Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1893-06-13
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 13 juin 1893 13 juin 1893
Description : 1893/06/13 (Numéro 164). 1893/06/13 (Numéro 164).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k282565c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
39" Année s* Série– N* 16~
Le Numéro f5 cent. i Paris, ~(1 cent. dans les Départements.
Mardi 13 Juin 1893
FRANCO MAONARB
2:~
A.PÉRtVtER
Sccrdtaire de la Rddactdc~ n
H. DE V'LLEMESSANJT <
Fondat,alir
PERMANDDERODAY8
~dn:inistrateur
;~lbo~neme~ts_ d; ldublfoitd~
A L'ADMINISTRATION DU FIGARO
26, rae Drouot
1~ Prix, des ~l:boztnemen~st
1> Troismois. ` 6iz J~oie. Bn ~7
PA~rS.t6 » 32 » 64 »
DëpARTEAtENTS. i950 39 D 78 a
UMOMPoSTAI.B.<2t50 43 B 86 »
pu s'abonne dans tous bs Bureaux de F)&ft
1~N08CgS; RÉCLMÏSS ET PETITES GAZETTES
P.DOLUM8EM & C~, t6, rue Grange-Batelière.
L'ANTISEMITISME
ET LES PARTIS
Berlin,iO juin.
C'est dans un hôtel de l'Alexander
Platz, non loin de l'ancien quartier juif,
que se tient une réunion antisémite. Elle
été dès le matin annoncée dans un des
principaux journaux du parti, la Staats-
burger Zeitun,q;M. Hertwig, l'avocat
d'Ahlwardt, candidat de la cinquième
circonscription de Berlin, doit y soute-
air son programme.
L'assemblée se réunit dans une salle,
arnée d'une minuscule scène. Quand
j'arrive, huit heures, deux cents per-
sonnes sont là je donne mes vingt
pfennigs d'entrée et je m'assieds à une
table d'où je puis examiner les assis-
lants. Pas un seul ouvrier n'est présent.
La réunion a un caractère d'intimité,
ce sont de petits bourgeois du quartier
qui sont là; ils se connaissent tous, et
tes nouveaux arrivants vont de table en
table distribuer des poignées de mains.
Quelques-uns ont amené. leurs femmes.
Dans les groupes circulent les mar-
chands de brochures et de journaux, des
images antisémites aussi. Ce sont le
Feuerf~cnken, orné d'une gravure repré-
sentant Herakies qui combat l'hydre,
t'hydre dont chaque tête es~ une tête de
juif puis, surtout, des numéros des
Po~itische Bilderbo.gerc; suite de compo-
.sitions judéophobes qui se publient à
Dresde et sont, d'ailleurs, fort cu-
rieuses.
Gratuitement, on nous délivre un
A~?'&M-SMcA; il contient les adresses des
commerçants chrétiens et, en outre,
l'indication des établissements antisé-
mites. De même qu'il y a des pâtisseries
et des restaurants juifs, il y .4 des res-
taurants et des pâtisseries antijuifs. Là,
les Berlinois qui ont horreur des sémi-
tes sont à peu près assurés de n'en pas
trouver. De plus, ils y peuvent lire toutes
les feuilles antisémites de l'Allemagne,
ce qui n'est pas peu.
Mais huit heures et demie sonnent,
une vive agitation se produit dans le
fond de la salle, puis des applaudisse-
ments c'est Ahlwardt qui arrive, suivi
du bureau de la réunion. Le quatuor
monte.sur la scène et un grand nombre
de spectateurs vont serrer la main au
recteur. Ahlwardt est un homme d'une
cinquantaine d'années,detaillemoyenne,
gros, ventru, l'air vulgaire et grossier.
Il porte moustache, une moustache
blonde, assez forte et retombante; il a
de petits yeux qui s'enfoncent dans la
bouffissure des joues< de Dctits,YeuK,
vifs, égrillards presque; ses cheveux
plantés bas, sur un front étroit et qui
avance, donnent à sa physionomie jo-
viale une expression de candide entête-
ment.
Le président, quelque ancien militaire,
au nez un peu bourgeonné, la poitrine
couverte de médailles, agite la sonnette
et ouvre la séance en proposant trois
hoch en faveur de l'Empereur les
deux agents qui sont sur l'estrade pour
surveiller la réunion et la dissoudre si
elle est tapageuse, car tel est leur pou-
voir à Berlin, se lèvent et se tiennent au
port d'armes. Les trois hoch sont pous-
sés, et Ahlwardt a la parole.
11 parle d'une voix pénible, nasillarde
et molle, trouvant ses mots avec diffi-
culté embarrassé au début,ils'animeun
peu au bout de quelques instants, mais
son attitude reste gauche, il ne fait que
peu de gestes, met ses grosses et lourdes
mains dans ses poches oulesappuiesu'r
la table derrière lui; il se dandine et
parfois s'arrête court, cherchant une mé-
taphore sans doute, en un grognement.
Detemps en temps, sa figure se plisse,
ses yeuxse brident, il a trouvé une plai-
santerie, et il rit le premier de ses pro-
pres paroles; le public rit aussi quant
au président de la réunion, qui fume. un
énorme cigare, il se tord littéralement
de rire, secouant la table dans ses hi-
lares convulsions.
Ahlwardta commencé parexcuser son
avocat, le, candidat Hertwig il s'est
foulé le pied et c'est à cet accident que
nous devons la présence de l'ex-député
d'Arnswalde. Après cette introduction
Ahlwardt expose son programme qui
est aussi, dit-il, le programme de son
ami.
Il soutient le projet militaire et dé-
clare que si l'armée coûte beaucoup à la
nation allemande, les juifs lui coûtent
bien davantage. Toutefois, ajoute-t-il, il,
serait bon de faire supporter le poids des
charges militaires aux riches. Et il part
de là pour développer son programme
économique, qui est fort simple. Il se
résume en 1° l'établissement d'un im-
pôt progressif, de telle sorte, dit-il,
que l'Ouest -le quartier de Berlin qu'ha-
bitent les financiers, les grands indus-
triels et propriétaires paierait pour
toute la ville 2° une taxe sur les vins
de Champagne, ce qui permettrait de ne
pas imposer la bière et l'alcool 3° un
impôt sur les opérations de Bourse.
C'est tout, et c'est un peu maigre ce-
pendant les auditeurs sont satisfaits.
D'ailleurs Ahlwardt attaque violemment
non seulement les juifs, mais encore les
aristocrates, et son éloquence est toute
démagogique. Il ne faut plus de nobles
au Reichstag, ni de riches il faut des
tailleurs, des cordonniers, des.maçons;
il s'arrête, puis, ayant réfléchi un ins-
tant et des maîtres d'écoles, conclut-il,
en songeant à lui. Car Ahlwardt parle
beaucoup de lui, il conte ses mésaven-
tures devant les tribunaux et la com-
mission.11 est d'une vanité et d'un égo-
tisme extraordinairement amusant; et
il exprime tous ses sentiments d'une
façon fort -simple, sans raffinements,
émaillant ses phrases de calembours et
de plaisanteries médiocres qui provo-
quent le plus inextinguible des rires.
Enfin Ahlwardt s'assied, il est très
applaudi, sans enthousiasme cependant;
deux orateurs se lèvent pour approuver
le recteur; il n'y a pas de contradic-
teurs, la réunion a du reste été très
calme. On entend des bouts de dia-
logues 1- Ahlwardt a été très bien
ce soir.- La soirée était très gemütlicht
( très agréable ). Quant à l'enthousiasme
de jadis, il s'est enfui. Où est le temps
où dans la Leipzigerstrasse on couron-
nait Ahlwardt de lauriers?
Cette froideur relative veut-elle dire
que l'antisémitisme ait perdu de son
crédit en Allemagne Pas le moins du
monde, au contraire. Dans chaque ville,
il y a un groupement antisémitique et
une agitation. Je dirai plus, l'antisémi-
tisme sert à tous les partis en Allema-
gne, et, dans toutes les réunions électo-
rales, après que le candidat a parlé de
la loi militaire, il donne son opinion sur
l'antisémitisme. En examinant l'attitude
des différents groupes vis-à-vis des
juifs, on peut démêler non seulement
certaines des causes de l'antisémitisme en
Allemagne, mais encore les raisons de
ses succès récents et de ses succès fu-
turs. Les démocrates, comme les libé-
raux, combattent naturellement les anti-
sémites ils les combattent par principe,
le parti de la liberté ou soi-disant tel ne
pouvant admettre qu'on mette à part
une catégorie de citoyens.
Le Reischpartei, composé des ducs, est
assez indifférent à la question. Il ne
chérit pas les juifs, certes, mais il. ne
les frappe pas, les intérêts des princes
n'étant pas lésés par les sémites. D'ail-
leurs, le Reischpartei sent confusément
qu'il n'a rien à gagner à l'antisémitisme.
Quant au centre, je parle du centre of-
ficiel,il lui est impossible de soutenirune
faction qui réclame des lois exception-
nelles, puisque le premier desideratum
du centre est le retrait des lois d'excep-
tion contre les catholiques; ceux des
membres du centre qui sont alliés avec
les antisémites, pour former un antise-
mitische volskpartei, sont d'un trop fla-
grant illogisme pour pouvoir être ap-
prouvés par le gros du groupe. Aussi
bien ai-je déjà montré que cette divi-
sion du centre avait d'autres causes.
Restent maintenant les partis qui sou-
tiennent l'antisémitisme.
D'abord les nationaux-libéraux, du
moins les jeunes, car les anciens de
cette fraction se rapprochent plutôt des
idées de M. Richter. Pourquoi l'antisé-
mitisme florit-il parmi les nationaux-
libéraux ? La raison en est bien simple.
La plupart des membres du parti sont
de grands industriels qui sont en con-
currence directe avec les juifs, ils ont à
souffrir immédiatement du développe-
ment de l'industrie et du grand com-
merce juifs. Ils désirent vivement être
désagréables aux sémites et leur faire
obstacle, mais ils n'ont pas assez de
franchise pour se déclarer ouvertement
antisémites et ils soutiennent occulte-
ment les candidats antis émites dans
les cercles électoraux où ils ne peuvent
faire passer un des leurs.
Un cite un négociant de Berlin qui
aurait a-onné .liO,W) ~,£='-Q.'L~QIlT'Télec~
tion Ahlwardt, et la caisse antisémiti-
tion Ahlwardt; et la caisse antisémitf-
que est alimentée par les subventions
des gros marchands de l'Empire, de la
Saxe et de la Hesse surtout.
Restentlesconservateurs,lesagrariens.
L'antisémitisme de ceux-là a des causes
plus multiples, En premier lieu, les con-
servateurs, tous propriétaires et grands
propriétaires, sont exaspérés par les
derniers traités de commerce. Ces trai-
tés favorables à l'industrie sont, disent-
ils, néfastes pour eux. Leurs intérêts et
ceux des négociants sont en opposition
absolue, et comme les nationaux-libé-
raux sont libres échangistes, les conser-
vateurs sont protectionnistes. Or, pour
les conservateurs, les représentants les
plus typiques du commerce sont les
juifs; en les combattant, ils travaillent
pour leur propre cause.
Quant aux antisémites proprement
dits, ils sont pour la plupart des chefs
sans soldats d'ailleurs, ils ne sont d'ac-
cord que sur de rares points chacun
d'eux a sa théorie et sa méthode. On
peut les diviser grossièrement en deux
groupes les antisémites conservateurs,
par exemple M. Stoecker, le profes-
seur Wagner et M. Libermannvon Son-
nenberg; les antisémites démagogues,
par exemple: M. Boeckel.
J'ai vu M. Adolphe Wagner, profes-
seur d'économie politique à l'Université,
candidat dans la deuxième circonscrip-
tion de Berlin, et il m'a exposé ses idées.
Son antisémitisme est tout différent de
celui de M. Drumon~. Il déclare que les
juifs ne sont pas une race inférieure, au
contraire, dit-il, ce n'est donc pas pour
cela qu'il faut les combattre il est éga-
lement faux de soutenir qu'ils sont la
cause d'un certain état économique, cet
état existant sans eux, mais ils en béné-
ficient plus que personne, étant données
leurs aptitudes spéciales, et il serait bon
de réglementer les opérations de Bourse,
par exemple, pour mettre obstacle à
leur trop grande souplesse et à leur ha-
bileté. M. Wagner est antisémite, parce
que les juifs sont d'une autre race que
la race allemande, il les déteste parce
qu'ils ne se peuvent assimiler aux Ger-
mains et qu'une gêne est produite par
la présence d'une race étrangère. Main-
tenant, n'allez pas demander au profes-
seur Wagner le moyen de remédier à
cela, il déclare franchement qu'il ne le
connaît pas il ne veut ni le massacre
ni l'expulsion des juifs, tout au plus dé-
sire-t-il qu'on arrête l'immigration de
sémites étrangers. Aussi les antisémites
de la deuxième circonscription le trou-
vent-ils trop modéré et ils ne voteront
pour lui qu'à regret.
Voici l'antisémitisme de M. Wagner,
qui n'est plus celui de M. Stoecker, lequel
ne veut pas prêcher la guerre des races,
ni celui de M. Boeckel, qui est un pur
démagogue. M. Wagner est antisémite,
comme il est antifrançais, parce qu'il
est allemand et qu'il affirme que rien ne
doit empêcher la gloire allemande. Pour
cela, il faut voter les crédits, en voter
plus encore, puisque l'armée allemande
est inférieure en nombre à l'armée
française. « Vous la voudriez égale,
monsieur le professeur? lui dis-je.
Non, monsieur, je la voudrais supé-
rieurel » J'ai trouvé cette conception
d'Allemand chauviniste et M. Wagner
est le plus chauviniste des Allemands
toute naturelle.
1 Où s'est-il
11. 011 maintenant l'antisômi~sme s'est-il
t développé le mieux? Dans la partie de
l'Empire qui a le moins de juifs la
Saxe. C'est à Dresde à Leipzig les"
seules villes saxonnes qui, avec Chem-
nitz, aient des juifs, que se publient les
plus importants journaux et les innom-
brables brochures antisémitiques. C'est
le centre de la propagande.
En Hesse, à Cassel et surtout 5, Mar-
bourg, où l'antisémitisme a pris des
proportions énormes, le mouvement est
dû à l'action personnelle du député de
Marbourg, M. de Boeckel. Boeckèl,
docteur en philosophie, ancien biblio-
thécaire de l'Université de Marbourg,
estun organisateur des plus remarqua-
bles. D'une éloquence vive, imagée, son
action est très puissante sur les paysans.
C'est lui qui leur a appris l'antisémi-
tisme. Il à profité des conditions écono-
miques des paysans de la Hesse, ren-
dues fort difficiles par les traités de com-
merce, et leur a démontré que le mal
venait des juifs. Les paysans l'ont cru
d'autant plus facilement que les juifs
hessois, colporteurs, marchands de
bestiaux ou usuriers, étaient peu aimés.
Mais cette agitation est devenue rapide-
ment démagogique; la présence de
quelques usuriers chrétiens y a contri-
bué, et le temps est proche où M.-Boec-
kel, rejetant l'antisémitisme, deviendra
le chef d'un important parti de paysans
démocrates.
C'est là d'ailleurs quepartout aboutira
l'antisémitisme.
Si le nombre des antisémites au
Reichstag prochain est plus grand, et il
le sera, cela tiendra à l'appui des con-
servateurs, qui soutiendront les antisé-
mites partout où ils n'auront pas de
candidats. Mais l'antisémitisme qui dé-
fend le projet militaire n'est pas popu-
laire parmi les ouvriers, il j'est dans la
petite bourgeoisie, et cette petite bour-
geoisie, il la prépare au socialisme.
Bernard Lazare.
Au Jour le Jour
LES NOUVEAUX CARDINAUX
La France compte aujourd'hui deux nou-
veaux cardinaux NN. SS. Lecot, archevêque
de Bordeaux, et Bourret, évêque de Rodez,
crées dans le consistoire d'hier.
Il y a trois ans presque jour pour jour,
Mgr Lecot a été transféré de l'évêché de Dijon
à l'archevêché de Bordeaux, et les titulaires
de ce dernier siège, l'un des plus importants
de France, n'ont pas coutume d'attendre plus
longtemps le chapeau; aussi l'élévation au
cardinalat du successeur de Mgr Guilbert
était-elle universellement prévue.
Né à Montescourt, près de Laon, le 8 jan-
,M=-lid.nt:-Ll1cien- ,LeCQ.t fit ses
premières études au petit séminaire de Coin-
piègne et sa théologie au grand séminaire de
Beauvais. Puis on le nomma successivement
professeur au petit séminaire de Noyon, où il
resta huit années, vicaire de la cathédrale,
aumônier des mobiles de l'Oise pendant la
guerre et curé de Saint-Antoine de Compiè-
gne en 1872. Les habitants de cette ville lui
durent la bonne fortune d'entendre les pre-
miers le Père Didon, lorsqu'après sa longue
disgrâce la parole fut rendue à l'éminent do-
minicain.
Jeune prêtre, l'abbé Lecot collabora active-
ment, sous l'Empire, à une feuille libérale la
Foi Picarde, dont l'influence fut assez consi-
dérable pour faire triompher aux élections lé-
gislatives plusieurs de ses candidats. Mais
il dut bientôt cesser cette collaboration, sur
l'ordre de Mgr Gignoux, alors évêque de Beau-
vais.
L'abbé Lecot fut nommé le 2 mars 1886 à
l'évêché de Dijon, par M. Fallières, alors mi-
nistre des cultes.
C'est sur la recommandation d'un ami de M.
Carnot que Mgr Lecot fut promu, le 3 juin 1890,
à l'archevêché de Bordeaux. Il possède, dit-on,
une certaine influence dans les milieux officiels.
C'est lui qui a fait nommer à l'évêché d'An-
goulême Mgr Frérot, son ami et ancien vi-
caire général de Dijon.
Au physique, l'archevêque de Bordeaux est
un grand et bel homme dont la figure, très
sympathique, est surmontée d'une couronne de
cheveux presque blancs. Très libéral, très ou-
vert aux idées de justice sociale, ainsi qu'en
témoigne cette lettre aux grévistes dont on a
tant parlé, il dirige son archidiocèse avec pru-
dence et fermeté.
Il n'est pas d'usage de donner la pourpre
cardinalice à un simple évêque, et l'évêque de
Rodez doit sans doute à sa haute valeur
personnelle l'exception faite en sa faveur.
Mgr Bourret (Joseph-Christian-Ernest), est
né à Lubro, près Saint-Etienne de Lugdarès,
dans l'Ardèche, le 9 décembre 18- Il a fait
ses études classiques d'abord a' collège de
Langogne, puis au petit séminaire des Char-
treux à Lyon. Ensuite, il entra au grand sémi-
naire du Puy et vint achever sa théologie à
Saint-Sulpice.
Ordonné prêtre en 18$1, après un court pas-
sage, comme professeur, au collège de Privas,
il fut nommé maître de conférences à l'école
des Carmes, où il se prépara à la licence et au
doctorat ès-lettres, suivant en même temps les
cours de l'Ecole de droit. Détail inédit et inté-
ressant, en ce qu'il dépeint à merveille le
caractère de ce prélat la première fois qu'il
se présenta aux épreuves du doctorat ès-let-
tres, il fut ajourné pour avoir obstinément re-
fusé de faire à sa thèse certaines corrections
qui lui étaient indiquées. « Je la soutiendrai,
dit-il, telle que je l'ai écrite sit ut est, aut MOM
sit. Il fut reçu docteur ès-lettres quelques
mois après, en 1858. Il avait pris, l'année pré-
cédente, le grade de docteur en théologie avec
une thèse, très remarquable, sur l' « origine
du pouvoir civil d'après saint Thomas et
S uarez B.
A l'école des Carmes, l'abbé Bourret avait
eu pour collègues NN. SS. Hugonin, Freppel,
Soubiranne. A sa sortie des Carmes, il devint
secrétaire particulier, à Tours, de Mgr Gui-
bert, le futur archevêque de Paris. De Tours,
il revint, en 1861, à Paris et fut nommé profes-
seur de droit canon à la Sorbonne, où il eut
pour collègue M. l'abbé Bernard, suppléant de
MgrFreppel.
Mgr Sibour, archevêque de Paris Mgr
Crucier, supérieur de l'école de Carmes, mort
évêque de Marseille, tenaient l'abbé Bdhrret
en singulière estime. Mgr Maret, doyen de la
Faculté de théologie, usa de son crédit auprès
de l'Empereur pour obtenir sa nomination à
l'évêché de Rodez, qui fut signée le 19 juillet
18~ Sa candidature avait été non moins cha-
le~'qusement appuyée par Mgr Lavigerie,
qtfü avait accompagné Rome en 1867, et
par Mgr Guibert, son ancien évêque demeuré
son ami.
Mgr Bourret est un prélat d'une intelligence
très élevée et d'une science reconnue. Outre
la collection de ses instructions pastorales et
de ses mandements, qui sont très remarqua-
bles, il a écrit une étude historique fort inté-
ressante sur l'Ecole chrétienne de Séville sous
la auotaàrchie des Visigoths (1855) Essai lais-
ro~t~«e «'<7!~Me ~M~ les -se~mota français
de Gerson, d'après les manuscrits inédits de
la Bibliothèque impériale et de celle de Tours
(1858), thèse de doctorat RéQonse aux princi-
Qales attaques contre l'Eglise (1877-1878,
2 vol.); Des principales raisons d'êtri des
Ordres religieux (1880), etc.
L'évêque de Rodez ne s'est pas contenté
d'écrire une brillante apologie des ordresreli-
gieux. Il en a restauré plusieurs dans son dio-
cèse, où les études ecclésiastiques ont fait
d'autre part, sous son active impulsion, des
progrès considérables.
C'est sur le désir exprès du Pape que Mgr
Bourret a accompli, au mois de mars dernier,
son plus récent voyage ad limina. La succes-
sion du cardinal Foulon, qui venait de s'ouvrir,
n'était pas étrangère, croyons-nous, à ce dé-
sir du Saint-Père de s'entretenir avec l'évêque
de Rodez. Celui-ci a été certainement l'un des
candidats les plus sérieux à l'archevêché de
Lyon. Mais ses chances, de ce côté-là, dimi-
nuent ou même disparaissent par suite de son
élévation au cardinalat, car il n'est guère pos-
eS~ede donner en même temps à un simple
évêque la pourpre et le premier siège de
France. J. de Narfon.
J. de Narfon.
ÉCHOS
LA POLITIQUE
On semble avoir quelque peine à pren-
dre M. Dupuy au sérieux. Son discours
d'Albi est malmené parce qu'il y dit trop
peu de choses, comme celui de Toulouse
l'avait été parce qu'il en avait trop dit.
Au fond, le discours estuninstruinent
dangereux et qu'il faut savoir manier à
propos. Depuis quele monde existe,l'élo-
quenceexiste aussi il en a fallu pourdé-
cider les hommes vêtus de peauxde bêtes,
qui se groupaientau sortir des cavernes,à
accepter des chefs et des lois. Il en faut
encore pour occuper la cervelle évapo-
rée de nos contemporains et leur indi-
quer quelle opinion ils auront demain.
Seulement, on exagère la portée de ces
manifestations oratoires, dont le grand
mérite est d'abord d'être rares, ensuite
de dire quelque chose de précis.
On ne peut refuser ces qualités au dis-
cours de M. Constans; fatalementles
allocutions ministérielles sont plus ba-
nales, plus vagues et moins inattendues.
111 ille13¡mTIJTe-'rmr-sr retairs mrmstre,
je ne parlerais qu'en cas de stricte né-
cessité, pour ne compromettre ni moi ni
le gouvernement dont j'aurais l'honneur
précaire d'être le porte-voix, pour n'a-
voir point par exemple à atténuer,
comme l'a fait M. Dupuy, l'effet d'un
premier discours par un second. Ni
l'une ni l'autre de ces conversations of-
ficielles n'était indispensable ni l'une
ni l'autre n'ouvrait un jour bien net sur
le programme de M. Dupuy et de ses
collègues. Il eût été plus sage de les te-
nir en réserve. La parole, quoi qu'on en
pense, ne'suffit pas à tout. Pour conser-
ver des électeurs aux candidats qui veu-
lent perpétuer la délicieuse concentra-
tion, il y a des moyens plus efficaces
que des discours jetés dans le moule
uniforme des déclarations officielles.
D'après elles, tout va toujours le mieuxdu
monde elles sont les mêmes la veille
du jour où va sombrer un ministère
qu'au lendemain de son installation.
Mais voilà! la tradition veut qu'on
parle et M. Dupuy l'a suivie. Or, la tra-
dition a tort; les discours ne valent que
lorsqu'il y a derrière eux un homme ou
une politique. -F. M.
LA TEMPÉRATURE
Hausse du thermomètre assez sensible de-.
puis la veille. Hier, on était à 14° au-dessus à
huit heures du matin; 160 à dix heures 19" à
midi 220 à deux heures 300 à Alger. Le ba-
romètre est en baisse et ne s'élève pas au-des-
sus de 764mm.
En France, le temps reste au beau, excepté
dans le nord, où se manifeste une série d'o-
rages.
A Paris, hier, la journée a été très belle,
très chaude, avec moins de vent que la veille;
dans la soirée, thermomètre, 2l" degrés 1/2
au-dessus; baromètre, 754mm. Pluie ou vent.
Dieppe. Très beau temps, mer calme.
LES COURSES
A deuxheures, courses a Vincennes.
Gagnants de Robert Milton
Prix de Nogent Képi.
Prix de Joanville L'Estafette.
Prix Daumesnil Kean.
Prix de la Société ~'€MCOM~e~Messagère.
Prix de Croix Léda.
Prix de Juin Bufford.
A TRAVERS PARIS
Le voyage présidentiel projeté en Bre-
tagne n'aura pas lieu. Malgré toute.la
bonne volonté du Président de la Répu-
blique, malgré tous ses efforts et son
désir de visiter les municipalités qui
l'ont invité, ce voyage était devenu im-
praticable, la santé de M. Carnot n'étant
pas assez bonne pour surmonter les fati-
gues de cette longue série de déplace-
ments, de réceptions et de banquets.
Le Président de la République avait
trop présumé de ses forces en se ren-
dant dimanche au Grand Prix. Au re-
tour de Longchamp, il a été en proie à
une nouvelle crise hépatique la fièvre
s'est emparée de lui pendant une partie
de la nuit, et des douleurs assez vives
ont rendu nécessaire une nouvelle con-
vocation des médecins.
MM. les docteurs Brouardel, Potain
et Planchon, appelés en consultation,
ont été d'avis que cet état de faiblesse
persistante, sans présenter aucune gra-
vité, ne permet pas au Président de la
République d'entreprendre le voyage
projeté pour le i8 juin. Ils ont donc cru
devoir s'y opposer formellement malgré
l'insistance de M. Carnot
On a aussi interdit au Président
d'assister au Conseil des ministres de
ce matin. Il n'y aura, en conséquence,
qu'un simple Conseil de cabinet chez M.
Dupuy.
M. le comte d'Haussonville prononcera
dimanche prochain un discours politi-
que à l'occasion du banquet de la presse
monarchique.
Ce banquet aura lieu à sept heures, au
Palais-Royal.
M. le baron de Mohrenheim gardera la
chambre pendant une semaine avant-
hier, au Grand Prix, il aheurté sa jambe
contre un des poteaux de fer de l'en-
ceinte de Longchamp. Il en est résulté
une meurtrissure qui le condamne à
l'immobilité.
Un anniversaire.
Il y aura demain, i4 juin, soixante-
trois ans que l'armée française débar-
qua en Algérie.
La première chaloupe qui aborda le
rivage portait des fantassins appartenant
à la brigade Achard. Les soldats se pré-
cipitèrent hors de l'embarcation, mais
un des rameurs, le matelot Frédéric
Sion, de la Thétis, les devança et eut
l'honneur de planter, le premier, le dra-
peau français sur la terre algérienne.
Le bal donné par la princesse de Sagan
en l'honneur derS. A. R. la princesse
Lœtitia, duchesse d'Aoste, aura été cer-
tainement la plus belle fête de la saison.
La princesse de Sagan avait ouvert à
cette occasion non seulement les jardins,
mais aussi les splendides salons du pre-
mier étage de la rue Saint-Dominique,
restés fermés depuis sept ans.
Plus de deux mille personnes s'ypres-
saient.
La princesse Loetitia, accompagnée de
son cousin le duc d'Oporto, est arrivée à
onze heures et demie. Elle a été reçue au
bas du grand escalier par la princesse de
Sagan et son fils, le comte Bozon de
Talleyrand-Périgord.
Toute la grande cour était éclairée par
des festons de verres rouges, blancs et
verts, les couleurs italiennes.
La princesse Lœtitia, donnant le bras
au comte Bozon de Talleyrand, s'est
avancée vers les salons, suivie de la
princesse de Sagan au bras du duc
d'Oporto, tandis que l'orchestre, placé
danslegrand.~estibule qui suit l'esca-
lier a joué l'hymne national italien.
La duchesse d'Aoste a été émerveillée
des magnificences de cette réception,
des splendeurs de l'hôtel en même temps
qll'ejj'é`~aTG-TC05" GUtITatdc"'dC-_t'accuciY
sympathique qu'on lui faisait partout.
La reine Pia de Portugal, se trouvant
un peu fatiguée, s'était excusée au der-
nier moment.
Etaient présents à cette fête LL. AA. le
prince et la princesse de Monaco, le
prince Henri d'Orléans et le maharadja
Kapurthala avec sa suite, superbe en
costume indien.
Impossible de citer des noms. Tout le
grand monde parisien et étranger et les
membres du corps diplomatique étaient
là. A minuit et demi, on a ouvert la
grande salle à manger pourle souper. Il
y a eu cinq services successifs. Au pre-
mier ont pris part la princesse Lœtitia,
le prince et la princesse de Monaco, la
princesse de Sagan et le comte Bozon de
Talleyrand-Périgord.
La table de 80 couverts était ornée
avec un luxe inouï.
A deux heures, on a commencé le co-
tillon, conduit par le comte A. de Con-
tades avec la comtesse G. Costa de
Beauregard.
Cette fête splendide a dû prendre fin
vers cinq heures, ce matin 1
Carnet matrimoniale
Quatre brillants mariages, hier
A Saint-Augustin, mariage de M.
François Guyot de Villeneuve, lieute-
nant au 4° chasseurs, avec Mlle Marie
Gaudin.
Témoins du marié son colonel, M.
Brem, etM. Camille Guyot de Villeneuve,
son frère; de la mariée M. Grimprel,
conseiller maître à la Cour des comptes,
et M. Gemeau, ancien avocat général,
son oncle.
A Saint-François dé Sales, mariage de
Mme Blanche de Castrone avec le baron
André Cacamisi.
Témoins du marié le comte Castèlli
et le comte Galli de la mariée M.
Charles Gounod et le comte Ferdinand
Lucchesi-Palli.
À Saint-Pierre de Chaillot, mariage de
M. Adrien Bardy de Fourtou, auditeur
à la Cour des comptes, avec Mlle Ger-
maine Trichard.
Témoins du marié M. Chauchat,
conseiller référendaire à la Cour des
comptes, et M. André de Lajudie, son
beau-frère; de la mariée M. Maurice de
Versneuil, agent de change, son beau-
frère, et M. Desmarest, référendaire
honoraire au sceau de France.
A Sainte-Clotilde, mariage de Mlle
Alice Danet, fille de l'avocat bien connu,
membre du..conseil de l'Ordre, avec M.
Robert du Bousquet, avocat à la Cour
d'appel de Paris.
Le monde du palais et le monde mili-
taire, auxquels la charmante mariée ap-
partient par sa famille, étaient brillam-
ment représentés.
M. Pasteura quitté Paris hier, accom-
pagné de sa famille. Il se rend en villé-
giature, pour un mois, à Saint-Aubin-
sur-Mer.
Le prince Alexandre Lubomirski s'é-
tait rendu hier à la Société Générale,
rue de Provence, pour y toucher des
coupons de rente. Au moment où l'em-
ployé déposait l'argent devant lui, le
prince, chancelant tout à coup, s'accro-
cha au grilla du guichet. Avant qu'on
pût lui porte~iseco~rs, il s'affaissait et
tombait mort.
On a transporté le cadavre à son do*
micile, 13, rue Auber.
Le prince Alexandre-Ïghace Lubô-
mirski était né le il août 1802. Il était
gentilhomme de la chambre à la cour de-
Russie. Il appartenait à la branche aï-
née des Lubomirski-Dubrowna, dansf
le gouvernement de Mohilieff, et était
l'oncle de notre confrère, le prince Jo-
seph Lubomirski, de la branche de
Dubno eh Volhynie. Il était veuf d'une
princesse Aàdziwill.
C'est M. de Marcère, ancien ministre,
qui a présidé hier le diner de la Société
des gens de lettres.
Au dessert, après les toasts, il a fait
un long discours qui a été tout un pro-
gramme.
« Témoin du siècle », selon son
expression, il a retracé notre histoire
littéraire depuis Chateaubriand jusqu'à;
Zola et a conclu en parlant de la poli-
tique qui, elle aussi, a sa poésie. Tout
bon ministre, d'après lui, doit être un
rêveur qui cherche à donner à la massç
sociale le plus de bonheur possible. ¡.
Interrogé sur le discours de Toulouse,
il a déclaré que, de mémoire de politi-
cien, il n'en connaissait point de mieux
fait. Aussi croit-il que le programme de~
M. Constans sera la plate-forme despro~
chaines élections.
La Commission de navigation inM..
ricurc de la Chu.llJ1Jre des députes est
actuellement saisie, au nom de la Société-
des forces motrices du Rhône, d'une de-
mande quisoulève une question de droit
fort importante.
On sait qu'il est de tradition absolue
que les concessions données par- l'Etat
ne doivent être l'objet d'aucun prix en
faveur des concessionnaires, lorsqu'ils
rétrocèdent leurs concessions à une So-
ciété chargée de les mettre en valeur.
Cette règle a été introduite dans notre
droit public en 1845, à propos des che-
mins de fer, et depuis lors elle n'a souf-
fert aucune dérogation.
Or, ce qu'on sollicite aujourd'hui de la;.
Chambre, c'est justement urie exception?
à ce principe salutaire. Contrairement
à l'avis formel du Conseil d'Etat, la So-
ciété des forces motrices du Rhône est
en instance pour obtenir, par la voie lé-
gislative, l'autorisation de faire attribuer
à ses fondateurs une part considérable
dans les bénéfices. Nous n'avons pas à
examiner ici l'affaire en elle-même qui
est peut-être fort intéressante pour l'in-
térêt général, mais n'y aurait-il pas
quelque péril à créer en sa faveur un
précédent dont les entreprises analogues
pourraient se réclamer dans l'avenir, si
la Chambre réformait une législation qui
a pour but d'interdire dans les conces-
~;tU1-r.)Ù~ C~tc~tiüü6c-eopvcc dc~r-et.A&S*
Il y a là une considération d'ordre gé-
néral qui nous paraît de nature à attirer
la scrupuleuse attention de la Commis-
sion de navigation et de la Chambre.
HORS PARIS
Notre correspondant de Copenhague nou~
écrit:
La princesse Valdemar est enfin re-
mise de son mal au pied. Elle a pu se
montrer au bras de son mari, il y a
deux jours, au Jardin du Tivoli.
Le ministre de France à Copenhague,
le comte d'Aunay, accompagné de la
comtesse, a repris possession de son
poste.
Contrairement à ce qui avait été an-
noncé dans quelques journaux, le comte
d'Aunay ne se présentera pas aux pro-
chaines élections législatives; il a offi-
ciellement décliné toute candidature.
NOUVELLES A LA MAIN
Les bonnes petites langues
Cette chère vicomtesse, quel cœuf
d'or elle a 1 Quand il s'agit de venir en
aide aux malheureux, elle donne à plei-
nes mains.
-Ils doivent être bien contents qu'elle
les ait si grandes 1
Le Masque de Fer.
LE MONDE
L'AMBASSADE O'ALLENAME A PARIS
Au moment même où s'ouvrait, à
l'hôtel de Sagan, le bal que Mme la du-
chesse d'Aoste a honoré de sa présence,.
une grande réception avait lieu à l'am-
bassade d'Allemagne. Et, curieux con-
traste! tandis que la petite-nièce du
vainqueur d'Iéna trouvait chez la grande.
dame française, qui lui souhaitait la,
bienvenue, un titre d'origine germani-
que, les hôtes du représentant de l'em-
pereur Guillaume Il voyaient briller, sur
tous les murs de sa demeure, comme un
reflet de l'épopée napoléonienne.
Le prince Eugène de Beauharnais a,
en effet, possédé l'hôtel habité aujour-
d'hui par le comte de Münster. C'est lui
qui en a décoré l'entrée des aigles im-
périales qu'on y voit encore déployer
leurs ailes; c'est lui qui, en souvenir de
l'expédition d'Egypte, première étape de
sa gloire, a fait élever au-dessus du per-
ron, menant au vestibule, ce péristyle
dont les colonnes semblent avoir été ap-
portées de Thèbes ou de Memphis, avec
les divinités rigides qui, surlesparois 1
térales de la galerie, allongent leurs hie.
roglyphiques silhouettes. Quant aux
deux serpents entrelacés qu'il a voulu
qu'on sculptât au frontispice, ils of.,
fraient sans doute moins à ses yeux le
classique symbole de la prudence qu'une
image familière empruntée au seuil de
ces édifices romains que sa prévoyante
administration au delà des Alpes avait
arrachés à la ruine.
A l'intérieur du logis, tout dénote, du
reste, la particulière influence que le
long séjour en Italie du beau-fils de
l'Empereur exerça sur ses goûts. Des
l'ascension du monumental escalier
qu'on dirait copié, dans sa majesté
blanche, sur ceux des palais de la Ville
Eternelle, on ne rencontre que les no,
bles emblèmes adoptés par la famille
d'Auguste des aigles tenant des gui~
Le Numéro f5 cent. i Paris, ~(1 cent. dans les Départements.
Mardi 13 Juin 1893
FRANCO MAONARB
2:~
A.PÉRtVtER
Sccrdtaire de la Rddactdc~ n
H. DE V'LLEMESSANJT <
Fondat,alir
PERMANDDERODAY8
~dn:inistrateur
;~lbo~neme~ts_ d; ldublfoitd~
A L'ADMINISTRATION DU FIGARO
26, rae Drouot
1~ Prix, des ~l:boztnemen~st
1> Troismois. ` 6iz J~oie. Bn ~7
PA~rS.t6 » 32 » 64 »
DëpARTEAtENTS. i950 39 D 78 a
UMOMPoSTAI.B.<2t50 43 B 86 »
pu s'abonne dans tous bs Bureaux de F
1~N08CgS; RÉCLMÏSS ET PETITES GAZETTES
P.DOLUM8EM & C~, t6, rue Grange-Batelière.
L'ANTISEMITISME
ET LES PARTIS
Berlin,iO juin.
C'est dans un hôtel de l'Alexander
Platz, non loin de l'ancien quartier juif,
que se tient une réunion antisémite. Elle
été dès le matin annoncée dans un des
principaux journaux du parti, la Staats-
burger Zeitun,q;M. Hertwig, l'avocat
d'Ahlwardt, candidat de la cinquième
circonscription de Berlin, doit y soute-
air son programme.
L'assemblée se réunit dans une salle,
arnée d'une minuscule scène. Quand
j'arrive, huit heures, deux cents per-
sonnes sont là je donne mes vingt
pfennigs d'entrée et je m'assieds à une
table d'où je puis examiner les assis-
lants. Pas un seul ouvrier n'est présent.
La réunion a un caractère d'intimité,
ce sont de petits bourgeois du quartier
qui sont là; ils se connaissent tous, et
tes nouveaux arrivants vont de table en
table distribuer des poignées de mains.
Quelques-uns ont amené. leurs femmes.
Dans les groupes circulent les mar-
chands de brochures et de journaux, des
images antisémites aussi. Ce sont le
Feuerf~cnken, orné d'une gravure repré-
sentant Herakies qui combat l'hydre,
t'hydre dont chaque tête es~ une tête de
juif puis, surtout, des numéros des
Po~itische Bilderbo.gerc; suite de compo-
.sitions judéophobes qui se publient à
Dresde et sont, d'ailleurs, fort cu-
rieuses.
Gratuitement, on nous délivre un
A~?'&M-SMcA; il contient les adresses des
commerçants chrétiens et, en outre,
l'indication des établissements antisé-
mites. De même qu'il y a des pâtisseries
et des restaurants juifs, il y .4 des res-
taurants et des pâtisseries antijuifs. Là,
les Berlinois qui ont horreur des sémi-
tes sont à peu près assurés de n'en pas
trouver. De plus, ils y peuvent lire toutes
les feuilles antisémites de l'Allemagne,
ce qui n'est pas peu.
Mais huit heures et demie sonnent,
une vive agitation se produit dans le
fond de la salle, puis des applaudisse-
ments c'est Ahlwardt qui arrive, suivi
du bureau de la réunion. Le quatuor
monte.sur la scène et un grand nombre
de spectateurs vont serrer la main au
recteur. Ahlwardt est un homme d'une
cinquantaine d'années,detaillemoyenne,
gros, ventru, l'air vulgaire et grossier.
Il porte moustache, une moustache
blonde, assez forte et retombante; il a
de petits yeux qui s'enfoncent dans la
bouffissure des joues< de Dctits,YeuK,
vifs, égrillards presque; ses cheveux
plantés bas, sur un front étroit et qui
avance, donnent à sa physionomie jo-
viale une expression de candide entête-
ment.
Le président, quelque ancien militaire,
au nez un peu bourgeonné, la poitrine
couverte de médailles, agite la sonnette
et ouvre la séance en proposant trois
hoch en faveur de l'Empereur les
deux agents qui sont sur l'estrade pour
surveiller la réunion et la dissoudre si
elle est tapageuse, car tel est leur pou-
voir à Berlin, se lèvent et se tiennent au
port d'armes. Les trois hoch sont pous-
sés, et Ahlwardt a la parole.
11 parle d'une voix pénible, nasillarde
et molle, trouvant ses mots avec diffi-
culté embarrassé au début,ils'animeun
peu au bout de quelques instants, mais
son attitude reste gauche, il ne fait que
peu de gestes, met ses grosses et lourdes
mains dans ses poches oulesappuiesu'r
la table derrière lui; il se dandine et
parfois s'arrête court, cherchant une mé-
taphore sans doute, en un grognement.
Detemps en temps, sa figure se plisse,
ses yeuxse brident, il a trouvé une plai-
santerie, et il rit le premier de ses pro-
pres paroles; le public rit aussi quant
au président de la réunion, qui fume. un
énorme cigare, il se tord littéralement
de rire, secouant la table dans ses hi-
lares convulsions.
Ahlwardta commencé parexcuser son
avocat, le, candidat Hertwig il s'est
foulé le pied et c'est à cet accident que
nous devons la présence de l'ex-député
d'Arnswalde. Après cette introduction
Ahlwardt expose son programme qui
est aussi, dit-il, le programme de son
ami.
Il soutient le projet militaire et dé-
clare que si l'armée coûte beaucoup à la
nation allemande, les juifs lui coûtent
bien davantage. Toutefois, ajoute-t-il, il,
serait bon de faire supporter le poids des
charges militaires aux riches. Et il part
de là pour développer son programme
économique, qui est fort simple. Il se
résume en 1° l'établissement d'un im-
pôt progressif, de telle sorte, dit-il,
que l'Ouest -le quartier de Berlin qu'ha-
bitent les financiers, les grands indus-
triels et propriétaires paierait pour
toute la ville 2° une taxe sur les vins
de Champagne, ce qui permettrait de ne
pas imposer la bière et l'alcool 3° un
impôt sur les opérations de Bourse.
C'est tout, et c'est un peu maigre ce-
pendant les auditeurs sont satisfaits.
D'ailleurs Ahlwardt attaque violemment
non seulement les juifs, mais encore les
aristocrates, et son éloquence est toute
démagogique. Il ne faut plus de nobles
au Reichstag, ni de riches il faut des
tailleurs, des cordonniers, des.maçons;
il s'arrête, puis, ayant réfléchi un ins-
tant et des maîtres d'écoles, conclut-il,
en songeant à lui. Car Ahlwardt parle
beaucoup de lui, il conte ses mésaven-
tures devant les tribunaux et la com-
mission.11 est d'une vanité et d'un égo-
tisme extraordinairement amusant; et
il exprime tous ses sentiments d'une
façon fort -simple, sans raffinements,
émaillant ses phrases de calembours et
de plaisanteries médiocres qui provo-
quent le plus inextinguible des rires.
Enfin Ahlwardt s'assied, il est très
applaudi, sans enthousiasme cependant;
deux orateurs se lèvent pour approuver
le recteur; il n'y a pas de contradic-
teurs, la réunion a du reste été très
calme. On entend des bouts de dia-
logues 1- Ahlwardt a été très bien
ce soir.- La soirée était très gemütlicht
( très agréable ). Quant à l'enthousiasme
de jadis, il s'est enfui. Où est le temps
où dans la Leipzigerstrasse on couron-
nait Ahlwardt de lauriers?
Cette froideur relative veut-elle dire
que l'antisémitisme ait perdu de son
crédit en Allemagne Pas le moins du
monde, au contraire. Dans chaque ville,
il y a un groupement antisémitique et
une agitation. Je dirai plus, l'antisémi-
tisme sert à tous les partis en Allema-
gne, et, dans toutes les réunions électo-
rales, après que le candidat a parlé de
la loi militaire, il donne son opinion sur
l'antisémitisme. En examinant l'attitude
des différents groupes vis-à-vis des
juifs, on peut démêler non seulement
certaines des causes de l'antisémitisme en
Allemagne, mais encore les raisons de
ses succès récents et de ses succès fu-
turs. Les démocrates, comme les libé-
raux, combattent naturellement les anti-
sémites ils les combattent par principe,
le parti de la liberté ou soi-disant tel ne
pouvant admettre qu'on mette à part
une catégorie de citoyens.
Le Reischpartei, composé des ducs, est
assez indifférent à la question. Il ne
chérit pas les juifs, certes, mais il. ne
les frappe pas, les intérêts des princes
n'étant pas lésés par les sémites. D'ail-
leurs, le Reischpartei sent confusément
qu'il n'a rien à gagner à l'antisémitisme.
Quant au centre, je parle du centre of-
ficiel,il lui est impossible de soutenirune
faction qui réclame des lois exception-
nelles, puisque le premier desideratum
du centre est le retrait des lois d'excep-
tion contre les catholiques; ceux des
membres du centre qui sont alliés avec
les antisémites, pour former un antise-
mitische volskpartei, sont d'un trop fla-
grant illogisme pour pouvoir être ap-
prouvés par le gros du groupe. Aussi
bien ai-je déjà montré que cette divi-
sion du centre avait d'autres causes.
Restent maintenant les partis qui sou-
tiennent l'antisémitisme.
D'abord les nationaux-libéraux, du
moins les jeunes, car les anciens de
cette fraction se rapprochent plutôt des
idées de M. Richter. Pourquoi l'antisé-
mitisme florit-il parmi les nationaux-
libéraux ? La raison en est bien simple.
La plupart des membres du parti sont
de grands industriels qui sont en con-
currence directe avec les juifs, ils ont à
souffrir immédiatement du développe-
ment de l'industrie et du grand com-
merce juifs. Ils désirent vivement être
désagréables aux sémites et leur faire
obstacle, mais ils n'ont pas assez de
franchise pour se déclarer ouvertement
antisémites et ils soutiennent occulte-
ment les candidats antis émites dans
les cercles électoraux où ils ne peuvent
faire passer un des leurs.
Un cite un négociant de Berlin qui
aurait a-onné .liO,W) ~,£='-Q.'L~QIlT'Télec~
tion Ahlwardt, et la caisse antisémiti-
tion Ahlwardt; et la caisse antisémitf-
que est alimentée par les subventions
des gros marchands de l'Empire, de la
Saxe et de la Hesse surtout.
Restentlesconservateurs,lesagrariens.
L'antisémitisme de ceux-là a des causes
plus multiples, En premier lieu, les con-
servateurs, tous propriétaires et grands
propriétaires, sont exaspérés par les
derniers traités de commerce. Ces trai-
tés favorables à l'industrie sont, disent-
ils, néfastes pour eux. Leurs intérêts et
ceux des négociants sont en opposition
absolue, et comme les nationaux-libé-
raux sont libres échangistes, les conser-
vateurs sont protectionnistes. Or, pour
les conservateurs, les représentants les
plus typiques du commerce sont les
juifs; en les combattant, ils travaillent
pour leur propre cause.
Quant aux antisémites proprement
dits, ils sont pour la plupart des chefs
sans soldats d'ailleurs, ils ne sont d'ac-
cord que sur de rares points chacun
d'eux a sa théorie et sa méthode. On
peut les diviser grossièrement en deux
groupes les antisémites conservateurs,
par exemple M. Stoecker, le profes-
seur Wagner et M. Libermannvon Son-
nenberg; les antisémites démagogues,
par exemple: M. Boeckel.
J'ai vu M. Adolphe Wagner, profes-
seur d'économie politique à l'Université,
candidat dans la deuxième circonscrip-
tion de Berlin, et il m'a exposé ses idées.
Son antisémitisme est tout différent de
celui de M. Drumon~. Il déclare que les
juifs ne sont pas une race inférieure, au
contraire, dit-il, ce n'est donc pas pour
cela qu'il faut les combattre il est éga-
lement faux de soutenir qu'ils sont la
cause d'un certain état économique, cet
état existant sans eux, mais ils en béné-
ficient plus que personne, étant données
leurs aptitudes spéciales, et il serait bon
de réglementer les opérations de Bourse,
par exemple, pour mettre obstacle à
leur trop grande souplesse et à leur ha-
bileté. M. Wagner est antisémite, parce
que les juifs sont d'une autre race que
la race allemande, il les déteste parce
qu'ils ne se peuvent assimiler aux Ger-
mains et qu'une gêne est produite par
la présence d'une race étrangère. Main-
tenant, n'allez pas demander au profes-
seur Wagner le moyen de remédier à
cela, il déclare franchement qu'il ne le
connaît pas il ne veut ni le massacre
ni l'expulsion des juifs, tout au plus dé-
sire-t-il qu'on arrête l'immigration de
sémites étrangers. Aussi les antisémites
de la deuxième circonscription le trou-
vent-ils trop modéré et ils ne voteront
pour lui qu'à regret.
Voici l'antisémitisme de M. Wagner,
qui n'est plus celui de M. Stoecker, lequel
ne veut pas prêcher la guerre des races,
ni celui de M. Boeckel, qui est un pur
démagogue. M. Wagner est antisémite,
comme il est antifrançais, parce qu'il
est allemand et qu'il affirme que rien ne
doit empêcher la gloire allemande. Pour
cela, il faut voter les crédits, en voter
plus encore, puisque l'armée allemande
est inférieure en nombre à l'armée
française. « Vous la voudriez égale,
monsieur le professeur? lui dis-je.
Non, monsieur, je la voudrais supé-
rieurel » J'ai trouvé cette conception
d'Allemand chauviniste et M. Wagner
est le plus chauviniste des Allemands
toute naturelle.
1 Où s'est-il
11. 011 maintenant l'antisômi~sme s'est-il
t développé le mieux? Dans la partie de
l'Empire qui a le moins de juifs la
Saxe. C'est à Dresde à Leipzig les"
seules villes saxonnes qui, avec Chem-
nitz, aient des juifs, que se publient les
plus importants journaux et les innom-
brables brochures antisémitiques. C'est
le centre de la propagande.
En Hesse, à Cassel et surtout 5, Mar-
bourg, où l'antisémitisme a pris des
proportions énormes, le mouvement est
dû à l'action personnelle du député de
Marbourg, M. de Boeckel. Boeckèl,
docteur en philosophie, ancien biblio-
thécaire de l'Université de Marbourg,
estun organisateur des plus remarqua-
bles. D'une éloquence vive, imagée, son
action est très puissante sur les paysans.
C'est lui qui leur a appris l'antisémi-
tisme. Il à profité des conditions écono-
miques des paysans de la Hesse, ren-
dues fort difficiles par les traités de com-
merce, et leur a démontré que le mal
venait des juifs. Les paysans l'ont cru
d'autant plus facilement que les juifs
hessois, colporteurs, marchands de
bestiaux ou usuriers, étaient peu aimés.
Mais cette agitation est devenue rapide-
ment démagogique; la présence de
quelques usuriers chrétiens y a contri-
bué, et le temps est proche où M.-Boec-
kel, rejetant l'antisémitisme, deviendra
le chef d'un important parti de paysans
démocrates.
C'est là d'ailleurs quepartout aboutira
l'antisémitisme.
Si le nombre des antisémites au
Reichstag prochain est plus grand, et il
le sera, cela tiendra à l'appui des con-
servateurs, qui soutiendront les antisé-
mites partout où ils n'auront pas de
candidats. Mais l'antisémitisme qui dé-
fend le projet militaire n'est pas popu-
laire parmi les ouvriers, il j'est dans la
petite bourgeoisie, et cette petite bour-
geoisie, il la prépare au socialisme.
Bernard Lazare.
Au Jour le Jour
LES NOUVEAUX CARDINAUX
La France compte aujourd'hui deux nou-
veaux cardinaux NN. SS. Lecot, archevêque
de Bordeaux, et Bourret, évêque de Rodez,
crées dans le consistoire d'hier.
Il y a trois ans presque jour pour jour,
Mgr Lecot a été transféré de l'évêché de Dijon
à l'archevêché de Bordeaux, et les titulaires
de ce dernier siège, l'un des plus importants
de France, n'ont pas coutume d'attendre plus
longtemps le chapeau; aussi l'élévation au
cardinalat du successeur de Mgr Guilbert
était-elle universellement prévue.
Né à Montescourt, près de Laon, le 8 jan-
,M=-lid.nt:-Ll1cien- ,LeCQ.t fit ses
premières études au petit séminaire de Coin-
piègne et sa théologie au grand séminaire de
Beauvais. Puis on le nomma successivement
professeur au petit séminaire de Noyon, où il
resta huit années, vicaire de la cathédrale,
aumônier des mobiles de l'Oise pendant la
guerre et curé de Saint-Antoine de Compiè-
gne en 1872. Les habitants de cette ville lui
durent la bonne fortune d'entendre les pre-
miers le Père Didon, lorsqu'après sa longue
disgrâce la parole fut rendue à l'éminent do-
minicain.
Jeune prêtre, l'abbé Lecot collabora active-
ment, sous l'Empire, à une feuille libérale la
Foi Picarde, dont l'influence fut assez consi-
dérable pour faire triompher aux élections lé-
gislatives plusieurs de ses candidats. Mais
il dut bientôt cesser cette collaboration, sur
l'ordre de Mgr Gignoux, alors évêque de Beau-
vais.
L'abbé Lecot fut nommé le 2 mars 1886 à
l'évêché de Dijon, par M. Fallières, alors mi-
nistre des cultes.
C'est sur la recommandation d'un ami de M.
Carnot que Mgr Lecot fut promu, le 3 juin 1890,
à l'archevêché de Bordeaux. Il possède, dit-on,
une certaine influence dans les milieux officiels.
C'est lui qui a fait nommer à l'évêché d'An-
goulême Mgr Frérot, son ami et ancien vi-
caire général de Dijon.
Au physique, l'archevêque de Bordeaux est
un grand et bel homme dont la figure, très
sympathique, est surmontée d'une couronne de
cheveux presque blancs. Très libéral, très ou-
vert aux idées de justice sociale, ainsi qu'en
témoigne cette lettre aux grévistes dont on a
tant parlé, il dirige son archidiocèse avec pru-
dence et fermeté.
Il n'est pas d'usage de donner la pourpre
cardinalice à un simple évêque, et l'évêque de
Rodez doit sans doute à sa haute valeur
personnelle l'exception faite en sa faveur.
Mgr Bourret (Joseph-Christian-Ernest), est
né à Lubro, près Saint-Etienne de Lugdarès,
dans l'Ardèche, le 9 décembre 18- Il a fait
ses études classiques d'abord a' collège de
Langogne, puis au petit séminaire des Char-
treux à Lyon. Ensuite, il entra au grand sémi-
naire du Puy et vint achever sa théologie à
Saint-Sulpice.
Ordonné prêtre en 18$1, après un court pas-
sage, comme professeur, au collège de Privas,
il fut nommé maître de conférences à l'école
des Carmes, où il se prépara à la licence et au
doctorat ès-lettres, suivant en même temps les
cours de l'Ecole de droit. Détail inédit et inté-
ressant, en ce qu'il dépeint à merveille le
caractère de ce prélat la première fois qu'il
se présenta aux épreuves du doctorat ès-let-
tres, il fut ajourné pour avoir obstinément re-
fusé de faire à sa thèse certaines corrections
qui lui étaient indiquées. « Je la soutiendrai,
dit-il, telle que je l'ai écrite sit ut est, aut MOM
sit. Il fut reçu docteur ès-lettres quelques
mois après, en 1858. Il avait pris, l'année pré-
cédente, le grade de docteur en théologie avec
une thèse, très remarquable, sur l' « origine
du pouvoir civil d'après saint Thomas et
S uarez B.
A l'école des Carmes, l'abbé Bourret avait
eu pour collègues NN. SS. Hugonin, Freppel,
Soubiranne. A sa sortie des Carmes, il devint
secrétaire particulier, à Tours, de Mgr Gui-
bert, le futur archevêque de Paris. De Tours,
il revint, en 1861, à Paris et fut nommé profes-
seur de droit canon à la Sorbonne, où il eut
pour collègue M. l'abbé Bernard, suppléant de
MgrFreppel.
Mgr Sibour, archevêque de Paris Mgr
Crucier, supérieur de l'école de Carmes, mort
évêque de Marseille, tenaient l'abbé Bdhrret
en singulière estime. Mgr Maret, doyen de la
Faculté de théologie, usa de son crédit auprès
de l'Empereur pour obtenir sa nomination à
l'évêché de Rodez, qui fut signée le 19 juillet
18~ Sa candidature avait été non moins cha-
le~'qusement appuyée par Mgr Lavigerie,
qtfü avait accompagné Rome en 1867, et
par Mgr Guibert, son ancien évêque demeuré
son ami.
Mgr Bourret est un prélat d'une intelligence
très élevée et d'une science reconnue. Outre
la collection de ses instructions pastorales et
de ses mandements, qui sont très remarqua-
bles, il a écrit une étude historique fort inté-
ressante sur l'Ecole chrétienne de Séville sous
la auotaàrchie des Visigoths (1855) Essai lais-
ro~t~«e «'<7!~Me ~M~ les -se~mota français
de Gerson, d'après les manuscrits inédits de
la Bibliothèque impériale et de celle de Tours
(1858), thèse de doctorat RéQonse aux princi-
Qales attaques contre l'Eglise (1877-1878,
2 vol.); Des principales raisons d'êtri des
Ordres religieux (1880), etc.
L'évêque de Rodez ne s'est pas contenté
d'écrire une brillante apologie des ordresreli-
gieux. Il en a restauré plusieurs dans son dio-
cèse, où les études ecclésiastiques ont fait
d'autre part, sous son active impulsion, des
progrès considérables.
C'est sur le désir exprès du Pape que Mgr
Bourret a accompli, au mois de mars dernier,
son plus récent voyage ad limina. La succes-
sion du cardinal Foulon, qui venait de s'ouvrir,
n'était pas étrangère, croyons-nous, à ce dé-
sir du Saint-Père de s'entretenir avec l'évêque
de Rodez. Celui-ci a été certainement l'un des
candidats les plus sérieux à l'archevêché de
Lyon. Mais ses chances, de ce côté-là, dimi-
nuent ou même disparaissent par suite de son
élévation au cardinalat, car il n'est guère pos-
eS~ede donner en même temps à un simple
évêque la pourpre et le premier siège de
France. J. de Narfon.
J. de Narfon.
ÉCHOS
LA POLITIQUE
On semble avoir quelque peine à pren-
dre M. Dupuy au sérieux. Son discours
d'Albi est malmené parce qu'il y dit trop
peu de choses, comme celui de Toulouse
l'avait été parce qu'il en avait trop dit.
Au fond, le discours estuninstruinent
dangereux et qu'il faut savoir manier à
propos. Depuis quele monde existe,l'élo-
quenceexiste aussi il en a fallu pourdé-
cider les hommes vêtus de peauxde bêtes,
qui se groupaientau sortir des cavernes,à
accepter des chefs et des lois. Il en faut
encore pour occuper la cervelle évapo-
rée de nos contemporains et leur indi-
quer quelle opinion ils auront demain.
Seulement, on exagère la portée de ces
manifestations oratoires, dont le grand
mérite est d'abord d'être rares, ensuite
de dire quelque chose de précis.
On ne peut refuser ces qualités au dis-
cours de M. Constans; fatalementles
allocutions ministérielles sont plus ba-
nales, plus vagues et moins inattendues.
111 ille13¡mTIJTe-'rmr-sr retairs mrmstre,
je ne parlerais qu'en cas de stricte né-
cessité, pour ne compromettre ni moi ni
le gouvernement dont j'aurais l'honneur
précaire d'être le porte-voix, pour n'a-
voir point par exemple à atténuer,
comme l'a fait M. Dupuy, l'effet d'un
premier discours par un second. Ni
l'une ni l'autre de ces conversations of-
ficielles n'était indispensable ni l'une
ni l'autre n'ouvrait un jour bien net sur
le programme de M. Dupuy et de ses
collègues. Il eût été plus sage de les te-
nir en réserve. La parole, quoi qu'on en
pense, ne'suffit pas à tout. Pour conser-
ver des électeurs aux candidats qui veu-
lent perpétuer la délicieuse concentra-
tion, il y a des moyens plus efficaces
que des discours jetés dans le moule
uniforme des déclarations officielles.
D'après elles, tout va toujours le mieuxdu
monde elles sont les mêmes la veille
du jour où va sombrer un ministère
qu'au lendemain de son installation.
Mais voilà! la tradition veut qu'on
parle et M. Dupuy l'a suivie. Or, la tra-
dition a tort; les discours ne valent que
lorsqu'il y a derrière eux un homme ou
une politique. -F. M.
LA TEMPÉRATURE
Hausse du thermomètre assez sensible de-.
puis la veille. Hier, on était à 14° au-dessus à
huit heures du matin; 160 à dix heures 19" à
midi 220 à deux heures 300 à Alger. Le ba-
romètre est en baisse et ne s'élève pas au-des-
sus de 764mm.
En France, le temps reste au beau, excepté
dans le nord, où se manifeste une série d'o-
rages.
A Paris, hier, la journée a été très belle,
très chaude, avec moins de vent que la veille;
dans la soirée, thermomètre, 2l" degrés 1/2
au-dessus; baromètre, 754mm. Pluie ou vent.
Dieppe. Très beau temps, mer calme.
LES COURSES
A deuxheures, courses a Vincennes.
Gagnants de Robert Milton
Prix de Nogent Képi.
Prix de Joanville L'Estafette.
Prix Daumesnil Kean.
Prix de la Société ~'€MCOM~e~Messagère.
Prix de Croix Léda.
Prix de Juin Bufford.
A TRAVERS PARIS
Le voyage présidentiel projeté en Bre-
tagne n'aura pas lieu. Malgré toute.la
bonne volonté du Président de la Répu-
blique, malgré tous ses efforts et son
désir de visiter les municipalités qui
l'ont invité, ce voyage était devenu im-
praticable, la santé de M. Carnot n'étant
pas assez bonne pour surmonter les fati-
gues de cette longue série de déplace-
ments, de réceptions et de banquets.
Le Président de la République avait
trop présumé de ses forces en se ren-
dant dimanche au Grand Prix. Au re-
tour de Longchamp, il a été en proie à
une nouvelle crise hépatique la fièvre
s'est emparée de lui pendant une partie
de la nuit, et des douleurs assez vives
ont rendu nécessaire une nouvelle con-
vocation des médecins.
MM. les docteurs Brouardel, Potain
et Planchon, appelés en consultation,
ont été d'avis que cet état de faiblesse
persistante, sans présenter aucune gra-
vité, ne permet pas au Président de la
République d'entreprendre le voyage
projeté pour le i8 juin. Ils ont donc cru
devoir s'y opposer formellement malgré
l'insistance de M. Carnot
On a aussi interdit au Président
d'assister au Conseil des ministres de
ce matin. Il n'y aura, en conséquence,
qu'un simple Conseil de cabinet chez M.
Dupuy.
M. le comte d'Haussonville prononcera
dimanche prochain un discours politi-
que à l'occasion du banquet de la presse
monarchique.
Ce banquet aura lieu à sept heures, au
Palais-Royal.
M. le baron de Mohrenheim gardera la
chambre pendant une semaine avant-
hier, au Grand Prix, il aheurté sa jambe
contre un des poteaux de fer de l'en-
ceinte de Longchamp. Il en est résulté
une meurtrissure qui le condamne à
l'immobilité.
Un anniversaire.
Il y aura demain, i4 juin, soixante-
trois ans que l'armée française débar-
qua en Algérie.
La première chaloupe qui aborda le
rivage portait des fantassins appartenant
à la brigade Achard. Les soldats se pré-
cipitèrent hors de l'embarcation, mais
un des rameurs, le matelot Frédéric
Sion, de la Thétis, les devança et eut
l'honneur de planter, le premier, le dra-
peau français sur la terre algérienne.
Le bal donné par la princesse de Sagan
en l'honneur derS. A. R. la princesse
Lœtitia, duchesse d'Aoste, aura été cer-
tainement la plus belle fête de la saison.
La princesse de Sagan avait ouvert à
cette occasion non seulement les jardins,
mais aussi les splendides salons du pre-
mier étage de la rue Saint-Dominique,
restés fermés depuis sept ans.
Plus de deux mille personnes s'ypres-
saient.
La princesse Loetitia, accompagnée de
son cousin le duc d'Oporto, est arrivée à
onze heures et demie. Elle a été reçue au
bas du grand escalier par la princesse de
Sagan et son fils, le comte Bozon de
Talleyrand-Périgord.
Toute la grande cour était éclairée par
des festons de verres rouges, blancs et
verts, les couleurs italiennes.
La princesse Lœtitia, donnant le bras
au comte Bozon de Talleyrand, s'est
avancée vers les salons, suivie de la
princesse de Sagan au bras du duc
d'Oporto, tandis que l'orchestre, placé
danslegrand.~estibule qui suit l'esca-
lier a joué l'hymne national italien.
La duchesse d'Aoste a été émerveillée
des magnificences de cette réception,
des splendeurs de l'hôtel en même temps
qll'ejj'é`~aTG-TC05" GUtITatdc"'dC-_t'accuciY
sympathique qu'on lui faisait partout.
La reine Pia de Portugal, se trouvant
un peu fatiguée, s'était excusée au der-
nier moment.
Etaient présents à cette fête LL. AA. le
prince et la princesse de Monaco, le
prince Henri d'Orléans et le maharadja
Kapurthala avec sa suite, superbe en
costume indien.
Impossible de citer des noms. Tout le
grand monde parisien et étranger et les
membres du corps diplomatique étaient
là. A minuit et demi, on a ouvert la
grande salle à manger pourle souper. Il
y a eu cinq services successifs. Au pre-
mier ont pris part la princesse Lœtitia,
le prince et la princesse de Monaco, la
princesse de Sagan et le comte Bozon de
Talleyrand-Périgord.
La table de 80 couverts était ornée
avec un luxe inouï.
A deux heures, on a commencé le co-
tillon, conduit par le comte A. de Con-
tades avec la comtesse G. Costa de
Beauregard.
Cette fête splendide a dû prendre fin
vers cinq heures, ce matin 1
Carnet matrimoniale
Quatre brillants mariages, hier
A Saint-Augustin, mariage de M.
François Guyot de Villeneuve, lieute-
nant au 4° chasseurs, avec Mlle Marie
Gaudin.
Témoins du marié son colonel, M.
Brem, etM. Camille Guyot de Villeneuve,
son frère; de la mariée M. Grimprel,
conseiller maître à la Cour des comptes,
et M. Gemeau, ancien avocat général,
son oncle.
A Saint-François dé Sales, mariage de
Mme Blanche de Castrone avec le baron
André Cacamisi.
Témoins du marié le comte Castèlli
et le comte Galli de la mariée M.
Charles Gounod et le comte Ferdinand
Lucchesi-Palli.
À Saint-Pierre de Chaillot, mariage de
M. Adrien Bardy de Fourtou, auditeur
à la Cour des comptes, avec Mlle Ger-
maine Trichard.
Témoins du marié M. Chauchat,
conseiller référendaire à la Cour des
comptes, et M. André de Lajudie, son
beau-frère; de la mariée M. Maurice de
Versneuil, agent de change, son beau-
frère, et M. Desmarest, référendaire
honoraire au sceau de France.
A Sainte-Clotilde, mariage de Mlle
Alice Danet, fille de l'avocat bien connu,
membre du..conseil de l'Ordre, avec M.
Robert du Bousquet, avocat à la Cour
d'appel de Paris.
Le monde du palais et le monde mili-
taire, auxquels la charmante mariée ap-
partient par sa famille, étaient brillam-
ment représentés.
M. Pasteura quitté Paris hier, accom-
pagné de sa famille. Il se rend en villé-
giature, pour un mois, à Saint-Aubin-
sur-Mer.
Le prince Alexandre Lubomirski s'é-
tait rendu hier à la Société Générale,
rue de Provence, pour y toucher des
coupons de rente. Au moment où l'em-
ployé déposait l'argent devant lui, le
prince, chancelant tout à coup, s'accro-
cha au grilla du guichet. Avant qu'on
pût lui porte~iseco~rs, il s'affaissait et
tombait mort.
On a transporté le cadavre à son do*
micile, 13, rue Auber.
Le prince Alexandre-Ïghace Lubô-
mirski était né le il août 1802. Il était
gentilhomme de la chambre à la cour de-
Russie. Il appartenait à la branche aï-
née des Lubomirski-Dubrowna, dansf
le gouvernement de Mohilieff, et était
l'oncle de notre confrère, le prince Jo-
seph Lubomirski, de la branche de
Dubno eh Volhynie. Il était veuf d'une
princesse Aàdziwill.
C'est M. de Marcère, ancien ministre,
qui a présidé hier le diner de la Société
des gens de lettres.
Au dessert, après les toasts, il a fait
un long discours qui a été tout un pro-
gramme.
« Témoin du siècle », selon son
expression, il a retracé notre histoire
littéraire depuis Chateaubriand jusqu'à;
Zola et a conclu en parlant de la poli-
tique qui, elle aussi, a sa poésie. Tout
bon ministre, d'après lui, doit être un
rêveur qui cherche à donner à la massç
sociale le plus de bonheur possible. ¡.
Interrogé sur le discours de Toulouse,
il a déclaré que, de mémoire de politi-
cien, il n'en connaissait point de mieux
fait. Aussi croit-il que le programme de~
M. Constans sera la plate-forme despro~
chaines élections.
La Commission de navigation inM..
ricurc de la Chu.llJ1Jre des députes est
actuellement saisie, au nom de la Société-
des forces motrices du Rhône, d'une de-
mande quisoulève une question de droit
fort importante.
On sait qu'il est de tradition absolue
que les concessions données par- l'Etat
ne doivent être l'objet d'aucun prix en
faveur des concessionnaires, lorsqu'ils
rétrocèdent leurs concessions à une So-
ciété chargée de les mettre en valeur.
Cette règle a été introduite dans notre
droit public en 1845, à propos des che-
mins de fer, et depuis lors elle n'a souf-
fert aucune dérogation.
Or, ce qu'on sollicite aujourd'hui de la;.
Chambre, c'est justement urie exception?
à ce principe salutaire. Contrairement
à l'avis formel du Conseil d'Etat, la So-
ciété des forces motrices du Rhône est
en instance pour obtenir, par la voie lé-
gislative, l'autorisation de faire attribuer
à ses fondateurs une part considérable
dans les bénéfices. Nous n'avons pas à
examiner ici l'affaire en elle-même qui
est peut-être fort intéressante pour l'in-
térêt général, mais n'y aurait-il pas
quelque péril à créer en sa faveur un
précédent dont les entreprises analogues
pourraient se réclamer dans l'avenir, si
la Chambre réformait une législation qui
a pour but d'interdire dans les conces-
~;tU1-r.)Ù~ C~tc~tiüü6c-eopvcc dc~r-et.A&S*
Il y a là une considération d'ordre gé-
néral qui nous paraît de nature à attirer
la scrupuleuse attention de la Commis-
sion de navigation et de la Chambre.
HORS PARIS
Notre correspondant de Copenhague nou~
écrit:
La princesse Valdemar est enfin re-
mise de son mal au pied. Elle a pu se
montrer au bras de son mari, il y a
deux jours, au Jardin du Tivoli.
Le ministre de France à Copenhague,
le comte d'Aunay, accompagné de la
comtesse, a repris possession de son
poste.
Contrairement à ce qui avait été an-
noncé dans quelques journaux, le comte
d'Aunay ne se présentera pas aux pro-
chaines élections législatives; il a offi-
ciellement décliné toute candidature.
NOUVELLES A LA MAIN
Les bonnes petites langues
Cette chère vicomtesse, quel cœuf
d'or elle a 1 Quand il s'agit de venir en
aide aux malheureux, elle donne à plei-
nes mains.
-Ils doivent être bien contents qu'elle
les ait si grandes 1
Le Masque de Fer.
LE MONDE
L'AMBASSADE O'ALLENAME A PARIS
Au moment même où s'ouvrait, à
l'hôtel de Sagan, le bal que Mme la du-
chesse d'Aoste a honoré de sa présence,.
une grande réception avait lieu à l'am-
bassade d'Allemagne. Et, curieux con-
traste! tandis que la petite-nièce du
vainqueur d'Iéna trouvait chez la grande.
dame française, qui lui souhaitait la,
bienvenue, un titre d'origine germani-
que, les hôtes du représentant de l'em-
pereur Guillaume Il voyaient briller, sur
tous les murs de sa demeure, comme un
reflet de l'épopée napoléonienne.
Le prince Eugène de Beauharnais a,
en effet, possédé l'hôtel habité aujour-
d'hui par le comte de Münster. C'est lui
qui en a décoré l'entrée des aigles im-
périales qu'on y voit encore déployer
leurs ailes; c'est lui qui, en souvenir de
l'expédition d'Egypte, première étape de
sa gloire, a fait élever au-dessus du per-
ron, menant au vestibule, ce péristyle
dont les colonnes semblent avoir été ap-
portées de Thèbes ou de Memphis, avec
les divinités rigides qui, surlesparois 1
térales de la galerie, allongent leurs hie.
roglyphiques silhouettes. Quant aux
deux serpents entrelacés qu'il a voulu
qu'on sculptât au frontispice, ils of.,
fraient sans doute moins à ses yeux le
classique symbole de la prudence qu'une
image familière empruntée au seuil de
ces édifices romains que sa prévoyante
administration au delà des Alpes avait
arrachés à la ruine.
A l'intérieur du logis, tout dénote, du
reste, la particulière influence que le
long séjour en Italie du beau-fils de
l'Empereur exerça sur ses goûts. Des
l'ascension du monumental escalier
qu'on dirait copié, dans sa majesté
blanche, sur ceux des palais de la Ville
Eternelle, on ne rencontre que les no,
bles emblèmes adoptés par la famille
d'Auguste des aigles tenant des gui~
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 72.16%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 72.16%.
- Collections numériques similaires Monnaies grecques Monnaies grecques /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MonnGre"
- Auteurs similaires Monnaies grecques Monnaies grecques /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MonnGre"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k282565c/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k282565c/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k282565c/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k282565c/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k282565c
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k282565c
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k282565c/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest