Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-09-04
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 septembre 1875 04 septembre 1875
Description : 1875/09/04 (Numéro 246). 1875/09/04 (Numéro 246).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LB FtôABO gÀMÈBÎ 4 SEPTEMBRE 1875
en second l'Ecole polytechnique», puis
dirigea les fortifications d'Qran. En 1855,
il fut nommé général de brigade; en
1858, général de division, et après la
campagne d'Italie, à laquelle il prit une
part glorieuse, aide-de-camp de l'empe-
reur qui, en 1867, luicpnfia l'éducation
du prince impérial. Le général y con-
sentit, mais sans accepter d'autres ap-
pointements que sa solde.
L'Empereur, malgré l'extrême simpli-
cité du général, et bien qu'il connût son
peu de fortune, avait voulu qu'il con-
duisît Mlle Frossard aux Tuileries. L'Im-
pératrice fut frappée de la distinction de
la jeune fille, et émerveillée de ses
connaissances. Elle lui demanda qui
avait dirigé son éducation.
C'est mon père, répondit simple-
ment Mlle Frossard.
C'est à la suite de ce petit entretien
que le général fut nommé gouverneur
du prince. Il lui fit faire, en Normandie
et en Bretagne, un intéressant voyage,
dans lequel, préludant à son éducation
militaire, le prince, encore tout enfant,
put se faire une idée de notre marine et
de nos arsenaux. L'empereur voulut en-
suite que son fils eût de l'armée de terre
un aperçu aussi complet, et nomma le
général commandant du camp de Châ-
Ions. C'est là qu'il était en 1870, quand
la guerre fut déclarée.
Le camp fut levé aussitôt, et les trou-
pes qui s'y trouvaient fournirent le
2e corps de l'armé» du Rhin. Le 2 2 août,
le général Frossard s'empara de vive
force des hauteurs qui commandent Sar-
rebruck. Le prince impérial ayant assisté
à l'action, des nouvellistes trop zélés
firent de ce combat une grande victoire.
Le général en fut très contrarié
Si la chance des armes nous deve-
nait contraire, disait-il, quel ridicule
ces exagérations ne jetteront-elles pas
sur nous!
Attaqué le 6 août au matin dans ses
positions de Forbach et de Spickeren,
par un ennemi quatre fois supérieur en
nombre, le 2° corps combattit avec une
rare énergie pendant quatorze heures.
Il y eut des alternatives de succès et de
défaite. A la nuit, le général Frossard,
débordé de tous côtés, ne recevant pas
les secours qu'il demandait avec insis-
tance, et ayant déjà eu près de six mille
hommes hors de combat, opéra une
retraite remarquable, ne laissant à l'en-
nemi, ni un drapeau, ni un caisson, ni
un prisonnier.
Le 16 août, à Gravelotte, le 2e corps
avait l'honneur ,de recevoir le premier
choc de l'ennemi. Bientôt soutenu par
des renforts considérables, il tint bon
toute la journée, au succès de laquelle
d'après les historiens militaires sérieux,
Français ou Allemands,– il eut la plus
grande part. Le général Frossard eut
deux chevaux tués sous lui dans cette
bataille.
-"1 i 1_-
Il n'en fut pas moins, pendant plu-
sieurs années, l'un des hommes les plus
attaqués de l'armée. C'est seulement au
cours du procès Bazaine que l'on put
reconnaîtra que le général Frossard,
non-seulement avait toujours fait son
devoir, mais qu'il s'était brillamment
conduit. Le général était trop fier dans
sa modestie, trop dédaigneux de popu-
larité malsaine pour chercher à se dé-
tendre. Il publia seulement, par ordre
du ministre de la guerre, et pour l'hon-
neur des soldats qu'il commandait, les
rapports officiels sur ses opérations,
mais sans y ajouter une ligne de consi-
dérations politiques ou militaires.
Le géneral Frossard retourna, après
la guerre, au comité des fortifications
dont il fut nommé président. A la mort
de Napoléon III, il adressa une lettre de
condoléance à l'Impératrice et au prince
Impérial, mais il ne prit part à aucune
manifestation. Il n'eut pas beaucoup
d'amitiés, mais il ne lui a manqué au-
cune estime. C'était l'homme du devoir
«bsolu. u
Alfred d'Aunay.
i
LA POUPONNIÈRE
La presse s'est vivement occupée, dans
ces derniers temps, de la rapide dépopu-
lation de notre pays par la mortalité
croissante des nouveau-nés, et le Figaro
a cité un établissement dont la fonda-
tion est patronnée par l'élite de nos mé-
decins, et par un grand nombre de per-
sonnes qui se préoccupent de notre avenir
national.
Il faut bien se pénétrer que l'allaite-
̃ ment par la nourrice sur lieu ou chez
elle, n'amène point une diminution,
mais un simple déplacement dans la
mortalité.
feuilleton du FIGARO du h Septembre 187S
LA
CHASSE AUX FANTOMES
DEUXIÈME PARTIE
VI
Suite.
Robert Dachet partit immédiatement
pour Saint-Amand et s'en alla frapper
tout droit chez M. de Lorris. Un finan-
cier est toujours bien reçu partout.
Monsieur le baron, dit-il à M. de
Lorris, j'ai le plus grand désir de voir
,*ps forges, dont on dit merveille Uans
fe pays, vous plairaiMl de me permettre
deles visiter.' r
Et je serai votre cicerone, mon-
sieur, si ma compagnie ne vous déplaît
point.
Vous me comblez, monsieur le ba-
ï0– Mais, en attendant, comme l'heure
do déjeuner est arrivée, vous voudrez
bien, monsieur, j'espère, me faire 1 hon-
neur de prendre place à ma table.
Oh! monsieur le baron, ce serait de
l'indiscrétion..
Pas du tout, monsieur. Nous som-
mes ici à îa campagne, et les façons cé-
rémonieuses de Paris n'y ont point
cours. Acceptez, je vous prie.
Eh bien, monsieur le baron, 3 ac-
'^fifde. XiDHte sonna son domestique.
1 PhWenez ma fille, lui dit -il que
nous avorfs.ùn convive, M. Robert Da-
~het, de Paris.
Le nom de Robert Dachet avait fait le
ReproductipautoriBée jpm» les JowngM qui
«ot traité aveo la sQci.ôté £*s Geas 4e kUrss.
En effet, la nourrice qui abandonne
son propre enfant pour en élever un au-
tre sèvre le sien trop tôt et est obligée
de le confier a dos soins mercenaires.
Dans ce cas, son enfant dépérit et
meurt.
Si, au contraire, elle est bonne mère,
c'est le petit étranger, le Parisien, qui
sera négligé et succombera.
Etant donnée l'excellence de l'allaite-
ment artificiel sous la surveillance inces-
sante de médecins expérimentés, nous
oserons dire que, bien que nous consi-
dérions l'allaitement maternel comme
plus naturel et plus moral, il faut te-
nir compte des conditions désastreuses
dans lesquelles la société moderne place e
les mères. Les soucis de la vie, le pain
quotidien chez les pauvres, certains tra-
vaux obligatoires, l'ambition, les plai-
sirs dans, d'autres classes; puis les dé-
ceptions, les rivalités, les querelles dans
le ménage, les maladies ont une in-
fluence sérieuse sur le lait de la mère.
Dans la Pouponnière rien de pareil à
redouter, la vache est impassible; pour
elle, aima parens, la vie est égale comme
la nourriture; ni soucis, ni aigreur.
Un des graves inconvénients de l'al-
laitement artificiel chez les particuliers,
est l'obligation où l'on se trouve de ré-
chauffer le lait, pour le mettre à la tem-
pérature du sein maternel, mais le lait
refroidi est un lait presque mort, on a
beau le faire chauffer, il a subi une crise,
une transformation par lesquelles ne
passe jamais le lait de la mère.
A la Pouponnière, le lait tiré de la
vache ne se refroidira jamais, il est con-
sommé par l'enfant, au moment de la
traite, ou confié à des appareils sem-
blables à ceux connus sous le nom d'ap-
pareils norvégiens, dans lesquels des
aliments cuits à Paris peuvent être
mangés deux mois après leur cuisson au
Pôle nord et à peu près au même degré
de chaleur. Dans la journée, ces appa-
reils débiteront le lait au fur et à mesure
des besoins, sans que la température se
soit abaissée.
La Pouponnière supprime entièrement
la nourrice, trop difficile à surveiller, et
dont les imprudences deviennent quel-
quefois des crimes. Des femmes habi-
tuées aux soins à- donner aux enfants,
auront sous leur garde quatre, six ou
huit nouveau-nés dans des chambres
bien aérées pour l'été, également chauf-
fées pendant l'hiver, tendues de papier
aux teintes douces qui suspendront des
touffes de fleurs et de verdure au-des-
sus de leurs petits berceaux, dont le
choix est laissé au goût des mères rien
enfin qui rappelle l'asile ou la crèche.
Pour parer aux maladies épidémiques
souvent à redouter dans une aggloméra-
tion, le docteur Saint-Clair Monribot,
partant de ce principe, que tout enfant
qui cesse de croître en poids révèle ainsi
le commencement d'un malaise, pèse
tous les deux jours les petits êtres con-
fiés à sa vigilance.
Si le poids reste stationnaire, au bout
de quelques jours, le bébé est mis dans
une chambre particulière éloignée du
bâtiment principal; son état est scrupu-
leusement étudié, d'où il résulte des
soins plus vigilants pour lui et une sécu-
rité plus grande pour les autres.
Il est une appréhension qui envahit
les familles, c'est celle d'une substitu-
tion quand leurs enfants sont envoyés
au dehors. Ici, toute crainte est écartée;
dès son arrivée, outre ses noms et pré-
noms inscrits avec le chiffre de sa
chambre et de son berceau, sur le grand
livre tenu en double des entrées et des
sorties, l'enfant reçoit un petit collier
d'ambre choisi par le directeur et la
famille, et muni d'une médaille, sorte
de serrure microscopique dont la clef
est remise aux parents. Un bulletin sa-
nitaire leur sera envoyé chaque semaine;
il ne mentionnera pas, comme ceux dé-
livrés aux collégiens, un programme
bien varié, le satisfecit se bornera à
constater l'appétit, le caractère et le
poids; il vous dira, chères mères in-
quiètes, le premier pas, le premier mot,
la première dent.
Et lorsque l'envie vous prendra de vi-
siter cet établissement, doué d'une si
admirable salubrité que le célèbre doc-
teur Fleury n'avait pas hésité à le choi-
sir pour y fonder son bel établissement
hydrothérapique, vous pourrez voir vos
poupons, soit dans les prés, soit au
travers des allées embaumées du parc
de Lalande, couchés dans de belles pe-
tites calèches bien comfortables et traî-
nés par des chèvres nourrices, car l'al-
laitement se fera au choix des familles
et sur le conseil des médecins par les
laits de vache, d'ânesse ou de chèvre.
Lorsque ces dernières auront ainsi pro-
mené doucement leurs nourrissons,
tour de l'Europe, grâce à la note pu-
bliée par les journaux de Paris et re-
produite par tous les journaux de la pro-
vince on s'intéressait à lui à cause du
malheur qui l'avait frappé.
Ce nom excita au plus haut point une
curiosité mêlée de sympathie de la part
de Mlle de Lorris. Elle fut prête en quel-
ques instants et bientôt le domestique
vint annoncer que M. le baron était
servi.
C'est un grand mérite pour un homme
lorsqu'il s'agit d'une première entre-
vue de n'être pas le premier venu,
M. Chose ou M. Machin, qui sera oublie
cinq minutes après son départ. S'il est
un peu plus observé que le commun des
mortels, il a cet avantage immense que
tous ses mots portent et que son esprit
s'il en a est remarqué. Il fait date,
il laisse un souvenir. Et quand cette
date, ce souvenir se grave dans la pen-
sée d'une femme, c'est toujours une
impression dont un homme ambitieux
sait tirer parti.
C'est ce qui arriva pour Robert Da-
chet durant ce déjeuner.
Mlle Emilienne de Lorris le trouva
distingué, spirituel, et surtout intéres-
sant.
Etre intéressant aux yeux d'une jeune
fille lorsqu'on a des visées sur elle, n'est
pas chose sans valeur.
Après le déjeuner, M. de Lorris et Ro-
bert Dachet partirent pour les forges.
La visite fut longue et minutieuse;
elle se prolongea encore des louanges
que le banquier prodigua avec beau-
coup d'à-propos à M. de Lorris, et d'une
conversation dans laquelle Robert Da-
chet fit montre de son savoir sur l'in-
dustrie française et particulièrement
celle des fers sur l'avenir de cette in-
dustrie dans le Berry, sur les droits de
douane, d'importation et d'exportation
et •Q'irV'appÙi que le gouvernement fran-
1 çais devait à l'industrie nationale,
questionqu'il avait étudiée la veille.
M. de Lorris était un protectionniste.
Robert Daciet trouvait donc un auditeur
attentif et plus que bienveillant.
elles prendront un instant de repos que
les petits désœuvrés s'eriïipresseront
d'utiliser en empoicnantvigourëusement
leurs mamelles vivifiantes; c'est un de
ces tableaux que l'on viendrait voir par
partie de plaisir, le château de Lalaade
n'étant éloigné de Paris que de qua-
rante-cinq minutes. `
Il y a là une affaire sérieuse et huma-
nitaire, chacun voudra contribuer à cette
fondation; nous avons une conviction,
c'est qu'il ne tardera pas à s'élever sur
tous les points de la France, principale-
ment aux abords des grands centres, des
établissements pareils qui contribueront,
avec la Pouponnière modèle de La-
lande, à rassurer les familles et à arrêter
les progrès d'un mal qui doit mener fa-
talement à l'affaiblissement de notre
pays.
pays t~, -p&g%~n~ve.&o~
 ,n
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
• Lyon, t septembre. On «omité de
l'enseignement supérieur catholique vient
de se former dans notre ville, sous la prési-
dence de Mgr l'évéque de Cydonie, auxiliaire
de l'archevêque de Lyon. Le bureau est ainsi
composé
Président TVIgr TMbaudier, évêque de Cy-
donie Vice-présidents M. Lucien Brun,
avocat, député à l'Assemblée nationale M. le
baron Chaurand, avocat, député à l'Assem-
blée nationale; M. de la Perrière, avocat, an-
cien bâtonnier.' Ce comité a pour but d'éta-
blir à Lyon, pour le sud-est et le centre de
la France, une Université catholique. La pre-
mière Faculté qui sera fondée sera une Fa-
culté de droit à laquelle on appliquera tout
d'abord les ressources disponibles.
Maçon. 2 septembre. Voici les
noms des candidats qui seront certainement
présentés au Sénat dans Saône-et-Loire
Pour les conservateurs MM. de la Guiche
et Chagot, ancien député au Corps législatif,
propriétaire de Montceau-les-Mines. e
Les républicains porteront MM. Charles
Rolland, député, centre gauche, le général
Guillemaut, membre dela gauche ou M. Boys-
set, avocat député radical, président du «con-
seil général.
ROANNE, 2 sept. La commune
d'Ecoche, canton de Belmont, qui compte
près de 1,800 habitants, a été ensanglantée
dans la nuit de dimanche. Deux gendarmes
ont dû faire feu sur une foule furieuse, achar-
née contre eux. Il y a eu six blessés, dont
deux mortellement.
Le misérable, cause de tant de malheur,
est un cabaretier, nommé Danière, et 1 éter-
nelle raison, la fermeture des cabarets. w
La position des pauvres gendarmes a «te si
critique, même après avoir fait usage de leurs
revolvers, qu'ils durent se barricader dans
un cabaret. Voyant qu'ils allaient faire de
nouvelles victimes, ou même succomber sous
le nombre 250 furieux les assiégeaient -ils
durent s'enfuir par une porte de derrière.
Le brigadier Lainé était grièvement blessé
à la cuisse; le gendarme Boroni, atteint à
l'œil gauche, perdait beaucoup de sang.
Six des émeutiers ont été arrëtés. Les six
blessés ont été laissés chez eux.
Périgueux, 2 septembre.- Cette nuit,
vers une heure du matin, un violent incendie
a dévoré les écuries de l'hôtel de l'Univers.
On a pu sauver à temps les chevaux le feu
circonscrit dans les bâtiments incendiés n'a a
pas atteint l'hôtel.
» Ce matin, revue des troupes de la
garnison par le général de division Dargent
et le général de brigade Delplanque. Le gé-
néral Dargent à profité de cette occasion pour
remettre la croix d'officier dela Légion d hon-
neur au commandant du génie Pelletier, en
résidence à Périgueux. Un brigadier de gen-
darmerie a reçu de ses mains la croix de che-
valier un autre, la médaille militaire.
Demain arrivée d'un millier de réservistes
pour être versés daiis les dépôts des 50° et 63e
de ligne.
Besançon, 2 septembre.-Il y a quel-
ques jours, M.' Veil-Picard, banquier à Be-
sançon était nommé chevalier de la Légion
d'honneur. La croix lui a été remise hier, par
le président Jobard, officier de l'ordre, délé-
gué par le grand chancelier.
Tout le monde, dans la ville et le départe-
ment, a applaudi à cette nomination. Les tra-
ditions de générosité princière de la famille
Veil-Pioard sont connues. Le nouveau lé-
gionnaire et son père ont couvert la ville
d'institutions utiles, et leurs dons ne se comp-
tent plus.. •
M. Veil-Picard est conseiller municipal,
et commandant du bataillon de sapeurs-
pompiers de Besançon.
MARSEILLE, 3 septembre, 6 h. 20 soir.
Une rencontre vient d'avoir lieu entre deux
avocats, M. Padoa, ancien substitut à Mar-
seille au 4 Septembre, israélite, et M. Legré,
légitimiste. Après une plaidoirie l'un contre
l'autre, ils avaient échangé des soufflets en
plein tribunal de commerce.
Le duel a eu lieu à l'épée. M. Legré a été
légèrement touché au bras.
-–̃̃̃. BOULOGNE-SUR-MER, 3 sept. soir.
Un jeune employé de la gare dé Douai, M.
Delcroix, âgé de vingt-neuf ans, s'est noyé à
Si un homme de votre valeur et de
votre savoir était à la Chambre, lui dit
le maître de forges, la cause de l'indus-
trie nationale aurait fait un grand
pas.
Mes amis m'y poussent, dit mo-
destement le banquier, et les études que
j'ai faites m'y appellent. Mais je ne puis
y songer en ce moment.
M. de Lorris pensa que Robert Dachet
faisait allusion au chagrin que lui cau-
sait la mort de sa femme. Par délica-
tesse, il changea de conversation.
On revint à cinq heures à Saint-Amand.
Vous retournez à Paris? demanda
M. de Lorris.
Robert Dachet ne voulait pas laisser
supposer qu'il était venu à Saint-Amand
tout exprès pour visiter les forges de
M. de Lorris,.ce qui eût paru improbable
à celui-ci.
Non, monsieur le baron, répondit-
il, je vais à Bordeaux.
Eh bien, monsieur, le train de Bor-
deaux ne passe ici qu'à minuit. Me per-
mettrez-vous d'espérer que mon dmer
vous paraîtra préférable à celui d'une
table d'hôtel ?
Vous me mettez dans l'impossibi-
lité de refuser, M. le baron, dit en sou-
riant Robert Dachet, cela n'est pas géné-
reux.
C'est mon intention, répliqua le ba-
ron.
-Vous m'accorderez bien une demi-
heure pour changer de costume?
Prenez trois quarts d'heure, mais
pas une minute de plus nous dînons
comme les gens de province, à six heures
précises.. 4.
J'aurai soin de ne pas vous faire at-
tendre, M. le baron.
Il va sans dire que Robert Dachet fut
exact au rendez-vous.
Cette fois le banquier avait mis à sa
boutonnière les deux ou trois ordres
étrangers qu'il possédait, ce qui ne fait
pas mal sur un habit noir et ne depuv,i
jamais à 'âne jeune fille. r
I& conversation fut plus intime que
le matin. Elle prit un tour mondain qui
quelques mètres de la jetée, sans qu'on ait pu
loi porter secours d'une manière efficace.
Cet infortuné jeune homme qui était venu
passer deux jours seulement à Boulogne, a
commis l'imprudence de se mettre à l'eau en
sortant de table. La »0rt » été foudroyante.
«w~«~« Londres, 3 sept. Le capitaine
Webb, après avoir passé quelque temps aanp
sa famille, est de retour à Londres. Une sous-
cription de 1.000 livres sterling a été recueil-
lie en sa faveur dans les bureaux du Lan»
and Water. Le duc âeSutherland est au nom-
bre des souscripteurs d'une autre liste, ou-
verte dans le même but. Avant-hier, dans le
cours de ses visites au Lloyd, au Royal Ex-
change, au Stock Exchange, etc., Webb a failli
être victime de l'empressement de ses admi-
rateurs. Il a dû s'échapper dans un cab. Hier
soir, même enthousiasme à la promenade Co-
vent-Gardens.
Une jeune fille de quatorze ans, miss Agnès
Beckenwith a parcouru, avant-hier, à la nage,
de London-Bridge à Greenwich, une distance
de cinq milles (près de huit kilomètres) en
«ne heure neuf minutes.
En 1846, un Viennois nommé Bohnmeisst,
est allé à la nage de Vienne à Presbourg en
sept heures, la distance par le Danube étant
d'environ 40 milles anglais.
Auguste Marcade.
PARIS AU JOUR LE JOUR
Le conseil des ministres s'est réuni
hier. Il s'est surtout occupé de l'article
du Pays, qui a été l'objet d'une interpel-
lation dans la Commission de perma-
nence.
L'affaire aurait été remise aux mains
du ministre de la justice et serait sans
doute l'objet d'une instruction judi-
ciaire. Cette décision serait un symp-
tôme heureux; bien qu'on attende en
vain, depuis plusieurs années, la nou-
velle loi sur la presse, toujours annon-
cée et toujours remise, la législation
actuelle offre à l'administration des
moyens suffisants de poursuivre légale-
ment, s'il y a lieu, les délits commis par
la voie de la presse. Cela vaudrait mieux
que la suspension ou que la suppression
de la vente sur la voie publique.
Tous les journaux s'occupent de la
.séance de la commission de permanence
et de l'incident relatif à M. le préfet du
Rhône. Les conservateurs. préoccupés
du désir tout naturel de couvrir M. Du-
cros, approuvent M. Buffet d'avoir sou-
tenu cet honorable défenseur de l'ordre
et laissent volontairement de côté ses
relations avec le sieur Bouvier. C'est as-
sez prudent, car le compte rendu de la
séance dont nous avons le texte complet
sous les yeux, reproduit, d'après la plai-
doirie, un certain nombre de faits assez
graves, celui-ci par exemple
On a envoyé M. Gallet, commissaire spécial
près la préfecture du Rhône, avec des agents,
y compris Coco, faire une perquisition chez
la mère de Bouvier, où l'on devait et où l'on
savait ne rien trouver. Cependant on a trouvé
la lettre qui était prétendue adressée à Gam-
betta. Coco avait cette lettre dans sa poche,
et alors M. Gallet, un honnête homme, n'a a
point voulu signer ce procès-verbal de per-
quisition. On a fait une fausse perquisition
pour arriver à une fausse saisie.
L'agent Coco quel nom de comé-
die tout est malencontreux dans cette
affaire! a nié ce détail, mais la déné-
gation ne s'est pas produite à l'audience.
J'ai entre les mains, a dit encore M. Le-
père des renseignements qui sont de noto-
riété publique à Lyon et des déclarations
que, connaissant l'honorabilité de l'homme
qui les fait, je puis apporter ici en toute con-
fiance. Bouvier a écrit de la prison au secré-
taire général de la préfecture du Rhône
«J'ai choisi M° Ménard pour avocat. Ce
choix vous convient-il? »
Le lendemain, Bouvier écrivait a M0 flie-
nard
« Je suis désolé; mon choix n'est pas ap-
prouvé. La préfecture m'impose Me Lançon.
Je dois obéir à mes chefs. » nr
Le 16 août, le secrétaire général écrit à Me
Lançon et le prie de se présenter à son cabi-
net pour se concerter avec l'administration
sur les moyens de défense. Le préfet a payé
les honoraires de Me Laȍon.
Enfin, au cours du procès, trois témoins
ont prétendu que l'agent Bouvier a été
ramené d'Italie par des employés de la
préfecture, ce à quoi M. Buffet a repondu
par les dénégations les plus formelles.
La note suivante a été communi-
quée à plusieurs journaux
Le journal Y Univers a publié dans son nu-
méro du 1er septembre, un article sur la pré-
tendue fortune des princes d'Orléans.
Cet article a été reproduit avec empresse-
ment par les journaux bonapartistes.
Nous nous bornons, quant à présent, à
donner le plus formel démenti aux assertions
qu'il renferme.
rappelait beaucoup les salons de Paris
dont Mlle Emilienne était très-engouée.
Robert Dachet fut très-réservé, comme il
convenait à sa situation de jeune veut;
mais Mlle de Lorris sut parfaitement de-
viner, malgré cette réserve, des rela-
tions nombreuses dans le monde des
plaisirs parisiens.
A dix heures, Dachet, sous prétexte
de départ, se retira.
Il prit congé d'une manière fort ga-
lante de Mlle Emilienne, remercia M. le
baron de sa bienveillante hospitalité en-
vers un inconnu, et émit l'espoir que
M, de Lorris voudrait bien, à son pre-
mier voyage à Paris, lui faire l'honneur
de venir le voir à son hôtel de la rue de
Provence.
Le baron le lui promit.
Robert Dachet sortit enchanté de chez
M. de Lorris; il avait donc trouvé ce
qu'il cherchait: une famille de noblesse
très justement considérée, et qui devait
déverser sur lui, s'il parvenait à son
but, une partie de la considération dont
elle jouissait.
Mlle Emilienne n'était pas une beauté
dans l'acception vraiment complète de
ce mot; mais elle avait fort grand air,
de l'esprit, de l'élégance, de la distinc-
tion et ces façons charmantes qui sont
habituellement l'apanage des filles de
race.
Restait de la part du banquier à ma-
nœuvrer assez habilement pour que la
demande qu'il se proposait d'adresser
à M. de Lorris fût acceptée par lui et par
sa fille.
Robert Dachet se promit d'y réfléchir
en route.
11 revint à l'hôtel, et à onze heures et
demie se fit conduire à la gare.
Notre personnage possédait toutes les
roueries il n'ignorait pas que tout se
sait en province, même les choses les
plus futiles; et pour ne pas être pris, en
cas d'indiscrétion, en flagrant délit, de
mensonge, il envoya le garçon de l'hôtel
chercher un billet de première classe
pour le train se dirigeant versBordeaux.
Puis, lorsqu'il fut seul, il demanda au
Après les réfutations multipliées qui ont J },
démontré la fausseté des assertions de ce q
genre, après la restitution prpnoncee par 1 As-
semblée nationale de ce qui restait encore e
aux mains de l'Etat des biens confisqués par #
l'Empire, on n'imagine pas dans quel but j<
elles son aujourd'hui reproduites, si ce n est v
afin de répandre dans fopinion publique
l'erreur et le mensonge.
Le Courrier de l'Aisne a fait une dé- J
couverte assez intéressante. M. Léo Cons- a
tant, rédacteur en chef duPetit Girondin,
organe du radicalisme le plus avance, n
confident de M. Louis Blanc et de toute d
la secte intransigeante, a jadis sous son n
vrai nom, qui est Gilbert Stenger, rédigé e
en chef le Journal de V Aisne, organe offl- j
cieux du gouvernement impérial. s
Nous sommes partisans determinés de g
la liberté de changer d'opinion. Nous r
croyons qu'il manque précisément à id i
France des hommes ayant le courage c
d'afficher leur indépendance politique à a
l'égard du passé, mais il est difficile de c
ne pas se rappeler que le directeur du J
Corsaire, après avoir longtemps aussi
représenté l'extrême radicalisme, au
point de côtoyer le communardisme, a
fini par se déclarer partisan de la « de- (
mocratia impériale. » .< £ E
Une correspondance adressée de ]
Madrid à la République française laisse 1
entendre que dans l'entourage du jeune (
roi, on redoute vaguement une entre- ]
prise du vainqueur de la Seu d'Urgel, le (
général Martinez Campos, au profit
d'idées moins libérales que celles que
représente le cabinet de M. Canova del
Castillo. Le général représente ce qu'on
appelle le parti des modérés. On sait
qu'il y a encore plus de partis en Espa- (
gne qu'en France.
Le roi Alphonse a manifesté une joie très
vive à la nouvelle du succès de ses troupes.
Il désire aller bientôt prendre le commanae-
ment honoraire de l'armée du Nord et prési- ]
der aux opérations qui vont avoir lieu et dont
la chute d'Estella sera le résultat probable.
Ce jeune prince a le sentiment très exact de
l'abaissement de son pays, et il ne le dissi-
mule pas assez au point de vue de son inte- j
rêt personnel. Il a gardé de son séjour en Au-
triche et en Angleterre des idées fort nettes
sur la civilisation moderne, et les comparai-
sons incessantes qu'il est amené à faire lui
arrachent des t cris du cœur » dont l'amour-
propre de ses sujets aurait cruellement à
souffrir s'ils venaient à être divulgués. La
princesse des Asturies, plus maîtresse d'elle-
même, mais non moins clairvoyante, a com-
pris aussi toutes les difficultés que présentait
l'affermissement de la restauration.
C'est une femme intelligente et avisée, dont
l'esprit a malheureusement été faussé par une
éducation bigote. A la cour de Madrid, elle
personnifie la revendication patiente mais
implacable des « droits » de la famille de
Bourbon sur le peuple espagnol. A ses yeux,
le régime actuel, la politique douceâtre de
M. Canovas et de ses amis ne constituent
qu'une transition. Le définitif, c'est-à-dire le
rétablissement du régime tombé à Alcolea, ne
saurait beaucoup tarder. Autour de cette
princesse hautaine et résolue gravitent ceux
des anciens serviteurs de la famille qui se
considèrent comme insuffisamment indemni-
sés par la restauration de leur fidélité pendant
l'exil, et qui attendent avec impatience 1 heure
de la réparation.
¥% L'Herzégovine, dont on s'occupe
tant en ce moment, a, sinon précisément
nne littérature, mais des chants et des
saynètes populaires, qui se rapprochent
des farces italiennes. M. Philibert Au-
debrand, dans l'Illustration en donne
quelques spécimens d'après un voya-
geur
Ils ont, par exemple, un type de voleur,
non, de grand philosophe, nommé Kouskoro-
vicht c'est un garçon prévoyant, qui sait
mettre la main sur une chose avant que son
propriétaire l'ait perdue. Quand il est forcé
de voyagèr, c'est-à-dire de fuir, il console les
poules veuves, il adopte les poulets mineurs,
il prend soin des canards orphelins. Il déli-
vre aussi les bourses et les montres captives.
Ils ont un autre farceur Nikitarish. Celui-
là n'a pas mal de ressemblance avec le Mez-
zetin des Napolitains. Ah c'est aussi un bon
apôtre à écouter
Nikitarish. Mademoiselle j'ai vécu six
ans avec ma première femme sans avoir le
moindre petit démêlé.
Mlle Zinka. Cela est assez extraordinaire.
Nikitabish. Une fois seulement, après
avoir pris du tabac, je voulais éternuer. Elle
me fit manquer mon coup. De dépit, je pris
un chandelier et je le lui cassai sur la tête.
Elle mourut un quart d'heure après.
Mlle ZINKA. Ah 1 ciel, est-ce possible
Nikitarish. Voilà le seul différend que
nous ayons eu ensemble ça ne dura pas
longtemps, comme vous voyez. Quand une
femme doit mourir, il vaut mieux que ce soit
de la main de son mari que de celle de son
médecin, qu'il faut payer cher et qui vous la
traînera six mois ou un an. Moi, je n'aime pas
à voir languir le monde.
Le gentil garçon! les aimables gens l
+% Cham nous présente un autre phi-
guichet un billet pour le train de Paris,
qui arrivait en gare cinq minutes après
celui de Bordeaux.
Le même jour, à six heures du matin,
il arrivait à Paris.
Toutes les méditations auxquelles s'é-
tait livré Dachet pour devenir le mari
de Mlle de Lorris, ne lui avaient pas
fourni de moyen plus prompt, plus effi-
cace et plus naturel que celui d'une let-
tre adressée au baron.
Il laissa passer quatre jours; le cin.
quième, il écrivit à M. de Lorris.
Sa lettre était un pur chef-d'œuvre,
digne d'un diplomate chevronné.
Il commençait par remercier de nou-
veau le maître de forges de l'hospitalité
si gracieuse qu'il avait trouvée chez lui
se félicitait de l'heureuse inspiration qui
l'avait déterminé à s'arrêter à Saint-
Amand, où ce qu'il avait vu, ce qu'il
avait appris d'un homme aussi compé-
tent, aussi instruit que l'était M. de Lor-
ris, avait complété son éducation en
matière d'industrie. Passant à un autre
ordre d'idées, il arrivait, par une transi-
tion habile, à Mlle de Lorris, qu'il com-
blait de compliments et d'hommages.
« S'il était permis à un simple financier,
disait-il, d'aspirer à l'honneur de votre
alliance, si j'oubliais le deuil si récent
qui a meurtri mon cœur, l'excuse de mon
audace et de l'oubli du passé se trouve-
raient dans lecharme, l'esprit, la beauté,
la grâce et toutes les qualités que laisse
apercevoir Mlle de Lorris. Mon mérite
n'est point à la hauteur de mon désir,
je le sais, mais c'est le propre des hom-
mes atteints de grandes et nobles am-
bitions que de regarder le ciel et non la
terre. n
Enfin, comme péroraison, il parlait
très adroitement de son immense for-
tune, et, sans trop s'y arrêter, en fixait
le chiffre à plus" de dix millions.
M. le baron de Lorris était un très ga-
lant homme, d'un esprit juste et droit,
point imbu des préjugés de l'ancienne
noblesse, quant aux unions plébéïennes.
Sa condition d'industriel et le grand cas
qu'il faisait des hoaimes de valeur,
osopne celui-là est chasseur. Un ami
[ui court le gibier avec lui tombe fra>
lassé par l'explosion de son fusil
Chaque fois que je prêtais ce fusil-là,
e craignais que cela n'arrive Maintenant me
roilà tranquille 1
+\ Réflexions très justes du chroni-
[ueur parisien peut-être est-ce une
ihroniqueuse ? d'une nouvelle revue
mglaise: The European Rewiew.
Tout n'est pas rose dans le métier de chro
iiqueuse. Je reçois à l'instant une lettre d'une
le vos compatriotes; on me reproche d'o-
nettre des choses de la dernière importance,
st surtout de n'avoir pas parlé du chapeau
lui fait fureur en ce moment à Trouville. Je
mis d'autant plus coupable que je connais»
;ais à merveille l'existence du susdit chapeau.
3i je suis restée muette, c'est uniquement de
na part indifférence et dédain j'ai cru, je
'avoue, que cette coiffure, née du caprice de
juelque princesse excentrique ou de quelque
iméricaine en rupture de ménage vivrait ce
jue vivent ces petites mouches qu'on appelle
les éphémères l'espace de vingt quatre
lieures. Imaginez vous un tyrolien très
pointu, une espèce de feutre mou, dans le
genre de ceux dont M. Victor Hugo couvre^
aux enterrements civils, sa tête vénérable, ou
que l'ex-proconsul Gambetta affectionne dans-
ses tournées populaires du Midi. Sous cette
coiffure, une madone prendrait la physiono-
mie d'une échappée du quartier latin ou dit,
pourtour de l'Alhambra. Soyez bizarres, mes«
dames, autant que vous voudrez ayez, pour
chaque jour, cinq toilettes différentes jeteZi
l'argent par la fenêtre, si vous le pouvez et
si vos maria vous le permettent (il y en a
auxquels cola fait plaisir c'est une variété
particulière qui se rencontre à Trouville); >
mais, de grâce, restez grandes dames et élé-
gantes de bon goût n'adoptez pas les modes
du faubourg; c'est bien assez que quelques
imbéciles empruntent aux démocrates leurs
opinions, sans que vous leur empruntiez en-
core leurs chapeaux.
Un mot amusant cité par le Sport:
Il n'est pas toujours prudent de développer
le raisonnement de trop bonne heure chez lea
enfants. Mangez votre pain, Charles, ne le
gaspillez pas, ne le jetez pas surtout: on ne
sait pas ce que les vicissitudes de la vie nous
réservent, et si un jour ce pain que vous jetez
ne vous fera pas défaut. Mais, monsieur,
répondit l'enfant, si je mange ce pain, corn*
ment voulez-vous que je le retrouve le jour
où j'en aurais besoin ? P f. M.
BOITE AUX LETTRES
3 septembre 1875.
Mon cher Monsieur de l'Orchestre,
Vous avez consacré votre Soirée thedtrale
d'hier à la réouverture de l'Odéon l'article
est, hélas! un peu prématuré, mais comme il
est aussi bienveillant dans le fond que dans la
forme, j'aurais mauvaise grâce à m'en fâcher,
et je ne puis que vous remercier.
Vous êtes, d'ailleurs, bien informé, et les
détails que vous donnez sont généralement
ixacts toutefois je vous demanderai la per-
nission de faire quelques rectifications que je
;rois indispensables, dans l'intérêt de la vé-
̃ité les bustes, portraits, peintures decorati-
res, etc., dont vous donnez la nomenclature,
le sont pas, comme vous le dites, ma pro-
priété, c'est au théâtre de l'Odéon, et non à
moi personnellement, que les artistes dont
vous avez cité les noms ont bien voulu offrir
gratuitement leurs œuvres je n'ai fait que
solliciter leur bon vouloir, provoquer leur
zèle.
J'ai fait comme les curés de campagne, qui
quêtent pour leur église j'ai frappé à chaque
porte, et, je dois le dire, toutes les portes se
sont généreusement ouvertes. Mon seul mé-«
rite, si mérite il y a, a consisté à réunir tous
les documents necessaires, à fournir aux ar.
tistes les éléments dont ils avaient besoin,
pour reconstruire les grandes figures que
leurs pinceaux ou leurs ébauchoirs avaient en-
trepris de faire renaître au profit du Second-
Théâtre-Français.
Il y a quatorze grands bustes originaux, en
terre cuite, mes moyens ne m'ont pas per.
mis d'aller jusqu'au marbre: dix grands
portraits à mi-corps, -quatre petits portraits
en pied, dix panneaux décoratifs.
Quelle est la valeur de cette collection ? elle
doit être grande, si l'on se reporte aux signa-
tures pour moi, elle est inappréciable,
puisqu'au mérite des artistes vient se joindre
le souvenir de l'accueil que j'ai reçu de cha-
cun d'eux.
Quant à notre bibliothèque, bien qu'elle'ne
soit pas destinée au public, elle n'est pas aussi
inutSe que vous voulez bien le dire; elle se
compose de tous les ouvrages spéciaux rela-
tifs a l'art dramatique que j'ai pu réunir, et
comprend, entre autres, toutes les maquettes
des décors, dessins de costumes et mises en
scène des pièces représentées depuis plusieurs
années. Enfin je me suis efforcé de recons-
tituer les archives de l'Odéon, en réunissant
tous les documents épars relatifs à ce théâtre,
et dont le manque nous était préjudiciable.
J'ai profité des loisirs forcés que me faisait
la reconstruction de l'Odéon pour faire mes
recherches. et je crois n'avoir pas trop perdu
mon temps, car j'ai déjà un effectif respecta-
ble de 1,200 volumes environ et pièces à con.
sulter.
Bien cordialement à vous,
J. H. Duquesnel.
quelle que fût leur naissance d'ail-
leurs, contribuaient encore à ne pas le
rendre rebelle à l'union de sa fille avec
Robert Dachet, un des princes de la
finance, parisienne.
Il lut la lettre du banquier, et comme
il avait une grande confiance dans l'in-
telligence de sa fille, il la lui communi-
qua immédiatement.
Mlle Emilienne de Lorris était ce que
l'on nomme une. forte tête, c'est-à-dire
qu'elle ne nourrissait point son cerveau
de romans qu'elle savait très bien
qu'un parti de dix millions de for-
tune n'est point chose commune, et que,
lorsque ce parti se présente sous la forme
d'un homme jeune, beau cavalier et envie
de tous, il n'y a pas lieu de le repousser.
Elle' dit à M. de Lorris en lui rendant
la missive de Robert Dachet
Mon père, répondez à M. Dachet que
vous causerez avec lui l'hiver prochain 1
à Paris, de ce qui fait l'objet de sa lettre.
Tu n'es point opposée à ce mariage?
Du tout
Monsieur Robert Dachet te plaît?
Suffisamment.
^Très bien! I
Et M. le baron de Lorris écrivit au
banquier la réponse que lui avait dictée
sa fille.
Robert prit cette réponse pour un ac-
quiescement.
Mais l'hiver était encore bien éloigne.
Il sollicita et obtint de M. de Lorris Pauf
torisation d'aller passer quelques heure?
à Saint-Amand.
On lui accorda deux jours.
A ce voyage, il fut reçu en ami; et,
sans qu'il y eût entre lui et ses hôtes la
moindre allusion à la demande qu'il
avait formulée, il prit le rôle très doux
d'un homme désireux de plaire et qm,
est à peu près certain d'atteindre ce,
but.
Comme on le voit, les P,40s% m r,·
cjwieçt ûonc au gré de Robert DachJJfr
Armand Upointi^
y;o suite i deminA.
en second l'Ecole polytechnique», puis
dirigea les fortifications d'Qran. En 1855,
il fut nommé général de brigade; en
1858, général de division, et après la
campagne d'Italie, à laquelle il prit une
part glorieuse, aide-de-camp de l'empe-
reur qui, en 1867, luicpnfia l'éducation
du prince impérial. Le général y con-
sentit, mais sans accepter d'autres ap-
pointements que sa solde.
L'Empereur, malgré l'extrême simpli-
cité du général, et bien qu'il connût son
peu de fortune, avait voulu qu'il con-
duisît Mlle Frossard aux Tuileries. L'Im-
pératrice fut frappée de la distinction de
la jeune fille, et émerveillée de ses
connaissances. Elle lui demanda qui
avait dirigé son éducation.
C'est mon père, répondit simple-
ment Mlle Frossard.
C'est à la suite de ce petit entretien
que le général fut nommé gouverneur
du prince. Il lui fit faire, en Normandie
et en Bretagne, un intéressant voyage,
dans lequel, préludant à son éducation
militaire, le prince, encore tout enfant,
put se faire une idée de notre marine et
de nos arsenaux. L'empereur voulut en-
suite que son fils eût de l'armée de terre
un aperçu aussi complet, et nomma le
général commandant du camp de Châ-
Ions. C'est là qu'il était en 1870, quand
la guerre fut déclarée.
Le camp fut levé aussitôt, et les trou-
pes qui s'y trouvaient fournirent le
2e corps de l'armé» du Rhin. Le 2 2 août,
le général Frossard s'empara de vive
force des hauteurs qui commandent Sar-
rebruck. Le prince impérial ayant assisté
à l'action, des nouvellistes trop zélés
firent de ce combat une grande victoire.
Le général en fut très contrarié
Si la chance des armes nous deve-
nait contraire, disait-il, quel ridicule
ces exagérations ne jetteront-elles pas
sur nous!
Attaqué le 6 août au matin dans ses
positions de Forbach et de Spickeren,
par un ennemi quatre fois supérieur en
nombre, le 2° corps combattit avec une
rare énergie pendant quatorze heures.
Il y eut des alternatives de succès et de
défaite. A la nuit, le général Frossard,
débordé de tous côtés, ne recevant pas
les secours qu'il demandait avec insis-
tance, et ayant déjà eu près de six mille
hommes hors de combat, opéra une
retraite remarquable, ne laissant à l'en-
nemi, ni un drapeau, ni un caisson, ni
un prisonnier.
Le 16 août, à Gravelotte, le 2e corps
avait l'honneur ,de recevoir le premier
choc de l'ennemi. Bientôt soutenu par
des renforts considérables, il tint bon
toute la journée, au succès de laquelle
d'après les historiens militaires sérieux,
Français ou Allemands,– il eut la plus
grande part. Le général Frossard eut
deux chevaux tués sous lui dans cette
bataille.
-"1 i 1_-
Il n'en fut pas moins, pendant plu-
sieurs années, l'un des hommes les plus
attaqués de l'armée. C'est seulement au
cours du procès Bazaine que l'on put
reconnaîtra que le général Frossard,
non-seulement avait toujours fait son
devoir, mais qu'il s'était brillamment
conduit. Le général était trop fier dans
sa modestie, trop dédaigneux de popu-
larité malsaine pour chercher à se dé-
tendre. Il publia seulement, par ordre
du ministre de la guerre, et pour l'hon-
neur des soldats qu'il commandait, les
rapports officiels sur ses opérations,
mais sans y ajouter une ligne de consi-
dérations politiques ou militaires.
Le géneral Frossard retourna, après
la guerre, au comité des fortifications
dont il fut nommé président. A la mort
de Napoléon III, il adressa une lettre de
condoléance à l'Impératrice et au prince
Impérial, mais il ne prit part à aucune
manifestation. Il n'eut pas beaucoup
d'amitiés, mais il ne lui a manqué au-
cune estime. C'était l'homme du devoir
«bsolu. u
Alfred d'Aunay.
i
LA POUPONNIÈRE
La presse s'est vivement occupée, dans
ces derniers temps, de la rapide dépopu-
lation de notre pays par la mortalité
croissante des nouveau-nés, et le Figaro
a cité un établissement dont la fonda-
tion est patronnée par l'élite de nos mé-
decins, et par un grand nombre de per-
sonnes qui se préoccupent de notre avenir
national.
Il faut bien se pénétrer que l'allaite-
̃ ment par la nourrice sur lieu ou chez
elle, n'amène point une diminution,
mais un simple déplacement dans la
mortalité.
feuilleton du FIGARO du h Septembre 187S
LA
CHASSE AUX FANTOMES
DEUXIÈME PARTIE
VI
Suite.
Robert Dachet partit immédiatement
pour Saint-Amand et s'en alla frapper
tout droit chez M. de Lorris. Un finan-
cier est toujours bien reçu partout.
Monsieur le baron, dit-il à M. de
Lorris, j'ai le plus grand désir de voir
,*ps forges, dont on dit merveille Uans
fe pays, vous plairaiMl de me permettre
deles visiter.' r
Et je serai votre cicerone, mon-
sieur, si ma compagnie ne vous déplaît
point.
Vous me comblez, monsieur le ba-
ï0– Mais, en attendant, comme l'heure
do déjeuner est arrivée, vous voudrez
bien, monsieur, j'espère, me faire 1 hon-
neur de prendre place à ma table.
Oh! monsieur le baron, ce serait de
l'indiscrétion..
Pas du tout, monsieur. Nous som-
mes ici à îa campagne, et les façons cé-
rémonieuses de Paris n'y ont point
cours. Acceptez, je vous prie.
Eh bien, monsieur le baron, 3 ac-
'^fifde. XiDHte sonna son domestique.
1 PhWenez ma fille, lui dit -il que
nous avorfs.ùn convive, M. Robert Da-
~het, de Paris.
Le nom de Robert Dachet avait fait le
ReproductipautoriBée jpm» les JowngM qui
«ot traité aveo la sQci.ôté £*s Geas 4e kUrss.
En effet, la nourrice qui abandonne
son propre enfant pour en élever un au-
tre sèvre le sien trop tôt et est obligée
de le confier a dos soins mercenaires.
Dans ce cas, son enfant dépérit et
meurt.
Si, au contraire, elle est bonne mère,
c'est le petit étranger, le Parisien, qui
sera négligé et succombera.
Etant donnée l'excellence de l'allaite-
ment artificiel sous la surveillance inces-
sante de médecins expérimentés, nous
oserons dire que, bien que nous consi-
dérions l'allaitement maternel comme
plus naturel et plus moral, il faut te-
nir compte des conditions désastreuses
dans lesquelles la société moderne place e
les mères. Les soucis de la vie, le pain
quotidien chez les pauvres, certains tra-
vaux obligatoires, l'ambition, les plai-
sirs dans, d'autres classes; puis les dé-
ceptions, les rivalités, les querelles dans
le ménage, les maladies ont une in-
fluence sérieuse sur le lait de la mère.
Dans la Pouponnière rien de pareil à
redouter, la vache est impassible; pour
elle, aima parens, la vie est égale comme
la nourriture; ni soucis, ni aigreur.
Un des graves inconvénients de l'al-
laitement artificiel chez les particuliers,
est l'obligation où l'on se trouve de ré-
chauffer le lait, pour le mettre à la tem-
pérature du sein maternel, mais le lait
refroidi est un lait presque mort, on a
beau le faire chauffer, il a subi une crise,
une transformation par lesquelles ne
passe jamais le lait de la mère.
A la Pouponnière, le lait tiré de la
vache ne se refroidira jamais, il est con-
sommé par l'enfant, au moment de la
traite, ou confié à des appareils sem-
blables à ceux connus sous le nom d'ap-
pareils norvégiens, dans lesquels des
aliments cuits à Paris peuvent être
mangés deux mois après leur cuisson au
Pôle nord et à peu près au même degré
de chaleur. Dans la journée, ces appa-
reils débiteront le lait au fur et à mesure
des besoins, sans que la température se
soit abaissée.
La Pouponnière supprime entièrement
la nourrice, trop difficile à surveiller, et
dont les imprudences deviennent quel-
quefois des crimes. Des femmes habi-
tuées aux soins à- donner aux enfants,
auront sous leur garde quatre, six ou
huit nouveau-nés dans des chambres
bien aérées pour l'été, également chauf-
fées pendant l'hiver, tendues de papier
aux teintes douces qui suspendront des
touffes de fleurs et de verdure au-des-
sus de leurs petits berceaux, dont le
choix est laissé au goût des mères rien
enfin qui rappelle l'asile ou la crèche.
Pour parer aux maladies épidémiques
souvent à redouter dans une aggloméra-
tion, le docteur Saint-Clair Monribot,
partant de ce principe, que tout enfant
qui cesse de croître en poids révèle ainsi
le commencement d'un malaise, pèse
tous les deux jours les petits êtres con-
fiés à sa vigilance.
Si le poids reste stationnaire, au bout
de quelques jours, le bébé est mis dans
une chambre particulière éloignée du
bâtiment principal; son état est scrupu-
leusement étudié, d'où il résulte des
soins plus vigilants pour lui et une sécu-
rité plus grande pour les autres.
Il est une appréhension qui envahit
les familles, c'est celle d'une substitu-
tion quand leurs enfants sont envoyés
au dehors. Ici, toute crainte est écartée;
dès son arrivée, outre ses noms et pré-
noms inscrits avec le chiffre de sa
chambre et de son berceau, sur le grand
livre tenu en double des entrées et des
sorties, l'enfant reçoit un petit collier
d'ambre choisi par le directeur et la
famille, et muni d'une médaille, sorte
de serrure microscopique dont la clef
est remise aux parents. Un bulletin sa-
nitaire leur sera envoyé chaque semaine;
il ne mentionnera pas, comme ceux dé-
livrés aux collégiens, un programme
bien varié, le satisfecit se bornera à
constater l'appétit, le caractère et le
poids; il vous dira, chères mères in-
quiètes, le premier pas, le premier mot,
la première dent.
Et lorsque l'envie vous prendra de vi-
siter cet établissement, doué d'une si
admirable salubrité que le célèbre doc-
teur Fleury n'avait pas hésité à le choi-
sir pour y fonder son bel établissement
hydrothérapique, vous pourrez voir vos
poupons, soit dans les prés, soit au
travers des allées embaumées du parc
de Lalande, couchés dans de belles pe-
tites calèches bien comfortables et traî-
nés par des chèvres nourrices, car l'al-
laitement se fera au choix des familles
et sur le conseil des médecins par les
laits de vache, d'ânesse ou de chèvre.
Lorsque ces dernières auront ainsi pro-
mené doucement leurs nourrissons,
tour de l'Europe, grâce à la note pu-
bliée par les journaux de Paris et re-
produite par tous les journaux de la pro-
vince on s'intéressait à lui à cause du
malheur qui l'avait frappé.
Ce nom excita au plus haut point une
curiosité mêlée de sympathie de la part
de Mlle de Lorris. Elle fut prête en quel-
ques instants et bientôt le domestique
vint annoncer que M. le baron était
servi.
C'est un grand mérite pour un homme
lorsqu'il s'agit d'une première entre-
vue de n'être pas le premier venu,
M. Chose ou M. Machin, qui sera oublie
cinq minutes après son départ. S'il est
un peu plus observé que le commun des
mortels, il a cet avantage immense que
tous ses mots portent et que son esprit
s'il en a est remarqué. Il fait date,
il laisse un souvenir. Et quand cette
date, ce souvenir se grave dans la pen-
sée d'une femme, c'est toujours une
impression dont un homme ambitieux
sait tirer parti.
C'est ce qui arriva pour Robert Da-
chet durant ce déjeuner.
Mlle Emilienne de Lorris le trouva
distingué, spirituel, et surtout intéres-
sant.
Etre intéressant aux yeux d'une jeune
fille lorsqu'on a des visées sur elle, n'est
pas chose sans valeur.
Après le déjeuner, M. de Lorris et Ro-
bert Dachet partirent pour les forges.
La visite fut longue et minutieuse;
elle se prolongea encore des louanges
que le banquier prodigua avec beau-
coup d'à-propos à M. de Lorris, et d'une
conversation dans laquelle Robert Da-
chet fit montre de son savoir sur l'in-
dustrie française et particulièrement
celle des fers sur l'avenir de cette in-
dustrie dans le Berry, sur les droits de
douane, d'importation et d'exportation
et •Q'irV'appÙi que le gouvernement fran-
1 çais devait à l'industrie nationale,
questionqu'il avait étudiée la veille.
M. de Lorris était un protectionniste.
Robert Daciet trouvait donc un auditeur
attentif et plus que bienveillant.
elles prendront un instant de repos que
les petits désœuvrés s'eriïipresseront
d'utiliser en empoicnantvigourëusement
leurs mamelles vivifiantes; c'est un de
ces tableaux que l'on viendrait voir par
partie de plaisir, le château de Lalaade
n'étant éloigné de Paris que de qua-
rante-cinq minutes. `
Il y a là une affaire sérieuse et huma-
nitaire, chacun voudra contribuer à cette
fondation; nous avons une conviction,
c'est qu'il ne tardera pas à s'élever sur
tous les points de la France, principale-
ment aux abords des grands centres, des
établissements pareils qui contribueront,
avec la Pouponnière modèle de La-
lande, à rassurer les familles et à arrêter
les progrès d'un mal qui doit mener fa-
talement à l'affaiblissement de notre
pays.
pays t~, -p&g%~n~ve.&o~
 ,n
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
• Lyon, t septembre. On «omité de
l'enseignement supérieur catholique vient
de se former dans notre ville, sous la prési-
dence de Mgr l'évéque de Cydonie, auxiliaire
de l'archevêque de Lyon. Le bureau est ainsi
composé
Président TVIgr TMbaudier, évêque de Cy-
donie Vice-présidents M. Lucien Brun,
avocat, député à l'Assemblée nationale M. le
baron Chaurand, avocat, député à l'Assem-
blée nationale; M. de la Perrière, avocat, an-
cien bâtonnier.' Ce comité a pour but d'éta-
blir à Lyon, pour le sud-est et le centre de
la France, une Université catholique. La pre-
mière Faculté qui sera fondée sera une Fa-
culté de droit à laquelle on appliquera tout
d'abord les ressources disponibles.
Maçon. 2 septembre. Voici les
noms des candidats qui seront certainement
présentés au Sénat dans Saône-et-Loire
Pour les conservateurs MM. de la Guiche
et Chagot, ancien député au Corps législatif,
propriétaire de Montceau-les-Mines. e
Les républicains porteront MM. Charles
Rolland, député, centre gauche, le général
Guillemaut, membre dela gauche ou M. Boys-
set, avocat député radical, président du «con-
seil général.
ROANNE, 2 sept. La commune
d'Ecoche, canton de Belmont, qui compte
près de 1,800 habitants, a été ensanglantée
dans la nuit de dimanche. Deux gendarmes
ont dû faire feu sur une foule furieuse, achar-
née contre eux. Il y a eu six blessés, dont
deux mortellement.
Le misérable, cause de tant de malheur,
est un cabaretier, nommé Danière, et 1 éter-
nelle raison, la fermeture des cabarets. w
La position des pauvres gendarmes a «te si
critique, même après avoir fait usage de leurs
revolvers, qu'ils durent se barricader dans
un cabaret. Voyant qu'ils allaient faire de
nouvelles victimes, ou même succomber sous
le nombre 250 furieux les assiégeaient -ils
durent s'enfuir par une porte de derrière.
Le brigadier Lainé était grièvement blessé
à la cuisse; le gendarme Boroni, atteint à
l'œil gauche, perdait beaucoup de sang.
Six des émeutiers ont été arrëtés. Les six
blessés ont été laissés chez eux.
Périgueux, 2 septembre.- Cette nuit,
vers une heure du matin, un violent incendie
a dévoré les écuries de l'hôtel de l'Univers.
On a pu sauver à temps les chevaux le feu
circonscrit dans les bâtiments incendiés n'a a
pas atteint l'hôtel.
» Ce matin, revue des troupes de la
garnison par le général de division Dargent
et le général de brigade Delplanque. Le gé-
néral Dargent à profité de cette occasion pour
remettre la croix d'officier dela Légion d hon-
neur au commandant du génie Pelletier, en
résidence à Périgueux. Un brigadier de gen-
darmerie a reçu de ses mains la croix de che-
valier un autre, la médaille militaire.
Demain arrivée d'un millier de réservistes
pour être versés daiis les dépôts des 50° et 63e
de ligne.
Besançon, 2 septembre.-Il y a quel-
ques jours, M.' Veil-Picard, banquier à Be-
sançon était nommé chevalier de la Légion
d'honneur. La croix lui a été remise hier, par
le président Jobard, officier de l'ordre, délé-
gué par le grand chancelier.
Tout le monde, dans la ville et le départe-
ment, a applaudi à cette nomination. Les tra-
ditions de générosité princière de la famille
Veil-Pioard sont connues. Le nouveau lé-
gionnaire et son père ont couvert la ville
d'institutions utiles, et leurs dons ne se comp-
tent plus.. •
M. Veil-Picard est conseiller municipal,
et commandant du bataillon de sapeurs-
pompiers de Besançon.
MARSEILLE, 3 septembre, 6 h. 20 soir.
Une rencontre vient d'avoir lieu entre deux
avocats, M. Padoa, ancien substitut à Mar-
seille au 4 Septembre, israélite, et M. Legré,
légitimiste. Après une plaidoirie l'un contre
l'autre, ils avaient échangé des soufflets en
plein tribunal de commerce.
Le duel a eu lieu à l'épée. M. Legré a été
légèrement touché au bras.
-–̃̃̃. BOULOGNE-SUR-MER, 3 sept. soir.
Un jeune employé de la gare dé Douai, M.
Delcroix, âgé de vingt-neuf ans, s'est noyé à
Si un homme de votre valeur et de
votre savoir était à la Chambre, lui dit
le maître de forges, la cause de l'indus-
trie nationale aurait fait un grand
pas.
Mes amis m'y poussent, dit mo-
destement le banquier, et les études que
j'ai faites m'y appellent. Mais je ne puis
y songer en ce moment.
M. de Lorris pensa que Robert Dachet
faisait allusion au chagrin que lui cau-
sait la mort de sa femme. Par délica-
tesse, il changea de conversation.
On revint à cinq heures à Saint-Amand.
Vous retournez à Paris? demanda
M. de Lorris.
Robert Dachet ne voulait pas laisser
supposer qu'il était venu à Saint-Amand
tout exprès pour visiter les forges de
M. de Lorris,.ce qui eût paru improbable
à celui-ci.
Non, monsieur le baron, répondit-
il, je vais à Bordeaux.
Eh bien, monsieur, le train de Bor-
deaux ne passe ici qu'à minuit. Me per-
mettrez-vous d'espérer que mon dmer
vous paraîtra préférable à celui d'une
table d'hôtel ?
Vous me mettez dans l'impossibi-
lité de refuser, M. le baron, dit en sou-
riant Robert Dachet, cela n'est pas géné-
reux.
C'est mon intention, répliqua le ba-
ron.
-Vous m'accorderez bien une demi-
heure pour changer de costume?
Prenez trois quarts d'heure, mais
pas une minute de plus nous dînons
comme les gens de province, à six heures
précises.. 4.
J'aurai soin de ne pas vous faire at-
tendre, M. le baron.
Il va sans dire que Robert Dachet fut
exact au rendez-vous.
Cette fois le banquier avait mis à sa
boutonnière les deux ou trois ordres
étrangers qu'il possédait, ce qui ne fait
pas mal sur un habit noir et ne depuv,i
jamais à 'âne jeune fille. r
I& conversation fut plus intime que
le matin. Elle prit un tour mondain qui
quelques mètres de la jetée, sans qu'on ait pu
loi porter secours d'une manière efficace.
Cet infortuné jeune homme qui était venu
passer deux jours seulement à Boulogne, a
commis l'imprudence de se mettre à l'eau en
sortant de table. La »0rt » été foudroyante.
«w~«~« Londres, 3 sept. Le capitaine
Webb, après avoir passé quelque temps aanp
sa famille, est de retour à Londres. Une sous-
cription de 1.000 livres sterling a été recueil-
lie en sa faveur dans les bureaux du Lan»
and Water. Le duc âeSutherland est au nom-
bre des souscripteurs d'une autre liste, ou-
verte dans le même but. Avant-hier, dans le
cours de ses visites au Lloyd, au Royal Ex-
change, au Stock Exchange, etc., Webb a failli
être victime de l'empressement de ses admi-
rateurs. Il a dû s'échapper dans un cab. Hier
soir, même enthousiasme à la promenade Co-
vent-Gardens.
Une jeune fille de quatorze ans, miss Agnès
Beckenwith a parcouru, avant-hier, à la nage,
de London-Bridge à Greenwich, une distance
de cinq milles (près de huit kilomètres) en
«ne heure neuf minutes.
En 1846, un Viennois nommé Bohnmeisst,
est allé à la nage de Vienne à Presbourg en
sept heures, la distance par le Danube étant
d'environ 40 milles anglais.
Auguste Marcade.
PARIS AU JOUR LE JOUR
Le conseil des ministres s'est réuni
hier. Il s'est surtout occupé de l'article
du Pays, qui a été l'objet d'une interpel-
lation dans la Commission de perma-
nence.
L'affaire aurait été remise aux mains
du ministre de la justice et serait sans
doute l'objet d'une instruction judi-
ciaire. Cette décision serait un symp-
tôme heureux; bien qu'on attende en
vain, depuis plusieurs années, la nou-
velle loi sur la presse, toujours annon-
cée et toujours remise, la législation
actuelle offre à l'administration des
moyens suffisants de poursuivre légale-
ment, s'il y a lieu, les délits commis par
la voie de la presse. Cela vaudrait mieux
que la suspension ou que la suppression
de la vente sur la voie publique.
Tous les journaux s'occupent de la
.séance de la commission de permanence
et de l'incident relatif à M. le préfet du
Rhône. Les conservateurs. préoccupés
du désir tout naturel de couvrir M. Du-
cros, approuvent M. Buffet d'avoir sou-
tenu cet honorable défenseur de l'ordre
et laissent volontairement de côté ses
relations avec le sieur Bouvier. C'est as-
sez prudent, car le compte rendu de la
séance dont nous avons le texte complet
sous les yeux, reproduit, d'après la plai-
doirie, un certain nombre de faits assez
graves, celui-ci par exemple
On a envoyé M. Gallet, commissaire spécial
près la préfecture du Rhône, avec des agents,
y compris Coco, faire une perquisition chez
la mère de Bouvier, où l'on devait et où l'on
savait ne rien trouver. Cependant on a trouvé
la lettre qui était prétendue adressée à Gam-
betta. Coco avait cette lettre dans sa poche,
et alors M. Gallet, un honnête homme, n'a a
point voulu signer ce procès-verbal de per-
quisition. On a fait une fausse perquisition
pour arriver à une fausse saisie.
L'agent Coco quel nom de comé-
die tout est malencontreux dans cette
affaire! a nié ce détail, mais la déné-
gation ne s'est pas produite à l'audience.
J'ai entre les mains, a dit encore M. Le-
père des renseignements qui sont de noto-
riété publique à Lyon et des déclarations
que, connaissant l'honorabilité de l'homme
qui les fait, je puis apporter ici en toute con-
fiance. Bouvier a écrit de la prison au secré-
taire général de la préfecture du Rhône
«J'ai choisi M° Ménard pour avocat. Ce
choix vous convient-il? »
Le lendemain, Bouvier écrivait a M0 flie-
nard
« Je suis désolé; mon choix n'est pas ap-
prouvé. La préfecture m'impose Me Lançon.
Je dois obéir à mes chefs. » nr
Le 16 août, le secrétaire général écrit à Me
Lançon et le prie de se présenter à son cabi-
net pour se concerter avec l'administration
sur les moyens de défense. Le préfet a payé
les honoraires de Me Laȍon.
Enfin, au cours du procès, trois témoins
ont prétendu que l'agent Bouvier a été
ramené d'Italie par des employés de la
préfecture, ce à quoi M. Buffet a repondu
par les dénégations les plus formelles.
La note suivante a été communi-
quée à plusieurs journaux
Le journal Y Univers a publié dans son nu-
méro du 1er septembre, un article sur la pré-
tendue fortune des princes d'Orléans.
Cet article a été reproduit avec empresse-
ment par les journaux bonapartistes.
Nous nous bornons, quant à présent, à
donner le plus formel démenti aux assertions
qu'il renferme.
rappelait beaucoup les salons de Paris
dont Mlle Emilienne était très-engouée.
Robert Dachet fut très-réservé, comme il
convenait à sa situation de jeune veut;
mais Mlle de Lorris sut parfaitement de-
viner, malgré cette réserve, des rela-
tions nombreuses dans le monde des
plaisirs parisiens.
A dix heures, Dachet, sous prétexte
de départ, se retira.
Il prit congé d'une manière fort ga-
lante de Mlle Emilienne, remercia M. le
baron de sa bienveillante hospitalité en-
vers un inconnu, et émit l'espoir que
M, de Lorris voudrait bien, à son pre-
mier voyage à Paris, lui faire l'honneur
de venir le voir à son hôtel de la rue de
Provence.
Le baron le lui promit.
Robert Dachet sortit enchanté de chez
M. de Lorris; il avait donc trouvé ce
qu'il cherchait: une famille de noblesse
très justement considérée, et qui devait
déverser sur lui, s'il parvenait à son
but, une partie de la considération dont
elle jouissait.
Mlle Emilienne n'était pas une beauté
dans l'acception vraiment complète de
ce mot; mais elle avait fort grand air,
de l'esprit, de l'élégance, de la distinc-
tion et ces façons charmantes qui sont
habituellement l'apanage des filles de
race.
Restait de la part du banquier à ma-
nœuvrer assez habilement pour que la
demande qu'il se proposait d'adresser
à M. de Lorris fût acceptée par lui et par
sa fille.
Robert Dachet se promit d'y réfléchir
en route.
11 revint à l'hôtel, et à onze heures et
demie se fit conduire à la gare.
Notre personnage possédait toutes les
roueries il n'ignorait pas que tout se
sait en province, même les choses les
plus futiles; et pour ne pas être pris, en
cas d'indiscrétion, en flagrant délit, de
mensonge, il envoya le garçon de l'hôtel
chercher un billet de première classe
pour le train se dirigeant versBordeaux.
Puis, lorsqu'il fut seul, il demanda au
Après les réfutations multipliées qui ont J },
démontré la fausseté des assertions de ce q
genre, après la restitution prpnoncee par 1 As-
semblée nationale de ce qui restait encore e
aux mains de l'Etat des biens confisqués par #
l'Empire, on n'imagine pas dans quel but j<
elles son aujourd'hui reproduites, si ce n est v
afin de répandre dans fopinion publique
l'erreur et le mensonge.
Le Courrier de l'Aisne a fait une dé- J
couverte assez intéressante. M. Léo Cons- a
tant, rédacteur en chef duPetit Girondin,
organe du radicalisme le plus avance, n
confident de M. Louis Blanc et de toute d
la secte intransigeante, a jadis sous son n
vrai nom, qui est Gilbert Stenger, rédigé e
en chef le Journal de V Aisne, organe offl- j
cieux du gouvernement impérial. s
Nous sommes partisans determinés de g
la liberté de changer d'opinion. Nous r
croyons qu'il manque précisément à id i
France des hommes ayant le courage c
d'afficher leur indépendance politique à a
l'égard du passé, mais il est difficile de c
ne pas se rappeler que le directeur du J
Corsaire, après avoir longtemps aussi
représenté l'extrême radicalisme, au
point de côtoyer le communardisme, a
fini par se déclarer partisan de la « de- (
mocratia impériale. » .< £ E
Une correspondance adressée de ]
Madrid à la République française laisse 1
entendre que dans l'entourage du jeune (
roi, on redoute vaguement une entre- ]
prise du vainqueur de la Seu d'Urgel, le (
général Martinez Campos, au profit
d'idées moins libérales que celles que
représente le cabinet de M. Canova del
Castillo. Le général représente ce qu'on
appelle le parti des modérés. On sait
qu'il y a encore plus de partis en Espa- (
gne qu'en France.
Le roi Alphonse a manifesté une joie très
vive à la nouvelle du succès de ses troupes.
Il désire aller bientôt prendre le commanae-
ment honoraire de l'armée du Nord et prési- ]
der aux opérations qui vont avoir lieu et dont
la chute d'Estella sera le résultat probable.
Ce jeune prince a le sentiment très exact de
l'abaissement de son pays, et il ne le dissi-
mule pas assez au point de vue de son inte- j
rêt personnel. Il a gardé de son séjour en Au-
triche et en Angleterre des idées fort nettes
sur la civilisation moderne, et les comparai-
sons incessantes qu'il est amené à faire lui
arrachent des t cris du cœur » dont l'amour-
propre de ses sujets aurait cruellement à
souffrir s'ils venaient à être divulgués. La
princesse des Asturies, plus maîtresse d'elle-
même, mais non moins clairvoyante, a com-
pris aussi toutes les difficultés que présentait
l'affermissement de la restauration.
C'est une femme intelligente et avisée, dont
l'esprit a malheureusement été faussé par une
éducation bigote. A la cour de Madrid, elle
personnifie la revendication patiente mais
implacable des « droits » de la famille de
Bourbon sur le peuple espagnol. A ses yeux,
le régime actuel, la politique douceâtre de
M. Canovas et de ses amis ne constituent
qu'une transition. Le définitif, c'est-à-dire le
rétablissement du régime tombé à Alcolea, ne
saurait beaucoup tarder. Autour de cette
princesse hautaine et résolue gravitent ceux
des anciens serviteurs de la famille qui se
considèrent comme insuffisamment indemni-
sés par la restauration de leur fidélité pendant
l'exil, et qui attendent avec impatience 1 heure
de la réparation.
¥% L'Herzégovine, dont on s'occupe
tant en ce moment, a, sinon précisément
nne littérature, mais des chants et des
saynètes populaires, qui se rapprochent
des farces italiennes. M. Philibert Au-
debrand, dans l'Illustration en donne
quelques spécimens d'après un voya-
geur
Ils ont, par exemple, un type de voleur,
non, de grand philosophe, nommé Kouskoro-
vicht c'est un garçon prévoyant, qui sait
mettre la main sur une chose avant que son
propriétaire l'ait perdue. Quand il est forcé
de voyagèr, c'est-à-dire de fuir, il console les
poules veuves, il adopte les poulets mineurs,
il prend soin des canards orphelins. Il déli-
vre aussi les bourses et les montres captives.
Ils ont un autre farceur Nikitarish. Celui-
là n'a pas mal de ressemblance avec le Mez-
zetin des Napolitains. Ah c'est aussi un bon
apôtre à écouter
Nikitarish. Mademoiselle j'ai vécu six
ans avec ma première femme sans avoir le
moindre petit démêlé.
Mlle Zinka. Cela est assez extraordinaire.
Nikitabish. Une fois seulement, après
avoir pris du tabac, je voulais éternuer. Elle
me fit manquer mon coup. De dépit, je pris
un chandelier et je le lui cassai sur la tête.
Elle mourut un quart d'heure après.
Mlle ZINKA. Ah 1 ciel, est-ce possible
Nikitarish. Voilà le seul différend que
nous ayons eu ensemble ça ne dura pas
longtemps, comme vous voyez. Quand une
femme doit mourir, il vaut mieux que ce soit
de la main de son mari que de celle de son
médecin, qu'il faut payer cher et qui vous la
traînera six mois ou un an. Moi, je n'aime pas
à voir languir le monde.
Le gentil garçon! les aimables gens l
+% Cham nous présente un autre phi-
guichet un billet pour le train de Paris,
qui arrivait en gare cinq minutes après
celui de Bordeaux.
Le même jour, à six heures du matin,
il arrivait à Paris.
Toutes les méditations auxquelles s'é-
tait livré Dachet pour devenir le mari
de Mlle de Lorris, ne lui avaient pas
fourni de moyen plus prompt, plus effi-
cace et plus naturel que celui d'une let-
tre adressée au baron.
Il laissa passer quatre jours; le cin.
quième, il écrivit à M. de Lorris.
Sa lettre était un pur chef-d'œuvre,
digne d'un diplomate chevronné.
Il commençait par remercier de nou-
veau le maître de forges de l'hospitalité
si gracieuse qu'il avait trouvée chez lui
se félicitait de l'heureuse inspiration qui
l'avait déterminé à s'arrêter à Saint-
Amand, où ce qu'il avait vu, ce qu'il
avait appris d'un homme aussi compé-
tent, aussi instruit que l'était M. de Lor-
ris, avait complété son éducation en
matière d'industrie. Passant à un autre
ordre d'idées, il arrivait, par une transi-
tion habile, à Mlle de Lorris, qu'il com-
blait de compliments et d'hommages.
« S'il était permis à un simple financier,
disait-il, d'aspirer à l'honneur de votre
alliance, si j'oubliais le deuil si récent
qui a meurtri mon cœur, l'excuse de mon
audace et de l'oubli du passé se trouve-
raient dans lecharme, l'esprit, la beauté,
la grâce et toutes les qualités que laisse
apercevoir Mlle de Lorris. Mon mérite
n'est point à la hauteur de mon désir,
je le sais, mais c'est le propre des hom-
mes atteints de grandes et nobles am-
bitions que de regarder le ciel et non la
terre. n
Enfin, comme péroraison, il parlait
très adroitement de son immense for-
tune, et, sans trop s'y arrêter, en fixait
le chiffre à plus" de dix millions.
M. le baron de Lorris était un très ga-
lant homme, d'un esprit juste et droit,
point imbu des préjugés de l'ancienne
noblesse, quant aux unions plébéïennes.
Sa condition d'industriel et le grand cas
qu'il faisait des hoaimes de valeur,
osopne celui-là est chasseur. Un ami
[ui court le gibier avec lui tombe fra>
lassé par l'explosion de son fusil
Chaque fois que je prêtais ce fusil-là,
e craignais que cela n'arrive Maintenant me
roilà tranquille 1
+\ Réflexions très justes du chroni-
[ueur parisien peut-être est-ce une
ihroniqueuse ? d'une nouvelle revue
mglaise: The European Rewiew.
Tout n'est pas rose dans le métier de chro
iiqueuse. Je reçois à l'instant une lettre d'une
le vos compatriotes; on me reproche d'o-
nettre des choses de la dernière importance,
st surtout de n'avoir pas parlé du chapeau
lui fait fureur en ce moment à Trouville. Je
mis d'autant plus coupable que je connais»
;ais à merveille l'existence du susdit chapeau.
3i je suis restée muette, c'est uniquement de
na part indifférence et dédain j'ai cru, je
'avoue, que cette coiffure, née du caprice de
juelque princesse excentrique ou de quelque
iméricaine en rupture de ménage vivrait ce
jue vivent ces petites mouches qu'on appelle
les éphémères l'espace de vingt quatre
lieures. Imaginez vous un tyrolien très
pointu, une espèce de feutre mou, dans le
genre de ceux dont M. Victor Hugo couvre^
aux enterrements civils, sa tête vénérable, ou
que l'ex-proconsul Gambetta affectionne dans-
ses tournées populaires du Midi. Sous cette
coiffure, une madone prendrait la physiono-
mie d'une échappée du quartier latin ou dit,
pourtour de l'Alhambra. Soyez bizarres, mes«
dames, autant que vous voudrez ayez, pour
chaque jour, cinq toilettes différentes jeteZi
l'argent par la fenêtre, si vous le pouvez et
si vos maria vous le permettent (il y en a
auxquels cola fait plaisir c'est une variété
particulière qui se rencontre à Trouville); >
mais, de grâce, restez grandes dames et élé-
gantes de bon goût n'adoptez pas les modes
du faubourg; c'est bien assez que quelques
imbéciles empruntent aux démocrates leurs
opinions, sans que vous leur empruntiez en-
core leurs chapeaux.
Un mot amusant cité par le Sport:
Il n'est pas toujours prudent de développer
le raisonnement de trop bonne heure chez lea
enfants. Mangez votre pain, Charles, ne le
gaspillez pas, ne le jetez pas surtout: on ne
sait pas ce que les vicissitudes de la vie nous
réservent, et si un jour ce pain que vous jetez
ne vous fera pas défaut. Mais, monsieur,
répondit l'enfant, si je mange ce pain, corn*
ment voulez-vous que je le retrouve le jour
où j'en aurais besoin ? P f. M.
BOITE AUX LETTRES
3 septembre 1875.
Mon cher Monsieur de l'Orchestre,
Vous avez consacré votre Soirée thedtrale
d'hier à la réouverture de l'Odéon l'article
est, hélas! un peu prématuré, mais comme il
est aussi bienveillant dans le fond que dans la
forme, j'aurais mauvaise grâce à m'en fâcher,
et je ne puis que vous remercier.
Vous êtes, d'ailleurs, bien informé, et les
détails que vous donnez sont généralement
ixacts toutefois je vous demanderai la per-
nission de faire quelques rectifications que je
;rois indispensables, dans l'intérêt de la vé-
̃ité les bustes, portraits, peintures decorati-
res, etc., dont vous donnez la nomenclature,
le sont pas, comme vous le dites, ma pro-
priété, c'est au théâtre de l'Odéon, et non à
moi personnellement, que les artistes dont
vous avez cité les noms ont bien voulu offrir
gratuitement leurs œuvres je n'ai fait que
solliciter leur bon vouloir, provoquer leur
zèle.
J'ai fait comme les curés de campagne, qui
quêtent pour leur église j'ai frappé à chaque
porte, et, je dois le dire, toutes les portes se
sont généreusement ouvertes. Mon seul mé-«
rite, si mérite il y a, a consisté à réunir tous
les documents necessaires, à fournir aux ar.
tistes les éléments dont ils avaient besoin,
pour reconstruire les grandes figures que
leurs pinceaux ou leurs ébauchoirs avaient en-
trepris de faire renaître au profit du Second-
Théâtre-Français.
Il y a quatorze grands bustes originaux, en
terre cuite, mes moyens ne m'ont pas per.
mis d'aller jusqu'au marbre: dix grands
portraits à mi-corps, -quatre petits portraits
en pied, dix panneaux décoratifs.
Quelle est la valeur de cette collection ? elle
doit être grande, si l'on se reporte aux signa-
tures pour moi, elle est inappréciable,
puisqu'au mérite des artistes vient se joindre
le souvenir de l'accueil que j'ai reçu de cha-
cun d'eux.
Quant à notre bibliothèque, bien qu'elle'ne
soit pas destinée au public, elle n'est pas aussi
inutSe que vous voulez bien le dire; elle se
compose de tous les ouvrages spéciaux rela-
tifs a l'art dramatique que j'ai pu réunir, et
comprend, entre autres, toutes les maquettes
des décors, dessins de costumes et mises en
scène des pièces représentées depuis plusieurs
années. Enfin je me suis efforcé de recons-
tituer les archives de l'Odéon, en réunissant
tous les documents épars relatifs à ce théâtre,
et dont le manque nous était préjudiciable.
J'ai profité des loisirs forcés que me faisait
la reconstruction de l'Odéon pour faire mes
recherches. et je crois n'avoir pas trop perdu
mon temps, car j'ai déjà un effectif respecta-
ble de 1,200 volumes environ et pièces à con.
sulter.
Bien cordialement à vous,
J. H. Duquesnel.
quelle que fût leur naissance d'ail-
leurs, contribuaient encore à ne pas le
rendre rebelle à l'union de sa fille avec
Robert Dachet, un des princes de la
finance, parisienne.
Il lut la lettre du banquier, et comme
il avait une grande confiance dans l'in-
telligence de sa fille, il la lui communi-
qua immédiatement.
Mlle Emilienne de Lorris était ce que
l'on nomme une. forte tête, c'est-à-dire
qu'elle ne nourrissait point son cerveau
de romans qu'elle savait très bien
qu'un parti de dix millions de for-
tune n'est point chose commune, et que,
lorsque ce parti se présente sous la forme
d'un homme jeune, beau cavalier et envie
de tous, il n'y a pas lieu de le repousser.
Elle' dit à M. de Lorris en lui rendant
la missive de Robert Dachet
Mon père, répondez à M. Dachet que
vous causerez avec lui l'hiver prochain 1
à Paris, de ce qui fait l'objet de sa lettre.
Tu n'es point opposée à ce mariage?
Du tout
Monsieur Robert Dachet te plaît?
Suffisamment.
^Très bien! I
Et M. le baron de Lorris écrivit au
banquier la réponse que lui avait dictée
sa fille.
Robert prit cette réponse pour un ac-
quiescement.
Mais l'hiver était encore bien éloigne.
Il sollicita et obtint de M. de Lorris Pauf
torisation d'aller passer quelques heure?
à Saint-Amand.
On lui accorda deux jours.
A ce voyage, il fut reçu en ami; et,
sans qu'il y eût entre lui et ses hôtes la
moindre allusion à la demande qu'il
avait formulée, il prit le rôle très doux
d'un homme désireux de plaire et qm,
est à peu près certain d'atteindre ce,
but.
Comme on le voit, les P,40s% m r,·
cjwieçt ûonc au gré de Robert DachJJfr
Armand Upointi^
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