Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1893-06-12
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 juin 1893 12 juin 1893
Description : 1893/06/12 (Numéro 163). 1893/06/12 (Numéro 163).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2825640
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Lundi 12 Juin 1893
Le Numéro : 15 cent, à Paris, 20 cent, dans les Départements,
39* Année - 3* Série - N* 163
FRANCIS MAGNARD
Rédacteur en chef
mmmm -i -
A. PÉRIV1ER
Secrétaire de la Rédaction
-l
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LE FIGARO
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Entre toutes les peintures d'Eugène
Delacroix, il n'y en a point qui m'inté-
resse autant que son portrait de lui-
même, légué jadis au Louvre par Jenny
Le Guillon sa fidèle amie, et exposé au-
jourd'hui dans cette sombre salle des
portraits d'artistes, qui aurait fait le
bonheur de notre cher Michelet.
Ce n'est pas que je n'admire la Lutte
de Jacob avec F Ange, l'Entrée des Croi-
sés à Constantinople, l'Ophélie et ces
Barques (de Saint-Pierre, de Don Juan,
du Dante même) avec la puissante ex-
pression de leurs violets et de leurs
rouges sur le vert tragique des fonds.
Comme Baudelaire dans la poésie,
comme dans la musique Berlioz, Dela-
croix a apporté dans la peinture un fris-
son nouveau. Mais un âge vient pour
chacun de nous où nous n'aimons plus
guère les frissons, quels qu'ils soient;
nous leur préférons désormais des im-
pressions plus tranquilles et plus dou-
ces; et nous ne demandons pas aux
oeuvres d'art qu'elles soient nouvelles, I
mais seulement qu'elles soiént belles. !
Et j'avoue que d'année en année je
suis moins sensible à la beauté des
peintures d'Eugène Delacroix. Elles-
mêmes, d'ailleurs, se font moins belles
d'année en année. Elles noircissent,
elles se crevassent, elles perdent cet
éclat fiévreux qui nous émouvait en
elles. Connaissez-vous une vieille copie
de la Barque du Dante qui, depuis mon
enfance, sert*d'enseigne à une boutique
du boulevard Montparnasse? Je ne pou-
vais passer devant elle sans frémir
d'enthousiasme, lorsque la fantaisie de
nos maîtres d'études dirigeait de ce côté
nos tristes promenades de collégiens
privés de sortie. Je l'ai revue l'autre
jour : le soleil et la pluie l'ont toute effa-
cée. Mais le tableau du Louvre, abrité
de la pluie et du soleil, s'est effacé pres-
que autant. Les Femmes d'Alger s'écail-
lent par morceaux; le Piafona cC Apollon
paraît plus vieux que les plafonds de
Le Brun. Je ne sais rien de lugubre
comme cette rapide agonie d'oeuvres
jadis aimées.
En moi aussi quelque chose périt sans
cesse de mon ancienne ardeur à les ai-
mer. J'y retrouve toujours les mêmes
intentions, car aucune peinture ne fut
plus franchement, plus résolument
expressive. Mais les sentiments qu'elles
expriment sont d'un romantisme si ou-
tré 1 Ce sont des sentiments plus byro-
niens que ceux de Byron, des passions
sauvages, de sinistres angoisses, des ri-
canements de damnés.
Et pour exprimer ces sentiments déjà
si pénibles, que d'efforts, quelle déso-
lante incertitude de là main et des yeux
On sent que jamais les mouvements les
plus pathétiques n'ont paru assez pathé-
tiques, les plus violentes dissonances
assez violentes pour traduire pleinement
les visions d'une âme exaspérée. Tant de
travail, tant de reprises, et pas une
oeuvre qui nous semble achevée! Pas
une oeuvre qui dira tout à fait ce que le
peintre a voulu lui faire dire ! Un es-
prit malade, des nerfs malades : la per-
sonnalité d'artiste la plus originale qui
se puisse concevoir, mais si inquiète, si
misérable, égarée si loin de ces jardins
fleuris où le génie des vieux maîtres
allait cueillir la beauté I
Ainsi j'en suis venu à aimer surtout
dans ces peintures le reflet que j'y voyais
de l'âme d'Eugène Delacroix, une âme
profondément romantique, fougueuse,
farouche, brûlée de toutes les fièvres du
doute et du désespoir. Et c'est ainsi que
le portrait de Delacroix a fini par m'in-
téresser davantage que ses plus belles
peintures. J'essayais d'y retrouver cëtte
âme singulière, mais cette fois à nu de-
vant moi, et dans la tragique horreur
que je lui supposais.
J'étudiais ce portrait et, à mesure que
je l'étudiais, mon étonnement augmen-
tait. Impossible d'y découvrir la moin-
dre trace de ce que j'y cherchais. Pas
l'ombre de satanisme, de byronisme,
même de romantisme, dans ce beau vi-
sage énergique et ouvert, dans cette
bouche en repos, dans ces grands yeux
fixés sur moi avec une assurance tran-
quille. Je cherchais un poète malade et
désespéré et je trouvais à sa place quel-
que chosê comme un officier de l'Em-
pire, un type admirable de ferme vo-
lonté, de confiance en soi-même, de
calme raison. Il n'y avait pas jusqu'à la
peinture qui ne me déconcertât dans cet
étrange portrait : une peinture toute
classique,sobre, contenue, un peu froide,
peut-être, malgré le vert flamboyant du
gilet. Qui donc avait raison, de ce por-
trait ou des tableaux exposés dans la
salle voisine? Qui, d'eux ou de lui,
disait la vérité sur l'âme d'Eugène Dela-
croix?
C'est le portrait seul qui disait la vé-
rité : voilà ce que m'a clairement révélé
le journal d'Eugène Delacroix, dont on
vient de publier les deux premiers vo-
lumes. Je ne connais pas d'ouvrage plus
sincère, ni qui montre plus entièrement
la personnalité de l'auteur. De 1823 à
1854, sauf quelques années de relâche,
Delacroix y a noté toutes ses pensées,
tout ce qu'il entendait, tout ce qu'il di-
sait, jusqu'aux plus intimes détails de
sa vie morale. De jour en jour, on l'y
voit vivre ; et, de jour en jour, on le voit
s'éloigner davantage de l'idéal roman-
tique que semblait révéler sa peinture.
A vingt-cinq ans, c'est déjà un jeune
homme froid et réfléchi, dédaignant la
passion comme un excès fâcheux, or-
donnant tous ses actes, raisonnant tou-
tes ses idées. A quarante-cinq ans, il
n'aime plus dans la peinture que Ra-
phaël et Poussin ; il avoue que toute im-
pression d'art trop vive lui est pénible ;
il se repent d'avoir jadis admiré Byron,
Géricault, Dante, Michel-Ange, même
Shakespeare, même Homère, qu'il tient
pour un barbare. Il n'a souci que de la
pureté des formes, de la perfection clas-
sique Avec un sens pratique merveil-
leux il juge les débats du Conseil mmû-
cipal de Paris, dont il est un des mem-
bres les plus empressés. Il s'inquiète de
la durée, de la solidité des couleurs
qu'il emploie. Il écrit d'avance, ton par
ton, les tableaux qu'il va peindre. Et
toujours, avec une variété d'arguments
et une vigueur extraordinaire, il com-
mente cette phrase de Mozart : «Que les
passions les plus violentes, pour être
traduites dans un art, doivent être re-
tenues et ornées, et que l'artiste n'en
doit traduire que ce qu'elles ont d'esthé-
tique. »
C'est dans cet état d'esprit que vivait
Delacroix quand il peignait son plafond
du Louvre, et tant d'oeuvres où les pas-
sions les plus, violentes s'expriment avec
une violence terrible. Il y a eu, entre
l'homme et son oeuvre,une constante op-
position, que les années ont encore
agrandie. La chose est incontestable, et je
ne me mettrai pas en peine de vous l'ex-
pliquer. Elle prouve seulement une fois
de plus que tout est contradiction,
mystère, vanité, en nous comme a!utour
de nous. Nos sciences sont comme de
piteux châteaux de cartes, le premier
souffle d'air les jette sur le sol. Un jeune
peintre hollandais, Vincent van Gogh, a
laissé des oeuvres qui sont absolument
d'un fou, en dehors de toute raison et de
toute beauté ; et au moment où il les
peignait, il jugeait des choses de l'art
avec une sagesse, une modération, une
lucidité incomparables. Le Mercure de
Francepublie une série de ses lettres à
un ami ; jamais on n'a mieux parlé des
conditions et des limites de la peinture.
Pareillement Eugène Delacroix nous
a laissé une oeuvre de malade : et c'était
le mieux portant des hommes, je veux
dire pour la force et la clarté de l'esprit.
Mais je voudrais pouvoir vous dire en-
core quel homme admirable c'était, com-
bien son âme, pour n'être point byro-
nienne ni tragique, était noble, droite,
et pleine précisément de cet air et de
cette pure lumière qui manquent à la
beauté de son oeuvre. Son âme était
plus belle cent fois qu'aucun de ses ta-
bleaux. Sur toutes choses, sur la poésie,
sur la musique, sur la vie, elle prome-
nait un clair regard qui les pénétrait jus-
qu'au fond. Son Journal, si seulement
on l'allégeait d'une foule de menus dé-
tails désormais inutiles, serait l'unique
manuel de philosophie et dé critique
dont je voudrais conseiller la lecture. Il
est écrit dans la belle langue d'autre-
fois, avec les beaux sentiments d'autre-
fois. Et je sens que je l'aimerais toujours
davantage à mesure que la peinture
d'Eugène Delacroix perdra pour moi de
son intérêt.
T. de Wyzewa.
Au Jour /e Jour
POMPIERS D'OUTRE-MER
Aujourd'hui s'ouvre, à Londres, le Congrès
international des pompiers. J'imagine qu'on y
verra des expériences émouvantes et je ne se-
rais pas étonné que, sur ce terrain aussi, la
palme, ou le plumet, fût aux Américains.
Le pompier' est, en Amérique, un person-
nage beaucoup plus vénéré que chez nous. On
ne s'y permettrait pas de l'envoyer à Nanterre,
comme font les couplets de nos gavroches. Le
feu est la grosse préoccupation du Nouveau-
Monde. On l'adore en Perse; on le redoute aux
Etats-Unis, avec une appréhension qui se tra-
duit par des honneurs bruyants.
Il y a quelques mois, j'arrivai à Niagara.
Dès Buffalo, les voies et les arbres étaient
pavoisés; les rues retentissaient de chants pa-
triotiques; des pelotons de soldats chamarrés
sillonnaient la ville, coiffés du bicorne à gros-
ses plumes violettes, et, pour le reste, tout à
fait semblables à nos académiciens, jusques à
leur épée frêle et vierge de sang. A Niagara
même, des banderoles tricolores - le bleu, le
blanc et le rouge sont les couleurs des United
Stat es- couraient le long des maisons entre de
grands écriteaux : Wellcome J où tous les hon-
neurs étaient rendus aux pompiers. Des camelots
vendaient de grosses décorations figurant un
casque à couvre-nuque très enrubanné, et
les dames les piquaient sur leur coeur.
Toutes les musiques prirent part au très im-
posant cortège - y compris la musique des
Peaux Rouges : car ces nobles sauvages, que
chanta Chateaubriand, sont aujourd'hui orga-
nisés en fanfares; ils revêtent, les dimanches
et jours de fête, le costume de cuir perlé mul-
ticolore, le diadème et l'arête dorsale en lon-
gues plumes, et l'on voit Chactas qui souffle
dans une clarinette à côté d'Outalissi qui porte
l'ophicléide.
L'éclat de ces fêtes constate la grande
frayeur que ces gens ont de l'incendie, lequel
exerce chez eux d'épouvantables ravages. Dans
les maisons et les hôtels, on est sans cesse ra-
mené à cette préoccupation par les affiches,
les avis, les engins, comme dans nos théâtres.
L'écriteau à louer porte que l'immeuble est
moderne et freproof, incombustible. A la fe-
nêtre est fixé' un gros crochet, et le câble est
sur le plancher. Des escaliers de fer desser-
vent toutes les façades, qui ressemblent ainsi
à celle du Palais-Royal. Jack quitte souvent
l'hôtel par là, de très bon matin, sans payer
sa note. ".
Les postes de pompiers à New-York sont
admirables. Quelle que soit la perfection
des nôtres, nous n'arrivons.pas à une installa-
tion aussi minutieuse et aussi précise. Dans
les rues, les poteaux avertisseurs ont le télé-
phone. Il y a deux espèces de firemen : ceux
de l'Etat et ceux des Compagnies d'assu-
rances ; ceux-ci sont plus expéditifs encore,sti-
mulés par l'intérêt des patrons, qui est de
faire la plus petite possible la part du feu.
Mettez-vous dans le coin du poste pour n'être
pas bousculés. Les engins sont prêts, les che-
vaux sont dans les box. Le capitaine va nous
donner la représentation. Il tire la corde qui
fait sonner le timbre d'alarme, un timbre large
comme un cadran d'horloge publique.
Le coup de timbre détache automatiquement
les longes des chevaux, qui viennent d'eux-
mêmes se ranger à leur place le long des bran-
cards de la pompe. Le capitaine sonna une
fois en fermant le courant qui déboucle les
longes : vous auriez vu les chevaux piaffer,
hennir, prêts à tout démolir, furieux contre la
corde qui les retenait malgré la cloché.
Pour compléter l'expérience, on a fait cou-
cher les hommes, afin de nous montrer la ma-
noeuvre la plus longue Le dortoir est au pre-
wiei étage. Qj) y mm wfw mais
on n'en descend pas de même, comme vous
allez voir. Au coup d'alarme, l'homme saute
à bas du lit, enfile un pantalon de toile gou-
dronnée auquel sont cousues les bottes ; il est
instantanément vêtu et chaussé ; il prend sa
veste sous son bras, il la boutonnera en route,
sur la machine. Au pied de son lit, il y a un
trou dans le plancher. Il en sort une perche
de cuivre très lisse qui descend dans le poste.
L'homme saisit la perche, se lance, et, d'un
bond, il retombe au rez-de-chaussée sur le
paillasson. Chaque homme a sa perche qui
l'amène devant le marchepied qu'il doit oc-
cuper sur la machine, où les casques sont ac-
crochés en permanence.
Cependant Us chevaux sont venus d'eux-
mêmes à leur place ; le harnais descend du
plafond, comme chez nous ; on le boucle, le
fouet claque et la machine court déjà ; depuis
la sonnerie, il s'est passé quarante secondes.
Je ne sais s'il est possible de faire plus vite
et mieux dans cet art de la pyrothérapie. Les
Américains, ces gens effroyablement ingénieux,
ont du coup atteint les bornes et manoeuvrent
dans des conditions vertigineuses de vitesse.
Il est tout à fait désolant de penser que tant
de science ne rend pas les offices qu'on pour-
rait espérer : nulle part le service du feu n'est
plus admirable; nulle part le feu n'exerce de
plus fréquents et de plus terribles ravages.
Presque tous les jours le câble nous apporte la
nouvelle de quelque violent incendie.
Demonhôtel, à Union Square, je voyais par
delà la place un splendide immeuble, contigu au
palais de Tiffany: le feu l'a ravagé, il n'en resté
queles quatre murs démantelés; situé au centre
de la ville, à quelques pas des postes, il n'a pu
être préservé. Alors à quoi bon ? Ces sinistres
décourageraient l'activité ; mais, comme il vaut
toujours mieux être optimiste, Il ne reste qu'à
se dire : oui, mais que serait-ce donc si les
Etats-Unis n'avaient d'aussi excellents firemen ?
Léo Claretie.
ÉCHOS
LA POLITIQUE
Comme nous l'avions prévu, le nou-
veau discours de M. Dupuy est édulcoré,
lénitif et caressant ; il cherche à atténuer
l'impression fâcheuse qu'avaient laissée
les allures fanfaronnes du discours qu'il
avait prononcé à Toulouse.
Le ministre est enthousiaste pour la
Chambre, dont il admire les travaux et
qu'il félicite « de poursuivre l'unité bud-
gétaire ». L'unité est bien : l'équilibre
serait mieux.
Ce n'est pas tout : M. Dupuy est de-
venu poli pour les ralliés. Plus d'ironie,
cette fois ; il ne cherche même point à
savoir « s'ils veulent conquérir la Répu-
blique ». II pense seulement que, s'ils
sont venus à la République, c'est qu'ils
avaient pour elle «
time et de respect ».
Pour les socialistes eux-mêmes, et en
dépit de quelques cris qui ont égayé sa
promenade à travers la cité albigeoise,
le ministre est resté doux, se contentant
de recommander le respect de la loi.
Où M. Dupuy reste atteint de la ma-
nie de l'optimisme, c'est quand il af-
firme que le régime scolaire fondé par
la République « tend de jour en jour à
faire pénétrer davantage dans les cons-
ciences ce respect nécessaire de la loi ».
Cette illusion est un peu comique à
deux pas de Carmaux et pendant que les
syndicats ouvriers parisiens proclament
précisément la légitimité de leur révolte
contre la loi.
Les extases de M. Dupuy sur la pros-
périté que la France doit au genre de
République qu'il représente et « au nou-
veau régime douanier qui répond aux
besoins les plus urgents et aux nécessi-
tés les plus constatées », seraient sans
doute plus réservées s'il avait connu les
aveux de son collègue des finances sur
le rendement des impôts pendant les
cinq premiers mois de l'année 1893.
Il est inférieur de trente-cinq millions
à celui de 1892, sur lesquels, grâce à ce
« nouveau régime », dont M. Dupuypro-
clame les beautés supérieures, les doua-
nes sont én déficit de plus de onze mil-
lions.
N'oublions pas, qu'entre temps, M. Du-
puy avait répondu très courtoisement à
l'archevêque d'Albi. II est donc visible
que le discours de M. Constans et que
les manifestations des groupes républi-
cains libéraux ont passé par là, sans
parler,à un autre point de vue, du quasi
acquittement de M. Baudin qui, fatale-
ment, a un peu rabattu la superbe du
ministre.
M'en plaindrai-je? Non. Plus on sera
de modérés, plus on... rira. La seule
question est de savoir ce que pèsent ces
diverses modérations.
Une dernière observation : M. Gons-
tans ayant parlé de l'alliance russe, M.
Dupuy, qui tient à lui chiper tous ses
effets, en a parlé aussi... Ne vous sem-
ble-t-il pas qu'il y a là un certain man-
que de discrétion? En dehors de la vi-
site de Gronstadt, je n'entends jamais
dire que les ministres russes aient fait
à l'alliance française les allusions un
peu empressées que les ministres et les
politiques français font à l'alliance russe.
- P. M.
LA TEMPÉRATURE
Le baromètre, dans la journée, n'était plus
qu'à 768mm ; en outre, la température est sen-
siblement en baisse : 130 au-dessus le matin ;
150 1/2 à dix heures; 170 à midi; 1701/2 à
deux heures ; 240 à- Constantinople.
En France, le beau temps va persister ;
quelques orages sont cependant probables dans
le Sud-Ouest.
Hier, à Paris, beaucoup de vent, ciel nua-
geux, mais très belle journée. Dans la soirée,
thermomètre, 160 degrés 1/2 au-dessus; baro-
mètre, 751mm. Pluie ou vent.
Dieppe. - Temps superbe, mer très belle.
LES COURSES
A deux heures, courses à Auteuil. -
Gagnants de Robert Milton :
Prix Reugny : Joueur de Flûte.
Prix des Bruyères : Nip-Nip.
Prix de Chanceaux : Vélum.
Prix des Tilleuls : Le Rakos.
Prix du Brook : Simoun II.
Prix Magenta QlÛ M
À TRAVERS PARIS
S. M. la reine Pia de Portugal, arrivée
hier matin à neuf heures avec son fils
le duc d'Opporto, s'est rendue directe-
ment de la gare à l'église Saint-Roch
pour y entendre la messe.
Elle est allée ensuite à l'hôtel Mira-
beau, a déjeuné, puis est partie pour
Longchamps où elle a assisté aux
courses en se mêlant à la foule qui en-
combrait le pesage.
La Reine et le duc d'Opporto assiste-
ront ce soir au bal de la princesse de
Sagan.
La princesse Loetitia, duchesse d'Aoste,
a entendu hier la messe à la Madeleine ;
elle est ensuite allée rendre visite à îa
reine Pia de Portugal, sa tante.
La princesse, accompagnée de son
chambellan et de sa dame d'honneur, a
assisté au Grand Prix de Paris dans la
tribune réservée aux femmes des mem-
bres du Jockey.
Son Altesse Royale et les personnes
de sa suite ont dîné le soir chez la prin-
cesse Mathilde.
Dans le monde :
Le duc et la duchesse de Gramont ont
donné samedi, dans leur hôtel de la rue
de Chaillot, un bal blanc égayé de quel-
ques pétales roses, en l'honneur de l'en-
trée dans le monde de Mlle de Gramont.
Toutl'armorial a défilé dans les sa-
lons :
Duc de Doudeauville, prince et princesse
de Léon, duchesse d'Uzès et Mlle de Crussol,
duc et duchesse de Lorges, prince et princesse
de Chimay, vicomtesse et Mlle de Trédern,
prince et princesse Pierre de Caraman-Chimay,
duchesse de Reggio, princesse de Wagram,
baronne Gustave de Rothschild, baronne de
Léonino, baronne James de Rothschild et sa
fille, comte et comtesse de Montsaulnin, mar-
quis, marquise et Mlle de Bassano, marquis,
marquise et Mlle de Barbentane, duc et du-
chesse de Morny, prince de Sagan, comtesse
de Sainte-Marie, Mlle de Bonrepos, vicom-
tesse Chandon de Briailles, née Clermont-
Tonnerre, marquise de Galliffet, comte, com-
tesse et Mlle de Grancey, duchesse de Tama-
mès, fille de la duchesse d'Albe, et ses filles,
marquis, marquise et Mlle de Chateaurenard,
comte, comtesse et Mlle de Mun, marquis,
marquise et Mlle de Miramon, marquis, mar-
quise de Broc, marquis, marquise et Mlle de
Nicolay, M., Mme et Mlle de Gusman-Blanco,
M. et Mme de Bestegui, M. et Mme Iturbe,
Mme Legrand de Fournès, duc et duchesse
d'Alhuféra, vicomte, vicomtesse et Mlle de
Mon treuil, comte, comtesse et Mlle Amelot
de Chaillou, M. et Mme Kinen, comtesse de
Pleumartin, prince et princesse de La Tour-
d'Auvergne, Mme et Mlle de Diaz, comte,
comtesse et Mlle de Gramedo, comte Edouard
de La Rochefoucauld, prince de Croy, comte
Albert Bruneèl, comte Antoine de Contades,
prince de Sagan, comte d'Andigaé, duc do
Brissac.
Le cotillon était conduit par le comte
de Vatimesnil et Mlle de Gramont, vê-
tue d'une robe de satin et tulle rose par-
semée de boutons de roses.
Aujourd'hui sera célébré, à midi, en
l'église Saint-Pierre de Chaillot, le ma-
riage de M. Adrien Bardi de Fourtou,
auditeur à la Cour des comptes, avec
Mlle Germaine Trichard.
Le fiancé est le fils de l'ancien minis--
tre de l'intérieur, aujourd'hui député de
la Dordogne.
Après la cérémonie, à laquelle assis-
teront en foule les nombreux amis des
deux familles, il y aura une réception
chez Mme Trichard, avenue des Champs-
Elyséesi
**#
On annonce le prochain mariage de
M. Charles Grisart, le compositeur bien
connu, avec Mlle Hélène Féraud, fille de
l'ancien ministre de France au Maroc,
qui rendit de grands services dans ce
poste et qui a laissé de vifs regrets dans
le monde diplomatique. Le frère de Mlle
Féraud, lieutenant de cuirassiers, a
épousé la fille du général Chanzy, qui
fut un ami intime de l'ancien ministre
de France.
Le programme des grandes manoeu-
vres navales vient d'être arrêté. Il sera
soumis prochainement aux amiraux
commandant nos escadres, qui ont été
appelés à Paris pour en conférer avec
l'état-major général.
Il y aura trois séries de manoeuvres :
la première du l"au 8 juillet, la seconde
du 17 au 25 juillet et la dernière dans
les premiers jours du mois d'août.
Tous les bâtiments de nos trois esca-
dres constituées prendront nécessaire-
ment part aux manoeuvres et on leur
adjoindra, en outre, un certain nombre
de navires actuellement en réserve, qui
recevront les réservistes de la flotte,
savoir : à Cherbourg, cinq grands na-
vires et sept torpilleurs; à Brest, deux
grands navires et six torpilleurs; à Lo-
rient et à Rochefort, quatre torpilleurs;
à Toulon, deux grands navires et huit
torpilleurs.
Nous avons ainsi, sur le pied de
guerre, un déploiement de forces na-
vales fort imposant : cinquante bâti-
ments de tous rangs dans la Méditerra-
née.et quarante-cinq dans l'Océan.
PREMIERS DEPARTS
Disparue au loin l'époque des fêtes !
Les carnavals fous aux soirs si troublants,
Les grands bals joyeux,les confetti blancs,
Adieu la gaîté : les fêtes sont faites !
Lé dernier éclat du joyeux Paris,
Du brasier éteint les dernières flammes,
Hommes élégants, élégantes femmes :
Tout va disparaître avec le Grand Prix.
Les paniers sont faits : sommaire emballage !
Les volets fermés en un tour de main,
Et les trains chauffés partent dès demain
Vers quelque montagne ou vers quelqueplage.
Et le Parisien,qui par aventure
Se risque un matin près de l'Opéra,
Se dit : « Mais Paris est un Sahara !
Pour les villes d'eaux, allons, en voiture 1
L'article de M. Henri Vuagneux sur
l'ancienne Faculté de médecine, paru il
y a un an dans le Figaro,&porté ses fruits.
L'Académie des Beaux-Arts, l'Acadé-
mie des Inscriptions et Belles-Lettres et
le Comité des Inscriptions parisiennes
ont, dans leurs dernières séances, émis
des voeux en faveur de la conservation
de l'amphithéâtre de Winslow. Le syn-
dicat des médecins de la Seine et « les
Amis des monuments » ont, à cet effet,
adressé des pétitions au Conseil muni-
cipal, et la Faculté de médecine, l'Aca-
démie de médecine et la Société de
l'Histoire de Paris sont saisies de la
question.
Nous exposons dans notre Salle des
Dépêches quelques vues des célèbres
écoles de la rue de la Bûcherie, ainsi
qu'un projet de restauration.
A voir aussi, dans notre Salle des dé-
pêches, la très intéressante collection
de vues de Loigny, portraits des offi-
ciers tués, photographies de l'ossuaire
de Loigny, etc., etc.
L'historique du Jockey-Club, dont les
auteurs sont le lieutenant-colonel Gi-
bert et le marquis de Massa, a paru hier,
jour du Grand Prix.
Cet ouvrage tiré à T15 exemplaires,
numérotés à la presse, ne sera distribué
qu'aux seuls membres du Jockey.
Les auteurs ont ajouté à leur histori-
que une foule d'anecdotes et de silhouet-
tes sur les membres les plus en vue de-
puis la fondation du cercle.
Le volume est d'une grande élégance.
Les incidents qui viennent de faire
licencier pour quinze jours les élèves de
première année (Lettres) de l'Ecole nor-
male sont en général peu fréquents; il
faut remonter jusqu'en 1867pour trouver
un fait analogue et même plus grave.
Au mois de juin de cette année-là,
l'Ecole normale, suivant l'exemple donné
par d'autres écoles, avait envoyé une
adresse à Sainte-Beuve, au sujet d'un
discours politique que venait de pronon-
cer, au Sénat, l'illustre écrivain. La
presse s'empara de l'affaire et la discuta
avec violence ; et, de son côté, le ministre
d'alors, M. Victor Duruy, licencia toute
l'Ecole jusqu'à la rentrée d'octobre.
Au fond, les normaliens ne furent point
mécontents, puisqu'ils eurent ainsi deux
mois supplémentaires de vacances.
Figaro Musical.
Ainsi que nous l'avons annoncé, le
concours d'opérette n'ayant pas donné
de résultat, les auteurs peuvent faire
retirer leurs livrets au Figaro.
%
La rue de la Paix, le grand centre de
la belle joaillerie parisienne, devient de
jour en jour plus éblouissante. Voici
encore un nouvel embellissement : Paul
Hamelin, le joaillier bien connu pour
sas pierres remarquables. ses collec-
tions de perles et ses beaux bijoux de
fantaisie, orfèvrerie, etc., vient d'agran-
dir son magasin.
A l'occasion de sa réouverture, il pré-
sente à sa clientèle d'élite un choix de
nouveaux et riches joyaux que les gens
de goût devront aller visiter.
Autre modification parisienne :
Un établissement luxueux, restaurant
et hôtel, s'élève aujourdhui à la place de
l'ancien restaurant Brébant, qui avait été
tenu fermé pendant quelque temps, au
grand désespoir du Tout-Paris.
C'est hier soir, à quatre heures, au re-
tour des courses, qu'a eu lieu l'inaugura-
tion . Tout Paris élégant y assistait et a vu
avec plaisir ce grand restaurant rajeuni
et modernisé dans un décor exquis.
Modes féminines.
Le nom de « Scotland » évoque pour
tous les connaisseurs la vision des plus
magnifiques lainages qu'on connaisse.
C'est ce qui explique le succès qu'ob-
tiennent. depuis plusieurs années les
grands tailleurs pour dames de la rue
Auber qui ont adopté ce titre et lancé
parmi leur aristocratique clientèle les
superbes tissus d'Ecosse. On n'a qu'à
voir, du reste, en ce moment leur expo-
sition des dernières créations en costu-
mes, manteaux et carricks pour le
voyage. Leur « scotland cape », fait d'un
beau plaid écossais aux carreaux admi-
rablement disposés, mérite une mention
spéciale. Toutes les femmes élégantes
adopteront ces pèlerines, à cause de
leur légèreté et de la chaleur douce que
donne la laine fine dont elles sont faites.
Les récentes communications faites à
l'Académie de Médecine sur les pro-
priétés remarquables de l'acide phénique
donnent un intérêt d'actualité aux pro-
duits spéciaux de la Société du Phénol
Boboeuf, ce merveilleux antiseptique.
Toute la parfumerie phéniquée qu'on
trouve à la maison du boulevard Pois-
sonnière est de nature à rendre les plus
grands services en cette saison, pour la
campagne et les bains de mer.
HORS PARIS
Hier, le dîner de la Macédoine a
tenu ses assises au Pavillon Henri IV, à
Saint-Germain. Nombreuse et belle com-
pagnie, littérateurs, gens du monde, ar-
tistes, dames artistes parmi lesquelles
Mmes Simon-Girard, Leclerc, Inver-
nizzi, etc. Au dessert, toast par MM.
Carolus Duran et Georges Berger ; on a
beaucoup applaudi le toast de Mlle Inver-
nizzi, admirablement mimé.
Après le dîner, concert par les invités
artistes.
Rencontré à Vichy, autour de la
Grande-Grille, des Célestins et de l'Hô-
pital : le prince d'Annam, interné tout
récemment encore aux environs d'Alger,
M. Noblemaire, le directeur de la Com-
pagnie P. L. M., et M. Picard, chef de
l'exploitation, le prince Louis Pignatelli
d'Aragon, le comte de Reverseaux, le
comte et la comtesse de La Rochefou-
cauld, etc.
Selon toute apparence, Vichy dépas-
sera, cette saison, le chiffre d'étrangers
qu'il a atteint les années précédentes, et
qui s'est élevé à soixante mille.
C'est le 19 et le 20 juin que, par suite
décès de m. Vincent a
teau de La Roche-Dain (Souvigné), près
Château-la-Vallière, la vente du riche et
si curieux mobilier ornant depuis des
siècles l'antique castel d'Olivier le Dain.
Parmi les pièces les plus rares, il con-
vient de signaler aux amateurs : deux
beaux tableaux de Van Huysum ; « la
Fée aux amours », de 0. Tassaert; une
splendide tapisserie italienne en soie,
de la Renaissance ; un remarquable tapis
de la Savonnerie; un bureau LouisXVI,
de l'époque, également d'une grande
valeur artistique, etc.
NOUVELLES A LA MAIN
Au bureau du téléphone.
- Pardon, monsieur, voici cinq mi-
nutes bien comptées que vous occupez
la cabine.
- Oh ! ça ne fait rien ; moi, j'ai droit
à dix minutes.
- Pourquoi ?
- Eh bien, je suis bè... bè... bè...
bègue I...
Le Masque de Fer.
. A .
ÉLECTION SÉNATORIALE
VOSGES
" Inscrits: 989
MM. Albert Ferry, député, opport. 497 ELU
Charles Ferry, rép 442
Parisot, candidat agricole 38
Bulletins blancs G
Nul 1
Il s'agissait de remplacer M. Jules Ferry,
décédé. M. Charles Ferry, ancien sénateur,
qui s'était porté comme candidat républicain
et qui n'a pas été élu, était le frère de Jules
Ferry. Le nouveau sénateur n'a aucun lien
de parenté avec l'ancien ministre.
LE GRAND PRIX DE PARIS
Nous avons célébré aujourd'hui le
trentenaire de cette course internatio-
nale qui a pris une si grande impor-
tance dans la vie parisienne. Ça fait
trente foisque j'aurai assisté au Grand
Prix depuis sa fondation, et je crois n'a-
voir jamais vu plus grande affluence
qu'hier. Au moment de la première
course, la pelouse semblait noire de
monde, et cependant à toute minute un
nouveau flot populaire rompait les di-
gues des entrées et se précipitant sur la
piste, allait s'entasser dans la fournaise;
c'était une véritable invasion. On a dû
retarder l'entrée des chevaux sur la
piste que les municipaux essayaient vai-
nement de rendre libre
L'officier de paix Roudil avait besoin
de sa grande expérience et de sa grande
habileté pour faire ranger les voitures
qui arrivaient par toutes les routes ; il
en est entré quinze mille et,au milieu de
tout cela, pas un accroc. Je dois consta-
ter d'ailleurs que jamais journée de
fête ne m'a paru se passer en meil-
leur ordre, à part l'empressement des
piétons dont je parlais tout à l'heure,
empressement bien naturel, puisqu'ils
réclamaient la simple faveur de péné-
trer dans l'endroit gazonné
Où de ponter en paix ils ont la liberté.
Ils n'ont pas donné lieu au plus léger
reproche.
Aussi bien au pesage,d'ailleurs, tout le
monde a été sage comme des images.
Malgré la cohue, c'est à peine si l'on a
osé marcher sur la pelouse de M. de
Kergorlay; encore ne l'eût-on pas fait
sans cette double haie de gardes d'hon-
neur qui n'a pas cessé de gêner la cir-
culation môme après l'entrée du Prési-
dent de la République et qui n'a rompu
les rangs qu'à sa sortie. Mais pas une
spectatrice n'a marché sur les plates-
bandes, à plus forte raison pas un spec-
tateur; pas une fleur n'a été cueillie, pas
une feuille de palmier n'a été effleurée.
C'était l'âge d'or.
Pas un seul pickpocket n'a plongé la
main dans la poche d'un badaud ; pas
une seule petite dame n'a essayé de ca-
rotter un louis à un petit jeune homme
pour aller au mutuel;, pas un chignon
crêpé, pas une discussion dans le ring.
Dieu que ça s'est donc bien passé I
J'ajouterai que les chevaux du Grand
Prix sont arrivés dans le paddock oit il a
été possible de les examiner à l'aise. Ils
étaient resplendissants de conditionssauf
Fousi Yama qui m'a semblé un peu
éprouvé, soit par son travail, soit par les
efforts qu'on lui a demandés dans les
premières épreuves classiques. Le fait
est qu'on lui voyait les côtes. Mais Ra-
gotsky était irréprochable. Callistrate.
quoi qu'on en ait pu dire,avait été amené
par Stripp dans un état merveilleux.
Peut-être paraissait-il un des moins im-
portants du lot, surtout en comparaison
de Ravensbury qui est d'assez grand
modèleet qui accuse d'assez belles lignes
de racer.
J'avais vu arriver les trois jockeys ve-
nus de Londres et je leur avais demandé
ce qu'ils pensaient du second d'Epsom.
L'opinion de Fred Webb, de Watts,
aussi bien que de M. Cannon sur le
champion anglais, était la même : on
craignait un peu qu'il n'eût pas de fond.
Cette opinion me semblait rassurante
pour Callistrate et pour Ragotsky. Je
n'en voyais guère d'autres capables de
nous défendre, et jé ne me doutais pas
que Ravensbury était à un cheveu de leur
infliger un échec.
La course est finie; ni vous ni moi n'y
changerons rien. Je vous conterai tout
à l'heure en détail comment elle s'est
passée. Mais voici, en peu de mots,com-
ment peut se résumer le récit. La course
n'a pas été une course et, dans ce Grand
Prix de Paris dont le parcours est de
trois mille mètres, on n'a pas galopé sé-
rieusement trois cents mètres. Vous me
direz que tout le monde, excepté te fa-
vori, avait intérêt à ce que le train fût le
plus lent possible. J'en conviens, et les
concurrents de Callistrate se seraient
concertés pour sa perte, qu'ils n'auraient
pas employé de meilleure tactique.
Dès que j'ai vu, après un excellent
signal de Figés, les onze partants du
Grand Prix de Paris s'en aller tous au
petit galop de chasse comme s'ils a$
Le Numéro : 15 cent, à Paris, 20 cent, dans les Départements,
39* Année - 3* Série - N* 163
FRANCIS MAGNARD
Rédacteur en chef
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A. PÉRIV1ER
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LE FIGARO
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Entre toutes les peintures d'Eugène
Delacroix, il n'y en a point qui m'inté-
resse autant que son portrait de lui-
même, légué jadis au Louvre par Jenny
Le Guillon sa fidèle amie, et exposé au-
jourd'hui dans cette sombre salle des
portraits d'artistes, qui aurait fait le
bonheur de notre cher Michelet.
Ce n'est pas que je n'admire la Lutte
de Jacob avec F Ange, l'Entrée des Croi-
sés à Constantinople, l'Ophélie et ces
Barques (de Saint-Pierre, de Don Juan,
du Dante même) avec la puissante ex-
pression de leurs violets et de leurs
rouges sur le vert tragique des fonds.
Comme Baudelaire dans la poésie,
comme dans la musique Berlioz, Dela-
croix a apporté dans la peinture un fris-
son nouveau. Mais un âge vient pour
chacun de nous où nous n'aimons plus
guère les frissons, quels qu'ils soient;
nous leur préférons désormais des im-
pressions plus tranquilles et plus dou-
ces; et nous ne demandons pas aux
oeuvres d'art qu'elles soient nouvelles, I
mais seulement qu'elles soiént belles. !
Et j'avoue que d'année en année je
suis moins sensible à la beauté des
peintures d'Eugène Delacroix. Elles-
mêmes, d'ailleurs, se font moins belles
d'année en année. Elles noircissent,
elles se crevassent, elles perdent cet
éclat fiévreux qui nous émouvait en
elles. Connaissez-vous une vieille copie
de la Barque du Dante qui, depuis mon
enfance, sert*d'enseigne à une boutique
du boulevard Montparnasse? Je ne pou-
vais passer devant elle sans frémir
d'enthousiasme, lorsque la fantaisie de
nos maîtres d'études dirigeait de ce côté
nos tristes promenades de collégiens
privés de sortie. Je l'ai revue l'autre
jour : le soleil et la pluie l'ont toute effa-
cée. Mais le tableau du Louvre, abrité
de la pluie et du soleil, s'est effacé pres-
que autant. Les Femmes d'Alger s'écail-
lent par morceaux; le Piafona cC Apollon
paraît plus vieux que les plafonds de
Le Brun. Je ne sais rien de lugubre
comme cette rapide agonie d'oeuvres
jadis aimées.
En moi aussi quelque chose périt sans
cesse de mon ancienne ardeur à les ai-
mer. J'y retrouve toujours les mêmes
intentions, car aucune peinture ne fut
plus franchement, plus résolument
expressive. Mais les sentiments qu'elles
expriment sont d'un romantisme si ou-
tré 1 Ce sont des sentiments plus byro-
niens que ceux de Byron, des passions
sauvages, de sinistres angoisses, des ri-
canements de damnés.
Et pour exprimer ces sentiments déjà
si pénibles, que d'efforts, quelle déso-
lante incertitude de là main et des yeux
On sent que jamais les mouvements les
plus pathétiques n'ont paru assez pathé-
tiques, les plus violentes dissonances
assez violentes pour traduire pleinement
les visions d'une âme exaspérée. Tant de
travail, tant de reprises, et pas une
oeuvre qui nous semble achevée! Pas
une oeuvre qui dira tout à fait ce que le
peintre a voulu lui faire dire ! Un es-
prit malade, des nerfs malades : la per-
sonnalité d'artiste la plus originale qui
se puisse concevoir, mais si inquiète, si
misérable, égarée si loin de ces jardins
fleuris où le génie des vieux maîtres
allait cueillir la beauté I
Ainsi j'en suis venu à aimer surtout
dans ces peintures le reflet que j'y voyais
de l'âme d'Eugène Delacroix, une âme
profondément romantique, fougueuse,
farouche, brûlée de toutes les fièvres du
doute et du désespoir. Et c'est ainsi que
le portrait de Delacroix a fini par m'in-
téresser davantage que ses plus belles
peintures. J'essayais d'y retrouver cëtte
âme singulière, mais cette fois à nu de-
vant moi, et dans la tragique horreur
que je lui supposais.
J'étudiais ce portrait et, à mesure que
je l'étudiais, mon étonnement augmen-
tait. Impossible d'y découvrir la moin-
dre trace de ce que j'y cherchais. Pas
l'ombre de satanisme, de byronisme,
même de romantisme, dans ce beau vi-
sage énergique et ouvert, dans cette
bouche en repos, dans ces grands yeux
fixés sur moi avec une assurance tran-
quille. Je cherchais un poète malade et
désespéré et je trouvais à sa place quel-
que chosê comme un officier de l'Em-
pire, un type admirable de ferme vo-
lonté, de confiance en soi-même, de
calme raison. Il n'y avait pas jusqu'à la
peinture qui ne me déconcertât dans cet
étrange portrait : une peinture toute
classique,sobre, contenue, un peu froide,
peut-être, malgré le vert flamboyant du
gilet. Qui donc avait raison, de ce por-
trait ou des tableaux exposés dans la
salle voisine? Qui, d'eux ou de lui,
disait la vérité sur l'âme d'Eugène Dela-
croix?
C'est le portrait seul qui disait la vé-
rité : voilà ce que m'a clairement révélé
le journal d'Eugène Delacroix, dont on
vient de publier les deux premiers vo-
lumes. Je ne connais pas d'ouvrage plus
sincère, ni qui montre plus entièrement
la personnalité de l'auteur. De 1823 à
1854, sauf quelques années de relâche,
Delacroix y a noté toutes ses pensées,
tout ce qu'il entendait, tout ce qu'il di-
sait, jusqu'aux plus intimes détails de
sa vie morale. De jour en jour, on l'y
voit vivre ; et, de jour en jour, on le voit
s'éloigner davantage de l'idéal roman-
tique que semblait révéler sa peinture.
A vingt-cinq ans, c'est déjà un jeune
homme froid et réfléchi, dédaignant la
passion comme un excès fâcheux, or-
donnant tous ses actes, raisonnant tou-
tes ses idées. A quarante-cinq ans, il
n'aime plus dans la peinture que Ra-
phaël et Poussin ; il avoue que toute im-
pression d'art trop vive lui est pénible ;
il se repent d'avoir jadis admiré Byron,
Géricault, Dante, Michel-Ange, même
Shakespeare, même Homère, qu'il tient
pour un barbare. Il n'a souci que de la
pureté des formes, de la perfection clas-
sique Avec un sens pratique merveil-
leux il juge les débats du Conseil mmû-
cipal de Paris, dont il est un des mem-
bres les plus empressés. Il s'inquiète de
la durée, de la solidité des couleurs
qu'il emploie. Il écrit d'avance, ton par
ton, les tableaux qu'il va peindre. Et
toujours, avec une variété d'arguments
et une vigueur extraordinaire, il com-
mente cette phrase de Mozart : «Que les
passions les plus violentes, pour être
traduites dans un art, doivent être re-
tenues et ornées, et que l'artiste n'en
doit traduire que ce qu'elles ont d'esthé-
tique. »
C'est dans cet état d'esprit que vivait
Delacroix quand il peignait son plafond
du Louvre, et tant d'oeuvres où les pas-
sions les plus, violentes s'expriment avec
une violence terrible. Il y a eu, entre
l'homme et son oeuvre,une constante op-
position, que les années ont encore
agrandie. La chose est incontestable, et je
ne me mettrai pas en peine de vous l'ex-
pliquer. Elle prouve seulement une fois
de plus que tout est contradiction,
mystère, vanité, en nous comme a!utour
de nous. Nos sciences sont comme de
piteux châteaux de cartes, le premier
souffle d'air les jette sur le sol. Un jeune
peintre hollandais, Vincent van Gogh, a
laissé des oeuvres qui sont absolument
d'un fou, en dehors de toute raison et de
toute beauté ; et au moment où il les
peignait, il jugeait des choses de l'art
avec une sagesse, une modération, une
lucidité incomparables. Le Mercure de
Francepublie une série de ses lettres à
un ami ; jamais on n'a mieux parlé des
conditions et des limites de la peinture.
Pareillement Eugène Delacroix nous
a laissé une oeuvre de malade : et c'était
le mieux portant des hommes, je veux
dire pour la force et la clarté de l'esprit.
Mais je voudrais pouvoir vous dire en-
core quel homme admirable c'était, com-
bien son âme, pour n'être point byro-
nienne ni tragique, était noble, droite,
et pleine précisément de cet air et de
cette pure lumière qui manquent à la
beauté de son oeuvre. Son âme était
plus belle cent fois qu'aucun de ses ta-
bleaux. Sur toutes choses, sur la poésie,
sur la musique, sur la vie, elle prome-
nait un clair regard qui les pénétrait jus-
qu'au fond. Son Journal, si seulement
on l'allégeait d'une foule de menus dé-
tails désormais inutiles, serait l'unique
manuel de philosophie et dé critique
dont je voudrais conseiller la lecture. Il
est écrit dans la belle langue d'autre-
fois, avec les beaux sentiments d'autre-
fois. Et je sens que je l'aimerais toujours
davantage à mesure que la peinture
d'Eugène Delacroix perdra pour moi de
son intérêt.
T. de Wyzewa.
Au Jour /e Jour
POMPIERS D'OUTRE-MER
Aujourd'hui s'ouvre, à Londres, le Congrès
international des pompiers. J'imagine qu'on y
verra des expériences émouvantes et je ne se-
rais pas étonné que, sur ce terrain aussi, la
palme, ou le plumet, fût aux Américains.
Le pompier' est, en Amérique, un person-
nage beaucoup plus vénéré que chez nous. On
ne s'y permettrait pas de l'envoyer à Nanterre,
comme font les couplets de nos gavroches. Le
feu est la grosse préoccupation du Nouveau-
Monde. On l'adore en Perse; on le redoute aux
Etats-Unis, avec une appréhension qui se tra-
duit par des honneurs bruyants.
Il y a quelques mois, j'arrivai à Niagara.
Dès Buffalo, les voies et les arbres étaient
pavoisés; les rues retentissaient de chants pa-
triotiques; des pelotons de soldats chamarrés
sillonnaient la ville, coiffés du bicorne à gros-
ses plumes violettes, et, pour le reste, tout à
fait semblables à nos académiciens, jusques à
leur épée frêle et vierge de sang. A Niagara
même, des banderoles tricolores - le bleu, le
blanc et le rouge sont les couleurs des United
Stat es- couraient le long des maisons entre de
grands écriteaux : Wellcome J où tous les hon-
neurs étaient rendus aux pompiers. Des camelots
vendaient de grosses décorations figurant un
casque à couvre-nuque très enrubanné, et
les dames les piquaient sur leur coeur.
Toutes les musiques prirent part au très im-
posant cortège - y compris la musique des
Peaux Rouges : car ces nobles sauvages, que
chanta Chateaubriand, sont aujourd'hui orga-
nisés en fanfares; ils revêtent, les dimanches
et jours de fête, le costume de cuir perlé mul-
ticolore, le diadème et l'arête dorsale en lon-
gues plumes, et l'on voit Chactas qui souffle
dans une clarinette à côté d'Outalissi qui porte
l'ophicléide.
L'éclat de ces fêtes constate la grande
frayeur que ces gens ont de l'incendie, lequel
exerce chez eux d'épouvantables ravages. Dans
les maisons et les hôtels, on est sans cesse ra-
mené à cette préoccupation par les affiches,
les avis, les engins, comme dans nos théâtres.
L'écriteau à louer porte que l'immeuble est
moderne et freproof, incombustible. A la fe-
nêtre est fixé' un gros crochet, et le câble est
sur le plancher. Des escaliers de fer desser-
vent toutes les façades, qui ressemblent ainsi
à celle du Palais-Royal. Jack quitte souvent
l'hôtel par là, de très bon matin, sans payer
sa note. ".
Les postes de pompiers à New-York sont
admirables. Quelle que soit la perfection
des nôtres, nous n'arrivons.pas à une installa-
tion aussi minutieuse et aussi précise. Dans
les rues, les poteaux avertisseurs ont le télé-
phone. Il y a deux espèces de firemen : ceux
de l'Etat et ceux des Compagnies d'assu-
rances ; ceux-ci sont plus expéditifs encore,sti-
mulés par l'intérêt des patrons, qui est de
faire la plus petite possible la part du feu.
Mettez-vous dans le coin du poste pour n'être
pas bousculés. Les engins sont prêts, les che-
vaux sont dans les box. Le capitaine va nous
donner la représentation. Il tire la corde qui
fait sonner le timbre d'alarme, un timbre large
comme un cadran d'horloge publique.
Le coup de timbre détache automatiquement
les longes des chevaux, qui viennent d'eux-
mêmes se ranger à leur place le long des bran-
cards de la pompe. Le capitaine sonna une
fois en fermant le courant qui déboucle les
longes : vous auriez vu les chevaux piaffer,
hennir, prêts à tout démolir, furieux contre la
corde qui les retenait malgré la cloché.
Pour compléter l'expérience, on a fait cou-
cher les hommes, afin de nous montrer la ma-
noeuvre la plus longue Le dortoir est au pre-
wiei étage. Qj) y mm wfw mais
on n'en descend pas de même, comme vous
allez voir. Au coup d'alarme, l'homme saute
à bas du lit, enfile un pantalon de toile gou-
dronnée auquel sont cousues les bottes ; il est
instantanément vêtu et chaussé ; il prend sa
veste sous son bras, il la boutonnera en route,
sur la machine. Au pied de son lit, il y a un
trou dans le plancher. Il en sort une perche
de cuivre très lisse qui descend dans le poste.
L'homme saisit la perche, se lance, et, d'un
bond, il retombe au rez-de-chaussée sur le
paillasson. Chaque homme a sa perche qui
l'amène devant le marchepied qu'il doit oc-
cuper sur la machine, où les casques sont ac-
crochés en permanence.
Cependant Us chevaux sont venus d'eux-
mêmes à leur place ; le harnais descend du
plafond, comme chez nous ; on le boucle, le
fouet claque et la machine court déjà ; depuis
la sonnerie, il s'est passé quarante secondes.
Je ne sais s'il est possible de faire plus vite
et mieux dans cet art de la pyrothérapie. Les
Américains, ces gens effroyablement ingénieux,
ont du coup atteint les bornes et manoeuvrent
dans des conditions vertigineuses de vitesse.
Il est tout à fait désolant de penser que tant
de science ne rend pas les offices qu'on pour-
rait espérer : nulle part le service du feu n'est
plus admirable; nulle part le feu n'exerce de
plus fréquents et de plus terribles ravages.
Presque tous les jours le câble nous apporte la
nouvelle de quelque violent incendie.
Demonhôtel, à Union Square, je voyais par
delà la place un splendide immeuble, contigu au
palais de Tiffany: le feu l'a ravagé, il n'en resté
queles quatre murs démantelés; situé au centre
de la ville, à quelques pas des postes, il n'a pu
être préservé. Alors à quoi bon ? Ces sinistres
décourageraient l'activité ; mais, comme il vaut
toujours mieux être optimiste, Il ne reste qu'à
se dire : oui, mais que serait-ce donc si les
Etats-Unis n'avaient d'aussi excellents firemen ?
Léo Claretie.
ÉCHOS
LA POLITIQUE
Comme nous l'avions prévu, le nou-
veau discours de M. Dupuy est édulcoré,
lénitif et caressant ; il cherche à atténuer
l'impression fâcheuse qu'avaient laissée
les allures fanfaronnes du discours qu'il
avait prononcé à Toulouse.
Le ministre est enthousiaste pour la
Chambre, dont il admire les travaux et
qu'il félicite « de poursuivre l'unité bud-
gétaire ». L'unité est bien : l'équilibre
serait mieux.
Ce n'est pas tout : M. Dupuy est de-
venu poli pour les ralliés. Plus d'ironie,
cette fois ; il ne cherche même point à
savoir « s'ils veulent conquérir la Répu-
blique ». II pense seulement que, s'ils
sont venus à la République, c'est qu'ils
avaient pour elle «
time et de respect ».
Pour les socialistes eux-mêmes, et en
dépit de quelques cris qui ont égayé sa
promenade à travers la cité albigeoise,
le ministre est resté doux, se contentant
de recommander le respect de la loi.
Où M. Dupuy reste atteint de la ma-
nie de l'optimisme, c'est quand il af-
firme que le régime scolaire fondé par
la République « tend de jour en jour à
faire pénétrer davantage dans les cons-
ciences ce respect nécessaire de la loi ».
Cette illusion est un peu comique à
deux pas de Carmaux et pendant que les
syndicats ouvriers parisiens proclament
précisément la légitimité de leur révolte
contre la loi.
Les extases de M. Dupuy sur la pros-
périté que la France doit au genre de
République qu'il représente et « au nou-
veau régime douanier qui répond aux
besoins les plus urgents et aux nécessi-
tés les plus constatées », seraient sans
doute plus réservées s'il avait connu les
aveux de son collègue des finances sur
le rendement des impôts pendant les
cinq premiers mois de l'année 1893.
Il est inférieur de trente-cinq millions
à celui de 1892, sur lesquels, grâce à ce
« nouveau régime », dont M. Dupuypro-
clame les beautés supérieures, les doua-
nes sont én déficit de plus de onze mil-
lions.
N'oublions pas, qu'entre temps, M. Du-
puy avait répondu très courtoisement à
l'archevêque d'Albi. II est donc visible
que le discours de M. Constans et que
les manifestations des groupes républi-
cains libéraux ont passé par là, sans
parler,à un autre point de vue, du quasi
acquittement de M. Baudin qui, fatale-
ment, a un peu rabattu la superbe du
ministre.
M'en plaindrai-je? Non. Plus on sera
de modérés, plus on... rira. La seule
question est de savoir ce que pèsent ces
diverses modérations.
Une dernière observation : M. Gons-
tans ayant parlé de l'alliance russe, M.
Dupuy, qui tient à lui chiper tous ses
effets, en a parlé aussi... Ne vous sem-
ble-t-il pas qu'il y a là un certain man-
que de discrétion? En dehors de la vi-
site de Gronstadt, je n'entends jamais
dire que les ministres russes aient fait
à l'alliance française les allusions un
peu empressées que les ministres et les
politiques français font à l'alliance russe.
- P. M.
LA TEMPÉRATURE
Le baromètre, dans la journée, n'était plus
qu'à 768mm ; en outre, la température est sen-
siblement en baisse : 130 au-dessus le matin ;
150 1/2 à dix heures; 170 à midi; 1701/2 à
deux heures ; 240 à- Constantinople.
En France, le beau temps va persister ;
quelques orages sont cependant probables dans
le Sud-Ouest.
Hier, à Paris, beaucoup de vent, ciel nua-
geux, mais très belle journée. Dans la soirée,
thermomètre, 160 degrés 1/2 au-dessus; baro-
mètre, 751mm. Pluie ou vent.
Dieppe. - Temps superbe, mer très belle.
LES COURSES
A deux heures, courses à Auteuil. -
Gagnants de Robert Milton :
Prix Reugny : Joueur de Flûte.
Prix des Bruyères : Nip-Nip.
Prix de Chanceaux : Vélum.
Prix des Tilleuls : Le Rakos.
Prix du Brook : Simoun II.
Prix Magenta QlÛ M
À TRAVERS PARIS
S. M. la reine Pia de Portugal, arrivée
hier matin à neuf heures avec son fils
le duc d'Opporto, s'est rendue directe-
ment de la gare à l'église Saint-Roch
pour y entendre la messe.
Elle est allée ensuite à l'hôtel Mira-
beau, a déjeuné, puis est partie pour
Longchamps où elle a assisté aux
courses en se mêlant à la foule qui en-
combrait le pesage.
La Reine et le duc d'Opporto assiste-
ront ce soir au bal de la princesse de
Sagan.
La princesse Loetitia, duchesse d'Aoste,
a entendu hier la messe à la Madeleine ;
elle est ensuite allée rendre visite à îa
reine Pia de Portugal, sa tante.
La princesse, accompagnée de son
chambellan et de sa dame d'honneur, a
assisté au Grand Prix de Paris dans la
tribune réservée aux femmes des mem-
bres du Jockey.
Son Altesse Royale et les personnes
de sa suite ont dîné le soir chez la prin-
cesse Mathilde.
Dans le monde :
Le duc et la duchesse de Gramont ont
donné samedi, dans leur hôtel de la rue
de Chaillot, un bal blanc égayé de quel-
ques pétales roses, en l'honneur de l'en-
trée dans le monde de Mlle de Gramont.
Toutl'armorial a défilé dans les sa-
lons :
Duc de Doudeauville, prince et princesse
de Léon, duchesse d'Uzès et Mlle de Crussol,
duc et duchesse de Lorges, prince et princesse
de Chimay, vicomtesse et Mlle de Trédern,
prince et princesse Pierre de Caraman-Chimay,
duchesse de Reggio, princesse de Wagram,
baronne Gustave de Rothschild, baronne de
Léonino, baronne James de Rothschild et sa
fille, comte et comtesse de Montsaulnin, mar-
quis, marquise et Mlle de Bassano, marquis,
marquise et Mlle de Barbentane, duc et du-
chesse de Morny, prince de Sagan, comtesse
de Sainte-Marie, Mlle de Bonrepos, vicom-
tesse Chandon de Briailles, née Clermont-
Tonnerre, marquise de Galliffet, comte, com-
tesse et Mlle de Grancey, duchesse de Tama-
mès, fille de la duchesse d'Albe, et ses filles,
marquis, marquise et Mlle de Chateaurenard,
comte, comtesse et Mlle de Mun, marquis,
marquise et Mlle de Miramon, marquis, mar-
quise de Broc, marquis, marquise et Mlle de
Nicolay, M., Mme et Mlle de Gusman-Blanco,
M. et Mme de Bestegui, M. et Mme Iturbe,
Mme Legrand de Fournès, duc et duchesse
d'Alhuféra, vicomte, vicomtesse et Mlle de
Mon treuil, comte, comtesse et Mlle Amelot
de Chaillou, M. et Mme Kinen, comtesse de
Pleumartin, prince et princesse de La Tour-
d'Auvergne, Mme et Mlle de Diaz, comte,
comtesse et Mlle de Gramedo, comte Edouard
de La Rochefoucauld, prince de Croy, comte
Albert Bruneèl, comte Antoine de Contades,
prince de Sagan, comte d'Andigaé, duc do
Brissac.
Le cotillon était conduit par le comte
de Vatimesnil et Mlle de Gramont, vê-
tue d'une robe de satin et tulle rose par-
semée de boutons de roses.
Aujourd'hui sera célébré, à midi, en
l'église Saint-Pierre de Chaillot, le ma-
riage de M. Adrien Bardi de Fourtou,
auditeur à la Cour des comptes, avec
Mlle Germaine Trichard.
Le fiancé est le fils de l'ancien minis--
tre de l'intérieur, aujourd'hui député de
la Dordogne.
Après la cérémonie, à laquelle assis-
teront en foule les nombreux amis des
deux familles, il y aura une réception
chez Mme Trichard, avenue des Champs-
Elyséesi
**#
On annonce le prochain mariage de
M. Charles Grisart, le compositeur bien
connu, avec Mlle Hélène Féraud, fille de
l'ancien ministre de France au Maroc,
qui rendit de grands services dans ce
poste et qui a laissé de vifs regrets dans
le monde diplomatique. Le frère de Mlle
Féraud, lieutenant de cuirassiers, a
épousé la fille du général Chanzy, qui
fut un ami intime de l'ancien ministre
de France.
Le programme des grandes manoeu-
vres navales vient d'être arrêté. Il sera
soumis prochainement aux amiraux
commandant nos escadres, qui ont été
appelés à Paris pour en conférer avec
l'état-major général.
Il y aura trois séries de manoeuvres :
la première du l"au 8 juillet, la seconde
du 17 au 25 juillet et la dernière dans
les premiers jours du mois d'août.
Tous les bâtiments de nos trois esca-
dres constituées prendront nécessaire-
ment part aux manoeuvres et on leur
adjoindra, en outre, un certain nombre
de navires actuellement en réserve, qui
recevront les réservistes de la flotte,
savoir : à Cherbourg, cinq grands na-
vires et sept torpilleurs; à Brest, deux
grands navires et six torpilleurs; à Lo-
rient et à Rochefort, quatre torpilleurs;
à Toulon, deux grands navires et huit
torpilleurs.
Nous avons ainsi, sur le pied de
guerre, un déploiement de forces na-
vales fort imposant : cinquante bâti-
ments de tous rangs dans la Méditerra-
née.et quarante-cinq dans l'Océan.
PREMIERS DEPARTS
Disparue au loin l'époque des fêtes !
Les carnavals fous aux soirs si troublants,
Les grands bals joyeux,les confetti blancs,
Adieu la gaîté : les fêtes sont faites !
Lé dernier éclat du joyeux Paris,
Du brasier éteint les dernières flammes,
Hommes élégants, élégantes femmes :
Tout va disparaître avec le Grand Prix.
Les paniers sont faits : sommaire emballage !
Les volets fermés en un tour de main,
Et les trains chauffés partent dès demain
Vers quelque montagne ou vers quelqueplage.
Et le Parisien,qui par aventure
Se risque un matin près de l'Opéra,
Se dit : « Mais Paris est un Sahara !
Pour les villes d'eaux, allons, en voiture 1
L'article de M. Henri Vuagneux sur
l'ancienne Faculté de médecine, paru il
y a un an dans le Figaro,&porté ses fruits.
L'Académie des Beaux-Arts, l'Acadé-
mie des Inscriptions et Belles-Lettres et
le Comité des Inscriptions parisiennes
ont, dans leurs dernières séances, émis
des voeux en faveur de la conservation
de l'amphithéâtre de Winslow. Le syn-
dicat des médecins de la Seine et « les
Amis des monuments » ont, à cet effet,
adressé des pétitions au Conseil muni-
cipal, et la Faculté de médecine, l'Aca-
démie de médecine et la Société de
l'Histoire de Paris sont saisies de la
question.
Nous exposons dans notre Salle des
Dépêches quelques vues des célèbres
écoles de la rue de la Bûcherie, ainsi
qu'un projet de restauration.
A voir aussi, dans notre Salle des dé-
pêches, la très intéressante collection
de vues de Loigny, portraits des offi-
ciers tués, photographies de l'ossuaire
de Loigny, etc., etc.
L'historique du Jockey-Club, dont les
auteurs sont le lieutenant-colonel Gi-
bert et le marquis de Massa, a paru hier,
jour du Grand Prix.
Cet ouvrage tiré à T15 exemplaires,
numérotés à la presse, ne sera distribué
qu'aux seuls membres du Jockey.
Les auteurs ont ajouté à leur histori-
que une foule d'anecdotes et de silhouet-
tes sur les membres les plus en vue de-
puis la fondation du cercle.
Le volume est d'une grande élégance.
Les incidents qui viennent de faire
licencier pour quinze jours les élèves de
première année (Lettres) de l'Ecole nor-
male sont en général peu fréquents; il
faut remonter jusqu'en 1867pour trouver
un fait analogue et même plus grave.
Au mois de juin de cette année-là,
l'Ecole normale, suivant l'exemple donné
par d'autres écoles, avait envoyé une
adresse à Sainte-Beuve, au sujet d'un
discours politique que venait de pronon-
cer, au Sénat, l'illustre écrivain. La
presse s'empara de l'affaire et la discuta
avec violence ; et, de son côté, le ministre
d'alors, M. Victor Duruy, licencia toute
l'Ecole jusqu'à la rentrée d'octobre.
Au fond, les normaliens ne furent point
mécontents, puisqu'ils eurent ainsi deux
mois supplémentaires de vacances.
Figaro Musical.
Ainsi que nous l'avons annoncé, le
concours d'opérette n'ayant pas donné
de résultat, les auteurs peuvent faire
retirer leurs livrets au Figaro.
%
La rue de la Paix, le grand centre de
la belle joaillerie parisienne, devient de
jour en jour plus éblouissante. Voici
encore un nouvel embellissement : Paul
Hamelin, le joaillier bien connu pour
sas pierres remarquables. ses collec-
tions de perles et ses beaux bijoux de
fantaisie, orfèvrerie, etc., vient d'agran-
dir son magasin.
A l'occasion de sa réouverture, il pré-
sente à sa clientèle d'élite un choix de
nouveaux et riches joyaux que les gens
de goût devront aller visiter.
Autre modification parisienne :
Un établissement luxueux, restaurant
et hôtel, s'élève aujourdhui à la place de
l'ancien restaurant Brébant, qui avait été
tenu fermé pendant quelque temps, au
grand désespoir du Tout-Paris.
C'est hier soir, à quatre heures, au re-
tour des courses, qu'a eu lieu l'inaugura-
tion . Tout Paris élégant y assistait et a vu
avec plaisir ce grand restaurant rajeuni
et modernisé dans un décor exquis.
Modes féminines.
Le nom de « Scotland » évoque pour
tous les connaisseurs la vision des plus
magnifiques lainages qu'on connaisse.
C'est ce qui explique le succès qu'ob-
tiennent. depuis plusieurs années les
grands tailleurs pour dames de la rue
Auber qui ont adopté ce titre et lancé
parmi leur aristocratique clientèle les
superbes tissus d'Ecosse. On n'a qu'à
voir, du reste, en ce moment leur expo-
sition des dernières créations en costu-
mes, manteaux et carricks pour le
voyage. Leur « scotland cape », fait d'un
beau plaid écossais aux carreaux admi-
rablement disposés, mérite une mention
spéciale. Toutes les femmes élégantes
adopteront ces pèlerines, à cause de
leur légèreté et de la chaleur douce que
donne la laine fine dont elles sont faites.
Les récentes communications faites à
l'Académie de Médecine sur les pro-
priétés remarquables de l'acide phénique
donnent un intérêt d'actualité aux pro-
duits spéciaux de la Société du Phénol
Boboeuf, ce merveilleux antiseptique.
Toute la parfumerie phéniquée qu'on
trouve à la maison du boulevard Pois-
sonnière est de nature à rendre les plus
grands services en cette saison, pour la
campagne et les bains de mer.
HORS PARIS
Hier, le dîner de la Macédoine a
tenu ses assises au Pavillon Henri IV, à
Saint-Germain. Nombreuse et belle com-
pagnie, littérateurs, gens du monde, ar-
tistes, dames artistes parmi lesquelles
Mmes Simon-Girard, Leclerc, Inver-
nizzi, etc. Au dessert, toast par MM.
Carolus Duran et Georges Berger ; on a
beaucoup applaudi le toast de Mlle Inver-
nizzi, admirablement mimé.
Après le dîner, concert par les invités
artistes.
Rencontré à Vichy, autour de la
Grande-Grille, des Célestins et de l'Hô-
pital : le prince d'Annam, interné tout
récemment encore aux environs d'Alger,
M. Noblemaire, le directeur de la Com-
pagnie P. L. M., et M. Picard, chef de
l'exploitation, le prince Louis Pignatelli
d'Aragon, le comte de Reverseaux, le
comte et la comtesse de La Rochefou-
cauld, etc.
Selon toute apparence, Vichy dépas-
sera, cette saison, le chiffre d'étrangers
qu'il a atteint les années précédentes, et
qui s'est élevé à soixante mille.
C'est le 19 et le 20 juin que, par suite
décès de m. Vincent a
teau de La Roche-Dain (Souvigné), près
Château-la-Vallière, la vente du riche et
si curieux mobilier ornant depuis des
siècles l'antique castel d'Olivier le Dain.
Parmi les pièces les plus rares, il con-
vient de signaler aux amateurs : deux
beaux tableaux de Van Huysum ; « la
Fée aux amours », de 0. Tassaert; une
splendide tapisserie italienne en soie,
de la Renaissance ; un remarquable tapis
de la Savonnerie; un bureau LouisXVI,
de l'époque, également d'une grande
valeur artistique, etc.
NOUVELLES A LA MAIN
Au bureau du téléphone.
- Pardon, monsieur, voici cinq mi-
nutes bien comptées que vous occupez
la cabine.
- Oh ! ça ne fait rien ; moi, j'ai droit
à dix minutes.
- Pourquoi ?
- Eh bien, je suis bè... bè... bè...
bègue I...
Le Masque de Fer.
. A .
ÉLECTION SÉNATORIALE
VOSGES
" Inscrits: 989
MM. Albert Ferry, député, opport. 497 ELU
Charles Ferry, rép 442
Parisot, candidat agricole 38
Bulletins blancs G
Nul 1
Il s'agissait de remplacer M. Jules Ferry,
décédé. M. Charles Ferry, ancien sénateur,
qui s'était porté comme candidat républicain
et qui n'a pas été élu, était le frère de Jules
Ferry. Le nouveau sénateur n'a aucun lien
de parenté avec l'ancien ministre.
LE GRAND PRIX DE PARIS
Nous avons célébré aujourd'hui le
trentenaire de cette course internatio-
nale qui a pris une si grande impor-
tance dans la vie parisienne. Ça fait
trente foisque j'aurai assisté au Grand
Prix depuis sa fondation, et je crois n'a-
voir jamais vu plus grande affluence
qu'hier. Au moment de la première
course, la pelouse semblait noire de
monde, et cependant à toute minute un
nouveau flot populaire rompait les di-
gues des entrées et se précipitant sur la
piste, allait s'entasser dans la fournaise;
c'était une véritable invasion. On a dû
retarder l'entrée des chevaux sur la
piste que les municipaux essayaient vai-
nement de rendre libre
L'officier de paix Roudil avait besoin
de sa grande expérience et de sa grande
habileté pour faire ranger les voitures
qui arrivaient par toutes les routes ; il
en est entré quinze mille et,au milieu de
tout cela, pas un accroc. Je dois consta-
ter d'ailleurs que jamais journée de
fête ne m'a paru se passer en meil-
leur ordre, à part l'empressement des
piétons dont je parlais tout à l'heure,
empressement bien naturel, puisqu'ils
réclamaient la simple faveur de péné-
trer dans l'endroit gazonné
Où de ponter en paix ils ont la liberté.
Ils n'ont pas donné lieu au plus léger
reproche.
Aussi bien au pesage,d'ailleurs, tout le
monde a été sage comme des images.
Malgré la cohue, c'est à peine si l'on a
osé marcher sur la pelouse de M. de
Kergorlay; encore ne l'eût-on pas fait
sans cette double haie de gardes d'hon-
neur qui n'a pas cessé de gêner la cir-
culation môme après l'entrée du Prési-
dent de la République et qui n'a rompu
les rangs qu'à sa sortie. Mais pas une
spectatrice n'a marché sur les plates-
bandes, à plus forte raison pas un spec-
tateur; pas une fleur n'a été cueillie, pas
une feuille de palmier n'a été effleurée.
C'était l'âge d'or.
Pas un seul pickpocket n'a plongé la
main dans la poche d'un badaud ; pas
une seule petite dame n'a essayé de ca-
rotter un louis à un petit jeune homme
pour aller au mutuel;, pas un chignon
crêpé, pas une discussion dans le ring.
Dieu que ça s'est donc bien passé I
J'ajouterai que les chevaux du Grand
Prix sont arrivés dans le paddock oit il a
été possible de les examiner à l'aise. Ils
étaient resplendissants de conditionssauf
Fousi Yama qui m'a semblé un peu
éprouvé, soit par son travail, soit par les
efforts qu'on lui a demandés dans les
premières épreuves classiques. Le fait
est qu'on lui voyait les côtes. Mais Ra-
gotsky était irréprochable. Callistrate.
quoi qu'on en ait pu dire,avait été amené
par Stripp dans un état merveilleux.
Peut-être paraissait-il un des moins im-
portants du lot, surtout en comparaison
de Ravensbury qui est d'assez grand
modèleet qui accuse d'assez belles lignes
de racer.
J'avais vu arriver les trois jockeys ve-
nus de Londres et je leur avais demandé
ce qu'ils pensaient du second d'Epsom.
L'opinion de Fred Webb, de Watts,
aussi bien que de M. Cannon sur le
champion anglais, était la même : on
craignait un peu qu'il n'eût pas de fond.
Cette opinion me semblait rassurante
pour Callistrate et pour Ragotsky. Je
n'en voyais guère d'autres capables de
nous défendre, et jé ne me doutais pas
que Ravensbury était à un cheveu de leur
infliger un échec.
La course est finie; ni vous ni moi n'y
changerons rien. Je vous conterai tout
à l'heure en détail comment elle s'est
passée. Mais voici, en peu de mots,com-
ment peut se résumer le récit. La course
n'a pas été une course et, dans ce Grand
Prix de Paris dont le parcours est de
trois mille mètres, on n'a pas galopé sé-
rieusement trois cents mètres. Vous me
direz que tout le monde, excepté te fa-
vori, avait intérêt à ce que le train fût le
plus lent possible. J'en conviens, et les
concurrents de Callistrate se seraient
concertés pour sa perte, qu'ils n'auraient
pas employé de meilleure tactique.
Dès que j'ai vu, après un excellent
signal de Figés, les onze partants du
Grand Prix de Paris s'en aller tous au
petit galop de chasse comme s'ils a$
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