Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-09-05
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 septembre 1875 05 septembre 1875
Description : 1875/09/05 (Numéro 247). 1875/09/05 (Numéro 247).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
2
-LE FIGARO DIMANCHE -r, SEPTEMBRE 1875
ne peut pas dire que ces messieurs n'nient
pas pris leur cause au sérieux.
juges, tout est juif mes adversaires sont
juifs, les témoins sont juifs, l'avocat lui-
même 'est juif. »
M0 Padoa prit mal la chose. Il y eut échange
de coups et duel. M. Legré fut blessé au bi-
ceps droit.
TSayonne, 3 septembre. Mercredi,
1er septembre, a eu lieu a la Bastide-Olairence,
chef-lieu de canton de notre arrondissement,
baigné par la Joyeuse, une belle et touchante
cérémonie. On installait dans leur nouveau
monastère quelques Bénédictins venus du
couvent de la Pierre-Qui-Vire (Yonne), pour
fonder dans notre pays un établissement agri-
cole. Dans l'assistance, j'ai remarqué MM.
Chesnelong et Xavier Dufaur, députés des
13asses-Pyrénées Celliabè et Dasconaguerre,
conseillers généraux Félix Saubot, ancien
préfet de l'Ariége. 125 prêtres des paroisses
voisines, et plus de 4,000 personnes assis-
taient à la cérémonie.. • •
M. Chesnelong a prononcé un discours à
l'école des sœurs. Mgr Lavigerie, archevêque e
d'Alger, devait officier, mais il a été retenu
chez 'lui par une indisposition subite.
< ̃ Nbvers, 3 septembre. UEcho., cité
par le Figaro d'hier, annonce qu'on a adopté
dans la Nièvre les candidatures au Sénat de
M- le général' marquis d'Esçeuilles et de M.
le comte de Bouillé, député. Ce dernier ne
siége point à l'extrême droite, mais dans les
rangs de la droite modérée,
Aucun choix n'a encore été fait. Outre
MM. d'Espeuilles et de Bouille, on parle aussi
de M. le général Bonneau du Martrayv du
cadre de l'état-major, du comte de l'Aubes-
pin, tous les deux conseillers généraux, et de
M. de Sainte-Marie.
IL.v aurait aussi la candidature républi-
caine du général Frébault, de l'artillerie de
Marine.
Mais vous pouvez être certain que rien ne
sera' décidé avant longtemps.
« Bellegarde (Ain), 3 septembre. On
vient d'arrêter, sur les frontières de Suisse,
un employé de la .recette des contributions
indirectes d'Albi qui avait pris la fuite en
snlevant une somme de 1,500 francs.
Le Mans, ï septembre. De tous
lôtés.'ïes départements élèvent des statues à
eurs glorieux enfants. Hier, c'était le Vau-
lùse aujourd'hui* l'IUe-et- Vilaine, en même
temps qu'il fête Châteaubriand, installe dans
le Musée de Saint-Malo un magnifique por-
trait en pied do Robert Surcouf, par Poilpot.
Demain, le Loir-et-Cher consacrera un mo-
nument à Denis Papin, et le Calvados à Au-
ber.
La Sarthe semble réfractaire à ce mouve-
ment 'artistique. Germain Pilon, né au bourg
de Loué, dans les environs du Mans, n'a pas
de statue <
Nous avons bien dans notre musée un su-
perbe portrait del'aùteur des Trois Graecs.raais
il n'a pas coûté cher aux Manceaux. C'est. un
don de Napoléon III et l'original du portrait
en tapisserie des Gobelins, eneadréj dans l'un
des panneaux de la galerie d'Apollon au
Louvre.
Le Mans n'a rien fait pour l'illustre sculp-
teur. Si la cathédrale ne possédait de lui le
magnifique tombeau élevé à la mémoire de
Langey, vice-roi du. Piémont sous François Ier
ou sous Henri II, rien ne rappellerait son
souvenir.
̃ On lui a bien fait l'aumône d'une rue, mais
elle perdu qu'on croirait qu'on, l'a choisie à des-
sein". •̃• •;
« Avignon, 3 septembre. "Le 'buste
que les félibres et les habitants do Mentaux
viennent d'élever à Saboly n'est pas l'œuvre
de"M. Consonove, comme on l'a écrit par er-
reur, mais bien de. M. Aray, l'an dès deux
auteurs de la statue de Figaro.
• Auguste Marcade.
•
BOITE AUX LETTRES
A Monsieur le rédacteur,
̃Nous .avons l,u ce matin avec intérêt l'ar-
'icle.de M. Roger sur la Pouponnière. rL'idée
sst excellente et mérite de réussir. ^Où sous-
jrit-ron ? i
Recevez, etc. Un abonné.
RÉPONSE. La souscription aux ac-
tions de la Pouponnière est ouverte dans
Tes bureaux, de M. Erlanger, banquier,
>0, rue Taitbout.
PARIS m M1IE JOUR
Calme complet! Déjà le nom de Bou-
vier n'est plus qu'un écho affaibli, et
dans trois jours on,aura oublié Coco.
La politique serait nulle sans M. Ger-
main Casse, qui a prononcé un discours
dans une réunion de « patriotes » de
l'ancienne banlieue de Paris. Ces pa-
triotes étaient invités par un citoyen
Marsoulan à connaître la pensée de M.
Casse, de M. Tolain et autres lumières
de la, parole nouvelle sur le voté des
lois constitutionnelles, sur la liberté de
l'enseignement, etc.
Le discours de M. Casse, auquel la
République française a ouvert ses colon-
nes, peut, en raison de certains passa-
ges, être considéré comme uae réponse
des transigeants aux intransigeants.
Feuilleton du FIGARO du S Septembre 187S
̃. •̃̃ ̃ • r ~43
:"• LA ̃̃ ••.
CHASSE AUX FANTOMES
DEUXIÈME PARTIE
%t?L REVAKCHE »E MEIiVBN
'"vn'
Pierre Melven arriva à Grenoble après
avoir fait plus de trois cents lieues en
chemin de fer sans se reposer.
Il se rendit de suite chez Copeau,
̃• –Me voici, dit-il, brisé, moulu, mais
pressé de connaître la vérité; dis-moi
tout ça que tu sais du drame horrible
que ta lettre m'a fait connaître.
D'abord, as-tu dîné ?
Non! l
t– Eh bien je vais te faire servir; on
écoute mal l'estomac vide..
Tandis que Melven mangeait, Louis
Copeau lui raconta en détail ce qu'il
connaissait de la criminelle tentative de
Dachet.
Mais ce n'est pas tout, ajouta-t-il,
les propos qui échappent à'Mme Dachet,
dans ses heures de folie, révèlent un
autre crime de son. mari il aurait fait
mourir ou se serait, emparé d'un enfant
dont Minai-.sèrait accouchée.
Un enfant dont le comte de Prévo-
dal serait le père?
Sans aucnn doute
-Et dans quel état est la malheu-
reuse.femme?
Reproduction autorisée pour les journaux qui
0BÎ trtUô çvec la société des Gens de lettres.
Tandis que les discours de M. Naquet,
bien que ne soulevant point la question
sociale, semblent la tenir en réserve;
comme une menace permanente sur la
tête de la bourgeoisie, M. Casse qui,
d'ailleurs, parlait devant des bourgeois,
a confessé que dans sa folle jeunesse il
avait eu le tort de méconnaître une
classe « sortie du peuple, affranchie il
» est vrai du salariat, mais rivée à un
» labeur incessant pour arriver par l'é-
» conomie à l'épargne. »
Cette faute, M. Casse s'en accuse avec
une humilité persistante.
« Nous avons cru défendre les intérêts po-
pulaires en les mettant en hostilité avec des
situations honnêtement acquises. Nous avons,
cru à la possibilité de faire vivre des intérêts
nouveaux sans tenir compte des intérêts' an-
ciens, et «n les sacrifiant même. C'était là
notre erreur. Une grande nation comme la
France NE CHANGE PAS DU JOUR AU LENDEMAIN
d'habitudes DE moeurs d'intérêts. Notre
excuse est dans notre sincérité. Nous nous
sommes trompés, gardons-nous de recom-
•moncer. Cette route est semée d'écuoils nous
en avons fait la trop cruelle expérience. »
C'est à cette bourgeoisie, qu'on veut
décidément se concilier; à qui il faut
faire oublier, non-seulement les méfaits
anciens, mais le récent appel aux « nou-
velles couches, qu'est dédiée la rési-
gnation des transigeants
« Devions-nous refuser ce gage de stabilité
la Constitution à la bourgeoisie, qui
nous donnait en échange, avec le lait, la léga-
lité républicaine, c'est-à-dire la certitude
d'accomplir ,nos réformes par la liberté et le
suffrage universel, en même temps qu'elle
dissipait les craintes .de la classe moyenne?
C'stait alors continuer la tradition de cette
-minorité républicaine, consciencieuse et hé-
roïque, vivant des purs principes de la phi-
losophie, ne tenant aucun compte des faits,
donnant sa fortune, sa vie, sa liberté, appe-
lant, par un sublime exemple d'abnégation et
de sacrifices, la France entière à la suivre
dans cette voie de justice absolue, mais tou-
jours abandonnée parce que les intérêts se
dressaient contre elle, Certes, elle a été fière
et superbe, cette minorité républicaine qui a a
si vaillamment combattu pour la grandeur
morale de notre pays. Et si notre génération
a pu traverser l'empire sans succomber tout
entière à la corruption générale, c"est à ses
mâles leçons qu'elle le doit. (Applaudisse-
ments.)
Alprs .c'était la période militanté du parti
républicain. Il ^fallait ouvrir à la France des
horizons nouveaux et lui montrer l'idéal. Il
a donc fallu abandonner la voie qu'avaient
suivie nos illustres devanciers, et, sans sacri-
fier les principes, se réservant d'en poursui-
vre l'application au jour le jour, chercher un
levier à l'aide duquel on pût soulever la na-
tion et la ramener à nous.
Le reste du discours de M. Casse, con-
sacré à la nécessité de combattre les Jé-
suites, n'offre plus aucune espèce d'inté-
rêt.
¥% M. de Girardin continue à défen-
dre pied à pied la thèse qu'il a adoptée,
et qui peut se résumer dans la phrase
que voici.
Ce que la- France, selon moi, devrait faire,
ce serait de s'asseoir la même table que M.
de Bismark, afin d'y étudier son jeu, et, s'il
nous est favorable, de ne pas commettre la
faute de la politique à outrance qui, de 1802
à 1815, a coûté à l'Angleterre vingt milliards
sans lui rien rapporter que la joie d'avoir en-
chaîné Napoléon Ier au rocher de Sainte-
Hélène..
Cette politique qni pourrait froisser
un patriotisme étroit, M. de Girardin
l'explique par ce fait que les inimitiés
éternelles ne sont point de mise entre
les nations..
r L'Angleterre qui a si souvent envahi
la France; qui a si longtemps détenu de
grandes parties de «son territoire, quit
pendant ces deux derniers siècles, a ete
l'âme de toutes ces coalitions contre
la France, n'est-elle pas devenue notre
meilleure alliée? N'est-ce pas l'Angle-
terre qui, la première, a songé, en Ib71,
à ravitailler Paris, étreint par les tortu-'
res de la faim?'
Comme dernier argument à ses adver-
saires, M. de Girardin ajoute
En 1863, il m'en souvient, Y Opinion natio-
nale, d'accord avec la Gazette de France, le
Monde, le Journal des Débats, la Patrie, le
Siècle, etc., s'étaient ligués et armés en guerre
afin de lancer la France contre la Russie en
faveur déjà Pologne insurgée. Seul, absolu-
ment seul, contré toute la presse coalisée, qui
mê persiflait sur mon isolement, je protes-
tais contre ce qu'il y avait d'impolitique et
d'inhumain à entretenir les Polonais insurgés
dans des illusions qui devaient fatalèment
aboutir au résultat qu'elles ont eu, c'est-à-
dire à l'avortement de leur insurrection et à
l'effacement du royaume de Pologne sur la
carte de l'Europe.
Avais-je tort ? 7
II est hors de doute que si, en 1863, au lieu
de marcher'mollement à la suite de M. Gué-
Toult et de M. Havin, l'empereur Napoléon III
et ses ministres eussent résolument suivi la
politique de non-intervention dont j'avais ré-
solument arboré le drapeau,. la Prusse n'eût
pas O3é ni attaquer l'Autriche en 1866, ni re-
iuser, en 1870 à la France, la simple garantie
-Son état s'améliore depuis deux'
jours; elle est plus calme et les accès de
folie vont en diminuant. Le médecin es-,
père qu'une réaction favorable, quelque
bienfaisante émotion, suffira pour lui
rendre complétement la raison.
Nous ferons cette tentative. Mme
Dachet est dans cette maison?
Oui.
Tu n'as confié à nul autre que moi
le secret de cette mystérieuse affaire?
A nul autre le médecin qui soigne
Mme Dachet croit soigner une dé mes
parentes qui a perdu son enfant quant
à ma servante, elle est si simple d'es-
prit, quelle n'a rien compris à tout ce
qu'elle a entendu, à tout ce qu'elle a vu.
C'est bien! Autre chose maintenant.
Es-tu libre?
Comment l'entends-tu ?
Libre de quitter Grenoble, de m'ac-
compagner à Paris? De me donner, pen-
dant un temps que je ne puis fixer, un
concours complet et. désintéressé?
Oui, dit Copeau, et ne fussé-je.pas
libre que je m'empresserais de prendre
cette liberté. C'est le moins que je puisse
faire pour toi, tu m'as obligé de tes con-
seils et de ta bourse; je ne l'ai pas ou-
blié.
Oh! ne parlons pas de cela, c'est
trop vieux. ̃
Si fait parlons-en au contraire.
L'ancienneté d'une dette n'éteint pas
son existence. Tu m'as prêté dix mille
francs; ils sont dans ma caisse et tout
prêts à retourner à leur légitime proprié-
taire. Je vais te les rendre et je reste en-
core ton obligé. #
Copeau ouvrit sa caisse et en retira
dix billets de banque de mille francs
qu'il offrit à Melven.
Garde-jles pour tes frais de route,
dit celui-ci."
Je n'en ài pas besoin, fit avec un
•certain orgueil Louis Copeau. Ils sont
que demandait celle-ci de la parole -du roi
Guillaume. N
Entre les deux politiques opposées, celle
que je viens d'être forcé de rappeler et celle •
qui me persifle, les événements ont pro-
noncé.
Ne sont-ils pas en jEaveur de ma clair- `
voyance une présomption suffisante ? 't
»*« Le Bien publia, qui reçoit encore
quelques inspirations de l'entourage de
M. Thiers, hous renseigne sur les pro-
jets de.M. Gambetta. Il ne parait pas de-
voir assister à la réunion de Troyes,
mais les amateurs n'auront rien perdu
pour attendre
Ce qui est certain, c'est que l'éminent dé-
puté prendra bientôt la parole devant le pays,
non-seulement pour rappeler que le grand
parti républicain doit à l'esprit politique, à la
sagesse de nos amis de l'ÀssenT-blée, la cons-
titution inattaquable du 25 février, mais en-
core pour exposer dans toute sa sincérité le
-programme qui présidera à la conduite des
gauches, dans les délibérations dernières de
cette Assemblée.
Ce programme recevra, nous en sommes
convaincus, la sanction de la majorité consti-
tutionnelle, et nous pouvons, sans témérité,
déclarer qu'il sera la préparation aux élec-
tions sénatoriales dans l'Assemblée, comme il
sera le prélude de la grande manifestation
électorale qui se produira ensuite dans le
pays.
Quant à la date à laquelle ce discours sera
prononcé, ce que nous venons de dire in-
dique xassez qu'il précédera de quelques jours
la rentrée de la Chambre.
/» Au moment où les huîtres reparais.
sent sur la table des gourmands, il y a
un véritable fumet d'actualité dans la
singulière historiette que la Vie pari-
sienne détache des Mémoires de Pierre
dei'Esloile:
Sa Majesté Henri IV, nous dit le chroni-
queur, chassait vers Grosbois.
Elle se déroba de sa compagnie et revint
seule à Créteil, sur l'heure du dîner. Elle
descendit à l 'hôtellerie et demanda à l'hô-
tesse s'il n'y avait rien à manger?
Celle-ci répondit que non et qu'elle était
venue trop tard.
Mais à l'instant, avisant une bourriche
d'huîtres, le roy demanda pour qui était ce
poisson? L'hôtesse répondit que c'était pour
des procureurs, qui se trouvaient esi haut.
Le roy alors, qu'elle prenait pour un simple
gentilhomme, parce qu'il était seul, la pria de
leur dire qu'un honnête gentilhomme les
priait de lui céder une seule douzaine d'huitres
pour de l'argent, et qu'ils l'accommodassent
du bout de leur table. Ce qu'ils refusèrent
tout à plat, disant que pour le regard de
leurs huîtres, il n'y en avait pas trop pour
eux.
Le roy ayant entendu cette, réponse, envoya
quérir le sieur de Vitry qui vint avec dix ou
douze autres. Sa majesté ayant conté la vi-
lainie de ces messieurs procureurs, lui en-
Chargea de s'aller saisir d'eux, et qu'il les me-
nât à Grosbois, et qu'étant là, il ne faillît de
les très'bien fouetter et étriller pour leur ap-
prendre une,autre fois à être plus courtois.
Ce que ledit de "Vitry exécuta fort bien et
promptement, nonobstant toutes les raisons,
prières, supplications, remontrances et contre-
dits de messieurs les procureurs.
Il était naturel qu'un roi qui aimait
tant les huîtres demandât la poule au pot
pour chacun de ses sujets.
Deux jolies pensées du propre crû
de la Vie Parisienne:
On part èn voyage dé noce comme on se
sauve quand on vient de faire une sottise.
Les femmes laides ressemblent à ces fleurs
des champs dont personne ne se soucie: elles
qntBouvent un cœur d'or.
A Depuis quelle époque mange-t-on
de la friture en France? M. Monselet a£<
firme avoir posé cette question à un sa-
vant.de première catégorie qui le regarda
d'un air un peu ahuri ·
La friture. la friture. les historiens
n'en' soufflent pas mot.
En êtes-vous bien sûr?
Mais, monsieur, prononça le savant
en fronçant le sourcil, puisque je vous le
dis!
-'Eh bien! moi, "monsieur,- je suis con-
vaincu que la friture est antérieure à la
sixième croisade.
Qu'en savez-vous ?
Je tire ma preuve d'un sermon.
Un sermon. sur la friture ? dit le sa-
vant de plus.en plus étonné.
A peu près. Ecoutez ces paroles pronon-
cées en chaire par le fondateur de la Sor-
bonne, le vénérable Père Robert,- confesseur
de saint Louis « Oui, mes frères, vous igno-
rez ce que souffre celui qui voit offenser
Dieu; sachez donc que les péchés des autres
mettent le juste dans la poële à frire! »
Mon savant ne répondit pas.
Peut-être crut-il, bien à tort, que je
me moquais de lui. ·
y. m.
INFORMATIONS
̃3 Voici la nomenclature des fêtes des envi-
rons de Paris, aujourd'hui dimanche:
Saint-Germain. Fête des Loges, dans la
forêt, devant la maison de la Légion d'hon-
neur. Cette fête dure trois jours. Tous les
jeux et spectacles forains s'y rencontrent
sortis de ma caisse,; ils n'y rentreront
pas.
Ah! ca, tu es donc devenu riche?
demanda Melven avec quelque surprise.
Mais oui, répondit modestement
Copeau; plus riche que toi probable-
ment, mon cher Melven,'
Cela n'est pas difficile
J'ai cinq bonnes mille livres de
rente, qui ne doivent rien à personne,
et quelques économies.
Diable c'est quelque chose cinq
mille francs de rente bien assurés Et
puis-je te demander là, sans indiscré-
tion, où tu as trouvé ces rentes?
Mais une partie dans 4e coffre-fort
de mon cher et honoré père; l'autre me
provienttiu prix de son étude.
Je disais bien qu'il avait du bon, le
papa Copeau!
Oui Et tu m'as donné'un excellent
conseil en ^rengageant à revenir à Gre-
noble. J'y ai gagné do ne pas ôtre assas-
siné par 'ce coquin de Dachet, une hon-
nête aisance et quelque réputation.
Ah!
Certes je suis vice-président de la
société de-botanique et de géologie, et
de plus-inspecteurrvérificateur des mar-
chés pour la section des cryptogames,
ce qui me vaut, en dehors de l'honneur
et de la considération, encore quelques
petits profits. r
Tous mes compliments, ami Copeau.
Alors je reprends mes dix mille francs 1
seulement il y a une chose qui me cha-
grine dans ta nouvelle#conditiqn.
Laquelle ? fit Copeau inquiet.
C'est que tu as perdu sans doute les
merveilleuses aptitudes que tu possédais
autrefois, et que Daçhet savait si bien
utiliser pour la satistaction de ses inté-
rêts et de ses passions.
Copeau sourit.
Oh que non I dit-il, mets-moi à
l'oeuvre, et tu verras bien crue ie ne suis,
cuisine on plein air, restaurants sous lafouil-
lée, cafés, bals et concerts/ complètent le
pittoresque de-la fête. Illuminations de l'ave-
nue des Loges et au chêne de Diane de Poi-
tiers, etc.
Enghien. Fête au Jardin des Roses.
Croissy. A deux heures, joutes à la lance,.
sur la Seine, à la Grenouillère.
Saini-Cloud. Grandes eaux.
Saint-Ouen. Dernier jour de la fête. Ca-
valcade et tournoi.
Bourq-la-Reine. -Revue des sapeurs-pom-
piers. Concert. Bal.
Charenton. –.Concert par la fanfare et l'or-
phéon. Retraite aux flambeaux;
Yillemomble. Messe en musique. Tom-
bola. Grand'feu d'artifice, offert par M. De-
touche, maire de la commune.
Gentilly. Concours d'orphéons et de fan-
fares.
Bagiiolet. Messe en musique par la so-
ciété chorale des enfants des écoles.
Vincennes. Dernier jour de la fête patro-
nale.
Bezons.' Fête sur le bord de la Seine.
Brie- Comte-Robert. Exposition générale
de la société horticole rosiériste, dans la gare
du chemin de fer. Roses, plantes, légumes et
fruits; ustensiles horticoles.
,Bry-sur-Mar»e. Enlèvement de deux
montgolfières, feu d'artifice sur la Marne.
Combs-la- Ville. Marchands et spectacles
forains.
Epinay-sur-Orgê. Distribution des prix,
concert, grande tombola, feu d'artifice.
Draveil. Fête de l'Ermitage.
Sézanne. Dimanche et lundi, grande fête
au profit des inondés, donnée par la garni-
son, la municipalité et les habitants..
Point-du-Jour. Dimanche et lundi grande
fête.. «•
Fontainebleau. Courses d'automne dans la
vallée de la Solle.
Setne-Pôrt, sur les bords de la Seine, gare
de Cesson, ligne de Lyon. Dimanche et
lundi, grande fête.
On nous prie d'adresser la question sui-
vante au ministère de la guerre. Nous le
faisons très volontiers
Aux mois de décembre, février et mai der-,
niers, un certain nombre de commissions mi-
litaires ont fait passer des examens aux can-
didats officiers. Dans tous les examens, pour
le baccalauréat, pour les emplis civils, pour
les ministères, on est informé dans un très
bref délai de son admission, ou de son refus.
Devant ces commissions, au contraire, il
n'a rien été fait de semblable, et les candidats
se demandent encore aujourd'hui s'ils ont ou
non suffisamment passé leurs examens et
s'ils sont reçus ou refusés.
Or, dans ce dernier cas, ils pourraient se
représenter en décembre prochain. Mais il
faut, pour cela, être inscrit avant le 15 sep-
tembre et on ne peut se faire inscrire si on
n'est pas certain d'avoir échoué. Il n'y a donc
pas de temps à perdre pour avertir les gens
de leur situation.
C'était hier l'anniversaire du Quatre Sep-
tembre. Aucun tapage dans Paris à cette oc-
casion. Nous né croyons mieux pouvoir célé-
brer ce glorieux anniversaire qu'en donnant
in extenso une romance dont nous avons déjà
publié un extrait l'année dernière, et dont
l'auteur a été arrêté à cette époque pourTa-
voir braillée dans les rues.
Ce fut un jour de noce triomphale,
Nous étions là tous pour le bon motif,
Et l'on voyait la garde nationale latit.
Qui s'balladait dans l'Corps législatif.
De Badinguet on balayait la Chambre,
Les députés avaient l'air abattu.
Refrain
Car ce beau jour, "c'était le Quat' Septembre,
Dis-moi, Jul' Favre, dis-moi, t'en souviens-tu? î
N'y avait pas d'sang dessus nos baïonnettes,
Dans ces grands jours, du sang y n'en faut pas 1
N'y avait du rest' là que du monde honnête,
On s'embrassait, citoyens et soldats 1
Du Provisoire on acclamait les membres,
C'était du temps qu'on croyait à Trochu.
Car ce beau jour, c'était le Quat' Septembre,
Dis-moi, Picard, dis-moi, t'en souviens-tu?
Quand vint le soir, heureux à plus d'un titre,
Chaq' citoyen, avec sa société, t
Chez 1 marchand de vins alla vider son litre,
En s'enivrant de sa félicité.
Pendant ce temps, l'homme du: Quatr' Septembre
Allait trinquer chez ceux qui l'ont battu. •
Car ce beau jour, c'était le Quatr' Septembre,
Dis-moi, Ferry, dis-moi, t'en souviens-tu ? î
Les journaliss' de la presse vendue,
Voyant s'crever la caisse à subvention,
S'écriaient tous qu'la France était perdue,
Et diffamaient la Révolution.
C'qu'y r'grettaient l'plus dans c'parti qui. s'dé-
[membrej
C'était pas l'homm', mais c'étaient les écus 1
N'y en avait pas pour eux au Deux Décembre,
Dis-moi, Roch'fort, dis-moi, t'en souviens-tu?
Des Tuileries où, de la tyrannie
Avait flotté si longtemps l'étendard.
Toute étiquette en un jour fut bannie,
Le Peup' Souv'rain voulait avoir sa part.
Tous ces fauteuils, parfumés d'musc et d'ambre
Les citoyens se sont asais dessus.
C'était leur jour, le jour du Quat' Septembre,
Dis, Gambetta, dis-moi, t'en souviens-tu?
Une œuvre, cela, n'est-il pas vrai ?
Ainsi que iiqus le lui demandions, la Société
.protectrice des animaux s'est émue des cruautés
que nous lui signalions comme se passant sui
plusieurs marchés, et notamment à Saint
Denis, où l'on arrachait les yeux aux lapin:
vivants afin de leur rendre, disait-on, la chaii
plus savoureuse. e )
Le secrétaire général de la société nous an
nonce, en effet, que des mesurés efficaces on1
pas si rouillé que tu le supposes dans la
chasse à l'homme.
Alors, c'est parfait Tes qualités de
policier me seront très utiles. Je dé-
clare même que, sans toi, je serais pro-
bablement impuissant à mener à bonne
fin l'œuvre que j'ai entreprise.
Je suis prêt à t'emboîter le pas,
mon cher Melven. Vois combien ma
confiance en toi est absolue je ne te de-
mande même pas tes secrets, et je me
constitue aveuglément ton serviteur.
Allons allons voilà d'excellentes
paroles, tu as du bon, mon brave Co-
peau. Il s'agit de réparer les torts du
passé, toi et moi en avons mon ami,
et de se faire le justicier "d'une cause"
honnête.
Bien bien dit Copeau, qui ne se
souvenait pas sans regret de son exis-
tence légèrement excentrique de Paris
je suis prêt à réparer les erreurs de la
misère et ne te demande rien de ce que
tu veux faire.
Oh tu le sauras, sois tranquille, et
prochainement encore. Maintenant con-
duis-moi vers madame Dachet.
Copeau ïnen% Melven au fond de son
jardin.
v. Là se trouvait un petit pavillon isolé
n'ayant aucune issue sur la campagne.
Les murs du jardin, assez élevés, défen-
daient contre toute curiosité indis-
crète. 1
C'est dans. ce pavillon qu'habitait Mina
Dachet.
Melven s'approcha bien doucement de
la pauvre créature.
Dieu! quel changement! murmu-
ra-t-il.
Mais si bas que ces paroles eussent été
prononcées Mina les avait enten-
dues. Cette acuité d'ouie n'est point rare
dans certaines affections nerveuses.
• <̃ fUt-elle, ie suis bien vieillie,
été prises. Un arrêté de M. le maire de Saint-
Denis interdit absolument d'arracher les yeux
aux lapins. On nous communique, en même
temps, du reste, un autre arrêté antérieur du
même magistrat, défendant d'égorger en pu-
blic les agneaux et chevreaux dont les cris
impressionnent désagréablement les pas-
sants. Il est certain qu'on ne saurait trop ca-
cher le spectacle barbare de la mort de ces
animaux, aux enfants surtout,' que cela ha-
bitue la vue-dû sang et à l'insensibilité.
Toutes -nos félicitations à M. le maire de
Saint-Denis et à la Société protectrice des am%,
maux.
M: Garrido, le médecin Espagnol si connu
dont nous avons plusieurs fois parlé, vient do
revenir de Londres au Grand-Hôtel. –r% Nous
rendrons service-à nos lecteurs en leur si-
gnalant le retour de cet homme de talent dont
la science médicale se double d'une mer-
veilleuse habileté pharmaceutique. Il prépare
lui-même tous ses spécifiques, par des procès
dés nouveaux. Le nombre de ses cures est con-
sidérable aussi aurons-nous à reparler de lui.
Une chose fort curieuse que nous avons
notée hier, rue Saint-Hpnoré. Nous ne nous
souvenons pas bien exactement du numéro,
mais c'est pour sûr entre le 201 et le 209.
Dans la devanture d'un marchand d'es-
tampes est exposée là une petite lithographie
qui parait assez ancienne, et qui représente la
cour d'honneur du château de Versailles.
Or, l'auteur a coiffé Louis XIV du légen-
daire petit chapeau de Napoléon Ier.
C'est, du reste, avec le plus grand sérieux
que cela a été fait.
Les railleurs il y en a partout ont
voulu plaisanter l'exposition maritime, en
prétendant qu'elle renfermait un tas de cho-
ses étrangères à la marine. Ce reproche; qui
paraît.fondé au premier abord, tombe de lui-
même quand on examine de plus près et
qn'ôn peut se convaincre que tout est appro-
prié aux voyages et aux usages maritimes.
Ainsi, par exemple, M. Bornibus, l'infati-
gable fabricant qui à chaque exposition rem-
porte une nouvelle médaille pour une nouvelle
innovation, présente cette fois sa moutarde
sans rivale, sous la forme de briquettes qui
peuvent affronter la traversée la plus- mouve.
mentée, sans que le précieux condiment qui les
compose perde rien de ses qualités. Dans son
importante-usine qu'il vient de faire construire
boulevard de la Villette, un appareil spécial
vient d'être installé, pour la fabrication'de ces
briquettes.
C et appareil fonctionne deux fois par sem-
aine à- l'exposition des machines.
Nous avons annoncé l'autre jour, sur la
foi d'un de nos reporters qui ne nous avait
jamais induit en erreur, que trois malfai-
teurs avaient nuitamment,attaqué un enfant
dans le département de Seine-et-Oise, entre
Montgeron et Saint-Germain-lès-Corbeil.
Un enquête a été faite aussitôt, et il en
résulte que la bonne foi de notre reporter a
été surprise. Aussi nous empressons-nous de
constater que depuis fort longtemps la présence
d'aucun malfaiteur n'a été signalée dans le
pays en question, lequel est des plus tran*
quilles.
Nous avions parfaitement raison hier en ne
nous prononçant pas, malgré toutes les pré-
somptions, sur l'événement des Batignolles,
contrairement à plusieurs de nos confrères qui
ont nettement admis la version d'un suicide.
L'enquête faite par les soins de M. le com-
missaire spécial Goudchaux, et les constata-
tions médico-légales ont prouvé en effet que
la mort de M. de Sainte-Gemme était le ré-
sultat d'un terrible accident.-
Voici comment les choses se sont passées:
M. de Sainte-Gemme revenait de chez un de
ses amis, aux Batignolles, et avait, ainsi que
nous l'avons dit, pris un billet pour Passy.
Il s'avança un peu sur le quai du départ.
Tout à coup il aperçut le feu du train qui
arrivait. Il voulut se hâter de revenir. Mais,
marchant difficilement par suite d'une attaque
de goutte, il glissa sur le bord du quai et
tomba sur le rail en travers. C'est alors que
la locomotive l'atteignit et le broya.
Le médecin qui a examiné le cadavre a re-
marqué, en effet, au genou une contusion
évidemment produite par le rail sur lequel,
dans sa chute.^M. de Sainte-Gemme s'est
heurfé.
Les obsèques du malheureux ont eu lieu
hier soir, à quatre heures. Le deuil était con-
duit par le fils de la victime, M. Henri Carré
de Sainte-Gemme. Un grand nombre de pa-
rents et d'amis -de la famille ont 'suivi le
convoi.
Les gens continuent à se jeter du haut de
la colonne'de la Bastille. ♦
Hier soir, vers quatre heures un pauvre
diable en blouse blanche ayant les apparen-
ces d'un ouvrier peintre, s'est élancé de la
plate-forme, et est venu se broyer en dedans
de la grille.
On n'a trouvé sur lui aucuns papiers.
Voioi que les jeunes voleurs, l'espoir de
Cayenne, s'attaquent aux -troncs établis dans
les gares du chemin de fer de ceinture au
profit des inondés.
Dans la nuit du Ie' au 2 septembre, le tronc
de la station d'Ornano était brisé et vidé de
son contenu la nuit suivante, le tronc de. la
station de la Chapelle avait le même sort.
Il a suffi pour cela qu'un de ces aimables
rôdeurs qui flânent le soir dans les lieux pu-
blics ouvrît la targette d'une des croisées de
la salle d'attente. A la station d'Ornano on a
passé en suivant le balcon par une fenêtre
donnant sur la voie; le voleur, très jeune et
très petit probablement a apporté une chaise
pour se hausser, a introduit d'abord dans l'ori-
n'est-ce pas?Mais il importe peu! je vou-
drais être morte!
Melven poussaCopeau du cou de comme
pour lui dire
Cette femme n'est pas folle 1
Copeau répliqua par un geste qui si-
gnifiait
Attends 1
Vous me reconnaissez, madame?
demanda Melven à Mina.
-Non! fit-elle.
Puis elle relevala tète, contempla avec
attention le journaliste, essaya sans
doute de se souvenir, hésita longtemps
et finit par dire
Non! non! Je ne vous connais pas!
les morts ne reconnaissent pas les vi-
vants i
Il faut tout tenter pensa Melven.
Et, de nouveau, il adressa la parole à à
Mme Dachet.
C'est le comte Prosper de Prévodal
qui m'envoie vers vous, dit-il.
Prévodal. Prévodal. murmura
Mme Dachet t
Il était facile de reconnaître que ce
nom éveillait ses souvenirs.
Oh!, s'écria-t-elle tout à coup, .ne
lui dites pas, monsieur, qu'on a tue son
fils 1
Qui donc a commis ce crime ? de-
manda Melven. t
Mais l'éclair de raison était disparu.
Mina se refusa de répondre.
Il s'en suivit un assez long silence.
Que faire? se demandait Melven.
Vpulez-vous* venir avec moi, ma-
dame ? dit-il à Mina.
Elle se leva comme.pour le suivre.
.–• Volontiers, dit-elle 'je- m'ennuie
ici. Et puis, il me semble avoir entendu
jadis votre voix, quand j'étais vivante,
et cette voix était celle d'un ami.
J'étais et je suis encore votre ami,
madame.
–P.h~J(~%S~Onaï
fice du tronc te bec de canne de la porte vitrée
et ensuite la clef du gaz.
Le couvercle brisé en deux, il a soigneuse-
ment enveloppé sa recette dans des feuilles
du livre de renseignements laissé à la portée
du public et dans un morceau d'affiche, puis
s'est retiré très tranquillement.
A La Chapelle, c'est par une fenêtre don-
nant sur le couloir de sortie qu'il a péné-
tré là, son opération faite, il a tenté de s'in-
troduire dans le cabinet du chef de gare et a
laissé sur la poussière du revêtement supé-
rieur une main d'enfant fort bien tracée.
Ne pouvant enlever la caisse, il s'est em-
paré de billets militaires et d'un composteur
portant la date du jour, 2 septembre. Il est
fort à penser que la possession de ces objets
le perdra tôt ou tard.
La compagnie fait retirer les troncs établis
dans les autres stations il eût mieux valu
commencer par bien s'assurer de la fermeture
des fenêtres avant le départ des employés.
Mais voilà un ou plusieurs jeunes gaillards
qui promettent.
Un horrible événement s'est, nous raconte-
t-on, passé avant-hier, à la fête de Jary-sur-
Marne. N'ayant pu contrôler nous-mêmes les
faits, c'est sous les plus grandes réserves que
nous les donnons.
Un aéronaute avait organisé une ascen-
sion, dans laquelle il comptait emmener son
fils, un enfant de huit ans.
Tout était prêt, et la nacelle ne tenait plus
que par une corde solidement»amarrée à un
anneau, L'enfant était dans la nacelle, atten-
dant son père, lorsque l'idée de partir seul
traversa l'esprit du malheureux gamin.
Il prît son couteau, coupa la corde en un
clin-d'œil, et le ballon s'éleva avec une terri-
fiante rapidité, au milieu d'un long cri d'ef-
froi de la foule et du père. Depuis, on n'en a
plus eu aucune espèce de nouvelles.
Il est plus que probable que le pauvre petit
aéronaute sera niort asphyxié, ou aura été
précipité de quelque effroyable hauteur.
Les compagnies des tramways se douteni
elles de l'argent qu'elles coûtent quotidienne-
ment aux gens qui ont des voitures à eux?
Non, évidemment. Voici un petit aperçu de la
chose
Prenons comme spécimen la section des
tramways comprise entre la place Clichy et la
rue de Rome. Un négociant du boulevard s'est
amusé à dresser la statistique de ce qu'il passe
en moyenne de voitures devant sa porte cha-
que jour.
Il est arrivé au chiffre approximatif de
1,200. Il calcule que là-dessus, il y a environ
un sixième de voitures de maîtres, soit 200.
Or, nous affirmons ce fait que, sur deux
cents, il y en a au moins cent cinquante dont
les rails des tramways accrochent les roues.
Pendant un mètre ou deux, les roues sui-
vent forcément ces rails. Vous jugez si le
vernis s'écaille. •
-r- C'est, en moyenne, une réparation de
2 ff 50 par voiture, nous a dit un carros-
sier que nous avons consulté.
A cent cinquante voitures éreintées par
jour, cela fait 55,000 francs par an, pour un
parcours de quatre cents mètres environ, soit
137 francs par mètre.
S'il y a seulement à Paris 40 kilomètrès de
tramways, cela produit à peu près cinq
millions cinq cent mille francs par an.
Bonne affaire pou r les carrossiers 1
Gaston Vassy.
«MOIRES DM JOURNALISTE
s
vm ̃̃̃̃̃
Polémiste et agressif par nature, il
eût fallu, pour être épargné par ceux
qu'il avait blessés, que Jules Lecomte
eût un passé sans reproches; il s'en fal-
lait de beaucoup, bien cependant que
le fait qui a pesé sur toute sa vie et qui
a probablement causé sa mort,n'eût.pas
les proportions exagérées qu'on lui a
prêtées. Certes, la faute qu'il commit fut
grave,' puisqu'elle lui* valut d'abord
une condamnation qui entacha son
honneur, mais les rancunes amassées
autour de lui la grandirent singulière-
ment. Voici le fait en deux mots
Jules Lecomte, souvent à court d'ar-
gent, avait un ami qui lui prêtait sa si-
gnature pour endosser des billets pen-
dant ses jours de détresse; c'était une
habitude prise, les billets passaient,
étaient finalement payés, et jamais cet
ami complaisant n'avait refusé sa signa-
ture. Un beau matin Jules Lecomte, plus
pressé que jamais, va chez son ami pour
lui faire endosser u.n nouveau billet;
l'ami était absent, Jules Lecomte tut assez
fou pour prendre une plumaet contrefaire
une signature qu'il était certain d'ob-
tenir. Au jour fixé pour le rembourse-
ment, Jules Lecomte dépose l'argent
chez le concierge de son ami; par une
suite d'erreurs que j'oublie, mais dont la
plus grave était que celui dont on avait
pris la signature n'était pas prévenu,' le
billet est renvoyé, examiné. On devine
le reste, la signature ayant été déclarée
fausse, Jules Lecomte fut condamné.
Parti en Belgique avant les poursuites,
il revint à Paris pour purger sa contu-
mace et fut acquitté. •
Pas ce soir, il est tard et il faut vous
reposer; mais nous partirons demain.
Vous avez raison, dit-elle fort tran-
quillement. Il me semble que j'ai som-
meil. C'est singulier! Une morte quia
envie de dormir!
Non! dit Melven qui ne voulait pas
la contrarier. Cela est tout naturel I
Copeau rappela la domestique qui ser-
vait Mina, lui dit de la déshabiller et de
la mettre au lit, et revint à la maison
avec 'Melven.
Je crois que réprouve aussi, moi,
une violente envie de dormir, observa
ce dernier.
J'ai une chambre et un lit à t'offrir.
J'accepte, car il est inutile qu'on
connaisse ma présence à Grenoble. v
Pendant que tu dormiras, je ferai
ma malle. Quand partons-nous?
Demain.
Et nous emmenons Mme Dachet?
Oui.
Je serai prêt.
Copeau conduisit Melven à sa chambre
et revint faire ses préparatifs de départ.
Le surlendemain Pierre Melven, Louis
Copeau et Mina Dachet arrivèrent à Pa-
ris celle-ci avait été très calme durant •
le voyage, et Melven espérait de ce
calme une prompte guérison.
Une maison solitaire du quartier de
l'Observatoire reçut Mme Dachet et Co--
peau.
Quant à Melven, qui n'avait aucuns
raison pour cacher son séjour à Paris,
il descendit à.l'appartement qu'il occi*-
pait rue de Trévise.
Son premier soin fut d'écrire à Pros*
perde Prévodal. ̃ N
ARMAND Lapointe.
[La suite à
-LE FIGARO DIMANCHE -r, SEPTEMBRE 1875
ne peut pas dire que ces messieurs n'nient
pas pris leur cause au sérieux.
juifs, les témoins sont juifs, l'avocat lui-
même 'est juif. »
M0 Padoa prit mal la chose. Il y eut échange
de coups et duel. M. Legré fut blessé au bi-
ceps droit.
TSayonne, 3 septembre. Mercredi,
1er septembre, a eu lieu a la Bastide-Olairence,
chef-lieu de canton de notre arrondissement,
baigné par la Joyeuse, une belle et touchante
cérémonie. On installait dans leur nouveau
monastère quelques Bénédictins venus du
couvent de la Pierre-Qui-Vire (Yonne), pour
fonder dans notre pays un établissement agri-
cole. Dans l'assistance, j'ai remarqué MM.
Chesnelong et Xavier Dufaur, députés des
13asses-Pyrénées Celliabè et Dasconaguerre,
conseillers généraux Félix Saubot, ancien
préfet de l'Ariége. 125 prêtres des paroisses
voisines, et plus de 4,000 personnes assis-
taient à la cérémonie.. • •
M. Chesnelong a prononcé un discours à
l'école des sœurs. Mgr Lavigerie, archevêque e
d'Alger, devait officier, mais il a été retenu
chez 'lui par une indisposition subite.
< ̃ Nbvers, 3 septembre. UEcho., cité
par le Figaro d'hier, annonce qu'on a adopté
dans la Nièvre les candidatures au Sénat de
M- le général' marquis d'Esçeuilles et de M.
le comte de Bouillé, député. Ce dernier ne
siége point à l'extrême droite, mais dans les
rangs de la droite modérée,
Aucun choix n'a encore été fait. Outre
MM. d'Espeuilles et de Bouille, on parle aussi
de M. le général Bonneau du Martrayv du
cadre de l'état-major, du comte de l'Aubes-
pin, tous les deux conseillers généraux, et de
M. de Sainte-Marie.
IL.v aurait aussi la candidature républi-
caine du général Frébault, de l'artillerie de
Marine.
Mais vous pouvez être certain que rien ne
sera' décidé avant longtemps.
« Bellegarde (Ain), 3 septembre. On
vient d'arrêter, sur les frontières de Suisse,
un employé de la .recette des contributions
indirectes d'Albi qui avait pris la fuite en
snlevant une somme de 1,500 francs.
Le Mans, ï septembre. De tous
lôtés.'ïes départements élèvent des statues à
eurs glorieux enfants. Hier, c'était le Vau-
lùse aujourd'hui* l'IUe-et- Vilaine, en même
temps qu'il fête Châteaubriand, installe dans
le Musée de Saint-Malo un magnifique por-
trait en pied do Robert Surcouf, par Poilpot.
Demain, le Loir-et-Cher consacrera un mo-
nument à Denis Papin, et le Calvados à Au-
ber.
La Sarthe semble réfractaire à ce mouve-
ment 'artistique. Germain Pilon, né au bourg
de Loué, dans les environs du Mans, n'a pas
de statue <
Nous avons bien dans notre musée un su-
perbe portrait del'aùteur des Trois Graecs.raais
il n'a pas coûté cher aux Manceaux. C'est. un
don de Napoléon III et l'original du portrait
en tapisserie des Gobelins, eneadréj dans l'un
des panneaux de la galerie d'Apollon au
Louvre.
Le Mans n'a rien fait pour l'illustre sculp-
teur. Si la cathédrale ne possédait de lui le
magnifique tombeau élevé à la mémoire de
Langey, vice-roi du. Piémont sous François Ier
ou sous Henri II, rien ne rappellerait son
souvenir.
̃ On lui a bien fait l'aumône d'une rue, mais
elle
sein". •̃• •;
« Avignon, 3 septembre. "Le 'buste
que les félibres et les habitants do Mentaux
viennent d'élever à Saboly n'est pas l'œuvre
de"M. Consonove, comme on l'a écrit par er-
reur, mais bien de. M. Aray, l'an dès deux
auteurs de la statue de Figaro.
• Auguste Marcade.
•
BOITE AUX LETTRES
A Monsieur le rédacteur,
̃Nous .avons l,u ce matin avec intérêt l'ar-
'icle.de M. Roger sur la Pouponnière. rL'idée
sst excellente et mérite de réussir. ^Où sous-
jrit-ron ? i
Recevez, etc. Un abonné.
RÉPONSE. La souscription aux ac-
tions de la Pouponnière est ouverte dans
Tes bureaux, de M. Erlanger, banquier,
>0, rue Taitbout.
PARIS m M1IE JOUR
Calme complet! Déjà le nom de Bou-
vier n'est plus qu'un écho affaibli, et
dans trois jours on,aura oublié Coco.
La politique serait nulle sans M. Ger-
main Casse, qui a prononcé un discours
dans une réunion de « patriotes » de
l'ancienne banlieue de Paris. Ces pa-
triotes étaient invités par un citoyen
Marsoulan à connaître la pensée de M.
Casse, de M. Tolain et autres lumières
de la, parole nouvelle sur le voté des
lois constitutionnelles, sur la liberté de
l'enseignement, etc.
Le discours de M. Casse, auquel la
République française a ouvert ses colon-
nes, peut, en raison de certains passa-
ges, être considéré comme uae réponse
des transigeants aux intransigeants.
Feuilleton du FIGARO du S Septembre 187S
̃. •̃̃ ̃ • r ~43
:"• LA ̃̃ ••.
CHASSE AUX FANTOMES
DEUXIÈME PARTIE
%t?L REVAKCHE »E MEIiVBN
'"vn'
Pierre Melven arriva à Grenoble après
avoir fait plus de trois cents lieues en
chemin de fer sans se reposer.
Il se rendit de suite chez Copeau,
̃• –Me voici, dit-il, brisé, moulu, mais
pressé de connaître la vérité; dis-moi
tout ça que tu sais du drame horrible
que ta lettre m'a fait connaître.
D'abord, as-tu dîné ?
Non! l
t– Eh bien je vais te faire servir; on
écoute mal l'estomac vide..
Tandis que Melven mangeait, Louis
Copeau lui raconta en détail ce qu'il
connaissait de la criminelle tentative de
Dachet.
Mais ce n'est pas tout, ajouta-t-il,
les propos qui échappent à'Mme Dachet,
dans ses heures de folie, révèlent un
autre crime de son. mari il aurait fait
mourir ou se serait, emparé d'un enfant
dont Minai-.sèrait accouchée.
Un enfant dont le comte de Prévo-
dal serait le père?
Sans aucnn doute
-Et dans quel état est la malheu-
reuse.femme?
Reproduction autorisée pour les journaux qui
0BÎ trtUô çvec la société des Gens de lettres.
Tandis que les discours de M. Naquet,
bien que ne soulevant point la question
sociale, semblent la tenir en réserve;
comme une menace permanente sur la
tête de la bourgeoisie, M. Casse qui,
d'ailleurs, parlait devant des bourgeois,
a confessé que dans sa folle jeunesse il
avait eu le tort de méconnaître une
classe « sortie du peuple, affranchie il
» est vrai du salariat, mais rivée à un
» labeur incessant pour arriver par l'é-
» conomie à l'épargne. »
Cette faute, M. Casse s'en accuse avec
une humilité persistante.
« Nous avons cru défendre les intérêts po-
pulaires en les mettant en hostilité avec des
situations honnêtement acquises. Nous avons,
cru à la possibilité de faire vivre des intérêts
nouveaux sans tenir compte des intérêts' an-
ciens, et «n les sacrifiant même. C'était là
notre erreur. Une grande nation comme la
France NE CHANGE PAS DU JOUR AU LENDEMAIN
d'habitudes DE moeurs d'intérêts. Notre
excuse est dans notre sincérité. Nous nous
sommes trompés, gardons-nous de recom-
•moncer. Cette route est semée d'écuoils nous
en avons fait la trop cruelle expérience. »
C'est à cette bourgeoisie, qu'on veut
décidément se concilier; à qui il faut
faire oublier, non-seulement les méfaits
anciens, mais le récent appel aux « nou-
velles couches, qu'est dédiée la rési-
gnation des transigeants
« Devions-nous refuser ce gage de stabilité
la Constitution à la bourgeoisie, qui
nous donnait en échange, avec le lait, la léga-
lité républicaine, c'est-à-dire la certitude
d'accomplir ,nos réformes par la liberté et le
suffrage universel, en même temps qu'elle
dissipait les craintes .de la classe moyenne?
C'stait alors continuer la tradition de cette
-minorité républicaine, consciencieuse et hé-
roïque, vivant des purs principes de la phi-
losophie, ne tenant aucun compte des faits,
donnant sa fortune, sa vie, sa liberté, appe-
lant, par un sublime exemple d'abnégation et
de sacrifices, la France entière à la suivre
dans cette voie de justice absolue, mais tou-
jours abandonnée parce que les intérêts se
dressaient contre elle, Certes, elle a été fière
et superbe, cette minorité républicaine qui a a
si vaillamment combattu pour la grandeur
morale de notre pays. Et si notre génération
a pu traverser l'empire sans succomber tout
entière à la corruption générale, c"est à ses
mâles leçons qu'elle le doit. (Applaudisse-
ments.)
Alprs .c'était la période militanté du parti
républicain. Il ^fallait ouvrir à la France des
horizons nouveaux et lui montrer l'idéal. Il
a donc fallu abandonner la voie qu'avaient
suivie nos illustres devanciers, et, sans sacri-
fier les principes, se réservant d'en poursui-
vre l'application au jour le jour, chercher un
levier à l'aide duquel on pût soulever la na-
tion et la ramener à nous.
Le reste du discours de M. Casse, con-
sacré à la nécessité de combattre les Jé-
suites, n'offre plus aucune espèce d'inté-
rêt.
¥% M. de Girardin continue à défen-
dre pied à pied la thèse qu'il a adoptée,
et qui peut se résumer dans la phrase
que voici.
Ce que la- France, selon moi, devrait faire,
ce serait de s'asseoir la même table que M.
de Bismark, afin d'y étudier son jeu, et, s'il
nous est favorable, de ne pas commettre la
faute de la politique à outrance qui, de 1802
à 1815, a coûté à l'Angleterre vingt milliards
sans lui rien rapporter que la joie d'avoir en-
chaîné Napoléon Ier au rocher de Sainte-
Hélène..
Cette politique qni pourrait froisser
un patriotisme étroit, M. de Girardin
l'explique par ce fait que les inimitiés
éternelles ne sont point de mise entre
les nations..
r L'Angleterre qui a si souvent envahi
la France; qui a si longtemps détenu de
grandes parties de «son territoire, quit
pendant ces deux derniers siècles, a ete
l'âme de toutes ces coalitions contre
la France, n'est-elle pas devenue notre
meilleure alliée? N'est-ce pas l'Angle-
terre qui, la première, a songé, en Ib71,
à ravitailler Paris, étreint par les tortu-'
res de la faim?'
Comme dernier argument à ses adver-
saires, M. de Girardin ajoute
En 1863, il m'en souvient, Y Opinion natio-
nale, d'accord avec la Gazette de France, le
Monde, le Journal des Débats, la Patrie, le
Siècle, etc., s'étaient ligués et armés en guerre
afin de lancer la France contre la Russie en
faveur déjà Pologne insurgée. Seul, absolu-
ment seul, contré toute la presse coalisée, qui
mê persiflait sur mon isolement, je protes-
tais contre ce qu'il y avait d'impolitique et
d'inhumain à entretenir les Polonais insurgés
dans des illusions qui devaient fatalèment
aboutir au résultat qu'elles ont eu, c'est-à-
dire à l'avortement de leur insurrection et à
l'effacement du royaume de Pologne sur la
carte de l'Europe.
Avais-je tort ? 7
II est hors de doute que si, en 1863, au lieu
de marcher'mollement à la suite de M. Gué-
Toult et de M. Havin, l'empereur Napoléon III
et ses ministres eussent résolument suivi la
politique de non-intervention dont j'avais ré-
solument arboré le drapeau,. la Prusse n'eût
pas O3é ni attaquer l'Autriche en 1866, ni re-
iuser, en 1870 à la France, la simple garantie
-Son état s'améliore depuis deux'
jours; elle est plus calme et les accès de
folie vont en diminuant. Le médecin es-,
père qu'une réaction favorable, quelque
bienfaisante émotion, suffira pour lui
rendre complétement la raison.
Nous ferons cette tentative. Mme
Dachet est dans cette maison?
Oui.
Tu n'as confié à nul autre que moi
le secret de cette mystérieuse affaire?
A nul autre le médecin qui soigne
Mme Dachet croit soigner une dé mes
parentes qui a perdu son enfant quant
à ma servante, elle est si simple d'es-
prit, quelle n'a rien compris à tout ce
qu'elle a entendu, à tout ce qu'elle a vu.
C'est bien! Autre chose maintenant.
Es-tu libre?
Comment l'entends-tu ?
Libre de quitter Grenoble, de m'ac-
compagner à Paris? De me donner, pen-
dant un temps que je ne puis fixer, un
concours complet et. désintéressé?
Oui, dit Copeau, et ne fussé-je.pas
libre que je m'empresserais de prendre
cette liberté. C'est le moins que je puisse
faire pour toi, tu m'as obligé de tes con-
seils et de ta bourse; je ne l'ai pas ou-
blié.
Oh! ne parlons pas de cela, c'est
trop vieux. ̃
Si fait parlons-en au contraire.
L'ancienneté d'une dette n'éteint pas
son existence. Tu m'as prêté dix mille
francs; ils sont dans ma caisse et tout
prêts à retourner à leur légitime proprié-
taire. Je vais te les rendre et je reste en-
core ton obligé. #
Copeau ouvrit sa caisse et en retira
dix billets de banque de mille francs
qu'il offrit à Melven.
Garde-jles pour tes frais de route,
dit celui-ci."
Je n'en ài pas besoin, fit avec un
•certain orgueil Louis Copeau. Ils sont
que demandait celle-ci de la parole -du roi
Guillaume. N
Entre les deux politiques opposées, celle
que je viens d'être forcé de rappeler et celle •
qui me persifle, les événements ont pro-
noncé.
Ne sont-ils pas en jEaveur de ma clair- `
voyance une présomption suffisante ? 't
»*« Le Bien publia, qui reçoit encore
quelques inspirations de l'entourage de
M. Thiers, hous renseigne sur les pro-
jets de.M. Gambetta. Il ne parait pas de-
voir assister à la réunion de Troyes,
mais les amateurs n'auront rien perdu
pour attendre
Ce qui est certain, c'est que l'éminent dé-
puté prendra bientôt la parole devant le pays,
non-seulement pour rappeler que le grand
parti républicain doit à l'esprit politique, à la
sagesse de nos amis de l'ÀssenT-blée, la cons-
titution inattaquable du 25 février, mais en-
core pour exposer dans toute sa sincérité le
-programme qui présidera à la conduite des
gauches, dans les délibérations dernières de
cette Assemblée.
Ce programme recevra, nous en sommes
convaincus, la sanction de la majorité consti-
tutionnelle, et nous pouvons, sans témérité,
déclarer qu'il sera la préparation aux élec-
tions sénatoriales dans l'Assemblée, comme il
sera le prélude de la grande manifestation
électorale qui se produira ensuite dans le
pays.
Quant à la date à laquelle ce discours sera
prononcé, ce que nous venons de dire in-
dique xassez qu'il précédera de quelques jours
la rentrée de la Chambre.
/» Au moment où les huîtres reparais.
sent sur la table des gourmands, il y a
un véritable fumet d'actualité dans la
singulière historiette que la Vie pari-
sienne détache des Mémoires de Pierre
dei'Esloile:
Sa Majesté Henri IV, nous dit le chroni-
queur, chassait vers Grosbois.
Elle se déroba de sa compagnie et revint
seule à Créteil, sur l'heure du dîner. Elle
descendit à l 'hôtellerie et demanda à l'hô-
tesse s'il n'y avait rien à manger?
Celle-ci répondit que non et qu'elle était
venue trop tard.
Mais à l'instant, avisant une bourriche
d'huîtres, le roy demanda pour qui était ce
poisson? L'hôtesse répondit que c'était pour
des procureurs, qui se trouvaient esi haut.
Le roy alors, qu'elle prenait pour un simple
gentilhomme, parce qu'il était seul, la pria de
leur dire qu'un honnête gentilhomme les
priait de lui céder une seule douzaine d'huitres
pour de l'argent, et qu'ils l'accommodassent
du bout de leur table. Ce qu'ils refusèrent
tout à plat, disant que pour le regard de
leurs huîtres, il n'y en avait pas trop pour
eux.
Le roy ayant entendu cette, réponse, envoya
quérir le sieur de Vitry qui vint avec dix ou
douze autres. Sa majesté ayant conté la vi-
lainie de ces messieurs procureurs, lui en-
Chargea de s'aller saisir d'eux, et qu'il les me-
nât à Grosbois, et qu'étant là, il ne faillît de
les très'bien fouetter et étriller pour leur ap-
prendre une,autre fois à être plus courtois.
Ce que ledit de "Vitry exécuta fort bien et
promptement, nonobstant toutes les raisons,
prières, supplications, remontrances et contre-
dits de messieurs les procureurs.
Il était naturel qu'un roi qui aimait
tant les huîtres demandât la poule au pot
pour chacun de ses sujets.
Deux jolies pensées du propre crû
de la Vie Parisienne:
On part èn voyage dé noce comme on se
sauve quand on vient de faire une sottise.
Les femmes laides ressemblent à ces fleurs
des champs dont personne ne se soucie: elles
qntBouvent un cœur d'or.
A Depuis quelle époque mange-t-on
de la friture en France? M. Monselet a£<
firme avoir posé cette question à un sa-
vant.de première catégorie qui le regarda
d'un air un peu ahuri ·
La friture. la friture. les historiens
n'en' soufflent pas mot.
En êtes-vous bien sûr?
Mais, monsieur, prononça le savant
en fronçant le sourcil, puisque je vous le
dis!
-'Eh bien! moi, "monsieur,- je suis con-
vaincu que la friture est antérieure à la
sixième croisade.
Qu'en savez-vous ?
Je tire ma preuve d'un sermon.
Un sermon. sur la friture ? dit le sa-
vant de plus.en plus étonné.
A peu près. Ecoutez ces paroles pronon-
cées en chaire par le fondateur de la Sor-
bonne, le vénérable Père Robert,- confesseur
de saint Louis « Oui, mes frères, vous igno-
rez ce que souffre celui qui voit offenser
Dieu; sachez donc que les péchés des autres
mettent le juste dans la poële à frire! »
Mon savant ne répondit pas.
Peut-être crut-il, bien à tort, que je
me moquais de lui. ·
y. m.
INFORMATIONS
̃3 Voici la nomenclature des fêtes des envi-
rons de Paris, aujourd'hui dimanche:
Saint-Germain. Fête des Loges, dans la
forêt, devant la maison de la Légion d'hon-
neur. Cette fête dure trois jours. Tous les
jeux et spectacles forains s'y rencontrent
sortis de ma caisse,; ils n'y rentreront
pas.
Ah! ca, tu es donc devenu riche?
demanda Melven avec quelque surprise.
Mais oui, répondit modestement
Copeau; plus riche que toi probable-
ment, mon cher Melven,'
Cela n'est pas difficile
J'ai cinq bonnes mille livres de
rente, qui ne doivent rien à personne,
et quelques économies.
Diable c'est quelque chose cinq
mille francs de rente bien assurés Et
puis-je te demander là, sans indiscré-
tion, où tu as trouvé ces rentes?
Mais une partie dans 4e coffre-fort
de mon cher et honoré père; l'autre me
provienttiu prix de son étude.
Je disais bien qu'il avait du bon, le
papa Copeau!
Oui Et tu m'as donné'un excellent
conseil en ^rengageant à revenir à Gre-
noble. J'y ai gagné do ne pas ôtre assas-
siné par 'ce coquin de Dachet, une hon-
nête aisance et quelque réputation.
Ah!
Certes je suis vice-président de la
société de-botanique et de géologie, et
de plus-inspecteurrvérificateur des mar-
chés pour la section des cryptogames,
ce qui me vaut, en dehors de l'honneur
et de la considération, encore quelques
petits profits. r
Tous mes compliments, ami Copeau.
Alors je reprends mes dix mille francs 1
seulement il y a une chose qui me cha-
grine dans ta nouvelle#conditiqn.
Laquelle ? fit Copeau inquiet.
C'est que tu as perdu sans doute les
merveilleuses aptitudes que tu possédais
autrefois, et que Daçhet savait si bien
utiliser pour la satistaction de ses inté-
rêts et de ses passions.
Copeau sourit.
Oh que non I dit-il, mets-moi à
l'oeuvre, et tu verras bien crue ie ne suis,
cuisine on plein air, restaurants sous lafouil-
lée, cafés, bals et concerts/ complètent le
pittoresque de-la fête. Illuminations de l'ave-
nue des Loges et au chêne de Diane de Poi-
tiers, etc.
Enghien. Fête au Jardin des Roses.
Croissy. A deux heures, joutes à la lance,.
sur la Seine, à la Grenouillère.
Saini-Cloud. Grandes eaux.
Saint-Ouen. Dernier jour de la fête. Ca-
valcade et tournoi.
Bourq-la-Reine. -Revue des sapeurs-pom-
piers. Concert. Bal.
Charenton. –.Concert par la fanfare et l'or-
phéon. Retraite aux flambeaux;
Yillemomble. Messe en musique. Tom-
bola. Grand'feu d'artifice, offert par M. De-
touche, maire de la commune.
Gentilly. Concours d'orphéons et de fan-
fares.
Bagiiolet. Messe en musique par la so-
ciété chorale des enfants des écoles.
Vincennes. Dernier jour de la fête patro-
nale.
Bezons.' Fête sur le bord de la Seine.
Brie- Comte-Robert. Exposition générale
de la société horticole rosiériste, dans la gare
du chemin de fer. Roses, plantes, légumes et
fruits; ustensiles horticoles.
,Bry-sur-Mar»e. Enlèvement de deux
montgolfières, feu d'artifice sur la Marne.
Combs-la- Ville. Marchands et spectacles
forains.
Epinay-sur-Orgê. Distribution des prix,
concert, grande tombola, feu d'artifice.
Draveil. Fête de l'Ermitage.
Sézanne. Dimanche et lundi, grande fête
au profit des inondés, donnée par la garni-
son, la municipalité et les habitants..
Point-du-Jour. Dimanche et lundi grande
fête.. «•
Fontainebleau. Courses d'automne dans la
vallée de la Solle.
Setne-Pôrt, sur les bords de la Seine, gare
de Cesson, ligne de Lyon. Dimanche et
lundi, grande fête.
On nous prie d'adresser la question sui-
vante au ministère de la guerre. Nous le
faisons très volontiers
Aux mois de décembre, février et mai der-,
niers, un certain nombre de commissions mi-
litaires ont fait passer des examens aux can-
didats officiers. Dans tous les examens, pour
le baccalauréat, pour les emplis civils, pour
les ministères, on est informé dans un très
bref délai de son admission, ou de son refus.
Devant ces commissions, au contraire, il
n'a rien été fait de semblable, et les candidats
se demandent encore aujourd'hui s'ils ont ou
non suffisamment passé leurs examens et
s'ils sont reçus ou refusés.
Or, dans ce dernier cas, ils pourraient se
représenter en décembre prochain. Mais il
faut, pour cela, être inscrit avant le 15 sep-
tembre et on ne peut se faire inscrire si on
n'est pas certain d'avoir échoué. Il n'y a donc
pas de temps à perdre pour avertir les gens
de leur situation.
C'était hier l'anniversaire du Quatre Sep-
tembre. Aucun tapage dans Paris à cette oc-
casion. Nous né croyons mieux pouvoir célé-
brer ce glorieux anniversaire qu'en donnant
in extenso une romance dont nous avons déjà
publié un extrait l'année dernière, et dont
l'auteur a été arrêté à cette époque pourTa-
voir braillée dans les rues.
Ce fut un jour de noce triomphale,
Nous étions là tous pour le bon motif,
Et l'on voyait la garde nationale latit.
Qui s'balladait dans l'Corps législatif.
De Badinguet on balayait la Chambre,
Les députés avaient l'air abattu.
Refrain
Car ce beau jour, "c'était le Quat' Septembre,
Dis-moi, Jul' Favre, dis-moi, t'en souviens-tu? î
N'y avait pas d'sang dessus nos baïonnettes,
Dans ces grands jours, du sang y n'en faut pas 1
N'y avait du rest' là que du monde honnête,
On s'embrassait, citoyens et soldats 1
Du Provisoire on acclamait les membres,
C'était du temps qu'on croyait à Trochu.
Car ce beau jour, c'était le Quat' Septembre,
Dis-moi, Picard, dis-moi, t'en souviens-tu?
Quand vint le soir, heureux à plus d'un titre,
Chaq' citoyen, avec sa société, t
Chez 1 marchand de vins alla vider son litre,
En s'enivrant de sa félicité.
Pendant ce temps, l'homme du: Quatr' Septembre
Allait trinquer chez ceux qui l'ont battu. •
Car ce beau jour, c'était le Quatr' Septembre,
Dis-moi, Ferry, dis-moi, t'en souviens-tu ? î
Les journaliss' de la presse vendue,
Voyant s'crever la caisse à subvention,
S'écriaient tous qu'la France était perdue,
Et diffamaient la Révolution.
C'qu'y r'grettaient l'plus dans c'parti qui. s'dé-
[membrej
C'était pas l'homm', mais c'étaient les écus 1
N'y en avait pas pour eux au Deux Décembre,
Dis-moi, Roch'fort, dis-moi, t'en souviens-tu?
Des Tuileries où, de la tyrannie
Avait flotté si longtemps l'étendard.
Toute étiquette en un jour fut bannie,
Le Peup' Souv'rain voulait avoir sa part.
Tous ces fauteuils, parfumés d'musc et d'ambre
Les citoyens se sont asais dessus.
C'était leur jour, le jour du Quat' Septembre,
Dis, Gambetta, dis-moi, t'en souviens-tu?
Une œuvre, cela, n'est-il pas vrai ?
Ainsi que iiqus le lui demandions, la Société
.protectrice des animaux s'est émue des cruautés
que nous lui signalions comme se passant sui
plusieurs marchés, et notamment à Saint
Denis, où l'on arrachait les yeux aux lapin:
vivants afin de leur rendre, disait-on, la chaii
plus savoureuse. e )
Le secrétaire général de la société nous an
nonce, en effet, que des mesurés efficaces on1
pas si rouillé que tu le supposes dans la
chasse à l'homme.
Alors, c'est parfait Tes qualités de
policier me seront très utiles. Je dé-
clare même que, sans toi, je serais pro-
bablement impuissant à mener à bonne
fin l'œuvre que j'ai entreprise.
Je suis prêt à t'emboîter le pas,
mon cher Melven. Vois combien ma
confiance en toi est absolue je ne te de-
mande même pas tes secrets, et je me
constitue aveuglément ton serviteur.
Allons allons voilà d'excellentes
paroles, tu as du bon, mon brave Co-
peau. Il s'agit de réparer les torts du
passé, toi et moi en avons mon ami,
et de se faire le justicier "d'une cause"
honnête.
Bien bien dit Copeau, qui ne se
souvenait pas sans regret de son exis-
tence légèrement excentrique de Paris
je suis prêt à réparer les erreurs de la
misère et ne te demande rien de ce que
tu veux faire.
Oh tu le sauras, sois tranquille, et
prochainement encore. Maintenant con-
duis-moi vers madame Dachet.
Copeau ïnen% Melven au fond de son
jardin.
v. Là se trouvait un petit pavillon isolé
n'ayant aucune issue sur la campagne.
Les murs du jardin, assez élevés, défen-
daient contre toute curiosité indis-
crète. 1
C'est dans. ce pavillon qu'habitait Mina
Dachet.
Melven s'approcha bien doucement de
la pauvre créature.
Dieu! quel changement! murmu-
ra-t-il.
Mais si bas que ces paroles eussent été
prononcées Mina les avait enten-
dues. Cette acuité d'ouie n'est point rare
dans certaines affections nerveuses.
• <̃ fUt-elle, ie suis bien vieillie,
été prises. Un arrêté de M. le maire de Saint-
Denis interdit absolument d'arracher les yeux
aux lapins. On nous communique, en même
temps, du reste, un autre arrêté antérieur du
même magistrat, défendant d'égorger en pu-
blic les agneaux et chevreaux dont les cris
impressionnent désagréablement les pas-
sants. Il est certain qu'on ne saurait trop ca-
cher le spectacle barbare de la mort de ces
animaux, aux enfants surtout,' que cela ha-
bitue la vue-dû sang et à l'insensibilité.
Toutes -nos félicitations à M. le maire de
Saint-Denis et à la Société protectrice des am%,
maux.
M: Garrido, le médecin Espagnol si connu
dont nous avons plusieurs fois parlé, vient do
revenir de Londres au Grand-Hôtel. –r% Nous
rendrons service-à nos lecteurs en leur si-
gnalant le retour de cet homme de talent dont
la science médicale se double d'une mer-
veilleuse habileté pharmaceutique. Il prépare
lui-même tous ses spécifiques, par des procès
dés nouveaux. Le nombre de ses cures est con-
sidérable aussi aurons-nous à reparler de lui.
Une chose fort curieuse que nous avons
notée hier, rue Saint-Hpnoré. Nous ne nous
souvenons pas bien exactement du numéro,
mais c'est pour sûr entre le 201 et le 209.
Dans la devanture d'un marchand d'es-
tampes est exposée là une petite lithographie
qui parait assez ancienne, et qui représente la
cour d'honneur du château de Versailles.
Or, l'auteur a coiffé Louis XIV du légen-
daire petit chapeau de Napoléon Ier.
C'est, du reste, avec le plus grand sérieux
que cela a été fait.
Les railleurs il y en a partout ont
voulu plaisanter l'exposition maritime, en
prétendant qu'elle renfermait un tas de cho-
ses étrangères à la marine. Ce reproche; qui
paraît.fondé au premier abord, tombe de lui-
même quand on examine de plus près et
qn'ôn peut se convaincre que tout est appro-
prié aux voyages et aux usages maritimes.
Ainsi, par exemple, M. Bornibus, l'infati-
gable fabricant qui à chaque exposition rem-
porte une nouvelle médaille pour une nouvelle
innovation, présente cette fois sa moutarde
sans rivale, sous la forme de briquettes qui
peuvent affronter la traversée la plus- mouve.
mentée, sans que le précieux condiment qui les
compose perde rien de ses qualités. Dans son
importante-usine qu'il vient de faire construire
boulevard de la Villette, un appareil spécial
vient d'être installé, pour la fabrication'de ces
briquettes.
C et appareil fonctionne deux fois par sem-
aine à- l'exposition des machines.
Nous avons annoncé l'autre jour, sur la
foi d'un de nos reporters qui ne nous avait
jamais induit en erreur, que trois malfai-
teurs avaient nuitamment,attaqué un enfant
dans le département de Seine-et-Oise, entre
Montgeron et Saint-Germain-lès-Corbeil.
Un enquête a été faite aussitôt, et il en
résulte que la bonne foi de notre reporter a
été surprise. Aussi nous empressons-nous de
constater que depuis fort longtemps la présence
d'aucun malfaiteur n'a été signalée dans le
pays en question, lequel est des plus tran*
quilles.
Nous avions parfaitement raison hier en ne
nous prononçant pas, malgré toutes les pré-
somptions, sur l'événement des Batignolles,
contrairement à plusieurs de nos confrères qui
ont nettement admis la version d'un suicide.
L'enquête faite par les soins de M. le com-
missaire spécial Goudchaux, et les constata-
tions médico-légales ont prouvé en effet que
la mort de M. de Sainte-Gemme était le ré-
sultat d'un terrible accident.-
Voici comment les choses se sont passées:
M. de Sainte-Gemme revenait de chez un de
ses amis, aux Batignolles, et avait, ainsi que
nous l'avons dit, pris un billet pour Passy.
Il s'avança un peu sur le quai du départ.
Tout à coup il aperçut le feu du train qui
arrivait. Il voulut se hâter de revenir. Mais,
marchant difficilement par suite d'une attaque
de goutte, il glissa sur le bord du quai et
tomba sur le rail en travers. C'est alors que
la locomotive l'atteignit et le broya.
Le médecin qui a examiné le cadavre a re-
marqué, en effet, au genou une contusion
évidemment produite par le rail sur lequel,
dans sa chute.^M. de Sainte-Gemme s'est
heurfé.
Les obsèques du malheureux ont eu lieu
hier soir, à quatre heures. Le deuil était con-
duit par le fils de la victime, M. Henri Carré
de Sainte-Gemme. Un grand nombre de pa-
rents et d'amis -de la famille ont 'suivi le
convoi.
Les gens continuent à se jeter du haut de
la colonne'de la Bastille. ♦
Hier soir, vers quatre heures un pauvre
diable en blouse blanche ayant les apparen-
ces d'un ouvrier peintre, s'est élancé de la
plate-forme, et est venu se broyer en dedans
de la grille.
On n'a trouvé sur lui aucuns papiers.
Voioi que les jeunes voleurs, l'espoir de
Cayenne, s'attaquent aux -troncs établis dans
les gares du chemin de fer de ceinture au
profit des inondés.
Dans la nuit du Ie' au 2 septembre, le tronc
de la station d'Ornano était brisé et vidé de
son contenu la nuit suivante, le tronc de. la
station de la Chapelle avait le même sort.
Il a suffi pour cela qu'un de ces aimables
rôdeurs qui flânent le soir dans les lieux pu-
blics ouvrît la targette d'une des croisées de
la salle d'attente. A la station d'Ornano on a
passé en suivant le balcon par une fenêtre
donnant sur la voie; le voleur, très jeune et
très petit probablement a apporté une chaise
pour se hausser, a introduit d'abord dans l'ori-
n'est-ce pas?Mais il importe peu! je vou-
drais être morte!
Melven poussaCopeau du cou de comme
pour lui dire
Cette femme n'est pas folle 1
Copeau répliqua par un geste qui si-
gnifiait
Attends 1
Vous me reconnaissez, madame?
demanda Melven à Mina.
-Non! fit-elle.
Puis elle relevala tète, contempla avec
attention le journaliste, essaya sans
doute de se souvenir, hésita longtemps
et finit par dire
Non! non! Je ne vous connais pas!
les morts ne reconnaissent pas les vi-
vants i
Il faut tout tenter pensa Melven.
Et, de nouveau, il adressa la parole à à
Mme Dachet.
C'est le comte Prosper de Prévodal
qui m'envoie vers vous, dit-il.
Prévodal. Prévodal. murmura
Mme Dachet t
Il était facile de reconnaître que ce
nom éveillait ses souvenirs.
Oh!, s'écria-t-elle tout à coup, .ne
lui dites pas, monsieur, qu'on a tue son
fils 1
Qui donc a commis ce crime ? de-
manda Melven. t
Mais l'éclair de raison était disparu.
Mina se refusa de répondre.
Il s'en suivit un assez long silence.
Que faire? se demandait Melven.
Vpulez-vous* venir avec moi, ma-
dame ? dit-il à Mina.
Elle se leva comme.pour le suivre.
.–• Volontiers, dit-elle 'je- m'ennuie
ici. Et puis, il me semble avoir entendu
jadis votre voix, quand j'étais vivante,
et cette voix était celle d'un ami.
J'étais et je suis encore votre ami,
madame.
–P.h~J(~%S~Onaï
fice du tronc te bec de canne de la porte vitrée
et ensuite la clef du gaz.
Le couvercle brisé en deux, il a soigneuse-
ment enveloppé sa recette dans des feuilles
du livre de renseignements laissé à la portée
du public et dans un morceau d'affiche, puis
s'est retiré très tranquillement.
A La Chapelle, c'est par une fenêtre don-
nant sur le couloir de sortie qu'il a péné-
tré là, son opération faite, il a tenté de s'in-
troduire dans le cabinet du chef de gare et a
laissé sur la poussière du revêtement supé-
rieur une main d'enfant fort bien tracée.
Ne pouvant enlever la caisse, il s'est em-
paré de billets militaires et d'un composteur
portant la date du jour, 2 septembre. Il est
fort à penser que la possession de ces objets
le perdra tôt ou tard.
La compagnie fait retirer les troncs établis
dans les autres stations il eût mieux valu
commencer par bien s'assurer de la fermeture
des fenêtres avant le départ des employés.
Mais voilà un ou plusieurs jeunes gaillards
qui promettent.
Un horrible événement s'est, nous raconte-
t-on, passé avant-hier, à la fête de Jary-sur-
Marne. N'ayant pu contrôler nous-mêmes les
faits, c'est sous les plus grandes réserves que
nous les donnons.
Un aéronaute avait organisé une ascen-
sion, dans laquelle il comptait emmener son
fils, un enfant de huit ans.
Tout était prêt, et la nacelle ne tenait plus
que par une corde solidement»amarrée à un
anneau, L'enfant était dans la nacelle, atten-
dant son père, lorsque l'idée de partir seul
traversa l'esprit du malheureux gamin.
Il prît son couteau, coupa la corde en un
clin-d'œil, et le ballon s'éleva avec une terri-
fiante rapidité, au milieu d'un long cri d'ef-
froi de la foule et du père. Depuis, on n'en a
plus eu aucune espèce de nouvelles.
Il est plus que probable que le pauvre petit
aéronaute sera niort asphyxié, ou aura été
précipité de quelque effroyable hauteur.
Les compagnies des tramways se douteni
elles de l'argent qu'elles coûtent quotidienne-
ment aux gens qui ont des voitures à eux?
Non, évidemment. Voici un petit aperçu de la
chose
Prenons comme spécimen la section des
tramways comprise entre la place Clichy et la
rue de Rome. Un négociant du boulevard s'est
amusé à dresser la statistique de ce qu'il passe
en moyenne de voitures devant sa porte cha-
que jour.
Il est arrivé au chiffre approximatif de
1,200. Il calcule que là-dessus, il y a environ
un sixième de voitures de maîtres, soit 200.
Or, nous affirmons ce fait que, sur deux
cents, il y en a au moins cent cinquante dont
les rails des tramways accrochent les roues.
Pendant un mètre ou deux, les roues sui-
vent forcément ces rails. Vous jugez si le
vernis s'écaille. •
-r- C'est, en moyenne, une réparation de
2 ff 50 par voiture, nous a dit un carros-
sier que nous avons consulté.
A cent cinquante voitures éreintées par
jour, cela fait 55,000 francs par an, pour un
parcours de quatre cents mètres environ, soit
137 francs par mètre.
S'il y a seulement à Paris 40 kilomètrès de
tramways, cela produit à peu près cinq
millions cinq cent mille francs par an.
Bonne affaire pou r les carrossiers 1
Gaston Vassy.
«MOIRES DM JOURNALISTE
s
vm ̃̃̃̃̃
Polémiste et agressif par nature, il
eût fallu, pour être épargné par ceux
qu'il avait blessés, que Jules Lecomte
eût un passé sans reproches; il s'en fal-
lait de beaucoup, bien cependant que
le fait qui a pesé sur toute sa vie et qui
a probablement causé sa mort,n'eût.pas
les proportions exagérées qu'on lui a
prêtées. Certes, la faute qu'il commit fut
grave,' puisqu'elle lui* valut d'abord
une condamnation qui entacha son
honneur, mais les rancunes amassées
autour de lui la grandirent singulière-
ment. Voici le fait en deux mots
Jules Lecomte, souvent à court d'ar-
gent, avait un ami qui lui prêtait sa si-
gnature pour endosser des billets pen-
dant ses jours de détresse; c'était une
habitude prise, les billets passaient,
étaient finalement payés, et jamais cet
ami complaisant n'avait refusé sa signa-
ture. Un beau matin Jules Lecomte, plus
pressé que jamais, va chez son ami pour
lui faire endosser u.n nouveau billet;
l'ami était absent, Jules Lecomte tut assez
fou pour prendre une plumaet contrefaire
une signature qu'il était certain d'ob-
tenir. Au jour fixé pour le rembourse-
ment, Jules Lecomte dépose l'argent
chez le concierge de son ami; par une
suite d'erreurs que j'oublie, mais dont la
plus grave était que celui dont on avait
pris la signature n'était pas prévenu,' le
billet est renvoyé, examiné. On devine
le reste, la signature ayant été déclarée
fausse, Jules Lecomte fut condamné.
Parti en Belgique avant les poursuites,
il revint à Paris pour purger sa contu-
mace et fut acquitté. •
Pas ce soir, il est tard et il faut vous
reposer; mais nous partirons demain.
Vous avez raison, dit-elle fort tran-
quillement. Il me semble que j'ai som-
meil. C'est singulier! Une morte quia
envie de dormir!
Non! dit Melven qui ne voulait pas
la contrarier. Cela est tout naturel I
Copeau rappela la domestique qui ser-
vait Mina, lui dit de la déshabiller et de
la mettre au lit, et revint à la maison
avec 'Melven.
Je crois que réprouve aussi, moi,
une violente envie de dormir, observa
ce dernier.
J'ai une chambre et un lit à t'offrir.
J'accepte, car il est inutile qu'on
connaisse ma présence à Grenoble. v
Pendant que tu dormiras, je ferai
ma malle. Quand partons-nous?
Demain.
Et nous emmenons Mme Dachet?
Oui.
Je serai prêt.
Copeau conduisit Melven à sa chambre
et revint faire ses préparatifs de départ.
Le surlendemain Pierre Melven, Louis
Copeau et Mina Dachet arrivèrent à Pa-
ris celle-ci avait été très calme durant •
le voyage, et Melven espérait de ce
calme une prompte guérison.
Une maison solitaire du quartier de
l'Observatoire reçut Mme Dachet et Co--
peau.
Quant à Melven, qui n'avait aucuns
raison pour cacher son séjour à Paris,
il descendit à.l'appartement qu'il occi*-
pait rue de Trévise.
Son premier soin fut d'écrire à Pros*
perde Prévodal. ̃ N
ARMAND Lapointe.
[La suite à
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