Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-08-25
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 août 1875 25 août 1875
Description : 1875/08/25 (Numéro 236). 1875/08/25 (Numéro 236).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
̃ v
LE FIGARO^– MERGRËÔi 2$ AOUT 187 J
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
Reims, 24 août, 8 h. 58 soir. Le
roi Louis II de Bavière, voyageant sous le
nom de comte de Holstein, est arrivé à Reims,
co soir, à huit heures, pour assister au Con-
grès des Œuvres ouvrières catholiques, ouvert
lundi. Le roi restera deux jours dans notre
ville.
CAMBRAI, 24 août. Les catholiques
du département du Nord se préparent à fêter
le 25° anniversaire de l'élévation de S.' E. le
cardinal Régnier à l'archevêché de Cambrai.
Le vénérable cardinal, né à Saint-Quentin,
Maine-et-Loire, est aujourd'hui dans sa qua-
tre-vingt-deuxième année.
La date choisie pour cette solennité qui
promet d'être fort brillante, est le jeudi, 30
septembre, jour anniversaire de la promo-
tion.
« Genève, 22 août, H h. matin.
M. Mme Thiers et Mlle Dosne viennent
d'arriver, et sont descendus à l'hôtel Beau-
Rivage où leurs appartements donnant sur le
lac avaient été retenus. M. Thiers a été ac-
,clamé à la gare cela se comprend en pays
.de république radicale. Toutefois j'ai con-
staté l'absence de Rochefort parmi les applau-
disseurs,.
-Hier est arrivé, àu même hôtel, un
homme d'une quarantaine d'années, M. A. A
qui a eu un succès énorme auprès des- guides
de Chamounix pour le courage qu'il a dé-
ployé en patinant à travers la mer de glace.
Les crevasses énormes n'étaient pas des dif-
ficultés pour lui. Il les franchissait à pieds
joints. Les étrangers en grand nombre qui
se trouvaient à Montanvert, ont été enthou-
siasmés par ce spectacle aussi rare que sur-
prenant.
On écrit le 21, de Carlsruhe, à la Gazette
de Cologne-. Lfimçératrice Eugénie qui est,1
comme on sait, a Arenenberg, fait souvent
des excursions et se sert, dans ce but, du
petit vapeur à hélice construit pour elle et
pour son fils, à Paris.
c Dans la matinée du 18, elle est venue à
Constance, avec le prince Louis, sur ce ba-
teau elle s'est rendue, de là, à Friedrichs-
haven, par le bateau à vapeur public, tandis
que le prince est retourné à Arenemberg.
L'impératrice est allée par Lindau à Mu-
nich, d'où elle est partie le lendemain pour
Salzbourg. ï
̃ Périgdeox, 24 août. -La 41e session
du Congrès scientifique de France, qui devait
se. tenir dans nos murs, à la fin d'août, est
ajournée au mois de novembre.
Les présidents d'honneur sont
MM. le vicomte de Meaux, ministre de Va-
gri culture et du commerce le comte de Tou-
louse-Lautrec, directeur de l'Institut des Pro-
vinces Mgr Dabert, évêque de Périgueux et
de Sarlat; général Dargent, commandant la
division de la Dordogne; Pierre Magne, an-
cien ministre; vice-amiral Fourichon; Bardi
de Fourtou, ancien ministre; docteur Galy,
maire de Périgueux Saintespès-Lescot, pré-
sident du tribunal civil.
Le Congrès a pour but d'étudier les scien-
ces économiques dans leurs rapports avec les
productions agricoles et industrielles de la
région, et d'élucider les questions d'archéo-
logie et d'histoire locale qui lui seront sou-
mises.
• Nos courses promettent d'être fort
belles. Plusieurs officiers de cavalerie en gar-
nison dans les villes voisines se sont fait ins-
crire pour un steeple-chase militaire. Nos
courses, qui ont une certaine réputation, au-
ront cette année un attrait de plus.
-»- Reims, 24 août. Le général mar-
quis de Fontanges de Couzan, commandeur
de la Légion d'honneur, a pris, hier, posses-
sion du commandement de la 12e division du
6e corps d'armée, dont le siége est à Reims,
en remplacement du général Borel, nommé,
chef d'etat-major du général de Ladmirault.
• LIMOGES, 24 août, 2 h. 40, s. Cette
nuit un grand incendie s'est déclaré rue d'A-
guesseau, dans une maison qui a été entière-
ment détruite. Quatre autres maisons ont
beaucoup souffert.
»~ Avallon, 23 août. J'ai peu de
chose à ajouter au télégramme que vous avez
reçu hier soir.
Les radicaux, qui ne négligent aucune oc-
casion de transformer en club les plus pacifi-
ques réunions, se promettaient de faire de la
propagande révolutionnaire au banquet. Mais
ils avaient compté sans leur hôte, M. de la
.Brosse président du Comice. L'honorable
président avait'eu l'heureuse idée de faire af-
ficher à la porte de la salle un avis portant
que les orateurs étaient priés de lui commu-
niquer leurs toasts.
Aussi, les énergumènes de l'Yonne se sont-
ils abstenus de prendre part à un banquet
où leur exhibition était rendue difficile.
«~« Autïïn, 24 août. Les travaux de
notre caserne qui ont été adjugés au chiffre
de un million, sont menés activement.
Feuilleton du mm du 25 \oût 1815
c
32 <3
LA r
CHASSE AUX FANTOMES 1
Q
PREMIÈRE PARTIE
l'AMOCR DE L'OR r
̃ XXVl 1
Un matin, vers les dix heures, une
personne en grand deuil descendit d'une <
voiture qui s'arrêta devant la maison -1
R egimbal.
C'était Elisa Desprez accompagnée de ]
sa servante.
La jeune fille fut reçue par Bettina Re- ]
gimbal.
Venez, ma chère, que je vous em-
brasse, dit la grosse femme, le deuil ]
vous va à ravir.
Elise fut choquée de ce compliment.
M. Regimbai est-il chez lui, ma-
dame ? demanda-t-elle.
Oui, mon enfant. Je vais l'envoyer
chercher. Mais asseyez-vous donc.
Regimbai arriva bientôt.
Je vous laisse avec mon mari, dit
l'indifférente Bettina. Vous avez sans
doute à causer d'aflaires. J'irai vous ren-
dre visite un de ces-jours. Au revoir, ma
belle enfant.
Au revoir, madame.
Regimbai prit un fauteuil et vint s'as-
seoir à côté d'Elise Desprez.
Mademoiselle, dit-il, si le grand
malheur qui vous frappe pouvait recevoir
quelque allégement, ce serait dans cette
pensée que vous trouverez toujours en
ma famille, en moi, les amis les plus dé-
voués.
Je vous remercie, monsieur, de ces
bons sentiments.
Aucune situation n'est plus sympa.
thique que la vôtre; elle me remue le
cœur, et je n'ai jamais mieux compris,
qu'en ce jour, combien vous m'étiez
chère.
Regimbai fit mine d'essuyer une larme
furtive,
Pauvre enfant! reprit-il.
Il avança la main et prit celle d'E-
lise.
La jeune fille, très émue et touchée de
ces paroles de sympathie, ne songea
même pas à retirer sa main de la main
de Regimbai.
• Bayoske, 23 août. J'en suis fâché
pour la municipalité parcimonieuse de Biar-
ritz, mais le concours musical d'hier, pour
lequei avait été faite une si bruyante réclame,
a abouti au fiasco le plus complet.
Au lieu d'adopter pour le lieu du concours.
la vaste pelouse qui s'étend au pied de la
villa imperiale, on a choisi la place Eugénie
où quelques centaines de personnes avaient
grand'peine à trouver place et où, une fois
entré, il était impossible de se mouvoir. Or,
après avoir entendu 14 orphéons dans une
salle aussi exigiie que celle du théâtre, on ne
subit pas immédiatement après 42 auditions
do fanfares, si bonnes soient-elles, sans avoir
une certaine tension de nerfs facile à com-
prendre.
Sur la foi d'un tambourinage pompeux, plus
de 10,000 curieux étaient accourus à Biar-
ritz. Heureusement, la fête de nuit a effacé
en partie la mauvaise impression laissée par
la déception de la journée.
En résumé, splendide affaire pour les hôte-
liers, cafetiers et loueurs de voitures qui ont
profité de la circonstance pour faire monter
leurs prix d'une façon extravagante. C'est
parfait pour ces industriels; mais le public
Je ne parle que pour mémoire de l'affreux
caillou pointu qui forme le macadam de Biar-
ritz. C'est un vrai supplice pour les pro-
meneurs,
Salnt-IBmeuc, 24 août, 7 h. 15 soir.
Hippolyte Dubois, typographe, âgé de
trente-et-un ans, demeurant 46, rue de FAr-
bre-Sec, à Paris, venu aux bains de mer,
s'est pendu ce matin. On ignore les causes de
ce suicide. On croit à un accès d'aliénation
mentale.
La nouvelle de l'assassinat du président
de la république de l'Equateur, Garcia More-
no, paraît confirmée. D'après un télégramme
reçu au Vatican, la date de l'événement re-
monterait à cinq jours. Garcia Moreno était
âgé de soixante ans environ. Les détails
manquent toujours. On ne saura probable-
ment toute la vérité qu'à l'arrivée du pro-
chain courrier du Pacifie.
Auguste Marcade.
PARIS Alî JOUR 1E JOÏR
t
Une grande maison de commerce de
Marseille publie tous les ans le tableau
comparé de la récolte des céréales en
France. En voici le résultat pour 1875.
La récolte du blé a été bonne dans 13
départements; assez bonne dans 26; pas-
sable dans 15; médiocre dans 24; mau-
vaise dans 8.
La Provence, le Languedoc spéciale-
ment, dans la région de Toulouse, la
Guyenne, la Gascogne, le Dauphiné, la
Savoie la Bretagne et la Champagne sont
parmi les départements les plus mal par-
tagés. La région Pyrénéenne, la Bour-
gogne, le Berry, l'Auvergne, la Norman-
die, les provinces du Nord et de l'Est au
contraire n'ont point à se plaindre.
La récolte des avoines a été bonne
partout, sauf dans quinze départements:
de même pour les orges et pour le maïs
partout où il se cultive.
En résumé l'année, sans être excep-
tionnelle, a donné des résultats assez
satisfaisants.
,*» Le procès du 4 Septembre est tou-
jours pendant. M. Jules Delafosse vient
de reprendre le réquisitoire dans une
série d'articles intéressants au point de
vue bonapartiste qu'a publies Paris-
Journal. La Gazette de France, qui de son
côté réfute avec talent la thèse de M.
Delafosse, se demande pourquoi si l'em.
pereur, prisonnier, était sûr des disposi-
tions bienveillantes de l'Europe à son
égard, il a refusé de traiter de la paix
directement avec le roi Guillaume et
laissé au « gouvernement de l'impéra-
trice le soin d'ouvrir les négociations.
La Gazette ne voit dans les faits ajlé-
gués dans Paris-Journal que l'aggrava-
tion de la responsabilité encourue par
Napoléon III.
L'empereur pouvait conclure .la paix sans
céder une motte de terre, et il refuse de trai-
ter de la paix avec le roi Guillaume! Il passe
la main à la régence.
L'impératrice pouvait conclure la paix en
maintenant l'integrité du territoire, et elle ne
fait aucune ouverture de ce genre à person-
ne Elle n'en avise pas les délégations du
Corps législatif qui se succèdent aux Tuileries
nuit et jour 1 Elle n'en dit pas un mot au
Sénat I
Nulle part, en effet, on ne trouve la trace
de ce qui eût dû être la préoccupation domi-
nante, après Sedan, d'un gouvernement réel-
lement patriotique assurer l'intégrité du ter-
Je suis heureuse, monsieur, de ren-
contrer dans cette maison une affection
qui m'est si précieuse en pareil'mo-
ment.
Volontiers, comme Tartuffe, Regim-
bal se fût écrié ZD
« Je fais bien moins pour vous que yous ne mé-
[ritez J.
Mais Regimbai ne connaissait pas
Tartuffe.
Toutefois, il avait le sentiment de ce
personnage, et le rôle qu'il jouait n'était
autre que celui de Tartuffe avec Elmire.
Il m'est bien doux, mademoiselle,
d'entendre de pareilles paroles sortir de
votre jolie bouche.
L'adjectif était si déplacé que Mlle
Desprez en fut presque alarmée; elle
éprouva une sensation de malaise contre
laquelle elle lutta énergiquement.
Cetrouble n'échappa point à Regimbai.
Et ce ne sera pas un sacrifice pour
moi, ajouta- t-il,. que de conquérir votre
sympathie, votre amitié au prix de .ce
que je possède.
En même temps qu'il parlait ainsi, ses
doigts pressaient les doigts d'Elise.
Le malaise de la jeune fille augmenta.
Elle crut en deviner la cause dans le
contact et la pression de la main froide
et osseuse de Regimbald, et elle retira
la sienne.
Mais le satyre rapprocha son fauteuil,
et son genou pointu vint frôler celui
d'Elise.
Je ne demande rien de ce qui vous
appartient, dit-elle.
Puis-je donc trop faire pour vous,
chère et belle enfant?
Monsieur, dit Elise gravement, ne
croyez-vous pas qu'il serait convenable
de parler de mon père?
Et elle abaissa son voile sur sa figure.
Pourquoi cacher des traits si char-
mants ? demanda Regimbai. Il n'est pas
de plus doux spectacle pour mon cœur.
Et de nouveau il essaya de prendre la
main d'Elise, et son genou pressa celui
de la jeune fille.
Celle-ci se leva effarée et en-larmas.
-Eh! grand Dieu fit le marchand de
diamants, qui vous cause ce désespoir
subit ? f
Il s'avança vers Elise les bras tendus
et l'œil flamboyant.
Elle recula épouvantée. >
N'approchez pas ou j'appelle s'é-
cria la malheureuse enfant.
Regimbai, éclairé par ce cri de la pu-
deur, fit une prudente retraite. ̃
ritoire envahi jusqu'aux portes de la capitale.
On comprend que la France, dans l'igno-
rance ou on la laissait, eût pu désirer la con-
tinuation de la lutte mais, si l'impératrice
avait fait connaître la promesse de l'Europe
entière de ne pas laisser toucher à une motte
de terre si elle avait fait connaître que d'un
mot elle pouvait. arrêter l'effusion au sang
dans ce combat inégal, il est plus que pro-
bable que les hommes sages, les citoyens qui
ne cherchaient pas à se servir des malheurs
de la patrie pour se créer des situations poli-
tiques, il est probable qu'ils eussent accepté
avec empressement de pareilles conditions de
paix.
?% La Revue scientifique donne des dé-
tails intéressants sur la condition des
ouvriers des célèbres mines d'Anzin.
Prenons d'abord le* détail des dépenses
et des recettes pour deux catégories de
familles ̃ • î ̃ ̃
1° Une famille composée du père, de la
mère et de trois enfants, dont un travaille
Pain, 6 livres à 17 centimes 1 fr. 02
Viande, légumes, laitage, boissons
et épiceries 2 10
Entretien et vêtements ». 60
Loyer (4 fr. 50 par mois) » 15'
Chauffage (donné par la Comp.) » »
Total (par jour). 3 fr. 87
Le gain moyen d'une famille de cette caté-
gorie est de 6 fr. 70 par jour (4 fr. 95 pour le
père et 1 fr. 75 pour le fils) il y a donc un
excédant de 2 fr. 83.
2° Famille composée, out re le père et la
mère, de cinq enfants dont deux travaillent
Pain 1 Ir. 20
Viande, légumes, laitage, boissons
et épiceries 3 50
Entretien et vêtements 2 25
Loyer.(6 fr.'par mois). 0 20
Chauffage gratuit »
Total. 7 fr. 15
Gain moyen de la famille:
Le père. 4 fr. 95
Le fils aîné 4 95
Le fils 1. 75
Total. 11 fr. 65
Excédant du gain 4 fr. 50.
Le sort des ouvriers qui ne peuvent
plus travailler ce grand problème
est résolu d'une manière non moins sa-
tisfaisante.. ̃ •̃"
Lorsque l'ouvrier mineur est impropre à
tout travail, il reçoit, pour le reste de ses
jours, une pension annuelle proportionnelle à
son âge et à ses années de service. Elle est
réversible en partie sur la tête de sa veuve.
Les orphelins reçoivent un secours mensuel
de 3 francs pour les filles, jusqu'à l'âge de
dix ans, et de 4 francs pour les garçons,
jusqu'à ce qu'ils soient admis dans les tra-
vaux.
Quand un ouvrier est tué dans les travaux,
les frais funéraires sont payés par la com-
pagnie et un secours extraordinaire est ac-
cordé à sa veuve; il lui est alloué en outre
une pension viagère de 15 francs par mois.
Les orphelins d'un ouvrier tué. reçoivent
également un secours mensuel..
Quand l'ouvrier tué est célibataire, il est
accordé à la famille un secours en argent, une
fois payé, ou un secours mensuel pendant un
certain nombre d'années quand la famille est
nécessiteuse.
Quand l'ouvrier pensionné vient à mourir,
la compagnie fournit gratuitement le cer-
cueil.
Les ouvriers pensionnés et les veuves d'ou-
vriers reçoivent le charbon nécessaire à leur
chauffage.
Le total annuel des pensions et des se-
cours temporaires s'élève à près de trois
cent mille francs; il est alloué aux ou-
vriers sur les fonds de la compagnie,
sans qu'on leur impose de retenues sur
leurs salaires. Néanmoins, pour les ame-
ner à compter un peu sur eux-mêmes,
la compagnie a encouragé la création de
sociétés de secours mutuels il y en a
six qui fonctionnent actuellement.
Une charmante anecdote détachée
d'un discours que M. Egger a prononcé
devant la société archéologique et bis-
torique de l'Orléanais
Voici ce que me racontait naguère un de'
nos compatriotes revenant du cap Nord. Là,
dans une sage et modeste famille, où il rece-
vait l'hospitalité, une jeune fille, belle de la
beauté qui caractérise les femmes de ces tris-
tes contrées, studieuse autant que belle, s'é-
tait formé, en compulsant maint livre de bo-
tanique, un album des plus gracieuses fleurs
de nos climats. Elle avait surtout recueilli
Il lançaun regard haineux à Mlle Des-
prez et dit avec un accent qu'il essaya
de remplir d'amertume.
Qu'avez-vous donc pensé de mes
paroles, Mademoiselle ? Mon langage a
été celui d'un père à sa fille.
Vous me rappelez le but de ma dé-
marche, Monsieur, dit Elise en relevant
fièrement la tête. Héritière de mon père,
je viens vous demander. des comptes.
Très bien, mademoiselle; je crai-
gnais de vous en parler le premier, de
raviver ainsi une douleur que je suppo-
sais n'être pas éteinte. Mais puisque
vous êtes supérieure a ces vulgaires sen-
timents, je vais m'expliqùer catégori-
quement avec vous. M. Charles Desprez,
votre père, a; par son testament, cons-
titué un exécuteur testamentaire. Cet
exécuteur testamentaire est M. Robert
Dachet, son ami, je crois; c'est donc à
celui-ci que je dois remettre l'état de la
situation de Charles Desprès dans ma
maison, et cet état sera communiqué
aujourd'hui même à M. Dachet. Etes-
vous satisfaite?
Oui, monsieur, répondit Elise avec
des larmes dans la voix.
Dorénavant, c'est à M. Dachet que
vous aurez à vous adresser pour tout ce
qui concerne la succession de votre père.
Vous n'avez plus rien à me demander?
Non, monsieur.
Je vous baise les mains, mademoi-
selle.
Et il reconduisit Elise jusqu'à la porte
avec les politesses les plus obséquieuses
mais les plus froides.
Dans l'escalier, Elise éclata en san-
glots.
Cet homme est un monstre 1 dit-
elle, et si mon sort était entre ses mains
il ne me resterait plus qu'à mourir.
Elle essuya ses yeux et regagna sa voi-
ture dans laquelle l'attendait Henriette,
sa domestique.
Vous avez encore pleuré, mademoi-
selle dit l'excellente fille.
Non, ma bonne, non Rentrons à
la maison. Tu iras de suite porter une
lettre à M. Paul Maisonneuve.
Rue de Vaugirard, dit la domesti-
que au cocher.
Tandis que la voiture roulait vers la
rive gauche, le prudent Regimbai se
rendait chez Robert Dachet.
Il tut introduit de suite.
Je vous apporte, dit-il au banquier
le compte de Charles Desprez chez moi
son avoir s'élève à six cent trente mille
les dessins de plusieurs espèces de rosés, la
prose et los vers de tous les écrivains qui ont
célébré la roino des fleurs. Voyant près d'elle,
pour la première fois peut-être, un Français,
elle lui dit en lui montrant tous ces dessins,
toutes ces copies rassemblées dans son pré-
cieux album « Monsieur, que vous êtes heu-
reux, vous 1 Vous avez vu des roses vivantes,
et vous en avez senti le parfum 1 Et, à peine
redescendu vers les régions où. le soleil per-
met aux fleurs de s'épanouir et de vivre, le
voyageur se hâta d'en faire préparer rin bou-
quet qui, soigneusement encaissé par un
fleuriste habile, put porter à la jeune fille du
Nord, avec leur couleur ot leur parfum encore
sensibles, quelques unes de ces roses qu'elle
aimait tant.
»\ L'Ordre, en annonçant la mort d'un
soldat du premier Empire, rappelle qu'il
a été le héros d'une aventure extrême-
ment singulière
En 1807, les Français s'emparèrent deRu-
gen, petite île de la mer Baltique, séparée de
la côte par un étroit canal. Elle était occupée
par un détachement du corps de Davoust,
quand l'ordre arriva de l'évacuer à l'instant.
On s'embarqua avec tant de précipitation
qu'on oublia un factionnaire. Ce factionnaire
n'était autre que Roussel. Celui-ci, ignorant
ce qui se passait, se promène de long en large,
une heure, deux heures, trois heures enfin,
perdant patience, il retourne au poste, qu'il
trouve vide. Il s'informe et apprend avec dé-
sespoir le départ du détachement.
Mon Dieu! s'écrie-t-il, me voilà porté
comme déserteur. Je suis perdu, déshonoré.
Et le pauvre factionnaire se met à fondre
en larmes.
Sa douleur touche de compassion un hon-
nête artisan, qui l'emmène chez lui, le console,
l'héberge, et, au bout de quelque temps, lui
donne en mariage sa fille unique.
Tout ce monde vivait heureux et tranquille,
quand, cinq ans après, on signale'une voile
les habitants accourent: on reconnaît l'uni-
forme de l'armée française.
Pour le coup, c'est fait de moi, dit le
pauvre factionnaire.
Mais une idée subite lui rend courage,
Il court au logis, revêt son uniforme pré-
cieusement conserve, saisit ses armes, revient
sur le rivage et se pose en sentinelle au mo-
ment même où les Français vont débarquer,
et à l'endroit où, cinq ans auparavant, le dé-
part précipité des troupes l'avait laissé en
faction.
Qui vive ? s'écrie-t-il d'une voie ton-
nante.
Qui vive vous-même répond-on du bâ-
timent.
Factionnaire
Depuis quand êtes-vous en faction ?
Depuis cinq ans i
Davousl>»rit de l'aventure et fit délivrer un
congé en bonne forme à ce déserteur malgré
lui.
¥*¥ Bachaumont attribue dans le Cons-
titutionnel un mot très fin à M. Buffet.
M. Buffet, résistant "à l'entraînement géné-
ral, est resté à Paris et c'est tant mieux, car
sa présence nous vaudra le mot do la fin -de
cette chronique. La presse et la loi qu'elle
appelle étaient sur le tapis.
Pour moi, dit le vice-président du con-
seil, je ne demande à vivre avec la presse
qu'à la façon de Molière avec Mauvilain, son
médecin Ils étaient un jour ensemble au dî-
ner du roi.
Voilà votre médecin, Molière, dit
Louis XIV. Que vous fait-il faire ?
Sire nous raisonnons ensemble il
m'ordonne des remèdes, je ne les fais point
et je guéris.
N'est-ce pas, continua l'éminent député
des Vosges, la vraie façon d'être pour tout
gouvernement avec la presse ? '?
Ce programme connu, cessons de nous
étonner quand le gouvernement suspend un
journal c'est une ordonnance qu'il déchire.
•̃ ̃ "̃;•̃̃ F. M.
BOITE AUX LETTRES
J Saumur, lé 24 août.
Plusieurs de vos abonnés, candidats officiers
pour l'armée territoriale et la réserve de l'ar-
mée active, vous ont sans doute demandé s'il
n'était pas possible d'obtenir pour leurs uni-
formes des prix' en rapport avec ceux que les
maîtres tailleurs des régiments offrent à leurs
officiers, prix bien inférieurs à ceux des tail-
leurs militaires de Paris.
Comme ces nominations d'officiers sont
prochaines, je me fais un plaisir d'informer
ceux-ci que cette question a été résolue d'une
façon qui nous paraît satisfaisante,' par la plus
grande maison de fournitures administratives,
la maison Veuve Colin et fils, où ces officiers
trouveront les réductions de 20 0/0 obtenues
dans l'armée régulière.
Veuillez agréer, etc. D.
francs. En voici la représentation en
bons sur la Banque de France. Jetez un
coup d'œil là-dessus et donnez-moi quit-
tance comme exécuteur testamentaire.
Six cent trente mille francs s'écria
Dachet. Mais c'est une somme cela 1
Certainement, et votre commis
Paul Maisonneuve n'est pas trop à
plaindre.
Tiens, c'est vrai Il devait épouser
Mlle Elise Desprez. Est-ce que le ma-
riage tient toujours?
Cela m'intéresse fort peu, dit Re-
gimbai avec un dédain parfaitement
joue; je ne veux plus m'occuper de ces
gens-là.
Ah! fit Robert Dachet.
Et son regard froid et scrutateur se
porta sur Regimbai.
-Je pensais, reprit le banquier, que
vous pprtiez un grand intérêt à Mlle
Desprez.
Moi? Point! Et je désire même
n'avoir avec elle aucun rapport. C'est
dans :ce but que je me suis empressé de
vous apporter le compte. Dorénavant,
elle aura affaire à vous. Je le lui ai fait
-savoir ce matin.
C'est bien! Vous voulez une quit-
tance, m'avez-vous dit?
Naturellement. Une fois en règle, je
-n'auraiplus à m'occuper de la succession
Desprez.
Voici.
EtDachetremità Regimbai la décharge
que celui-ci demandait.
C'est parfait. Mme Dachet se porte
bien?
Très bien. Et Mme Regimbai ?
Au mieux.
Adieu, cher ami.
Bonjour, Dachet.
Lorsque le banquier fut seul, il eut un
sourire de mauvais augure.
Ce Regimbai, pensa-t-il, est le der-
nier des pleutres Il a dû se passer entre
lui et Elise Desprez quelque chose d'ina-
vouable. pour Regimbai. Bah! qu'est-
ce que cela me fait Il réfléchit quel-
ques instants. Cela est peut-être plus
intéressant que je ne le pensais, mur-
mura-t-il. Est-ce que, par hasard, Elise
Desprez ne saurait pas qu'elle hérite de
six cent trente mille francs I Mais c'est
réellement une somme que six cent
trente mille francs! et si. pourquoi
pas ?. attendons.
Dachet ramassa le compte et les bons
que lui avait remis Regimbai et reprit
ses occupations. t
INFORMATIONS
Encore une I.
Cette une, c'est une nouvelle planète téles-
copique que M. Leverrier a, paraît-il, décou-
verte avant-hier soir.
Cela porto à six le nombre des planètes té.
lescopiques découvertes par lui.
Nous ignorons le nom de la dernière venue.
Toujours M. Leverrier.
Nous apprenons qu'il part demain pour
Leyde, afin d'assister à la sixième session de
la société astronomique, où il a été spéciale-
ment invité par M. Otto Struve, directeur de
l'observatoire da Poullcuva.
On annonce la prochaine arrivée à Paris du
cardinal Antonelli.
C'est à la Nonciature que descendra le cé-
lèbre ministre de Sa Sainteté.
Déplacements et villégiatures
Ce matin, le nommé Hugelmann quitte la
prison de Mazas, où il occupait la cellule nu-
méro 126, pour être transféré à la maison cen-
trale de Rouen là, pendant quatre ans, il
tressera des chaussons, ce qui lui per-
mettra d'envoyer à chaque jour de l'an une
pairo de pantoufles à M. Thiers.
C'est à Rouen, comme vous savez, que se
trouve le jeune Gélignier, à qui sa bonne
conduite a valu de passer moniteur dans son
atelier.
S'il allait devenir le moniteur du nommé
Hugelmann
Des avis, reçus hier par la préfecture de
police, annoncent la présence dans l'Herzégo-
vine de l'un des freres May, les célèbres
communards qui ont dernièrement eu à New-
York certaines aventures, lesquelles ont attiré
sur eux l'attention des tribunaux.
Ils ont cru prudent de quitter New-York,
et l'un d'eux a un commandement là-bas.
Demain jeudi, 26 août, une messe comme
morative de la mort du roi Louis-Philipp
sera dite à dix heures, en la chapelle de 1
Compassion, à Nouilly-Sablonville.
Une expérience intéressante a on lieu hier,
à quatre heures de l'après-midi, sur le quai
du Louvre, devant une commission 3e la So-
ciété protectrice des animaux.
Il s'agissait de voir fonctionner un tombe-
reau-sableuse, destiné à répandre mécanique-
ment et rapidement du sable sur les chaus-
sées humides, afin d'éviter les chutes des che-
vaux, et d'opérer, à peu de frais et d'une
manière plus régulière, le travail qui se fait à
bras d'homme.
Si l'invention réalise les avantages qu'on
est en droit d'attendre d'un appareil de ce
genre, un nouveau service sera rendu à l'in-
dustrie parisienne et à la cause que soutient,
par tous les moyens possibles, la Société pro-
tectrice des animaux.
L'autre jour, en publiant la statistique de
ce qu'a mangé Paris pendant l'année 1874,
nous avons omis l'un des chiffres les plus in-
téressants, celui des pommes de terre dévo-
rées
Il est, approximativement, de
e,S«£î ,800,000 pommes de terre, six
milliards, cinq cent vingt-cinq Millions, cinq
cent mille.
Rien n'a été plus facile que d'arriver à ce
chiffre, étant donné qu'on savait le nombre
de boisseaux introduits dans Paris et que la
moyenne de ce qu'un boisseau contient de
pommes de terre est connue.
On sait qu'il y a quatre ans que les bâti-
ments affectés au Conseil d'Etat ont été dé-
truits par l'incendie. L' m auguste assemblée s
avait dû se réfugier rue de Grenelle, dans un
local beaucoup trop exigu; mais le 15 octobre
prochain elle prendra possession do la partie
du Palais-Royal qui lui est destinée et qu'on
achève à ce moment d'aménager.
Nous avons eu la curiosité de visiter hier
en détail le local nouveau, situé dans la partie
restaurée de l'ancien Palais Cardinal.
La cour donnant sur la place, vis-à-vis du
Louvre, formera la cour d'honneur: un esca-
lier monumental conduit de cette cour au
premier étage, dans un vaste vestibule, sorte
de salle des Pas-Perdus, sur lequel s'ouvre
la Grand' Chambre ou salle des délibérations
générales, assez spacieuse pour, contenir les
membres des diverses sections réunies.
Entrons dans cotte Grand'Chambre1:
Au centre, s'élève, adossé à la muraille, le
fauteuil destiné à M. le garde des sceaux, mi-
nistre de la Justice, qui, on ne l'ignore pas,
est président de droit du Conseil d'Etat;
immédiatement au-dessous, et à droite et à
gauche, une estrade destinée au vice-président,
aux présidents de sections et aux ministres.
Placée au-dessous du fauteuil du président,
comme la tribune de l'Assemblée nationale,
A ce moment, Paul Maisonneuve entra
dans le cabinet de son chef.
Il venait de recevoir d'Elise une lettre
qui lui disait: « Tout notre avenir. est
dans les mains de M. Robert Dachet.
Exécuteur testamentaire des volontés de
mon père, c'est à lui seul que je dois
m'adresser. Voyez-le au plus tôt, mon
ami, et tâchez de savoir la vérité. »
Puis-je vous demander un instant
d'entretien, Monsieur? dit Paul Maison-
neuve.
Tout ce que vous voudrez, mon
cher Maisonneuve. Parlez.
–Vous connaissez,Monsieur,lesprojets
d'union qui existaient entre Mlle Elise
Desprez et moi. Le grand malheur qui
l'a frappée et la solitude que lui impose
sa condition d'orpheline,me font un de-
voir d'accélérer la réalisation de ces
projets il m'est impossible de la lais-
ser seule à ses regrets, à ses douleurs.
Je ne sais, ni Mlle Desprez non plus, ce'
qu'elle doit attendre de la succsssion de
son père, mais fut-elle aussi pauvre que
la dernière des servantes que je m'em-
presserais de lui offrir ma main.
Voilà des sentiments qui vous ho-
norenl, mon cher Maisonneuve, et qui
me rassurent à propos de l'avenir de
Mlle Desprez. Vous savez que Charles
Desprez, dont je fus l'obligé, m'a choisi
pour le règlement des affaires de sa suc-
cession je vais m'en occuper sans re-
tard. Malheureusement ces affaires sont
un peu embrouillées, la liquidation en
sera, je le crains bien, longue et difficile
à cause des correspondances qu'il faut
entretenir pour cela à Rio de Janeiro
et dans quelques autres., provinces du
Brésil. Je ne puis donc, en ce moment,
vous donner aucune indication, même
par à peu près, sur la fortune de Char-
les Desprez.
Il suffira à Mlle Elise Desprez de
savoir que vous voulez bien donner vo-
tre attention et vos soins à cette liquida-
tion pour qu'elle soit complétement ras-
surée.
Je suis tout dévoué à Mlle Desprez,
vous pouvez le lui dire, et il ne dépan-
dra pas de ma volonté qu'elle ne soit
bientôt mise en possession de ce qui lui <
appartient. (
J'en suis convaincu, monsieur, et i
je vous en remercie au nom de Mlle <
Desprez. En ce qui me concerne, ajouta
timidement Paul Maisonneuve, me sera- <
t-il permis de vous rappeler une pro-
messe que vous avez bien voulu me faire?"
sst une tribunek-àïtequelle les rapporteurs dea
projets on délibération viendront lire leur
travail.
En face, prendront place les conseillers
d'Etat, les maîtres des requêtes et les audi-
teurs.
Une autre salle, plus petite celle-là, est af-
fectée à la section du contentieux. Les con-
seillers seront installés sur une sorte d'estrade
en forme de fer à cheval, le président en oc-
cupant le centre. Sur un des côtés, Je banc dea
commissaires du gouvernement. Au milieu.
le bureau des rapporteurs au pied de l'es-
trade, le pupitre du secrétaire du conten-
tieux.
Au fond de la salle ont été disposés, près
de la barre., les sièges réservés aux avocats
près le Conseil d'État un assez vaste espace
a été également ménagé pour le public.
Près de cette salle se trouve le vestiaire des
avocats.
Au premier étage encore ont été disposés
quatre grands salons ornés de statues et de
peintures où délibéreront les sections de l'inté-
rieur, de l'instruction publique et des cultes,
'des finances, de la guerre, de la marine et des
colonies, des travaux publics, de l'agriculture,
du commerce et des affaires étrangères.
Les salles de la bibliothèque sont très com-
modes de grandes vitrines ont été prépa-
rées pour recevoir les collections précieuses
qu'après l'incendie du palais du quai d'Or-
say les libéralités des grandes administra-
tions publiques et des particuliers, ainsi que
les nombreuses allocations votées par l'As-
semblée nationale, ont permis de réunir.– en-
tre autres celle des documents législatifs et
administratifs de la plupart des pays étran-
gers.
Les salles d'études, de commissions, la bu-
vette, le fumoir, les salons, d'attente, ainsi que
les cabinets du ministre de la justice, du vice-
président, des présidents de section et des
secrétaires sont aussi situés au premier.
Au second, les bureaux du secrétariat gé-
néral, de l'enregistrement, de la comptabilité,
des expéditions, des impressions, du départ,
des procès-verbaux, des archives et du con-
tentieux,
Telle est, très sommairement décrite, Tins»
tallation nouvelle et, cette fois, définitive, d»
conseil d'Etat.
La Cour de cassation et la Cour des comptes,
provisoirement logées au Palais-Royal, iront
prendre possession, à la rentrée, c'est-à-dire
au mois de novembre, l'une des nouveaux bâ-
timents du Palais-de-Justice, 1"autre des
salles que l'on dispose pour elle au Pavillon.
de Marsan. >
Vous rapellez-vous Caradoc, la jument sur
laquelle le lieutenant Féodor de Zubowitz est
venu en quinze jours de Vienne à Paris ? i
Caradoc, qu'il avait vendue, est morte hier
chez un marchand de chevaux des Champs-
Elysées.
On l'a vendue cinquante francs à l'éqtiar-
risseur Macquart.
Mataiotés
Nairn, le vélocipédiste anglais qui avait
projeté de faire le voyage de Vienne à Paris
en quinze jours, est arrivé, lundi, à Paris.
parle chemin de for. de l'Est. L'émule du
lieutenant Zubowitz a été victime d'nn acci-
dent. Il avait déjà parcouru une centaine de
kilomètres quand l'une des roues de son vé-
hicule s'est cassée, et il est monté dans le pre.
mier train qu'il a rencontré.
Vous avez lu dans les journaux que l'assas.
sin de Bordeaux, Bergès, a été condamné à
mort bien que les médecins déclarassent à
l'unanimité qu'il était atteint d'aliénation
mentale.
Renseignements pris, ce cas s'est présenté
neuf fois depuis le commencement du siècle.
mais, dans aucun cas, le condamné n'a été
exécuté. Le chef de l'Etat a toujours commué
la peine.
Il en sera probablement de même pour l'as.
sassin Berges.
Il y a en ce moment, au Grand-Hôtel,
chambre 468, ai nous sommes bien informé.
l'héroïne d'une bien effroyable aventure.
C'est une jeune femme Brésilienne, dona
Conception de la Cruz y Vasquez.
Il y a un an, le mari de dona Conception.
un des plus riches négociants en diamants de
la province de Rio, conçut, fort à tort, des
soupçons sur la vertu de sa femme.
Madame, -lui dit-il un soir, le 17 juillet,
je sais que vous avez un amant. Demain
matin à cinq heures, vous serez morte. D'ici
là, faites votre paix avec Dieu
Dona Conception eut beau jurer qu'elle était
innocente, son mari ne voulut pas la croire.
Et, comme l'hacienda qu'ils habitaient était
déserte, il n'y avait aucune espèce de secours
à espérer.
Dona Conception, désespérant de fléchir son
mari, passa toute la nuit en prières avec sa
sœur jumelle, qui lui ressemblait extraor.
dinairement.
Le matin, comme l'heure était venue de
mourir, elle passa dans sa chambre pour em-
brasser son enfant. Elle redescendit un quart
d'heure après.
C'est inutile, je m'en souviens: c'est
de porter vos appointements à six mille
francs, le jour de la signature du con-
trat. N'est-ce pas cela?
Oui, monsieur.
Je ferai mieux, reprit Dachet avec
un sourire d'une bohommie qui eût
trompé l'être le plus soupçonneux, je
vous enrichirai d'un seul coup. C'est pour
moi un devoir d'agir ainsi lorsqu'il s'agit
de la fille et du futur gendre d'un homme
qui m'a obligé autrefois.
Comment pourrais-je reconnaître
tant de bienveillance, tant de bonté?
s'écria Paul Maisonneuve..
N'en prenez nul souci, mon ami, et
aller voir demain Tribout, monagent; je
lui parlerai ce soir et vous recomman-
derai.
Qu'aurai-je à lui dire, monsieur?
Qu'il achete pour votre compte tout
ce qu'il trouvera sur la place d'actions
de Paris port.de mer.
Mais je ne suis pas en état de les
payer!
Cela ne sera pas nécessaire. Dans
trois semaines ces actions auront gagné
une plus-value de cent francs, et, sans
bourse délier, vous profiterez de la difo •
férence. Achetez-en mille, c'est cent
mille francs de bénéfice.
Et s'il y avait une baisse ? observa
Paul Maisonneuve.
La hausse se fera à ma volonté.
Laissez-vous guider par moi. Je vous
garantis cent mille francs en poche
avant quinze jours, pas un soude moins.
Je tiens ace que cette somme se trouve,
en bons billets de banque, au fond de la
corbeille de la mariée.
Qui aurait pu résister à 'cette assu*
rance ?
A coup sûr ce n'était pas un pauvre
amoureux dont l'unique pensée était
d'assurer à sa fiancée la douce existence
qu'il rêvait pour elle D'ailleurs, pour-
quoi douter des paroles du banquier?
N'était-ce pas à la bonne volonté de Da-
chet que Paul Maisonneuve devait sa
position dans la maison Mittermann, J.
Starke et Ce?
Sans plus réfléchir, il suivit le conseil
qui lui était donné, et, désireux de cau>
ser une joyeuse surprise à Mlle Desprez,
il ne lui parla pas de la spéculation à la.
quelle il se livrait.
Nous verrons bientôt quelle devait en
être l'issue! ̃
ARMAND Lapoînte. >
(La su ite à demain\
LE FIGARO^– MERGRËÔi 2$ AOUT 187 J
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
Reims, 24 août, 8 h. 58 soir. Le
roi Louis II de Bavière, voyageant sous le
nom de comte de Holstein, est arrivé à Reims,
co soir, à huit heures, pour assister au Con-
grès des Œuvres ouvrières catholiques, ouvert
lundi. Le roi restera deux jours dans notre
ville.
CAMBRAI, 24 août. Les catholiques
du département du Nord se préparent à fêter
le 25° anniversaire de l'élévation de S.' E. le
cardinal Régnier à l'archevêché de Cambrai.
Le vénérable cardinal, né à Saint-Quentin,
Maine-et-Loire, est aujourd'hui dans sa qua-
tre-vingt-deuxième année.
La date choisie pour cette solennité qui
promet d'être fort brillante, est le jeudi, 30
septembre, jour anniversaire de la promo-
tion.
« Genève, 22 août, H h. matin.
M. Mme Thiers et Mlle Dosne viennent
d'arriver, et sont descendus à l'hôtel Beau-
Rivage où leurs appartements donnant sur le
lac avaient été retenus. M. Thiers a été ac-
,clamé à la gare cela se comprend en pays
.de république radicale. Toutefois j'ai con-
staté l'absence de Rochefort parmi les applau-
disseurs,.
-Hier est arrivé, àu même hôtel, un
homme d'une quarantaine d'années, M. A. A
qui a eu un succès énorme auprès des- guides
de Chamounix pour le courage qu'il a dé-
ployé en patinant à travers la mer de glace.
Les crevasses énormes n'étaient pas des dif-
ficultés pour lui. Il les franchissait à pieds
joints. Les étrangers en grand nombre qui
se trouvaient à Montanvert, ont été enthou-
siasmés par ce spectacle aussi rare que sur-
prenant.
On écrit le 21, de Carlsruhe, à la Gazette
de Cologne-. Lfimçératrice Eugénie qui est,1
comme on sait, a Arenenberg, fait souvent
des excursions et se sert, dans ce but, du
petit vapeur à hélice construit pour elle et
pour son fils, à Paris.
c Dans la matinée du 18, elle est venue à
Constance, avec le prince Louis, sur ce ba-
teau elle s'est rendue, de là, à Friedrichs-
haven, par le bateau à vapeur public, tandis
que le prince est retourné à Arenemberg.
L'impératrice est allée par Lindau à Mu-
nich, d'où elle est partie le lendemain pour
Salzbourg. ï
̃ Périgdeox, 24 août. -La 41e session
du Congrès scientifique de France, qui devait
se. tenir dans nos murs, à la fin d'août, est
ajournée au mois de novembre.
Les présidents d'honneur sont
MM. le vicomte de Meaux, ministre de Va-
gri culture et du commerce le comte de Tou-
louse-Lautrec, directeur de l'Institut des Pro-
vinces Mgr Dabert, évêque de Périgueux et
de Sarlat; général Dargent, commandant la
division de la Dordogne; Pierre Magne, an-
cien ministre; vice-amiral Fourichon; Bardi
de Fourtou, ancien ministre; docteur Galy,
maire de Périgueux Saintespès-Lescot, pré-
sident du tribunal civil.
Le Congrès a pour but d'étudier les scien-
ces économiques dans leurs rapports avec les
productions agricoles et industrielles de la
région, et d'élucider les questions d'archéo-
logie et d'histoire locale qui lui seront sou-
mises.
• Nos courses promettent d'être fort
belles. Plusieurs officiers de cavalerie en gar-
nison dans les villes voisines se sont fait ins-
crire pour un steeple-chase militaire. Nos
courses, qui ont une certaine réputation, au-
ront cette année un attrait de plus.
-»- Reims, 24 août. Le général mar-
quis de Fontanges de Couzan, commandeur
de la Légion d'honneur, a pris, hier, posses-
sion du commandement de la 12e division du
6e corps d'armée, dont le siége est à Reims,
en remplacement du général Borel, nommé,
chef d'etat-major du général de Ladmirault.
• LIMOGES, 24 août, 2 h. 40, s. Cette
nuit un grand incendie s'est déclaré rue d'A-
guesseau, dans une maison qui a été entière-
ment détruite. Quatre autres maisons ont
beaucoup souffert.
»~ Avallon, 23 août. J'ai peu de
chose à ajouter au télégramme que vous avez
reçu hier soir.
Les radicaux, qui ne négligent aucune oc-
casion de transformer en club les plus pacifi-
ques réunions, se promettaient de faire de la
propagande révolutionnaire au banquet. Mais
ils avaient compté sans leur hôte, M. de la
.Brosse président du Comice. L'honorable
président avait'eu l'heureuse idée de faire af-
ficher à la porte de la salle un avis portant
que les orateurs étaient priés de lui commu-
niquer leurs toasts.
Aussi, les énergumènes de l'Yonne se sont-
ils abstenus de prendre part à un banquet
où leur exhibition était rendue difficile.
«~« Autïïn, 24 août. Les travaux de
notre caserne qui ont été adjugés au chiffre
de un million, sont menés activement.
Feuilleton du mm du 25 \oût 1815
c
32 <3
LA r
CHASSE AUX FANTOMES 1
Q
PREMIÈRE PARTIE
l'AMOCR DE L'OR r
̃ XXVl 1
Un matin, vers les dix heures, une
personne en grand deuil descendit d'une <
voiture qui s'arrêta devant la maison -1
R egimbal.
C'était Elisa Desprez accompagnée de ]
sa servante.
La jeune fille fut reçue par Bettina Re- ]
gimbal.
Venez, ma chère, que je vous em-
brasse, dit la grosse femme, le deuil ]
vous va à ravir.
Elise fut choquée de ce compliment.
M. Regimbai est-il chez lui, ma-
dame ? demanda-t-elle.
Oui, mon enfant. Je vais l'envoyer
chercher. Mais asseyez-vous donc.
Regimbai arriva bientôt.
Je vous laisse avec mon mari, dit
l'indifférente Bettina. Vous avez sans
doute à causer d'aflaires. J'irai vous ren-
dre visite un de ces-jours. Au revoir, ma
belle enfant.
Au revoir, madame.
Regimbai prit un fauteuil et vint s'as-
seoir à côté d'Elise Desprez.
Mademoiselle, dit-il, si le grand
malheur qui vous frappe pouvait recevoir
quelque allégement, ce serait dans cette
pensée que vous trouverez toujours en
ma famille, en moi, les amis les plus dé-
voués.
Je vous remercie, monsieur, de ces
bons sentiments.
Aucune situation n'est plus sympa.
thique que la vôtre; elle me remue le
cœur, et je n'ai jamais mieux compris,
qu'en ce jour, combien vous m'étiez
chère.
Regimbai fit mine d'essuyer une larme
furtive,
Pauvre enfant! reprit-il.
Il avança la main et prit celle d'E-
lise.
La jeune fille, très émue et touchée de
ces paroles de sympathie, ne songea
même pas à retirer sa main de la main
de Regimbai.
• Bayoske, 23 août. J'en suis fâché
pour la municipalité parcimonieuse de Biar-
ritz, mais le concours musical d'hier, pour
lequei avait été faite une si bruyante réclame,
a abouti au fiasco le plus complet.
Au lieu d'adopter pour le lieu du concours.
la vaste pelouse qui s'étend au pied de la
villa imperiale, on a choisi la place Eugénie
où quelques centaines de personnes avaient
grand'peine à trouver place et où, une fois
entré, il était impossible de se mouvoir. Or,
après avoir entendu 14 orphéons dans une
salle aussi exigiie que celle du théâtre, on ne
subit pas immédiatement après 42 auditions
do fanfares, si bonnes soient-elles, sans avoir
une certaine tension de nerfs facile à com-
prendre.
Sur la foi d'un tambourinage pompeux, plus
de 10,000 curieux étaient accourus à Biar-
ritz. Heureusement, la fête de nuit a effacé
en partie la mauvaise impression laissée par
la déception de la journée.
En résumé, splendide affaire pour les hôte-
liers, cafetiers et loueurs de voitures qui ont
profité de la circonstance pour faire monter
leurs prix d'une façon extravagante. C'est
parfait pour ces industriels; mais le public
Je ne parle que pour mémoire de l'affreux
caillou pointu qui forme le macadam de Biar-
ritz. C'est un vrai supplice pour les pro-
meneurs,
Salnt-IBmeuc, 24 août, 7 h. 15 soir.
Hippolyte Dubois, typographe, âgé de
trente-et-un ans, demeurant 46, rue de FAr-
bre-Sec, à Paris, venu aux bains de mer,
s'est pendu ce matin. On ignore les causes de
ce suicide. On croit à un accès d'aliénation
mentale.
La nouvelle de l'assassinat du président
de la république de l'Equateur, Garcia More-
no, paraît confirmée. D'après un télégramme
reçu au Vatican, la date de l'événement re-
monterait à cinq jours. Garcia Moreno était
âgé de soixante ans environ. Les détails
manquent toujours. On ne saura probable-
ment toute la vérité qu'à l'arrivée du pro-
chain courrier du Pacifie.
Auguste Marcade.
PARIS Alî JOUR 1E JOÏR
t
Une grande maison de commerce de
Marseille publie tous les ans le tableau
comparé de la récolte des céréales en
France. En voici le résultat pour 1875.
La récolte du blé a été bonne dans 13
départements; assez bonne dans 26; pas-
sable dans 15; médiocre dans 24; mau-
vaise dans 8.
La Provence, le Languedoc spéciale-
ment, dans la région de Toulouse, la
Guyenne, la Gascogne, le Dauphiné, la
Savoie la Bretagne et la Champagne sont
parmi les départements les plus mal par-
tagés. La région Pyrénéenne, la Bour-
gogne, le Berry, l'Auvergne, la Norman-
die, les provinces du Nord et de l'Est au
contraire n'ont point à se plaindre.
La récolte des avoines a été bonne
partout, sauf dans quinze départements:
de même pour les orges et pour le maïs
partout où il se cultive.
En résumé l'année, sans être excep-
tionnelle, a donné des résultats assez
satisfaisants.
,*» Le procès du 4 Septembre est tou-
jours pendant. M. Jules Delafosse vient
de reprendre le réquisitoire dans une
série d'articles intéressants au point de
vue bonapartiste qu'a publies Paris-
Journal. La Gazette de France, qui de son
côté réfute avec talent la thèse de M.
Delafosse, se demande pourquoi si l'em.
pereur, prisonnier, était sûr des disposi-
tions bienveillantes de l'Europe à son
égard, il a refusé de traiter de la paix
directement avec le roi Guillaume et
laissé au « gouvernement de l'impéra-
trice le soin d'ouvrir les négociations.
La Gazette ne voit dans les faits ajlé-
gués dans Paris-Journal que l'aggrava-
tion de la responsabilité encourue par
Napoléon III.
L'empereur pouvait conclure .la paix sans
céder une motte de terre, et il refuse de trai-
ter de la paix avec le roi Guillaume! Il passe
la main à la régence.
L'impératrice pouvait conclure la paix en
maintenant l'integrité du territoire, et elle ne
fait aucune ouverture de ce genre à person-
ne Elle n'en avise pas les délégations du
Corps législatif qui se succèdent aux Tuileries
nuit et jour 1 Elle n'en dit pas un mot au
Sénat I
Nulle part, en effet, on ne trouve la trace
de ce qui eût dû être la préoccupation domi-
nante, après Sedan, d'un gouvernement réel-
lement patriotique assurer l'intégrité du ter-
Je suis heureuse, monsieur, de ren-
contrer dans cette maison une affection
qui m'est si précieuse en pareil'mo-
ment.
Volontiers, comme Tartuffe, Regim-
bal se fût écrié ZD
« Je fais bien moins pour vous que yous ne mé-
[ritez J.
Mais Regimbai ne connaissait pas
Tartuffe.
Toutefois, il avait le sentiment de ce
personnage, et le rôle qu'il jouait n'était
autre que celui de Tartuffe avec Elmire.
Il m'est bien doux, mademoiselle,
d'entendre de pareilles paroles sortir de
votre jolie bouche.
L'adjectif était si déplacé que Mlle
Desprez en fut presque alarmée; elle
éprouva une sensation de malaise contre
laquelle elle lutta énergiquement.
Cetrouble n'échappa point à Regimbai.
Et ce ne sera pas un sacrifice pour
moi, ajouta- t-il,. que de conquérir votre
sympathie, votre amitié au prix de .ce
que je possède.
En même temps qu'il parlait ainsi, ses
doigts pressaient les doigts d'Elise.
Le malaise de la jeune fille augmenta.
Elle crut en deviner la cause dans le
contact et la pression de la main froide
et osseuse de Regimbald, et elle retira
la sienne.
Mais le satyre rapprocha son fauteuil,
et son genou pointu vint frôler celui
d'Elise.
Je ne demande rien de ce qui vous
appartient, dit-elle.
Puis-je donc trop faire pour vous,
chère et belle enfant?
Monsieur, dit Elise gravement, ne
croyez-vous pas qu'il serait convenable
de parler de mon père?
Et elle abaissa son voile sur sa figure.
Pourquoi cacher des traits si char-
mants ? demanda Regimbai. Il n'est pas
de plus doux spectacle pour mon cœur.
Et de nouveau il essaya de prendre la
main d'Elise, et son genou pressa celui
de la jeune fille.
Celle-ci se leva effarée et en-larmas.
-Eh! grand Dieu fit le marchand de
diamants, qui vous cause ce désespoir
subit ? f
Il s'avança vers Elise les bras tendus
et l'œil flamboyant.
Elle recula épouvantée. >
N'approchez pas ou j'appelle s'é-
cria la malheureuse enfant.
Regimbai, éclairé par ce cri de la pu-
deur, fit une prudente retraite. ̃
ritoire envahi jusqu'aux portes de la capitale.
On comprend que la France, dans l'igno-
rance ou on la laissait, eût pu désirer la con-
tinuation de la lutte mais, si l'impératrice
avait fait connaître la promesse de l'Europe
entière de ne pas laisser toucher à une motte
de terre si elle avait fait connaître que d'un
mot elle pouvait. arrêter l'effusion au sang
dans ce combat inégal, il est plus que pro-
bable que les hommes sages, les citoyens qui
ne cherchaient pas à se servir des malheurs
de la patrie pour se créer des situations poli-
tiques, il est probable qu'ils eussent accepté
avec empressement de pareilles conditions de
paix.
?% La Revue scientifique donne des dé-
tails intéressants sur la condition des
ouvriers des célèbres mines d'Anzin.
Prenons d'abord le* détail des dépenses
et des recettes pour deux catégories de
familles ̃ • î ̃ ̃
1° Une famille composée du père, de la
mère et de trois enfants, dont un travaille
Pain, 6 livres à 17 centimes 1 fr. 02
Viande, légumes, laitage, boissons
et épiceries 2 10
Entretien et vêtements ». 60
Loyer (4 fr. 50 par mois) » 15'
Chauffage (donné par la Comp.) » »
Total (par jour). 3 fr. 87
Le gain moyen d'une famille de cette caté-
gorie est de 6 fr. 70 par jour (4 fr. 95 pour le
père et 1 fr. 75 pour le fils) il y a donc un
excédant de 2 fr. 83.
2° Famille composée, out re le père et la
mère, de cinq enfants dont deux travaillent
Pain 1 Ir. 20
Viande, légumes, laitage, boissons
et épiceries 3 50
Entretien et vêtements 2 25
Loyer.(6 fr.'par mois). 0 20
Chauffage gratuit »
Total. 7 fr. 15
Gain moyen de la famille:
Le père. 4 fr. 95
Le fils aîné 4 95
Le fils 1. 75
Total. 11 fr. 65
Excédant du gain 4 fr. 50.
Le sort des ouvriers qui ne peuvent
plus travailler ce grand problème
est résolu d'une manière non moins sa-
tisfaisante.. ̃ •̃"
Lorsque l'ouvrier mineur est impropre à
tout travail, il reçoit, pour le reste de ses
jours, une pension annuelle proportionnelle à
son âge et à ses années de service. Elle est
réversible en partie sur la tête de sa veuve.
Les orphelins reçoivent un secours mensuel
de 3 francs pour les filles, jusqu'à l'âge de
dix ans, et de 4 francs pour les garçons,
jusqu'à ce qu'ils soient admis dans les tra-
vaux.
Quand un ouvrier est tué dans les travaux,
les frais funéraires sont payés par la com-
pagnie et un secours extraordinaire est ac-
cordé à sa veuve; il lui est alloué en outre
une pension viagère de 15 francs par mois.
Les orphelins d'un ouvrier tué. reçoivent
également un secours mensuel..
Quand l'ouvrier tué est célibataire, il est
accordé à la famille un secours en argent, une
fois payé, ou un secours mensuel pendant un
certain nombre d'années quand la famille est
nécessiteuse.
Quand l'ouvrier pensionné vient à mourir,
la compagnie fournit gratuitement le cer-
cueil.
Les ouvriers pensionnés et les veuves d'ou-
vriers reçoivent le charbon nécessaire à leur
chauffage.
Le total annuel des pensions et des se-
cours temporaires s'élève à près de trois
cent mille francs; il est alloué aux ou-
vriers sur les fonds de la compagnie,
sans qu'on leur impose de retenues sur
leurs salaires. Néanmoins, pour les ame-
ner à compter un peu sur eux-mêmes,
la compagnie a encouragé la création de
sociétés de secours mutuels il y en a
six qui fonctionnent actuellement.
Une charmante anecdote détachée
d'un discours que M. Egger a prononcé
devant la société archéologique et bis-
torique de l'Orléanais
Voici ce que me racontait naguère un de'
nos compatriotes revenant du cap Nord. Là,
dans une sage et modeste famille, où il rece-
vait l'hospitalité, une jeune fille, belle de la
beauté qui caractérise les femmes de ces tris-
tes contrées, studieuse autant que belle, s'é-
tait formé, en compulsant maint livre de bo-
tanique, un album des plus gracieuses fleurs
de nos climats. Elle avait surtout recueilli
Il lançaun regard haineux à Mlle Des-
prez et dit avec un accent qu'il essaya
de remplir d'amertume.
Qu'avez-vous donc pensé de mes
paroles, Mademoiselle ? Mon langage a
été celui d'un père à sa fille.
Vous me rappelez le but de ma dé-
marche, Monsieur, dit Elise en relevant
fièrement la tête. Héritière de mon père,
je viens vous demander. des comptes.
Très bien, mademoiselle; je crai-
gnais de vous en parler le premier, de
raviver ainsi une douleur que je suppo-
sais n'être pas éteinte. Mais puisque
vous êtes supérieure a ces vulgaires sen-
timents, je vais m'expliqùer catégori-
quement avec vous. M. Charles Desprez,
votre père, a; par son testament, cons-
titué un exécuteur testamentaire. Cet
exécuteur testamentaire est M. Robert
Dachet, son ami, je crois; c'est donc à
celui-ci que je dois remettre l'état de la
situation de Charles Desprès dans ma
maison, et cet état sera communiqué
aujourd'hui même à M. Dachet. Etes-
vous satisfaite?
Oui, monsieur, répondit Elise avec
des larmes dans la voix.
Dorénavant, c'est à M. Dachet que
vous aurez à vous adresser pour tout ce
qui concerne la succession de votre père.
Vous n'avez plus rien à me demander?
Non, monsieur.
Je vous baise les mains, mademoi-
selle.
Et il reconduisit Elise jusqu'à la porte
avec les politesses les plus obséquieuses
mais les plus froides.
Dans l'escalier, Elise éclata en san-
glots.
Cet homme est un monstre 1 dit-
elle, et si mon sort était entre ses mains
il ne me resterait plus qu'à mourir.
Elle essuya ses yeux et regagna sa voi-
ture dans laquelle l'attendait Henriette,
sa domestique.
Vous avez encore pleuré, mademoi-
selle dit l'excellente fille.
Non, ma bonne, non Rentrons à
la maison. Tu iras de suite porter une
lettre à M. Paul Maisonneuve.
Rue de Vaugirard, dit la domesti-
que au cocher.
Tandis que la voiture roulait vers la
rive gauche, le prudent Regimbai se
rendait chez Robert Dachet.
Il tut introduit de suite.
Je vous apporte, dit-il au banquier
le compte de Charles Desprez chez moi
son avoir s'élève à six cent trente mille
les dessins de plusieurs espèces de rosés, la
prose et los vers de tous les écrivains qui ont
célébré la roino des fleurs. Voyant près d'elle,
pour la première fois peut-être, un Français,
elle lui dit en lui montrant tous ces dessins,
toutes ces copies rassemblées dans son pré-
cieux album « Monsieur, que vous êtes heu-
reux, vous 1 Vous avez vu des roses vivantes,
et vous en avez senti le parfum 1 Et, à peine
redescendu vers les régions où. le soleil per-
met aux fleurs de s'épanouir et de vivre, le
voyageur se hâta d'en faire préparer rin bou-
quet qui, soigneusement encaissé par un
fleuriste habile, put porter à la jeune fille du
Nord, avec leur couleur ot leur parfum encore
sensibles, quelques unes de ces roses qu'elle
aimait tant.
»\ L'Ordre, en annonçant la mort d'un
soldat du premier Empire, rappelle qu'il
a été le héros d'une aventure extrême-
ment singulière
En 1807, les Français s'emparèrent deRu-
gen, petite île de la mer Baltique, séparée de
la côte par un étroit canal. Elle était occupée
par un détachement du corps de Davoust,
quand l'ordre arriva de l'évacuer à l'instant.
On s'embarqua avec tant de précipitation
qu'on oublia un factionnaire. Ce factionnaire
n'était autre que Roussel. Celui-ci, ignorant
ce qui se passait, se promène de long en large,
une heure, deux heures, trois heures enfin,
perdant patience, il retourne au poste, qu'il
trouve vide. Il s'informe et apprend avec dé-
sespoir le départ du détachement.
Mon Dieu! s'écrie-t-il, me voilà porté
comme déserteur. Je suis perdu, déshonoré.
Et le pauvre factionnaire se met à fondre
en larmes.
Sa douleur touche de compassion un hon-
nête artisan, qui l'emmène chez lui, le console,
l'héberge, et, au bout de quelque temps, lui
donne en mariage sa fille unique.
Tout ce monde vivait heureux et tranquille,
quand, cinq ans après, on signale'une voile
les habitants accourent: on reconnaît l'uni-
forme de l'armée française.
Pour le coup, c'est fait de moi, dit le
pauvre factionnaire.
Mais une idée subite lui rend courage,
Il court au logis, revêt son uniforme pré-
cieusement conserve, saisit ses armes, revient
sur le rivage et se pose en sentinelle au mo-
ment même où les Français vont débarquer,
et à l'endroit où, cinq ans auparavant, le dé-
part précipité des troupes l'avait laissé en
faction.
Qui vive ? s'écrie-t-il d'une voie ton-
nante.
Qui vive vous-même répond-on du bâ-
timent.
Factionnaire
Depuis quand êtes-vous en faction ?
Depuis cinq ans i
Davousl>»rit de l'aventure et fit délivrer un
congé en bonne forme à ce déserteur malgré
lui.
¥*¥ Bachaumont attribue dans le Cons-
titutionnel un mot très fin à M. Buffet.
M. Buffet, résistant "à l'entraînement géné-
ral, est resté à Paris et c'est tant mieux, car
sa présence nous vaudra le mot do la fin -de
cette chronique. La presse et la loi qu'elle
appelle étaient sur le tapis.
Pour moi, dit le vice-président du con-
seil, je ne demande à vivre avec la presse
qu'à la façon de Molière avec Mauvilain, son
médecin Ils étaient un jour ensemble au dî-
ner du roi.
Voilà votre médecin, Molière, dit
Louis XIV. Que vous fait-il faire ?
Sire nous raisonnons ensemble il
m'ordonne des remèdes, je ne les fais point
et je guéris.
N'est-ce pas, continua l'éminent député
des Vosges, la vraie façon d'être pour tout
gouvernement avec la presse ? '?
Ce programme connu, cessons de nous
étonner quand le gouvernement suspend un
journal c'est une ordonnance qu'il déchire.
•̃ ̃ "̃;•̃̃ F. M.
BOITE AUX LETTRES
J Saumur, lé 24 août.
Plusieurs de vos abonnés, candidats officiers
pour l'armée territoriale et la réserve de l'ar-
mée active, vous ont sans doute demandé s'il
n'était pas possible d'obtenir pour leurs uni-
formes des prix' en rapport avec ceux que les
maîtres tailleurs des régiments offrent à leurs
officiers, prix bien inférieurs à ceux des tail-
leurs militaires de Paris.
Comme ces nominations d'officiers sont
prochaines, je me fais un plaisir d'informer
ceux-ci que cette question a été résolue d'une
façon qui nous paraît satisfaisante,' par la plus
grande maison de fournitures administratives,
la maison Veuve Colin et fils, où ces officiers
trouveront les réductions de 20 0/0 obtenues
dans l'armée régulière.
Veuillez agréer, etc. D.
francs. En voici la représentation en
bons sur la Banque de France. Jetez un
coup d'œil là-dessus et donnez-moi quit-
tance comme exécuteur testamentaire.
Six cent trente mille francs s'écria
Dachet. Mais c'est une somme cela 1
Certainement, et votre commis
Paul Maisonneuve n'est pas trop à
plaindre.
Tiens, c'est vrai Il devait épouser
Mlle Elise Desprez. Est-ce que le ma-
riage tient toujours?
Cela m'intéresse fort peu, dit Re-
gimbai avec un dédain parfaitement
joue; je ne veux plus m'occuper de ces
gens-là.
Ah! fit Robert Dachet.
Et son regard froid et scrutateur se
porta sur Regimbai.
-Je pensais, reprit le banquier, que
vous pprtiez un grand intérêt à Mlle
Desprez.
Moi? Point! Et je désire même
n'avoir avec elle aucun rapport. C'est
dans :ce but que je me suis empressé de
vous apporter le compte. Dorénavant,
elle aura affaire à vous. Je le lui ai fait
-savoir ce matin.
C'est bien! Vous voulez une quit-
tance, m'avez-vous dit?
Naturellement. Une fois en règle, je
-n'auraiplus à m'occuper de la succession
Desprez.
Voici.
EtDachetremità Regimbai la décharge
que celui-ci demandait.
C'est parfait. Mme Dachet se porte
bien?
Très bien. Et Mme Regimbai ?
Au mieux.
Adieu, cher ami.
Bonjour, Dachet.
Lorsque le banquier fut seul, il eut un
sourire de mauvais augure.
Ce Regimbai, pensa-t-il, est le der-
nier des pleutres Il a dû se passer entre
lui et Elise Desprez quelque chose d'ina-
vouable. pour Regimbai. Bah! qu'est-
ce que cela me fait Il réfléchit quel-
ques instants. Cela est peut-être plus
intéressant que je ne le pensais, mur-
mura-t-il. Est-ce que, par hasard, Elise
Desprez ne saurait pas qu'elle hérite de
six cent trente mille francs I Mais c'est
réellement une somme que six cent
trente mille francs! et si. pourquoi
pas ?. attendons.
Dachet ramassa le compte et les bons
que lui avait remis Regimbai et reprit
ses occupations. t
INFORMATIONS
Encore une I.
Cette une, c'est une nouvelle planète téles-
copique que M. Leverrier a, paraît-il, décou-
verte avant-hier soir.
Cela porto à six le nombre des planètes té.
lescopiques découvertes par lui.
Nous ignorons le nom de la dernière venue.
Toujours M. Leverrier.
Nous apprenons qu'il part demain pour
Leyde, afin d'assister à la sixième session de
la société astronomique, où il a été spéciale-
ment invité par M. Otto Struve, directeur de
l'observatoire da Poullcuva.
On annonce la prochaine arrivée à Paris du
cardinal Antonelli.
C'est à la Nonciature que descendra le cé-
lèbre ministre de Sa Sainteté.
Déplacements et villégiatures
Ce matin, le nommé Hugelmann quitte la
prison de Mazas, où il occupait la cellule nu-
méro 126, pour être transféré à la maison cen-
trale de Rouen là, pendant quatre ans, il
tressera des chaussons, ce qui lui per-
mettra d'envoyer à chaque jour de l'an une
pairo de pantoufles à M. Thiers.
C'est à Rouen, comme vous savez, que se
trouve le jeune Gélignier, à qui sa bonne
conduite a valu de passer moniteur dans son
atelier.
S'il allait devenir le moniteur du nommé
Hugelmann
Des avis, reçus hier par la préfecture de
police, annoncent la présence dans l'Herzégo-
vine de l'un des freres May, les célèbres
communards qui ont dernièrement eu à New-
York certaines aventures, lesquelles ont attiré
sur eux l'attention des tribunaux.
Ils ont cru prudent de quitter New-York,
et l'un d'eux a un commandement là-bas.
Demain jeudi, 26 août, une messe comme
morative de la mort du roi Louis-Philipp
sera dite à dix heures, en la chapelle de 1
Compassion, à Nouilly-Sablonville.
Une expérience intéressante a on lieu hier,
à quatre heures de l'après-midi, sur le quai
du Louvre, devant une commission 3e la So-
ciété protectrice des animaux.
Il s'agissait de voir fonctionner un tombe-
reau-sableuse, destiné à répandre mécanique-
ment et rapidement du sable sur les chaus-
sées humides, afin d'éviter les chutes des che-
vaux, et d'opérer, à peu de frais et d'une
manière plus régulière, le travail qui se fait à
bras d'homme.
Si l'invention réalise les avantages qu'on
est en droit d'attendre d'un appareil de ce
genre, un nouveau service sera rendu à l'in-
dustrie parisienne et à la cause que soutient,
par tous les moyens possibles, la Société pro-
tectrice des animaux.
L'autre jour, en publiant la statistique de
ce qu'a mangé Paris pendant l'année 1874,
nous avons omis l'un des chiffres les plus in-
téressants, celui des pommes de terre dévo-
rées
Il est, approximativement, de
e,S«£î ,800,000 pommes de terre, six
milliards, cinq cent vingt-cinq Millions, cinq
cent mille.
Rien n'a été plus facile que d'arriver à ce
chiffre, étant donné qu'on savait le nombre
de boisseaux introduits dans Paris et que la
moyenne de ce qu'un boisseau contient de
pommes de terre est connue.
On sait qu'il y a quatre ans que les bâti-
ments affectés au Conseil d'Etat ont été dé-
truits par l'incendie. L' m auguste assemblée s
avait dû se réfugier rue de Grenelle, dans un
local beaucoup trop exigu; mais le 15 octobre
prochain elle prendra possession do la partie
du Palais-Royal qui lui est destinée et qu'on
achève à ce moment d'aménager.
Nous avons eu la curiosité de visiter hier
en détail le local nouveau, situé dans la partie
restaurée de l'ancien Palais Cardinal.
La cour donnant sur la place, vis-à-vis du
Louvre, formera la cour d'honneur: un esca-
lier monumental conduit de cette cour au
premier étage, dans un vaste vestibule, sorte
de salle des Pas-Perdus, sur lequel s'ouvre
la Grand' Chambre ou salle des délibérations
générales, assez spacieuse pour, contenir les
membres des diverses sections réunies.
Entrons dans cotte Grand'Chambre1:
Au centre, s'élève, adossé à la muraille, le
fauteuil destiné à M. le garde des sceaux, mi-
nistre de la Justice, qui, on ne l'ignore pas,
est président de droit du Conseil d'Etat;
immédiatement au-dessous, et à droite et à
gauche, une estrade destinée au vice-président,
aux présidents de sections et aux ministres.
Placée au-dessous du fauteuil du président,
comme la tribune de l'Assemblée nationale,
A ce moment, Paul Maisonneuve entra
dans le cabinet de son chef.
Il venait de recevoir d'Elise une lettre
qui lui disait: « Tout notre avenir. est
dans les mains de M. Robert Dachet.
Exécuteur testamentaire des volontés de
mon père, c'est à lui seul que je dois
m'adresser. Voyez-le au plus tôt, mon
ami, et tâchez de savoir la vérité. »
Puis-je vous demander un instant
d'entretien, Monsieur? dit Paul Maison-
neuve.
Tout ce que vous voudrez, mon
cher Maisonneuve. Parlez.
–Vous connaissez,Monsieur,lesprojets
d'union qui existaient entre Mlle Elise
Desprez et moi. Le grand malheur qui
l'a frappée et la solitude que lui impose
sa condition d'orpheline,me font un de-
voir d'accélérer la réalisation de ces
projets il m'est impossible de la lais-
ser seule à ses regrets, à ses douleurs.
Je ne sais, ni Mlle Desprez non plus, ce'
qu'elle doit attendre de la succsssion de
son père, mais fut-elle aussi pauvre que
la dernière des servantes que je m'em-
presserais de lui offrir ma main.
Voilà des sentiments qui vous ho-
norenl, mon cher Maisonneuve, et qui
me rassurent à propos de l'avenir de
Mlle Desprez. Vous savez que Charles
Desprez, dont je fus l'obligé, m'a choisi
pour le règlement des affaires de sa suc-
cession je vais m'en occuper sans re-
tard. Malheureusement ces affaires sont
un peu embrouillées, la liquidation en
sera, je le crains bien, longue et difficile
à cause des correspondances qu'il faut
entretenir pour cela à Rio de Janeiro
et dans quelques autres., provinces du
Brésil. Je ne puis donc, en ce moment,
vous donner aucune indication, même
par à peu près, sur la fortune de Char-
les Desprez.
Il suffira à Mlle Elise Desprez de
savoir que vous voulez bien donner vo-
tre attention et vos soins à cette liquida-
tion pour qu'elle soit complétement ras-
surée.
Je suis tout dévoué à Mlle Desprez,
vous pouvez le lui dire, et il ne dépan-
dra pas de ma volonté qu'elle ne soit
bientôt mise en possession de ce qui lui <
appartient. (
J'en suis convaincu, monsieur, et i
je vous en remercie au nom de Mlle <
Desprez. En ce qui me concerne, ajouta
timidement Paul Maisonneuve, me sera- <
t-il permis de vous rappeler une pro-
messe que vous avez bien voulu me faire?"
sst une tribunek-àïtequelle les rapporteurs dea
projets on délibération viendront lire leur
travail.
En face, prendront place les conseillers
d'Etat, les maîtres des requêtes et les audi-
teurs.
Une autre salle, plus petite celle-là, est af-
fectée à la section du contentieux. Les con-
seillers seront installés sur une sorte d'estrade
en forme de fer à cheval, le président en oc-
cupant le centre. Sur un des côtés, Je banc dea
commissaires du gouvernement. Au milieu.
le bureau des rapporteurs au pied de l'es-
trade, le pupitre du secrétaire du conten-
tieux.
Au fond de la salle ont été disposés, près
de la barre., les sièges réservés aux avocats
près le Conseil d'État un assez vaste espace
a été également ménagé pour le public.
Près de cette salle se trouve le vestiaire des
avocats.
Au premier étage encore ont été disposés
quatre grands salons ornés de statues et de
peintures où délibéreront les sections de l'inté-
rieur, de l'instruction publique et des cultes,
'des finances, de la guerre, de la marine et des
colonies, des travaux publics, de l'agriculture,
du commerce et des affaires étrangères.
Les salles de la bibliothèque sont très com-
modes de grandes vitrines ont été prépa-
rées pour recevoir les collections précieuses
qu'après l'incendie du palais du quai d'Or-
say les libéralités des grandes administra-
tions publiques et des particuliers, ainsi que
les nombreuses allocations votées par l'As-
semblée nationale, ont permis de réunir.– en-
tre autres celle des documents législatifs et
administratifs de la plupart des pays étran-
gers.
Les salles d'études, de commissions, la bu-
vette, le fumoir, les salons, d'attente, ainsi que
les cabinets du ministre de la justice, du vice-
président, des présidents de section et des
secrétaires sont aussi situés au premier.
Au second, les bureaux du secrétariat gé-
néral, de l'enregistrement, de la comptabilité,
des expéditions, des impressions, du départ,
des procès-verbaux, des archives et du con-
tentieux,
Telle est, très sommairement décrite, Tins»
tallation nouvelle et, cette fois, définitive, d»
conseil d'Etat.
La Cour de cassation et la Cour des comptes,
provisoirement logées au Palais-Royal, iront
prendre possession, à la rentrée, c'est-à-dire
au mois de novembre, l'une des nouveaux bâ-
timents du Palais-de-Justice, 1"autre des
salles que l'on dispose pour elle au Pavillon.
de Marsan. >
Vous rapellez-vous Caradoc, la jument sur
laquelle le lieutenant Féodor de Zubowitz est
venu en quinze jours de Vienne à Paris ? i
Caradoc, qu'il avait vendue, est morte hier
chez un marchand de chevaux des Champs-
Elysées.
On l'a vendue cinquante francs à l'éqtiar-
risseur Macquart.
Mataiotés
Nairn, le vélocipédiste anglais qui avait
projeté de faire le voyage de Vienne à Paris
en quinze jours, est arrivé, lundi, à Paris.
parle chemin de for. de l'Est. L'émule du
lieutenant Zubowitz a été victime d'nn acci-
dent. Il avait déjà parcouru une centaine de
kilomètres quand l'une des roues de son vé-
hicule s'est cassée, et il est monté dans le pre.
mier train qu'il a rencontré.
Vous avez lu dans les journaux que l'assas.
sin de Bordeaux, Bergès, a été condamné à
mort bien que les médecins déclarassent à
l'unanimité qu'il était atteint d'aliénation
mentale.
Renseignements pris, ce cas s'est présenté
neuf fois depuis le commencement du siècle.
mais, dans aucun cas, le condamné n'a été
exécuté. Le chef de l'Etat a toujours commué
la peine.
Il en sera probablement de même pour l'as.
sassin Berges.
Il y a en ce moment, au Grand-Hôtel,
chambre 468, ai nous sommes bien informé.
l'héroïne d'une bien effroyable aventure.
C'est une jeune femme Brésilienne, dona
Conception de la Cruz y Vasquez.
Il y a un an, le mari de dona Conception.
un des plus riches négociants en diamants de
la province de Rio, conçut, fort à tort, des
soupçons sur la vertu de sa femme.
Madame, -lui dit-il un soir, le 17 juillet,
je sais que vous avez un amant. Demain
matin à cinq heures, vous serez morte. D'ici
là, faites votre paix avec Dieu
Dona Conception eut beau jurer qu'elle était
innocente, son mari ne voulut pas la croire.
Et, comme l'hacienda qu'ils habitaient était
déserte, il n'y avait aucune espèce de secours
à espérer.
Dona Conception, désespérant de fléchir son
mari, passa toute la nuit en prières avec sa
sœur jumelle, qui lui ressemblait extraor.
dinairement.
Le matin, comme l'heure était venue de
mourir, elle passa dans sa chambre pour em-
brasser son enfant. Elle redescendit un quart
d'heure après.
C'est inutile, je m'en souviens: c'est
de porter vos appointements à six mille
francs, le jour de la signature du con-
trat. N'est-ce pas cela?
Oui, monsieur.
Je ferai mieux, reprit Dachet avec
un sourire d'une bohommie qui eût
trompé l'être le plus soupçonneux, je
vous enrichirai d'un seul coup. C'est pour
moi un devoir d'agir ainsi lorsqu'il s'agit
de la fille et du futur gendre d'un homme
qui m'a obligé autrefois.
Comment pourrais-je reconnaître
tant de bienveillance, tant de bonté?
s'écria Paul Maisonneuve..
N'en prenez nul souci, mon ami, et
aller voir demain Tribout, monagent; je
lui parlerai ce soir et vous recomman-
derai.
Qu'aurai-je à lui dire, monsieur?
Qu'il achete pour votre compte tout
ce qu'il trouvera sur la place d'actions
de Paris port.de mer.
Mais je ne suis pas en état de les
payer!
Cela ne sera pas nécessaire. Dans
trois semaines ces actions auront gagné
une plus-value de cent francs, et, sans
bourse délier, vous profiterez de la difo •
férence. Achetez-en mille, c'est cent
mille francs de bénéfice.
Et s'il y avait une baisse ? observa
Paul Maisonneuve.
La hausse se fera à ma volonté.
Laissez-vous guider par moi. Je vous
garantis cent mille francs en poche
avant quinze jours, pas un soude moins.
Je tiens ace que cette somme se trouve,
en bons billets de banque, au fond de la
corbeille de la mariée.
Qui aurait pu résister à 'cette assu*
rance ?
A coup sûr ce n'était pas un pauvre
amoureux dont l'unique pensée était
d'assurer à sa fiancée la douce existence
qu'il rêvait pour elle D'ailleurs, pour-
quoi douter des paroles du banquier?
N'était-ce pas à la bonne volonté de Da-
chet que Paul Maisonneuve devait sa
position dans la maison Mittermann, J.
Starke et Ce?
Sans plus réfléchir, il suivit le conseil
qui lui était donné, et, désireux de cau>
ser une joyeuse surprise à Mlle Desprez,
il ne lui parla pas de la spéculation à la.
quelle il se livrait.
Nous verrons bientôt quelle devait en
être l'issue! ̃
ARMAND Lapoînte. >
(La su ite à demain\
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