même, et quant à M. Lemerre, il doit
sa fortune à M. Bourget, voilà' le vrai
Sans auteur, pas d'éditeur, tandis qu'on
peut très bien "Cjesiee-voir Tasteur sans.
l'éditeur* l'auteur par exemple qui s'édite
lui-même. Et je dis ces choses, parce
quiUfaut qu'elles soient-. dites; mais je
n'en suis pas moins pour les plus affec-
tueux des rapports entre éditeurs et édi-
tés, avec la mutuelle gratitude des ser-
vices rendus et reçus.
Déjà, dans la très louche affaire des
éditeurs Letouzey et Ané, dont il avait
gagné la cause, l'attitude de M0 Pouillet
m'avait étonné. Et aujourd'hui ma con-
viction est faite, il est pour nous le
traître, l'avocat passé à la partie ad-
verse. Il nous aime bien, jure qu'il
défend toujours nos droits; mais nous,
le trouvons toujours 1.'avocat, de l'édi-
teur, de l'exploiteur, contre nous.. Et
il explique cela par la force même
de son amour, il dit qu'il veut sauver
l'auteur de ses propres excès, en plaidant
contre lui. Merci bien N'est-ce pas du
plus prodigieux comique ? Laissez-vous
exploiter, mes petits, fermez les yeux, si
l'on vous ment un peu sur les tira-
ges, et vous aurez au moins ce point de
ressemblance avec La Fontaine et Cor-
neille! 1
Et c'est M0 Pouillet qui a, défendu nos
droits dans le dernier Congrès de ta pro-
priété littéraire! Ah écrivains, mes frè-
res, comme ils étaient bien défendus, nos
droits, et avec quelle énergie il a dû faire
triompher l'étrange amour qu'il nous
porte l
La conclusion de tout ceci est que
M. Bourget a rendu un grand service
aux écrivains, en faisant déclarer par un
tribunal que le contrat d'édition est bien
un contrat de participation, qui donne à
l'auteur un droit de contrôle absolu. Et
nous lui devons tous des remerciements,
pour avoir fait définitivement fixer ce
droit, au milieu des ennuis et des dé-
goûts d'un pareil procès.
Avec M. Lemerre, c'est la fin d'un
monde. Ce qui lui arrive devait arriver,
car il était le dernier de ces éditeurs à
l'ancienne mode, mâtinés de bienfaiteurs
et de joueurs, se vantant de ne pas tenir
délivres, tutoyant leurs auteurs et les
payant à leur, fantaisie, en faisant entrer
dans le compte la part d'immortalité
dont ils se croyaient les dispensateurs.
Tout cela, c'est bien fini, et nous venons
d'assister à l'écroulement.
La propriété littéraire est une pro-
priété, et le travail littéraire doit être
soumis aux lois qui règlent actuellement
l'exploitation de tout travail, quel qu'il
soit. La justice et la dignité sont là, et pas
ailleurs. Depuis des années déjà, les
grandes maisons d'édition de Paris le
pavent bien, car elles n'ont pas d'autre
règle de conduite, tenant leurs livres de
commerce avec un soin scrupuleux, et
toujours-prêtes à les montrer aux au-
teurs qui désirent connaître leurs
comptes.
̃ Sans doute, bien des froissements; se-
ront évités, lorsqu'on aura trouvé un'
moyen de contrôle pratique, pour les
tirages. Nous l'avons beaucoup cherché,
à la Société des Gens de lettres, et je sais
qu'on l'y cherche encore. On finira par
le trouver, ce n'est pas douteux, et ce
qui est certain aussi, c'est que toutes les
grandes maisons d'édition sont prêtes à
l'accepter, s'il est vraiment applicable.
Alors, l'antique querelle sera terminée,
et s'il n'y a pas plus de talent, il y aura
tout de même un peu plus. d'honnêteté
sur la terre. _̃.
snr la terre. Emile Zola. `
Échos
La Température
Le baromètre a monté très rapide ment; il
était hier à 765mm; la veille, il ne dépassait
pas 758mm. Mais cette hausse va cesser; de
faibles pressions s'avancent vers nos côtes de
l'Ouest. Des pluies sont encore signalées dans
l'ouest du continent.
La température est également en légère
hausse, c'est-à-dire que le thermomètre don-
nait hier 160 le matin, arrivait à 200 1/2 à midi
et à 22o à deux heures; il était aussi à 22" à
Alger et à 260 à Constantinople, dans la ma-
tinée.
La journée d'hier a été assez chaude, sans
pluie, mais ce beau temps n'est que momen-
tané de nouveaux orages sont prochains.
Dans' la soirée, le thermomètre indiquait 16°
et le baromètre restait, .vers onze heures,
à 76omm.
Les Courses
A 2 h., courses au Bois de Boulogne.–
Gagnants de Robert Milton
Prix du Mont- Valérien Garde du
Corps, #
Prix d'Argenteuil La Licorne.
Prix de Ferrières Cossack.
Prix de la Néva Majestad.
Prix de Mendon Le Stagirite.
Prix de l'Eté Calcéolaire.
» M. BRISSON
Lx L'attaque dirigée par notre confrère
4K M. Judet contre le président Bris-
son n'est pas, dans l'état présent des
compétitions et des luttes parlementaires
en France, un acte politique indifférent.
On l'attribue à toutes sortes d'inspira-
tions ténébreuses, à des mobiles calculés
que dément l'indiscutable indépendance
de l'auteur. Elle n'a fait tant de bruit que
parce qu'elle expose au public ce qui
court les couloirs et les ruelles parle-
mentaires, savoir que, sous ses appa-
rences de machine à hacher impassible-
ment des lois, M. Brisson est le sectaire
le plus partial et le plus étroit, le calcu-
lateur le plus égoïste et peut-être aussi
le plus profond qui se soit assis sur le
fauteuil illustré jadis par les Marrast,
par les Dupin, par les Sauzet, par les
Morny et par tant d'autres.
Les querelles personnelles nous répu-
gnent généralement. Aussi, l'on remar-
quera que, dans la campagne que
nous avons menée contre un cabinet
qui av.aB mamfestejpaënt les prëférea-
ces; de M. Brisson, nous avons évité i .]
de nous occuper du personnage. Mais
l'attaque de M. Judet correspond non
seulement à un sentiment d'indigna-
tion courant dans le parti libéral et pro-
gressiste, mais à une nécessité de situa-
tion. Il serait dangereux, au moment où
des luttes décisives vont s'engager dans
le Parlement français, où les principes
de la propriété individuelle, de l'invio-
labilité des engagements publics et de la
sécurité sociale vont être mis en ques-
tion, de laisser croire que les adversaires
des doctrines radicales et socialistes sont
les dupes de « l'austérité deM.Brisson»,
après en avoir été les victimes.
Il suffit de montrer à cet homme, mieux
servi, par sa médiocrité enfiellée que ne
l'ont été Ferry et Gambetta par des ta-
lents supérieurs, qu'on le connaît enfin.
L'auréole se dissipera toute seule. Sur
quelle transcendance de sentiments, d'in-
telligence ou de savoir, sur quels services
rendus à l'Etat se fonde la réputation de
ce journaliste sans style et par consé-
quent sans relief, qui, sous l'Enpire, in-
carnait dans le Siècle une opposition
têtue, solennelle, faite de formules et
vide d'idées ? `
Pour mettre M. Brisson à sa place et
a son rang, point n'est besoin d'aller
fouiller dans le passé. Le présent suffit.
̃m ci «_»r-rp"n a
A Travers Paris
UNE LETTRE DU PRINCE NAPOLÉON
Le prince Napoléon a adressé hier, de
Bruxelles, la lettre suivante au général
du Barail, à propos de bruits fantaisistes
qui avaient couru sur son abdication en
faveur. du duc d'Orléans (!), bruits dont
nousïi'aviohs'mêmepas voulu nous faire
l'écho
Mon cher général,
Vous'me signalez des articles de journaux
parlant de négociations fantaisistes pour
m'amener à l'abandon de mes droits.
Les Napoléons n'ont de droits que ceux
qu'ils tiennent du peuple; seul le peuple
peut les infirmer.
Représentant d'une grande cause, jen ab-
diquerai jamais les devoirs que m'impose
mon nom.
Je sais subir patiemment la mauvaise for-
tune je suis de ceux qui; envisagent résolu-
ment, mais froidement, un avenir dans le-
quel ma foi reste inébranlable.
Croyez-moi, mon cher général,
Votre affectionné
NAPOLÉON*
cÍ c'o Q a
Un. mot charmant du Tsar qui n'a pas
encore trouvé place dans le récit des
magnificences de Moscou et qui vaut à
lui seul bien des cérémonies..
̃• On causait, à l'ambassade de France,
de la pluie et du beau temps de la pluie
qui n'avait cessé de tomber, trois se-
maines durant; du temps merveilleux
qui lui avait succédé, sans interruption,
depuis le commencement des fêtes.,
Sire, dit Mme de Montebello, c'est
̃Votre; Majesté qui a apporté .ce beau
temps avec Elle.
Non, madame, répondit l'Empe-
reur, c'est ma mère qui l'a apporté de
France. ̃ r ̃.
.e..r
M. le général de Boisdeffre et les mem-
bres de l'ambassade extraordinaire en-
voyée à Moscou pour les fêtes du cou-
ronnement sont rentrés à Paris hier
matin, à huit heures cinquante minutes,
par la gare de l'Est.
• Mme la générale de Boisdeffre, les gé-
néraux Mathis et Gonse et une dizaine
d'officiers de l'état-major général atten-
daient sur le quai de la gare.
Vers onze heures, le général de Bois-
deffre a été reçu à l'Elysée par le Prési-
dent de la République, avec qui il a eu
un assez long entretien.
La Commission, du budget a tenu hier
une importante séance.
Elle a voté, par 15 voix. contre 1 et
après un rapide échange d'observations,
l'impôt sur la rente et repoussé ensuite
l'amendement de M. Plichon « Il sera
offert aux porteurs de titres de rente sur
l'Etat passibles de l'impôt le choix entre
le remboursement de leur créance oula
remise d'un nouveau titre qui ne pourra
pas être converti avant 1902. » Mais rien
ne prouve que, sur ce dernier point, la
Chambre suivra docilement sa Commis-
sion. C'est même là-dessus que se livrera
vraisemblablement la grande bataille.
On annoncé que M. Lemerre, à la suite
des opinions formulées par ses confrères
dans le procès qu'il a perdu contre M.
Paul Bourget, a donné sa démission de
membre du Cercle de la Librairie.
C'est à deux heures que sera donnée,
auTrocadéro, la très belle audition de
la Damnation de Faust, organisée au
profit de Joseph Luigini par M.Edouard
Colonne, avec son orchestre et ses
chœurs..
On trouvera des places jusqu'à l'ou-
verture du concert au palais du Troca-
déro,
M. Louis Àndrieux nous a-" envoyé,
hier, 50 fr. pour Luigini, que nous ajou-
tons aux sommes déjà reçues l'ancien
préfet de police, ne pouvant assister au
festival d'aujourd'hui, tenait à prendre
part à la bonne œuvre organisée en fa-
veur de l'infortuné chef d'orchestre qu'il
avait connu autrefois à Lyon dans tout
l'éclat de ses succès.
C'est demain dimanche qu'a lieu, à la
Galerie Georges Petit, l'exposition parti-
culière des tableaux militaires de Ed. De-
taille et A. de Neuville, provenant du
Panorama de Rezonville.
Lundi, exposition publique la vente
se fera le mardi 16 juin.
̃ M. Kirchhoffer nous prie de déclarer
'que c'est à la demande des organisateurs
du Tournoi « international » et sur le
conseil de son maître, M. Vigeànt, qu'il
a renoncé, pour le moment du moins, à
relever le défi du cbeyaUer pioi avec
lequel -il lui eût été très agréable de sa
mesurer une quatrième fois,
Plus de deux cents dames de la colo-
nie anglo-américaine, ayant à leur tête
l'honorable Mme Gye, se trouvaient réu-"
nies mercredi dernier à la Galerie des
Champs-Elysées pour offrir à la mar-
quise de Dufïerin et Ava, à l'occasion de
son prochain départ, un souvenir, pour
la grande part prise par elle au dévelop-
pement des institutions charitables an-
glo-américaines de France. Ce souvenir,
une superbe garniture de cheminée
Louis XVI, a été présenté par sir Edward
Blount qui a prononcé un touchant dis-
cours. L'honorable docteur Herbert a,,
pris ensuite la parole pour rappeler tout
le bien fait par lady Dufferin pendant
son séjour, à Paris. Celle-ci, très tou-
chée des témoignages d'affection qui lui
étaient prodigués, a remercié en termes
émus. ,• ;̃;
.e.
Le Jardin de Paris donne ce soir une
grande fête de nuit, à l'occasion du Grand-
Prix. ̃•̃
Il C" a' ca a
A propos de l'écho que nous avions
consacré à la pitoyable fumisterie de la
fausse dépêche soi-disant adressée, par
l'empereur Guillaume à la famille, de
Jules Simon, nous recevons de M. Paul
Masson une lettre de protestation indi-'
gnée contre la seule pensée que cette
inconvenance ait pu lui être attribuée.
Nous accueillons avec d'autant plus
d'empressement la protestation de notre
confrère que notre écho ne le visait pas.
Ce n'est pas notre faute si ce pseudo-
nyme de Lemice-Terrieux, qu'il a rendu
célèbre, est devenu aujourd'hui une ap-
pellation générique, et M. Paul Masson^
nous en sommes très certains, doit -se
rendre compte lui-même de rinèonyé-
niçntde certaines plaisanteries, par- la
triste usage qu'en font des imitateurs
d'aussi mauvais goût et de si peu de
mesure.̃-•-
Quand on r'construira l 'Opéra-Comique. i.
11 sera reconstruit plus tôt que ne pré-
voyait la chanson, et les spectateurs
auront dans le dépôt d'Eviàh qui se trou-
vera tout près d'eux, à l'angle; du boule-
vard et de la rue Favart, une sorte de
foyer où ils. iront déguster, à chaque
entr'acte, un verre d'eau de cette mer-
veilleuse source Cachât aujourd'hui in^
séparable de la vie parisienne.
'H
•"̃̃̃ "'aoB'Rttit-
Depuis deux jours, la ville de Sênà
possède une centenaire, Catherine GaT-
lier, née le 10 juin 1796 à Compigny,
petit village de l'Yonne., 1.
Catherine Gallier était, servante à l'hô-
tel Çretté, à Bray-sur-Seine, en 1814, lors-
que Napoléon Ier s'y arrêta en traversant
cette ville. C'est élite qui servit à déjeû-
ner au grand homme, et elle se montre
très fière de ce; souvenir auquel elleïaït
complaisàmmènt allusion lorsqu'on l'in-
terroge sur l'époque de la fameuse cam-
pagne de France.
Catherine Gallier entra ensuite au ser-
vice d'une famille de Sens à laquelle elle
resta attachée cinquante ans.
Elle est'exempte de toute infirmité et
possède encore une mémoire extraordi-
naire. *>
De notre correspondant de Marseille t
« Il y a douze ans environ, le Figaro
racontait la détresse dans laquelle était
plongée une dame Benoîte Corradi, née
Gambetta, fille d'un frère du célèbre
tribun.
» La situation de cette malheureuse,
qui est d'ailleurs inscrite au bureau de
bienfaisance, n'a pas changé et a même a
'empiré. Elle a dû quitter son modeste
appartement de la rua Thiers pour: en
prendre un dans les vieux quartiers de
Marseille. Il m'a paru intéressant de
consigner ces détails au moment où la
mort de Gambetta fait, une fois de plus,
couler tant d'encre. »
On célébrera aujourd'hui,au château de
Berg, sur le lac de Stern, en Bavière, le
dixième anniversaire de la mort tragi-
que du roi Louis II, qui se noya dans ce
lac le 11 juin 1886, et on posera la pre-
mière pierre d'une chapelle commémo-
rative, dont le régent Luitpold, oncle du
roi défunt et du roi Othon actuellement
interné au château, de Fûrstenried, et
père, du prince héritier Louis, a ordonné
la construction.
L'incident récent survenu au banquet
de la colonie allemande de Moscou,
l'attitude prise en cette circonstance par
le prince Louis de Bavière, ne donnent-
ils pas un intérêt particulier à cette ç,
rémonie d'anniversaire, qui rappelle
l'étrange suicide encore mal expliqué
aujourd'hui d'un prince fier d'allure
et franc de langage autant que s«à cou-
sin- dont la folie, d'ailleurs formelle-
ment démentie par son médecin le doc-
teur Schleiss, servait si merveilleuse-
ment la politique de M. de Bismarck?
ïïouvelles à la Main £
Entre médecins
Comment faites-vous, mon cher
confrère, pour être payé intégralement?
Je ne soigne que les belles-mères.
Si elles guérissent, leurs nlles me payent
bien; si elles meurent, leurs gendres-nie
payent mieux.
Un pipelet de génie.
Ayant remarqué, pendant ces dermers
jours de pluie, que nombre de personnes
s'engageaient dans son escalier sans te-
nir compte de l'avis traditionnel «Es.
suyez vos pieds, s. v. p. », notre homme
n'avait rien trouvé de mieux, pour pçé-
venir toute infraction, que de modifier
ainsi le texte de l'écriteau-:
« Les mufles sont dispensés d'essuyer
leurs pieds sur, le paillasson. » "C
'̃ v X«e 3tDCM
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