Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-08-26
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 août 1875 26 août 1875
Description : 1875/08/26 (Numéro 237). 1875/08/26 (Numéro 237).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE MGÀRO JL?gDi 24 AOUT 1875
mais. Les cochers sont si bien, si heu-
reux dans ces refuges, qu'il devient im-
possible de les en faire sortir. Il y a une
dizaine de voitures sur la place et pas un
cocher sur son siège; à quelque heure
que vous vous présentiez à la porte du
Shelter, c'est le nom de ces chalets vous
trouvez tous les cochers en train de sa-
vourer leur thé au coin du feu, et, comme
il pleut, aucun de ces messieurs ne prend
la peine de se déranger. Il y a bien une
ordonnance qui oblige à marcher celui
dont la voiture est en tête, mais comment
le reconnaître? A la rigueur on pourrait t
s'adresser à un policeman dont l'auto-
ritéserait respectée; seulement, quand il
pleut, le policeman se met également à
l'abri, en sorte qu'il faut courir à sa re-
cherche et que lorsque vous montez en
voiture la pluie a cessé, mais vous êtes
abominablement trempé.
Lors du voyage de M. le préfet de po-
lice à, Londres, je lui avais signalé cette
innovation dont je n'avais pu apprécier
les inconvénients, car, par exception, à
cette époque le temps était très beau;
comme M. Léon Renault est un homme
d'initiative, s'il lui prenait fantaisie
d'importer les shelters à Paris, je lui
conseillerais, à côté de celui des cochers,
d'en faire établir un pour les voyageurs,
qui auraient alors la ressource d'atten-
dre tranquillement que les automédons
soient disposés à se mettre en route.
Puisque J'y suis, je ne sortirai pas de
l'administration municipale, et je don-
nerai quelques détails assez inconnus sur
l'organisation des pompiers à Londres.
Jusqu'en 1867, c'était une compagnie
privée qui se chargeait de protéger la
ville contre les incendies; depuis cette
époque les pompiers sont sous la direc-
tion du conseil des travaux publics. Il
n'y avait en 1866 que cent trente pom-
piers à Londres, nous en avons à présent
trois cent quatre-vingt-seize, et qua-
rante-neuf postes au lieu de dix-sept.
11 y a vingt-six pompes à vapeur, qua-
tre-vingt-cinq pompes à bras.L'entretien
du corps des pompiers et du matériel a
coûté l'année dernière environ 1,900,000
francs, sur lesquels 325,000 fr. sont four-
nispar les diverses compagnies d'assu-
rances.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
Reims, 24 août, lOh., soir.- Je vous
confirme ma dépêche de ce soir (8 h. 58) vous
annonçant l'arrivée du roi Louis II de Ba-
vière, voyageant sous le nom de comte de
Holstein.
̃ Sa Majesté vient assister au congrès catho-
lique dont je vous ai entretenu, et qui a été
ouvert avec une certaine solennité, hier soir,
sous la présidence de de Mgr Langénieux.
On a été très surpris, à Reims, de l'arrivée
subite du roi. L'incognito a été très recom-
mandé, et les dépêches adressées à la gare
respiraient un certain mystère.
Nous n'avons pu le chef de gare et moi,
connaître la vérité, que par l'indiscrétion d'un
homme de la suite.
,Sa Majesté a voyagé de Munich jusqu'à
Reims dans un wagon-salon bavarois. Deux
voitures de lre et 2e classe contenaient,sa
suite, composée de dix personnes environ.
Louis II est un homme superbe; demain,
25 août, il entre dans sa trente-unième année.
Il est descendu à l'hôtel du Lion d'oc, où
des appartements lui ont été préparés des ce
matin,
25 août, midi. M. Schamberger,
conseiller de la direction générale des che-
mina de fer bavarois, vient de prévenir le
chef de gare que demain, jeudi, par le train
de 9 heures 55 du matin, de Chalons à Avri-
court, aura lieu le départ du roi Louis. Nul
doute maintenant, d'après cette courte excur-
.sion à Reims, que le but unique du voyage
l'ait été le congrès catholique.
Saint-Dizier, 24 août. Hier matin
arrivait à Saint-Dizier, à la tête de son régi-
ment, le duc de Chartres, lieutenant-colonel
du 2° dragons, en garnison à Lunéville. L'ac-
cueil sympathique de la population lui a ap-
pris qu'il ne traversait pas un pays étranger
à sa famille; C'est en effet autour de Saint-
Dizier que le prince de Joinville, son oncle et
son beau-père, possède d'immenses propriétés
forestières, tant à Joinville qu'à Arc-en-Bar-
rois.
Le soir, à neuf heures et demie, deux breaks
de chasse emmenaient le duc et une dizaine
de ses officiers, aux usines de M. Desforges,
situées à Marnaval, à trois kilomètres de la
ville. Un gigantesque haut-fourneau devait lui
offrir le curieux et imposant spectacle d'une
coulée de nuit, en plein air. Le duc et ses offi-
ciers ont visité les différentes parties de l'usine
à la lueur des torches.
A onze heures, au son des fanfares exécu-
tées par des jeunes cavaliers de Saint-Dizier,
le duc de Chartres est rentré en ville après
avoir laissé aux ouvriers de l'usine des mar-
ques de sa générosité.
Lo lendemain matin, il poursuivait avec son
régiment le chemin du camp de Chalons, ou
il doit prendre part aux grandes manœuvres.
(v- Calais, 25 août, 3 h. soir.– Le capi-
taine Webb a traversé le détroit à la nage.
Parti de Douvres, hier, à,une heure, il est ar-
rivé à Calais, ce matin, à onze heures et de-
mie Il est descendu à l'hôtel de Paris, où les
Feuilleton An MM du 26 Août I87S
̃̃" ""T" 33
LA
CHr.SSE AUX FUNTOMES
première Partie
L'AMOUR DE li'OR.
̃' xxvn
Depuis le jour où, pour se veqger, Co-
peau avait dit à Robert Dachet Ta
femme est la maîtresse du comte de Pre-
vodal, le banquier n'avait pas revu Mina,
et la jeune femme s'était de nouveau
trouvée replongée dans l'abandon; cette
fois, elle ne devait plus en sortir. Il n'a-
vait plus besoin d'elle pour la satisfac-
tion de sa cupidité, et il la rejetait
comme l'on fait de ces instruments
passés de mode ou qui ne Tendent plus
aucun son. Son indifférence semblait si
complète qu'elle eût été, pour une autre
femme, le comble du mépris, une puni-
tion plus terrible que la vengeance la
plus éclatante. Non-seulement il ne lui
fit aucun reproche, mais encore il agit
comme s'il eût ignoré les relations qui
existaient entre elle et Prosper; il n'es-
saya même pas de faire cesser ces rela-
tions.
On pourrait trouver cette conduite
odieuse et invraisemblable odieuse
cela n'est pas douteux invraisemblable 1
Reproduction autorisée pour les journaux qui
i»nt traité avec la société des Gens de lettres.
soins les plus empressés lui ont été prodi-
gués. On lui prépare pour ce soir une grande
ovation.
La traversée a duré 21 heures 40 minutes.
Le capitaine est natureilement fatigué, mais
en bonne santé. Il n'avait pas d'autre vête-
ment qu'une ceinture.
Genève, 24 août, matin. M. Thiers
ne couche jamais dans d'autres lits que les
siens et, quand il arrive dans un hôtel, son
premier soin est de faire déplier trois lits de
fer pour sa famille et pour lui. C'est ce qu'il
a fait à l'hôtel Beaurivage.
Hier matin, il a fait une promenade jusqu'au
nouvel Hôtel national qui possède un parc
délicieux, et où il voulait descendre, mais
Mme Thiers a craint la fraîcheur des murs.
Le soir, il a essuyé une première sérénade,
donnée par la « fanfare. française, » et il s'est
mis, à plusieurs reprises, à la fenêtre pour
remercier les musiciens.
Mercredi matin, à neuf heures et demie, M.
Thiers part par le bateau Le Mont-Blanc pour
Ouchy, où il a fait retenir ses appartements
au premier étage de l'hôtel Beau-Rivage (en-
core ), unique par sa belle position et son
parc splendide.
TOULOUSE, 25 août, 9 h. 10 soir.
Ce soir, la cour d'assises a condamné Vian,
reconnu coupable de bigamie, à six ans de
réclusion.
Ce malheureux était défendu par M0 Jules
Favre.
Caen, 24 août. Par décret du mi-
nistre de la guerre, en date du 5 août, les
jeunes gens, dont les noms suivent, ont été
promus au grade de sous-lieutenants dans la
réserve de l'armée active, pour être affectés
au 5° régiment de ligne, qui va prendre part
aux grandes manœuvres d'automne, entre
Caen et Paris.
Ce sont MM. Viardot, Marcel de Germiny,
Gilles, Verel, Conon, Raoul Le Forestier
d'Osseville, Houdan, Marescot, Albert de
Cussy, Boulard.
–•- Verdun, 24 août. Le général de
Cissey, arrivé dans la nuit, s'est rendu ce
matin â cinq heures à la citadelle et a exa-
miné avec beaucoup d'attention les travaux
considérables en cours d'exécution. Le minis-
tre dela guerre passera ta journée à visiter
les nombreux forts dont la construction est
déjà très avancée.
«-»j>~ Rome, 23 août. L'instruction du
procès du sénateur Satriano est terminée. On
annonce comme possible la convocation du
Sénat avant le mois de novembre, pour déci-
der sur l'accusation et sur son renvoi devant
la haute-cour de justice.
™ Le pape a fait inviter le cardinal
Ledochowski, archevêque de Posen, à venir à
Rome aussitôt après sa sortie de prison. On
lui prépare des honneurs spéciaux, à l'occa-
sion de la remise du chapeau. Ce n'est qu'en
février prochain que les portes de la prison
s'ouvriront devant lui.
A Mercogliano.des brigands se sont
emparés du prêtre Hannibal-Sersale et d'un
de ses fermiers. Us exigent 50,000 lires pour
les relâcher.
• il y a en ce moment en Italie envi-
ron soixante-dix officiers prussiens qui visi-
tent et étudient les contreforts des Alpes et
des Apennins et ne s'arrêtent que peu de
temps et rarement dans les grandes villes.
Auguste Marcade.
T. Johnson.
PARIS AU JOUR LE JOUR
On sait avec quelle aigreur imperti-
nente les journalistes allemands repro-
chent aux journalistes français ce qu'ils
appellent leur ignorance. Des écrivains
infaillibles auraient seuls le droit de se
montrer aussi sévères que cela que
penser de la Gazette de t'Allemagne du
Nord qui raconte gravement que le seul
département de la Loire contient 98 cou-
vents d'hommes et 341 couvents de
femmes? Or, il n'y a que 320 communes
dans tout le département; chacune
d'elle contiendrait donc un couvent et
un tiers!
Ce n'est pas tout. D'après la feuille al-
lemande, les jésuites auraient fait ad-
mettre en 1874 773* candidats à Saint-
Cyr, 243 à l'Ecole polytechnique et 147 à
l'Ecole navale.
Le chiffre normal des admissions an-
nuelles, à Saint-Cyr, n'est que de trois
.cents! Ainsi des autres écoles.
Ce que la Gazette de l'Allemagne du
nord voulait arriver à démontrer, c'est
que, menés par ces élèves, des jésuites,
les soldats sont obligés de se confesser
« quatre fois par an! »
Et l'on conclut gravement qu'ainsi
l'armée française se prépare à une guerre
de revanche "catholique contre la Prusse
protestante.
Voilà par quelles bourdes la presse
allemande essaie d'exciter les esprits
contre la France. Il va de soi qu'après
avoir débité de pareils enfantillages, elle
devra renoncer à nous taxer de légè-
reté.
VEconmnist de Londres a justement
critiqué dans un article charmant la pé-
riode de chauvinisme dans laquelle sont
entrés les Allemands et qui vient en-
core de se donner carrière pour l'inau-
c'est possible mais elle était ainsi, et
la chose est, dans le monde, plus com-
mune qu'on ne le suppose. Ce qui ten-
drait à prouver que, sur ce point, pas
mal de gens sont de l'avis de La Fon-
taine.
Prosper et Mina sont-ils heureux!
Non
La jeune femme vit dans les angoisses
et dans les larmes. Jadis elle était mal-
heureuse, mais sa conscience était en
repos. Comme les matrones des temps
antiques, elle se drapait, contre l'indif-
férence et l'abandon de son mari, dans
le manteau de sa dignité blessée, et trou-
vait un âpre plaisir à son rôle de vic-
time. Aujourd'hui, elle est désespérée,
elle tremble, elle gémit elle se trouve
indigne elle-même, et, en même temps,
maudit son mari qui l'a poussée vers la
chute L'appréhension, la crainte, le
remords sont devenus les hôtes assidus
de son chevet.
C'est que si une passion commune
peut étouffer la voix de la conscience;
il n'on est point ainsi lorsque la femme
s'est donnee sans amour; et-de tous les
supplices c'est à coup sûr le plus dou.
loureux, le p lus terrible pour une fem-
me que de subir des ivresses qu'elle ne
partage point. Alors, ce qu'elle éprouve
pour l'auteur de ses maux est une haine
implacable, et ces haines font naître
parfois des vengeances,qui portent l'é-
pouvante dans les familles et font fré-
mir les plus indifférents.
Donc, Mina haïssait et méprisait son
mari et fuyait M. de Prévodal.
Quant à celui-ci, inhabile encore à lire
dans le cœur de la femme, inhabile
aussi à découvrir la cause de ces effa-
rouchements sans cesse renaissants, de
ces pudeurs inexplicables, de 'ces tris-
tesses qui le navraient, de ces refus qui
le mettaient au désespoir, il était mal»
guration du monument d'Arminius à
Teutoburg.
Tous les détails de la fête n'avaient qu'un
seul objectif, tout ce qui a été écrit à ce sujet
dans lés feuilles allemandes n'était inspiré
que par une seule idée à savoir de perpétuer
1 antagonisme de race entre les Allemands et
les Français. On a sorti la victoire d'Armi.
nius sur VaruS' de son cadre naturel d'inci-
dent secondaire dans une guerre de fron-
tière, pour en exagérer l'importance et en
faire le premier coup de quelque portée frappé
dans ce duel prolongé qui s'est terminé par
la capitulation de Paris en 1871'. On présente
l'insolence et l'imprudence de Varus comme
les types des vices qui caractérisent la race
latine. On exalte la modestie, la tempérance,
la prudence et la iiravoure soutenue d'Armi-
nius en les représentant comme le premier
bouton éclos des vertus germaniques. Nul, il
nous semble, n'a intérêt à défendre le carac-
tère de Varus ou à nier la supériorité de son
adversaire teutonique. Mais il est souveraine-
ment absurde de vouloir prendre le résultat
de cette guerre de buissons sous Auguste
comme un terme éternel et immuable de com-
paraison entre les qualités respectives du ca-
ractère germain et du caractère latin.
Les Allemands ne se feront pas mieux va-
loir en vantant les qualités inhérentes et hé-
réditaires possédées par leur race à son ori-
gine, pour en tirer l explication des derniers
succès que cette race, arrivée à sa maturité,
a obtenus dans le monde. Si chaque généra-
tion n'avait pas été en progrès sur la précé-
dente, si les Teutons n'avaient pas subi l'in-
fluence de la subtilité et de l'éclat du génie
grec, de la discipline et de la science juridique
des Romains, de la vivacité et de la finesse
de l'esprit français, à coup sûr les descendants
d'Arminius ne seraient pas aujourd'hui placés
bien haut dans l'échelle des civilisations eu-
ropéennes.
Dans cette facon d'établir comme une
loi inéluctable de l'histoire la supério-
rité de la race allemande sur la race
latine, l'Econoniist voit le danger de
perpétuer les rancunes qui les séparent.
Deux nations peuvent être en conflit la
plus forte peut écraser la plus faible, et l'on
peut être assuré qu'il en résultera pour un
temps, d'un côté, une amère soif de revan-
che, de l'autre des sentiments de mépris.
Mais si le vainqueur sait s'élever au-dessus
de ces sentiments méprisants par l'effet d'un
jugement sain nous ne voulons pas dire par
des pensées sympathiques, ils s'apaisent na-
turellement avec le temps et l'ardeur de la
revanche diminue graduellement chez l'ad-
versaire. ·
Si le premier, au contraire, entretient sa
morgue et son orgueil, non-seulement par le
souvenir de ses propres triomphes, mais par
la recherche, à travers toute l'histoire, des
victoires passées de sa race, les années, en
s'accumulant; ne feront qu'augmenter l'inten-
sité des haines mutuelles et des sentiments
de mépris et de vengeance.
»% On a beaucoup remarqué le double
toast que M. Magne a porte à l'issue du
dîner officiel offert par le préfet de la
Dordogne, après clôture de la session du
conseiL général..̃̃> ,̃• j
Messieurs, a dit l'ex-ministre, j'ai l'honneur
de vous faire une proposition qui, j'en suis
sûr, obtiendra votre adhésion unanime. Je
vous propose de boire à la santé de M. le ma-
réchal de Mac-Mahon, président de la Répu-
blique. Messieurs, lorsqu'il s'agit d'occuper le
pouvoir supérieur, les grandes ambitions peu-
vent s'improviser et ne manquent pas. Mais
les grandes personnalités, les grands noms
vraiment dignes d'occuper un poste aussi
élevé ne s'improvisent pas et sont'rares.
La France, au milieu de ses infortunes,a eu
la change d'avoir successivement sous la main
deux grands personnages naturellement dé-
signés à son choix. Le premier, foncièrement
conservateur (plus peut-être qu'on ne l'a cru
et qu'il cherchait à le paraître) et grandement
versé dans les matières de finances et de
crédit, a eu d'abord à lutter, avec l'aide de
notre brave armée, contre l'anarchie triom-
phante, et ensuite à présider aux grandes
opérations financières qui ont permis de hâter
le départ de l'ennemi. Il n'est que juste de
reconnaître que ces deux entreprises ont
réussi, au grand avantage du pays. Si je
parle ainsi de M. Thiers, messieurs, c'est que
cette appréciation est conforme à la justice;
qu'à mon sens les partis entre lesquels l'opi-
nion est malheureusement si divisée auraient
le plus grand intérêt à être justes les uns en-
vers les autres, et qu'il est déplorable de voir
avec quelle passion aveugle ils manquent trop
fiouvent à cette loi. Efforçons-nous de bannir
cette mauvaise disposition de nos esprits.
Le second personnage, M. le maréchal de
Mac-Mahon, était tellement désigné par son
caractère et par ses glorieux services sa fi-
gure sympathique et respectée se montrait
dans une région si exceptionnellement élevée
que. lorsqu'il s'est agi de pourvoir à la va-
cance de la présidence, aucun autre nom n'est
venu à la pensée de la nation, en concurrence
avec le sien. Le maréchal de Mac-Mahon, de-
puis qu'il est à la tête des affaires, a remporté
une nouvelle victoire, peut-être la plus diffi-
cile de toutes, surtout sous un régime parle-
mentaire.
A force de loyauté de désintéressement,
d'impartialité à l'égard de tous les partis, il a
vaincu les partis eux-mêmes il les a forcés à
lui accorder leur estime et leur confiance, et
il a puisé dans cette situation une autorité
morale que le pouvoir seul dont il est revêtu
n'aurait pas pu lui procurer.
Nous prévoyons d'avance que les ex-
cessifs vont reprocher à M. Magne de
ressembler à Sosie « ami de tout le
monde », mais nous croyons être dans le
heureux aussi lui et son amour s'ac-
croissait de toutes les difficultés qui s'op-
posaient à ses désirs. Sa vie s'écoulait,
indifférente à tout ce qui était étranger
à sa passion, en courses, sans résultat le
plus souvent, de la rue de Vaugirard à
l'hôtel Dachet, en supplications, en priè-
res, en correspondance, et aussi en rages
folles qui lui apportaient au cerveau les
projets les plus insensés. Il se considé-
rait comme -le plus malheureux des
hommes et n'avait peut-être pas tort
Ses relations avec Dachet avaient subi
un temps- d'arrêt très caractérisé. Le
banquier, ne vivant plus dans sa maison,
était devenu invisible. Prosper ne le ren-
contrait que lorsqu'il allait à l'Opéra ou,
aux Italiens, où Dachet était très-assidu;
mais ces rencontres étaient rares, par la
raison que M. de Prévodal passait pres-
que toutes ses soirées à faire le siège de'
la maison de la rue de Provence.
Un matin, Nick apporta à son maître
deux lettres qui venaient d'àrriver par la
poste. L'une était d'une écriture incon-
nue, l'autre était de Mina. C'était une
bonne fortune bien rare pour l'amoureux
Prévodal; il s'empressa de la décacheter.
Sa joie fut de courte durée.
Dans cette lettre, dont chaque mot
exprimait une douleur cachée jusque-là,
un désespoir inguérissable, Mina sup-
pliait Prosper de Prévodal de ne plus
chercher à la revoir. « Je suis,.lui di-
sait-elle, la plus méprisable et la plus
malheureuse des creatures, car je ne
Vous aime pas, je ne vous ai jamais
aimé! Si je suis allée un jour chez vous,
ce n'est pas l'amour qui m'y a poussée,
c'est mon mari il venait de me vendre
au baron Mittermann et voulait encore
se servir de -moi pour consommer votre
ruine. Exaltée, en proie à la fièvre, j'ai
voulu sauver votre fortune, votre bon-
aieur peut-être, et me suis perdue! 1
vrai en affirmant que rien ne serait plus
heureux pour la France que la conver-
sion de tous les hommes de parti aux
idées de M. Magne.
Pour ma part, a-w dit encore, je n'ai ja-
mais compris ni ppfôqué l'opposition systé-
matique. J'aime mneux le principe de M. de
Lamartine, d'après lequel « on doit s'appliquer
à empêcher tous les gouvernements de mal
faire, et à les aider à faire le bien. » Il ne
faut, en effet, jamais perdre de vue que, der-
rière tous tes gouvernements, se trouve la
France, et que la France, sous tous les ré-
gimes, a droit au premier rang dans nos af-
fections et notre dévouement.
Cela est fort sage et la France rie doit
la répétition fréquente de ses explosions
révolutionnaires qu'à la fidélité inoppor-
tune et d'ailleurs intéressée de son per-
sonnel dirigeant.
Tudieu! quel appétit on a dans la
maison Garibaldi! Le Moïdtvwr universel
fait, à ce sujet, des révélations édifiantes.
Le général occupait à Civita-VecChia une
villa pour lui et sa famille, et c'était la so-
ciété ouvrière qui était chargée de pourvoir
à leur alimentation. Tous les matins elle en-
voyait à Garibaldi 20 à 22 livres do viande, 4
poulets, plusieurs kilogrammes de fruits, et
le reste à l'avenant. On absorbait régulière-
ment ces envois, mais aussi régulièrement on
se dispensait de les payer.
Aujourd'hui Garibaldi a quitté Civita-Ve&-
chia, et c'est l'hôtelier qui présente sa note à
la municipalité de la ville, laquelle ne peut
moins faire quede subvenir à l'entretien de
l'ex-dictateur, la municipalité de Naples
ayant bien alloué 500 francs par mois à un
patriote radical qui avait eu le malheur de
contracter des dettes dans un café. Or, l'ad-
dition de l'hôtelier de Civita-Vecchia n'est
rien moins que modérée. Pour un mois, lo-
gement non compris, elle s'élève à 7,726 francs,
plus 35 centimes.
Chaque dîner y est compté pour 100 francs,
chaque souper pour 30. On buvait chez le gé-
néral dix-huit litres de Chiari et on consom-
mait 45 kilogrammes de glace par jour; quant
aux domestiques, il ne leur a pas fallu moins
de neuf barils de vin pour leurs besoins per-
sonnels, pendant trente jours. Bref, la muni-
cipalité de Civita-Vecchia a refusé de solder
cette note, mais le créancier insiste, et il est
probable que l'affaire sera portée devant les
tribunaux.
De quoi se plaint cet aubergiste ? Ga-
ribaldi n'a-t-il pas donné la Sicile au
royaume d'Italie? cela vaut plus de
7,726 fr. 35 cent.
x .F. M.
BOITE AUX LETTRES
Nous appelons l'attention de nos lec-
teurs sur la curieuse lettre qui suit. Bien
qu'elle ne soit pas signée, elle émane
evidemment de l'officier lui-même qui
rencontra la duchesse de Berri sur le
pont de Nantes.
Monsieur le Rédacteur,
Dans votre article du 22 août' ayant pour
titre: Madame en Vendée, vous dites
« C'est ainsi que les deux voyageuses arri-
» vèrent à Nantes. Au pont Pyrmile, Madame
»se trouva tout à coup en face d'un détache-
ment commandé par un officier qui sortait
de la garde. Il regarda longtemps la
», paysanne, qui le reconnut aussi, et passa
» avec sa troupe. »
Madame la duchesse de Berri s'est trom-
pée l'officier qui passa près d'elle, sur un
pont vieux et étroit, dont il ignorait le nom,
n'a jamais fait partie de la garde il était de-
puis peu, comme lieutenant, dans le 14* lé-
ger, alors en garnison à Nantes. Il se rendait
avec un très petit détachement à Valette. Si
Madame venait de Chérolière, elle avait dû se
mettre en route de bonne heure ou faire le
trajet en voiture, car cette rencontre eut lieu
un peu après cinq heures du matin. Madame
se tenait sur le côté gauche du pont faisant
face à la ville, et le lieutenant, un peu en ar-
rière de ses hommes, sur le milieu du pont,
passa à sa droite à peu de distance.
Il ne reconnut pas Madame; ce qui le frappa
et le fit regarder attentivement, ce fut la dé-
marche d'abord, puis, en approchant, la blan-
cheur de la peau et surtout celle des cils,
qui étaient plus que blonds, et la finesse des
traits. Il se retourna, et son étonnement aug-
menta en remarquant la petitesse des pieds,
qui étaient couverts de boue ainsi que les
jambes, mais à une hauteur qui parut sin-
gulière..
On oubliait ceci Madame la duchesse de
Berri avait sur sa tête un grand panier rond
qui paraissait lourd et semblait fait avec des
parties de branches de châtaigner couvertes
de leur écorce, comme celles qu'on emploie
pour les cercles de futailles.
Ce fut en continuant son étape que l'offi-
cier, qui avait vu deux'fois la princesse à Pa-
ris, en vint, après bien des hésitations, à pen-
ser que cette paysanne élégante pouvait être
Madame la duchesse de Berri. Lorsque, beau-
coup plus tard, il lut la brochure de M. le
général Dermoncourt, il ne conserva plus de
doute à cet égard.
Quant au silence qui lui est attribué, l'of-
ficier n'en eut donc pas le mérite sur le mo-
ment mais bien certainement il eût été gardé
s'il avait reconnu de suite Madame, car, comme
tous les officiers de l'armée, il admirait et ai-
mait Son Altesse royale la duchesse de Berri
et lui portait le plus profond dévouement.
Veuillez recevoir, etc.
Après un pareil aveu, vous ne devez
avoir que du mépris pour moi; mais si
pénible que me soit votre mépris, il me
sera moins douloureux que la honte de
me donner sans amour, que l'horrible
sacrifice que m'a imposé une première
faute. D
Ce rèvélations, qui s'adressaient à la
fois à son amour-propre et à sa plus
chère illusion, foudroyèrent M. de Pré-
vodal il tomba anéanti, sans force, sans
voix, sans volonté!
Ainsi l'amour de cette belle jeune
femme, amour dont il était si fier, si
glorieux, cet amour qui devait occuper
toute sa vie, n'avait été qu'une- surprise
d'un moment et, plus tard, une comédie
terrible empreinte de remords, de trou-
ble, d'angoisses pénibles! Il s'était cru
aimé, et il n'était qu'indifférent 1 Ce qu'il
avait pris pour de la pudeur n'était qu'une
invincible répulsion 1
La chute eut été brutale pour un autre,
elle fut accablante pour Prosper.
Devait-il donc perdre de même, et
lés unes après les autres, toutes ses illu-
sions, toutes ses espérances, tous les
rêves charmants qui, jusque-là, avaient
fait naître ses enthousiasmes?
Non, se dit-il en se redressant énôr-
giquement, car la vie* serait sans but, et
le Créateur n'a pu vouloir une chose
aussi impie t
En ce moment son regard tomba sur la
seconde lettre que Nick lui avait remise.
Il brisa l'enveloppe et lut ce qui suit:
« Messieurs Ducarrey et Cie ont l'hon-
neur de saluer M. le comte de Prévodal
et de le prier de vouloir bien réaliser,
dans les trois jours, sa souscription de
deux millions a la Compagnie de Paris-
port-de-Mer dent il est un des adminis-
-trateurs. A défaut de ce versement dans
le délai fixé, les actions souscrites par
M. le comte de Prévodal seront vendues
INFORMATIONS
Demain vendredi, M. le maréchal de Mae-
Mahon quittera Paris pour aller passer quel-
ques jours dans ses propriétés du Loiret ou
le Président doitfaire l'ouverture de la chasse.
On ne sait pas encore exactement jusqu'à
quelle époque se prolongera le séjour du Ma.
réchal à la campagne.
M. Ferdinand Duval, préfet do la Seine, a
quitté Paris hier. Il va passer quelques jours
aux eaux.
M. Wallon, ministre de l'instruction pu-
blique, a également pris un congé.
Hier, 25 août, a commencé l'exploitation de
la ligne des tramways du Louvre à Vinoen-
nes, retardée par suite d'une divergence en-
tre le conseil municipal et la Compagnie des
omnibus, et qui, apres explication, vient en-
fin d'être livree à la circulation.
La Compagnie des allumettes continue à
poursuivre les contrebandiers. Comme citoyen,
ami avant tout du respect de la loi, nous ne
pouvons que l'approuver dans ses poursuites
comme homme et comme consommateur,
nous continuons à reconnaître que la contre-
bande fournit de bien meilleurs produits que
la régie. r
Hier encore, on a opéré trois arrestations
motivées par la fabrication clandestine des
allumettes la première, dans la rue Jean-
Nicot, où le nommé Siaux a été arrêté par
les gardiens de la paix au moment où i\ of-
frait des allumettes chimiques non timbrees;
la seconde, dans la rue Lambert, où une
femme Petit offrait également des allumettes
illégales enfin, la troisième, avenue de Cli-
chy, où les gardiens de la paix ont arrêté un
nommé Aubin, conduisant un âne attelé à
une petite charrette dans laquelle on a trouvé
une caisse pleine d'allumettes soufrées.
Et cependant elles prenaient, celles-là 1
On remarque beaucoup à l'Exposition du
Palais de l'Industrie les pianos de M. Phi-
lippe Herz; trois pianos de formats droits et
trois pianos à queue constituent l'envoi de
cette importante maison. i
Ces produits lui font le plus grand honneur
et attestent une fois de plus que la grande
médaille qu'elle a obtenue à l'Exposition uni-
verselle de 1867, tout en l'élevant au premier
rang, n'a été pour elle qu'un encouragement
à de nouveaux progrès.
On nous raconte un fait extrêmement grave,
dont nous ne croyons pas devoir parler en
détails. Si nous le mentionnons, c'est que
peut-être quelques-uns de nos confrères ne
seront pas aussi discrets que nous, et que
nous ne voulons pas avoir l'air d'ignorer une
grosse nouvelle
Cette nouvelle c'est l'arrestation dernière-
ment opérée, pour de bien tristes motifs
dans lesquels l'argent n'a rien à voir, d'une
des notabilités commerciales de Paris.
Qu'arrivera-t-il de cet événement ? Nous
l'ignorons, et, nous le répétons, nous n'en
parlerons plus, estimant que lorsque un de
ceux qui, par leur position, sont tenus de
donner l'exemple aux autres, commet une
faute, il ne faut pas donner au rebut dela so-
ciété la joie de faire du tapage autour de cette
faute.
Autre arrestation; là encore nous ne
croyons pas devoir donner de noms.
La personne arrêtée est une cantatrice fort
connue • ne précisons pas.
La cantatrice en question avait un amant.
Il y.a quinze jours, l'amant lui annonça qu'il
se mariait le lendemain.
La jeune femme ne dit rien, et lui demanda
indifféremment à quel endroit serait célébrée
la cérémonie nuptiale.
L'infidèle répondit que ce serait dans la
cathédrale de la 'ville de M. non loin de
Paris.
Et, en effet, la cérémonie y fut célébrée.
Seulement, au moment de la sortie, au lieu
de la marche triomphale qui se joue ordinai-
rement en cette circonstance, ce fut le Dies
Irx qui retentit.
La cantatrice qui avait acheté la conscience
de l'organiste, venait de l'entonner à pleine
voix, et, en entendant les échos des hautes
voûtes repercuter cé chant funèbre, toute la
noce s'était arrêtée horriblement saisie.
La mariée se trouva mal on se précipita à
l'orgue, mais la porte était fermée, et le Dies
irx s'acheva.
La cantatrice et l'organiste furent arrêtés à
la sortie. Leur procès va s'instruire.
Il n'est question, dans le demi-monde, que
de la déconvenue d'une femme extrêmement
connue, connue depuis fort longtemps, ce qui
montre qu'elle n'est plus de la première jeu-
nesse.
La personne en question, qui revient de
Russie, y a vécu pendant onze mois avec un
des plus hauts personnages du pays, aussi
fonctionnaire que millionnaire; le prince en
question, car c'est un prince, l'avait
littéralement couverte de diàmants.
Vint le jour de la rupture, summa dies,
comme nous disions au lycée Louis-le-Grand.
La jeune personne nous voulons dire la
vieille personne revint à Paris, et l'argent
se mit à s'en aller avec cet entrain particu-
lier qu'il a.
Un jour, on se trouva en présence de cette
inexorable nécessité de vendre, les diamants,
et, avant-hier, on porta le tout rue de la
Paix!
Mais ils sont faux et ne valent pas dix
mille francs, s'écria le joaillier.
Les choses en sont là. Reste à savoir si le
haut personnage a été dupe lui-même ou
dupeur.
Les amateurs d'équitation qui sont conti-
à la Bourse et il demeurera passible de
la différence. »
Ah s'écria Prosper, c'est de l'im-
pudence.
'Mais la question d'intérêt ne passait
qu'après la question d'amour.
Il s'habilla promptement, monta en
voiture et se fit conduire rue de Pro-
vence. F
Mina refusa péremptoirement de le
recevoir.
Alors Prosper de Prevodal demanda
Dachet.
Voyez rue Basse-du-Rempart, ré-
pondit le domestique, à la maison de
banque. Monsieur n'est pas ici.
J'y vais, dit le jeune homme qui
tenait à avoir avec Robert une explica-
tion sur cette demande de deux millions
qui lui était faite par les successeurs de
Dachet dans la propriété du journal fi-
nancier.
Il se rendit rue Basse du Rempart.
Là, il apprit que Robert Dachet était
absent.
Si monsieur veut parler à M. J.
Starke, dit le garçon, je vais l'annoncer.
C'est inutile, répliqua Prosper, car
je suppose que M. Dachet ne sera pas
absent pour beaucoup de jours.
Pour quinze jours au moins: il est
en Allemagne.
C'est bien; je reviendrai.
Quand il fut sur le trottoir, M. de Pré-
vodal put se livrer à de sérieuses médi-
tations, et ce qu'il entrevit dans l'avenir
n'était pas couleur de rose.
Ainsi qu'il arrive souvent chez les
gens en proie à de graves préoccupa-
il gesticulait et parlait tout haut
comme s'il eût eu un contradicteur en
iface deJui..
Melvaà avait-il donc raison? se-
crïait-U et a'ai-je fait que la chasse aux
fantômes?-
nuellement rebutés parla triste façon dont
ils sont accommodés dans presque tous les ma-
néges de Paris, nous sauront gré de leur si-
gnalèr la création d'un nouvel établissement
hippique qui va s'ouvrir à la porte Dau-
phine, sous la direction de M. Henri Pellior
fils.
Cet établissement occupe d'immenses ter-
rains contigus à la gare du chemin de fer, où
des trains passent à chaque instant.
On trouvera chez Henri Pellier deux ma-
néges, l'un couvert, l'autre découvert. Les
chevaux qu'il a achetés sont tous des bêtes de
luxe, et n ont rien de commun avec ces hari-
delles poussives que l'on rencontre au bois.
Signalons enfin une très heureuse innova-
tion. Des voitures supérieurement servies
iront chercher à domicile les dames qui pren-
dront des leçons, cela sans supplément de
prix.
Nous souhaitons bonne chance à M. Henri
Pellier. Avec son nom, la situation qu'il a
choisie et la façon grandiose dont il s'installe,
il ne peut manquer d'ailleurs de réussir.
Les habitants de l'avenue d'Italie étaient
mis en émoi hier, vers deux heures et demie,
par une épouvantable explosion partant do
f'ateiier de M. Languy, armurier, demeurant
au n° 73 de l'avenue.
Mme Langay était occupée à la fabrication
de cartouches Lefaucheux. En bourrant-une de
ces cartouches, la broche vint frapper sur la
table, fit explosion et communiqua le feu à
un hectogramme de poudre qui se trouvait à
côté.
Mme Languy a été grièvement blessée à la
tête et aux mains. On l'a transportée dans son
appartement au premier étage où des soins
lui ont été donnés. Elle n'a pas été la seule
victime de son imprudence deux jeunes en-
fants, Louise Remy, âgée de treize ans, et
Jules Dorlé, âgé de quatre ans, habitant tous
deux la maison et qui se trouvaient dans la
boutique à la regarder faire ont également"
été brûlés, l'une au visage et à la main droite,
l'autre au cou et à la tête. Ces deux enfants
ont été portés chez leurs parents où ils onf
été pansés par M. le docteur Franco.
Les pompiers du poste de l'avenue d'Italii
étaient accourus au premier signal. Ils n'onl
eu heureusement aucun incendie à réprimer.
La chaleur aidant, la série des coups de
couteau dure toujours.
Hier matin, à une heure et demie, les agents
ont arrêté, dans le dix-septième arrondisse-
ment, une jeune femme de vingt-huit ans,
Suzanne Willin qui venait defrapper à la poi-
trine un passant, le sieur T. à l'aide d'un
couteau très aigu. Ce dernier n'a reçu heu-
reusement qu'une blessure peu grave. Quant
à la dame Willin qui paraît atteinte d'un com-
mencement d'aliénation mentale, elle a été
transférée, après examen, à l'infirmerie spé-
ciale du Dépôt.
Ah ça, cela va-t-il continuer longtemps
ainsi P ̃ .w.
""6 IW
Un horrible suicide vient d'être commis aux
environs de Paris à Colombes-en-Brie, par
l'un des plus riches propriétaires du pays, M.
le comte de Brenny.
A la suite de revers de fortune et de mal-
heurs de famille par suite desquels il était
resté seul au monde, le comte de Brenny don-
nait depuis quelque temps dos signes d'alié-
nation mentale, mais on ne prévoyait pas qu'il
en arriverait à l'acte de désespoir qu'il a
commis.
On l'a trouvé mort hier matin dans sa
chambre, avec quatre coups de couteau dans
la poitrine. Sur une table, il avait laissé une
lettre ainsi conçue
II faut que ma race s'éteigne, puisque Dieu l'a
maudite. Je tiens quatre titres de mes ancêtres,
ceux de comte de Brenny et de Barnes, de vicomte
de la Ghastellerie et de baron de Moserf. Il faut
quatre coups, un pour le comte de Brenny, un
pour le comte de Barnes, un pour le vicomte, un
pour le baron. Je lègùe mes biens à la com-
mune où j'ai mon château.
Le pauvre fou, on le voit, a fait comme il
l'avait écrit.
Un bien terrible accident est arrivé avant-
hier matin aux Halles centrales.
C'était la Saint-Louis, l'un des jours de
l'année où il se vend le plus de fleurs. Une
jeune fille venait en acheter pour son père,
lorsqu'un portefaix qui arrivait en roulant
devant lui une de ces sortes de brouettes ap-
pelées diables, la heurta si violemment qu'elle
tomba et se brisa la colonne vertébrale.
Elle était morte dix minutes après, et ce fut
un cadavre qu'on rapportait à la maison où
l'on attendait un bouquet 1
Un train de marchandises a déraillé hier r
sur la ligne de Paris-Lyon-Méditerranée, à
la bifurcation de Villeneuve-Saint-Georges.
Par suite, le train n° 606 venant de Nevers
qui devait entrer en gare de Paris à h. 07 m.
n'est arrivé qu'à 2 h. 50 m.
Il n'y a pas eu d'autre accident.
Si vous vous étiez trouvé hier soir sur la
boulevard des Batignolles, vous auriez pu
voir un gardien de la paix faisant gravement
le service de conducteur d'omnibus.
Voici ce qui était .arrivé
Vers neuf heures du soir, la voiture no 518,
de la ligne do La Villette à la place de l'E-
toile, ayant été accrochée à l'angle de la rue
de Rome, par un haquet que conduisait un
charretier, ce dernier prit la fuite. °
Le conducteur du tramway se mit à la
poursuite de cet individu mais ni l'un ni
l'autre n'ayant reparu, et la voiture station-
nant depuis plus d'un quart d'heure, au mé-
contentement général des voyageurs, un Ser-
gent de ville prit le parti de monter sur la
plate-ïornie, et c'«sl grâue à ou conducteur
improvisé que l'on a pu gagner la station.
Dame, si le gardien de la paix eût couru
après le délinquant, le conducteur eût pu
rester à son poste, n'est-ce pas? C'était dono
'ien le moins, puisque le conducteur faisait
Tout à coup une voix répondit à ses
côtés
Eh! oui, pauvre aveugle! l
Prosper de Prévodal tressaillit et se
retourna vivement.
Il se trouva en présence du journa-
liste.
-Eh! non, répliqua-t-il en frappant
du pied avec depit, puisque je presse
votre main amie et que, dans vos re-
gards, je trouve la sympathie, la loyauté
et le dévouement.
-r Moi! dit Melven tout en rougissant,
je ne vaux pas mieux que les autres;
mais j'espère racheter mes fautes.
Il prit le bras de Prosper et continua
ainsi
Que vous ai-je dit, mon cher Bre-
ton naïf, la première fois que je vous ai
vu, lorsque votre enthousiasme vous
montrait, comme des réalités enivrantes,
tous ce§ mensonges que l'on nomme l'a-
mour, l'amitié, l'honneur, le patriotisme,
la probité, la famille, le bonheur, la
gloire? Ce sont des fantômes! me
suis-je écrié, el vous avez refusé de me
croire. 'Eh bien! aujourd'hui, dites:
avez-vous été aimé comme vous l'espé-
riez ?
Hélas! soupira Prevodal.
L'amitié! l'avez-vous trouvée chez
Robert Dachet ou chez d'autres? P
Je l'ai trouvée chez vous, mon cher
Melven
Oh ne parlons pas dé moi, je vous
prie.
Quant à Robert Dachet, voyez;, ç©
qu'il me fait réclamer.
Armand Lajpoïntb.
(La suite â demain.)
mais. Les cochers sont si bien, si heu-
reux dans ces refuges, qu'il devient im-
possible de les en faire sortir. Il y a une
dizaine de voitures sur la place et pas un
cocher sur son siège; à quelque heure
que vous vous présentiez à la porte du
Shelter, c'est le nom de ces chalets vous
trouvez tous les cochers en train de sa-
vourer leur thé au coin du feu, et, comme
il pleut, aucun de ces messieurs ne prend
la peine de se déranger. Il y a bien une
ordonnance qui oblige à marcher celui
dont la voiture est en tête, mais comment
le reconnaître? A la rigueur on pourrait t
s'adresser à un policeman dont l'auto-
ritéserait respectée; seulement, quand il
pleut, le policeman se met également à
l'abri, en sorte qu'il faut courir à sa re-
cherche et que lorsque vous montez en
voiture la pluie a cessé, mais vous êtes
abominablement trempé.
Lors du voyage de M. le préfet de po-
lice à, Londres, je lui avais signalé cette
innovation dont je n'avais pu apprécier
les inconvénients, car, par exception, à
cette époque le temps était très beau;
comme M. Léon Renault est un homme
d'initiative, s'il lui prenait fantaisie
d'importer les shelters à Paris, je lui
conseillerais, à côté de celui des cochers,
d'en faire établir un pour les voyageurs,
qui auraient alors la ressource d'atten-
dre tranquillement que les automédons
soient disposés à se mettre en route.
Puisque J'y suis, je ne sortirai pas de
l'administration municipale, et je don-
nerai quelques détails assez inconnus sur
l'organisation des pompiers à Londres.
Jusqu'en 1867, c'était une compagnie
privée qui se chargeait de protéger la
ville contre les incendies; depuis cette
époque les pompiers sont sous la direc-
tion du conseil des travaux publics. Il
n'y avait en 1866 que cent trente pom-
piers à Londres, nous en avons à présent
trois cent quatre-vingt-seize, et qua-
rante-neuf postes au lieu de dix-sept.
11 y a vingt-six pompes à vapeur, qua-
tre-vingt-cinq pompes à bras.L'entretien
du corps des pompiers et du matériel a
coûté l'année dernière environ 1,900,000
francs, sur lesquels 325,000 fr. sont four-
nispar les diverses compagnies d'assu-
rances.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
Reims, 24 août, lOh., soir.- Je vous
confirme ma dépêche de ce soir (8 h. 58) vous
annonçant l'arrivée du roi Louis II de Ba-
vière, voyageant sous le nom de comte de
Holstein.
̃ Sa Majesté vient assister au congrès catho-
lique dont je vous ai entretenu, et qui a été
ouvert avec une certaine solennité, hier soir,
sous la présidence de de Mgr Langénieux.
On a été très surpris, à Reims, de l'arrivée
subite du roi. L'incognito a été très recom-
mandé, et les dépêches adressées à la gare
respiraient un certain mystère.
Nous n'avons pu le chef de gare et moi,
connaître la vérité, que par l'indiscrétion d'un
homme de la suite.
,Sa Majesté a voyagé de Munich jusqu'à
Reims dans un wagon-salon bavarois. Deux
voitures de lre et 2e classe contenaient,sa
suite, composée de dix personnes environ.
Louis II est un homme superbe; demain,
25 août, il entre dans sa trente-unième année.
Il est descendu à l'hôtel du Lion d'oc, où
des appartements lui ont été préparés des ce
matin,
25 août, midi. M. Schamberger,
conseiller de la direction générale des che-
mina de fer bavarois, vient de prévenir le
chef de gare que demain, jeudi, par le train
de 9 heures 55 du matin, de Chalons à Avri-
court, aura lieu le départ du roi Louis. Nul
doute maintenant, d'après cette courte excur-
.sion à Reims, que le but unique du voyage
l'ait été le congrès catholique.
Saint-Dizier, 24 août. Hier matin
arrivait à Saint-Dizier, à la tête de son régi-
ment, le duc de Chartres, lieutenant-colonel
du 2° dragons, en garnison à Lunéville. L'ac-
cueil sympathique de la population lui a ap-
pris qu'il ne traversait pas un pays étranger
à sa famille; C'est en effet autour de Saint-
Dizier que le prince de Joinville, son oncle et
son beau-père, possède d'immenses propriétés
forestières, tant à Joinville qu'à Arc-en-Bar-
rois.
Le soir, à neuf heures et demie, deux breaks
de chasse emmenaient le duc et une dizaine
de ses officiers, aux usines de M. Desforges,
situées à Marnaval, à trois kilomètres de la
ville. Un gigantesque haut-fourneau devait lui
offrir le curieux et imposant spectacle d'une
coulée de nuit, en plein air. Le duc et ses offi-
ciers ont visité les différentes parties de l'usine
à la lueur des torches.
A onze heures, au son des fanfares exécu-
tées par des jeunes cavaliers de Saint-Dizier,
le duc de Chartres est rentré en ville après
avoir laissé aux ouvriers de l'usine des mar-
ques de sa générosité.
Lo lendemain matin, il poursuivait avec son
régiment le chemin du camp de Chalons, ou
il doit prendre part aux grandes manœuvres.
(v- Calais, 25 août, 3 h. soir.– Le capi-
taine Webb a traversé le détroit à la nage.
Parti de Douvres, hier, à,une heure, il est ar-
rivé à Calais, ce matin, à onze heures et de-
mie Il est descendu à l'hôtel de Paris, où les
Feuilleton An MM du 26 Août I87S
̃̃" ""T" 33
LA
CHr.SSE AUX FUNTOMES
première Partie
L'AMOUR DE li'OR.
̃' xxvn
Depuis le jour où, pour se veqger, Co-
peau avait dit à Robert Dachet Ta
femme est la maîtresse du comte de Pre-
vodal, le banquier n'avait pas revu Mina,
et la jeune femme s'était de nouveau
trouvée replongée dans l'abandon; cette
fois, elle ne devait plus en sortir. Il n'a-
vait plus besoin d'elle pour la satisfac-
tion de sa cupidité, et il la rejetait
comme l'on fait de ces instruments
passés de mode ou qui ne Tendent plus
aucun son. Son indifférence semblait si
complète qu'elle eût été, pour une autre
femme, le comble du mépris, une puni-
tion plus terrible que la vengeance la
plus éclatante. Non-seulement il ne lui
fit aucun reproche, mais encore il agit
comme s'il eût ignoré les relations qui
existaient entre elle et Prosper; il n'es-
saya même pas de faire cesser ces rela-
tions.
On pourrait trouver cette conduite
odieuse et invraisemblable odieuse
cela n'est pas douteux invraisemblable 1
Reproduction autorisée pour les journaux qui
i»nt traité avec la société des Gens de lettres.
soins les plus empressés lui ont été prodi-
gués. On lui prépare pour ce soir une grande
ovation.
La traversée a duré 21 heures 40 minutes.
Le capitaine est natureilement fatigué, mais
en bonne santé. Il n'avait pas d'autre vête-
ment qu'une ceinture.
Genève, 24 août, matin. M. Thiers
ne couche jamais dans d'autres lits que les
siens et, quand il arrive dans un hôtel, son
premier soin est de faire déplier trois lits de
fer pour sa famille et pour lui. C'est ce qu'il
a fait à l'hôtel Beaurivage.
Hier matin, il a fait une promenade jusqu'au
nouvel Hôtel national qui possède un parc
délicieux, et où il voulait descendre, mais
Mme Thiers a craint la fraîcheur des murs.
Le soir, il a essuyé une première sérénade,
donnée par la « fanfare. française, » et il s'est
mis, à plusieurs reprises, à la fenêtre pour
remercier les musiciens.
Mercredi matin, à neuf heures et demie, M.
Thiers part par le bateau Le Mont-Blanc pour
Ouchy, où il a fait retenir ses appartements
au premier étage de l'hôtel Beau-Rivage (en-
core ), unique par sa belle position et son
parc splendide.
TOULOUSE, 25 août, 9 h. 10 soir.
Ce soir, la cour d'assises a condamné Vian,
reconnu coupable de bigamie, à six ans de
réclusion.
Ce malheureux était défendu par M0 Jules
Favre.
Caen, 24 août. Par décret du mi-
nistre de la guerre, en date du 5 août, les
jeunes gens, dont les noms suivent, ont été
promus au grade de sous-lieutenants dans la
réserve de l'armée active, pour être affectés
au 5° régiment de ligne, qui va prendre part
aux grandes manœuvres d'automne, entre
Caen et Paris.
Ce sont MM. Viardot, Marcel de Germiny,
Gilles, Verel, Conon, Raoul Le Forestier
d'Osseville, Houdan, Marescot, Albert de
Cussy, Boulard.
–•- Verdun, 24 août. Le général de
Cissey, arrivé dans la nuit, s'est rendu ce
matin â cinq heures à la citadelle et a exa-
miné avec beaucoup d'attention les travaux
considérables en cours d'exécution. Le minis-
tre dela guerre passera ta journée à visiter
les nombreux forts dont la construction est
déjà très avancée.
«-»j>~ Rome, 23 août. L'instruction du
procès du sénateur Satriano est terminée. On
annonce comme possible la convocation du
Sénat avant le mois de novembre, pour déci-
der sur l'accusation et sur son renvoi devant
la haute-cour de justice.
™ Le pape a fait inviter le cardinal
Ledochowski, archevêque de Posen, à venir à
Rome aussitôt après sa sortie de prison. On
lui prépare des honneurs spéciaux, à l'occa-
sion de la remise du chapeau. Ce n'est qu'en
février prochain que les portes de la prison
s'ouvriront devant lui.
A Mercogliano.des brigands se sont
emparés du prêtre Hannibal-Sersale et d'un
de ses fermiers. Us exigent 50,000 lires pour
les relâcher.
• il y a en ce moment en Italie envi-
ron soixante-dix officiers prussiens qui visi-
tent et étudient les contreforts des Alpes et
des Apennins et ne s'arrêtent que peu de
temps et rarement dans les grandes villes.
Auguste Marcade.
T. Johnson.
PARIS AU JOUR LE JOUR
On sait avec quelle aigreur imperti-
nente les journalistes allemands repro-
chent aux journalistes français ce qu'ils
appellent leur ignorance. Des écrivains
infaillibles auraient seuls le droit de se
montrer aussi sévères que cela que
penser de la Gazette de t'Allemagne du
Nord qui raconte gravement que le seul
département de la Loire contient 98 cou-
vents d'hommes et 341 couvents de
femmes? Or, il n'y a que 320 communes
dans tout le département; chacune
d'elle contiendrait donc un couvent et
un tiers!
Ce n'est pas tout. D'après la feuille al-
lemande, les jésuites auraient fait ad-
mettre en 1874 773* candidats à Saint-
Cyr, 243 à l'Ecole polytechnique et 147 à
l'Ecole navale.
Le chiffre normal des admissions an-
nuelles, à Saint-Cyr, n'est que de trois
.cents! Ainsi des autres écoles.
Ce que la Gazette de l'Allemagne du
nord voulait arriver à démontrer, c'est
que, menés par ces élèves, des jésuites,
les soldats sont obligés de se confesser
« quatre fois par an! »
Et l'on conclut gravement qu'ainsi
l'armée française se prépare à une guerre
de revanche "catholique contre la Prusse
protestante.
Voilà par quelles bourdes la presse
allemande essaie d'exciter les esprits
contre la France. Il va de soi qu'après
avoir débité de pareils enfantillages, elle
devra renoncer à nous taxer de légè-
reté.
VEconmnist de Londres a justement
critiqué dans un article charmant la pé-
riode de chauvinisme dans laquelle sont
entrés les Allemands et qui vient en-
core de se donner carrière pour l'inau-
c'est possible mais elle était ainsi, et
la chose est, dans le monde, plus com-
mune qu'on ne le suppose. Ce qui ten-
drait à prouver que, sur ce point, pas
mal de gens sont de l'avis de La Fon-
taine.
Prosper et Mina sont-ils heureux!
Non
La jeune femme vit dans les angoisses
et dans les larmes. Jadis elle était mal-
heureuse, mais sa conscience était en
repos. Comme les matrones des temps
antiques, elle se drapait, contre l'indif-
férence et l'abandon de son mari, dans
le manteau de sa dignité blessée, et trou-
vait un âpre plaisir à son rôle de vic-
time. Aujourd'hui, elle est désespérée,
elle tremble, elle gémit elle se trouve
indigne elle-même, et, en même temps,
maudit son mari qui l'a poussée vers la
chute L'appréhension, la crainte, le
remords sont devenus les hôtes assidus
de son chevet.
C'est que si une passion commune
peut étouffer la voix de la conscience;
il n'on est point ainsi lorsque la femme
s'est donnee sans amour; et-de tous les
supplices c'est à coup sûr le plus dou.
loureux, le p lus terrible pour une fem-
me que de subir des ivresses qu'elle ne
partage point. Alors, ce qu'elle éprouve
pour l'auteur de ses maux est une haine
implacable, et ces haines font naître
parfois des vengeances,qui portent l'é-
pouvante dans les familles et font fré-
mir les plus indifférents.
Donc, Mina haïssait et méprisait son
mari et fuyait M. de Prévodal.
Quant à celui-ci, inhabile encore à lire
dans le cœur de la femme, inhabile
aussi à découvrir la cause de ces effa-
rouchements sans cesse renaissants, de
ces pudeurs inexplicables, de 'ces tris-
tesses qui le navraient, de ces refus qui
le mettaient au désespoir, il était mal»
guration du monument d'Arminius à
Teutoburg.
Tous les détails de la fête n'avaient qu'un
seul objectif, tout ce qui a été écrit à ce sujet
dans lés feuilles allemandes n'était inspiré
que par une seule idée à savoir de perpétuer
1 antagonisme de race entre les Allemands et
les Français. On a sorti la victoire d'Armi.
nius sur VaruS' de son cadre naturel d'inci-
dent secondaire dans une guerre de fron-
tière, pour en exagérer l'importance et en
faire le premier coup de quelque portée frappé
dans ce duel prolongé qui s'est terminé par
la capitulation de Paris en 1871'. On présente
l'insolence et l'imprudence de Varus comme
les types des vices qui caractérisent la race
latine. On exalte la modestie, la tempérance,
la prudence et la iiravoure soutenue d'Armi-
nius en les représentant comme le premier
bouton éclos des vertus germaniques. Nul, il
nous semble, n'a intérêt à défendre le carac-
tère de Varus ou à nier la supériorité de son
adversaire teutonique. Mais il est souveraine-
ment absurde de vouloir prendre le résultat
de cette guerre de buissons sous Auguste
comme un terme éternel et immuable de com-
paraison entre les qualités respectives du ca-
ractère germain et du caractère latin.
Les Allemands ne se feront pas mieux va-
loir en vantant les qualités inhérentes et hé-
réditaires possédées par leur race à son ori-
gine, pour en tirer l explication des derniers
succès que cette race, arrivée à sa maturité,
a obtenus dans le monde. Si chaque généra-
tion n'avait pas été en progrès sur la précé-
dente, si les Teutons n'avaient pas subi l'in-
fluence de la subtilité et de l'éclat du génie
grec, de la discipline et de la science juridique
des Romains, de la vivacité et de la finesse
de l'esprit français, à coup sûr les descendants
d'Arminius ne seraient pas aujourd'hui placés
bien haut dans l'échelle des civilisations eu-
ropéennes.
Dans cette facon d'établir comme une
loi inéluctable de l'histoire la supério-
rité de la race allemande sur la race
latine, l'Econoniist voit le danger de
perpétuer les rancunes qui les séparent.
Deux nations peuvent être en conflit la
plus forte peut écraser la plus faible, et l'on
peut être assuré qu'il en résultera pour un
temps, d'un côté, une amère soif de revan-
che, de l'autre des sentiments de mépris.
Mais si le vainqueur sait s'élever au-dessus
de ces sentiments méprisants par l'effet d'un
jugement sain nous ne voulons pas dire par
des pensées sympathiques, ils s'apaisent na-
turellement avec le temps et l'ardeur de la
revanche diminue graduellement chez l'ad-
versaire. ·
Si le premier, au contraire, entretient sa
morgue et son orgueil, non-seulement par le
souvenir de ses propres triomphes, mais par
la recherche, à travers toute l'histoire, des
victoires passées de sa race, les années, en
s'accumulant; ne feront qu'augmenter l'inten-
sité des haines mutuelles et des sentiments
de mépris et de vengeance.
»% On a beaucoup remarqué le double
toast que M. Magne a porte à l'issue du
dîner officiel offert par le préfet de la
Dordogne, après clôture de la session du
conseiL général..̃̃> ,̃• j
Messieurs, a dit l'ex-ministre, j'ai l'honneur
de vous faire une proposition qui, j'en suis
sûr, obtiendra votre adhésion unanime. Je
vous propose de boire à la santé de M. le ma-
réchal de Mac-Mahon, président de la Répu-
blique. Messieurs, lorsqu'il s'agit d'occuper le
pouvoir supérieur, les grandes ambitions peu-
vent s'improviser et ne manquent pas. Mais
les grandes personnalités, les grands noms
vraiment dignes d'occuper un poste aussi
élevé ne s'improvisent pas et sont'rares.
La France, au milieu de ses infortunes,a eu
la change d'avoir successivement sous la main
deux grands personnages naturellement dé-
signés à son choix. Le premier, foncièrement
conservateur (plus peut-être qu'on ne l'a cru
et qu'il cherchait à le paraître) et grandement
versé dans les matières de finances et de
crédit, a eu d'abord à lutter, avec l'aide de
notre brave armée, contre l'anarchie triom-
phante, et ensuite à présider aux grandes
opérations financières qui ont permis de hâter
le départ de l'ennemi. Il n'est que juste de
reconnaître que ces deux entreprises ont
réussi, au grand avantage du pays. Si je
parle ainsi de M. Thiers, messieurs, c'est que
cette appréciation est conforme à la justice;
qu'à mon sens les partis entre lesquels l'opi-
nion est malheureusement si divisée auraient
le plus grand intérêt à être justes les uns en-
vers les autres, et qu'il est déplorable de voir
avec quelle passion aveugle ils manquent trop
fiouvent à cette loi. Efforçons-nous de bannir
cette mauvaise disposition de nos esprits.
Le second personnage, M. le maréchal de
Mac-Mahon, était tellement désigné par son
caractère et par ses glorieux services sa fi-
gure sympathique et respectée se montrait
dans une région si exceptionnellement élevée
que. lorsqu'il s'est agi de pourvoir à la va-
cance de la présidence, aucun autre nom n'est
venu à la pensée de la nation, en concurrence
avec le sien. Le maréchal de Mac-Mahon, de-
puis qu'il est à la tête des affaires, a remporté
une nouvelle victoire, peut-être la plus diffi-
cile de toutes, surtout sous un régime parle-
mentaire.
A force de loyauté de désintéressement,
d'impartialité à l'égard de tous les partis, il a
vaincu les partis eux-mêmes il les a forcés à
lui accorder leur estime et leur confiance, et
il a puisé dans cette situation une autorité
morale que le pouvoir seul dont il est revêtu
n'aurait pas pu lui procurer.
Nous prévoyons d'avance que les ex-
cessifs vont reprocher à M. Magne de
ressembler à Sosie « ami de tout le
monde », mais nous croyons être dans le
heureux aussi lui et son amour s'ac-
croissait de toutes les difficultés qui s'op-
posaient à ses désirs. Sa vie s'écoulait,
indifférente à tout ce qui était étranger
à sa passion, en courses, sans résultat le
plus souvent, de la rue de Vaugirard à
l'hôtel Dachet, en supplications, en priè-
res, en correspondance, et aussi en rages
folles qui lui apportaient au cerveau les
projets les plus insensés. Il se considé-
rait comme -le plus malheureux des
hommes et n'avait peut-être pas tort
Ses relations avec Dachet avaient subi
un temps- d'arrêt très caractérisé. Le
banquier, ne vivant plus dans sa maison,
était devenu invisible. Prosper ne le ren-
contrait que lorsqu'il allait à l'Opéra ou,
aux Italiens, où Dachet était très-assidu;
mais ces rencontres étaient rares, par la
raison que M. de Prévodal passait pres-
que toutes ses soirées à faire le siège de'
la maison de la rue de Provence.
Un matin, Nick apporta à son maître
deux lettres qui venaient d'àrriver par la
poste. L'une était d'une écriture incon-
nue, l'autre était de Mina. C'était une
bonne fortune bien rare pour l'amoureux
Prévodal; il s'empressa de la décacheter.
Sa joie fut de courte durée.
Dans cette lettre, dont chaque mot
exprimait une douleur cachée jusque-là,
un désespoir inguérissable, Mina sup-
pliait Prosper de Prévodal de ne plus
chercher à la revoir. « Je suis,.lui di-
sait-elle, la plus méprisable et la plus
malheureuse des creatures, car je ne
Vous aime pas, je ne vous ai jamais
aimé! Si je suis allée un jour chez vous,
ce n'est pas l'amour qui m'y a poussée,
c'est mon mari il venait de me vendre
au baron Mittermann et voulait encore
se servir de -moi pour consommer votre
ruine. Exaltée, en proie à la fièvre, j'ai
voulu sauver votre fortune, votre bon-
aieur peut-être, et me suis perdue! 1
vrai en affirmant que rien ne serait plus
heureux pour la France que la conver-
sion de tous les hommes de parti aux
idées de M. Magne.
Pour ma part, a-w dit encore, je n'ai ja-
mais compris ni ppfôqué l'opposition systé-
matique. J'aime mneux le principe de M. de
Lamartine, d'après lequel « on doit s'appliquer
à empêcher tous les gouvernements de mal
faire, et à les aider à faire le bien. » Il ne
faut, en effet, jamais perdre de vue que, der-
rière tous tes gouvernements, se trouve la
France, et que la France, sous tous les ré-
gimes, a droit au premier rang dans nos af-
fections et notre dévouement.
Cela est fort sage et la France rie doit
la répétition fréquente de ses explosions
révolutionnaires qu'à la fidélité inoppor-
tune et d'ailleurs intéressée de son per-
sonnel dirigeant.
Tudieu! quel appétit on a dans la
maison Garibaldi! Le Moïdtvwr universel
fait, à ce sujet, des révélations édifiantes.
Le général occupait à Civita-VecChia une
villa pour lui et sa famille, et c'était la so-
ciété ouvrière qui était chargée de pourvoir
à leur alimentation. Tous les matins elle en-
voyait à Garibaldi 20 à 22 livres do viande, 4
poulets, plusieurs kilogrammes de fruits, et
le reste à l'avenant. On absorbait régulière-
ment ces envois, mais aussi régulièrement on
se dispensait de les payer.
Aujourd'hui Garibaldi a quitté Civita-Ve&-
chia, et c'est l'hôtelier qui présente sa note à
la municipalité de la ville, laquelle ne peut
moins faire quede subvenir à l'entretien de
l'ex-dictateur, la municipalité de Naples
ayant bien alloué 500 francs par mois à un
patriote radical qui avait eu le malheur de
contracter des dettes dans un café. Or, l'ad-
dition de l'hôtelier de Civita-Vecchia n'est
rien moins que modérée. Pour un mois, lo-
gement non compris, elle s'élève à 7,726 francs,
plus 35 centimes.
Chaque dîner y est compté pour 100 francs,
chaque souper pour 30. On buvait chez le gé-
néral dix-huit litres de Chiari et on consom-
mait 45 kilogrammes de glace par jour; quant
aux domestiques, il ne leur a pas fallu moins
de neuf barils de vin pour leurs besoins per-
sonnels, pendant trente jours. Bref, la muni-
cipalité de Civita-Vecchia a refusé de solder
cette note, mais le créancier insiste, et il est
probable que l'affaire sera portée devant les
tribunaux.
De quoi se plaint cet aubergiste ? Ga-
ribaldi n'a-t-il pas donné la Sicile au
royaume d'Italie? cela vaut plus de
7,726 fr. 35 cent.
x .F. M.
BOITE AUX LETTRES
Nous appelons l'attention de nos lec-
teurs sur la curieuse lettre qui suit. Bien
qu'elle ne soit pas signée, elle émane
evidemment de l'officier lui-même qui
rencontra la duchesse de Berri sur le
pont de Nantes.
Monsieur le Rédacteur,
Dans votre article du 22 août' ayant pour
titre: Madame en Vendée, vous dites
« C'est ainsi que les deux voyageuses arri-
» vèrent à Nantes. Au pont Pyrmile, Madame
»se trouva tout à coup en face d'un détache-
ment commandé par un officier qui sortait
de la garde. Il regarda longtemps la
», paysanne, qui le reconnut aussi, et passa
» avec sa troupe. »
Madame la duchesse de Berri s'est trom-
pée l'officier qui passa près d'elle, sur un
pont vieux et étroit, dont il ignorait le nom,
n'a jamais fait partie de la garde il était de-
puis peu, comme lieutenant, dans le 14* lé-
ger, alors en garnison à Nantes. Il se rendait
avec un très petit détachement à Valette. Si
Madame venait de Chérolière, elle avait dû se
mettre en route de bonne heure ou faire le
trajet en voiture, car cette rencontre eut lieu
un peu après cinq heures du matin. Madame
se tenait sur le côté gauche du pont faisant
face à la ville, et le lieutenant, un peu en ar-
rière de ses hommes, sur le milieu du pont,
passa à sa droite à peu de distance.
Il ne reconnut pas Madame; ce qui le frappa
et le fit regarder attentivement, ce fut la dé-
marche d'abord, puis, en approchant, la blan-
cheur de la peau et surtout celle des cils,
qui étaient plus que blonds, et la finesse des
traits. Il se retourna, et son étonnement aug-
menta en remarquant la petitesse des pieds,
qui étaient couverts de boue ainsi que les
jambes, mais à une hauteur qui parut sin-
gulière..
On oubliait ceci Madame la duchesse de
Berri avait sur sa tête un grand panier rond
qui paraissait lourd et semblait fait avec des
parties de branches de châtaigner couvertes
de leur écorce, comme celles qu'on emploie
pour les cercles de futailles.
Ce fut en continuant son étape que l'offi-
cier, qui avait vu deux'fois la princesse à Pa-
ris, en vint, après bien des hésitations, à pen-
ser que cette paysanne élégante pouvait être
Madame la duchesse de Berri. Lorsque, beau-
coup plus tard, il lut la brochure de M. le
général Dermoncourt, il ne conserva plus de
doute à cet égard.
Quant au silence qui lui est attribué, l'of-
ficier n'en eut donc pas le mérite sur le mo-
ment mais bien certainement il eût été gardé
s'il avait reconnu de suite Madame, car, comme
tous les officiers de l'armée, il admirait et ai-
mait Son Altesse royale la duchesse de Berri
et lui portait le plus profond dévouement.
Veuillez recevoir, etc.
Après un pareil aveu, vous ne devez
avoir que du mépris pour moi; mais si
pénible que me soit votre mépris, il me
sera moins douloureux que la honte de
me donner sans amour, que l'horrible
sacrifice que m'a imposé une première
faute. D
Ce rèvélations, qui s'adressaient à la
fois à son amour-propre et à sa plus
chère illusion, foudroyèrent M. de Pré-
vodal il tomba anéanti, sans force, sans
voix, sans volonté!
Ainsi l'amour de cette belle jeune
femme, amour dont il était si fier, si
glorieux, cet amour qui devait occuper
toute sa vie, n'avait été qu'une- surprise
d'un moment et, plus tard, une comédie
terrible empreinte de remords, de trou-
ble, d'angoisses pénibles! Il s'était cru
aimé, et il n'était qu'indifférent 1 Ce qu'il
avait pris pour de la pudeur n'était qu'une
invincible répulsion 1
La chute eut été brutale pour un autre,
elle fut accablante pour Prosper.
Devait-il donc perdre de même, et
lés unes après les autres, toutes ses illu-
sions, toutes ses espérances, tous les
rêves charmants qui, jusque-là, avaient
fait naître ses enthousiasmes?
Non, se dit-il en se redressant énôr-
giquement, car la vie* serait sans but, et
le Créateur n'a pu vouloir une chose
aussi impie t
En ce moment son regard tomba sur la
seconde lettre que Nick lui avait remise.
Il brisa l'enveloppe et lut ce qui suit:
« Messieurs Ducarrey et Cie ont l'hon-
neur de saluer M. le comte de Prévodal
et de le prier de vouloir bien réaliser,
dans les trois jours, sa souscription de
deux millions a la Compagnie de Paris-
port-de-Mer dent il est un des adminis-
-trateurs. A défaut de ce versement dans
le délai fixé, les actions souscrites par
M. le comte de Prévodal seront vendues
INFORMATIONS
Demain vendredi, M. le maréchal de Mae-
Mahon quittera Paris pour aller passer quel-
ques jours dans ses propriétés du Loiret ou
le Président doitfaire l'ouverture de la chasse.
On ne sait pas encore exactement jusqu'à
quelle époque se prolongera le séjour du Ma.
réchal à la campagne.
M. Ferdinand Duval, préfet do la Seine, a
quitté Paris hier. Il va passer quelques jours
aux eaux.
M. Wallon, ministre de l'instruction pu-
blique, a également pris un congé.
Hier, 25 août, a commencé l'exploitation de
la ligne des tramways du Louvre à Vinoen-
nes, retardée par suite d'une divergence en-
tre le conseil municipal et la Compagnie des
omnibus, et qui, apres explication, vient en-
fin d'être livree à la circulation.
La Compagnie des allumettes continue à
poursuivre les contrebandiers. Comme citoyen,
ami avant tout du respect de la loi, nous ne
pouvons que l'approuver dans ses poursuites
comme homme et comme consommateur,
nous continuons à reconnaître que la contre-
bande fournit de bien meilleurs produits que
la régie. r
Hier encore, on a opéré trois arrestations
motivées par la fabrication clandestine des
allumettes la première, dans la rue Jean-
Nicot, où le nommé Siaux a été arrêté par
les gardiens de la paix au moment où i\ of-
frait des allumettes chimiques non timbrees;
la seconde, dans la rue Lambert, où une
femme Petit offrait également des allumettes
illégales enfin, la troisième, avenue de Cli-
chy, où les gardiens de la paix ont arrêté un
nommé Aubin, conduisant un âne attelé à
une petite charrette dans laquelle on a trouvé
une caisse pleine d'allumettes soufrées.
Et cependant elles prenaient, celles-là 1
On remarque beaucoup à l'Exposition du
Palais de l'Industrie les pianos de M. Phi-
lippe Herz; trois pianos de formats droits et
trois pianos à queue constituent l'envoi de
cette importante maison. i
Ces produits lui font le plus grand honneur
et attestent une fois de plus que la grande
médaille qu'elle a obtenue à l'Exposition uni-
verselle de 1867, tout en l'élevant au premier
rang, n'a été pour elle qu'un encouragement
à de nouveaux progrès.
On nous raconte un fait extrêmement grave,
dont nous ne croyons pas devoir parler en
détails. Si nous le mentionnons, c'est que
peut-être quelques-uns de nos confrères ne
seront pas aussi discrets que nous, et que
nous ne voulons pas avoir l'air d'ignorer une
grosse nouvelle
Cette nouvelle c'est l'arrestation dernière-
ment opérée, pour de bien tristes motifs
dans lesquels l'argent n'a rien à voir, d'une
des notabilités commerciales de Paris.
Qu'arrivera-t-il de cet événement ? Nous
l'ignorons, et, nous le répétons, nous n'en
parlerons plus, estimant que lorsque un de
ceux qui, par leur position, sont tenus de
donner l'exemple aux autres, commet une
faute, il ne faut pas donner au rebut dela so-
ciété la joie de faire du tapage autour de cette
faute.
Autre arrestation; là encore nous ne
croyons pas devoir donner de noms.
La personne arrêtée est une cantatrice fort
connue • ne précisons pas.
La cantatrice en question avait un amant.
Il y.a quinze jours, l'amant lui annonça qu'il
se mariait le lendemain.
La jeune femme ne dit rien, et lui demanda
indifféremment à quel endroit serait célébrée
la cérémonie nuptiale.
L'infidèle répondit que ce serait dans la
cathédrale de la 'ville de M. non loin de
Paris.
Et, en effet, la cérémonie y fut célébrée.
Seulement, au moment de la sortie, au lieu
de la marche triomphale qui se joue ordinai-
rement en cette circonstance, ce fut le Dies
Irx qui retentit.
La cantatrice qui avait acheté la conscience
de l'organiste, venait de l'entonner à pleine
voix, et, en entendant les échos des hautes
voûtes repercuter cé chant funèbre, toute la
noce s'était arrêtée horriblement saisie.
La mariée se trouva mal on se précipita à
l'orgue, mais la porte était fermée, et le Dies
irx s'acheva.
La cantatrice et l'organiste furent arrêtés à
la sortie. Leur procès va s'instruire.
Il n'est question, dans le demi-monde, que
de la déconvenue d'une femme extrêmement
connue, connue depuis fort longtemps, ce qui
montre qu'elle n'est plus de la première jeu-
nesse.
La personne en question, qui revient de
Russie, y a vécu pendant onze mois avec un
des plus hauts personnages du pays, aussi
fonctionnaire que millionnaire; le prince en
question, car c'est un prince, l'avait
littéralement couverte de diàmants.
Vint le jour de la rupture, summa dies,
comme nous disions au lycée Louis-le-Grand.
La jeune personne nous voulons dire la
vieille personne revint à Paris, et l'argent
se mit à s'en aller avec cet entrain particu-
lier qu'il a.
Un jour, on se trouva en présence de cette
inexorable nécessité de vendre, les diamants,
et, avant-hier, on porta le tout rue de la
Paix!
Mais ils sont faux et ne valent pas dix
mille francs, s'écria le joaillier.
Les choses en sont là. Reste à savoir si le
haut personnage a été dupe lui-même ou
dupeur.
Les amateurs d'équitation qui sont conti-
à la Bourse et il demeurera passible de
la différence. »
Ah s'écria Prosper, c'est de l'im-
pudence.
'Mais la question d'intérêt ne passait
qu'après la question d'amour.
Il s'habilla promptement, monta en
voiture et se fit conduire rue de Pro-
vence. F
Mina refusa péremptoirement de le
recevoir.
Alors Prosper de Prevodal demanda
Dachet.
Voyez rue Basse-du-Rempart, ré-
pondit le domestique, à la maison de
banque. Monsieur n'est pas ici.
J'y vais, dit le jeune homme qui
tenait à avoir avec Robert une explica-
tion sur cette demande de deux millions
qui lui était faite par les successeurs de
Dachet dans la propriété du journal fi-
nancier.
Il se rendit rue Basse du Rempart.
Là, il apprit que Robert Dachet était
absent.
Si monsieur veut parler à M. J.
Starke, dit le garçon, je vais l'annoncer.
C'est inutile, répliqua Prosper, car
je suppose que M. Dachet ne sera pas
absent pour beaucoup de jours.
Pour quinze jours au moins: il est
en Allemagne.
C'est bien; je reviendrai.
Quand il fut sur le trottoir, M. de Pré-
vodal put se livrer à de sérieuses médi-
tations, et ce qu'il entrevit dans l'avenir
n'était pas couleur de rose.
Ainsi qu'il arrive souvent chez les
gens en proie à de graves préoccupa-
il gesticulait et parlait tout haut
comme s'il eût eu un contradicteur en
iface deJui..
Melvaà avait-il donc raison? se-
crïait-U et a'ai-je fait que la chasse aux
fantômes?-
nuellement rebutés parla triste façon dont
ils sont accommodés dans presque tous les ma-
néges de Paris, nous sauront gré de leur si-
gnalèr la création d'un nouvel établissement
hippique qui va s'ouvrir à la porte Dau-
phine, sous la direction de M. Henri Pellior
fils.
Cet établissement occupe d'immenses ter-
rains contigus à la gare du chemin de fer, où
des trains passent à chaque instant.
On trouvera chez Henri Pellier deux ma-
néges, l'un couvert, l'autre découvert. Les
chevaux qu'il a achetés sont tous des bêtes de
luxe, et n ont rien de commun avec ces hari-
delles poussives que l'on rencontre au bois.
Signalons enfin une très heureuse innova-
tion. Des voitures supérieurement servies
iront chercher à domicile les dames qui pren-
dront des leçons, cela sans supplément de
prix.
Nous souhaitons bonne chance à M. Henri
Pellier. Avec son nom, la situation qu'il a
choisie et la façon grandiose dont il s'installe,
il ne peut manquer d'ailleurs de réussir.
Les habitants de l'avenue d'Italie étaient
mis en émoi hier, vers deux heures et demie,
par une épouvantable explosion partant do
f'ateiier de M. Languy, armurier, demeurant
au n° 73 de l'avenue.
Mme Langay était occupée à la fabrication
de cartouches Lefaucheux. En bourrant-une de
ces cartouches, la broche vint frapper sur la
table, fit explosion et communiqua le feu à
un hectogramme de poudre qui se trouvait à
côté.
Mme Languy a été grièvement blessée à la
tête et aux mains. On l'a transportée dans son
appartement au premier étage où des soins
lui ont été donnés. Elle n'a pas été la seule
victime de son imprudence deux jeunes en-
fants, Louise Remy, âgée de treize ans, et
Jules Dorlé, âgé de quatre ans, habitant tous
deux la maison et qui se trouvaient dans la
boutique à la regarder faire ont également"
été brûlés, l'une au visage et à la main droite,
l'autre au cou et à la tête. Ces deux enfants
ont été portés chez leurs parents où ils onf
été pansés par M. le docteur Franco.
Les pompiers du poste de l'avenue d'Italii
étaient accourus au premier signal. Ils n'onl
eu heureusement aucun incendie à réprimer.
La chaleur aidant, la série des coups de
couteau dure toujours.
Hier matin, à une heure et demie, les agents
ont arrêté, dans le dix-septième arrondisse-
ment, une jeune femme de vingt-huit ans,
Suzanne Willin qui venait defrapper à la poi-
trine un passant, le sieur T. à l'aide d'un
couteau très aigu. Ce dernier n'a reçu heu-
reusement qu'une blessure peu grave. Quant
à la dame Willin qui paraît atteinte d'un com-
mencement d'aliénation mentale, elle a été
transférée, après examen, à l'infirmerie spé-
ciale du Dépôt.
Ah ça, cela va-t-il continuer longtemps
ainsi P ̃ .w.
""6 IW
Un horrible suicide vient d'être commis aux
environs de Paris à Colombes-en-Brie, par
l'un des plus riches propriétaires du pays, M.
le comte de Brenny.
A la suite de revers de fortune et de mal-
heurs de famille par suite desquels il était
resté seul au monde, le comte de Brenny don-
nait depuis quelque temps dos signes d'alié-
nation mentale, mais on ne prévoyait pas qu'il
en arriverait à l'acte de désespoir qu'il a
commis.
On l'a trouvé mort hier matin dans sa
chambre, avec quatre coups de couteau dans
la poitrine. Sur une table, il avait laissé une
lettre ainsi conçue
II faut que ma race s'éteigne, puisque Dieu l'a
maudite. Je tiens quatre titres de mes ancêtres,
ceux de comte de Brenny et de Barnes, de vicomte
de la Ghastellerie et de baron de Moserf. Il faut
quatre coups, un pour le comte de Brenny, un
pour le comte de Barnes, un pour le vicomte, un
pour le baron. Je lègùe mes biens à la com-
mune où j'ai mon château.
Le pauvre fou, on le voit, a fait comme il
l'avait écrit.
Un bien terrible accident est arrivé avant-
hier matin aux Halles centrales.
C'était la Saint-Louis, l'un des jours de
l'année où il se vend le plus de fleurs. Une
jeune fille venait en acheter pour son père,
lorsqu'un portefaix qui arrivait en roulant
devant lui une de ces sortes de brouettes ap-
pelées diables, la heurta si violemment qu'elle
tomba et se brisa la colonne vertébrale.
Elle était morte dix minutes après, et ce fut
un cadavre qu'on rapportait à la maison où
l'on attendait un bouquet 1
Un train de marchandises a déraillé hier r
sur la ligne de Paris-Lyon-Méditerranée, à
la bifurcation de Villeneuve-Saint-Georges.
Par suite, le train n° 606 venant de Nevers
qui devait entrer en gare de Paris à h. 07 m.
n'est arrivé qu'à 2 h. 50 m.
Il n'y a pas eu d'autre accident.
Si vous vous étiez trouvé hier soir sur la
boulevard des Batignolles, vous auriez pu
voir un gardien de la paix faisant gravement
le service de conducteur d'omnibus.
Voici ce qui était .arrivé
Vers neuf heures du soir, la voiture no 518,
de la ligne do La Villette à la place de l'E-
toile, ayant été accrochée à l'angle de la rue
de Rome, par un haquet que conduisait un
charretier, ce dernier prit la fuite. °
Le conducteur du tramway se mit à la
poursuite de cet individu mais ni l'un ni
l'autre n'ayant reparu, et la voiture station-
nant depuis plus d'un quart d'heure, au mé-
contentement général des voyageurs, un Ser-
gent de ville prit le parti de monter sur la
plate-ïornie, et c'«sl grâue à ou conducteur
improvisé que l'on a pu gagner la station.
Dame, si le gardien de la paix eût couru
après le délinquant, le conducteur eût pu
rester à son poste, n'est-ce pas? C'était dono
'ien le moins, puisque le conducteur faisait
Tout à coup une voix répondit à ses
côtés
Eh! oui, pauvre aveugle! l
Prosper de Prévodal tressaillit et se
retourna vivement.
Il se trouva en présence du journa-
liste.
-Eh! non, répliqua-t-il en frappant
du pied avec depit, puisque je presse
votre main amie et que, dans vos re-
gards, je trouve la sympathie, la loyauté
et le dévouement.
-r Moi! dit Melven tout en rougissant,
je ne vaux pas mieux que les autres;
mais j'espère racheter mes fautes.
Il prit le bras de Prosper et continua
ainsi
Que vous ai-je dit, mon cher Bre-
ton naïf, la première fois que je vous ai
vu, lorsque votre enthousiasme vous
montrait, comme des réalités enivrantes,
tous ce§ mensonges que l'on nomme l'a-
mour, l'amitié, l'honneur, le patriotisme,
la probité, la famille, le bonheur, la
gloire? Ce sont des fantômes! me
suis-je écrié, el vous avez refusé de me
croire. 'Eh bien! aujourd'hui, dites:
avez-vous été aimé comme vous l'espé-
riez ?
Hélas! soupira Prevodal.
L'amitié! l'avez-vous trouvée chez
Robert Dachet ou chez d'autres? P
Je l'ai trouvée chez vous, mon cher
Melven
Oh ne parlons pas dé moi, je vous
prie.
Quant à Robert Dachet, voyez;, ç©
qu'il me fait réclamer.
Armand Lajpoïntb.
(La suite â demain.)
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