Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-08-15
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 août 1875 15 août 1875
Description : 1875/08/15 (Numéro 226). 1875/08/15 (Numéro 226).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO DIMANCHE 15 AOUT 1875
les œuvre^philanthropiques de JamarJ'ns:
Sociétés de sauvetage, institution des Pu-
pilles, sociétés1- de secours pour la ma.
rine et les pêcheurs, etc.
Mme la maréchale de Mac-Mahon a
accepté la présidence d'honneur du co-
mité de la tombola. Mmes l'amirale Fou-
richon, Dufture, la vicomtesse de Meaux,
la maréchale P. <,ndon, la baronne Benoist-
d'Azy, la. maïquisé de Forbin, l'amirale e
"Lârriéu, la marquise de Montaignac et la
comtesse d'Osmoy en font partie. C'est
une belle et bonne œuvre.
#*#
La-recherche des lots de la tombola
nous a amené à examiner en détail
quelques expositions très remarquables.
Ainsi, par exemple, en regardant le
très joli miroir donné par M. Ch. Buquet,
le fabricant de la rue de Buci, nous nous
sommes convaincu de la supériorité de
notre pays dans l'industrie des glaces.
Pureté des styles, soins minutieux dans
l'exécution des moindres détails de
sculpture, pour les cadres en bois, et de
ciselure pour les cadres en métal, belle
taille et fine gravure des glaces de
Venise, toutes les perfections sont réu-
nies dans les produits de ce conscien-
cieux fabricant, qui s'est fait une belle
place parmi nos artistes industriels.
Il y aura aussi des lots d'utilité, comme
les appareils exposés par MM. T?iet, Bel-
lan et Ce. Leur cabinet de bain réunit le
luxe au plus intelligent confortable. La
robinetterie nickeliée de leurs installa-
tions a un cachet tout particulier d'élé-
gance et de propreté.
Cette maison est bien connue, du
reste. La supériorité de ses appareils de
blanchissage, de bains, d'hydrothérapie,
de chauffage et de ventilation, lui a valu
déjà quinze premières médailles. MM.
Pièt et Bellan ont installé, entre autres
grands établissements, les blanchisse-
ries du Grand-Hôtel et des hôpitaux de
Paris, les bains de l'hôpital Saint-Louis,
ceux de Vichy et de l'hôpital maritime
de Cherbourg,
.;̃ ̃̃̃• #*» ;•̃• v
On s'occupe en ce moment, à l'Expo-
sition, de la création des jurys. Le co-
mité d'organisation, qui a à sa tête
M. Cochery, député, y travaille avec
une grande activité. Mais les jurés ne
fonctionneront guère avant un mois,
tant il y a de classes et de groupes,
tant la variété est grande parmi les ob-
jets exposés surtout dans la section
française d'exportation, qui embrasse
dans ses détails l'industrie tout en-
tière.
Alfred d'Àunay.
̃
REVUE BfSUÛWHfpi
Une maison centrale de femmes, par Adolphe BELOT,
1 volume, chez Dentu.
Le nouveau livre de M. Belot qui pa-
raîtra après-demain est le dernier vo-
lume d'une série portant pour titre Les
Mystères mondains:
L'apparition d'un nouveau roman de
l'auteur de la Femme de feu excites tou-
jours la curiosité. Les audaces lui ont
amené autant de lecteurs au moins
qu'elles lui en avaient retiré; à l'heur©'
_jju!ii &sJLb_iejl-dés soi-disant tiïr.or^s'iui
reprochent tout bas de ne pas les con-
duire aussi loin qu'ils voudraient aller
ëUs'ils disaient lavérité, avoueraient que
l'estampille vertueuse du ministère n'est
pas seulement ce qu'ils, demandent à ses
romans.
Ces réflexions me sont suggérées par
la lecture des épreuves d'une Maison
centrale de femmes. C'est le dernier vo-
lume d'une série portant pour ^itre Les
M y stères mondains. Dans ce livre, nous
pourrions dire dans cette course, eri
quatre étapes, à la poursuite d'une femme
qui a volé un enfant, l'auteur nous con-
duit dans les recoins les plus pittores-
ques de ce Paris qu'il connaît à fond,
à Trouville qu'il doit avoir habité pour
le décrire ainsi par le menu, à Londres
et au Brésil qu'il a certainement visités,
et, enfin, dans une maisori cfe force et de
correction pour femmes, où il n'a sans
doute pas demeuré, mais dont il lui a
été permis de sonder tous les mystères.
Ds ce livre, oùl'action a la plus grande
pait, mais qu'il me serait difficile de re-
tracer en quelques lignes, j'extrais 4e.5
feuilleton du FIGARO du ili Août 1873
̃ 22
LA
CHâSSE AUX Fui? TUMES
PREMIÈRE PARTIE
I/>A«OVIt DE L'OR j
XV[
Après avoir quitté J. Starke, Louis,
Copeau se rendit chez Robert Dachet.
A cette heure-là, Dachet était habi.
tuellement à sa maison de banque. Co-
peau ne l'ignorait pas mais, sans doute,
u "vait de bonnes raisons pour ne pas
ximander Dachet dans les bureaux de
la rue Basse-du-Rempart.
Dans le trajet de cette rue à la rue de
Provence, il entra chez un marchand de
vin, se fit servir un demi-litre et, assis
dans un coin, écrivit quelques lignes à
Dachet.
« Ce soir, un peu avant dix heures, lui
disait-il, la tourterelle ira trouver son
tourtereau tu pourras t'en assurer en
guettant à l'heure indiquée. L. C. »
Ce billet fut remis chez le concierge
de Robert Dachet en l'avisant qu'il était
important que celui-ci en eùt communi-
cation dès qu'il rentrerait.
Comme Dachet avait des intrigues de
toutes sortes, il était généreux avec son
concierge en revanche, l'homme de
la porte lui était tout dévoué.
Le billet de Copeau fut donc remis au
banquier à six heures. Il 1 >11 1
Ce soir-la, on se le rappelle, Prosper
de Prévodal dînait chez Robert Dachet,
mais on se souvient aussi que Mina
cachet, douloureusement affectée du
i'ôle que son pari voulait lui imposer à
l'égard de M. de Prévodal, avait été, du-
yant le repas, d'une tristesse mortelle
|)èpité de cette attitude qui contrariait
ses projets, et désireux d'être libre de
Reproduction autorisée pour les journaux qui
•nt traité avec la société des'Gens dé lettres.
| renseignements précieux sur nos éta-
blissements pénitentiaires. Aux lecteurs
de juger eux-mêmes le roman.
Dans les centrales le silence Je plus
strict fait partie d4 la pénalité. Toute infrac-
tion à ce mutisme obîîg^toire doit être sé«
vèrement punie, Même pendsut la récréation,
qui n'est qu'une promenade dans le préau, il
est défendu aux femmes de comm~ua!Suer
entre elles.
Cependant, le règlement est observé dans
de certaines limites, et, la plus grande faveur
que l'on pourrait accorder aux détenues serait
de leur rendre, un instant, la liberté de la
parole. Elles s'empresseraient, du reste, d'en
abuser. Nous n'en youlons_ pour preuve que
l'anecdote suivante, pour ainsi dire officielle.
M. Baille, invité aux fêtes de Compiègne
en 1868, fut interrogé par l'Impératrice sur
certains détails de la maison centrale qu'il
dirige. Lorsqu'il fut question du silence obli-
gatoire Pauvres femmes Cette peine est
bien sévère, fit observer l'impératrice Eugé-
nie, je voudrais, monsieur, que voire séjour
ici, et mon entretien avec vous, leur servis-
sent à quelque chose, et je vous demande de
permettre à vos prisonnières do causer libre-
ment, pendant vingt-quatre heures.
M. Baille dut aussitôt donner des ordres en
conséquence.
Les conversations particulières ne tardèrent
pas, comme bien l'on pense; à s'organiser.
Mais uqe heure après, on ne parlait plus, on
s'interpella,it. Bientôt les cris succédèrent aux
interpellations; les têtes s'échauffèrent, toutes
ces malheureuses, habituées au silence, se
grisèrent de leurs paroles, comme un homme
sobre d'ordinaire, s'enivre avec un verre de
vin. On se disputa, on se querella, on en vint
aux mains, on se jeta des cruches à la tête, il
fallut envoyer chercher les gardiens et alors
on les accueillit par des cris de vive la Répu-
blique! I
Pour qu'on noua-,ait rendu l'usage de la
parole, s'étaient dit les' détenues, il faut que
de grands événements se ;soient passés l'Em-
pire doit être renversé et la-fiépublîque pro-
clamée. Saluons cette nouvelle révolution
Il fut difficile de leur persuader VJà'o l'Impé-
ratrice habitait toujours Compiègne et qu'elles
devaient, à son intervention, la faveur dont
elles avaient abusé.
L'anecdote que raconte M. Belot est
exacte en tous points; elle peint admira-
blement les aspirations des malheureux
qui peuplent nos établissements péniten-
tiaires.
tes punitions qui peuvent être infligées,
dans les maisons centrales, se réduisent à
l'interdiction de la promenade dans le préau,
la privation dç faire usagé de la ôàntine et de
se rendre au parloir, la suppression de la cor-
respondance, et'-enfin la mise en cellule, avec
ou sans travail. Si cette dernière peine excé-
dait un mois, m guj est excessivement rare,
le directeur devrait en référer au ministère de
l'intérieur.
Une seule femme, à Clermont su'hit sa
peine en cellule, p'est la Quiniou qui
après avoir essayé de mettre le feu à la pri-
son de Rennes, sans réussir dans cette tenta-
tive, parvint, le 5 juin 1871, à incendiep la
maison centrale de Vannes, au moyen de
charbons encore ardents, déposés sous dés pa-
quets de chiffons secs. Une détenue mourut
asphyxiée et l'établissement fut entièrement
détruit.
La Quiniou, condamnée à mort par la Cour
d'assises du Mqrbihan, vit sa peine commuée
en celle des travaux forcés à perpétuité, et
fut dirigée sur Clermont. Elle aurait été, sans
doute, confondue avec les autres détenues et
vivrait, côte à côte avec elles,'si, dans la voi-
ture qui la conduisait, 4? la gare la maison
centrale, elle n'avait commis l'imprudence de
dire, dgv5nt-8ea_eompagnes et leurs gardiens
« Ilg-n-ont qu'à se~ïîen:Jteïftçi4g;,bwiïeEâi. -Oteï*-
jHont, comme j'ai hrûlé Vannes. » Ce propos,
répété à M- Baille, devait le faire réfléchir. Il
demanda et obtint, par mesure de prudence,
d'isoler l'incendiaire déjà récidiviste.
On sait que ces anecdotes n'ont pas été
inventées à plaisir, qu'elles ont été re-
cueillies aux bonnes sources. L'auteur,
après nous avoir fait assister au lever,
au tra/vaiï, au repos, aux récréations,
au coucher des détenus et nous avoir
dpnné les détails les plus complets sur
tout ce qui les concerne, revient à son
héroïne Carmen Lelièvre
Carmen espéra, pendant quelques jours,
découvrir une femme de sa condition, avec
qui elle aurait pu frayer. Elle était si peu for?
maliste au point de vue de la moralité,
qu'elle chercha cette fameuse Mme Frigard,
condamnée à perpétuité, vers cette époque,
pour avoir empoisonné une de ses amies dans
la forêt de'Fontainebleau. Mais la Frigard
avait été dirigée sur la maison centrale d'Au-
berive et le directeur de Clermont ne sem-
blait -pas disposé à la réclamer comme pen-
sionnaire. Il se rapnelait les ennuis que lui
avait autrefois causes une femme de sa con-
dition, Mlle Doudet, l'instttutrice anglaise, à
laquelle la Cour d'assises avait Infligé dix
ans de réclusion, en échange des tortures
qu'elle avait exercées sur plusieurs enfants
confiés à sa gardé.'
bonne heure, le banquier n'avait rien
fait pour prolonger le dîner. Vers neuf
heures, Mme Dachet prétexta d'une vio-
lente migraine pour demander la per-
mission de se retirer.
Cette indisposition permettant à Pros-
per de revenir le lendemain afin de s'en?
quérir des nouvelles de Mina, il ne fut
pas très affecté de cette prompte sépara-
tion du reste, sans bien se rendre
compte de ce qu'il éprouvait, il souffrait
de ce tête à tête à trois et se sentait mal
à l'aise en présence, du banquier.
On se sépara donc un peu après neuf
heures. A
Le comte de Prévodal revint à pied
chez lui, bâtissant dans sa tête mille plans
chimériques ayant trait à son amour.
Quant à Robert Dachet, il s'enveloppa
d'un large pardessus, se cacha le bas
de la figure avec un foulard, et vint se
mettre en embuscade à deux pas de la
maison de Ferdinand Mittermann une
voiture qu'il avait prise à l'heure sta-
tionnait en face.
L'attente de Dachet ne fut pas très
longue. La porte de la maison de Ferdi-
nand s'ouvrit et une femme couverte
d'un manteau, la figure cachée sous une
voilette et encapuchonnée comme si
elle se fût rendue au bal, se montra sur
le seuil.
Il fallait un oeil bien expert pour re-
connaître, sous ce lourd vêtement, l'élé-
gante Caroline, mais Robert Dachet pos-
sédait un de ces regards de Parisien ha-
bile à découvrir toutes les supercheries,
à percer toutes les enveloppes menteu-
ses. Il connaissait sa belle-sœur sur le
bout du doigt, et l'eût retrouvée sous les
travestissements les plus mystérieux.
Après avoir franchi le seuil de la porte,
Caroline eut un moment d'hésitation.
Dachet, craignant d'être aperçu, se jeta
derrière un de ces petits monuments,'
réduction minuscule des minarets otto-
mans, dont l'édilité parisienne a par-
semé les voies publiques. L'hésitation de
Mme Mittermann fut courte elle prit à
gauche, vers le carrefour où se trouvait
une station de voitures.
Dachet fit signe à son cocher, et la
voiture suivit au pas ^imprudente Garp-
line.
Jamais détenue £e fut plus insupportable,
parce que jamais dét>£ue ne lut plus proté-
gée. Un pasteur protestant, un ambassadeur,
trois ministres, un lord, une tê£o couronnée.
se sont successivement intéressés aN sort 4e
cette créature, On recevait, tous les jours, à
Clermont, quelque lettre, où l'on réclamait,
elle, une nouvelle faveur. Sollicité de
toutes parts, circonvenu, obligé même d'obéir
à des ordres formels, le directeur dut sépa-
rer Mlle Doudet des autres femmes, lui
donner comme chambre la pièce qui sert
maintenant de dortoir aux accouchées et per-
mettre à Mme Poulain, la femme de l'en-
trepreneur des travaux, de lui servir des ali-
ments recherchés. Mais, au nom de la disci.
pline, il avait enfin obtenu d'être débarrassé
de Mlle Doudet.
Ce qui rend le livre de M. Belot parti-
culièrement intéressant, c'est la sincérité,
la fidélité de ses récits tout ce qui con-
cerne les prisons, les établissements
pénitentiaires est vérifié avec un scru-
pule égal à celui qu'a montré M. Maxime
Du Camp dans ses études sur Paris.
"̃ ̃ •: '̃• "# ̃ ̃
J'arrête là mes citations de l'ouvrage
de M. Belot et je termine en extrayant
de la Bête noire de M. Edouard Cadol
(1 vol., Michel Lévy) ce fidèle tableau
d'un appartement dans lequel on a donné
un bal la veille.
Les décorations qui faisaient tant d'effet à
la lueur dés lustres sont ternes et grossières.
Une couche épaisse de poussière est répan-
due sur les siéges'et les consoles. Les bou-
gies ont bavé le long des candélabres. A
terre, des gants salis, des bouquets déchique-
tés, des volailts de robes; sur les tables, sur
les cheminées,, des verres poisseux, où se dé-
composent des crèmes glacées, du punch, à
côté de coquilles de grosse porcelaine conte-
nant un reste de sorbet.
Ici et là, des débris d'éventail, une écharpe e
de tulle, sur laquelle on a piétiné, le chapeau
bossué qu'un monsieur a cherché une heure
au vestiaire; un carnet d'ivoire, où sont ins-
crites des maximes plus ou moins compro-
mettantes pour celle qui l'a-.égaré.
L'atmosphère, viciée d'exhalaisons de vic-
tuailles, prend à la gorge. Il semble qu'il fau-
drait Hercule pour nettoyer et assainir, pour
balayer ce fumier somptueux.
1?ous les infortunés fortunés qui ont
donné un petit bal connaissent ces hor-
reurs-là. Le livre de M. Cadol est une
suite de tableaux bourgeois copiés d'après
nature avec autant de vérité et 4© bon*
heur que celui-ci.
'Philippe. GiUfi.
P. S. Livres dernièrement parus
Le Mystère de- tyesffie'ld, roman améri-
cain dans la manière d'EdgardPoë, par
Emile Desbeaux, 1 vol., chez Degorce-
Cadot. Douzième livraison de la Géo.
graphie d'Elisée Reclus, chez Hachette,
Les Ex-libris français chez Rouquette
(ouvrage qui n'intéresse guère que les
amateurs de curiosités bibliographiques).
t Quatrième volume des Mille et une nuits
parisiennes (la dame aux diamants) par
Arsène Houssaye, chez Dentu.
L'INGÉNIEUR BAZIN
Ce vaillant tjavaillettï-vîêiïtïïer empor-
ter^iïi-sîiccès dont il peut, à juste titre,
ifè montrer fier depuis l'ouverture de
l'Exposition, il n'est bruit dans tous les
journaux scientifiques que du mérite de
ses inventions la renommée en est arri-
vée aux oreilles de la Présidence et, ven-
dredi dernier,le maréchal deMac-Mahon,
accompagné de son aide dé camp, de
M. de Bussy, ingénieur des construc-
tions navales et d'un groupe d'officiers
de marine, s'est rendu au Palais de l'In-
dustrie. •
Cette visite n'était point officielle per-
sonne n'avait été prévenu, et Bazin ne
fut pas le moins étonné, lorsqu'il vit la
président de la République se diriger
vers son casier.
Après quelques paroles encouragean-
tes qui lui furent adressées, Bazin entre-
prit de donner à son illustre visiteurdes
explications s_ur toutes ses machines le
Maréchal, qui paraissait écouter avec le
plus vif intérêt, ne lui fit grâce d'aucun
détails, après les métiers à filer, les lo-
chomètres et les appareils de sauvetage,
on passa au fameux Extracteur, puis enfin
au .New ire express, qui~est appelé à faire
révolution dans la marine. Sur la prière
du Maréchal, Bazin renouvela plusieurs
expériences qui réussirent complété-
ment M. de Bussy, le savant ingénieur,
qui n'était pas le moins attentif, s'était
Arrivée à la station, Mme Mittermann
monta dans le premier fiacre qu'elle
rencontra. Elle donna ses ordres au co-
cher, qui Se tenait à la portière, et tandis
que l'employé des petites voitures grim-
pait sur son siège, Robert Dachet s'intro-
duisit lestement dans son coupé et dit au
cocher
Suivez ce fiacre à vingt pas en ar-
rière..
Les cochers de Paris sont si bien mêlés
aux choses de la police, aux rendez-vous
des amoureux et l'espionnage des ja-
loux, que tous ces drames ou ces comé-
dies de là vie civilisée les trouvent comr
plétemen|i indifférents. Toutes chose?,
pour eux, se traduisent en une question
de pourboire. Hors de là, il n'y a qu'une
apathie absolue. Les cochers de Paris
sont de profonds philosophes! 1
Le coupé de Robert Dachet emboîta le
pas à la voiture de Caroline, et toutes
les deux roulèrent ainsi pendant une
demi-heure à huit ou dix mètres de
distance. Elles parcourureat une partie
des Champs-Elysées, l'avenue Montaigne,
les quais, et entrèrent dans Auteuil.
Arrivée rue en face de la maison
de J. Starke, la voiture de. Mme Mitter-
mann s'arrêta, Caroline en descendit,
paya le cocher et entra précipitamment
dans la maison.
A son tour, Robert Dachet sortit de
son coupé, dit au cocher de l'attendre,
et avisant un café qui était encore ou-
vert, il y entra et se fit servir un verre
de chartreuse.
A qui appartient ce petit hôtel isolé?
demanda-t-il au cafetier en désignant la
maisjn de J. Starke.
A un banquier de Paris nommé
Gistarque, lui fut-il répondu mais je ne
le connais pas; il n'habite son hôtel que
très rarement.
Merci-
Robert Dachet a,Uuma un cigare et
sortit.
Il fit le tour de la maison et reçpnmit
qu'elle avait deux issues. Oppeau était
bien instruit.
L'imp,Q,rtant était de s'assurer par
quelle issue Caroline en sortirait.
La plus simple inspection de la mai-
son sui|}t pour 'lui faire cproprentlre.
joint à l'inventeur pour lui faciliter ses
démonstrations.
Le temps passe tite sur ce terrain au
bout d'une grande heure, le présideat,
qui devait retourner à l'Elysée, se rettak
en félicitant vivement Bazin, et lui
adressa ces paroles que nous avons
entendues
«–Recevez nos compliments,monsieur
Bazin, vous travaillez là à de grandes
choses et, si le succès vient couronner
vos efforts, le pays vous devra beau-
coup. »
Le Maréchal partit sans avoir le temps
de faire un tour dans l'exposition. Que
les exposants se rassurent; ils auront
aussi leur moment de triomphe comme
nous l'avons déjà dit, la démarche n'a-
vait point un caractère officiel c'était
la visite du grand homme bienveillant
au modeste inventeur, et la récompense
à un travail opiniâtre de plus de vingt
années.
Bazin est de la race de ces célèbres in-
venteurs qui n'ont reculé devant rien, et,
que nul obstacle n'a pu décourager;
comme ses devanciers, il s'est attaque
aux grandes difficultés; il lui fallait un
adversaire digne de lui: c'est alors qu'il
a choisi l'Océan, G'est avec lui qu'il a en-
gagé la lutte.
Chacune de ses œuvres est un progrès
pour la marine la science et lui sem-
blent avoir fait pacte d'amitié..
Chaque jour, Bazin fait des conféren-
ces qui offrent un grand intérêt; bien
des élèves des écoles Polytechnique et
Centrale y ont assisté, et plusieurs de
nos amiraux sont aussi jvenus apporter
leur tribut d'éloges au fécond inventeur.
Alfred Tencé.
P. G.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
«~Tv> Nies, 14 août, 11. h., 56 matin. Le
tribunal a rendu son jugement dans le pro-
cès des contrebandiers.
Ont été Condamnés
Orengo, juge au tribunal de commerce, à
un an de prison;
Barthélémy Bottin, commerçant^ à 18
mois Foucaud, marchand de comestibles,
syndic de faillites et Auguste Bottin, frère
de Barthélemy, charretier, à six mois.
Le cocher Guichard a été acquitté.
Les quatre premiers ont été condamnéy so-
lidairement à 30,637 francs d'amende, à la
confiscation de, marchandises s'élevant à
15,318 francs, ce-qui, avec les frais et le dou-
ble décime, fait un total de 60,000-francs en-
viron. •. ̃̃.••
iwwcTboyes, 14 août. >– M. parigpt, con-
seiller général de l'Aube, député dû contre
cjroit et non de la gauche, comme on l'a
imprimé par erreur avait été notaire à
Troyes, et, pendant de nombreuses années,
maire de notre ville, qui n'oubliera pas de
sitôt les services rendus par lui. M. Parigot
avait 71 ans. Depuis quelque temps, on pré-
voyait le dénouaient fatal d'une maladie le
diabète, je crois r-r- qui s'était compliquée de
graves accidents.
Ses obsèques auront lieu demain, 15 août,
à onze heures.
Par décret, en date du 7 août, M.
l'abbé Noehez, aumônier de la maison cenr
trale de Clairvaux, a été nommé chevalier de
la Légion d'honneur (30 ans de services).
'4-&eù~'st-aû~
don sont arrivées hier soir à Aix, par le canal
qu'a construit l'ingénieur Briça. Elles doivent t
servir à l'alimentation de la ville et à l'arro-
sage de 6,000 hectares dans les campagnes de
nos environs.
Le Verdon, ri vièro formée par trois torrents
des Basses-Alpes, va se perdre dans la Du-
rance, au-dessous de Cadarache. C'est au bar-
rage de Quinson, à 60 kilomètres de Digne
que le-canal va chercher les 21,600 mètres
cubes d'eau qu'il doit verser par heure dans
notre pays.
Toute' une population joyeuse assistait à
l'apparition des eaux qui arrivaient à propos.
La ville et la .campagne sont désplées, par une
géeheresse extraordinaire.
Rochefort, 13 août. Encore une
catastrophe à ajouter à celles qui sont sur-
venues au commencement de ce mois, sur
les côtes de Bretagne.
Un bateau portant 14 personnes qui allaient
visiter le fort Boyard a fait naufrage mer-
credi, dans l'après-midi, à 150 mètres du ro-
cher sur lequel il est construit. Ont péri
M. l'abbé Ballanger, curé-doyen de Gémozac,
chef-lioiî cîs canton de l'arrondissement de
Saintes M. Plassereau, conducteur des ponts-
et-chaussées et sa femme; trois jeunes filles,
trois sœurs., Blanche, Noélie, Berthe AUo.au
et Mlle Méty. Mme Alleau mère a été sauvée!
Quand les secours sont arrivés, on a trouvé
l'abbé Ballanger, expirant, accroché à un avi-
ron. Les soins qu'on lui a prodigués n'ont pu
le rappeler à la vie.
Rien d'émouvant comme la mort des époux
Plassereau. Le conducteur des ponts-et-chau^T
qu'elle ne pouvait sortir que par l'issue
principale.
En effet, ou Caroline s'en retourne-
rait seule et dans ce cas la voiture de
ïiStarke la ramènerait chez elle, ou
J. Starke l'accompagnerait, et dans cette
hypothèse, ils ne pouvaient sortir par la
porte de derrière puisqu'elle n'était pas
assez large pour donner passage à une
voiture.
II y avait bien encore cette supposition
que J. Starke pouvait se borner à con-
duire Caroline jusqu'à la plus prochaine
station de voitures, et que sortant à pied,
ils pouvaient prendre l'issue qui con-
duisait du jardin à la rue; mais cette
supposition semblait invraisemblable.
Robert Dachet commença par s'assurer
qu'aucune voiture ne stationnait du côté
du jardin, puis il revint vers la façade de
la maison. La rue était presque déserte,
quelques rares passants regagnaient en
toute hâte le gîte conjugal. Le coupé qui
l'avait amené, immobile de l'autre coté
de la rue, semblait attendre le retour de
son propriétaire, en yisite dans la mai-
son voisine.
A ce moment onze heures sonnèrent.
Un point lumineux se montra dans
la cour de l'hôtel, puis il disparut. Une
petite porte souvrit et deux 'personnes
en sortirent l'une était Caroline, bien
cachée sous sa voilette et dans son man-
teau l'autre était J. Starke, se drapant
dans un ample vêtement.
Tous les deux se donnaient le bras.
J. Starke aperçut la voiture de'Dachet
et s'approcha du cocher.
Etes-vous libre? lui demanda-t-il.
Non; j'attends ma pratique.
Si Dachet eût eu des doutes, ils se
fussent dissipés en entendant la voix
de son associé légèrement entachée d'un
accent allemand.
Marchons jusqu'à la, station, dit
J. Starke à sa compagne.
Et d'un pas hâtif ils se dirigèrent vers
Paris et disparurent bientôt dans l'obs-
curité!
Robert Dachet attendit quelques mi-
nutès.-dérrièra l'arbre, ou il se tenait ca-
ché.; puis, sans he§i%tion, il vint sonner
hU porte da Vlptêl. Il avait eu le soin
de relever le collet de son paletot et de
'.< ~,);
sées était un habile nageur pendant trois
quarts d'heure, on a vu ces malheureux, étroi-
tement unis, lutter contre les vagues furieuses.
Ils avaient laissé à terre un enfant de 18
mois l
Le gardien de batteflè du fort, Schmeyer,
un brave Alsacien décoré de la Légion d'hon-
neur, a fait des prodiges pour venir au se-
cours de tous ces malheureux et a pu arra-
cher à la mort le patron de la barque, Pes-
siot, et un sergent du 68 de ligne en congé de
convalescence à file d'Aix. D'autres embar-
cations ont sauvé les cinq autres naufragés.
Blois, 14 août. L'affaire du duc
d'Aumale contre l'Echo du Loir et Cher a été
appelée et remise au vendredi, 20 août.
Me Leberquier se présente pour le prince.
Hier soir, à quatre heures et demie,
Auguste Auriau, serrurier-mécanicien atta-
ché à la fabrique de chaussures Rousset et
Estribaud, quittait son travail et revenait à
son domicile, rue Saint-Lubin. Une voisine
l'entendit s'enfermer à clef. Trois quarts
d'heure plus tard Mme Auriau arrivait à son
tour, mais elle frappa et appela vainement.
La porte ayant été ouverte, un affreux spec-
tacle s'offrit à ses yeux son mari gisait
inanimé à côté d'un réchaud plein de char-
bon encore allumé. On courut chercher le
docteur Guérin ses soins furent inutiles,
l'asphyxie était complète.
Auriau était frère de l'ancien conseiller mu-
nicipal, et n'avait que trente-deux ans. Il
laisse une jeune femme et un petit enfant.
Depuis quelque temps il s'adonnait à la bois-
son et semblait en proie à un violent cha-
grin.
BESANÇON, if août. Une mystifi-
cation assez bien réussie.
Un élève externe du lycée, ayant à se plain-
dre du patron menuisier chez lequel il logeait,
et qui n'avait pas voulu lui permettre l'intro-
duction de certains livres en jupons que le
jeune homme jugeait nécessaires à ses études,
s'est vengé de son propriétaire, en lui confec-
tionnant une scie énorme. Les trois journaux
de la localité ont reçu un beau matin la lettre
suivante
Besançon, 6 août.
Permettez-moi de vous faire part d'un fait tout
à fait extraordinaire. Hier, en débitant un bloc
d'acajou, j'ai trouvé dans l'intérieur, parfaitement
conservé, un magnifique serpent. Le bois était,
pour ainsi dire, moule sur le corps de l'animal,
qui s'y trouvait comme pétrifié. Il avait gardé l'é-
clat de ses écailles et semblait être mort la veille.
Je fis appel à la science de deux professeurs delà
faculté, qui, après l'avoir longtemps examiné et
s'être non moins, concertés, déclarèrent que ce
serpent appartenait à une espèce exotique très
rare. J'ai donc, monsieur, dans l'intérêt de la
science, recours à votre extrême obligeance, pour
vous prier de vouloir bien insérer ce petit article,
qui, lu, par vos nombreux abonnés, ne manquera
pas d'amener une enquête très intéressante. Du
reste, le corps du serpent, ainsi que les fragments
du bloc d'acajou, qui en portent l'empreinte exacte,
sont conservés dans mon atelier, où je me ferai
un véritable plaisir de les montrer aux curieux.
'r ..̃ • • ̃ • BjEBTRABD ,_ftlSf
̃.̃;̃ '̃; '̃̃̃̃ '•' Menuisier, rue du Lycée, 15..
pAucun des trois journaux n'a manqué d'in-
sérer immédiatement cette lettre, sans s'in-
former autrement de la réalité du fait et de
l'authenticité de la signature.
Les curieux n'ont pas manqué de se porter
en foule chez le menuisier, qui, fatigué de ces
visites, a fini par les renvoyer tous à la Fa-
culté des sciences où il prétendait avoir dé-
posé les pièces.
Enfin, pour échappera la s.cie persistante,
il a dû terme? mqin.entanem.eiit sa boutique,
Le lycéeV pourrait bien être poursuivi pour
faux, mais il est protégé par l'inviolable dis-
crétion du menuisier Bertrand, qui paraît
avoir de très bonnes raisons de ne pas faire
connaître celles qui l'ont déterminé à chasser
son locataire.
T-r-r-r–r Londres, 14 août. tt? La Gazette (offi-
cielle) publie un ordre royal rayan'f le cplpnq}
Baker des cadres de Varmie,
On nous prie d'ingérer la no^e suivante
̃Le comité de la Tombola du Havre au profit
des inondés du Midi, informe le public que le ca-
talogue des lots offerts pf la liste des numéros ga-
gnants se trouve à Paris chez Emile Tourtin, pho-
tographe, 8, boulevard des Italiens. L.e délai pour
la réclamation des lots expirera le 31 courant.
Auguste Marcade..
♦
PARIS AU JOlllE JOUR
M. Julian Klaczko continue dans la
Revue des Deux Mondes l'intéressante étude
qu'il a commencée sur M. de Bismark et,
parmi les pièces citées dans le numéro
paru ce matin, se trouvent deux lettres
du futur prince chancelier de l'empire,
alors seulement comte de Bismark et
ministre des affaires étrangères de S. M.
lé roi de Prusse, qui nous ont semblé cui
rieuses et originales.
La convention de Gastein venait d'être
conclue et l'on était à la veille de la fa-
meuse entrevue de Biarritz, quand au
mois d'août 1865 survint l'Affaire Lucca.'
bien s'envelopper la figure de son ca-
che-nez.
Le point lumineux qu'il avait déjà,
aperçu se montra de nouveau, et un
homme de soixante ans environ, à figure
de Kalmouck, se montra derrière le
judas de la petite porte.
–Qui demandez-vous? dit-il à Dachet
d'un ton maussade.
M. Starke, répondit Dachet, j'ai à
lui faire une communication très impor-
tante et fort pressée.
rrr II est sorti, répondit le concierge.
Mais il va rentrer sans doute; je
pourrais l'attendre.
M. Starke ne rentrera pas.
En êtes-vous sûr?
J'en suis certain.
Voilà qui est embarrassant. Il ne
couche donc pas ici?
Jamais 1
Ah! Et où pourrais-je le voir?
A Paris; à sa maison de banque,
rue Bàsse-du-Rempart, n°
Je sais bien; mais les bureaux sont
fermés à pareille heure, et l'on m'avait
dit que je le trouverais ici.
Je, vous répète qu'il n'y couche ja-
mais.
C'est fâcheux Connaissez-vous spn
adresse à Paris?
Le Prussien sembla réfléchir un instant.
Non 1 dit-il tout à coup. Allez à la
maison de banque.
11 poussa le guichet qui fermait le Ju-
das et laissa Dachet dans la rue.
J_'en sais assez, dit celui-ci tout bas.
B.pnsoir.
.11 rejoignit sa voiture.
Le cocher s'était endormi sur son siége.
Il le reveilla en lui disant
Rue de Bulïault, n°
C'était la demeure de Louis Copeau.
Qu'allait faire Dachet a pareille heure,
chez son agent?
C'est ce que nous saurons plus tard.
-̃• 3|Y« ̃'• ̃̃.
Le ba^o^ M, ittermann habitait, à Pas-
sy,' un'é'v^ste maison pu il avait su réu-
nir le'lùxe, français et le çiamfprt alle-
mand. Chaque dimanche, été comme
hiver, tp.utè la fataillè assistait au dîner
M. ,de Bismark s'était fait photogra-
phier à Gastein dans une attitude roma-
nesque avec Mlle Lucca, première can-
tatrice de l'Opéra de Berlin; de là grand
scandale et grand émoi parmi les co-
ryphées du Parti de la Croix, dont M.
André (de Roman) se fit l'interprète dans
une mercuriale cônfldentis!!?.. insistant
aussi sur la fâcheuse impression produite
par la demande de réparation par les
armes que le premier ministre de Prusse
avait voulu tout dernièrement imposer
au bon docteur Virchow, le très savant
et très pacifique inventeur de la Trichine,
pour ses attaques violentes dans le par-
lement contre sa politique. M. André
trouvait que ce n'était point là la con-
duite d'un véritable chrétien, il ne ca-
chait pas non plus que ses anciens amis `
gémissaient-de ne plus voir leur Eliacin
assister au service divin et commençaient `
même à être inquiets de l'état de son
âme. C'est à une pareille semonce que
M. de Bismark repondit par la lettre
intime qui suit et qui fait une fois de plus
songer à ce Cromwell dont le souvenir
doit être si souvent évoqué lorsque l'on
parle de ce grand remueur des peuples.
Cher André (1), bien que mon temps soit
très mesuré, je ne puis cependant me refuser.
à répondre à une interpellation qui m'est
adressée par un cœur honnête et sous l'invo-
cation du Christ. Jo suis profondément peiné
de causer du scandale aux chrétiens qui ont
la foi, mais j'ai la certitude que c'est là une
chose inévitable dans ma situation. Je ne
parlerai déjà pas des camps qui me sont né-
cessairement opposés en politique, et qui
n'en comptent pas moins dans leur sein un
grand nombre de chrétiens, des gens qui
m'ont de beaucoup devancé dans la voie du
salut, et avec lesquels cependant je dois être
en lutte pour des choses qui, à mon senti-
ment comme au leur, sont des choses ter-
restres j'en appellerai seulement à ce que ̃
vous dites vous-mêmes « Que rien de ce
qui est omis ou commis dans les régions éle-
vées ne demeure caché ». Où est l'homme qui,
dans une pareille situation, lie causerait pas
de scandale à tort ou à raison? Je vous ac-
corderai bien plus encore, car votre expres-
sion «ne demeure caché », n'est point exacte.
Plût à Dieu qu'en dehors des péchés que le
monde me connaît je n'en eusse pas sur mon
âme d'autres qui restent ignorés et pour les- «'
quels je ne puis espérer de pardon que de ma
foi dans le sang du Christ Comme homme
d'Etat, je crois même user de beaucoup trop
de ménagements encore d'après mon senti-
ment, je suis plutôt lâche, et cela parce qu'il
n'est pas si facile dans des questions qui se
posent devant moi d'arriver toujours à cotte
clarté au fond de laquelle s'épanouit la con-
fiance en Dieu. Celui qui me reproche d'être
un homme politique sans conscience me fait
du tort; il devrait d'abord commencer par
éprouver lui-même sa conscience sur ce
champ de combat. Pour ce qui regarde l'af-
faire de Virchow, j'ai de longtemps dépassé
l'âge où, dans do pareilles questions, on de-
mande conseil ce qui est chair et sang si
j'expose ma vie pour une cause, je le fais dans
cette foi que j'ai fortifiée par un combat long
et pénible, aussi par la prière fervente
et humble devant Dieu; cette foi, la parole
de l'homme ne peut la renverser, pas même
la parole d'un ami dans le Seigneur et d'un
serviteur <$.& l'Eglise.
Il n'est point vrai que je no fréquente ja-
mais une église. Depuis tarçtôt sept mois, je
suis ou absent (de Berlin) ou malade qui
donc a pu faire l'observation de ma négli-
gence ? Je conviens volontiers que. cela a pu
arriver souvent, bien moins par le manque de
temps que par des considérations do santé,
ï'hivaï -8\iïtout je suis tout prêt à dqjinpr des
éclaircissements 111ua-. -l\'COl\t:"i1(ji~s ?. tous,
éclaircissements pVaa c>lïcov,tr,uC\ôs à tous,
ges en cette matière; pour vous, vous m'en
croirez sans autre détail de médecine. Quant
à la photographie Lucca, vous porteriez
probablement un jugement moins sévère, si
vous saviez à quoi hasard clip doit son ori-
gine. En outre, Mile Lucca quoique canta-
trice, est une damp à laquelle on n'a jamais,
pas plus qu'à moi, reproché des relations il-
licites. Néanmoins, j'aurais certainement eu
soin de me tenir en dehors du verre braqué
sur nous, si j'avais dans un moment tran-
quille, réfléchi au scandale que tsnt de fidè-
les amis devaient trouver a cotbadjnage.
Vous voyez par les détails dans lesquels j'en-
tre que je considère votre lettre comme bien
intentionnée, ot que jo ne, songé en aucune
façon à me mettre au-dessus du jugement do
ceux qui partagent avec moi la mçmo foi
mais j'attends de votre amitié et de vos lu-,
mières chrétiennes que vous recommandiez
aux autres, pour les circonstances futures,
plus d'indulgence et de charité dans leurs
jugements; nous en avons besoin tous. Je
suis du grand nombre des pêcheurs auxquels
manque la gloire de Pieu je n'en espère pas
moins comme eux que, dans sa grâce, il ne
voudra pas me retirer le bâton do l'humble
foi à l'aide duquel je cherche à trouver ma
voie au milieu des doutes. et des dangers de
mi situation cette confiance toutefois no doit t
pas me rendre sourd aux reproches, faits par
(l) On a tâché de conserver à la traduction le
caractère d'édifiante obscurité qui distingue l'ori-
ginal.
que le baron offrait à, ses enfants et ses
intimes. On voyait là, habituellement, la
comtesse Svitzer, J.' Starke, Ferdinand
M.itiermann, Caroline, M. et Mme Re-
gimbai, parfois Robert Déchet et quel-
ques membres de la colonie allemande.
On s'y livrait à ces fameux dîners qui
faisaient la joie de Mme Svitzer et de
Bettina Regimbai. Au dessert, le vin de
Champagne, tant estimé des Prussiens,
échauffait toutes les têtes et l'on portait
de nombreuses santés à la gloire de
Guillaume de Prusse en même temps,
l'on buvait à la confusion de ses enne-
mis et de cette France taïve, si hospita-
lière à ceux qui, déjà à cette époque,
jouaient le rôle que l'on connaît.
Robert Dachet, quand il assistait à ces
dîners, restait impassible en face des
joies brutales de ces Teutons ivres de
vin français. Cet homme n'avait point de
patrie; l'amour de l'or avait éteint dans
son cœur tout autre sentiment!
On étaitarrivé àl'un de ces dimanches.
Le matin, Robert Dachet prévint sa
femme qu'elle eût à se tenir prête à
quatre heures pour aller dtapr chez le
baron Mittermann.
Mina eut bien voulu être dispensée de
cette démarche. Depuis le jour de la
déclaration de Mittermann, elle avait
une profonde horreur de ce vieillard
amoureux. Mais Robert Dachet avait
parlé de ce ton sec et bref qui ne souf-
frait point de réplique, et la pauvre
Mina, trop faible pour résister à son
mari, trop craintive pour lui avouer les
tentatives du vieux banquier, avait dû
se soumettre.
Toutefois, elle ne s'habilla qu'à contre
cœur et fit la tpilette la plus simple et
la plus modeste, ce qui n'était guère
dans les habitudes de la maison, ou lès
femmes se rendaient habituellement en
robes décolletées et les bras nus.
A l'heure qu'il avait fixé pour le dé-
part, Robert Dachet ne se trouva pas
ctie^lUjiV
Mina, attendit; jusqu'à cinq heures, et
voyant que son, mari n'arrivait pas, elle
pensa qu'il a v^it change d'avis. s
El,l,e, se déshabilla, et se mit en robe d_e,;
chambre- ̃<̃̃̃̃
£ ce njQmçiitj sa^ soubrette lui retnj|
il ~o~~r
les œuvre^philanthropiques de JamarJ'ns:
Sociétés de sauvetage, institution des Pu-
pilles, sociétés1- de secours pour la ma.
rine et les pêcheurs, etc.
Mme la maréchale de Mac-Mahon a
accepté la présidence d'honneur du co-
mité de la tombola. Mmes l'amirale Fou-
richon, Dufture, la vicomtesse de Meaux,
la maréchale P. <,ndon, la baronne Benoist-
d'Azy, la. maïquisé de Forbin, l'amirale e
"Lârriéu, la marquise de Montaignac et la
comtesse d'Osmoy en font partie. C'est
une belle et bonne œuvre.
#*#
La-recherche des lots de la tombola
nous a amené à examiner en détail
quelques expositions très remarquables.
Ainsi, par exemple, en regardant le
très joli miroir donné par M. Ch. Buquet,
le fabricant de la rue de Buci, nous nous
sommes convaincu de la supériorité de
notre pays dans l'industrie des glaces.
Pureté des styles, soins minutieux dans
l'exécution des moindres détails de
sculpture, pour les cadres en bois, et de
ciselure pour les cadres en métal, belle
taille et fine gravure des glaces de
Venise, toutes les perfections sont réu-
nies dans les produits de ce conscien-
cieux fabricant, qui s'est fait une belle
place parmi nos artistes industriels.
Il y aura aussi des lots d'utilité, comme
les appareils exposés par MM. T?iet, Bel-
lan et Ce. Leur cabinet de bain réunit le
luxe au plus intelligent confortable. La
robinetterie nickeliée de leurs installa-
tions a un cachet tout particulier d'élé-
gance et de propreté.
Cette maison est bien connue, du
reste. La supériorité de ses appareils de
blanchissage, de bains, d'hydrothérapie,
de chauffage et de ventilation, lui a valu
déjà quinze premières médailles. MM.
Pièt et Bellan ont installé, entre autres
grands établissements, les blanchisse-
ries du Grand-Hôtel et des hôpitaux de
Paris, les bains de l'hôpital Saint-Louis,
ceux de Vichy et de l'hôpital maritime
de Cherbourg,
.;̃ ̃̃̃• #*» ;•̃• v
On s'occupe en ce moment, à l'Expo-
sition, de la création des jurys. Le co-
mité d'organisation, qui a à sa tête
M. Cochery, député, y travaille avec
une grande activité. Mais les jurés ne
fonctionneront guère avant un mois,
tant il y a de classes et de groupes,
tant la variété est grande parmi les ob-
jets exposés surtout dans la section
française d'exportation, qui embrasse
dans ses détails l'industrie tout en-
tière.
Alfred d'Àunay.
̃
REVUE BfSUÛWHfpi
Une maison centrale de femmes, par Adolphe BELOT,
1 volume, chez Dentu.
Le nouveau livre de M. Belot qui pa-
raîtra après-demain est le dernier vo-
lume d'une série portant pour titre Les
Mystères mondains:
L'apparition d'un nouveau roman de
l'auteur de la Femme de feu excites tou-
jours la curiosité. Les audaces lui ont
amené autant de lecteurs au moins
qu'elles lui en avaient retiré; à l'heur©'
_jju!ii &sJLb_iejl-dés soi-disant tiïr.or^s'iui
reprochent tout bas de ne pas les con-
duire aussi loin qu'ils voudraient aller
ëUs'ils disaient lavérité, avoueraient que
l'estampille vertueuse du ministère n'est
pas seulement ce qu'ils, demandent à ses
romans.
Ces réflexions me sont suggérées par
la lecture des épreuves d'une Maison
centrale de femmes. C'est le dernier vo-
lume d'une série portant pour ^itre Les
M y stères mondains. Dans ce livre, nous
pourrions dire dans cette course, eri
quatre étapes, à la poursuite d'une femme
qui a volé un enfant, l'auteur nous con-
duit dans les recoins les plus pittores-
ques de ce Paris qu'il connaît à fond,
à Trouville qu'il doit avoir habité pour
le décrire ainsi par le menu, à Londres
et au Brésil qu'il a certainement visités,
et, enfin, dans une maisori cfe force et de
correction pour femmes, où il n'a sans
doute pas demeuré, mais dont il lui a
été permis de sonder tous les mystères.
Ds ce livre, oùl'action a la plus grande
pait, mais qu'il me serait difficile de re-
tracer en quelques lignes, j'extrais 4e.5
feuilleton du FIGARO du ili Août 1873
̃ 22
LA
CHâSSE AUX Fui? TUMES
PREMIÈRE PARTIE
I/>A«OVIt DE L'OR j
XV[
Après avoir quitté J. Starke, Louis,
Copeau se rendit chez Robert Dachet.
A cette heure-là, Dachet était habi.
tuellement à sa maison de banque. Co-
peau ne l'ignorait pas mais, sans doute,
u "vait de bonnes raisons pour ne pas
ximander Dachet dans les bureaux de
la rue Basse-du-Rempart.
Dans le trajet de cette rue à la rue de
Provence, il entra chez un marchand de
vin, se fit servir un demi-litre et, assis
dans un coin, écrivit quelques lignes à
Dachet.
« Ce soir, un peu avant dix heures, lui
disait-il, la tourterelle ira trouver son
tourtereau tu pourras t'en assurer en
guettant à l'heure indiquée. L. C. »
Ce billet fut remis chez le concierge
de Robert Dachet en l'avisant qu'il était
important que celui-ci en eùt communi-
cation dès qu'il rentrerait.
Comme Dachet avait des intrigues de
toutes sortes, il était généreux avec son
concierge en revanche, l'homme de
la porte lui était tout dévoué.
Le billet de Copeau fut donc remis au
banquier à six heures. Il 1 >11 1
Ce soir-la, on se le rappelle, Prosper
de Prévodal dînait chez Robert Dachet,
mais on se souvient aussi que Mina
cachet, douloureusement affectée du
i'ôle que son pari voulait lui imposer à
l'égard de M. de Prévodal, avait été, du-
yant le repas, d'une tristesse mortelle
|)èpité de cette attitude qui contrariait
ses projets, et désireux d'être libre de
Reproduction autorisée pour les journaux qui
•nt traité avec la société des'Gens dé lettres.
| renseignements précieux sur nos éta-
blissements pénitentiaires. Aux lecteurs
de juger eux-mêmes le roman.
Dans les centrales le silence Je plus
strict fait partie d4 la pénalité. Toute infrac-
tion à ce mutisme obîîg^toire doit être sé«
vèrement punie, Même pendsut la récréation,
qui n'est qu'une promenade dans le préau, il
est défendu aux femmes de comm~ua!Suer
entre elles.
Cependant, le règlement est observé dans
de certaines limites, et, la plus grande faveur
que l'on pourrait accorder aux détenues serait
de leur rendre, un instant, la liberté de la
parole. Elles s'empresseraient, du reste, d'en
abuser. Nous n'en youlons_ pour preuve que
l'anecdote suivante, pour ainsi dire officielle.
M. Baille, invité aux fêtes de Compiègne
en 1868, fut interrogé par l'Impératrice sur
certains détails de la maison centrale qu'il
dirige. Lorsqu'il fut question du silence obli-
gatoire Pauvres femmes Cette peine est
bien sévère, fit observer l'impératrice Eugé-
nie, je voudrais, monsieur, que voire séjour
ici, et mon entretien avec vous, leur servis-
sent à quelque chose, et je vous demande de
permettre à vos prisonnières do causer libre-
ment, pendant vingt-quatre heures.
M. Baille dut aussitôt donner des ordres en
conséquence.
Les conversations particulières ne tardèrent
pas, comme bien l'on pense; à s'organiser.
Mais uqe heure après, on ne parlait plus, on
s'interpella,it. Bientôt les cris succédèrent aux
interpellations; les têtes s'échauffèrent, toutes
ces malheureuses, habituées au silence, se
grisèrent de leurs paroles, comme un homme
sobre d'ordinaire, s'enivre avec un verre de
vin. On se disputa, on se querella, on en vint
aux mains, on se jeta des cruches à la tête, il
fallut envoyer chercher les gardiens et alors
on les accueillit par des cris de vive la Répu-
blique! I
Pour qu'on noua-,ait rendu l'usage de la
parole, s'étaient dit les' détenues, il faut que
de grands événements se ;soient passés l'Em-
pire doit être renversé et la-fiépublîque pro-
clamée. Saluons cette nouvelle révolution
Il fut difficile de leur persuader VJà'o l'Impé-
ratrice habitait toujours Compiègne et qu'elles
devaient, à son intervention, la faveur dont
elles avaient abusé.
L'anecdote que raconte M. Belot est
exacte en tous points; elle peint admira-
blement les aspirations des malheureux
qui peuplent nos établissements péniten-
tiaires.
tes punitions qui peuvent être infligées,
dans les maisons centrales, se réduisent à
l'interdiction de la promenade dans le préau,
la privation dç faire usagé de la ôàntine et de
se rendre au parloir, la suppression de la cor-
respondance, et'-enfin la mise en cellule, avec
ou sans travail. Si cette dernière peine excé-
dait un mois, m guj est excessivement rare,
le directeur devrait en référer au ministère de
l'intérieur.
Une seule femme, à Clermont su'hit sa
peine en cellule, p'est la Quiniou qui
après avoir essayé de mettre le feu à la pri-
son de Rennes, sans réussir dans cette tenta-
tive, parvint, le 5 juin 1871, à incendiep la
maison centrale de Vannes, au moyen de
charbons encore ardents, déposés sous dés pa-
quets de chiffons secs. Une détenue mourut
asphyxiée et l'établissement fut entièrement
détruit.
La Quiniou, condamnée à mort par la Cour
d'assises du Mqrbihan, vit sa peine commuée
en celle des travaux forcés à perpétuité, et
fut dirigée sur Clermont. Elle aurait été, sans
doute, confondue avec les autres détenues et
vivrait, côte à côte avec elles,'si, dans la voi-
ture qui la conduisait, 4? la gare la maison
centrale, elle n'avait commis l'imprudence de
dire, dgv5nt-8ea_eompagnes et leurs gardiens
« Ilg-n-ont qu'à se~ïîen:Jteïftçi4g;,bwiïeEâi. -Oteï*-
jHont, comme j'ai hrûlé Vannes. » Ce propos,
répété à M- Baille, devait le faire réfléchir. Il
demanda et obtint, par mesure de prudence,
d'isoler l'incendiaire déjà récidiviste.
On sait que ces anecdotes n'ont pas été
inventées à plaisir, qu'elles ont été re-
cueillies aux bonnes sources. L'auteur,
après nous avoir fait assister au lever,
au tra/vaiï, au repos, aux récréations,
au coucher des détenus et nous avoir
dpnné les détails les plus complets sur
tout ce qui les concerne, revient à son
héroïne Carmen Lelièvre
Carmen espéra, pendant quelques jours,
découvrir une femme de sa condition, avec
qui elle aurait pu frayer. Elle était si peu for?
maliste au point de vue de la moralité,
qu'elle chercha cette fameuse Mme Frigard,
condamnée à perpétuité, vers cette époque,
pour avoir empoisonné une de ses amies dans
la forêt de'Fontainebleau. Mais la Frigard
avait été dirigée sur la maison centrale d'Au-
berive et le directeur de Clermont ne sem-
blait -pas disposé à la réclamer comme pen-
sionnaire. Il se rapnelait les ennuis que lui
avait autrefois causes une femme de sa con-
dition, Mlle Doudet, l'instttutrice anglaise, à
laquelle la Cour d'assises avait Infligé dix
ans de réclusion, en échange des tortures
qu'elle avait exercées sur plusieurs enfants
confiés à sa gardé.'
bonne heure, le banquier n'avait rien
fait pour prolonger le dîner. Vers neuf
heures, Mme Dachet prétexta d'une vio-
lente migraine pour demander la per-
mission de se retirer.
Cette indisposition permettant à Pros-
per de revenir le lendemain afin de s'en?
quérir des nouvelles de Mina, il ne fut
pas très affecté de cette prompte sépara-
tion du reste, sans bien se rendre
compte de ce qu'il éprouvait, il souffrait
de ce tête à tête à trois et se sentait mal
à l'aise en présence, du banquier.
On se sépara donc un peu après neuf
heures. A
Le comte de Prévodal revint à pied
chez lui, bâtissant dans sa tête mille plans
chimériques ayant trait à son amour.
Quant à Robert Dachet, il s'enveloppa
d'un large pardessus, se cacha le bas
de la figure avec un foulard, et vint se
mettre en embuscade à deux pas de la
maison de Ferdinand Mittermann une
voiture qu'il avait prise à l'heure sta-
tionnait en face.
L'attente de Dachet ne fut pas très
longue. La porte de la maison de Ferdi-
nand s'ouvrit et une femme couverte
d'un manteau, la figure cachée sous une
voilette et encapuchonnée comme si
elle se fût rendue au bal, se montra sur
le seuil.
Il fallait un oeil bien expert pour re-
connaître, sous ce lourd vêtement, l'élé-
gante Caroline, mais Robert Dachet pos-
sédait un de ces regards de Parisien ha-
bile à découvrir toutes les supercheries,
à percer toutes les enveloppes menteu-
ses. Il connaissait sa belle-sœur sur le
bout du doigt, et l'eût retrouvée sous les
travestissements les plus mystérieux.
Après avoir franchi le seuil de la porte,
Caroline eut un moment d'hésitation.
Dachet, craignant d'être aperçu, se jeta
derrière un de ces petits monuments,'
réduction minuscule des minarets otto-
mans, dont l'édilité parisienne a par-
semé les voies publiques. L'hésitation de
Mme Mittermann fut courte elle prit à
gauche, vers le carrefour où se trouvait
une station de voitures.
Dachet fit signe à son cocher, et la
voiture suivit au pas ^imprudente Garp-
line.
Jamais détenue £e fut plus insupportable,
parce que jamais dét>£ue ne lut plus proté-
gée. Un pasteur protestant, un ambassadeur,
trois ministres, un lord, une tê£o couronnée.
se sont successivement intéressés aN sort 4e
cette créature, On recevait, tous les jours, à
Clermont, quelque lettre, où l'on réclamait,
elle, une nouvelle faveur. Sollicité de
toutes parts, circonvenu, obligé même d'obéir
à des ordres formels, le directeur dut sépa-
rer Mlle Doudet des autres femmes, lui
donner comme chambre la pièce qui sert
maintenant de dortoir aux accouchées et per-
mettre à Mme Poulain, la femme de l'en-
trepreneur des travaux, de lui servir des ali-
ments recherchés. Mais, au nom de la disci.
pline, il avait enfin obtenu d'être débarrassé
de Mlle Doudet.
Ce qui rend le livre de M. Belot parti-
culièrement intéressant, c'est la sincérité,
la fidélité de ses récits tout ce qui con-
cerne les prisons, les établissements
pénitentiaires est vérifié avec un scru-
pule égal à celui qu'a montré M. Maxime
Du Camp dans ses études sur Paris.
"̃ ̃ •: '̃• "# ̃ ̃
J'arrête là mes citations de l'ouvrage
de M. Belot et je termine en extrayant
de la Bête noire de M. Edouard Cadol
(1 vol., Michel Lévy) ce fidèle tableau
d'un appartement dans lequel on a donné
un bal la veille.
Les décorations qui faisaient tant d'effet à
la lueur dés lustres sont ternes et grossières.
Une couche épaisse de poussière est répan-
due sur les siéges'et les consoles. Les bou-
gies ont bavé le long des candélabres. A
terre, des gants salis, des bouquets déchique-
tés, des volailts de robes; sur les tables, sur
les cheminées,, des verres poisseux, où se dé-
composent des crèmes glacées, du punch, à
côté de coquilles de grosse porcelaine conte-
nant un reste de sorbet.
Ici et là, des débris d'éventail, une écharpe e
de tulle, sur laquelle on a piétiné, le chapeau
bossué qu'un monsieur a cherché une heure
au vestiaire; un carnet d'ivoire, où sont ins-
crites des maximes plus ou moins compro-
mettantes pour celle qui l'a-.égaré.
L'atmosphère, viciée d'exhalaisons de vic-
tuailles, prend à la gorge. Il semble qu'il fau-
drait Hercule pour nettoyer et assainir, pour
balayer ce fumier somptueux.
1?ous les infortunés fortunés qui ont
donné un petit bal connaissent ces hor-
reurs-là. Le livre de M. Cadol est une
suite de tableaux bourgeois copiés d'après
nature avec autant de vérité et 4© bon*
heur que celui-ci.
'Philippe. GiUfi.
P. S. Livres dernièrement parus
Le Mystère de- tyesffie'ld, roman améri-
cain dans la manière d'EdgardPoë, par
Emile Desbeaux, 1 vol., chez Degorce-
Cadot. Douzième livraison de la Géo.
graphie d'Elisée Reclus, chez Hachette,
Les Ex-libris français chez Rouquette
(ouvrage qui n'intéresse guère que les
amateurs de curiosités bibliographiques).
t Quatrième volume des Mille et une nuits
parisiennes (la dame aux diamants) par
Arsène Houssaye, chez Dentu.
L'INGÉNIEUR BAZIN
Ce vaillant tjavaillettï-vîêiïtïïer empor-
ter^iïi-sîiccès dont il peut, à juste titre,
ifè montrer fier depuis l'ouverture de
l'Exposition, il n'est bruit dans tous les
journaux scientifiques que du mérite de
ses inventions la renommée en est arri-
vée aux oreilles de la Présidence et, ven-
dredi dernier,le maréchal deMac-Mahon,
accompagné de son aide dé camp, de
M. de Bussy, ingénieur des construc-
tions navales et d'un groupe d'officiers
de marine, s'est rendu au Palais de l'In-
dustrie. •
Cette visite n'était point officielle per-
sonne n'avait été prévenu, et Bazin ne
fut pas le moins étonné, lorsqu'il vit la
président de la République se diriger
vers son casier.
Après quelques paroles encouragean-
tes qui lui furent adressées, Bazin entre-
prit de donner à son illustre visiteurdes
explications s_ur toutes ses machines le
Maréchal, qui paraissait écouter avec le
plus vif intérêt, ne lui fit grâce d'aucun
détails, après les métiers à filer, les lo-
chomètres et les appareils de sauvetage,
on passa au fameux Extracteur, puis enfin
au .New ire express, qui~est appelé à faire
révolution dans la marine. Sur la prière
du Maréchal, Bazin renouvela plusieurs
expériences qui réussirent complété-
ment M. de Bussy, le savant ingénieur,
qui n'était pas le moins attentif, s'était
Arrivée à la station, Mme Mittermann
monta dans le premier fiacre qu'elle
rencontra. Elle donna ses ordres au co-
cher, qui Se tenait à la portière, et tandis
que l'employé des petites voitures grim-
pait sur son siège, Robert Dachet s'intro-
duisit lestement dans son coupé et dit au
cocher
Suivez ce fiacre à vingt pas en ar-
rière..
Les cochers de Paris sont si bien mêlés
aux choses de la police, aux rendez-vous
des amoureux et l'espionnage des ja-
loux, que tous ces drames ou ces comé-
dies de là vie civilisée les trouvent comr
plétemen|i indifférents. Toutes chose?,
pour eux, se traduisent en une question
de pourboire. Hors de là, il n'y a qu'une
apathie absolue. Les cochers de Paris
sont de profonds philosophes! 1
Le coupé de Robert Dachet emboîta le
pas à la voiture de Caroline, et toutes
les deux roulèrent ainsi pendant une
demi-heure à huit ou dix mètres de
distance. Elles parcourureat une partie
des Champs-Elysées, l'avenue Montaigne,
les quais, et entrèrent dans Auteuil.
Arrivée rue en face de la maison
de J. Starke, la voiture de. Mme Mitter-
mann s'arrêta, Caroline en descendit,
paya le cocher et entra précipitamment
dans la maison.
A son tour, Robert Dachet sortit de
son coupé, dit au cocher de l'attendre,
et avisant un café qui était encore ou-
vert, il y entra et se fit servir un verre
de chartreuse.
A qui appartient ce petit hôtel isolé?
demanda-t-il au cafetier en désignant la
maisjn de J. Starke.
A un banquier de Paris nommé
Gistarque, lui fut-il répondu mais je ne
le connais pas; il n'habite son hôtel que
très rarement.
Merci-
Robert Dachet a,Uuma un cigare et
sortit.
Il fit le tour de la maison et reçpnmit
qu'elle avait deux issues. Oppeau était
bien instruit.
L'imp,Q,rtant était de s'assurer par
quelle issue Caroline en sortirait.
La plus simple inspection de la mai-
son sui|}t pour 'lui faire cproprentlre.
joint à l'inventeur pour lui faciliter ses
démonstrations.
Le temps passe tite sur ce terrain au
bout d'une grande heure, le présideat,
qui devait retourner à l'Elysée, se rettak
en félicitant vivement Bazin, et lui
adressa ces paroles que nous avons
entendues
«–Recevez nos compliments,monsieur
Bazin, vous travaillez là à de grandes
choses et, si le succès vient couronner
vos efforts, le pays vous devra beau-
coup. »
Le Maréchal partit sans avoir le temps
de faire un tour dans l'exposition. Que
les exposants se rassurent; ils auront
aussi leur moment de triomphe comme
nous l'avons déjà dit, la démarche n'a-
vait point un caractère officiel c'était
la visite du grand homme bienveillant
au modeste inventeur, et la récompense
à un travail opiniâtre de plus de vingt
années.
Bazin est de la race de ces célèbres in-
venteurs qui n'ont reculé devant rien, et,
que nul obstacle n'a pu décourager;
comme ses devanciers, il s'est attaque
aux grandes difficultés; il lui fallait un
adversaire digne de lui: c'est alors qu'il
a choisi l'Océan, G'est avec lui qu'il a en-
gagé la lutte.
Chacune de ses œuvres est un progrès
pour la marine la science et lui sem-
blent avoir fait pacte d'amitié..
Chaque jour, Bazin fait des conféren-
ces qui offrent un grand intérêt; bien
des élèves des écoles Polytechnique et
Centrale y ont assisté, et plusieurs de
nos amiraux sont aussi jvenus apporter
leur tribut d'éloges au fécond inventeur.
Alfred Tencé.
P. G.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
«~Tv> Nies, 14 août, 11. h., 56 matin. Le
tribunal a rendu son jugement dans le pro-
cès des contrebandiers.
Ont été Condamnés
Orengo, juge au tribunal de commerce, à
un an de prison;
Barthélémy Bottin, commerçant^ à 18
mois Foucaud, marchand de comestibles,
syndic de faillites et Auguste Bottin, frère
de Barthélemy, charretier, à six mois.
Le cocher Guichard a été acquitté.
Les quatre premiers ont été condamnéy so-
lidairement à 30,637 francs d'amende, à la
confiscation de, marchandises s'élevant à
15,318 francs, ce-qui, avec les frais et le dou-
ble décime, fait un total de 60,000-francs en-
viron. •. ̃̃.••
iwwcTboyes, 14 août. >– M. parigpt, con-
seiller général de l'Aube, député dû contre
cjroit et non de la gauche, comme on l'a
imprimé par erreur avait été notaire à
Troyes, et, pendant de nombreuses années,
maire de notre ville, qui n'oubliera pas de
sitôt les services rendus par lui. M. Parigot
avait 71 ans. Depuis quelque temps, on pré-
voyait le dénouaient fatal d'une maladie le
diabète, je crois r-r- qui s'était compliquée de
graves accidents.
Ses obsèques auront lieu demain, 15 août,
à onze heures.
Par décret, en date du 7 août, M.
l'abbé Noehez, aumônier de la maison cenr
trale de Clairvaux, a été nommé chevalier de
la Légion d'honneur (30 ans de services).
'4-&eù~'st-aû~
don sont arrivées hier soir à Aix, par le canal
qu'a construit l'ingénieur Briça. Elles doivent t
servir à l'alimentation de la ville et à l'arro-
sage de 6,000 hectares dans les campagnes de
nos environs.
Le Verdon, ri vièro formée par trois torrents
des Basses-Alpes, va se perdre dans la Du-
rance, au-dessous de Cadarache. C'est au bar-
rage de Quinson, à 60 kilomètres de Digne
que le-canal va chercher les 21,600 mètres
cubes d'eau qu'il doit verser par heure dans
notre pays.
Toute' une population joyeuse assistait à
l'apparition des eaux qui arrivaient à propos.
La ville et la .campagne sont désplées, par une
géeheresse extraordinaire.
Rochefort, 13 août. Encore une
catastrophe à ajouter à celles qui sont sur-
venues au commencement de ce mois, sur
les côtes de Bretagne.
Un bateau portant 14 personnes qui allaient
visiter le fort Boyard a fait naufrage mer-
credi, dans l'après-midi, à 150 mètres du ro-
cher sur lequel il est construit. Ont péri
M. l'abbé Ballanger, curé-doyen de Gémozac,
chef-lioiî cîs canton de l'arrondissement de
Saintes M. Plassereau, conducteur des ponts-
et-chaussées et sa femme; trois jeunes filles,
trois sœurs., Blanche, Noélie, Berthe AUo.au
et Mlle Méty. Mme Alleau mère a été sauvée!
Quand les secours sont arrivés, on a trouvé
l'abbé Ballanger, expirant, accroché à un avi-
ron. Les soins qu'on lui a prodigués n'ont pu
le rappeler à la vie.
Rien d'émouvant comme la mort des époux
Plassereau. Le conducteur des ponts-et-chau^T
qu'elle ne pouvait sortir que par l'issue
principale.
En effet, ou Caroline s'en retourne-
rait seule et dans ce cas la voiture de
ïiStarke la ramènerait chez elle, ou
J. Starke l'accompagnerait, et dans cette
hypothèse, ils ne pouvaient sortir par la
porte de derrière puisqu'elle n'était pas
assez large pour donner passage à une
voiture.
II y avait bien encore cette supposition
que J. Starke pouvait se borner à con-
duire Caroline jusqu'à la plus prochaine
station de voitures, et que sortant à pied,
ils pouvaient prendre l'issue qui con-
duisait du jardin à la rue; mais cette
supposition semblait invraisemblable.
Robert Dachet commença par s'assurer
qu'aucune voiture ne stationnait du côté
du jardin, puis il revint vers la façade de
la maison. La rue était presque déserte,
quelques rares passants regagnaient en
toute hâte le gîte conjugal. Le coupé qui
l'avait amené, immobile de l'autre coté
de la rue, semblait attendre le retour de
son propriétaire, en yisite dans la mai-
son voisine.
A ce moment onze heures sonnèrent.
Un point lumineux se montra dans
la cour de l'hôtel, puis il disparut. Une
petite porte souvrit et deux 'personnes
en sortirent l'une était Caroline, bien
cachée sous sa voilette et dans son man-
teau l'autre était J. Starke, se drapant
dans un ample vêtement.
Tous les deux se donnaient le bras.
J. Starke aperçut la voiture de'Dachet
et s'approcha du cocher.
Etes-vous libre? lui demanda-t-il.
Non; j'attends ma pratique.
Si Dachet eût eu des doutes, ils se
fussent dissipés en entendant la voix
de son associé légèrement entachée d'un
accent allemand.
Marchons jusqu'à la, station, dit
J. Starke à sa compagne.
Et d'un pas hâtif ils se dirigèrent vers
Paris et disparurent bientôt dans l'obs-
curité!
Robert Dachet attendit quelques mi-
nutès.-dérrièra l'arbre, ou il se tenait ca-
ché.; puis, sans he§i%tion, il vint sonner
hU porte da Vlptêl. Il avait eu le soin
de relever le collet de son paletot et de
'.< ~,);
sées était un habile nageur pendant trois
quarts d'heure, on a vu ces malheureux, étroi-
tement unis, lutter contre les vagues furieuses.
Ils avaient laissé à terre un enfant de 18
mois l
Le gardien de batteflè du fort, Schmeyer,
un brave Alsacien décoré de la Légion d'hon-
neur, a fait des prodiges pour venir au se-
cours de tous ces malheureux et a pu arra-
cher à la mort le patron de la barque, Pes-
siot, et un sergent du 68 de ligne en congé de
convalescence à file d'Aix. D'autres embar-
cations ont sauvé les cinq autres naufragés.
Blois, 14 août. L'affaire du duc
d'Aumale contre l'Echo du Loir et Cher a été
appelée et remise au vendredi, 20 août.
Me Leberquier se présente pour le prince.
Hier soir, à quatre heures et demie,
Auguste Auriau, serrurier-mécanicien atta-
ché à la fabrique de chaussures Rousset et
Estribaud, quittait son travail et revenait à
son domicile, rue Saint-Lubin. Une voisine
l'entendit s'enfermer à clef. Trois quarts
d'heure plus tard Mme Auriau arrivait à son
tour, mais elle frappa et appela vainement.
La porte ayant été ouverte, un affreux spec-
tacle s'offrit à ses yeux son mari gisait
inanimé à côté d'un réchaud plein de char-
bon encore allumé. On courut chercher le
docteur Guérin ses soins furent inutiles,
l'asphyxie était complète.
Auriau était frère de l'ancien conseiller mu-
nicipal, et n'avait que trente-deux ans. Il
laisse une jeune femme et un petit enfant.
Depuis quelque temps il s'adonnait à la bois-
son et semblait en proie à un violent cha-
grin.
BESANÇON, if août. Une mystifi-
cation assez bien réussie.
Un élève externe du lycée, ayant à se plain-
dre du patron menuisier chez lequel il logeait,
et qui n'avait pas voulu lui permettre l'intro-
duction de certains livres en jupons que le
jeune homme jugeait nécessaires à ses études,
s'est vengé de son propriétaire, en lui confec-
tionnant une scie énorme. Les trois journaux
de la localité ont reçu un beau matin la lettre
suivante
Besançon, 6 août.
Permettez-moi de vous faire part d'un fait tout
à fait extraordinaire. Hier, en débitant un bloc
d'acajou, j'ai trouvé dans l'intérieur, parfaitement
conservé, un magnifique serpent. Le bois était,
pour ainsi dire, moule sur le corps de l'animal,
qui s'y trouvait comme pétrifié. Il avait gardé l'é-
clat de ses écailles et semblait être mort la veille.
Je fis appel à la science de deux professeurs delà
faculté, qui, après l'avoir longtemps examiné et
s'être non moins, concertés, déclarèrent que ce
serpent appartenait à une espèce exotique très
rare. J'ai donc, monsieur, dans l'intérêt de la
science, recours à votre extrême obligeance, pour
vous prier de vouloir bien insérer ce petit article,
qui, lu, par vos nombreux abonnés, ne manquera
pas d'amener une enquête très intéressante. Du
reste, le corps du serpent, ainsi que les fragments
du bloc d'acajou, qui en portent l'empreinte exacte,
sont conservés dans mon atelier, où je me ferai
un véritable plaisir de les montrer aux curieux.
'r ..̃ • • ̃ • BjEBTRABD ,_ftlSf
̃.̃;̃ '̃; '̃̃̃̃ '•' Menuisier, rue du Lycée, 15..
pAucun des trois journaux n'a manqué d'in-
sérer immédiatement cette lettre, sans s'in-
former autrement de la réalité du fait et de
l'authenticité de la signature.
Les curieux n'ont pas manqué de se porter
en foule chez le menuisier, qui, fatigué de ces
visites, a fini par les renvoyer tous à la Fa-
culté des sciences où il prétendait avoir dé-
posé les pièces.
Enfin, pour échappera la s.cie persistante,
il a dû terme? mqin.entanem.eiit sa boutique,
Le lycéeV pourrait bien être poursuivi pour
faux, mais il est protégé par l'inviolable dis-
crétion du menuisier Bertrand, qui paraît
avoir de très bonnes raisons de ne pas faire
connaître celles qui l'ont déterminé à chasser
son locataire.
T-r-r-r–r Londres, 14 août. tt? La Gazette (offi-
cielle) publie un ordre royal rayan'f le cplpnq}
Baker des cadres de Varmie,
On nous prie d'ingérer la no^e suivante
̃Le comité de la Tombola du Havre au profit
des inondés du Midi, informe le public que le ca-
talogue des lots offerts pf la liste des numéros ga-
gnants se trouve à Paris chez Emile Tourtin, pho-
tographe, 8, boulevard des Italiens. L.e délai pour
la réclamation des lots expirera le 31 courant.
Auguste Marcade..
♦
PARIS AU JOlllE JOUR
M. Julian Klaczko continue dans la
Revue des Deux Mondes l'intéressante étude
qu'il a commencée sur M. de Bismark et,
parmi les pièces citées dans le numéro
paru ce matin, se trouvent deux lettres
du futur prince chancelier de l'empire,
alors seulement comte de Bismark et
ministre des affaires étrangères de S. M.
lé roi de Prusse, qui nous ont semblé cui
rieuses et originales.
La convention de Gastein venait d'être
conclue et l'on était à la veille de la fa-
meuse entrevue de Biarritz, quand au
mois d'août 1865 survint l'Affaire Lucca.'
bien s'envelopper la figure de son ca-
che-nez.
Le point lumineux qu'il avait déjà,
aperçu se montra de nouveau, et un
homme de soixante ans environ, à figure
de Kalmouck, se montra derrière le
judas de la petite porte.
–Qui demandez-vous? dit-il à Dachet
d'un ton maussade.
M. Starke, répondit Dachet, j'ai à
lui faire une communication très impor-
tante et fort pressée.
rrr II est sorti, répondit le concierge.
Mais il va rentrer sans doute; je
pourrais l'attendre.
M. Starke ne rentrera pas.
En êtes-vous sûr?
J'en suis certain.
Voilà qui est embarrassant. Il ne
couche donc pas ici?
Jamais 1
Ah! Et où pourrais-je le voir?
A Paris; à sa maison de banque,
rue Bàsse-du-Rempart, n°
Je sais bien; mais les bureaux sont
fermés à pareille heure, et l'on m'avait
dit que je le trouverais ici.
Je, vous répète qu'il n'y couche ja-
mais.
C'est fâcheux Connaissez-vous spn
adresse à Paris?
Le Prussien sembla réfléchir un instant.
Non 1 dit-il tout à coup. Allez à la
maison de banque.
11 poussa le guichet qui fermait le Ju-
das et laissa Dachet dans la rue.
J_'en sais assez, dit celui-ci tout bas.
B.pnsoir.
.11 rejoignit sa voiture.
Le cocher s'était endormi sur son siége.
Il le reveilla en lui disant
Rue de Bulïault, n°
C'était la demeure de Louis Copeau.
Qu'allait faire Dachet a pareille heure,
chez son agent?
C'est ce que nous saurons plus tard.
-̃• 3|Y« ̃'• ̃̃.
Le ba^o^ M, ittermann habitait, à Pas-
sy,' un'é'v^ste maison pu il avait su réu-
nir le'lùxe, français et le çiamfprt alle-
mand. Chaque dimanche, été comme
hiver, tp.utè la fataillè assistait au dîner
M. ,de Bismark s'était fait photogra-
phier à Gastein dans une attitude roma-
nesque avec Mlle Lucca, première can-
tatrice de l'Opéra de Berlin; de là grand
scandale et grand émoi parmi les co-
ryphées du Parti de la Croix, dont M.
André (de Roman) se fit l'interprète dans
une mercuriale cônfldentis!!?.. insistant
aussi sur la fâcheuse impression produite
par la demande de réparation par les
armes que le premier ministre de Prusse
avait voulu tout dernièrement imposer
au bon docteur Virchow, le très savant
et très pacifique inventeur de la Trichine,
pour ses attaques violentes dans le par-
lement contre sa politique. M. André
trouvait que ce n'était point là la con-
duite d'un véritable chrétien, il ne ca-
chait pas non plus que ses anciens amis `
gémissaient-de ne plus voir leur Eliacin
assister au service divin et commençaient `
même à être inquiets de l'état de son
âme. C'est à une pareille semonce que
M. de Bismark repondit par la lettre
intime qui suit et qui fait une fois de plus
songer à ce Cromwell dont le souvenir
doit être si souvent évoqué lorsque l'on
parle de ce grand remueur des peuples.
Cher André (1), bien que mon temps soit
très mesuré, je ne puis cependant me refuser.
à répondre à une interpellation qui m'est
adressée par un cœur honnête et sous l'invo-
cation du Christ. Jo suis profondément peiné
de causer du scandale aux chrétiens qui ont
la foi, mais j'ai la certitude que c'est là une
chose inévitable dans ma situation. Je ne
parlerai déjà pas des camps qui me sont né-
cessairement opposés en politique, et qui
n'en comptent pas moins dans leur sein un
grand nombre de chrétiens, des gens qui
m'ont de beaucoup devancé dans la voie du
salut, et avec lesquels cependant je dois être
en lutte pour des choses qui, à mon senti-
ment comme au leur, sont des choses ter-
restres j'en appellerai seulement à ce que ̃
vous dites vous-mêmes « Que rien de ce
qui est omis ou commis dans les régions éle-
vées ne demeure caché ». Où est l'homme qui,
dans une pareille situation, lie causerait pas
de scandale à tort ou à raison? Je vous ac-
corderai bien plus encore, car votre expres-
sion «ne demeure caché », n'est point exacte.
Plût à Dieu qu'en dehors des péchés que le
monde me connaît je n'en eusse pas sur mon
âme d'autres qui restent ignorés et pour les- «'
quels je ne puis espérer de pardon que de ma
foi dans le sang du Christ Comme homme
d'Etat, je crois même user de beaucoup trop
de ménagements encore d'après mon senti-
ment, je suis plutôt lâche, et cela parce qu'il
n'est pas si facile dans des questions qui se
posent devant moi d'arriver toujours à cotte
clarté au fond de laquelle s'épanouit la con-
fiance en Dieu. Celui qui me reproche d'être
un homme politique sans conscience me fait
du tort; il devrait d'abord commencer par
éprouver lui-même sa conscience sur ce
champ de combat. Pour ce qui regarde l'af-
faire de Virchow, j'ai de longtemps dépassé
l'âge où, dans do pareilles questions, on de-
mande conseil ce qui est chair et sang si
j'expose ma vie pour une cause, je le fais dans
cette foi que j'ai fortifiée par un combat long
et pénible, aussi par la prière fervente
et humble devant Dieu; cette foi, la parole
de l'homme ne peut la renverser, pas même
la parole d'un ami dans le Seigneur et d'un
serviteur <$.& l'Eglise.
Il n'est point vrai que je no fréquente ja-
mais une église. Depuis tarçtôt sept mois, je
suis ou absent (de Berlin) ou malade qui
donc a pu faire l'observation de ma négli-
gence ? Je conviens volontiers que. cela a pu
arriver souvent, bien moins par le manque de
temps que par des considérations do santé,
ï'hivaï -8\iïtout je suis tout prêt à dqjinpr des
éclaircissements 111ua-. -l\'COl\t:"i1(ji~s ?. tous,
éclaircissements pVaa c>lïcov,tr,uC\ôs à tous,
ges en cette matière; pour vous, vous m'en
croirez sans autre détail de médecine. Quant
à la photographie Lucca, vous porteriez
probablement un jugement moins sévère, si
vous saviez à quoi hasard clip doit son ori-
gine. En outre, Mile Lucca quoique canta-
trice, est une damp à laquelle on n'a jamais,
pas plus qu'à moi, reproché des relations il-
licites. Néanmoins, j'aurais certainement eu
soin de me tenir en dehors du verre braqué
sur nous, si j'avais dans un moment tran-
quille, réfléchi au scandale que tsnt de fidè-
les amis devaient trouver a cotbadjnage.
Vous voyez par les détails dans lesquels j'en-
tre que je considère votre lettre comme bien
intentionnée, ot que jo ne, songé en aucune
façon à me mettre au-dessus du jugement do
ceux qui partagent avec moi la mçmo foi
mais j'attends de votre amitié et de vos lu-,
mières chrétiennes que vous recommandiez
aux autres, pour les circonstances futures,
plus d'indulgence et de charité dans leurs
jugements; nous en avons besoin tous. Je
suis du grand nombre des pêcheurs auxquels
manque la gloire de Pieu je n'en espère pas
moins comme eux que, dans sa grâce, il ne
voudra pas me retirer le bâton do l'humble
foi à l'aide duquel je cherche à trouver ma
voie au milieu des doutes. et des dangers de
mi situation cette confiance toutefois no doit t
pas me rendre sourd aux reproches, faits par
(l) On a tâché de conserver à la traduction le
caractère d'édifiante obscurité qui distingue l'ori-
ginal.
que le baron offrait à, ses enfants et ses
intimes. On voyait là, habituellement, la
comtesse Svitzer, J.' Starke, Ferdinand
M.itiermann, Caroline, M. et Mme Re-
gimbai, parfois Robert Déchet et quel-
ques membres de la colonie allemande.
On s'y livrait à ces fameux dîners qui
faisaient la joie de Mme Svitzer et de
Bettina Regimbai. Au dessert, le vin de
Champagne, tant estimé des Prussiens,
échauffait toutes les têtes et l'on portait
de nombreuses santés à la gloire de
Guillaume de Prusse en même temps,
l'on buvait à la confusion de ses enne-
mis et de cette France taïve, si hospita-
lière à ceux qui, déjà à cette époque,
jouaient le rôle que l'on connaît.
Robert Dachet, quand il assistait à ces
dîners, restait impassible en face des
joies brutales de ces Teutons ivres de
vin français. Cet homme n'avait point de
patrie; l'amour de l'or avait éteint dans
son cœur tout autre sentiment!
On étaitarrivé àl'un de ces dimanches.
Le matin, Robert Dachet prévint sa
femme qu'elle eût à se tenir prête à
quatre heures pour aller dtapr chez le
baron Mittermann.
Mina eut bien voulu être dispensée de
cette démarche. Depuis le jour de la
déclaration de Mittermann, elle avait
une profonde horreur de ce vieillard
amoureux. Mais Robert Dachet avait
parlé de ce ton sec et bref qui ne souf-
frait point de réplique, et la pauvre
Mina, trop faible pour résister à son
mari, trop craintive pour lui avouer les
tentatives du vieux banquier, avait dû
se soumettre.
Toutefois, elle ne s'habilla qu'à contre
cœur et fit la tpilette la plus simple et
la plus modeste, ce qui n'était guère
dans les habitudes de la maison, ou lès
femmes se rendaient habituellement en
robes décolletées et les bras nus.
A l'heure qu'il avait fixé pour le dé-
part, Robert Dachet ne se trouva pas
ctie^lUjiV
Mina, attendit; jusqu'à cinq heures, et
voyant que son, mari n'arrivait pas, elle
pensa qu'il a v^it change d'avis. s
El,l,e, se déshabilla, et se mit en robe d_e,;
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