Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-09-11
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 septembre 1875 11 septembre 1875
Description : 1875/09/11 (Numéro 253). 1875/09/11 (Numéro 253).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
2 11
LE FIGARO SAMEDI il SEPTEMBRE 1875 5
Il n'y a, dit Mme Crawshay, aucune
honte à faire la cuisine, à servir à table,
balayer les escaliers ou même cirer les
bottes. D'ailleurs, il est biencertain que
les personnes ayant le bonheur d'avoir à
leur service une élève de Mme Crawshay
n'oublieront pas le respect qu'ils doivent
à l'infortune.
Ainsi par exemple, le dimanche, dans
l'après-midi seulement, on autorisera la
servante à recevoir quelques visites au
salon-il faudra aussi lui permettre d'of-
frir une tasse de thé, toujours dans le
salon, à ses amis et connaissances et
cela ne peut qu'être agréable pour les
maîtres, car les relations des élèves de
Mme Crawshay sont toujours respec-
tables. N'oubliez pas non. plus, que ce
même dimanche pour aller à l'office du
soir, la servante doit être accompagnée,
il sera aussi convenable de la ramener à
la maison.
L'introduction dans la domesticité d'un
élément aussi distingué va changer tou-
tes les habitudes. Mme Crawshay n'ad-
met pas que les servantes ladies se trou-
vent en contact avec des êtres du sexe
masculin. Plus de valets de chambre,
plus de cuisiniers,-tout pour les dames
et par les dames. Mais comme dans tou-
tes les maisons, il y a des ouvrages qui
exigent des mains vigoureuses, on pourra
S rendre pour aider l'élève de Mme
Crawshay, quelquebonne grosse fillede la
campagne, qui sera chargée des gros-
siers travaux.
Que deviendront tous les domestiques
mâles, toutes les pauvres servantes ordi-
naires, si on adoptait ce système sau-
grenu? Ce n'est point l'affaire de Mme
Crawshay; l'essentiel, pour elle, est de
faire triompher son idée, et rien ne
prouve qu'elle ne réussira pas, car il y a
Ses gens très sérieux, entre autres lord
Aberdeen, qui perdent leur temps à s'en
occuper.
On propose toutefois une légère rnodi-
'ficaiion en ce qui concerne les récep-
tions du dimanche. Les esprits justes
veulent bien admettre que les maîtres
ont droit aussi à quelques égards, et
pour ne gêner personne, on reconnaît
qu'il n'y aurait pas d'inconvénient à éta-
blir une entrée particulière pour les in-
vités de la servante. Rassurez-vous, on
se. retrouvera au sàlon, ce qui sera tout
à fait charmant. Nous n'aurons donc
plus de domestiques, mais des amies;
décidément l'âge d'or va revenir pour
l'Angleterre.
s En attendant cette bienheureuse épo-
que, Marwood, le bourreau, nous rap-
pelle de temps en temps qu'il y a en-
core quelques imperfections sur la terre.
Deux criminels viennent d'être pendus
à Liverpool, et je ne parlerais pas de
cette double exécution si je n'avais à
donner des détails particuliers et à faire
ressortir certaines bizarreries des coutu-
mes anglaises.
Justement ému des critiques du bour.
reau amateur dont j'ai déjà entretenu
mes lecteurs, Marwood vient de modi-
fier complétement les anciens procédés.
Calerait se servait d'une corde courte, il
paraît que c'était une erreur de ce vieux
justicier; Marwood emploie aujourd'hui
une corde longue de plus de deux mè-
tres le condamné, précipité ainsi d'une
grande hauteur, n'éprouverait aucune
souffrance. C'est Marwood qui l'affirme
au moins, et c'est le cas ou jamais d'aï-
mer mieux le croire que d'y aller le
voir. Le fait est que dans ces dernières
exécutions de Liverpool, lorsque, selon
le voeu de la loi, au bout d'une heure,
on a retiré les cadavres du gibet, il était
facile de voir que la mort avait été ins-
tantanée et Marwood, en présentant les
corps des suppliciés aux jurés chargés
de constater la mort, paraissait absolu-
nient content de son œuvre.
La fonction de ces jurés est assez
étrange; ils doivent, comme dans un cas
de mort violente ordinaire, rendre un
verdict établissant la nature de l'accident.
L'enquête a lieu fort régulièrement sous
la direction du eoroner, en présence du
gouverneur, du médecin de la prison et
de l'exécuteur. Le gouverneur et le mé-
decin sont entendus comme témoins.
Ils expliquent au jury comment les con-
damnés sont entres dans la prison et de
quelle manière ils sont morts. Dans le
cas présent, avant de rendre le verdict,
morts par strangukttion,via des jurés pre-
riant la tête de l'un des suppliciés s'est
fait longuement et minutieusement ex-
genilletpp daEïGAftO anil Septembre I81S
49
"̃ la
CHÂSSE AUXttNTOMES
DEUXIÈME PARTES
ï,A ftEVAXCOE DE MMtUVmfi-
~3 '1
Le lendemain de ce Jour-là, Robert
cachet reçut la lettre de Regimbai.
Venant après le télégramme de J.
Starke, elle compliquait la situation et
n'était point de nature à rassurer Da-
chet.
s Un moment il eut peur: il crut se
sentir pris dans les griffes d'un ennemi
implacable. Prévodâl et Mlle Desprez
donnant tout à coup, et en même temps,
signe de vie, et cela juste au moment ou
Dachet devait éviter l'ombre même du
scandale, firent redouter à Robert quel-
que puissante machination contre sa
fortune et la considération après laquelle
il courait.
Mais il se rassura bientôt.
Cet ennemi que je redoute, se dit.
il, ne peut exister. Ce n'est pas le baron
Mittermann: il est frappé d'idiotisme et
de paralysie; ni la comtesse Svitzer, elle
est bien trop sotte et trop égoïste pour
cela. Paul Maisonneuve est mort et
n'avait pas dé famille. Reste ce misé-
rable Copeau Mais Copeau est un va-
nu-pieds qui ne peut inspirer nulle con-
fiance et qui doit nécessairement finir
ses jours en prison! Qui puis-je donc
craindre?. Personne, vraiment! Il n'y
a, dans tout ceci, qu'un concours de cir-
constances, mauvaises il est vrai, mais
qui n'ont rien d'extraordinaire. Toute-
fois, il est utile de ne pas perdre de
temps.
Il fit sa toilette et se rendit chez M.
de Lorris.
Il est bien entendu qu'il ne songea en
aucune façon à Melven.
Nous laisserons le banquier faisant sa
« Hêproduction autorisée pour les journaux qui
&nt traité avec la société des Gens de lettres.
pliquer la cause du décès. Les jurés n'as-
sistent point à l'exécution qui a lieu dans
l'intérieur de la .prison, Malgré celai
une foule considérable stationnait à huit
heures du matin, au moment du sup-
plice, devant les portes de la geôle, et
chose étrange lorsqu'on a hissé le dra-
peau noir sur le donjon, il s'est fait dans
cette multitude un tel silence, que l'on a
entendu très distinctement le bruit sourd
de la trappe s'abaissant par deux fois
sous les pieds des condamnes.
LES CANONS KRUPP
A L'EXPOSITION DE PHILADELPHIE
Krupp ayant exposé à Londres, à Pa-
ris, ainsi qu'à Vienne, ne pouvait faire
autrement que de se montrer à Philadel-
phie, où les Allemands font des efforts
surhumains pour se distinguer. Il a son
pavillon à part, ou plutôt on lui a
donné un emplacement à niveau, qu'il
occupera à lui seul, et qui peut avoir
une vingtaine de mètres de long sur
une dizaine de large, prenons 200 mètres
carrés.
Pour le moment, rien n'est encore dis-
posé, si ce n'est le plancher, très épais,
et reposant naturellement sur le sol.
L'usine Krupp enverra plusieurs ca-
nons à Philadelphie 14 ou 15 de divers
calibres, et même des pièces de cam-
pagne. Ils auront tous leurs affûts et
leurs boulets sous la gueule.
Le plus gros a son poids marqué sur les
moignons du pivot: 55,722 kilogrammes!
Il porte également à la culasse, sur un
acier poli à s'y mirer, l'inscription Frie-
drich Krupp. Le wagon spécial et appar-
tenant à Krupp, qui l'a amené déjà à
Hombourg, pèse 33,000 kilog. Il n'a pas
lait longue halte déjà il est retourné à
Essen chercher un bloc octogone d'acier
de 52,000 kilog.
Le premier bloc d'acier que Krupp ait
exposé c'était à Londres, en 1851
pesait. 27 quintaux. Il a donc, en vingt-
quatre ans, progressé d'une manière re-
marquablè.
Quant à son canon destiné à Philadel-
phie, c'est un véritable monstre. Il est
bien plus volumineux .que ceux qui ont
été exposés en 1867 à Paris, et en 1873 à
Jftenne. Il pèse plusieurs milliers de ki-
logrammes de plus, et sa force en est
augmentée d'un bon quart. Quoiqu'il pa-
raisse sorti tout fraîchement de l'atelier,
tant, il est luisant et sans la moindre
écorchure, on assure qu'il a tiré Drès de
3,000 coups sur des plaques de 18 et de
20 pouces, et que son boulet de 400 ki-
logrammes les a traversées, comme des
feuilles de papier. Ce canon est destiné
à la défense des côtes; on sait que les
plus épaisses cuirasses usitées jusqu'à
nos jours pour les plus gros navires sont
de ±2 à 15 pouces; donc l'endroit où le
monstre sera placé ne courra aucun
dange d'abordage. 11 coulerait une
.flotte en quelques heures, fût-ce celle de
la Grande-Bretagne.
Krupp a commencé la fabrication de
ses canons si renommes en 3846. Cinq
ans après, il en envoyait un de six à
Londres. En 1858 il en avait livré 100 de
cette espèce, en .1865 près de 3,000 de
tout calibre.
Maintenant, il a déjà fait des canons
de tout calibre. Celui dont nous parlons
a 16 pouces de diamètre. Son affût
pèse 40,000 kilogrammes. Poids total,
boulet et charges exceptés, 95,722 kilos.
Il faudrait tout une écurie de chevaux
pour le mouvoir à travers champs. La
manivelle pèse 25,000 kilogrammes.
La pièce sans l'affût, telle qu'elle se
trouve étendue dans un bâtiment spé-
cial à Hombourg, a 25 pieds de longueur.
Celle de Paris avait un ton noir, celle-
ci un ton brun clair. Sa charge est de 90
kilogs de poudre prismatique. Krupp au-
rait pu exposer une pièce plus forte encore
de deux pouces, mais on a craint que les
rails ne cédassent sous cette charge.
Le bloc d'acier est attendu avec un véri-
table effroi*aux Etats-tjnis et l'on sait
cependant que les Américains, si accou-
tumés à jouer avec des massés de fer,
n'ont guère l'habitude de s'effrayer de
quoi que ce soit 1 Vulcain devra veiller
à protéger son archi-prêtre dans le
royaume d'ici-bas.
L'usine Krupp, la plus vaste du monde,
cour à Mlle Emilienne, et nous transpor-
terons le lecteur au village d'Orly.
Les maisons de ce village ont un as-
pect misérable, quelque chose de sordide
qui contraste étrangement avec la beauté
du site et la richesse de la végétation.
Orly est bâti sur un coteau assez élevé
et ses maisons s'étagenten amphithéâtre
jusqu'à Villeneuve-le-Roi. C'est une si-
tuation charmante, dont o,n n'a pas su
profiter pour rendre le village un peu
plus attrayant.
De la place, espèce de triangle irrégu-
lier, la vue passe au-dessus de Villeneuve-
le-Roi, franchit la Seine, s'arrête avec
plaisir sur cette délicieuse oasis qui a
-nom Villeneuve-Saint-Georges et par-
court un horizon d'une immense étendue.
Sur le versant ouest du coteau, on n'aper-
çoit que de pauvres chaumières cons-
truites en pierres sèches ou avec un mé-
lange de terre glaise, dont le temps a fait
des ruines. Tout à fait en bas du coteau,
à l'issue d'un sentier tortueux et au mi-
lieu d'un verger aux arbres affectant les
formes les plus irrégulières, se trouve
une maisonnette construite en torchis
et dans un état de délabrement complet.
C'est là que demeure la mère Cochet,
l'horrible vieille.
L'intérieur du logis est encore plus
misérable que l'extérieur.
Il se compose d'une seule pièce meu-
blée d'une couchette, de deux petits lits
d'enfant, de quelques tabourets défon-
cés, d'une table boiteuse, d'un mauvais
bahut et de quelques ustensiles de cui-
sine. Puis, çà et la, de la poterie ébré-
chée remplie de lait ou de graines, des
paquets d'herbes qui sèchent au pla-
fond ou sont accrochés à la muraille.
Un chien, abominable roquet, le mu-
seau allongé sur ses pattes de devant,
dort sur un tas de chiffons; deux gros
chats noirs se sont pelotonnés sur un
des petits lits occupé par un enfant
pâle et débile, et semblent occupés à
fasciner par leurs yeux glauques, la
pauvre petite créature qui se débat con-
tre cet affreux cauchemar. Sur le sol de
terre battue picorent deux ou trois pou-
les et une pie à moitié déplumée. Le se-
cond lit est vide, maisà l'un de ses pieds
est attaché un enfant dont la bouche est
bâillonnée à l'aide d'un vieux mouchoir
tordu, afin d'amortir ses cris. L'enfant
est d'une maigreur de squelette.
Ce spectacle est horriblel
T. Johnson,
occupe douze mille ouvriers, et a pro-
duit, en 1862: quatre-vinq-cinq millions
de kilogrammes d'acier.
Après de tels détails, nous pouvons
répeter avec le philosophe inconnu:
Peuples, dormez en paix! mères et
épouses, apprêtez vos robes de deuil 1
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
Amiens, 10 septembre. -On consi-
dère comme certaines les nominations sui-
vantes dans l'armée territoriale du 2e corps
d'armée
Au grade, de lieutenant-colonel: MM. le
vicomte de Rainneville, au 12° régiment d'in-
fanterie le baron de Tinseau, pour la cava-
lerie.
M. de Rainneville commandait le Ie* batail-
lon des mobiles de là Somme, pendant le
siége de Paris. Il est actuellement député et
membre du Conseil général de la Somme.
M. de Tinseau, retraité depuis peu, était
lieutenant-colonel au 7e cuirassiers.Il présida
plusieurs conseils de guerre chargés de juger
les inculpés de la Commune.
Seraient nommés dans Ja cavalerie de
ligne
Au grade de chef d'escadron M, Law de
Lauriston.
Au grade de capitaine: MM. Maillard de
Landreville, Desprez, Beauvarlet de Mois-
ront et Godard de Rivocet.
Au grade de lieutenant MM. Violette, Gal-
lan, des Courtils et d'Hinisdal.
Seraient nommés dans la cavalerie légère
Au grade de chef d'escadron: M. d'Asta-
nières.
Au grade de capitaine MM- de Jaybert, de
Sars, Tasars et Godorp.
Au grade de lieutenant MM. de Grammont
d'Astri Despréaux de Saint-Sauveur, de
l'Aigle et Delbrouck.
Nantes, 10 septembre, 7 h. 40 m. ̃–
Les débats ont été clos à minuit et demi
Grandet est condamné aux travaux forcés à
perpétuité.
Brest, 40 septembre. Les géné-
raux Boutier et de Vassoigne ont commencé
leurs travaux d'inspection des troupes d'in-
fanterie et de gendarmerie.
Ernest Léveillé, soldat, marin, mis-
sionnaire et boursier, dont nous avons ra-
conté le procès et la condamnation le 9 juillet
dernier à quinze ans de travaux forcés et
vingt ans de surveillance, vient d être .trans-
féré de la maison d'arrêt de Quimper au dépôt
de Saint-Martin-de-Ré.
r- II est probable que l'énorme vaisseau
cuirassé le Colbert sera lancé vers le 15 sep-
tembre.
̃ Sables-d'Olonne, 10 sept.-Il y aura
un naufrage dimanche soir sur notre plage.
Cet émouvant spectacle sera donné sous les
;auspices de la Société centrale de sauvetage.
Un vaisseau sans gouvernail, désemparé par
la tempête (?), ira à la dérive sur les récifs, le
canon d'alarme tonnera, le sémaphore don-
nera le signal d'espérance, les sauveteurs
monteront leurs bateaux, l'obusier porte-
amarre atteindra le vaisseau en danger. et
(tout le monde sera sauvé.
-Montpellier, 10 sep., 7 h. 35m., soir.
Depuis quarante-huit heures, un orage
épouvantable désole le département de l'He-
irault. Hier une trombe d'eau s'est abattue
;sur Gigean. et Frontignaii les chevaux avaient
de l'eau jusqu'au poitrail les gendarmes ont
sauvé plusieurs personnes; un individu a
ipéri la récolte a beaucoup souffert.
Auxehbe, 10 sept. Il paraît que les
iradicaux de la commune de Bléneau s'en sont
donné à cœur joie, à l'occasion du concours
tenu par la Société d'agriculture de Joigny.
Deux drapeaux rouges flottaient, nous dit-
on, à la cime d'un arbre de la liberté planté
au 4 septembre, et on nous écrit que les éner-
giques protestations du maire, n'ont pu par-
venir à faire enlever ces ignobles loques.
Vienne, 9 sept. La police a or-
idonné la dissolution de la société «. Germa»
nia pour avoir, malgré sa défense, fêté
l'anniversaire du 4 septembre. L'ambassa-
deur d'Allemagne a refusé d'intervenir dans
cette affaire.
PLYMOUTH, 10 septembre. Dans la
nuit d'hier un bateau à aubes, transportant
cinquante hommes de la marine royale, a
•sombré près de notre port six hommes ont
péri.
1 .™™. LEicESTER, 10 sept. Le train parti
de Burton-ou-Trënt, à midi 22 minutes, s'est
Tencontrô à environ un kilomètre de la -sta-
tion, avec une locomotive qui évoluait sur la
voie. La collision à été tellement forte que les
deux locomotives ont été projetées assez loin
et mises en pièces. Au nombre desvoyageura
Attenant à ce logis, un trou sombre
sert d'écurie à une vache.
La mère Cochet, vêtue deloques, toute
dépenaillée, assise devant la porto qui
fait face au sentier, rapièce un jupon
dont la couleur primitive a disparu sous
des morceaux d'étoffes de couleurs diffé.
rentes. De temps en temps, son regard
de chouette se porte, sur le chemin comme
pour guetter s'il ne lai arrive pas quelque
nouvelle proie ou pour faire disparaître,
devant la présence d'un voyageur indis-
cret, les traces de sa criminelle indus-
trie.
Vers dix heures du matin, un voya*
geur c'était Pierre Melven arriva
dans une voiture qu'il conduisait lui-
même, sur la place du village d'Orly.
Il descendit à l'auberge située à l'angle
droit de la place, fit mettre son cheval à
l'écurie et remiser sa voiture dans la
cour.
Puis, après avoir commandé son dé-
jeuner pour midi, il demanda où demëù*
rait Mme Cochet. `
A ce nom l'aubergiste regarda Pierre
Melven de travers et né répondit pas.
Vous ne m'avez pas entendu? de-
manda Melven. Je désire savoir où de.
meure une vieille femme nommé Co-
chet.
Oui! oui! l'ogresse! fit l'aubergiste,
et s'adressant à sa femme, il ajouta
Réponds, toi.
Et il sortit.
L'ogressel répéta Melven. Pourquoi
ce nom? 2
Les femmes de la campagne sont pru-
dentes elles craignent de se compro-
mettre, surtout lorsqu'elles se trouvent
en face d'un étranger.
Des bêtises répondit-elle. Si vous
voulez venir avec moi, je vais vous mon-
trer la maison de la mère Cochet.
Volontiers.
Ils traversèrent une petite ruelle, aij
bout de laquelle tout lô versant oppose
du coteau apparaissait nettement.
Voyez-vous cette maison isolée au
milieu des champs? fit la conductrice de
Melven
Oui.
-Eh bien, traversez le pays, et avant
d'arriver à la grande route^ vous pren-
drez le sentier à gauche, que. vous pou-
vez voir d'ici, et qui vient àboutir à la
maison de la mère Cochet.
Merci!,
se trouvait M. Disraeli qui revonait de Bretby-
Park où il était allé rendre visite à la com-
tesse de Chesterfield.
Au premier moment, on put croire que M.
Disraeli avait été grièvement blessé, car il ne
bougeait pas; mais les personnes qui s'oni-
pressaient près de lui, constatèrent que l'il-
lustre homme d'Etat n'avait pas discontinué
la lecture de son journal. Par un hasard pro-
videntiel, il n'y a eu que de légères blessures
et des contusions sans gravité.
Auguste Marcade.
PARIS AU JOUR 11 J011
Le Bulletin français petit journal offi-
ciel, a donné sur la revocation de M. de
la Roncière le Noury des explications
qui n'ont point paru dans l'Officiel du
matin.
La partie officielle du journal contient un
décret du président de la République nom-
mant le vice-amiral Roze au commandement
de l'escadre d'évolutions de la Méditerranée,
en remplacement du vice-amiral baron de la
Roncière le Noury.
Cette mesure est devenue nécessaire à la
suite d'une lettre écrite par le vice-amiral de
la Roncière le Noury, lue dans un banquet à
Evreux, publiée par différents journaux et
contenant des appréciations politiques sur la
forme actuelle du gouvernement français.
Il est de règle que les officiers et soldats
des armées de terre et de mer doivent s'abste-
nir de toute manifestation.
Il est assez curieux de voir comment
les journaux bonapartistes, si scandali-
sés du décret d'avant hier, accueillirent
en 1873, la mesure prise contre le général
de Bellemare qui avait fait, dans le sens
républicain, une déclaration du même
genre que celle de l'amiral La Roncière.
voici d'après le Français, ce que le Pays
disait à cette occasion.
Notre appréciation sera nette et franche,
et nous ne nous inquiétons pas de savoir à
quelle opinion politique appartient M. le gé-
néral de Bellemare. Il nous importe peu de
savoir au nom de quelles préférences, au
nom de quel système, au nom de quelles
idées cet officier général s'est exposé à la dé-
cision disciplinaire qui vient de le frapper.
Dans une pareille question, la théorie est la
même, qu'elle s'applique à un républicain, à
un royaliste, à un impérialiste. Or, nous di-
sons que le gouvernement n'a fait qu'accom-
plir son devoir strict en destituant M. le gé-
néral de Bellemare. La conduite de cet offi-
cier général constitue plus qu'un acte d'in-
discipline, c'est une trahison envers la na-
tion, car nous n'admettons pas que dans au-
cun cas l'armée puisse s'élever contre un acte
quelconque du gouvernement régulier. ».
¥% M. Louis Blanc a écrit au Daily-
News une longue let© qui ne diffère
point des .factums de M. Naquet sur ses
motifs dé détester la Constitution. Il se
défend surtout de l'accusation d'avoir
été peu pratique et de s'être laissé guider
par des idées chimériques.
II nous a semblé aussi peu pratique de de-
mander la République à ,des, clériç^u?, e| à
des monarchistes qu'il le serait'de demander'
des pêches à un pommier.
Donc, selon lui, il y avait mieux à
faire que l'on n'a fait.
Le concours de la gauche était indispen-
sable pour là formation d'une majorité cons-
titutionnelle. Si ce concours avait été refusé,
l'Assemblée, dont la dissolution, après le re-
jet de lamotion Casimir Périer, avait été vo-
tée par 340 contre 369, ce qui rendait néces-
saire le déplacement dequelques quinze voix
et pas davantage, l'Asseniblée aurait étécon-
damnée à se dissoudre, sous la pression de
l'opinion publique, par le fait même de son
impuissance prouvee, irrémédiable, et une
Assemblée nouvelle, élue par la nation, avec
mandat spécial d'organiser la République,
l'aurait organisée conformément à la volointé
de la nation.
En tout cas, il était peu pratique de se
livrer sans conditions au centre gauche, et,
finalement, au centre droit, qui, ui$ fois sûr
qu'on ne 'pouvait se passer de lui, devait
naturellement rester maître de la situation.
Aussi est-il résulté de là que l'organisation
de la République a été l'œuvre exclusive,
non pas même du centre gauche, mais d'une
petite fraction du centre droit.
Un Qomprpmis, ajoute M. Louis Blanc,
peut être utile, mais il ne faut pas tout
donner sans rien recevoir et l'on% sacri-
fié la chose au plaisir d'avoir le nofn.
Ainsi que nous l'avons dit, la vieille
femme était aux aguets.
Dès qu'elle-vit un étranger s'engager
dans le sentier, elle eut un mauvais sou-
rire.
Puis, tout à coup, elle se leva, grom-
mela entre ses dents On ne sait pas l
Et, enlevant le bâillon de l'enfant atta-
ché au pied du lit, elle lui donna une
croûte de pain sur laquelle l'innocente
créature se jeta avec avidité. Du mou-
choir, qu'elle tenait encore à la main,
elle frappa les deux chats placés sur
l'autre lit, et les affreuses bêtes s'enfui-
rent en miaulant.
La porte s'ouvrit.
Melven entra.
-Madame Cochet? demanda-t-il.
C'est moi, monsieur, pour vous
servir; si j'en étais capable.
Melven jeta un regard dans ce sale
taudis; il vit les deux enfants et comprit
de quelle sorte d'industrie vivait cette
créature.
Pourquoi vous nomme-t-on l'o-
gresse dans le pays? fit il d'une voix
sévère.
La vieille mégère prit un ton lar-
moyant.
Ah mon bon monsieur, on est si
méchant dans le village!
Vous ne répondez pas 1 Eh bien, je
vais répondre pour vous.
On vous nomme l'Ogresse parce que
vous faites un métier infâme qui con-
siste à laisser mourir d'inanition et d'ab-
sence de soins les enfants confiés à votre
garde. Parfois aussi, vous aidez à la na-
ture, lorsqu'elle est trop lente à accom-
plir L'œuvre de mort. Savez-vous où
mène ce métier?
Ah Seigneur Jésus I
En cour d'assises d'abord et aux
galères ensuite. C'est à coup sûr là où
vous irez un jour, mais je vous certifie
que vous serez en prison avant vingt-
quatre heures, si vous ne répondez pas
nettement, et franchement surtout, aux
questions que je vais vous adresser.
La femme Cochet voulut essayer de se
rebiffer. Çfe n'était pas sans doute la pre-
mière fois qu'on la menaçait de la jus.
tice.
Je ne suis qu'une vieille femme,
dit-elle, mais je rf'ài peur de personne.
Assez 1 fit Melven.
Et son regard fïold, clair, incisif, fit
baisser les yeux à l'ogresse.
•– Ceoenaant dit-elle-jsiie ne voulais
,*¥ On se rappelle que l'Univers avait
inseré une note de fantaisie sur le
chiffre de la fortune de la famille d'Or-
léans. Ce journal a publié une lettre rec-
tificative de M. Bocher qui contient des
renseignements intéressants <
Toute la fortune du duo d'Orléans, en 1830,
qui se composait alors du doubla héritage
paternel et maternel, cette fortune, qui a fait,
comme vous le rappelez, l'objet de la donation
du 7 août, a été, sous prétexte et d après le
contenu même da cette donation, entièrement
confisquée en 1852. L'administration de l'em-
pire l'a eue dans les mains pendant dix-huit
années. Elle en a aliéné une partie. Elle a
administré le reste. Elle en a perçu les reve-
nus, et il résulte des états officiels. qui ont été
fournis à l'Assemblée nationale, en 1872, que
la valeur totale des biens composant cette
fortune était, non pas de 348,249,668 fr. 33 c,
mais seulement de 80 millions environ.
De ces 80 millions, il faut déduire 35 mil-
lions vendus par l'Etat. Sur ce prix de vente,
l'Etat s'est attribué 19 millions et a affecté
16 millions au remboursement du solde de
l'emprunt que le roi avait contracté pour le
paiement de ses dettes.
Il restait donc, en 1872, 45 millions, que
l'Assemblée nationale a fait restituer aux lé-
gitimes propriétaires, ainsi doublement dé-
pouillés par le gouvernement de l'empire de
tous les revenus de la succession de leur père,
pendant dix-huit ans, et de près de moitié du
capital de cette même succession. Et ces 45
millions ont été partagés entre huit branches
d'héritiers, dont trois branches étrangères.
En tombant du trône, Louis-Philippe
laissait environ 40 millions de dettes,
qui ont été payées intégralement et qui
avaient servi à payer les dépenses de
restauration, de Versailles, de Saint-
Cloud et de Fontainebleau..
La note de Vbnivers avait aussi accusé
M. le duc d'Aumale de n'avoir point ac-
quitté les dispositions testamentaires du
prince de Condé en faveur des descen-
dants de soldats de l'armée de Condé,
bien que sa fortune s'élevât à plus de
200 millions. M. Bocher rectifie aussi
cette assertion.
J'ignore quel est le chiffre exact de la for-
tune et des revenus de M. le duc d'Aumale,
et il ne vous appartient pas plus qu'à moi de
le savoir. Mais ce que je peux vous apprendre
et vous affirmer, c'est que, lorsque M. le duc
d'Aumale est devenu l'héritier de M. le duc
de Bourbon, dont il était le filleul, la fortune
du prince se trouvait très obérée, que le pas-
sif en égalait presque l'actif que le conseil
du roi exprima l'avis que M. le duc d'Aumale,
alors mineur, devait renoncer à la succes-
sionl, que le roi l'accepta à ses risques et pé-
rils, et que c'est luî qui, par son administra-
tion, les avances et les sacrifices personnels
qu'il fit pour éteindre les dettes, rétablit cette
fortune et la rendit libérée à son fils à sa
majorité.
Quant au legs particulier de M. le duc do
Bourbon, auquel vous faites allusion, il est,
il a toujours été exécuté, et chaque année, M.
le duc d'Aumale consacre une somme de
100,000 fr. au moins en faveur des descen-
dants des anciens officiers de l'armée de
Condé, de l'armée des princes, etc. ou
d'autres serviteurs militaires de la France.
Cette somme est distribuée par une commis-
sion dont j'ai l'honneur de faire partie.
Manière de reconnaître les réser.
vistes, d'après Cham
Capitaine, gù sont les réservistes?
Général, tous les'ventré'S qui ressortent 1
**¥ Un mot amusant cité par Dancourt,
le chroniqueur de la Gazette de France.
Alexandre 6uma§é tait allé voir Victor
Hugo à Jersey, où il s'était installe après
le 2 décembre:
On se mit à table. Le dessert venu
Vous ie voyez, mon ami, dit avec une
solennité mélancolique l'auteur des Orientales,
je suis ici, comme Napoléon, sur mon rocher
de Saint-Hélène.
Ah cher ami, s'écria l'auteur des Mous-
quetaires avec une sincérité qui partait du
fond du cœur, le beurre est bien meilleur ici,
il n'y a pas de comparaison.
»\ Un article de la Saturday Rewiew
qu'analysé le Journal et Paris n.ous ap-
prend que malgré ses gloires récentes,
l'Allemagne rencontre tous les jours plus
de difficultés à recruter des soldats.
De loin, dit l'auteur de l'article, le système
du recrutement usité dans l'Empire germa-
nique ne paraît mériter que des éloges en
l'étudiant de près, on se demande comment il
peut encore fonctionner. Les populations l'ont
en horreur, et, c'est avec un véritable effroi,
ajoute-t-il, que les pères de famille, riches ou
pauvres, voient arriver chez leurs fijs l'âge de
la conscription. Il en est chose mons-
pas vous répondre ce n'est pas la prison
qui me ferait parler.
Peut-être Mais comme il m'im-
porte peu que vous mouriez en prison
ou ailleurs, il y a cinq cents francs pour
vous si vous voulez dire la vérité.
Cinq cents francs murmura la
vieille, c'est une somme pour une pauvre
femme comme moi 1
Melven tira de sa poche un porte-
monnaie il l'ouvrit et la couleur fauve
de l'or fascina la Cochet.
Elle tendit la main.
Oh! pas encore dit Melven; il faut
d'abord parler. et écrire.
Ecrire 1 je ne sais pas écrire!
Melven remit le porte-monnaie dans
sa poche.
C'est fâcheux pour vous 1 `
Oh 1 mais, je sais signer! s'écria la
vieille femme qui voyait les cinq cents
francs lui échapper.
A la rigueur cela me suffira. Voyons,
répondez: Une jeune dame venant de
Paris, en compagnie d'un monsieur, est
accouchée ici il y a quelques mois; elle
est arrivée chez vous vers d|x heures du
soir et en est repartie à l'aurore. Vous
rappelez-vous ce fait ? P
Oui 1
Bien! Qu'est devenu l'enfant de
cette dame. ? P
Il est mort.
D'une mort naturelle?
Oui, puisqu'il avait cessé Ue vivre
en venant au monde.
Vous mentez. l'enfant était vi.
vant.
La mère Cochet ne répondij pas.
–Vous n'ignorez pas, reprit Melven,
que la science a le moyen de savoir,
même après la mort, si un enfant vivait
en venant au monde Voulez-vous que
je fasse exhumer le cadavre? P
Eh bien, quoi dit la vieille cyni-
quement, il vivait I. Après?
On vous a donné l'ordre de le tuer?
Oui.
~-Qui?
Le monsieur.
Et vous l'avez. tué?
-Oh! non, monsieur. Seulement je
lui ai fait prendre djeux infusions de cette
graine; elle montra du doigt des
graines contenues dans un pot, et ça
été fini!
Combien avez-vous reçu pour corn*
mettre ce crime? P
En tout cent francs.
ïrueuse qui vont jusqu'à déplorer publi-
quement la bonne santé et la haute taille de
leurs garçons.
D'autres, sans attendre que leurs fils
aient atteint l'âge de la conscriptiona les
envoient au loin, ce qui arrive au resul-
tat que voici
En 1874, on a compté 389,778 « exemptions
permanentes »; en 1871, on en avait compté,
347,729.
Nous allons voir ce que le service recruteur
allemand entend par exemptés d'une façon
permanente l'expression est vraiment char-
mante d'euphémisme. Ce sont
1° Les jeunes gens qui ont changé de rési-
dence avant le tirage.
2» Ceux qui sont absents sans excuse
Puis les condamnés et les hommes impro-
pres au service.
Nous n'avons rien à dire pour ces deux
dernières catégories; mais appliqué aux
deux autres, le vocable est joli, n'est-ce
pas?
Les hommes « ayant changé de résidence »
sans avoir laissé leur nouvelle adresse, pro-
bablement, se sont élevés à 210,971 les
« absents sans excuse » à 80,193. Total, pour
1874,291,164 réfractaires. comme nous di-
rions tout bonnement ici. En 1871, il n'y en
avait eu que 247,758. L'augmentation a donc
été de 17 0/0. C'est assez concluant.
D'autre part, le Constitutionnel signale
un article officieux de la Gazette de V Alle-
magne qui a essayé de justifier les offi-
ciers dont les ordres ont déterminé la
mort de nombreux soldats pendant les
manœuvres d'automne.
Ce qu'il y a de certain, c'est que les efforts
comme ceux qu'on a dû exiger de la troupe,
pour harasser de pauvres jeunes gens au
point de les tuer, loin de fortifier en général,
ont sur ceux qui y résistent des effets débili-
tants très positifs. Ces efforts sont la ruine de
la santé et souvent il arrive qu'ils rendent
l'individu incapable de quoi que ce soit pour
le reste de ses jours. On peut endurcir le corps
par des exercices progressifs; encore' faut-il
ne pas dépasser certaines limites. Une fatigue
qui amène l'affaissement est une fatigue dan-
gereuse pour l'organisme humain qu'elle
peut détendre à tout jamais.
Comme soldats on choisit, dans les conseils
de révision, les jeunes gens les plus robustes.
Comment se fait-il pourtant qu'il y ait plus
de cas de maladie parmi les enrôlés que
parmi les réformés, parmi ceu/qui sont sous
les drapeaux que parmi ceux dont l'Etat n'a
pas voulu et qui sont restés chez aux? Et
combien déjeunes gens, frais et brillants de
santé quand ils arrivèrent au régiment, ont
dû être réformés d'office et renvoyés dans
leurs foyers au bout de peu de temps de ser-
vice Telles sont les conséquences des pré-
tendues méthodes pour fortifier et endurcir
dont on fait usage dans l'armée allemande.
Ceux qui, éblouis par les succès des cam-
pagnes de 1866 et de 1870-71, seraient tentés
de croire que c'est à ces méthodes que l'Alle-
magne doit ses victoires, courraient le risque `
de paraître oublier, ce qui est aujourd'hui
établi, que la Prusse a triomphé par l'habi-
leté et la science de son état-major et de ses
officiers d'abord, et puis par la quantité plu-
tôt que par la qualité de ses soldats.
Les Allemands ont alors comparé ce qui so
passait dans leur pays avec ce qui avait lieu
a l'étranger, en France, en Italie, par exem-
ple, et ils ont vu que les soldats y étaient
singulièrement mieux traités. Alors quelques
esprits frondeurs ont dit que si c'était pour
être menés comme des brutes que les soldats
de l'Allemagne avaient fait 1 empire, vrai-
ment cela n'en valait pas la peine.
»% Le chroniqueur du Temps, qui est
allé faire une excursion au Mont-Saint-
Michel, dément la légende qui veut que
Barbes ait été enfermé, après une ten-
tative d'évasion, dans un cachot souter-
rain sans air et sans lumière.
Il n'y a pas un mot de vrai dans cette his-
toire. Barbes avait tenté de s'échapper par la
plate-forme du Saut-Gauthier, une terrasse
située à une hauteur effrayante et dominant
l'abîme; la corde se trouva trop courte de
plus de trois mètres le malheureux tomba
sur le rocher et fut relevé meurtri, couvert
de sang, donnant à peine signe de vie. On
n'eut autre chose à faire que de le transpor-
ter à l'infirmerie, et cette tentative d'évasion
ne lui fut jamais imputée à crime.
Ce qui est vrai, c est qu'à diverses reprises °
et apres de brusques accès de révolte contre
ses gardiens, Barbes a été condamné à passer,
vingt-quatre heures au cachot. C'est déjà
beaucoup, mais c'est tout.
On vient, à ce qu'il paraît, de dé-
couvrir dans un des souterrains de l'Ab-
baye du Mont-Saint-Michel la tombe
d'un évêque qui porte un nom que l'on
a tout récemment entendu sur la scène
du Théâtre-Français -Jean de Thommeray.
F. M.
Misérable
Damel monsieur, il faut bien vi--
vre 1
Je n'en vois pas la nécessité 1 Ecri-
vez, ajouta Melven, après avoir placé
devant la mère Cochet une feuille de pa-
pier, de l'encre et une plume qu'il tira
de sa poche.
Mais je ne sais pas écrire je vous
l'ai déjà dit.
Allons donc! Assez de comédie
comme cela Vous avez été élève de la
Maternité en 1818, et vous vous nom-
miez alors Marguerite Raffertoulti
Vous êtes donc le diable! s'écria la
vieille femme épouvantée.
Melven dicta
« Je, soussignée, Marguerite Raffenoult,
dite femme Cochet, reconnais que, en
» ce qui concerne la mort de l'enfant né
» de madame Robert Dachet, je n'ai fait
» que me conformer aux ordres de
» M. Dachet. »
L'ogresse était domptée elle écrivit
ce que Melven venait de dicter, data et
signa.
C'est ma condamnation que vous
me faites signer, dit-elle en pleurni-
chant.
Laissez-moi donc tranquille repar-
tit Melven. Vous savez bien que si je
voulais vous dénoncer je ne vous of-
frirais pas cinq cents francs.
Maintenant ces cinq cents francs
sont bien à moi, j'espère? 9
Et de nouveau elle tendit la main.
Melven jeta le porte-monnaie sur la
table; il s'ouvrit en tombant et les piè-
ces d'or s'éparpillèrent sur le sol.
L'ogresse s'accroupit sur la terre, et,
marchant sur ses genoux et ses mains,
elle se mit à la recherche des pièces
d'or.
Melven profita de ce moment pour
sortir de ce lieu maudit.
Il prit le papier, qui était encore sur
la table, et le mit dans sa poche.
Quand il se trouva dans le sentier, û
respira plus à l'aise et une re exion
douloureuse se fit jour à travers ses lè-
vres.
Héîasi murmura-t-il, la femme re-
présente à la fois le sublinïê et l'abject!
Armand Lapowtjè/
[la sMite à (termina
LE FIGARO SAMEDI il SEPTEMBRE 1875 5
Il n'y a, dit Mme Crawshay, aucune
honte à faire la cuisine, à servir à table,
balayer les escaliers ou même cirer les
bottes. D'ailleurs, il est biencertain que
les personnes ayant le bonheur d'avoir à
leur service une élève de Mme Crawshay
n'oublieront pas le respect qu'ils doivent
à l'infortune.
Ainsi par exemple, le dimanche, dans
l'après-midi seulement, on autorisera la
servante à recevoir quelques visites au
salon-il faudra aussi lui permettre d'of-
frir une tasse de thé, toujours dans le
salon, à ses amis et connaissances et
cela ne peut qu'être agréable pour les
maîtres, car les relations des élèves de
Mme Crawshay sont toujours respec-
tables. N'oubliez pas non. plus, que ce
même dimanche pour aller à l'office du
soir, la servante doit être accompagnée,
il sera aussi convenable de la ramener à
la maison.
L'introduction dans la domesticité d'un
élément aussi distingué va changer tou-
tes les habitudes. Mme Crawshay n'ad-
met pas que les servantes ladies se trou-
vent en contact avec des êtres du sexe
masculin. Plus de valets de chambre,
plus de cuisiniers,-tout pour les dames
et par les dames. Mais comme dans tou-
tes les maisons, il y a des ouvrages qui
exigent des mains vigoureuses, on pourra
S rendre pour aider l'élève de Mme
Crawshay, quelquebonne grosse fillede la
campagne, qui sera chargée des gros-
siers travaux.
Que deviendront tous les domestiques
mâles, toutes les pauvres servantes ordi-
naires, si on adoptait ce système sau-
grenu? Ce n'est point l'affaire de Mme
Crawshay; l'essentiel, pour elle, est de
faire triompher son idée, et rien ne
prouve qu'elle ne réussira pas, car il y a
Ses gens très sérieux, entre autres lord
Aberdeen, qui perdent leur temps à s'en
occuper.
On propose toutefois une légère rnodi-
'ficaiion en ce qui concerne les récep-
tions du dimanche. Les esprits justes
veulent bien admettre que les maîtres
ont droit aussi à quelques égards, et
pour ne gêner personne, on reconnaît
qu'il n'y aurait pas d'inconvénient à éta-
blir une entrée particulière pour les in-
vités de la servante. Rassurez-vous, on
se. retrouvera au sàlon, ce qui sera tout
à fait charmant. Nous n'aurons donc
plus de domestiques, mais des amies;
décidément l'âge d'or va revenir pour
l'Angleterre.
s En attendant cette bienheureuse épo-
que, Marwood, le bourreau, nous rap-
pelle de temps en temps qu'il y a en-
core quelques imperfections sur la terre.
Deux criminels viennent d'être pendus
à Liverpool, et je ne parlerais pas de
cette double exécution si je n'avais à
donner des détails particuliers et à faire
ressortir certaines bizarreries des coutu-
mes anglaises.
Justement ému des critiques du bour.
reau amateur dont j'ai déjà entretenu
mes lecteurs, Marwood vient de modi-
fier complétement les anciens procédés.
Calerait se servait d'une corde courte, il
paraît que c'était une erreur de ce vieux
justicier; Marwood emploie aujourd'hui
une corde longue de plus de deux mè-
tres le condamné, précipité ainsi d'une
grande hauteur, n'éprouverait aucune
souffrance. C'est Marwood qui l'affirme
au moins, et c'est le cas ou jamais d'aï-
mer mieux le croire que d'y aller le
voir. Le fait est que dans ces dernières
exécutions de Liverpool, lorsque, selon
le voeu de la loi, au bout d'une heure,
on a retiré les cadavres du gibet, il était
facile de voir que la mort avait été ins-
tantanée et Marwood, en présentant les
corps des suppliciés aux jurés chargés
de constater la mort, paraissait absolu-
nient content de son œuvre.
La fonction de ces jurés est assez
étrange; ils doivent, comme dans un cas
de mort violente ordinaire, rendre un
verdict établissant la nature de l'accident.
L'enquête a lieu fort régulièrement sous
la direction du eoroner, en présence du
gouverneur, du médecin de la prison et
de l'exécuteur. Le gouverneur et le mé-
decin sont entendus comme témoins.
Ils expliquent au jury comment les con-
damnés sont entres dans la prison et de
quelle manière ils sont morts. Dans le
cas présent, avant de rendre le verdict,
morts par strangukttion,via des jurés pre-
riant la tête de l'un des suppliciés s'est
fait longuement et minutieusement ex-
genilletpp daEïGAftO anil Septembre I81S
49
"̃ la
CHÂSSE AUXttNTOMES
DEUXIÈME PARTES
ï,A ftEVAXCOE DE MMtUVmfi-
~3 '1
Le lendemain de ce Jour-là, Robert
cachet reçut la lettre de Regimbai.
Venant après le télégramme de J.
Starke, elle compliquait la situation et
n'était point de nature à rassurer Da-
chet.
s Un moment il eut peur: il crut se
sentir pris dans les griffes d'un ennemi
implacable. Prévodâl et Mlle Desprez
donnant tout à coup, et en même temps,
signe de vie, et cela juste au moment ou
Dachet devait éviter l'ombre même du
scandale, firent redouter à Robert quel-
que puissante machination contre sa
fortune et la considération après laquelle
il courait.
Mais il se rassura bientôt.
Cet ennemi que je redoute, se dit.
il, ne peut exister. Ce n'est pas le baron
Mittermann: il est frappé d'idiotisme et
de paralysie; ni la comtesse Svitzer, elle
est bien trop sotte et trop égoïste pour
cela. Paul Maisonneuve est mort et
n'avait pas dé famille. Reste ce misé-
rable Copeau Mais Copeau est un va-
nu-pieds qui ne peut inspirer nulle con-
fiance et qui doit nécessairement finir
ses jours en prison! Qui puis-je donc
craindre?. Personne, vraiment! Il n'y
a, dans tout ceci, qu'un concours de cir-
constances, mauvaises il est vrai, mais
qui n'ont rien d'extraordinaire. Toute-
fois, il est utile de ne pas perdre de
temps.
Il fit sa toilette et se rendit chez M.
de Lorris.
Il est bien entendu qu'il ne songea en
aucune façon à Melven.
Nous laisserons le banquier faisant sa
« Hêproduction autorisée pour les journaux qui
&nt traité avec la société des Gens de lettres.
pliquer la cause du décès. Les jurés n'as-
sistent point à l'exécution qui a lieu dans
l'intérieur de la .prison, Malgré celai
une foule considérable stationnait à huit
heures du matin, au moment du sup-
plice, devant les portes de la geôle, et
chose étrange lorsqu'on a hissé le dra-
peau noir sur le donjon, il s'est fait dans
cette multitude un tel silence, que l'on a
entendu très distinctement le bruit sourd
de la trappe s'abaissant par deux fois
sous les pieds des condamnes.
LES CANONS KRUPP
A L'EXPOSITION DE PHILADELPHIE
Krupp ayant exposé à Londres, à Pa-
ris, ainsi qu'à Vienne, ne pouvait faire
autrement que de se montrer à Philadel-
phie, où les Allemands font des efforts
surhumains pour se distinguer. Il a son
pavillon à part, ou plutôt on lui a
donné un emplacement à niveau, qu'il
occupera à lui seul, et qui peut avoir
une vingtaine de mètres de long sur
une dizaine de large, prenons 200 mètres
carrés.
Pour le moment, rien n'est encore dis-
posé, si ce n'est le plancher, très épais,
et reposant naturellement sur le sol.
L'usine Krupp enverra plusieurs ca-
nons à Philadelphie 14 ou 15 de divers
calibres, et même des pièces de cam-
pagne. Ils auront tous leurs affûts et
leurs boulets sous la gueule.
Le plus gros a son poids marqué sur les
moignons du pivot: 55,722 kilogrammes!
Il porte également à la culasse, sur un
acier poli à s'y mirer, l'inscription Frie-
drich Krupp. Le wagon spécial et appar-
tenant à Krupp, qui l'a amené déjà à
Hombourg, pèse 33,000 kilog. Il n'a pas
lait longue halte déjà il est retourné à
Essen chercher un bloc octogone d'acier
de 52,000 kilog.
Le premier bloc d'acier que Krupp ait
exposé c'était à Londres, en 1851
pesait. 27 quintaux. Il a donc, en vingt-
quatre ans, progressé d'une manière re-
marquablè.
Quant à son canon destiné à Philadel-
phie, c'est un véritable monstre. Il est
bien plus volumineux .que ceux qui ont
été exposés en 1867 à Paris, et en 1873 à
Jftenne. Il pèse plusieurs milliers de ki-
logrammes de plus, et sa force en est
augmentée d'un bon quart. Quoiqu'il pa-
raisse sorti tout fraîchement de l'atelier,
tant, il est luisant et sans la moindre
écorchure, on assure qu'il a tiré Drès de
3,000 coups sur des plaques de 18 et de
20 pouces, et que son boulet de 400 ki-
logrammes les a traversées, comme des
feuilles de papier. Ce canon est destiné
à la défense des côtes; on sait que les
plus épaisses cuirasses usitées jusqu'à
nos jours pour les plus gros navires sont
de ±2 à 15 pouces; donc l'endroit où le
monstre sera placé ne courra aucun
dange d'abordage. 11 coulerait une
.flotte en quelques heures, fût-ce celle de
la Grande-Bretagne.
Krupp a commencé la fabrication de
ses canons si renommes en 3846. Cinq
ans après, il en envoyait un de six à
Londres. En 1858 il en avait livré 100 de
cette espèce, en .1865 près de 3,000 de
tout calibre.
Maintenant, il a déjà fait des canons
de tout calibre. Celui dont nous parlons
a 16 pouces de diamètre. Son affût
pèse 40,000 kilogrammes. Poids total,
boulet et charges exceptés, 95,722 kilos.
Il faudrait tout une écurie de chevaux
pour le mouvoir à travers champs. La
manivelle pèse 25,000 kilogrammes.
La pièce sans l'affût, telle qu'elle se
trouve étendue dans un bâtiment spé-
cial à Hombourg, a 25 pieds de longueur.
Celle de Paris avait un ton noir, celle-
ci un ton brun clair. Sa charge est de 90
kilogs de poudre prismatique. Krupp au-
rait pu exposer une pièce plus forte encore
de deux pouces, mais on a craint que les
rails ne cédassent sous cette charge.
Le bloc d'acier est attendu avec un véri-
table effroi*aux Etats-tjnis et l'on sait
cependant que les Américains, si accou-
tumés à jouer avec des massés de fer,
n'ont guère l'habitude de s'effrayer de
quoi que ce soit 1 Vulcain devra veiller
à protéger son archi-prêtre dans le
royaume d'ici-bas.
L'usine Krupp, la plus vaste du monde,
cour à Mlle Emilienne, et nous transpor-
terons le lecteur au village d'Orly.
Les maisons de ce village ont un as-
pect misérable, quelque chose de sordide
qui contraste étrangement avec la beauté
du site et la richesse de la végétation.
Orly est bâti sur un coteau assez élevé
et ses maisons s'étagenten amphithéâtre
jusqu'à Villeneuve-le-Roi. C'est une si-
tuation charmante, dont o,n n'a pas su
profiter pour rendre le village un peu
plus attrayant.
De la place, espèce de triangle irrégu-
lier, la vue passe au-dessus de Villeneuve-
le-Roi, franchit la Seine, s'arrête avec
plaisir sur cette délicieuse oasis qui a
-nom Villeneuve-Saint-Georges et par-
court un horizon d'une immense étendue.
Sur le versant ouest du coteau, on n'aper-
çoit que de pauvres chaumières cons-
truites en pierres sèches ou avec un mé-
lange de terre glaise, dont le temps a fait
des ruines. Tout à fait en bas du coteau,
à l'issue d'un sentier tortueux et au mi-
lieu d'un verger aux arbres affectant les
formes les plus irrégulières, se trouve
une maisonnette construite en torchis
et dans un état de délabrement complet.
C'est là que demeure la mère Cochet,
l'horrible vieille.
L'intérieur du logis est encore plus
misérable que l'extérieur.
Il se compose d'une seule pièce meu-
blée d'une couchette, de deux petits lits
d'enfant, de quelques tabourets défon-
cés, d'une table boiteuse, d'un mauvais
bahut et de quelques ustensiles de cui-
sine. Puis, çà et la, de la poterie ébré-
chée remplie de lait ou de graines, des
paquets d'herbes qui sèchent au pla-
fond ou sont accrochés à la muraille.
Un chien, abominable roquet, le mu-
seau allongé sur ses pattes de devant,
dort sur un tas de chiffons; deux gros
chats noirs se sont pelotonnés sur un
des petits lits occupé par un enfant
pâle et débile, et semblent occupés à
fasciner par leurs yeux glauques, la
pauvre petite créature qui se débat con-
tre cet affreux cauchemar. Sur le sol de
terre battue picorent deux ou trois pou-
les et une pie à moitié déplumée. Le se-
cond lit est vide, maisà l'un de ses pieds
est attaché un enfant dont la bouche est
bâillonnée à l'aide d'un vieux mouchoir
tordu, afin d'amortir ses cris. L'enfant
est d'une maigreur de squelette.
Ce spectacle est horriblel
T. Johnson,
occupe douze mille ouvriers, et a pro-
duit, en 1862: quatre-vinq-cinq millions
de kilogrammes d'acier.
Après de tels détails, nous pouvons
répeter avec le philosophe inconnu:
Peuples, dormez en paix! mères et
épouses, apprêtez vos robes de deuil 1
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
Amiens, 10 septembre. -On consi-
dère comme certaines les nominations sui-
vantes dans l'armée territoriale du 2e corps
d'armée
Au grade, de lieutenant-colonel: MM. le
vicomte de Rainneville, au 12° régiment d'in-
fanterie le baron de Tinseau, pour la cava-
lerie.
M. de Rainneville commandait le Ie* batail-
lon des mobiles de là Somme, pendant le
siége de Paris. Il est actuellement député et
membre du Conseil général de la Somme.
M. de Tinseau, retraité depuis peu, était
lieutenant-colonel au 7e cuirassiers.Il présida
plusieurs conseils de guerre chargés de juger
les inculpés de la Commune.
Seraient nommés dans Ja cavalerie de
ligne
Au grade de chef d'escadron M, Law de
Lauriston.
Au grade de capitaine: MM. Maillard de
Landreville, Desprez, Beauvarlet de Mois-
ront et Godard de Rivocet.
Au grade de lieutenant MM. Violette, Gal-
lan, des Courtils et d'Hinisdal.
Seraient nommés dans la cavalerie légère
Au grade de chef d'escadron: M. d'Asta-
nières.
Au grade de capitaine MM- de Jaybert, de
Sars, Tasars et Godorp.
Au grade de lieutenant MM. de Grammont
d'Astri Despréaux de Saint-Sauveur, de
l'Aigle et Delbrouck.
Nantes, 10 septembre, 7 h. 40 m. ̃–
Les débats ont été clos à minuit et demi
Grandet est condamné aux travaux forcés à
perpétuité.
Brest, 40 septembre. Les géné-
raux Boutier et de Vassoigne ont commencé
leurs travaux d'inspection des troupes d'in-
fanterie et de gendarmerie.
Ernest Léveillé, soldat, marin, mis-
sionnaire et boursier, dont nous avons ra-
conté le procès et la condamnation le 9 juillet
dernier à quinze ans de travaux forcés et
vingt ans de surveillance, vient d être .trans-
féré de la maison d'arrêt de Quimper au dépôt
de Saint-Martin-de-Ré.
r- II est probable que l'énorme vaisseau
cuirassé le Colbert sera lancé vers le 15 sep-
tembre.
̃ Sables-d'Olonne, 10 sept.-Il y aura
un naufrage dimanche soir sur notre plage.
Cet émouvant spectacle sera donné sous les
;auspices de la Société centrale de sauvetage.
Un vaisseau sans gouvernail, désemparé par
la tempête (?), ira à la dérive sur les récifs, le
canon d'alarme tonnera, le sémaphore don-
nera le signal d'espérance, les sauveteurs
monteront leurs bateaux, l'obusier porte-
amarre atteindra le vaisseau en danger. et
(tout le monde sera sauvé.
-Montpellier, 10 sep., 7 h. 35m., soir.
Depuis quarante-huit heures, un orage
épouvantable désole le département de l'He-
irault. Hier une trombe d'eau s'est abattue
;sur Gigean. et Frontignaii les chevaux avaient
de l'eau jusqu'au poitrail les gendarmes ont
sauvé plusieurs personnes; un individu a
ipéri la récolte a beaucoup souffert.
Auxehbe, 10 sept. Il paraît que les
iradicaux de la commune de Bléneau s'en sont
donné à cœur joie, à l'occasion du concours
tenu par la Société d'agriculture de Joigny.
Deux drapeaux rouges flottaient, nous dit-
on, à la cime d'un arbre de la liberté planté
au 4 septembre, et on nous écrit que les éner-
giques protestations du maire, n'ont pu par-
venir à faire enlever ces ignobles loques.
Vienne, 9 sept. La police a or-
idonné la dissolution de la société «. Germa»
nia pour avoir, malgré sa défense, fêté
l'anniversaire du 4 septembre. L'ambassa-
deur d'Allemagne a refusé d'intervenir dans
cette affaire.
PLYMOUTH, 10 septembre. Dans la
nuit d'hier un bateau à aubes, transportant
cinquante hommes de la marine royale, a
•sombré près de notre port six hommes ont
péri.
1 .™™. LEicESTER, 10 sept. Le train parti
de Burton-ou-Trënt, à midi 22 minutes, s'est
Tencontrô à environ un kilomètre de la -sta-
tion, avec une locomotive qui évoluait sur la
voie. La collision à été tellement forte que les
deux locomotives ont été projetées assez loin
et mises en pièces. Au nombre desvoyageura
Attenant à ce logis, un trou sombre
sert d'écurie à une vache.
La mère Cochet, vêtue deloques, toute
dépenaillée, assise devant la porto qui
fait face au sentier, rapièce un jupon
dont la couleur primitive a disparu sous
des morceaux d'étoffes de couleurs diffé.
rentes. De temps en temps, son regard
de chouette se porte, sur le chemin comme
pour guetter s'il ne lai arrive pas quelque
nouvelle proie ou pour faire disparaître,
devant la présence d'un voyageur indis-
cret, les traces de sa criminelle indus-
trie.
Vers dix heures du matin, un voya*
geur c'était Pierre Melven arriva
dans une voiture qu'il conduisait lui-
même, sur la place du village d'Orly.
Il descendit à l'auberge située à l'angle
droit de la place, fit mettre son cheval à
l'écurie et remiser sa voiture dans la
cour.
Puis, après avoir commandé son dé-
jeuner pour midi, il demanda où demëù*
rait Mme Cochet. `
A ce nom l'aubergiste regarda Pierre
Melven de travers et né répondit pas.
Vous ne m'avez pas entendu? de-
manda Melven. Je désire savoir où de.
meure une vieille femme nommé Co-
chet.
Oui! oui! l'ogresse! fit l'aubergiste,
et s'adressant à sa femme, il ajouta
Réponds, toi.
Et il sortit.
L'ogressel répéta Melven. Pourquoi
ce nom? 2
Les femmes de la campagne sont pru-
dentes elles craignent de se compro-
mettre, surtout lorsqu'elles se trouvent
en face d'un étranger.
Des bêtises répondit-elle. Si vous
voulez venir avec moi, je vais vous mon-
trer la maison de la mère Cochet.
Volontiers.
Ils traversèrent une petite ruelle, aij
bout de laquelle tout lô versant oppose
du coteau apparaissait nettement.
Voyez-vous cette maison isolée au
milieu des champs? fit la conductrice de
Melven
Oui.
-Eh bien, traversez le pays, et avant
d'arriver à la grande route^ vous pren-
drez le sentier à gauche, que. vous pou-
vez voir d'ici, et qui vient àboutir à la
maison de la mère Cochet.
Merci!,
se trouvait M. Disraeli qui revonait de Bretby-
Park où il était allé rendre visite à la com-
tesse de Chesterfield.
Au premier moment, on put croire que M.
Disraeli avait été grièvement blessé, car il ne
bougeait pas; mais les personnes qui s'oni-
pressaient près de lui, constatèrent que l'il-
lustre homme d'Etat n'avait pas discontinué
la lecture de son journal. Par un hasard pro-
videntiel, il n'y a eu que de légères blessures
et des contusions sans gravité.
Auguste Marcade.
PARIS AU JOUR 11 J011
Le Bulletin français petit journal offi-
ciel, a donné sur la revocation de M. de
la Roncière le Noury des explications
qui n'ont point paru dans l'Officiel du
matin.
La partie officielle du journal contient un
décret du président de la République nom-
mant le vice-amiral Roze au commandement
de l'escadre d'évolutions de la Méditerranée,
en remplacement du vice-amiral baron de la
Roncière le Noury.
Cette mesure est devenue nécessaire à la
suite d'une lettre écrite par le vice-amiral de
la Roncière le Noury, lue dans un banquet à
Evreux, publiée par différents journaux et
contenant des appréciations politiques sur la
forme actuelle du gouvernement français.
Il est de règle que les officiers et soldats
des armées de terre et de mer doivent s'abste-
nir de toute manifestation.
Il est assez curieux de voir comment
les journaux bonapartistes, si scandali-
sés du décret d'avant hier, accueillirent
en 1873, la mesure prise contre le général
de Bellemare qui avait fait, dans le sens
républicain, une déclaration du même
genre que celle de l'amiral La Roncière.
voici d'après le Français, ce que le Pays
disait à cette occasion.
Notre appréciation sera nette et franche,
et nous ne nous inquiétons pas de savoir à
quelle opinion politique appartient M. le gé-
néral de Bellemare. Il nous importe peu de
savoir au nom de quelles préférences, au
nom de quel système, au nom de quelles
idées cet officier général s'est exposé à la dé-
cision disciplinaire qui vient de le frapper.
Dans une pareille question, la théorie est la
même, qu'elle s'applique à un républicain, à
un royaliste, à un impérialiste. Or, nous di-
sons que le gouvernement n'a fait qu'accom-
plir son devoir strict en destituant M. le gé-
néral de Bellemare. La conduite de cet offi-
cier général constitue plus qu'un acte d'in-
discipline, c'est une trahison envers la na-
tion, car nous n'admettons pas que dans au-
cun cas l'armée puisse s'élever contre un acte
quelconque du gouvernement régulier. ».
¥% M. Louis Blanc a écrit au Daily-
News une longue let© qui ne diffère
point des .factums de M. Naquet sur ses
motifs dé détester la Constitution. Il se
défend surtout de l'accusation d'avoir
été peu pratique et de s'être laissé guider
par des idées chimériques.
II nous a semblé aussi peu pratique de de-
mander la République à ,des, clériç^u?, e| à
des monarchistes qu'il le serait'de demander'
des pêches à un pommier.
Donc, selon lui, il y avait mieux à
faire que l'on n'a fait.
Le concours de la gauche était indispen-
sable pour là formation d'une majorité cons-
titutionnelle. Si ce concours avait été refusé,
l'Assemblée, dont la dissolution, après le re-
jet de lamotion Casimir Périer, avait été vo-
tée par 340 contre 369, ce qui rendait néces-
saire le déplacement dequelques quinze voix
et pas davantage, l'Asseniblée aurait étécon-
damnée à se dissoudre, sous la pression de
l'opinion publique, par le fait même de son
impuissance prouvee, irrémédiable, et une
Assemblée nouvelle, élue par la nation, avec
mandat spécial d'organiser la République,
l'aurait organisée conformément à la volointé
de la nation.
En tout cas, il était peu pratique de se
livrer sans conditions au centre gauche, et,
finalement, au centre droit, qui, ui$ fois sûr
qu'on ne 'pouvait se passer de lui, devait
naturellement rester maître de la situation.
Aussi est-il résulté de là que l'organisation
de la République a été l'œuvre exclusive,
non pas même du centre gauche, mais d'une
petite fraction du centre droit.
Un Qomprpmis, ajoute M. Louis Blanc,
peut être utile, mais il ne faut pas tout
donner sans rien recevoir et l'on% sacri-
fié la chose au plaisir d'avoir le nofn.
Ainsi que nous l'avons dit, la vieille
femme était aux aguets.
Dès qu'elle-vit un étranger s'engager
dans le sentier, elle eut un mauvais sou-
rire.
Puis, tout à coup, elle se leva, grom-
mela entre ses dents On ne sait pas l
Et, enlevant le bâillon de l'enfant atta-
ché au pied du lit, elle lui donna une
croûte de pain sur laquelle l'innocente
créature se jeta avec avidité. Du mou-
choir, qu'elle tenait encore à la main,
elle frappa les deux chats placés sur
l'autre lit, et les affreuses bêtes s'enfui-
rent en miaulant.
La porte s'ouvrit.
Melven entra.
-Madame Cochet? demanda-t-il.
C'est moi, monsieur, pour vous
servir; si j'en étais capable.
Melven jeta un regard dans ce sale
taudis; il vit les deux enfants et comprit
de quelle sorte d'industrie vivait cette
créature.
Pourquoi vous nomme-t-on l'o-
gresse dans le pays? fit il d'une voix
sévère.
La vieille mégère prit un ton lar-
moyant.
Ah mon bon monsieur, on est si
méchant dans le village!
Vous ne répondez pas 1 Eh bien, je
vais répondre pour vous.
On vous nomme l'Ogresse parce que
vous faites un métier infâme qui con-
siste à laisser mourir d'inanition et d'ab-
sence de soins les enfants confiés à votre
garde. Parfois aussi, vous aidez à la na-
ture, lorsqu'elle est trop lente à accom-
plir L'œuvre de mort. Savez-vous où
mène ce métier?
Ah Seigneur Jésus I
En cour d'assises d'abord et aux
galères ensuite. C'est à coup sûr là où
vous irez un jour, mais je vous certifie
que vous serez en prison avant vingt-
quatre heures, si vous ne répondez pas
nettement, et franchement surtout, aux
questions que je vais vous adresser.
La femme Cochet voulut essayer de se
rebiffer. Çfe n'était pas sans doute la pre-
mière fois qu'on la menaçait de la jus.
tice.
Je ne suis qu'une vieille femme,
dit-elle, mais je rf'ài peur de personne.
Assez 1 fit Melven.
Et son regard fïold, clair, incisif, fit
baisser les yeux à l'ogresse.
•– Ceoenaant dit-elle-jsiie ne voulais
,*¥ On se rappelle que l'Univers avait
inseré une note de fantaisie sur le
chiffre de la fortune de la famille d'Or-
léans. Ce journal a publié une lettre rec-
tificative de M. Bocher qui contient des
renseignements intéressants <
Toute la fortune du duo d'Orléans, en 1830,
qui se composait alors du doubla héritage
paternel et maternel, cette fortune, qui a fait,
comme vous le rappelez, l'objet de la donation
du 7 août, a été, sous prétexte et d après le
contenu même da cette donation, entièrement
confisquée en 1852. L'administration de l'em-
pire l'a eue dans les mains pendant dix-huit
années. Elle en a aliéné une partie. Elle a
administré le reste. Elle en a perçu les reve-
nus, et il résulte des états officiels. qui ont été
fournis à l'Assemblée nationale, en 1872, que
la valeur totale des biens composant cette
fortune était, non pas de 348,249,668 fr. 33 c,
mais seulement de 80 millions environ.
De ces 80 millions, il faut déduire 35 mil-
lions vendus par l'Etat. Sur ce prix de vente,
l'Etat s'est attribué 19 millions et a affecté
16 millions au remboursement du solde de
l'emprunt que le roi avait contracté pour le
paiement de ses dettes.
Il restait donc, en 1872, 45 millions, que
l'Assemblée nationale a fait restituer aux lé-
gitimes propriétaires, ainsi doublement dé-
pouillés par le gouvernement de l'empire de
tous les revenus de la succession de leur père,
pendant dix-huit ans, et de près de moitié du
capital de cette même succession. Et ces 45
millions ont été partagés entre huit branches
d'héritiers, dont trois branches étrangères.
En tombant du trône, Louis-Philippe
laissait environ 40 millions de dettes,
qui ont été payées intégralement et qui
avaient servi à payer les dépenses de
restauration, de Versailles, de Saint-
Cloud et de Fontainebleau..
La note de Vbnivers avait aussi accusé
M. le duc d'Aumale de n'avoir point ac-
quitté les dispositions testamentaires du
prince de Condé en faveur des descen-
dants de soldats de l'armée de Condé,
bien que sa fortune s'élevât à plus de
200 millions. M. Bocher rectifie aussi
cette assertion.
J'ignore quel est le chiffre exact de la for-
tune et des revenus de M. le duc d'Aumale,
et il ne vous appartient pas plus qu'à moi de
le savoir. Mais ce que je peux vous apprendre
et vous affirmer, c'est que, lorsque M. le duc
d'Aumale est devenu l'héritier de M. le duc
de Bourbon, dont il était le filleul, la fortune
du prince se trouvait très obérée, que le pas-
sif en égalait presque l'actif que le conseil
du roi exprima l'avis que M. le duc d'Aumale,
alors mineur, devait renoncer à la succes-
sionl, que le roi l'accepta à ses risques et pé-
rils, et que c'est luî qui, par son administra-
tion, les avances et les sacrifices personnels
qu'il fit pour éteindre les dettes, rétablit cette
fortune et la rendit libérée à son fils à sa
majorité.
Quant au legs particulier de M. le duc do
Bourbon, auquel vous faites allusion, il est,
il a toujours été exécuté, et chaque année, M.
le duc d'Aumale consacre une somme de
100,000 fr. au moins en faveur des descen-
dants des anciens officiers de l'armée de
Condé, de l'armée des princes, etc. ou
d'autres serviteurs militaires de la France.
Cette somme est distribuée par une commis-
sion dont j'ai l'honneur de faire partie.
Manière de reconnaître les réser.
vistes, d'après Cham
Capitaine, gù sont les réservistes?
Général, tous les'ventré'S qui ressortent 1
**¥ Un mot amusant cité par Dancourt,
le chroniqueur de la Gazette de France.
Alexandre 6uma§é tait allé voir Victor
Hugo à Jersey, où il s'était installe après
le 2 décembre:
On se mit à table. Le dessert venu
Vous ie voyez, mon ami, dit avec une
solennité mélancolique l'auteur des Orientales,
je suis ici, comme Napoléon, sur mon rocher
de Saint-Hélène.
Ah cher ami, s'écria l'auteur des Mous-
quetaires avec une sincérité qui partait du
fond du cœur, le beurre est bien meilleur ici,
il n'y a pas de comparaison.
»\ Un article de la Saturday Rewiew
qu'analysé le Journal et Paris n.ous ap-
prend que malgré ses gloires récentes,
l'Allemagne rencontre tous les jours plus
de difficultés à recruter des soldats.
De loin, dit l'auteur de l'article, le système
du recrutement usité dans l'Empire germa-
nique ne paraît mériter que des éloges en
l'étudiant de près, on se demande comment il
peut encore fonctionner. Les populations l'ont
en horreur, et, c'est avec un véritable effroi,
ajoute-t-il, que les pères de famille, riches ou
pauvres, voient arriver chez leurs fijs l'âge de
la conscription. Il en est chose mons-
pas vous répondre ce n'est pas la prison
qui me ferait parler.
Peut-être Mais comme il m'im-
porte peu que vous mouriez en prison
ou ailleurs, il y a cinq cents francs pour
vous si vous voulez dire la vérité.
Cinq cents francs murmura la
vieille, c'est une somme pour une pauvre
femme comme moi 1
Melven tira de sa poche un porte-
monnaie il l'ouvrit et la couleur fauve
de l'or fascina la Cochet.
Elle tendit la main.
Oh! pas encore dit Melven; il faut
d'abord parler. et écrire.
Ecrire 1 je ne sais pas écrire!
Melven remit le porte-monnaie dans
sa poche.
C'est fâcheux pour vous 1 `
Oh 1 mais, je sais signer! s'écria la
vieille femme qui voyait les cinq cents
francs lui échapper.
A la rigueur cela me suffira. Voyons,
répondez: Une jeune dame venant de
Paris, en compagnie d'un monsieur, est
accouchée ici il y a quelques mois; elle
est arrivée chez vous vers d|x heures du
soir et en est repartie à l'aurore. Vous
rappelez-vous ce fait ? P
Oui 1
Bien! Qu'est devenu l'enfant de
cette dame. ? P
Il est mort.
D'une mort naturelle?
Oui, puisqu'il avait cessé Ue vivre
en venant au monde.
Vous mentez. l'enfant était vi.
vant.
La mère Cochet ne répondij pas.
–Vous n'ignorez pas, reprit Melven,
que la science a le moyen de savoir,
même après la mort, si un enfant vivait
en venant au monde Voulez-vous que
je fasse exhumer le cadavre? P
Eh bien, quoi dit la vieille cyni-
quement, il vivait I. Après?
On vous a donné l'ordre de le tuer?
Oui.
~-Qui?
Le monsieur.
Et vous l'avez. tué?
-Oh! non, monsieur. Seulement je
lui ai fait prendre djeux infusions de cette
graine; elle montra du doigt des
graines contenues dans un pot, et ça
été fini!
Combien avez-vous reçu pour corn*
mettre ce crime? P
En tout cent francs.
ïrueuse qui vont jusqu'à déplorer publi-
quement la bonne santé et la haute taille de
leurs garçons.
D'autres, sans attendre que leurs fils
aient atteint l'âge de la conscriptiona les
envoient au loin, ce qui arrive au resul-
tat que voici
En 1874, on a compté 389,778 « exemptions
permanentes »; en 1871, on en avait compté,
347,729.
Nous allons voir ce que le service recruteur
allemand entend par exemptés d'une façon
permanente l'expression est vraiment char-
mante d'euphémisme. Ce sont
1° Les jeunes gens qui ont changé de rési-
dence avant le tirage.
2» Ceux qui sont absents sans excuse
Puis les condamnés et les hommes impro-
pres au service.
Nous n'avons rien à dire pour ces deux
dernières catégories; mais appliqué aux
deux autres, le vocable est joli, n'est-ce
pas?
Les hommes « ayant changé de résidence »
sans avoir laissé leur nouvelle adresse, pro-
bablement, se sont élevés à 210,971 les
« absents sans excuse » à 80,193. Total, pour
1874,291,164 réfractaires. comme nous di-
rions tout bonnement ici. En 1871, il n'y en
avait eu que 247,758. L'augmentation a donc
été de 17 0/0. C'est assez concluant.
D'autre part, le Constitutionnel signale
un article officieux de la Gazette de V Alle-
magne qui a essayé de justifier les offi-
ciers dont les ordres ont déterminé la
mort de nombreux soldats pendant les
manœuvres d'automne.
Ce qu'il y a de certain, c'est que les efforts
comme ceux qu'on a dû exiger de la troupe,
pour harasser de pauvres jeunes gens au
point de les tuer, loin de fortifier en général,
ont sur ceux qui y résistent des effets débili-
tants très positifs. Ces efforts sont la ruine de
la santé et souvent il arrive qu'ils rendent
l'individu incapable de quoi que ce soit pour
le reste de ses jours. On peut endurcir le corps
par des exercices progressifs; encore' faut-il
ne pas dépasser certaines limites. Une fatigue
qui amène l'affaissement est une fatigue dan-
gereuse pour l'organisme humain qu'elle
peut détendre à tout jamais.
Comme soldats on choisit, dans les conseils
de révision, les jeunes gens les plus robustes.
Comment se fait-il pourtant qu'il y ait plus
de cas de maladie parmi les enrôlés que
parmi les réformés, parmi ceu/qui sont sous
les drapeaux que parmi ceux dont l'Etat n'a
pas voulu et qui sont restés chez aux? Et
combien déjeunes gens, frais et brillants de
santé quand ils arrivèrent au régiment, ont
dû être réformés d'office et renvoyés dans
leurs foyers au bout de peu de temps de ser-
vice Telles sont les conséquences des pré-
tendues méthodes pour fortifier et endurcir
dont on fait usage dans l'armée allemande.
Ceux qui, éblouis par les succès des cam-
pagnes de 1866 et de 1870-71, seraient tentés
de croire que c'est à ces méthodes que l'Alle-
magne doit ses victoires, courraient le risque `
de paraître oublier, ce qui est aujourd'hui
établi, que la Prusse a triomphé par l'habi-
leté et la science de son état-major et de ses
officiers d'abord, et puis par la quantité plu-
tôt que par la qualité de ses soldats.
Les Allemands ont alors comparé ce qui so
passait dans leur pays avec ce qui avait lieu
a l'étranger, en France, en Italie, par exem-
ple, et ils ont vu que les soldats y étaient
singulièrement mieux traités. Alors quelques
esprits frondeurs ont dit que si c'était pour
être menés comme des brutes que les soldats
de l'Allemagne avaient fait 1 empire, vrai-
ment cela n'en valait pas la peine.
»% Le chroniqueur du Temps, qui est
allé faire une excursion au Mont-Saint-
Michel, dément la légende qui veut que
Barbes ait été enfermé, après une ten-
tative d'évasion, dans un cachot souter-
rain sans air et sans lumière.
Il n'y a pas un mot de vrai dans cette his-
toire. Barbes avait tenté de s'échapper par la
plate-forme du Saut-Gauthier, une terrasse
située à une hauteur effrayante et dominant
l'abîme; la corde se trouva trop courte de
plus de trois mètres le malheureux tomba
sur le rocher et fut relevé meurtri, couvert
de sang, donnant à peine signe de vie. On
n'eut autre chose à faire que de le transpor-
ter à l'infirmerie, et cette tentative d'évasion
ne lui fut jamais imputée à crime.
Ce qui est vrai, c est qu'à diverses reprises °
et apres de brusques accès de révolte contre
ses gardiens, Barbes a été condamné à passer,
vingt-quatre heures au cachot. C'est déjà
beaucoup, mais c'est tout.
On vient, à ce qu'il paraît, de dé-
couvrir dans un des souterrains de l'Ab-
baye du Mont-Saint-Michel la tombe
d'un évêque qui porte un nom que l'on
a tout récemment entendu sur la scène
du Théâtre-Français -Jean de Thommeray.
F. M.
Misérable
Damel monsieur, il faut bien vi--
vre 1
Je n'en vois pas la nécessité 1 Ecri-
vez, ajouta Melven, après avoir placé
devant la mère Cochet une feuille de pa-
pier, de l'encre et une plume qu'il tira
de sa poche.
Mais je ne sais pas écrire je vous
l'ai déjà dit.
Allons donc! Assez de comédie
comme cela Vous avez été élève de la
Maternité en 1818, et vous vous nom-
miez alors Marguerite Raffertoulti
Vous êtes donc le diable! s'écria la
vieille femme épouvantée.
Melven dicta
« Je, soussignée, Marguerite Raffenoult,
dite femme Cochet, reconnais que, en
» ce qui concerne la mort de l'enfant né
» de madame Robert Dachet, je n'ai fait
» que me conformer aux ordres de
» M. Dachet. »
L'ogresse était domptée elle écrivit
ce que Melven venait de dicter, data et
signa.
C'est ma condamnation que vous
me faites signer, dit-elle en pleurni-
chant.
Laissez-moi donc tranquille repar-
tit Melven. Vous savez bien que si je
voulais vous dénoncer je ne vous of-
frirais pas cinq cents francs.
Maintenant ces cinq cents francs
sont bien à moi, j'espère? 9
Et de nouveau elle tendit la main.
Melven jeta le porte-monnaie sur la
table; il s'ouvrit en tombant et les piè-
ces d'or s'éparpillèrent sur le sol.
L'ogresse s'accroupit sur la terre, et,
marchant sur ses genoux et ses mains,
elle se mit à la recherche des pièces
d'or.
Melven profita de ce moment pour
sortir de ce lieu maudit.
Il prit le papier, qui était encore sur
la table, et le mit dans sa poche.
Quand il se trouva dans le sentier, û
respira plus à l'aise et une re exion
douloureuse se fit jour à travers ses lè-
vres.
Héîasi murmura-t-il, la femme re-
présente à la fois le sublinïê et l'abject!
Armand Lapowtjè/
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