Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-08-16
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 août 1875 16 août 1875
Description : 1875/08/16 (Numéro 227). 1875/08/16 (Numéro 227).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO LUNDI 16 AOUT- 1871
il voulait donner quelques explications,
il_ a été averti qu'il ferait mieux de se
taire, ses paroles pouvant fournir plus tard
des arguments à l'accusation. Hunt s'est
alors borné à demander qu'il lui soit pro.
curé un défenseur, et à dire qu'il avait
le plus grand regret de la mort de la
"lemme, mais qu'il y était absolument
étranger, et ne se rappelait même pas
avoir vu cette infortunée.
Par une coïncidence bizarre, il y a
quelques jours était jugé et acquitté
comme aliéné, un autre Hunt, également
comptable et^qui, dans la même localité,
avait empoisonné, sa femme et ses en-
fants.
La Gazette de Londres, journal officiel,
contenait mardi dernier une note très
importante au. sujet d'une nouvelle
clause de la convention internationale
du Copyright. Cette clause intéresse au
plus haut point les auteurs dramatiques
français, car elle rend presque illusoires
toutes les précautions prises pour sauve-
garder les droits des auteurs. Afin d'as-
surer ce que l'on nomme le droit de la
scène, un auteur français doit, dans les
trois mois qui suivront la première
représentation en France, déposer au
Stationer'sHall un exemplaire de sa pièce
et trois mois après ce dépôt enregistré,
il lui faudra déposer un nouvel exem-
plaire imprimé de la dite pièce, mais
cette fois traduite en anglais, aussi litté-
ralement que possible. II est bien cer-
tain que cette nécessité de faire traduire
et imprimer en anglais une œuvre fran-
çaise pour la mettre à l'abri d'une re-
production ou d'une adaptation, enlève
à beaucoup d'auteurs leur droit de pro-
priété après un court délai. Si ces forma-
lités très dispendieuses de traduction et
surtout d'impression ne sont pas remplies,
les ouvrages tombent dans le domaine
public. Il me semble, comme le fait très
justement observer le Standard, que cela
équivaut presque à l'établissement d'un
droit de prohibition sur l'importation
des pièces françaises en Angleterre.
Comme je l'avais prévu, le capitaine (?)
Webb a échoué dans sa tentative de
traverser la Manche à la nage. Après être/
resté six heures dans l'eau, on a dù le
remonter à bord du bateau qui l'accom-
pagnait. Il n'en persiste pas moins à être
convaincu qu'il doit réussir, et il va re-
commencer. Les expériences avec l'ap-
pareil Boyton avaient un but utile, qui
est aujourd'hui parfaitement atteint;
mais je ne crois pas que l'humanité ti-
çëra jamais un grand profit des essais et
même du succès du capitaine Webb.
f. Johnson.
ÎÈLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
Rocheport-sur-Mer, 14 août. La
catastrophe de mercredi dans laquelle sept
personnes ont péri a causé sur toute la côte
une profonde impression. La famille Alleau,
si cruellement éprouvée par la mort de trois
jeunes filles, est 4e Cognac; Mlle Moty était
de Rochefort, et n'avait que vingt-deux ans.
La mort des epoux Plassereau, qui laissent un
enfant de dix-huit mots, et de l'honorable
doyen de Gemozac sont le sujet de toutes les
conversations.
Quatorze-'personnes étaient montées sur une
embarcation appartenant au service des postes
entre Fouras et l'île d'Aix. C'était un mechant
petit bateau, non ponté, exposé à une mer
difficile, enserrée qu'elle est par l'île d'Aix,
le fort Boyard et l'île de Ré.
Tout le monde a fait son devoir dans cette
triste circonstance. Le stationnairo de la ma-
rine, le Travailleur, a envoyé des embarca-
tions et des secours.
Le médecin, M. Abelin, a fait preuve de
zèle et de dévoûment. Le garde de batterie
Schmayer et son camarade ont été assez heu-
reux pour sauver, comme vous le savez, deux
personnes.
Le digne abbé Rémy, archiprêtre, curé de
Saint-Louis, dont les secours ne manquent à
aucune infortune, est arrivé des premiers. Il
a trouvé dans l'île d'Aix les sympathies que
commandaient sa démarche et son caractère.
~Aix, 15 août, midi.-Hier soir, les eaux
du Verdon,attendues depuis plus de vingt ans,
sont arrivées en ville. Les vannes ont été le-
vées en présence des autorités. Le conseil
municipal'radical brillait par son absence.
M. Jacques de Tracy, préfet des Bouches-du-
Rhône, était venu de Marseille pour l'inaugu-
ration.
Mgr Forcade, archevêque d'Aix, entouré du
Feuilleton «la FIGARO du 16 Août 1875
̃ ~Y3
LA
CHASSE AUX FANTOMES
PREMIÈRE PARTIE
L'AMO"UR DE L'OR
XVIII
La nuit qui suivit la soirée du diman-
che fut une nuit d'insomnie pour Mina
Dachet.
Elle ne pouvait comprendre comment
son mari, ayant pris communication du
papier de Mittermann, n'était pas venu
u demander à quel' titre la signature
du baron se trouvait entre ses mains.
;Avait-il donc entendu les infâmes propo-
sitions dn vieux banquier et le marché
honteux que celui-ci avait proposé à
Mina?
Elle n'osait mettre une réponse au
bout de cette question, car, si cette ré-
,ponse devait être un oui, elle se de-
mandait comment son mari avait pu
rester spectateur muet d'une pareille
scène. Si c'était un non, le mutisme de
Dachet était bien inexplicable.
Le lendemain, à l'heure du déjeuner,
son mari lui fit dire qu'il l'attendait
dans la salle à manger.
Elle s'y rendit, craintive et anxieuse,
s'attendant à un interrogatoire sévère,
et bien que sa conduite fût exempte de
blâme, bien que sa conscience fut en
repos, elle tremblait comme la feuille
agitée par le vent.
Dachet n'y prit pas garde il garda le
silence sur les faits de la veille et fut
presque aimable avec sa femme celle-
ci n'osa point l'interroger, bien qu'elle
fût inquiète de l'usage qu'il avait fait de
la signature du baron Mittermann.
La journée se passa, pour Mme Da-
ehet, dans des angoisses profondes. La
carte de Prosper de Prévodal, que la
femme de chambre lui apporta, les aug-
menta encore. Le jeune homme'faisait
prier Mme Robert Dachet de vouloir bien
le recevoir.
Je suis très souffrante, 'répondit-
elle, et dans l'impossibilité de recevoir
aucune visite priez M. le comte de Pré-
vodal de m'excuser.
Reproduction autorisée pour les journaux qui
ont traité avec la société des Gens de lettres.
chapitre métropolitain et assisté de la maî-
trise, a béni les travaux. L'eau a jailli de tou-
tes les fontaines, à- sec jusqu'à ce jour, au
bruit d'acclamations enthousiastes. La place
de la Rotonde a été magnifiquement illumi-
née, puis nous avons assisté à l'embrasement
de la fontaine monumentale du Rond-Point.
Le maire a généreusement offert un feu
d'artifice à la population, et un banquet aux
autorités religieuses, civiles et militaires. Le
cercle des Amis de l'ordre a offert un punch.
Un toast y a été porté à l'administration, à
l'armée, aux populations ouvrières et agrico-
les. Le préfet, le maire, le colonel ont été ao-
clamés.
Au dehors, un concert militaire était donné
par l'excellente musique du 112" de ligne.
Tous les cercles étaient illuminés sauf le cer-
cle républicain.
Grand enthousiasme de la foule, et af-
fluence énorme d'étrangers et de députations
municipales voisines qui vont profiter comme
nous des eaux du Verdon
~~™~ Pezou (Loir-et-Cher), 12 août.
Dans le compte-rendu de l'inauguration du
monument de Frœsehwiller, vous avez dit
» On distinguait plusieurs dames en grand
deuil, Mme de Joinville, entre autres, veuve
du colonel du 99° de ligne, tué à Frœschwil-
ler. »
Permettez-moi une toute petite rectification.
Le malheureux officier dont vous parlez
était le lieutenant-colonel de Joinville, sous
les ordres du colonel Chagrin de Saint-Hi--
laire, nommé général, seulement après la ba-
taille et.la mort de son lieutenant. (Reportez-
vous au Figaro du 25 août 1870.)
Vous trouverez peut-ûtre que la rectifica-
tion est mince, mais tout en déplorant la
mort de l'un des leurs, les officiers du 99" ne
peuvent oublier le nom de celui qui, aussi
brave que modeste, les à conduits si héroi-
auement au feu ou à la mort-au Mexique et à
Prœschwiller.
• Royan, 13 août. Les baigneurs de
la plage de Pontaillac viennent d'assister à un
drame émouvant qui, fort heureusement, n'a
pas eu de suites fatales.
La famille H. de Bordeaux, se baignait
par une mer des plus houleuses, vers onze
heures du matin, lorsque plusieurs fortes
lames séparèrent Mlle H. de son père et
l'entraînèrent dans un courant qui la fit dé-
river en pleine mer. Par un hasard providen-
tiel' le baigneur Joseph Holmier était occupé
auprès des jeunes filles de M. P. d'Or-
léans.
Aux cris poussés par le père do Mlle H.
et n'écoutant que son courage, Holmier s'é-
lança au secours'de la pauvre enfant et par-
vint, à travers les lames furieuses, à la saisir.
Elle avait conservé son sang-froid et se garda
de paralyser les moyens de son sauveteur.
Après quelques moments d'angoisses, pen-
dant lesquels on chercha, mais en vain, à
mettre un canot à la mer, on vit reparaître le
baigneur avec la jeune fille qù'il avait arra-
chée à une mort certaine. Joseph Holmier
n'en est pas à ses débuts. Il n'a que 23 ans, et
a déjà sauvé plusieurs personnes. C'est un
hardi nageur qui, l'an dernier, est allé abor-
der au phare de Cordouan situé à 12 kilo-
mètres de nos côtes.
Pérîgueux, 12 août. On lit dans
l'Echa de la Dordogne
La cour de Limoges a été saisie, sur renvoi de la
chambre criminelle de la cour de cassation, de
l'affaire de M* Mie, avocat à Périgueux. La bourde
Bordeaux avait jugé que la décision du tribunal de
Périgueux, par laquelle M* Mie était suspendu de
l'exercice de sa profession, n'était pas exécutoire
en présence de l'appel da l'avocat suspendu. La
cour de cassation et la cour d'appel de Limoges en
ont décidé autrement, en refusant tout caractère
suspensif à l'appel interjeté par M" Mie.
Quant au tribun au petit pied, il a quitté Pé-
rigueux depuis quelques mois. On ne sait pas
au juste où il promène ses grâces. Les uns
prétendent qu'il place des vins en Russie,
d'autres disent qu'il fait, dans le même pays,
l'éducation de deux jeunes gens? ? ? t
–C'est à Périgueux que se tiendra cette
année la 41e session du Congrès scientifique
de France. La session ouvrira le 30 août cou-
rant pour durer plusieurs jours.
-v Plusieurs journaux se sont préoc-
cupés de ce qu'était devenu Bonnet, le célè-
bre maître d'armes.
L' ex-professeur du prince impérial est mort
aux environs de Jumilhac-le-Grand, il y après
de deux ans. Sa fille est aujourd'hui la belle
Mme Caillac.
• M. Magne, l'ancien ministre des
finances, est attendu prochainement à Cubjac.
Chaque année M. Magne se rend en visite de
son château de Montaigne dans cette localité.
Il s'y rencontre avec ses deux beaux-frères,
le docteur Odon Maigne, ex-conseiller général
de la Dordogne et M. Charles Maigno, ancien
receveur général du Loir-et-Cher.
Marseille, 15 août. C'est demain,
16 août, que comparaîtra devant le tribunal
correctionnel M. de Kergalec, accusé de port
La femme de chambre porta cette ré-
ponse à Prosper. `
Elle ajouta
Madame a passé une nuit sans som-
meil aujourd'hui, elle est pâle et fati-
guée et va sans doute se mettre au lit.
Je reviendrai, ce soir, prendre des
nouvelles de Mme Dachet.
Je vais en prévenir madame.
C'est cela.
Prosper, qui n'avait d'autres pensées
que celles qui lui venaient de sa pas-
sion, rentra chez lui, afin d'écrire à
Mina, pour le cas où elle ne voudrait pas
le recevoir dans la soirée. Il était décidé
à toutes les extravagances, même à dire
à la jeune femme que, si elle persistait
à lui refuser sa porte, il se brûlerait la
cervelle. Et il n'eût point reculé devant
l'accomplissement de cette menace.
Mina, pour se- distraire des appréhen-
sions nombreuses qui l'assiégeaient, en-
voya chercher les journaux du jour
dans le cabinet de son. mari.
La première chose qui frappa son re-
gard fut ce. titre flamboyant « PARIS
PORT DE mer et, un peu plus bas, le
nom du comte Prosper'de Prévodal, en
gros caractères, au milieu do noms qui
lui étaient complétement inconnus.
Elle lut cette annonce et vit qu'il s'a-
gissait d'une société dans laquelle M. de
Prévodal était présenté au public comme
le promoteur de l'opération. Quant au
fond, elle n'y comprit pas grana'chose,
sinon qu'on offrait au public des avan-
tages tellement merveilleux que, dans
sa naïveté de femme, elle se demanda
comment il se faisait que M. de Prévo-
dal et ses amis ne gardassent pas pour
eux une opération qui promettait de
semblables résultats.
De son mari, il n'était nullement qués-
tion. Cette affaire devait cependant être
celle dont Robert lui avait parlé en lui
disant que M. de Prévodal allait devenir
son associé. On se contentait de dire que
les actionnaires futurs étaient .invités à
se présenter, pour les souscriptions d'ac-
tions, dans les bureaux du journal finan-
cier rédigé par Pierre Melven, et que
Mina, comme tout le monde, savait
appartenir à Robert Dachet.
La femme du banquier fut bien un peu
surprise d'apprendre que M. de Prévodal
se lançât dans le monde des affaires.
Elle le croyait sincèrement amoureux
d'elle, et ne se faisait point idée d'un
homme parlant dans la même journée
chiffres et passion. De plus, il avait émis
devant elle, avec beaucoup d'ardeur et
d'enthousiasme, des principes et des
théories qui ne lui semblaient pas mar-
illégal de titre et de port illégal de décora-
tion.
~-»~ Nous voici arrivés au quaptd'heui?^
de Rabelais. La Cour de cassation a rejetélâ
plupart des pourvois de la ville de Marseille,
qui aurait voulu se dispenser de payer des
dommages-intérêts aux victimes de 1 insurrec-
tion du 4 avril 1871.
Il faut qua Marseille Vexécute puisque tous
les degrés de juridiction ont été épuisés.
Aussi, dans la dernière séance de la commis-
sion municipale, M. de Jessé Charleval a-t-il
demandé qu'une somme de 1.435.200 francs
fût mise à la disposition de M. le maire pour
payer les condamnations devenues "défini-
tives. Une vive discussion s'est engagée à ce
sujet, mais il n'y a plus discuter. Le quart
d'heure de Rabelais a sonné. Les gens qui se
figurent qu'on peut faire dos émeutes sans
qu'il en coûte rien aux contribuables sont par
trop naïfs.
̃– Plusieurs de nos députés sont arri-
vés à Marseille M. Amat, M. Fraissinet et M,
Bouchet sont dans nos murs depuis trois
jours. On attend aussi sous peu M. Clapier
M. Rouvier ne viendra, dit-on, qu'au mois de
septembre en. compagnie de M. Gambetta.
Quant à M. Lanfrey, ambassadeur à Berne,
on ne l'a jamais vu à Marseille on l'a nommé
en 1871. sans le connaître, et il n'a jamais ma-
nifesté le désir de venir visiter ses électeurs.
Il entre chaque jour une quantité
considérable de blé et, depuis fort longtemps
on n'avait vu de pareils arrivages.
C'est au point que les docks n'en peuvent
plus recevoir. Pas plus tard qu'avant-hier, un
vapeur du Lloyd austro-hongrois ayant voulu
débarquer des céréales dans les docks, s'est
vu refuser le débarquement. Il n'y avait plus
de place dans les vastes greniers de cet éta-
blissement, dont les proportions sont pour-
tant gigantesques. Ce contre-temps a d'autant
plus vexé le capitaine, qu'il devait décharger
son navire et le recharger avant dimanche.
Force lui sera d'attendre.
Je vous signale ce fait pour vous donner
une idée de l'abondance de blé étranger sur
notre place. Le stock aux docks est en ce
moment de 19 millions 862 mille hectolitres l,
MuNrcH, 14 août. Le général Von
der Thann s'est rendu ca matin, par ordre du
roi de Bavière, à Detmold, pour assister à
l'inauguration du monument élevé à la mé«
moire d'Hermann (Arminius).
Auguste Marcade.
PARIS Au jomnjem
Tous les journaux ont parlé de l'arti-
cle du Times en réponse au Blalaoood-
Magaiine, mais on ne connaissait point
le travail auquel avait répondu le jour-
nal de la Cité. La Revue politique et litté-
raire en a traduit les principaux passa-
ges, parmi lesquels nous choisissons à
notre tour quelques faits et quelques ré-
flexions propres à intéresser le lecteur.
Il est bien entendu du reste que nous
ne pouvons garantir l'exactitude des
faits allégués et que nous ne nous asso-
cions point aux conclusions de la Revue
anglaise. Le sujet est délicat, il ne con-
vient pas de s'y appesantir.
Le Blackwood-Magazine part de ce prin-
cipe que pour arriver à une réforme sé-
rieuse de l'armée, il eût fallu secouer le
joug de la routine et surtout se débar-
rasser de l'influence des bureaux. En
France, ajoute la Revue anglaise, c'est
une puissance contre laquelle personne
n'a pu lutter depuis Napoléon Ior.
Et pour que mes lecteurs anglais ne m'ac-
cusent pas d'exagération, je veux citer un
exemple à l'appui de ce que j'avance. Un jour,
>– il y a de cela trois ans, le duc d'Audrif-
fret-Pasquier, président de la commission
chargée d'examiner les marchés conclus pen-
dant la guerre, eut une discussion fort vive
avec le général Susane, alors directeur du
matériel au ministère de la guerre.
Excité par les malversations qu'il avait
découvertes, et un peu aussi par son carac-
tère assez vif, le duc s'emporta contre les bu-
reaux, et parla en termes fort amers de leur
stupide inertie, de leur .routine incorrigible
et de la barrière qu'ils opposent à tout pro-
grès réel-. Le général lui repondit « Vous
faites preuve d'ingratitude en attaquant les
bureaux, car ce sont eux qui vous fournissent,
messieurs les politiques, les moyens de faire
des révolutions. » Cette observation était
singulièrement cynique, mais elle caractéri-
sait bien la situation. La France est, en réa-
lité, gouvernée par les bureaux. Les minis-
tres passent, les bureaux restent; les affaires
cher de pair avec les prodigieuses com-
binaisons financières qu'elle avait sous
les yeux. N'existait-il point dans, tout
cela quelque agissement mystérieux de
son mari? Depuis les confidences du ba-
ron Mittermann, relatives à la liaison de
Robert Dachet avec Mme Switzer, avant
et après le mariage de Mina, la jeune
femme vivait dans l'épouvante des au-
daces inouïes de son mari. C'était quel-
que chose de vertigineux, qui la trou-
blait au dernier point.
Cependant comme, en réalité, elle
n'avait autre chose dans le cœur qu'une
sympathie fraternelle pour Prosper, elle
oublia bien vite la voie nouvelle dans
laquelle il se lançait pour ne songer
qu'à ses propres douleurs.
Vers trois heures, sa femme de cham-
bre vint lui dire qu'un garçon de la mai-
son de banque de son mari demandait
à lui remettre une lettre qu'il était chargé
de lui apporter.
C'est de la part de mon mari, sans
doute ? Dites-lui qu'il vous confie cette
lettre.
Je la lui ai déjà demandée, ma-
dame mais il m'a répondu qu'il avait
reçu l'ordre de ne la remettre qu'à vous-
même.
Mina se présenta à la porte de l'anti-
chambre et prit des mains du garçon la
missive dont il était porteur.
De quelle part? demanda la jeune
femme.
De monsieur le baron, répondit le
garçon.
Mina eut la pensée de refuser cette
lettre. Mais que penserait le garçon de
ce refus i
Merci dit-elle.
Et elle rentra précipitamment dans sa
chambre.
EUe brisa l'enveloppe d'une main fé-
brile et lut ce qui suit
« Votre mari vous a soustrait la signa-
ture en blanc que je vous ai donnée ou
vous la lui avez remise volontairement.
Dans le premier cas, sachez ce qu'il en
a fait a l'aide de cette signature, il
s'est acquitté de la dette qu'il avait
contractée envers notre maison il
m'a volé un million, car j'ai payé-
et vous ne pouvez avoir pour lui que
le mépris le plus absolu. Si vous hési-
tiez encore à m'appartenir le baron
ne disait plus à m'aimer! ma ven-
geance serait terrible, car ce serait le
éshonaeur pour votre mari et lahonte
pour vous. Dans le second cas, ce mil-
lion est le prix d'un marché, le prix de
votre personne. Je vous attends. M. »
Cette lettre était brutale et grossière.
do l'Etat vont toujours en dépit des révolu-
tions aussi, aux yeux des bureaux, n'y a-t-il
aucune raison pour qu'il n'y ait pas do révo-
lutions., si d'autres gens les aimeat.
Un changement do dynastie ou dé consti-
tution n'a aucun effet sur les bureaux; un
nouveau ministre arrivo, ses bureaux s'incli-
nent, saluent son ignorance, l'enlacent de
leur aide dont il ne peut sepasser, lui impo-
sent leurs traditions, étouffent son enthou-
siasme ;et ses projets, et, au bout de six
semaines, il est leur esclave. Ajoutons cepen-
dant que ce n'est pas seulement en France
que les choses se passent ainsi ce système
y est plus visible qu'ailleurs, mais il est, à
des. degrés divers, la condition générale de
tous les gouvernements, et, s'il faut en croire
la renommée, il n'est même pas absolument
inconnu à Londres.
Nous' croyons devoir répéter encore
une fois que nous laissons au Blackwood
Magazine la responsabilité des noms et
des anecdotes qu'il cite. En voici une
assez piquante sur les influences bu-
reaucratiques
Le général de Cissey se rappela un jour que
les souliers en usage dans les régiments d'in-
fanterie avaient été l'objet de plaintes éner-
giques pendant la guerre; aussi, dans sa bonté
et son désir de bien faire, envoya-t-il aux co-
lonels des régiments d'infanterie une collec-
tion de souliers et de brodequins de différents
modèles, demandant qu'ils fussent mis à
l'essai et qu'on lui envoyât des rapports dé-
taillés sur les résultats.
Les rapports arrivèrent; il y en avait cent
cinquante. Sur ce nombre cent quarante so
prononçaient, sans hésiter, contre le modèle
de soulier adopté jusqu'alors, et presque tous
demandaient l'adoption de la demi-botte.
Un résumé officiel de ces rapports parut
dans le Moniteur de l'armée. Cependant le mi-
nistre n'était pas assez convaincu pour se
sentir appele à agir. Il soumit la question au
comité supérieur d'infanterie, composé de sept
généraux, de quelques-uns desquels on peut
dire, sans leur manquer de respect, qu'ils
sont simplement vieux, et de tous qu'ils sont
matériellement incapables de mettre l'une
après l'autre des chaussures de différents mo-
dèles, et de faire avec ces chaussures 30 kilo-
mètres par jour pour les essayer.
Mais, malgré tous ces obstacles à une appré-
ciation convenable, le comité conclut à 1 una-
nimité que l'ancien soulier devait être con-
servé cette décision fut, à son tour, publiée
dans le Moniteur, et l'affaire en resta là.
Le BlackwoodMagasine, après s'être de-
mandé si l'introduction de l'élément civil
dans le ministère de la guerre n'eût pas
eu de meilleurs résultats, examine les
lois qui ont réorganisé l'armée. Il dé-
claré a nouvelle loi sur le recrutement
insuffisante et combat le volontariat d'un
an.
Les conscrits des classes qui reçoivont une
certaine éducation seraient justement les
hommes dont on pourrait faire de bons sous-
officiers, car ils apprendraient rapidement leur
métier et introduiraient évidemment dans l'ar-
mée un ton moral plus élevé.
Dans l'état actuel des choses, la plupart de
ces jeunes gens ne cherchent qu'à se débar-
rasser le plus vite possible de cette année dé-
sagréable, pour s'occuper de la carrière qu'ils
veulent embrasser.
La reconstruction du matériel est éga-
le'ment critiquée: chaque régiment d'ar-
tillerie qui doit se composer de 13 batte-
ries, n'en aurait actuellement que 6 ou 7.
Mais le Blackwood est plus satisfait sur la
question des fortifications. Le plan des
ouvrages défensifs surtout lui paraît
excellent.
Nous signalerons encore, avec les plus
expresses réserves, le passage que
voici
Il va sans dire que l'absence des hommes
.dont la solde est portée au budget est un fait
irrégulier; mais le fait existe, et il s'explique,
comme nous l'avons déjà dit, par deux'néces-
sités contraires celle de montrer nominale-
ment un effectif plus considérable, celle de
trouver, en même temps de grandes sommes
d'argent, qui n'ont point été votées, pour des
besoins pressants.
Comme le sujet est un peu délicat, il vaut
mieux éviter d'entrer dans de plus grands
détails; mais quiconque est au courant de ce
qui se passe ne peut ignorer que le système
de virement d'un chapitre du budget à un
autre système si amèrement critiqué pen-
dant les dernières années do l'Empire, et dont
la défense a coûté à M. Pouyer-Quertier son
portefeuille de ministre des finances que ce
système, dis-je, est pratiqué' sur une grande
'échelle au ministère de la guerre.
Je n'en citerai qu'un seul exemple c'est un
fait notoire, premièrement que les baraques
Elle eût froissé une courtisane,. elle
indigna Mme Dachet!
Tout d'abord Mina ne la comprit pas
bien; elle fut obligée de la relire une
seconde fois; cette tois, la vérité lui
apparut avec son effroyable réalité.
Ahl le misérable! s'écria la jeune
femme en sanglotant, il me déshonore,
il me vend!
L'avenir luiapparut si désespéré,qu'elle
se demanda s'il ne valait pas mieux se
débarrasser immédiatement de la misé-
rable existence qui lui était faite; et il
n'est pas douteux que si un moyen se fût
présenté à sa pensée, elle n'eût pas
hésité à l'employer. Mais peu de femmes
ont le courage moral nécessaire à ce que
nous appellerons la mise en scène de la
mort, et le plus souvent, les grandes
douleurs, les désespoirs violents s'usent
dans les larmes.
Son premier soin fut de renvoyer au
baron Mittermann la lettre odieuse qu'il
avait osé lui écrire; elle le fit après
avoir tracé sous ces mots Je vous at-
tends » ceux-ci
« Vous êtes aussi infâme que mon
mari est méprisable. Faites de lui ce- que
vous voudrez; quant à moi, je ne re-
doute rien de vos menaces: je vous hais,
voilà tout. »
Et elle signa « Mina SvitzerT »
Débarrassée de ce soin, elle donna un
libre cours à ses larmes.
Mais, au milieu de sa douleur, sa pen-
sée fouillait malgré elle dans le passé, et
le but de son mari lui apparaissait avec
son effroyable vérité.
Elle se revit à ce bal où pour la pre-
mière fois, le baron Mittermann lui
avait parlé d'amour. Elle se souvint de
l'apparition soudaine de Robert Dachet
et de l'ordre qu'il lui avait donné de
prendre le brgs du baron. Sans doute, il
avait entendu l'aveu de celui-ci, et, par
un calcul infâme, il ménageait ainsi un
second tête à tête à son associé. C'était
horrible à penser, mais elle n'hésita
point à croire à cette turpitude.
Puis, par une déduction logiquevtoute
la conduite tortueuse de son mari se ré-
véla à son imagination.
Elle comprit pourquoi il l'envoyait
seule, le dimanche, chez le baron il
la jetait dans ses bras! 1
Pourquoi il s'était trouvé dans la
serre juste au moment où le baron, en-
traîné par sa folle passion, mettait sa
fortune aux pieds de Mina, il comptait t
là-dessus sans doute
Pourquoi enfin il lui avait ordonné de
recevoir M. le comte de Prévodal et
d'user de son influença pour retenir -le
élevées il y a trois ans pour faire camper les
troupes autour de Paris ont coûté plus du
double de la somme votée à cet effet au bud-
get et secondement, qu'aucun crédit sup-
plémentaire n'a jamais été demandé pour ces
baraques. Comment donc a-t-on payé la dif-
férence ?
La réponse est bien simple plusieurs mil-
liers d'hommes ont été renvoyés en congé, et
l'argent économisé sur leur solde et leurs ra-
tions a été consacré à équilibrer ce compte.
Le même procédé a été appliqué à d'autres
articles sur la plus grande échelle.
Il y a bien d'autres choses curieuses
dans la traduction qu'a donnée la Revue
politique et littéraire, notamment l'his-
toire de certaines manoeuvres que devait
exécuter un général de brigade dont on
ne dit pas le nom. Il ne nous a pas paru
utile de les reproduire.
¥\ L'Economiste français analyse un
document qui a paru le 31 juillet dernier
dans le Times et qui a prod uit une grande
sensation en Angleterre.
Au mois de février, un membre de la
Chambre des communes, sir Henry Ja-
mes, avait demandé que la Chambre se
livrât à«une enquête .sur les scandales
financiers auxquels avaient donné lieu
certains emprunts exotiques. La Commis-
sion chargée de cette enquête s'est sur-
tout occupée de l'emprunt du Honduras
et son rapport, rien que sur cette affaire,
tient douze colonnes du Times.
Le Honduras, pour lequel on a de-
mandé 150 millions d'argent européen,
est une république de l'Amérique cen-
trale qui compte au plus 400,000 habi-
tants sur une superficie d'ailleurs consi-
dérable on l'évalue à 121,000 kilometres
carrés, le quart de la France, couverte en
partie par des forêts de bois d'acajou.
Le Honduras avait depuis 1827 une
dette publique de 680,000 fr. dont il n'a-
vait jamais pu payer les intérêts. Il
avait affecté au paiement d'une autre
dette le revenu des douanes de ses deux
principales villes, mais cela ne dépassa
point 17,000 francs.
Pour arriver au lancement de l'em-
prunt on employa des moyens dignes de
Mercadet
II s'agissait de faire un chemin do fer inter-
océanique, les émissions d'obligations avaient
pour garantie les revenus de ce chemin de fer
et toutes les fameuses richesses naturelles du
Honduras, notamment l'acajou. On fit venir
avec ostentation à Londres deux chargements
d'acajou, que le gouvernement de Honduras
avait non pas coupé dans ses' forêts, mais
acheté de seconde main à des négociants et
qui était, en définitive, de fort mauvaise qua-
lité. Les journaux annoncèrent l'arrivée de ces
chargements, qui devaient être suivis de
beaucoup d'autres, disait-on, mais qui furent
sans successeurs.
Quatre emprunts successifs furent ba-
sés sur ce chemin de fer transocéanique,
sur lesquels d'ailleurs le Honduras n'a
jamais reçu que dix-huit millions envi-
ron. La plus grande partie des sommes
souscrites a enrichi les intermédiaires
qui avaient lancé cette belle affaire. Un
seul se serait approprié environ 25 mil-
lions.
*], M.'MarcMonpier vient de consa-
crer une étude intéressante dans la Re-
vue des Deux-Mondes aux contes de nour-
rice de la Sicile. Beaucoup de ces récits
sont fastidieux d'ailleurs et se ressem-
blent sous toutes les latitudes, mais d'au-
tres ont une saveur fort originale. Saint
Pierre joue un grand rôle dans ces lé-
gendes populaires et on le traite avec
un sans façon curieux; il est constam-
ment bravé par des fraudeurs qui en-
trent en paradis malgré lui, il ne peut
sauver sa mère qui est damnée pour
tout dire on lui donne un véritable rôle
de Jocrisse.
Ce qui est tout aussi singulier, c'est la
faveur dont jouissent les brigands dans
les chroniques des campagnes sicilien-
nes ? En 'voici un exemple
Un jour Jésus et ses apôtres errent
dans la campagne, ils finissent par pou-
'voir s'abriter dans une hutte de berger
mais cet homme peu hospitalier refuse
de donner à souper aux voyageurs. Sur-
viennent dès voleurs qui rossent le ber-
ger et la bergère et donnent leurs provi
sions aux apôtres affamés. Aussi le Sei-
gneur lui-même bénit-il les voleurs plus
complaisants que les riches.
jeune Breton dans sa maison et la lui
faire trouver agréable. N'était-ce pas'
pour mieux dépouiller Prosper de toute
sa fortune ?
Oh s'écria Mme'Dachet, je ne serai
pas une minute de plus complice de ce
guet-apens. Non! ce nouveau vol ne
s'accomplira pas avec mon aide; je par-
lerai, je révélerai toute la vérité à M. de
Prévodal. Je ne l'aime pas, je ne l'aime-
rai jamais, mais je ne veux pas que son
amour pour moi soit la cause de sa
ruine 1
Mina s'était exaltée au point d'avoir
l'esprit complètement égaré. Elle eût pu
écrire à Prospér; elle n'y songea pas, et
ne vit d'autre moyen, pour sauver le
jeune homme de la ruine que de l'aver-
tir elle-mêmS'. Cette démarche étaitd'une
imprudence extrême. Elle se précipitait
tête baissée dans une fournaise ardente.
Malheureusement, il est des heures dans
la vie où toute réflexion est impossible,
et Mina Dachet se trouvait à une de ces
héures.
Elle envoya chercher une voiture de
place, monta dans cette voiture, et se fit
conduire chez le comte de Prévodal.
Certes, cette 'démarche était coupable;
mais, si l'on songe qu'en -la faisant
Mme Dachet n'avait pas toute sa raison,
si l'on se rappelle sous quelle horrible
impression elle s'accomplissait, on con-
viendra que la faute en était bien plus à
Robert Dachet qu'à Mina, et l'on sera
indulgent à la malheureuse' jeune
femme.
Lorsqu'elle arriva à la porte de Pros-
per, elle eut comme' une épouvante de
sa présence dans cette maison; un fré-
missement de froid la parcourut de la
tête aux pieds. L'instinctive pudeur de
la femme fit entendre sa voix puissante.
Fais-je donc mal? se demanda
Mme Dachet toute temblante.
Le souvenir de la conduite infâme de
son mari, celui de ses odieux projets se
présenta à elle, et toute hésitation dis-
parut.
Elle sonna à la porte d'une main
ferme.
Ce fut Nick qui vint ouvrir:
En voyant cette jeune femme encore
tout éplorée et en belle toilette, le fidèle
Breton poussa un cri d'exclamation.
Il crut à une erreur de la visiteuse, et
resta sans bouger, tenant la porte entre-
bâillée.
M. le comte de Prévodal? demanda
Mina.
A cette question, Nick fut obligé de
reconnaître que la visite était pour son
maître.
Depuis ce temps-là, les brigands sici-
liens semblent avoir pris au sérieux la
bénédiction de la légende, et ils expli»
quent encore leurmétierpar un paradoxe
original.
« C'est par nous, disent-ils, que vivent.
les juges, les avocats, les sbires. Si les
voleurs venaient à manquer, tout le
monde dans l'île mourrait de faim. »
II ne, faut donc pas s'étonner si le menu
peuple va plus loin encore, et, dans ses
singulières dévotions, il en arrive à im-
plorer les « décollés, » qui sont morts
chrétiennement, et qui ont expié leurs
forfaits en subissant leur sentence sans
murmurer.
A Paceco, dans la province de* Tra-
pani, on lit sur une paroi de l'église o&
est enterré un parricide:
« Francesco Frusteri est mort résigné
» et contrit en subissant le dernier sup-
» plice, de manière àinspirer l'admiration
» publique, le 15 novembre 1817. »
«*» La Mosaïque donne une recette coa« 5
tre la goutte empruntée à une faribole
du XVIIIe siècle, V Eloge de la goutte, par
Etienne Coutet. Je serais étonna qu'elle
guérît personne, mais enfin, le remède,
comme on va le voir, est à la portée de
chacun.
Un quarteron d'indifférence!
Autant de résolution.
Dont vous ferez infusion
Avec le jus.de patience
Point de procès, force gaîté,
Deux onces de société, .̃̃'
Avec deux dragmes d'exercice j
Point de souci ni d'avarice,
Trois bons grains dé dévotion, •̃
Point de nouvelle opinion; ̃#,
Vous mêlerez le tout ensemble,
Pour en prendre, si bon vous semble,
Autant le soir que le matin,
Avec un doigt de fort bon vin; ¡ t
Et verrez que cette pratique,
Au médecin fera la nique.
Le député après la session, selon
l'évangile de Cham
Ah 1 sapristi, la porte fermée! Et voilà
qu'il me vient enfin un discours *• «•
J/ H..
INFORMATIONS
Les amateurs de canicule ont dû être satig-
faits, hier, de la fête du 15 août. Sans con-
tredit, cela a été le jour le plus chaud de
l'année, car le thermomètre a atteint près do
trente-quatre degrés.
En raison de cette désolante température,
il n'y a eu relativement que peu de monde
dehors pendant la journée; en revanche, les
rues étaient pleines le soir, et la foule était
énorme dans tous les environs de Paris.
Il paraît que le Parisien, malgré les progrès
du radicalisme, n'a pas renoncé à fêter le 15
août, car 627 pochards ont été conduits, hier,
aux différents po^s de Paris. C'est la plus
forte moyenne d^rannée.
Le nombre des insolations a été considé-
rable dix-sept cas, dont heureusement au-
cun n'a entraîné la mort, ont été relevés de
midi à huit heures du soir. Quant aux che-
vaux qui, affolés par la chaleur, se sont em^
ballés, leur nombre est de trente-neuf. Deux
seulement de ces accidents ont eu des consé-
quences graves Avenue de l'Impératrice,
un attelage, composa de deux magnifiques
trotteurs russes, s'est emporté, et le" cocher,
un Anglais du nom de Sidney, a été si
grièvement blessé que l'on désespère de ses
jours. L'autre accident est arrivé avenue-
d'Eylau. Un cheval lancé au grand trot a été
frappé d'un coup de sang, et est tomba
raide. La 'secousse a jeté hors de la voituro
Mme la baronne de Mordaix qui s'y trouvait,
et qui a eu du coup le bras cassé:
Constatons enfin qu'on a arrêté sur la voi«*K
publique quatre individus subitement fràp«
pés d'aliénation mentale.
Et maintenant, voici le bilan du 15 août
réglé. Il ne nous reste plus qu'à parler de la
messe où se sont réunis les impérialistes.
C'est ce que nous ferons plus loin.
Voici les chiffres approximatifs des vofè*
geurs qui ont pris, hier, les trains de ban«
lieue dans les différentes gares de Paris
Ouest. 45 000
Nord 34 000
Vincennea. 19 000
Lyon 17 000
Orléans 16 000
Montparnasse. 11 000
Total. 142 000
-Il est ici, madame, répondit-il en
trez,je vous prie.
Et il s'effaça le long du mur pour lais*
ser passer Mina.
Mais cette voix de femme qui vibrait
sans cesse dans le cœur de Prosper était
arrivée jusqu'à lui. Une porte s'ouvrit
précipitamment, et M. de Prévodal, ému
et palpitant, se montra sur le seuil.
Il reconnut madame Dachet.
Un cri dont la plume ne saurait rendre
l'expression; tant elle contenait de sur-
prise et de ravissement, sortit de ses lè«
vres.
Il poussa Nick dehors et referma la
porte.
Comment Mina se trouva-t-elle trans-
portée dans le petit salon du jeune
homme? C'est ce qu'elle n'eût pu dire.
Elle se vit assise sur un divan et Pros-
per à ses pieds, couvrant ses mains de
baisers, riant, pleurant et remerciant
Mina tout à la fois.
Toutes ces choses s'étaient accomplies
sans qu'elle en eût conscience et dans
un espace de temps si court qu'il lui eût
été impossible de le préciser.
Mina eut-elle le sentiment du péril
qu'elle courait?
Nous ne le pensons pas.
Elle était étourdie, fascinée, grisée,
affolée; c'était une surprise qu'elle su-
bissait, un rève qu'elle faisait! Malheu-
reusement le rêve n'est point éternel et
la réalité allait bientôt apparaître avec
la raison et le remords. •
Elle essaya, à travers les nuages de
son cerveau, d'expliquer sa présence â
Prosper de Prévodal elle lui dit de
quitter Paris aussitôt parce qu'il n'y trou-
verait que honte et ruine mais, comme
on le pense bien, le'comte ne l'écoutait
guère. Il aimait éperduement, il se
croyait aimé, et la femme qu'il aimait
était là, devant lui, éperdue, trem-
blante, balbutiant et si peu consciente
de ses actes qu'elle se défendait à peine.
Que devait-il arriver de cette situa.
tion?
Mina Dachet était sortie de chez elle
en accusatrice, fière et pleine d'orgueil; 5
elle devait y rentrer en accusée, la tête
basse, le rémords au cœur et ne se re-
connaissant plus le droit de juger son
mari
Et ce n'était point tant la chute qu'elle
pleurait que la désespoir de s'être doa<
née sans amour, comme une couriisana.
Elle n'aimait pas Prosper de PrévodaiL,
ARMAND Lapqmxj*
[la suite â àemain,\
il voulait donner quelques explications,
il_ a été averti qu'il ferait mieux de se
taire, ses paroles pouvant fournir plus tard
des arguments à l'accusation. Hunt s'est
alors borné à demander qu'il lui soit pro.
curé un défenseur, et à dire qu'il avait
le plus grand regret de la mort de la
"lemme, mais qu'il y était absolument
étranger, et ne se rappelait même pas
avoir vu cette infortunée.
Par une coïncidence bizarre, il y a
quelques jours était jugé et acquitté
comme aliéné, un autre Hunt, également
comptable et^qui, dans la même localité,
avait empoisonné, sa femme et ses en-
fants.
La Gazette de Londres, journal officiel,
contenait mardi dernier une note très
importante au. sujet d'une nouvelle
clause de la convention internationale
du Copyright. Cette clause intéresse au
plus haut point les auteurs dramatiques
français, car elle rend presque illusoires
toutes les précautions prises pour sauve-
garder les droits des auteurs. Afin d'as-
surer ce que l'on nomme le droit de la
scène, un auteur français doit, dans les
trois mois qui suivront la première
représentation en France, déposer au
Stationer'sHall un exemplaire de sa pièce
et trois mois après ce dépôt enregistré,
il lui faudra déposer un nouvel exem-
plaire imprimé de la dite pièce, mais
cette fois traduite en anglais, aussi litté-
ralement que possible. II est bien cer-
tain que cette nécessité de faire traduire
et imprimer en anglais une œuvre fran-
çaise pour la mettre à l'abri d'une re-
production ou d'une adaptation, enlève
à beaucoup d'auteurs leur droit de pro-
priété après un court délai. Si ces forma-
lités très dispendieuses de traduction et
surtout d'impression ne sont pas remplies,
les ouvrages tombent dans le domaine
public. Il me semble, comme le fait très
justement observer le Standard, que cela
équivaut presque à l'établissement d'un
droit de prohibition sur l'importation
des pièces françaises en Angleterre.
Comme je l'avais prévu, le capitaine (?)
Webb a échoué dans sa tentative de
traverser la Manche à la nage. Après être/
resté six heures dans l'eau, on a dù le
remonter à bord du bateau qui l'accom-
pagnait. Il n'en persiste pas moins à être
convaincu qu'il doit réussir, et il va re-
commencer. Les expériences avec l'ap-
pareil Boyton avaient un but utile, qui
est aujourd'hui parfaitement atteint;
mais je ne crois pas que l'humanité ti-
çëra jamais un grand profit des essais et
même du succès du capitaine Webb.
f. Johnson.
ÎÈLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
Rocheport-sur-Mer, 14 août. La
catastrophe de mercredi dans laquelle sept
personnes ont péri a causé sur toute la côte
une profonde impression. La famille Alleau,
si cruellement éprouvée par la mort de trois
jeunes filles, est 4e Cognac; Mlle Moty était
de Rochefort, et n'avait que vingt-deux ans.
La mort des epoux Plassereau, qui laissent un
enfant de dix-huit mots, et de l'honorable
doyen de Gemozac sont le sujet de toutes les
conversations.
Quatorze-'personnes étaient montées sur une
embarcation appartenant au service des postes
entre Fouras et l'île d'Aix. C'était un mechant
petit bateau, non ponté, exposé à une mer
difficile, enserrée qu'elle est par l'île d'Aix,
le fort Boyard et l'île de Ré.
Tout le monde a fait son devoir dans cette
triste circonstance. Le stationnairo de la ma-
rine, le Travailleur, a envoyé des embarca-
tions et des secours.
Le médecin, M. Abelin, a fait preuve de
zèle et de dévoûment. Le garde de batterie
Schmayer et son camarade ont été assez heu-
reux pour sauver, comme vous le savez, deux
personnes.
Le digne abbé Rémy, archiprêtre, curé de
Saint-Louis, dont les secours ne manquent à
aucune infortune, est arrivé des premiers. Il
a trouvé dans l'île d'Aix les sympathies que
commandaient sa démarche et son caractère.
~Aix, 15 août, midi.-Hier soir, les eaux
du Verdon,attendues depuis plus de vingt ans,
sont arrivées en ville. Les vannes ont été le-
vées en présence des autorités. Le conseil
municipal'radical brillait par son absence.
M. Jacques de Tracy, préfet des Bouches-du-
Rhône, était venu de Marseille pour l'inaugu-
ration.
Mgr Forcade, archevêque d'Aix, entouré du
Feuilleton «la FIGARO du 16 Août 1875
̃ ~Y3
LA
CHASSE AUX FANTOMES
PREMIÈRE PARTIE
L'AMO"UR DE L'OR
XVIII
La nuit qui suivit la soirée du diman-
che fut une nuit d'insomnie pour Mina
Dachet.
Elle ne pouvait comprendre comment
son mari, ayant pris communication du
papier de Mittermann, n'était pas venu
u demander à quel' titre la signature
du baron se trouvait entre ses mains.
;Avait-il donc entendu les infâmes propo-
sitions dn vieux banquier et le marché
honteux que celui-ci avait proposé à
Mina?
Elle n'osait mettre une réponse au
bout de cette question, car, si cette ré-
,ponse devait être un oui, elle se de-
mandait comment son mari avait pu
rester spectateur muet d'une pareille
scène. Si c'était un non, le mutisme de
Dachet était bien inexplicable.
Le lendemain, à l'heure du déjeuner,
son mari lui fit dire qu'il l'attendait
dans la salle à manger.
Elle s'y rendit, craintive et anxieuse,
s'attendant à un interrogatoire sévère,
et bien que sa conduite fût exempte de
blâme, bien que sa conscience fut en
repos, elle tremblait comme la feuille
agitée par le vent.
Dachet n'y prit pas garde il garda le
silence sur les faits de la veille et fut
presque aimable avec sa femme celle-
ci n'osa point l'interroger, bien qu'elle
fût inquiète de l'usage qu'il avait fait de
la signature du baron Mittermann.
La journée se passa, pour Mme Da-
ehet, dans des angoisses profondes. La
carte de Prosper de Prévodal, que la
femme de chambre lui apporta, les aug-
menta encore. Le jeune homme'faisait
prier Mme Robert Dachet de vouloir bien
le recevoir.
Je suis très souffrante, 'répondit-
elle, et dans l'impossibilité de recevoir
aucune visite priez M. le comte de Pré-
vodal de m'excuser.
Reproduction autorisée pour les journaux qui
ont traité avec la société des Gens de lettres.
chapitre métropolitain et assisté de la maî-
trise, a béni les travaux. L'eau a jailli de tou-
tes les fontaines, à- sec jusqu'à ce jour, au
bruit d'acclamations enthousiastes. La place
de la Rotonde a été magnifiquement illumi-
née, puis nous avons assisté à l'embrasement
de la fontaine monumentale du Rond-Point.
Le maire a généreusement offert un feu
d'artifice à la population, et un banquet aux
autorités religieuses, civiles et militaires. Le
cercle des Amis de l'ordre a offert un punch.
Un toast y a été porté à l'administration, à
l'armée, aux populations ouvrières et agrico-
les. Le préfet, le maire, le colonel ont été ao-
clamés.
Au dehors, un concert militaire était donné
par l'excellente musique du 112" de ligne.
Tous les cercles étaient illuminés sauf le cer-
cle républicain.
Grand enthousiasme de la foule, et af-
fluence énorme d'étrangers et de députations
municipales voisines qui vont profiter comme
nous des eaux du Verdon
~~™~ Pezou (Loir-et-Cher), 12 août.
Dans le compte-rendu de l'inauguration du
monument de Frœsehwiller, vous avez dit
» On distinguait plusieurs dames en grand
deuil, Mme de Joinville, entre autres, veuve
du colonel du 99° de ligne, tué à Frœschwil-
ler. »
Permettez-moi une toute petite rectification.
Le malheureux officier dont vous parlez
était le lieutenant-colonel de Joinville, sous
les ordres du colonel Chagrin de Saint-Hi--
laire, nommé général, seulement après la ba-
taille et.la mort de son lieutenant. (Reportez-
vous au Figaro du 25 août 1870.)
Vous trouverez peut-ûtre que la rectifica-
tion est mince, mais tout en déplorant la
mort de l'un des leurs, les officiers du 99" ne
peuvent oublier le nom de celui qui, aussi
brave que modeste, les à conduits si héroi-
auement au feu ou à la mort-au Mexique et à
Prœschwiller.
• Royan, 13 août. Les baigneurs de
la plage de Pontaillac viennent d'assister à un
drame émouvant qui, fort heureusement, n'a
pas eu de suites fatales.
La famille H. de Bordeaux, se baignait
par une mer des plus houleuses, vers onze
heures du matin, lorsque plusieurs fortes
lames séparèrent Mlle H. de son père et
l'entraînèrent dans un courant qui la fit dé-
river en pleine mer. Par un hasard providen-
tiel' le baigneur Joseph Holmier était occupé
auprès des jeunes filles de M. P. d'Or-
léans.
Aux cris poussés par le père do Mlle H.
et n'écoutant que son courage, Holmier s'é-
lança au secours'de la pauvre enfant et par-
vint, à travers les lames furieuses, à la saisir.
Elle avait conservé son sang-froid et se garda
de paralyser les moyens de son sauveteur.
Après quelques moments d'angoisses, pen-
dant lesquels on chercha, mais en vain, à
mettre un canot à la mer, on vit reparaître le
baigneur avec la jeune fille qù'il avait arra-
chée à une mort certaine. Joseph Holmier
n'en est pas à ses débuts. Il n'a que 23 ans, et
a déjà sauvé plusieurs personnes. C'est un
hardi nageur qui, l'an dernier, est allé abor-
der au phare de Cordouan situé à 12 kilo-
mètres de nos côtes.
Pérîgueux, 12 août. On lit dans
l'Echa de la Dordogne
La cour de Limoges a été saisie, sur renvoi de la
chambre criminelle de la cour de cassation, de
l'affaire de M* Mie, avocat à Périgueux. La bourde
Bordeaux avait jugé que la décision du tribunal de
Périgueux, par laquelle M* Mie était suspendu de
l'exercice de sa profession, n'était pas exécutoire
en présence de l'appel da l'avocat suspendu. La
cour de cassation et la cour d'appel de Limoges en
ont décidé autrement, en refusant tout caractère
suspensif à l'appel interjeté par M" Mie.
Quant au tribun au petit pied, il a quitté Pé-
rigueux depuis quelques mois. On ne sait pas
au juste où il promène ses grâces. Les uns
prétendent qu'il place des vins en Russie,
d'autres disent qu'il fait, dans le même pays,
l'éducation de deux jeunes gens? ? ? t
–C'est à Périgueux que se tiendra cette
année la 41e session du Congrès scientifique
de France. La session ouvrira le 30 août cou-
rant pour durer plusieurs jours.
-v Plusieurs journaux se sont préoc-
cupés de ce qu'était devenu Bonnet, le célè-
bre maître d'armes.
L' ex-professeur du prince impérial est mort
aux environs de Jumilhac-le-Grand, il y après
de deux ans. Sa fille est aujourd'hui la belle
Mme Caillac.
• M. Magne, l'ancien ministre des
finances, est attendu prochainement à Cubjac.
Chaque année M. Magne se rend en visite de
son château de Montaigne dans cette localité.
Il s'y rencontre avec ses deux beaux-frères,
le docteur Odon Maigne, ex-conseiller général
de la Dordogne et M. Charles Maigno, ancien
receveur général du Loir-et-Cher.
Marseille, 15 août. C'est demain,
16 août, que comparaîtra devant le tribunal
correctionnel M. de Kergalec, accusé de port
La femme de chambre porta cette ré-
ponse à Prosper. `
Elle ajouta
Madame a passé une nuit sans som-
meil aujourd'hui, elle est pâle et fati-
guée et va sans doute se mettre au lit.
Je reviendrai, ce soir, prendre des
nouvelles de Mme Dachet.
Je vais en prévenir madame.
C'est cela.
Prosper, qui n'avait d'autres pensées
que celles qui lui venaient de sa pas-
sion, rentra chez lui, afin d'écrire à
Mina, pour le cas où elle ne voudrait pas
le recevoir dans la soirée. Il était décidé
à toutes les extravagances, même à dire
à la jeune femme que, si elle persistait
à lui refuser sa porte, il se brûlerait la
cervelle. Et il n'eût point reculé devant
l'accomplissement de cette menace.
Mina, pour se- distraire des appréhen-
sions nombreuses qui l'assiégeaient, en-
voya chercher les journaux du jour
dans le cabinet de son. mari.
La première chose qui frappa son re-
gard fut ce. titre flamboyant « PARIS
PORT DE mer et, un peu plus bas, le
nom du comte Prosper'de Prévodal, en
gros caractères, au milieu do noms qui
lui étaient complétement inconnus.
Elle lut cette annonce et vit qu'il s'a-
gissait d'une société dans laquelle M. de
Prévodal était présenté au public comme
le promoteur de l'opération. Quant au
fond, elle n'y comprit pas grana'chose,
sinon qu'on offrait au public des avan-
tages tellement merveilleux que, dans
sa naïveté de femme, elle se demanda
comment il se faisait que M. de Prévo-
dal et ses amis ne gardassent pas pour
eux une opération qui promettait de
semblables résultats.
De son mari, il n'était nullement qués-
tion. Cette affaire devait cependant être
celle dont Robert lui avait parlé en lui
disant que M. de Prévodal allait devenir
son associé. On se contentait de dire que
les actionnaires futurs étaient .invités à
se présenter, pour les souscriptions d'ac-
tions, dans les bureaux du journal finan-
cier rédigé par Pierre Melven, et que
Mina, comme tout le monde, savait
appartenir à Robert Dachet.
La femme du banquier fut bien un peu
surprise d'apprendre que M. de Prévodal
se lançât dans le monde des affaires.
Elle le croyait sincèrement amoureux
d'elle, et ne se faisait point idée d'un
homme parlant dans la même journée
chiffres et passion. De plus, il avait émis
devant elle, avec beaucoup d'ardeur et
d'enthousiasme, des principes et des
théories qui ne lui semblaient pas mar-
illégal de titre et de port illégal de décora-
tion.
~-»~ Nous voici arrivés au quaptd'heui?^
de Rabelais. La Cour de cassation a rejetélâ
plupart des pourvois de la ville de Marseille,
qui aurait voulu se dispenser de payer des
dommages-intérêts aux victimes de 1 insurrec-
tion du 4 avril 1871.
Il faut qua Marseille Vexécute puisque tous
les degrés de juridiction ont été épuisés.
Aussi, dans la dernière séance de la commis-
sion municipale, M. de Jessé Charleval a-t-il
demandé qu'une somme de 1.435.200 francs
fût mise à la disposition de M. le maire pour
payer les condamnations devenues "défini-
tives. Une vive discussion s'est engagée à ce
sujet, mais il n'y a plus discuter. Le quart
d'heure de Rabelais a sonné. Les gens qui se
figurent qu'on peut faire dos émeutes sans
qu'il en coûte rien aux contribuables sont par
trop naïfs.
̃– Plusieurs de nos députés sont arri-
vés à Marseille M. Amat, M. Fraissinet et M,
Bouchet sont dans nos murs depuis trois
jours. On attend aussi sous peu M. Clapier
M. Rouvier ne viendra, dit-on, qu'au mois de
septembre en. compagnie de M. Gambetta.
Quant à M. Lanfrey, ambassadeur à Berne,
on ne l'a jamais vu à Marseille on l'a nommé
en 1871. sans le connaître, et il n'a jamais ma-
nifesté le désir de venir visiter ses électeurs.
Il entre chaque jour une quantité
considérable de blé et, depuis fort longtemps
on n'avait vu de pareils arrivages.
C'est au point que les docks n'en peuvent
plus recevoir. Pas plus tard qu'avant-hier, un
vapeur du Lloyd austro-hongrois ayant voulu
débarquer des céréales dans les docks, s'est
vu refuser le débarquement. Il n'y avait plus
de place dans les vastes greniers de cet éta-
blissement, dont les proportions sont pour-
tant gigantesques. Ce contre-temps a d'autant
plus vexé le capitaine, qu'il devait décharger
son navire et le recharger avant dimanche.
Force lui sera d'attendre.
Je vous signale ce fait pour vous donner
une idée de l'abondance de blé étranger sur
notre place. Le stock aux docks est en ce
moment de 19 millions 862 mille hectolitres l,
MuNrcH, 14 août. Le général Von
der Thann s'est rendu ca matin, par ordre du
roi de Bavière, à Detmold, pour assister à
l'inauguration du monument élevé à la mé«
moire d'Hermann (Arminius).
Auguste Marcade.
PARIS Au jomnjem
Tous les journaux ont parlé de l'arti-
cle du Times en réponse au Blalaoood-
Magaiine, mais on ne connaissait point
le travail auquel avait répondu le jour-
nal de la Cité. La Revue politique et litté-
raire en a traduit les principaux passa-
ges, parmi lesquels nous choisissons à
notre tour quelques faits et quelques ré-
flexions propres à intéresser le lecteur.
Il est bien entendu du reste que nous
ne pouvons garantir l'exactitude des
faits allégués et que nous ne nous asso-
cions point aux conclusions de la Revue
anglaise. Le sujet est délicat, il ne con-
vient pas de s'y appesantir.
Le Blackwood-Magazine part de ce prin-
cipe que pour arriver à une réforme sé-
rieuse de l'armée, il eût fallu secouer le
joug de la routine et surtout se débar-
rasser de l'influence des bureaux. En
France, ajoute la Revue anglaise, c'est
une puissance contre laquelle personne
n'a pu lutter depuis Napoléon Ior.
Et pour que mes lecteurs anglais ne m'ac-
cusent pas d'exagération, je veux citer un
exemple à l'appui de ce que j'avance. Un jour,
>– il y a de cela trois ans, le duc d'Audrif-
fret-Pasquier, président de la commission
chargée d'examiner les marchés conclus pen-
dant la guerre, eut une discussion fort vive
avec le général Susane, alors directeur du
matériel au ministère de la guerre.
Excité par les malversations qu'il avait
découvertes, et un peu aussi par son carac-
tère assez vif, le duc s'emporta contre les bu-
reaux, et parla en termes fort amers de leur
stupide inertie, de leur .routine incorrigible
et de la barrière qu'ils opposent à tout pro-
grès réel-. Le général lui repondit « Vous
faites preuve d'ingratitude en attaquant les
bureaux, car ce sont eux qui vous fournissent,
messieurs les politiques, les moyens de faire
des révolutions. » Cette observation était
singulièrement cynique, mais elle caractéri-
sait bien la situation. La France est, en réa-
lité, gouvernée par les bureaux. Les minis-
tres passent, les bureaux restent; les affaires
cher de pair avec les prodigieuses com-
binaisons financières qu'elle avait sous
les yeux. N'existait-il point dans, tout
cela quelque agissement mystérieux de
son mari? Depuis les confidences du ba-
ron Mittermann, relatives à la liaison de
Robert Dachet avec Mme Switzer, avant
et après le mariage de Mina, la jeune
femme vivait dans l'épouvante des au-
daces inouïes de son mari. C'était quel-
que chose de vertigineux, qui la trou-
blait au dernier point.
Cependant comme, en réalité, elle
n'avait autre chose dans le cœur qu'une
sympathie fraternelle pour Prosper, elle
oublia bien vite la voie nouvelle dans
laquelle il se lançait pour ne songer
qu'à ses propres douleurs.
Vers trois heures, sa femme de cham-
bre vint lui dire qu'un garçon de la mai-
son de banque de son mari demandait
à lui remettre une lettre qu'il était chargé
de lui apporter.
C'est de la part de mon mari, sans
doute ? Dites-lui qu'il vous confie cette
lettre.
Je la lui ai déjà demandée, ma-
dame mais il m'a répondu qu'il avait
reçu l'ordre de ne la remettre qu'à vous-
même.
Mina se présenta à la porte de l'anti-
chambre et prit des mains du garçon la
missive dont il était porteur.
De quelle part? demanda la jeune
femme.
De monsieur le baron, répondit le
garçon.
Mina eut la pensée de refuser cette
lettre. Mais que penserait le garçon de
ce refus i
Merci dit-elle.
Et elle rentra précipitamment dans sa
chambre.
EUe brisa l'enveloppe d'une main fé-
brile et lut ce qui suit
« Votre mari vous a soustrait la signa-
ture en blanc que je vous ai donnée ou
vous la lui avez remise volontairement.
Dans le premier cas, sachez ce qu'il en
a fait a l'aide de cette signature, il
s'est acquitté de la dette qu'il avait
contractée envers notre maison il
m'a volé un million, car j'ai payé-
et vous ne pouvez avoir pour lui que
le mépris le plus absolu. Si vous hési-
tiez encore à m'appartenir le baron
ne disait plus à m'aimer! ma ven-
geance serait terrible, car ce serait le
éshonaeur pour votre mari et lahonte
pour vous. Dans le second cas, ce mil-
lion est le prix d'un marché, le prix de
votre personne. Je vous attends. M. »
Cette lettre était brutale et grossière.
do l'Etat vont toujours en dépit des révolu-
tions aussi, aux yeux des bureaux, n'y a-t-il
aucune raison pour qu'il n'y ait pas do révo-
lutions., si d'autres gens les aimeat.
Un changement do dynastie ou dé consti-
tution n'a aucun effet sur les bureaux; un
nouveau ministre arrivo, ses bureaux s'incli-
nent, saluent son ignorance, l'enlacent de
leur aide dont il ne peut sepasser, lui impo-
sent leurs traditions, étouffent son enthou-
siasme ;et ses projets, et, au bout de six
semaines, il est leur esclave. Ajoutons cepen-
dant que ce n'est pas seulement en France
que les choses se passent ainsi ce système
y est plus visible qu'ailleurs, mais il est, à
des. degrés divers, la condition générale de
tous les gouvernements, et, s'il faut en croire
la renommée, il n'est même pas absolument
inconnu à Londres.
Nous' croyons devoir répéter encore
une fois que nous laissons au Blackwood
Magazine la responsabilité des noms et
des anecdotes qu'il cite. En voici une
assez piquante sur les influences bu-
reaucratiques
Le général de Cissey se rappela un jour que
les souliers en usage dans les régiments d'in-
fanterie avaient été l'objet de plaintes éner-
giques pendant la guerre; aussi, dans sa bonté
et son désir de bien faire, envoya-t-il aux co-
lonels des régiments d'infanterie une collec-
tion de souliers et de brodequins de différents
modèles, demandant qu'ils fussent mis à
l'essai et qu'on lui envoyât des rapports dé-
taillés sur les résultats.
Les rapports arrivèrent; il y en avait cent
cinquante. Sur ce nombre cent quarante so
prononçaient, sans hésiter, contre le modèle
de soulier adopté jusqu'alors, et presque tous
demandaient l'adoption de la demi-botte.
Un résumé officiel de ces rapports parut
dans le Moniteur de l'armée. Cependant le mi-
nistre n'était pas assez convaincu pour se
sentir appele à agir. Il soumit la question au
comité supérieur d'infanterie, composé de sept
généraux, de quelques-uns desquels on peut
dire, sans leur manquer de respect, qu'ils
sont simplement vieux, et de tous qu'ils sont
matériellement incapables de mettre l'une
après l'autre des chaussures de différents mo-
dèles, et de faire avec ces chaussures 30 kilo-
mètres par jour pour les essayer.
Mais, malgré tous ces obstacles à une appré-
ciation convenable, le comité conclut à 1 una-
nimité que l'ancien soulier devait être con-
servé cette décision fut, à son tour, publiée
dans le Moniteur, et l'affaire en resta là.
Le BlackwoodMagasine, après s'être de-
mandé si l'introduction de l'élément civil
dans le ministère de la guerre n'eût pas
eu de meilleurs résultats, examine les
lois qui ont réorganisé l'armée. Il dé-
claré a nouvelle loi sur le recrutement
insuffisante et combat le volontariat d'un
an.
Les conscrits des classes qui reçoivont une
certaine éducation seraient justement les
hommes dont on pourrait faire de bons sous-
officiers, car ils apprendraient rapidement leur
métier et introduiraient évidemment dans l'ar-
mée un ton moral plus élevé.
Dans l'état actuel des choses, la plupart de
ces jeunes gens ne cherchent qu'à se débar-
rasser le plus vite possible de cette année dé-
sagréable, pour s'occuper de la carrière qu'ils
veulent embrasser.
La reconstruction du matériel est éga-
le'ment critiquée: chaque régiment d'ar-
tillerie qui doit se composer de 13 batte-
ries, n'en aurait actuellement que 6 ou 7.
Mais le Blackwood est plus satisfait sur la
question des fortifications. Le plan des
ouvrages défensifs surtout lui paraît
excellent.
Nous signalerons encore, avec les plus
expresses réserves, le passage que
voici
Il va sans dire que l'absence des hommes
.dont la solde est portée au budget est un fait
irrégulier; mais le fait existe, et il s'explique,
comme nous l'avons déjà dit, par deux'néces-
sités contraires celle de montrer nominale-
ment un effectif plus considérable, celle de
trouver, en même temps de grandes sommes
d'argent, qui n'ont point été votées, pour des
besoins pressants.
Comme le sujet est un peu délicat, il vaut
mieux éviter d'entrer dans de plus grands
détails; mais quiconque est au courant de ce
qui se passe ne peut ignorer que le système
de virement d'un chapitre du budget à un
autre système si amèrement critiqué pen-
dant les dernières années do l'Empire, et dont
la défense a coûté à M. Pouyer-Quertier son
portefeuille de ministre des finances que ce
système, dis-je, est pratiqué' sur une grande
'échelle au ministère de la guerre.
Je n'en citerai qu'un seul exemple c'est un
fait notoire, premièrement que les baraques
Elle eût froissé une courtisane,. elle
indigna Mme Dachet!
Tout d'abord Mina ne la comprit pas
bien; elle fut obligée de la relire une
seconde fois; cette tois, la vérité lui
apparut avec son effroyable réalité.
Ahl le misérable! s'écria la jeune
femme en sanglotant, il me déshonore,
il me vend!
L'avenir luiapparut si désespéré,qu'elle
se demanda s'il ne valait pas mieux se
débarrasser immédiatement de la misé-
rable existence qui lui était faite; et il
n'est pas douteux que si un moyen se fût
présenté à sa pensée, elle n'eût pas
hésité à l'employer. Mais peu de femmes
ont le courage moral nécessaire à ce que
nous appellerons la mise en scène de la
mort, et le plus souvent, les grandes
douleurs, les désespoirs violents s'usent
dans les larmes.
Son premier soin fut de renvoyer au
baron Mittermann la lettre odieuse qu'il
avait osé lui écrire; elle le fit après
avoir tracé sous ces mots Je vous at-
tends » ceux-ci
« Vous êtes aussi infâme que mon
mari est méprisable. Faites de lui ce- que
vous voudrez; quant à moi, je ne re-
doute rien de vos menaces: je vous hais,
voilà tout. »
Et elle signa « Mina SvitzerT »
Débarrassée de ce soin, elle donna un
libre cours à ses larmes.
Mais, au milieu de sa douleur, sa pen-
sée fouillait malgré elle dans le passé, et
le but de son mari lui apparaissait avec
son effroyable vérité.
Elle se revit à ce bal où pour la pre-
mière fois, le baron Mittermann lui
avait parlé d'amour. Elle se souvint de
l'apparition soudaine de Robert Dachet
et de l'ordre qu'il lui avait donné de
prendre le brgs du baron. Sans doute, il
avait entendu l'aveu de celui-ci, et, par
un calcul infâme, il ménageait ainsi un
second tête à tête à son associé. C'était
horrible à penser, mais elle n'hésita
point à croire à cette turpitude.
Puis, par une déduction logiquevtoute
la conduite tortueuse de son mari se ré-
véla à son imagination.
Elle comprit pourquoi il l'envoyait
seule, le dimanche, chez le baron il
la jetait dans ses bras! 1
Pourquoi il s'était trouvé dans la
serre juste au moment où le baron, en-
traîné par sa folle passion, mettait sa
fortune aux pieds de Mina, il comptait t
là-dessus sans doute
Pourquoi enfin il lui avait ordonné de
recevoir M. le comte de Prévodal et
d'user de son influença pour retenir -le
élevées il y a trois ans pour faire camper les
troupes autour de Paris ont coûté plus du
double de la somme votée à cet effet au bud-
get et secondement, qu'aucun crédit sup-
plémentaire n'a jamais été demandé pour ces
baraques. Comment donc a-t-on payé la dif-
férence ?
La réponse est bien simple plusieurs mil-
liers d'hommes ont été renvoyés en congé, et
l'argent économisé sur leur solde et leurs ra-
tions a été consacré à équilibrer ce compte.
Le même procédé a été appliqué à d'autres
articles sur la plus grande échelle.
Il y a bien d'autres choses curieuses
dans la traduction qu'a donnée la Revue
politique et littéraire, notamment l'his-
toire de certaines manoeuvres que devait
exécuter un général de brigade dont on
ne dit pas le nom. Il ne nous a pas paru
utile de les reproduire.
¥\ L'Economiste français analyse un
document qui a paru le 31 juillet dernier
dans le Times et qui a prod uit une grande
sensation en Angleterre.
Au mois de février, un membre de la
Chambre des communes, sir Henry Ja-
mes, avait demandé que la Chambre se
livrât à«une enquête .sur les scandales
financiers auxquels avaient donné lieu
certains emprunts exotiques. La Commis-
sion chargée de cette enquête s'est sur-
tout occupée de l'emprunt du Honduras
et son rapport, rien que sur cette affaire,
tient douze colonnes du Times.
Le Honduras, pour lequel on a de-
mandé 150 millions d'argent européen,
est une république de l'Amérique cen-
trale qui compte au plus 400,000 habi-
tants sur une superficie d'ailleurs consi-
dérable on l'évalue à 121,000 kilometres
carrés, le quart de la France, couverte en
partie par des forêts de bois d'acajou.
Le Honduras avait depuis 1827 une
dette publique de 680,000 fr. dont il n'a-
vait jamais pu payer les intérêts. Il
avait affecté au paiement d'une autre
dette le revenu des douanes de ses deux
principales villes, mais cela ne dépassa
point 17,000 francs.
Pour arriver au lancement de l'em-
prunt on employa des moyens dignes de
Mercadet
II s'agissait de faire un chemin do fer inter-
océanique, les émissions d'obligations avaient
pour garantie les revenus de ce chemin de fer
et toutes les fameuses richesses naturelles du
Honduras, notamment l'acajou. On fit venir
avec ostentation à Londres deux chargements
d'acajou, que le gouvernement de Honduras
avait non pas coupé dans ses' forêts, mais
acheté de seconde main à des négociants et
qui était, en définitive, de fort mauvaise qua-
lité. Les journaux annoncèrent l'arrivée de ces
chargements, qui devaient être suivis de
beaucoup d'autres, disait-on, mais qui furent
sans successeurs.
Quatre emprunts successifs furent ba-
sés sur ce chemin de fer transocéanique,
sur lesquels d'ailleurs le Honduras n'a
jamais reçu que dix-huit millions envi-
ron. La plus grande partie des sommes
souscrites a enrichi les intermédiaires
qui avaient lancé cette belle affaire. Un
seul se serait approprié environ 25 mil-
lions.
*], M.'MarcMonpier vient de consa-
crer une étude intéressante dans la Re-
vue des Deux-Mondes aux contes de nour-
rice de la Sicile. Beaucoup de ces récits
sont fastidieux d'ailleurs et se ressem-
blent sous toutes les latitudes, mais d'au-
tres ont une saveur fort originale. Saint
Pierre joue un grand rôle dans ces lé-
gendes populaires et on le traite avec
un sans façon curieux; il est constam-
ment bravé par des fraudeurs qui en-
trent en paradis malgré lui, il ne peut
sauver sa mère qui est damnée pour
tout dire on lui donne un véritable rôle
de Jocrisse.
Ce qui est tout aussi singulier, c'est la
faveur dont jouissent les brigands dans
les chroniques des campagnes sicilien-
nes ? En 'voici un exemple
Un jour Jésus et ses apôtres errent
dans la campagne, ils finissent par pou-
'voir s'abriter dans une hutte de berger
mais cet homme peu hospitalier refuse
de donner à souper aux voyageurs. Sur-
viennent dès voleurs qui rossent le ber-
ger et la bergère et donnent leurs provi
sions aux apôtres affamés. Aussi le Sei-
gneur lui-même bénit-il les voleurs plus
complaisants que les riches.
jeune Breton dans sa maison et la lui
faire trouver agréable. N'était-ce pas'
pour mieux dépouiller Prosper de toute
sa fortune ?
Oh s'écria Mme'Dachet, je ne serai
pas une minute de plus complice de ce
guet-apens. Non! ce nouveau vol ne
s'accomplira pas avec mon aide; je par-
lerai, je révélerai toute la vérité à M. de
Prévodal. Je ne l'aime pas, je ne l'aime-
rai jamais, mais je ne veux pas que son
amour pour moi soit la cause de sa
ruine 1
Mina s'était exaltée au point d'avoir
l'esprit complètement égaré. Elle eût pu
écrire à Prospér; elle n'y songea pas, et
ne vit d'autre moyen, pour sauver le
jeune homme de la ruine que de l'aver-
tir elle-mêmS'. Cette démarche étaitd'une
imprudence extrême. Elle se précipitait
tête baissée dans une fournaise ardente.
Malheureusement, il est des heures dans
la vie où toute réflexion est impossible,
et Mina Dachet se trouvait à une de ces
héures.
Elle envoya chercher une voiture de
place, monta dans cette voiture, et se fit
conduire chez le comte de Prévodal.
Certes, cette 'démarche était coupable;
mais, si l'on songe qu'en -la faisant
Mme Dachet n'avait pas toute sa raison,
si l'on se rappelle sous quelle horrible
impression elle s'accomplissait, on con-
viendra que la faute en était bien plus à
Robert Dachet qu'à Mina, et l'on sera
indulgent à la malheureuse' jeune
femme.
Lorsqu'elle arriva à la porte de Pros-
per, elle eut comme' une épouvante de
sa présence dans cette maison; un fré-
missement de froid la parcourut de la
tête aux pieds. L'instinctive pudeur de
la femme fit entendre sa voix puissante.
Fais-je donc mal? se demanda
Mme Dachet toute temblante.
Le souvenir de la conduite infâme de
son mari, celui de ses odieux projets se
présenta à elle, et toute hésitation dis-
parut.
Elle sonna à la porte d'une main
ferme.
Ce fut Nick qui vint ouvrir:
En voyant cette jeune femme encore
tout éplorée et en belle toilette, le fidèle
Breton poussa un cri d'exclamation.
Il crut à une erreur de la visiteuse, et
resta sans bouger, tenant la porte entre-
bâillée.
M. le comte de Prévodal? demanda
Mina.
A cette question, Nick fut obligé de
reconnaître que la visite était pour son
maître.
Depuis ce temps-là, les brigands sici-
liens semblent avoir pris au sérieux la
bénédiction de la légende, et ils expli»
quent encore leurmétierpar un paradoxe
original.
« C'est par nous, disent-ils, que vivent.
les juges, les avocats, les sbires. Si les
voleurs venaient à manquer, tout le
monde dans l'île mourrait de faim. »
II ne, faut donc pas s'étonner si le menu
peuple va plus loin encore, et, dans ses
singulières dévotions, il en arrive à im-
plorer les « décollés, » qui sont morts
chrétiennement, et qui ont expié leurs
forfaits en subissant leur sentence sans
murmurer.
A Paceco, dans la province de* Tra-
pani, on lit sur une paroi de l'église o&
est enterré un parricide:
« Francesco Frusteri est mort résigné
» et contrit en subissant le dernier sup-
» plice, de manière àinspirer l'admiration
» publique, le 15 novembre 1817. »
«*» La Mosaïque donne une recette coa« 5
tre la goutte empruntée à une faribole
du XVIIIe siècle, V Eloge de la goutte, par
Etienne Coutet. Je serais étonna qu'elle
guérît personne, mais enfin, le remède,
comme on va le voir, est à la portée de
chacun.
Un quarteron d'indifférence!
Autant de résolution.
Dont vous ferez infusion
Avec le jus.de patience
Point de procès, force gaîté,
Deux onces de société, .̃̃'
Avec deux dragmes d'exercice j
Point de souci ni d'avarice,
Trois bons grains dé dévotion, •̃
Point de nouvelle opinion; ̃#,
Vous mêlerez le tout ensemble,
Pour en prendre, si bon vous semble,
Autant le soir que le matin,
Avec un doigt de fort bon vin; ¡ t
Et verrez que cette pratique,
Au médecin fera la nique.
Le député après la session, selon
l'évangile de Cham
Ah 1 sapristi, la porte fermée! Et voilà
qu'il me vient enfin un discours *• «•
J/ H..
INFORMATIONS
Les amateurs de canicule ont dû être satig-
faits, hier, de la fête du 15 août. Sans con-
tredit, cela a été le jour le plus chaud de
l'année, car le thermomètre a atteint près do
trente-quatre degrés.
En raison de cette désolante température,
il n'y a eu relativement que peu de monde
dehors pendant la journée; en revanche, les
rues étaient pleines le soir, et la foule était
énorme dans tous les environs de Paris.
Il paraît que le Parisien, malgré les progrès
du radicalisme, n'a pas renoncé à fêter le 15
août, car 627 pochards ont été conduits, hier,
aux différents po^s de Paris. C'est la plus
forte moyenne d^rannée.
Le nombre des insolations a été considé-
rable dix-sept cas, dont heureusement au-
cun n'a entraîné la mort, ont été relevés de
midi à huit heures du soir. Quant aux che-
vaux qui, affolés par la chaleur, se sont em^
ballés, leur nombre est de trente-neuf. Deux
seulement de ces accidents ont eu des consé-
quences graves Avenue de l'Impératrice,
un attelage, composa de deux magnifiques
trotteurs russes, s'est emporté, et le" cocher,
un Anglais du nom de Sidney, a été si
grièvement blessé que l'on désespère de ses
jours. L'autre accident est arrivé avenue-
d'Eylau. Un cheval lancé au grand trot a été
frappé d'un coup de sang, et est tomba
raide. La 'secousse a jeté hors de la voituro
Mme la baronne de Mordaix qui s'y trouvait,
et qui a eu du coup le bras cassé:
Constatons enfin qu'on a arrêté sur la voi«*K
publique quatre individus subitement fràp«
pés d'aliénation mentale.
Et maintenant, voici le bilan du 15 août
réglé. Il ne nous reste plus qu'à parler de la
messe où se sont réunis les impérialistes.
C'est ce que nous ferons plus loin.
Voici les chiffres approximatifs des vofè*
geurs qui ont pris, hier, les trains de ban«
lieue dans les différentes gares de Paris
Ouest. 45 000
Nord 34 000
Vincennea. 19 000
Lyon 17 000
Orléans 16 000
Montparnasse. 11 000
Total. 142 000
-Il est ici, madame, répondit-il en
trez,je vous prie.
Et il s'effaça le long du mur pour lais*
ser passer Mina.
Mais cette voix de femme qui vibrait
sans cesse dans le cœur de Prosper était
arrivée jusqu'à lui. Une porte s'ouvrit
précipitamment, et M. de Prévodal, ému
et palpitant, se montra sur le seuil.
Il reconnut madame Dachet.
Un cri dont la plume ne saurait rendre
l'expression; tant elle contenait de sur-
prise et de ravissement, sortit de ses lè«
vres.
Il poussa Nick dehors et referma la
porte.
Comment Mina se trouva-t-elle trans-
portée dans le petit salon du jeune
homme? C'est ce qu'elle n'eût pu dire.
Elle se vit assise sur un divan et Pros-
per à ses pieds, couvrant ses mains de
baisers, riant, pleurant et remerciant
Mina tout à la fois.
Toutes ces choses s'étaient accomplies
sans qu'elle en eût conscience et dans
un espace de temps si court qu'il lui eût
été impossible de le préciser.
Mina eut-elle le sentiment du péril
qu'elle courait?
Nous ne le pensons pas.
Elle était étourdie, fascinée, grisée,
affolée; c'était une surprise qu'elle su-
bissait, un rève qu'elle faisait! Malheu-
reusement le rêve n'est point éternel et
la réalité allait bientôt apparaître avec
la raison et le remords. •
Elle essaya, à travers les nuages de
son cerveau, d'expliquer sa présence â
Prosper de Prévodal elle lui dit de
quitter Paris aussitôt parce qu'il n'y trou-
verait que honte et ruine mais, comme
on le pense bien, le'comte ne l'écoutait
guère. Il aimait éperduement, il se
croyait aimé, et la femme qu'il aimait
était là, devant lui, éperdue, trem-
blante, balbutiant et si peu consciente
de ses actes qu'elle se défendait à peine.
Que devait-il arriver de cette situa.
tion?
Mina Dachet était sortie de chez elle
en accusatrice, fière et pleine d'orgueil; 5
elle devait y rentrer en accusée, la tête
basse, le rémords au cœur et ne se re-
connaissant plus le droit de juger son
mari
Et ce n'était point tant la chute qu'elle
pleurait que la désespoir de s'être doa<
née sans amour, comme une couriisana.
Elle n'aimait pas Prosper de PrévodaiL,
ARMAND Lapqmxj*
[la suite â àemain,\
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