Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-08-17
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 août 1875 17 août 1875
Description : 1875/08/17 (Numéro 228). 1875/08/17 (Numéro 228).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
2*
m MfciiiMni
LE FIGARO MARDI <7 AOUT 1#75
« attaché au rivage par sa grandeur » et
cela au plus haut comme au plus bas de
l'échelle on a vu M. Freycinet re-
commandant aux généraux, comme leur
devoir le plus important, de couvrir suc-
cessivement Tours et Bordeaux on a vu
M" Gambetta ne trouvant pas que le gé-
néral d'Aurelle de Paladine ag_ît à son
gré, dire: Je vais y aljer, -partir et re-
venir brusquement à Bordeaux sur le
bruit que quelqu'un disait avoir vu
quelques hulans dans la campagne.
»̃-• •••̃ ̃̃̃ #*# •̃̃ ̃•̃•̃̃;•
Mais revenons au suffrage universel
dire et, nous ne le discuteronspas, puisque,
."vous n'admettez même pas la discus-
sion mais voulez-vous que nous es-
sayions de l'appliquer au gouvérn ement
d'une famille et d'une maison. Votre
famille se coir^Cise de.
> Ma femme, deux filles, deux gar-
çons. '"̃̃
Vous avez. combien de domes-
tiques?
t Trois. Ou voulez-vous en venir?
Je ne discuterai pas, soyez donc
paisible. Vous me disiez tout à l'heure
que vous voulez changer de logement.
Non, pas moi, je suis accoutumé à
celui-ci, mais ma femme. et un peu
mes filleSj c'est trop loin des Tuileries et
des Champs-Elysées, et aussi l'aîné des
gïrçons qui aimerait être plus près des
théâtres.
Et qu'en pensent les domestiques?
La femme de chambre trouve ce
auartier-ci triste et isolé; on n'y voit
personne la cuisinière, au contraire,
y a ses habitudes, et, je crois aussi « ses
marchands », c'est-à-dire une complicité
tout établie au point de vue de l'anse
du panier; le domestique ne se pro-
nonce pas.
Et votre plus jeune fils?
On ne lui en a seulement pas parlé.
-–Il ne vous reste donc qu'à chercher
un logement, car vous obtiendriez les
deux votes incertains de votre domes-
tique et de votre fils cadet, que vous se-
riez encore la minorité. comptez!
Ma femme a déjà cherché. elle a
deux appartements en vue, mais chers,
l'un de quatre mille francs,- l'autre de
sept.
Et elle-n'a pas de préférence ? 9
Elle aimerait mieux le second,
parce qu'il est au premier étage. mais
"sept mille francs, c'est de l'argent!
Allons au vote vous seriez pour
l'appartement de. quatre mille francs ?
Oui, certes.
Et votre femme et vos filles?
Elles préfèrent celui de sept, il y a
-un grand salon, et elles comptent rece-
voir l'hiver prochain. »
Et les garçons?
Ça leur est égal.
Et les domestiques? ̃'̃
La cuisinière et le garçon qui font
les courses aimeraient mieux ne pas
monter au troisième étage douze ou
quinze fois par jour. La femme de cham-
bre, au contraire, est pour le logement;
d'en haut, parce qu'il est plus petit, qu'il
n'y aurait pas de chambre pour elle, et
qu'on serait forcé de lui donner une
chambre indépendante dans les man-
sardes, ce qu'elle a demandé vingt fois.
C'est bien; comptons: pour le lo-
aement de quatre mille francs, vous et
la femme at> uiiambro, pour celui de
sept mille, votre femme, vos filles, deux
domestiques, cinq voix contre deux.
Il y a mes fils.
Ça ne ferait que quatre.
Et d'ailleurs, ils se laisseraient in-
fluencer par leurs sœurs.
Va donc pour l'appartement de sept
mille. Ne comptiez-vous pas placer votre
iils aîné chez votre cousin le banquier ?.
Oui. mais.
Que dit la mère ? 1
Elle aimerait mieux le voir avocat.
Et les sœurs ?
Elles veulent qu'ils reste à la mai-
son, parce qu'elles ont besoin de lui pour
se promener, aller au spectacle. etc..
Les domestiques ?
Enchantés d'avoir une personne de
moins à servir. sauf la petite femme
de chambre. mais ça serait, au con-
traire, une raison pour.
Comptons votre femme, vos deux
filles, la femme de chambre quatre
Feuilleton du MkU du 17 Août 1815
LA
CHRSSE &UX FANTOMES
PREMIÈRE PARTIE
t'AMOUR DE t'O»
g -II
̃;̃: ̃ :>' • XIX ̃
Le matin de ce jour-là, Dachet s'était
levé de bonne heure.
Nous, le retrouvons dans son cabinet,
ayant sur son bureau la feuille blanche
au bas de laquelle se trouvait la signa.
ture du baron Mittermann.
Dachet, le front plissé, le regard fixe,
réfléchissait profondément.
Il était facile de reconnaître, par ce
qne nous savons de son caractère et du
but auquel tendaient ses efforts l'or! que
le banquier élaborait dans sa pensée
quelque machiavélique combinaison, et
qu'il en calculait avec soin les résultats.
Après une méditation qui dura au
moins une heure, Dachet prit une plume,
la trempa dans l'encre et écrivit, sans
trouble aucun, au-dessus de la signature
de Mittermann:
« Son pour la somme d'un million de
francs, que je reconnais avoir reçu de
M. Robert Dachet, et dont le caissier
de notre maison voudra bien créditer
le compte Robert Dachet et débiter le
mien. .<̃ •<-
» Paris le »
Or, cette action constituait un abus de
blanc-seing, que la loi qualifiait de
crime et punissait de la réclusion.
Mais Dachet était parfaitement tran-
quille il savait bien que Mittermann-
n'irait point le dénoncer à la justice.
Comment celui-ci pourrait-il expliquer
la présence de sa signature en blanc
entre les mains de son associé?
Selon les lois de la morale la plus vul-
gaire, cette action était un vol. Mais, on
le sait, Robert se souciait de la morale
comme d'une orange sèche.
11 plia le papier en deux, le mit dans
son portefeuille et se rendit à sa maison
de banque.
A l'entrée des bureaux, il trouva
Reproduction autorisée pour les journaux qui
ont traité avec la société des Gens de lettres.
voix. D'autre part, la cuisinière, le
valet de chambre, vous ça fait trois,
Le jeune frère ne détesterait pas le
départ de l'aîné, il hériterait de toutes
sortes de petits privilèges.
Ça ferait quatre voix également, il
y aurait nouveau scrutin et ballottage. 1
mais lui-même?
Oh lui, il voudrait ne rien faire, et
ne fera rien; il serait pl utôt pour l'Ecole
de droit; avocat, si on n'a pas de talent,
on vise à laprésidencede la République.
Alors, il peut faire sa malle, il y a
cinq voix pour qu'il sorte de là maison.
-Et n'était-il pas question d'un mariage
pour votre fille aînée?
–Oui, et ça me donne bien du tra-
cas. '̃
-Pourquoi? r-
Parce qu'il' y a deux prétendants,
l'un, M, G* un homme fort bien sous
tous les rapports, un âge convenable, un
caractère aimable, un esprit sérieux, une;
belle fortune.
Eh bien? ••
On n'eja veut pas.
^Qui? ̃ •-
Tout le mondé.
Diable alors ce n'est pas la peine
d'y songer davantage,
Si, morbleu, j'y songe, et je ferai
voir que je suis le maître.
Calmez-vous; quelle raison a-t-on
pour repousser urt parti si convenable?
Est-il laid?
Au contraire, il est très bien;
physionomie intelligente, figure distin-
guée..
Eh bien! alors. >- .̃̃̃-••.• ¡ s
C'est qu'il y a un certain pianiste
que j'ai eu la faiblesse de laisser entrer
chez moi; ma fille s'en est toquée, et ma
femme plus encore que ma fille quand
il cogne sur le piano elles se pâment,
elles lui supposent toutes les qualités,-
toutes les vertus tous les dons
Hier on parlait de la guerre d'Espa-
gne d'abord il est pour don Carlos, et
les a entraînées dans ce parti. Quand je
lis tout haut des nouvelles que donne
mon journal des succès des alphonsistes,
elles lèvent les épaules. Hier ma fille
aînée m'a dit Cette nouvelle est fausse.
Comment fausse?
Oui et archifausse.
Comment le sais-tu ? tu as donc des
correspondants et une police en Es-
pagne ? -i
-Non, a répliqué ma femme, mais
M. Agenor nous l'a dit.
Ah c'est M. Agenor l Et comment
le sait-il?
Ah papa il a de si bellesrelations;
il dit que s'il était là-bas, il ferait mar-
cher les aflairesplus vites.
Vraiment I
Il n'est pas content des généraux
du roi. v
Du roi! quel roi ? -s
Mais. don Carlos!
Du tout, la France a reconnu don
Alphonse.
Ce n'est pas ce qu'elle a fait de
mieux.
C'est donc l'avis de M. Agenor ?
Mais, dam, papa un homme si
répandu, si recherché.
Et vous ne voulez pas de M. Age-
nor ?
Lui 1 un paltoquet, qui ne sait que
se contempler dans les glaces et se
faire des mines, regarder le plafond
comme s'il demandait au ciel l'inspira-
ration pour un morceau qu'il a joué cent
fois et qu'il sait par cœur, un fat, un
sot. j'aimerais cent fois mieux mettre
ma fille au couvent.
On ne met plus au couvent. Que
pense la sœur cadette?
Elle n'a rien contre le mariage de
sa sœur avec le pianiste, parce qu'elle
pense que M. G* pourrait bien lui re-
venir à elle.
Et votre fils aîné ?
Agenor lui donne des billets de
spectacle, et lui parle de ses succès parmi
les duchesses.
La femme de chambre ?
Ces filles-là préfèrent toujours le
prétendu dont le chef de la famille ne
veut pas. Elles ont tout à gagner à une
intrigue, à des mystères de l'impor-
tance, de l'impunité, les vieilles robes
avant leur maturité et de l'argent.
La cuisinière ?
J. Starke, qui arrivait en même temps
que lui.
Montez-vous voir la correspon-
dance ? demanda le Prussien.
Pas tout de suite, répondit Dachet
avec un aplomb merveilleux, j'ai là,
dans ma poche, un million que je veux
déposer à la caisse. C'est le solde de mon
apport dans notre association.
Ah très bien dit J. Starke, on
n'est pas plus exact.
Ils traversèrent la grande salle.
J. Starke monta à l'entresol et Robert
Dachet entra dans le bureau où se trou-
vait le caissier.
M. Neukickner, dit-il à cet em-
ployé, inscrivez un million à mon avoir
et mettez ceci dans votre caisse.
Le caissier prit le papier que lui ten-
dait Robert Dachet, le déplia, le lut et
dit
C'est bien monsieur.
Puis il ouvrit le coffre-fort, mit dans
un portefeuille cette feuille volante qui
représentait un million, et écrivit sur
un gros livre, à coins arrondis et garnis
de plaques de cuivre, la mention qui
constituait Robert Dachet créancier de
cette somme.
il n'y avait plus à y revenir. Cette
simple mention valait comme authen-
ticité, la signature de deux notaires.
Dachet, qui affectait la bienveillance
avec ses employés, resta quelques ins-
tants dans les bureaux, causant avec les
commis, et entra enfin dans son cabinet.
Un instant, il eut la pensée d'aller re-
joindre ses associés, à l'entresol, mais
il n'osa pas le faire immédiatement. Pour
la première fois de sa vie, l'audace lui
manqua.
Laissons passer l'orage, se dit-il
en pensant à Mittermann, la raison et
son propre intérêt lui conseilleront le
silence.
J. Starke était entré dans le cabinet du
vieux banquier, et prenait connaissance
de la correspondance.
A propos, dit-il à Mittermann, une
nouvelle 1
Laquelle?
Robert Dachet vient de compléter
son apport.
Ah! fit Mittermann. Et qui vous a
dit cela?
Robert 1
Quand?
• 11 n'y a qu'un instant. Je l'ai laissé
à la caisse.
11 avait donc le million en poche?
Il paraît que oui.
Et en quelles valeurs.?
24,
Elle, c'esf une femme sérieuse j elle
est pour M. G* qui est riche,
Le valet de chambre?
Ça dépendra de ce que l'up et l'au-
tre lui donneront aux étrennesT
Votre cadet?
II essaye de se coiffer comme Age.
nor.
La majorité s'est prononcée, tâchez
de vous accoutumer à Agenor.
Ne plaisantons pas, je n'en veux
pas,
Mais la majorité?.
De quoi se mêlent ces gens-là?
Qu'ont-ils à voir dans le mariage de ma
fille? comment peuvent-ils de leur anti-
chambre apprécier tel ou tel prétendant?
Et ma folle de fille, ma plus tolle de
femme. croyez-vous que je leur laisse-
rais faire à leur tête? La pauvre en-
fant lorsque plus tard, elle serait désil-
lusionnés, malheureuse,.elle me repro-
cherait de na l'avoir pas défendue contre
elle-même.
Mais enfin, vous n'avez pour vous
que la cuisinière, et tous les autres
sont contre vous.
Je me fiche pas mal des autres.
-Ce sont des humains comme vous,
ils ont comme vous une âme et une in-
telligence.
Ah bien, oui ma femme est une
vieille folle; ma fille aînée s'est gâté
la cervelle par les romans; la seconde
est beaucoup trop avancée pour son âge,
-mon fils aîné, un étourdi, qui ne songe
qu'à s'amuser et à s'amuser bêtement et
dangeureusement, et, je le crains bien,
ne fera jamais rien, le cadet, un
simple gamin, le domestique un
ivrogne paresseux, la soubrette, une
petite personne très délurée, et vous
voudriez que je comptasse pour quelque
chose les opinions, les avis de ces têtes
de linottes, allons donc!
-Mais croyez-vous que en politique
tous les électeurs soient également in-
telligents, sérieux?
Ah vous y revenez; ça c'est bien
différent,' c'est de la politique, c'est
du suffrage universel,- ça ne se discute
pas. ~7
Alphonse Karr.
La souscription aux actions de la Pou-
ponnière est ouverte chez MM. Emile
Erlanger et Cie, 20, rue Taitbout.
Le capital est de deux cent mille
francs.
On paie en souscrivant un premier
quart de 25 francs par action. Le com-
plément sera exigible après la constitu-
tion définitive. On pourra toutefois libé-
rer entièrement ses titres en souscrivant.
MM. Emile Erlanger et Cie, fournis-
sent gratuitement leur concours aux fon-
dateurs de la Pouponnière, qu'ils consi-
dèrent comme une institution philan-
throphique de premier ordre,
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
Bordeaux, 16 août, 5 h., soir. M.
le due Decazes est élu président du conseil
général par 33 voix sur 41 votants. M. Four-
cand, député de la gauche, a obtenu quatre
voix quatre bulletins blancs.
Vice-présidents Alexandre Léon et
Dupouy, conservateurs.
«~» Blois, 16 août, 4 h. 55, soir. A
l'ouverture de la session du Conseil général
du Loir-et-Cher, trois membres sont en re-
tard, circonstance fâcheuse qui fait échoir la
présidence à M. Bozérian, député, membre de
la gauche, en remplacement de l'honorable
général Riffault.
Les vice-présidents élus sont MM. Bous-
sion, président du tribunal civil d'Orléans, et
Martinet, maire de Mur, conservateurs.^
Secrétaires: MM. Couteau, avocat, conser-
vateur Jullien, radical.
M. Bozérian qu'on n'entend pas souvent
à l'Assemblée commence un discours poli-
tique, mais s'arrête en présence de l'opposi-
tion do M. le préfet Fournier-Sarlovèze.
~» ClermOnt-Ferrand, 16 août, 7 h.
M. Bardoux, sous-secrétaire d'Etat au (mi-
nistère de la justice, membre de la gauche
modérée, a été élu président par 37 voix sur
46 votants.
M. Ledru, républicain, ancien président du
conseil général, s'est désisté en faveur de M.
Bardoux.
Je l'ignore.
Le baron Mittermann eut-il un pres-
sentiment do la vérité?. C'est ce que
nous ne saurions dive, mais il devint sé-
rieux.
Qu'avez-vous, mon cher baron ? de-
manda J. Starke qui avait remarqué le
jeu de physionomie de son associé.
Rien répondit celui-ci.
-Pardon! je vous croyais préoccupé
de quelque affaire intéressant notre
maison.
Et J. Starke continua la lecture de la
correspondance.
Le vieux Mittermann se contint pen-
dant quelques instants.
Cependant la curiosité ou l'inquiétude
l'emportèrent sur la prudence. Il prit,
tout à coup, le tuyau acoustique à l'aide
duquel il correspondait avec les bureaux
du rez-de-chaussée, et le porta à sa bou-
che. Le sifflet se fit entendre dans les
pièces inférieures, et se répéta bientôt
dans le cabinet du baron.
Qu'on m'apporte le livre de caisse,
dit-il à mi-voix en parlant dans le cornet
du tuyau acoustique.
J. Starke avait entendu la dem ande, et,
tout en caressant ses chiens, contem-
plait le baron par dessous les papiers
qu'il tenait à la main.
Vous voulez savoir si Dachet s'est li-
béré en billets de banque ou en valeurs
de caisse? demanda-t-il d'un ton indif-
férent.
Mittermann rougit. Il était vexé que
J. Starke eût si bien deviné sa pensée.
Oh 1 dit-il, la satisfaction d'une pe-
tite curiosité voilà tout.
M. Neukickner, le caissier, se pré-
senta, tenant dans ses bras l'immense
registre.
Il voulut le poser sur la table, devant
le baron.
Pas là, dit le banquier, sur le pu-.
pitre, derrière moi.
Le caissier obéit.
De cette façon, Mittermann tournerait
le dos à J. Starke et celui-ci ne pourrait
rien voir de ses émotions.
Il planta ses lunettes sur sonnez, pivo-
ta sur son fauteuil et, se levant, se trou-
va en face du registre supporte par un
de ces hauts pupitres mobiles comme
ceux dont se servent les musiciens.
Les feuillets, chassés par ses doigts,
imitaient le bruit de la paille sèche frois-
sée avec précipitation. Il arriva enfin
à la page qu'il cherchait, et son regard
eut une étrange fixité en lisant ce qui
suit, nous demandons pardon à nos lec-
teurs de cet argot de banque
Nice, 16 août, 8 heures soir. Pré-
sident du conseil, M. Malausséna vice-prési-
dent, M. Raynaud, maire de Nico seergtai-
reg, MM Borriglione êj Bigal,
•h* Aviono1^, i5 août. Les lycéens
d'Avignon vont bien. A la distribution des
prix, ils ont voulu montrer que le silenqe du
tit peuple est la leçon- des préfets. Quand
M. Donoieux et l'inspecteur d'Académie ont
fait leur entrée, les jeunes élèves sont restés
mornes et immobiles. Leurs mains nese sont
mises en mouvement et leurs bouches ne se
sont ouvertes qu'à l'arrivée des citoyens Gent,
député, et Paul Poncet, conseiller général du
canton nord d'Avignon.
Coïncidence curieuse: le professeur chargé
du discours d'usage avait pris pour sujet: LE
BEAU. ̃
On a remarqué que le citoyen Gent, qui
s'était placé s ur l'estrade tout à côté de l'ora-
tour, a fait une grimace singulière en enten-
dant le titre 'u discours. Il a cru, un moment,
à une épigra mme dirigée contre lui par son
voisin de droite. •
1_ Bagsères-jde-Luchôn, 15 août.
Parmi les hôtes de Bagncres se trouvent en
ce moment les ducs de Nemours et d'Alen-
çon, le prince et la princesse de la Tour-d'Au-
vergne doux nouveaux mariés. m
~>~>< AMIENS, 16 août. –Hier soir, con-
cert au profit des inondés, donné par la mu-
sique de V Harmonie, avec le concours de Mlle
Boulanger, violoniste, et de M. Tournié, ténor
du théâtre de Bordeaux, dont le Figaro a en.
registré, il y a quelque temps les pourpalors
avec M. Halanziér.
La recette s'est élevée à 3,000 francs envi-
ron, malgré le bas prix des places, plus 287
francs provenant de la quête.
~™ Toulouse, 14 août. Ce matin, le
cadavre d'un noyé a été retiré des eaux de la
Garonne près du Pont-Neuf. Ce malheureux,
qui ne portait sur son corps aucune trace de
violences, avait des haltères attachés autour
des bras, pour paralyser ses mouvements. Le
cadavre, transporté à la Morgue, a été re-
connu. C'est celui'de M. Olivier Ernest, âgé
de 32 ans, professeur de philosophie, domi-
cilié rue Saint-Rome, 11. M. Olivier avait
disparu de son domicile depuis le 10 août.
Une enquête a été ouverte par le commis-
saire de police du 7' arrondissement pour tâ-
cher de découvrir s'il y a crime ou suicide..
» CARPENTRAS, 15 août. Le 28 dé-
cembre dernier, le nommé Glaize, gardien à
la maison d'arrêt de Carpentras, vint déclarer
au maréchal des logis de gendarmerie qu'il
avait été arrêté la veille, à neuf heures du
soir, sur la route de Mazan, par deux indi-
vidus qui lui avaient dérobé sa montre avec
la chaîne, et une somme de 4 fr. 50. Le bruit
de cette arrestation se répandit bientôt dans
la ville et les environs, et causa une certaine
émotion bien justifiée par les circonstances de
l'arrestation et la qualité de celui qui en avait t
été la victime.
Cette dernière considération fit naître dans
l'esprit du maréchal des logis des doutes sur
la véracité de la déclaration du sieur Glaize,
qui fut, depuis ce jour, l'objet d'une surveil-
lance restée longtemps sans résultats. Enfin,
ce dernier ayant été nommé gardien à la
maison d'arrêt d'Aix. le maréchal des lo-
gife Steen écrivit à son collègue do cette
ville, qui constata bientôt que Glaize portait
à Aix la montre et la chaîne qui lui avaient été
volées à Carpentras. Il était donc évident que
la déclaration faite le 28 décembre était fausse.
Traduit, pour ce fait, devant le tribunal cor-
rectionnel do notre ville, le sieur Glaize a été
condamné mercredi dernier à six jours de
prison. Avis aux farceurs 1
~> Munich, 16 août. Le prince Charles
de Bavière, grand oncle du roi, frère du feu
roi Louis Ier, grand prieur do l'ordre de
Malte, a fait ce matin une chute de cheval à
Tegernsee, et s'est tué. Il avait quatre-vingts
ans.
> Detmold (Principauté de Lippe-Det-
mold) 16 août. L'empereur Guillaume, le
prince impérial, le prince Frédéric-Charles et
une foule de hauts personnages sont arrivés
a" midi, à Gr.otenbourg, venant de Detmold,
pour l'inauguration du monument d'Armi-
nius.
Quinze mille personnes assistaient à l'inau-
guration du monument. Le surintendant gé-
néral, M. Koypen, a pris pour texte de son
sermon le verset 8 du chapitre XXXIII du
livre des Chroniques.
M. Preus, conseiller privé, a prononcé le
discours d'inauguration. M. Lueders, conseil-
ler de justice de Hanovre, a fait la remise du
monument au bruit de l'artillerie. Le prince
de Lippe et le sculpteur Bandel ont fait le
tour du monument dans la voiture de l'em-
pereur. Celui-ci a donné au prince de Lippe
le commandement du 55° régiment; il a reçu
une députation de l'Union libérale do Muns-
ter.
LONDRES, 16 août. C'est par la
« Doit caisse à notre sieur Robert Da-
chet, un million versé par lui ce jour en
une valeur de notre sieur baron Mitter-
mann. »
Le baron fut obligé de s'appuyer les
deux coudes sur le pupitre pour ne pas
choir de toute sa hauteur.
Jamais surprise, jamais stupéfaction
profonde, jamais colère, jamais rage
n'atteignirent à semblable degré la créa-
ture humaine
Toutes ces émotions violentes, que la
présencedeJ. Starke obligeait à refréner,
faillirent occasionner à Mittermann une
congestion terrible. Il eut des éblouisse-
ments et un tremblement nerveux qui le
secoua, comme l'aquilon violent secoue
le peuplier. Mais le vieillard, tout os et
tout nerfs, résista à cette tempête de son
cœur et de son cerveau il se posa car-
rément sur ses vastes pieds, s'appuya au
pupitre et réfléchit.
Une sueur froide perlait sur son front.
-Je suis joué, mystifié et. volé! se
dit-il. Dachet est un scélérat Je me
vengerai de lui 1. Mina est-elle sa com-
plice ? Comment le savoir ?
La colère est mauvaise conseillère. Ce
fut elle qui dicta la lettre menaçante que
Mittermann écrivit de suite à Mme Da-
chot. A coup sûr, l'inspiration était déplo-
rable car, si une femme peut consentir à
certains marchés, il faut au moins que
la forme soit sauvée, et la violence de
cette lettre ne devait point amener ce
résultat.
Le baron espérait que si Mina n'était
pas d'accord avec son mari, elle aurait à
cœur de se disculper; tout au moins le
mépris naîtrait-il immédiatement en
elle, et le baron comptait que ce mépris
et la crainte du scandale dont il la me-
•nai-t, lui livreraient l'épouse outragée.
Il raisonnait à faux, M. Mittermann! 1
Il ne connaissait point la femme et per-
dait subitement une partie, que, du
reste, il ne pouvait dans aucun cas ga-
gner.
La réponse brève et nette de Mme
Dachet devait bientôt le lui prouver.
Tout ce manège n'avait pas échappé à
l'œil inquisiteur de J. Starko.
Il se passe quelque chose d'extraor-
dinaire, pensa-t-il. Est-ce que ce diable
de Dachet aurait joué quelque mauvais
tour au baron?
J. Starke, en se posant cette question,
se promettait bien de faire le nécessaire
pour la résoudre très promptement.
Et comme cette espérance lui suffisait
il ne voulut pas que sa présence gênât
plus longtemps Mittermann, et se retira.
Dès que celui-ci fut seul, il respira
volonté bien arrêtée de la reine, et malgré les
instance?! du prince de Galles, que le colonel
Baker a été rayé des cadres de l'armée. Le
décret est conçu dans, les mêmes termes que
celui qui atteignit le jjiajor* Harbord, après
"affaire du cercle Masjéha, à Nice.
« Le colàiïel Baker a été relfvète l'armée,
» Sa Majesté n'ayant plus besoin de ses servi-
» ces. »
C'est laconique et dur. '•.
Il s'ensuit que le colonel ne pourra pas re-
cevoir les 140,000 francs, prix de sa commis-
sion, le décret.quotque n'ayant paru que le
14, dans la Gazette officielle, étant daté du
2 août, lendemain de la condamnation.
-wyv-y II y a une vraie épidémie de crimp-s
et d'accidents, dans ce moment. Un homme
qui doit être un fou a empoisonné dans une
taverne, deux vieilles femmes avec de la
strychnine qu'il a mêlée à leur boisson trois
dames ont été tuées dans leur voiture, près
d'York un père a vu noyer ses deux fils à
Scariorough. Ajoutez à cela que lord Ber-
chaven et un de ses amis ont été condamnés
à une forte amende pour avoir presque as-
sommé un policeman quo trois exécutions
capitales ont eu lieu dans la semaine, et vous
aurez un bilan formidable, quoique incom-
plet.
«*~ VIENNE, 15 août -–L'empereur d'Au-
triche est arrivé vendredi matin a Bruck, sur
la Leitha, pour assister aux manœuvres des
troupes. •••̃>̃. ̃
troupes. Aupste Marcade.
1
PARIS AU JOUR 11 JOUR
Les Allemands viennent de célébrer à
Stutgardt le cinquième des tirs natio-
naux organisés par les francs-tireurs al-
lemands. La chose était grandiose au
moins quant aux dimensions.
La grande salle, dite salle de la fête, écrit-
on à la Gazette de France, où doivent avoir
lieu le banquet, les discours et la distribution
des prix, a 350 pieds de long, 150 pieds de
large, et peut abriter 4,000 Allemands. Tout
près de là, une brasserie, de style simple et
sévère, pour 1,000 personnes. Une cuisine de
310 pieds de long et 70 pieds de large, avec
20 fourneaux gigantesques, pouvant rôtir
chacun la moitié d'un bœuf, et des chaudières
pour faire la soupe où pourraient se baigner
12 Teutons à la fois. Il ne manquera qu'un
Homère à ces scènes dignes des Grecs, j'en-
tends des Grecs primitifs et barbares qui brû-
lèrent et pillèrent Troie.
Dans la grande salle des fêtes {Fest-Halle)
s'élève une estrade qui porte les présents di-
vers envoyés de presque tous les points du
monde, et destinés à récompenser les vain-
queurs du tir.
Quelques-uns de ces objets sont vraiment
curieux. Les Allemands du Voralberg autri-
chien ont envoyé une tête de chevreuil em-
paillée, avec un collier portant une bourse
qui contient 500 marcs. La corporation des
fabricants de savon de Stuttgardt, pour en-
courager la propreté, a offert un énorme mor-
ceau de savon, qui a la forme d'un vase, et
vaut 180 marcs bien comptés. Il y aura do
quoi décrasser tous les francs-tireurs quand
ils reviendront tout poudreux du champ de
tir.
Sept mille tireurs sont venus -d'Alle-
magne, d'Autriche et de la Suisse alle-
mande. Il y a eu une cavalcade histo-
rique, en mémoire d'un tir national or-
ganisé en 1516 par le duc Christophe de
Wurtemberg; ilyaeu destorrents debière
avalée et aussi des flots d'éloquence.
Le duc Eugène de Wurtemberg, orga-
nisateur de la fête, a terminé son dis-
cours par les mots que voici
Le passé des Souabes et l'histoire de mes
nobles. ancêtres vous garantissent que votre
bannière sera bien gardée en Wurtemberg,
qu'elle sera toujours portée haut, et si la pa-
trie appelle de nouveau ses enfanta aune lutte
sérieuse, alors on nous verra tous nous pres-
ser autour du drapeau national, et prouver
par nos actes que nous sommes un peuple de
frères.
Un Allemand établi en Russie, M. Ha-
nemann, rédacteur de la Gazette alle-
mande de Moscou, a parlé plus clairement
de l'alliance des trois empereurs contre
les ardeurs de revanche dont on brûle à
l'ouest.
C'est par ces déclamations aussi puéri-
les qu'inexactes qu'on exalte le chauvi-
nisme allemand.
»*, On cite toujours le mot fameux
« Cherchez la femme 1 comme étant
d'un « célèbre policier ». Le « célèbre
bruyamment et élargit le nœud de sa
cravate qui l'étranglait; sa figure étrit
cramoisie.
Il appela de nouveau le caissier.
Vous auriez dû me consulter, lui
dit-il, avant d'inscrire la remise de la
valeur Dachet sur le livre de caisse.
L'employé hésita à répondre, tant la
pensée que lui suggéra l'observation de
son chef lui semblait monstrueuse ce-
pendant il dit en balbutiant
Est-ce que cette valeur.
Mittermann l'arrêta court; il reconnut
qu'il était dans une mauvaise voie.
Vous m'avez mal compris, mon-
sieur Neukickner; sachez que toute va-
leur, quelle que soit sa forme, qui porte
ma signature, vaut ôr où billets de ban-
que.
Oh! je le sais, monsieur le baron!
Seulement, c'est une valeur impro-
ductive, sous cette forme, p,our la mai-
son veuillez me la remettre, je vais
vous donner en échange un chèque d'un
million sur la Banque de France. Passez
écriture de ce mouvement de fonds.
Oui, monsieur le baron.
L'employé disparut emportant le livre
de caisse et revint deux minutes après
avec le papier que Mittermann avait re-
mis à Mina.
Il y jeta un coup d'œil empreint d'un
grand désespoir..
Voici le ohèque, dit-il à l'employé.
Envoyez à la banque. Nous aurons be-
soin de valeurs de caisse.
C'est bien la signature que j'ai don-
née à Mina, murmura le baron lorsque
son employé l'eut quitté légalement
elle n'a aucune valeurpuisque la somme
dont elle me constitue débiteur n'est pas
écrite de ma main; mais comment invo-
quer la légalité sans me compromettre ?
Oh Mina aura peur; et la peur l'amè-
nera tremblante dans mes bras.
Il entendit un pas léger dans le cou-
loir voisin.
Serait-ce elle, dit le banquier en se
levant brusquement.
Et il écouta.
Les tressautements de son cœur cou-
vraient le bruit, qui allait en s'éloi-
gnant. t .1
Non reprit-il.
Et il retomba dans son fauteuil.
Ce bruit était celui que faisait J. Starke
en descendant au rez-de-chaussée.
A son tour, il entra chez le caissier,
et se mit à feuilleter le livre de caisse
avec les façons indifférentes d'un homme
qui cherche un renseignement sans
grande importance.
Il arriva aux écritures du jour.
policier ? l'a peut-être dit, mais, en tout
cas, il s'est rencontré avec le grand Jeu
seph de Maistrequi écrivait à la cour cÇg
Sardaigne dont il était le représentant
en Russie
Un vieux bonhomme de ministre disait un
jour à un de mes amis « Souvenez-youa
jien, monsieur, que dans toutes les affaires,
il y a une femme. Quelquefois on ne la voit
pas, mais regardez bien elle y est. » Je crois
qu'il avait raison. Pour moi, je les rencontre
volontiers de temps en temps sur ma route,
soit par une inclination naturelle pour ce bel
animal soit que, dans certaines circons-
tances, elles soient réellement utiles pour
adoucir les aspérités de l'autre sexe et facàli-
ter les affaires, comme une espèce d'huile qui
mouille les ressorts d'une machine politique
pour les empêcher de s'échauffer et de crieri.
Ces lignes sont détachées du recueil si.
intéressant, si essentiel, pour qui veut
connaître Joseph de Maistre, de sa Cor-
respondance diplomatique recueillie par-
M. Albert Blanc, qui a paru, il y a quel-
ques années, chez Michel Levy.
Une fois qu'on a ce livre en mains, on
ne le ferme pas facilement. Comment ne
pas citer ce fragment de conversation
avec M. de Rayneval, secrétaire de la
légation française à Saint-Pétersbourg. r
La conversation roulait sur la Révolution
française, sur tous les maux qu'elle a pro;
duits. Je lui dis « N'avez-vous .pas dit îovW
mellement à Dieu nous no voulons pas d ë
vous. Sortez de nos lois, de nos institutionsi
de notre éducation? Qu'a-t-il fait? Il s'est re?'
tiré et il vous a dit « Faites, » II en est rê*
suite ce que vous avez vu, notamment l'ai-<
mable règne de Robespierre. Votre révolution^
monsieur, n'est qu'un grand et terrible ser-
mon que la Providence a prêché aux hommes.
Il est en deux points Ce sont les abus qui
font les révolutions c'est le premier point et
il s'adresse aux souverains. Mois les abus
valent infiniment mieux que les révolutions.
C'est le deuxième point qui s'adresse aux
peuples. Vous voyez que dans ce monde tout
le monde a son lot.
Ministre d'un roi dépossédé, qui d'ail
leurs ne- l'aimait point et ne lui ,%éna^
geait aucune avanie, Joseph de Maistre
haïssait Bonaparte, a
Lorsqu'il dit: ma dynastie écrivait-il;,
on croit entendre un homme qui plante dé's
glands et qui dit: ma forêt.
Ses lettres sont pleines de jugements et
d'appréciations prophétiques sur l'empe-
reur comme de détails curieux sur la
période de l'influence napoléonienne en
Russie, alors que l'ambassadeur Cau«
laincourt donnait comme dessertda ns un
souper sept poires à trois cents frarîcs
pièce.
Citons, pour finir, le mot adorable
d'un jeune enfant, fils d'un conjuré es-
pagnol qu'on interrogeait sur le compte
de son père
Si je suis un imbécile, répondit l'enfant,
comment pouvez-vous croire que mon père
m'ait dit ses secrets ? Et si je ne suis pas lin
imbécile, comment pouvez-vous croire que je
les dise.
»% Un des inconvénients probable-
ment inévitable du parlementarisme,
c'est l'abus de la parole dans les assem-
blées délibérantes. La France en a beau.
coup souffert et, bien que l'Angleterre
n'est pas subi de dommages irréparables
par le fait de ces débordements d'élo-
quence, elle en comprend le danger. Le
Morning Post s'en est expliqué vivement
l'autre jour.
Un des principaux obstacles à la marcha
des affaires, c'est la somme énorme de temps
que font perdre les membres qui n'ont rien à
dire qui puisse ajouter quoi que ce soit aux
lumières de la Chambre, ou qui n'ont pas ac-»
quis l'art de le dire avec lucidité et concision.
Il n'est jamais entré, et sans doute il n'entrera
jamais dans l'esprit du corps électoral, quo
c'est là une qualité que tout membre du Par-
lement devrait posséder.
On pourrait sans peine citer des membres
dont les discours sont aussi inutiles que fas-
tidieux, aussi bien que d'autres qui, ayant
quelque chose à dire, ne se contentent pas de
le diro une fois, mais le répètent une demi.
douzaine de fois. Ceux-là sont les assom-
meurs (bores) de la chambre une classe
nombreuse. Généralement ils débutent par
annoncer qu'ils n'en ont que pour quelques
minutes; puis après qu'ils ont parlé pendant
une demi-heure, c'est avec effroi que la
Chambre leur entend dire- qu'ils n'ont plus
qu'une observation à faire avant de se ras-
seoir. Elle sait par expérience qu'il s'agit pour
-Oh! oh! se dit-il en voyant le dou-
ble mouvement qui s'était opéré sur les
indications de Robert Dachet et du ba.
ron Mittermann. Qu'est-ce que cela veut
dire? Robert Dachet verse un million
entre les mains du baron et celui-ci
semble ignorer ce versement Voilà qui
est bizarre, pour le moins Il réflé-
chit quelques minutes. Bah reprit-
il, je suis plus fort que ces gens-la, et
quand il me plaira de connaître leurs se..
crets cela me sera chose facile.
Il ferma le livre et sortit sans interro*
ger M. Neukickner, un peu surpris de
tous ces examens, qui n'étaient point
dans les habitudes de la maison.
Ce tut à ce moment que le garçon en*
voyé par Mittermann chez Mme Dachet,
revint avec la réponse de celle-ci.
Il suffit d'un coup d'œil au baron pour `
en prendre connaissance.
Ah s'écria-t-il, on se moque de
moi! Eh bien j'aurai le dernier mot! 1
Il écrivit à l'instant le Billet qui suit à
Robert Dachet
« M. Robert Dachet voudra bien se
dispenser, pour l'avenir, do se présent
ter chez le baron Mittermann. Le ba-»
ron Mittermann ose même espérer que
M. Robert Dachet comprendra que tou-
tes relations doivent cesser entre eux*
et que leur association est dissoute de
fait, en attendant qu'elle le soit de
droit. »
Le baron se trompait: le dernier mot
devait rester à son associé.
Dachet répondit
« Robert Dachet a l'honneur d'affîr*
mer à monsieur le baron Mittermann
qu'il ne peut être d'accord avec lui
que sur le point suivant, à savoir
que, dans un mois, monsieur le baron
Mittermann cessera de faire partie de
la maison de banque Mittermann,
J. Starke et compagnie. »
Le baron bondit sur son fauteuil en li.
sant cette audacieuse affirmation.
C'était la guerre!
De quel côté allait se tourner' la vie*
toire?
Pour Dachet, la question n'était pas
douteuse:il connaissait plusieurs moyens
de tuer moralement le baron Mittermann
et se Dromit bien de les mettre à exécui
tion dans le plus bref délai.
C'était dans ce but que nous l'avons
vu, au chapitre XVI interroger le con-*
cierge de l'hôtel J. Starke et se rendre,
ensuite chez Louis Copeau.
Armand Lapointe. T
\jLa suite à demain^
m MfciiiMni
LE FIGARO MARDI <7 AOUT 1#75
« attaché au rivage par sa grandeur » et
cela au plus haut comme au plus bas de
l'échelle on a vu M. Freycinet re-
commandant aux généraux, comme leur
devoir le plus important, de couvrir suc-
cessivement Tours et Bordeaux on a vu
M" Gambetta ne trouvant pas que le gé-
néral d'Aurelle de Paladine ag_ît à son
gré, dire: Je vais y aljer, -partir et re-
venir brusquement à Bordeaux sur le
bruit que quelqu'un disait avoir vu
quelques hulans dans la campagne.
»̃-• •••̃ ̃̃̃ #*# •̃̃ ̃•̃•̃̃;•
Mais revenons au suffrage universel
dire et, nous ne le discuteronspas, puisque,
."vous n'admettez même pas la discus-
sion mais voulez-vous que nous es-
sayions de l'appliquer au gouvérn ement
d'une famille et d'une maison. Votre
famille se coir^Cise de.
> Ma femme, deux filles, deux gar-
çons. '"̃̃
Vous avez. combien de domes-
tiques?
t Trois. Ou voulez-vous en venir?
Je ne discuterai pas, soyez donc
paisible. Vous me disiez tout à l'heure
que vous voulez changer de logement.
Non, pas moi, je suis accoutumé à
celui-ci, mais ma femme. et un peu
mes filleSj c'est trop loin des Tuileries et
des Champs-Elysées, et aussi l'aîné des
gïrçons qui aimerait être plus près des
théâtres.
Et qu'en pensent les domestiques?
La femme de chambre trouve ce
auartier-ci triste et isolé; on n'y voit
personne la cuisinière, au contraire,
y a ses habitudes, et, je crois aussi « ses
marchands », c'est-à-dire une complicité
tout établie au point de vue de l'anse
du panier; le domestique ne se pro-
nonce pas.
Et votre plus jeune fils?
On ne lui en a seulement pas parlé.
-–Il ne vous reste donc qu'à chercher
un logement, car vous obtiendriez les
deux votes incertains de votre domes-
tique et de votre fils cadet, que vous se-
riez encore la minorité. comptez!
Ma femme a déjà cherché. elle a
deux appartements en vue, mais chers,
l'un de quatre mille francs,- l'autre de
sept.
Et elle-n'a pas de préférence ? 9
Elle aimerait mieux le second,
parce qu'il est au premier étage. mais
"sept mille francs, c'est de l'argent!
Allons au vote vous seriez pour
l'appartement de. quatre mille francs ?
Oui, certes.
Et votre femme et vos filles?
Elles préfèrent celui de sept, il y a
-un grand salon, et elles comptent rece-
voir l'hiver prochain. »
Et les garçons?
Ça leur est égal.
Et les domestiques? ̃'̃
La cuisinière et le garçon qui font
les courses aimeraient mieux ne pas
monter au troisième étage douze ou
quinze fois par jour. La femme de cham-
bre, au contraire, est pour le logement;
d'en haut, parce qu'il est plus petit, qu'il
n'y aurait pas de chambre pour elle, et
qu'on serait forcé de lui donner une
chambre indépendante dans les man-
sardes, ce qu'elle a demandé vingt fois.
C'est bien; comptons: pour le lo-
aement de quatre mille francs, vous et
la femme at> uiiambro, pour celui de
sept mille, votre femme, vos filles, deux
domestiques, cinq voix contre deux.
Il y a mes fils.
Ça ne ferait que quatre.
Et d'ailleurs, ils se laisseraient in-
fluencer par leurs sœurs.
Va donc pour l'appartement de sept
mille. Ne comptiez-vous pas placer votre
iils aîné chez votre cousin le banquier ?.
Oui. mais.
Que dit la mère ? 1
Elle aimerait mieux le voir avocat.
Et les sœurs ?
Elles veulent qu'ils reste à la mai-
son, parce qu'elles ont besoin de lui pour
se promener, aller au spectacle. etc..
Les domestiques ?
Enchantés d'avoir une personne de
moins à servir. sauf la petite femme
de chambre. mais ça serait, au con-
traire, une raison pour.
Comptons votre femme, vos deux
filles, la femme de chambre quatre
Feuilleton du MkU du 17 Août 1815
LA
CHRSSE &UX FANTOMES
PREMIÈRE PARTIE
t'AMOUR DE t'O»
g -II
̃;̃: ̃ :>' • XIX ̃
Le matin de ce jour-là, Dachet s'était
levé de bonne heure.
Nous, le retrouvons dans son cabinet,
ayant sur son bureau la feuille blanche
au bas de laquelle se trouvait la signa.
ture du baron Mittermann.
Dachet, le front plissé, le regard fixe,
réfléchissait profondément.
Il était facile de reconnaître, par ce
qne nous savons de son caractère et du
but auquel tendaient ses efforts l'or! que
le banquier élaborait dans sa pensée
quelque machiavélique combinaison, et
qu'il en calculait avec soin les résultats.
Après une méditation qui dura au
moins une heure, Dachet prit une plume,
la trempa dans l'encre et écrivit, sans
trouble aucun, au-dessus de la signature
de Mittermann:
« Son pour la somme d'un million de
francs, que je reconnais avoir reçu de
M. Robert Dachet, et dont le caissier
de notre maison voudra bien créditer
le compte Robert Dachet et débiter le
mien. .<̃ •<-
» Paris le »
Or, cette action constituait un abus de
blanc-seing, que la loi qualifiait de
crime et punissait de la réclusion.
Mais Dachet était parfaitement tran-
quille il savait bien que Mittermann-
n'irait point le dénoncer à la justice.
Comment celui-ci pourrait-il expliquer
la présence de sa signature en blanc
entre les mains de son associé?
Selon les lois de la morale la plus vul-
gaire, cette action était un vol. Mais, on
le sait, Robert se souciait de la morale
comme d'une orange sèche.
11 plia le papier en deux, le mit dans
son portefeuille et se rendit à sa maison
de banque.
A l'entrée des bureaux, il trouva
Reproduction autorisée pour les journaux qui
ont traité avec la société des Gens de lettres.
voix. D'autre part, la cuisinière, le
valet de chambre, vous ça fait trois,
Le jeune frère ne détesterait pas le
départ de l'aîné, il hériterait de toutes
sortes de petits privilèges.
Ça ferait quatre voix également, il
y aurait nouveau scrutin et ballottage. 1
mais lui-même?
Oh lui, il voudrait ne rien faire, et
ne fera rien; il serait pl utôt pour l'Ecole
de droit; avocat, si on n'a pas de talent,
on vise à laprésidencede la République.
Alors, il peut faire sa malle, il y a
cinq voix pour qu'il sorte de là maison.
-Et n'était-il pas question d'un mariage
pour votre fille aînée?
–Oui, et ça me donne bien du tra-
cas. '̃
-Pourquoi? r-
Parce qu'il' y a deux prétendants,
l'un, M, G* un homme fort bien sous
tous les rapports, un âge convenable, un
caractère aimable, un esprit sérieux, une;
belle fortune.
Eh bien? ••
On n'eja veut pas.
^Qui? ̃ •-
Tout le mondé.
Diable alors ce n'est pas la peine
d'y songer davantage,
Si, morbleu, j'y songe, et je ferai
voir que je suis le maître.
Calmez-vous; quelle raison a-t-on
pour repousser urt parti si convenable?
Est-il laid?
Au contraire, il est très bien;
physionomie intelligente, figure distin-
guée..
Eh bien! alors. >- .̃̃̃-••.• ¡ s
C'est qu'il y a un certain pianiste
que j'ai eu la faiblesse de laisser entrer
chez moi; ma fille s'en est toquée, et ma
femme plus encore que ma fille quand
il cogne sur le piano elles se pâment,
elles lui supposent toutes les qualités,-
toutes les vertus tous les dons
Hier on parlait de la guerre d'Espa-
gne d'abord il est pour don Carlos, et
les a entraînées dans ce parti. Quand je
lis tout haut des nouvelles que donne
mon journal des succès des alphonsistes,
elles lèvent les épaules. Hier ma fille
aînée m'a dit Cette nouvelle est fausse.
Comment fausse?
Oui et archifausse.
Comment le sais-tu ? tu as donc des
correspondants et une police en Es-
pagne ? -i
-Non, a répliqué ma femme, mais
M. Agenor nous l'a dit.
Ah c'est M. Agenor l Et comment
le sait-il?
Ah papa il a de si bellesrelations;
il dit que s'il était là-bas, il ferait mar-
cher les aflairesplus vites.
Vraiment I
Il n'est pas content des généraux
du roi. v
Du roi! quel roi ? -s
Mais. don Carlos!
Du tout, la France a reconnu don
Alphonse.
Ce n'est pas ce qu'elle a fait de
mieux.
C'est donc l'avis de M. Agenor ?
Mais, dam, papa un homme si
répandu, si recherché.
Et vous ne voulez pas de M. Age-
nor ?
Lui 1 un paltoquet, qui ne sait que
se contempler dans les glaces et se
faire des mines, regarder le plafond
comme s'il demandait au ciel l'inspira-
ration pour un morceau qu'il a joué cent
fois et qu'il sait par cœur, un fat, un
sot. j'aimerais cent fois mieux mettre
ma fille au couvent.
On ne met plus au couvent. Que
pense la sœur cadette?
Elle n'a rien contre le mariage de
sa sœur avec le pianiste, parce qu'elle
pense que M. G* pourrait bien lui re-
venir à elle.
Et votre fils aîné ?
Agenor lui donne des billets de
spectacle, et lui parle de ses succès parmi
les duchesses.
La femme de chambre ?
Ces filles-là préfèrent toujours le
prétendu dont le chef de la famille ne
veut pas. Elles ont tout à gagner à une
intrigue, à des mystères de l'impor-
tance, de l'impunité, les vieilles robes
avant leur maturité et de l'argent.
La cuisinière ?
J. Starke, qui arrivait en même temps
que lui.
Montez-vous voir la correspon-
dance ? demanda le Prussien.
Pas tout de suite, répondit Dachet
avec un aplomb merveilleux, j'ai là,
dans ma poche, un million que je veux
déposer à la caisse. C'est le solde de mon
apport dans notre association.
Ah très bien dit J. Starke, on
n'est pas plus exact.
Ils traversèrent la grande salle.
J. Starke monta à l'entresol et Robert
Dachet entra dans le bureau où se trou-
vait le caissier.
M. Neukickner, dit-il à cet em-
ployé, inscrivez un million à mon avoir
et mettez ceci dans votre caisse.
Le caissier prit le papier que lui ten-
dait Robert Dachet, le déplia, le lut et
dit
C'est bien monsieur.
Puis il ouvrit le coffre-fort, mit dans
un portefeuille cette feuille volante qui
représentait un million, et écrivit sur
un gros livre, à coins arrondis et garnis
de plaques de cuivre, la mention qui
constituait Robert Dachet créancier de
cette somme.
il n'y avait plus à y revenir. Cette
simple mention valait comme authen-
ticité, la signature de deux notaires.
Dachet, qui affectait la bienveillance
avec ses employés, resta quelques ins-
tants dans les bureaux, causant avec les
commis, et entra enfin dans son cabinet.
Un instant, il eut la pensée d'aller re-
joindre ses associés, à l'entresol, mais
il n'osa pas le faire immédiatement. Pour
la première fois de sa vie, l'audace lui
manqua.
Laissons passer l'orage, se dit-il
en pensant à Mittermann, la raison et
son propre intérêt lui conseilleront le
silence.
J. Starke était entré dans le cabinet du
vieux banquier, et prenait connaissance
de la correspondance.
A propos, dit-il à Mittermann, une
nouvelle 1
Laquelle?
Robert Dachet vient de compléter
son apport.
Ah! fit Mittermann. Et qui vous a
dit cela?
Robert 1
Quand?
• 11 n'y a qu'un instant. Je l'ai laissé
à la caisse.
11 avait donc le million en poche?
Il paraît que oui.
Et en quelles valeurs.?
24,
Elle, c'esf une femme sérieuse j elle
est pour M. G* qui est riche,
Le valet de chambre?
Ça dépendra de ce que l'up et l'au-
tre lui donneront aux étrennesT
Votre cadet?
II essaye de se coiffer comme Age.
nor.
La majorité s'est prononcée, tâchez
de vous accoutumer à Agenor.
Ne plaisantons pas, je n'en veux
pas,
Mais la majorité?.
De quoi se mêlent ces gens-là?
Qu'ont-ils à voir dans le mariage de ma
fille? comment peuvent-ils de leur anti-
chambre apprécier tel ou tel prétendant?
Et ma folle de fille, ma plus tolle de
femme. croyez-vous que je leur laisse-
rais faire à leur tête? La pauvre en-
fant lorsque plus tard, elle serait désil-
lusionnés, malheureuse,.elle me repro-
cherait de na l'avoir pas défendue contre
elle-même.
Mais enfin, vous n'avez pour vous
que la cuisinière, et tous les autres
sont contre vous.
Je me fiche pas mal des autres.
-Ce sont des humains comme vous,
ils ont comme vous une âme et une in-
telligence.
Ah bien, oui ma femme est une
vieille folle; ma fille aînée s'est gâté
la cervelle par les romans; la seconde
est beaucoup trop avancée pour son âge,
-mon fils aîné, un étourdi, qui ne songe
qu'à s'amuser et à s'amuser bêtement et
dangeureusement, et, je le crains bien,
ne fera jamais rien, le cadet, un
simple gamin, le domestique un
ivrogne paresseux, la soubrette, une
petite personne très délurée, et vous
voudriez que je comptasse pour quelque
chose les opinions, les avis de ces têtes
de linottes, allons donc!
-Mais croyez-vous que en politique
tous les électeurs soient également in-
telligents, sérieux?
Ah vous y revenez; ça c'est bien
différent,' c'est de la politique, c'est
du suffrage universel,- ça ne se discute
pas. ~7
Alphonse Karr.
La souscription aux actions de la Pou-
ponnière est ouverte chez MM. Emile
Erlanger et Cie, 20, rue Taitbout.
Le capital est de deux cent mille
francs.
On paie en souscrivant un premier
quart de 25 francs par action. Le com-
plément sera exigible après la constitu-
tion définitive. On pourra toutefois libé-
rer entièrement ses titres en souscrivant.
MM. Emile Erlanger et Cie, fournis-
sent gratuitement leur concours aux fon-
dateurs de la Pouponnière, qu'ils consi-
dèrent comme une institution philan-
throphique de premier ordre,
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
Bordeaux, 16 août, 5 h., soir. M.
le due Decazes est élu président du conseil
général par 33 voix sur 41 votants. M. Four-
cand, député de la gauche, a obtenu quatre
voix quatre bulletins blancs.
Vice-présidents Alexandre Léon et
Dupouy, conservateurs.
«~» Blois, 16 août, 4 h. 55, soir. A
l'ouverture de la session du Conseil général
du Loir-et-Cher, trois membres sont en re-
tard, circonstance fâcheuse qui fait échoir la
présidence à M. Bozérian, député, membre de
la gauche, en remplacement de l'honorable
général Riffault.
Les vice-présidents élus sont MM. Bous-
sion, président du tribunal civil d'Orléans, et
Martinet, maire de Mur, conservateurs.^
Secrétaires: MM. Couteau, avocat, conser-
vateur Jullien, radical.
M. Bozérian qu'on n'entend pas souvent
à l'Assemblée commence un discours poli-
tique, mais s'arrête en présence de l'opposi-
tion do M. le préfet Fournier-Sarlovèze.
~» ClermOnt-Ferrand, 16 août, 7 h.
M. Bardoux, sous-secrétaire d'Etat au (mi-
nistère de la justice, membre de la gauche
modérée, a été élu président par 37 voix sur
46 votants.
M. Ledru, républicain, ancien président du
conseil général, s'est désisté en faveur de M.
Bardoux.
Je l'ignore.
Le baron Mittermann eut-il un pres-
sentiment do la vérité?. C'est ce que
nous ne saurions dive, mais il devint sé-
rieux.
Qu'avez-vous, mon cher baron ? de-
manda J. Starke qui avait remarqué le
jeu de physionomie de son associé.
Rien répondit celui-ci.
-Pardon! je vous croyais préoccupé
de quelque affaire intéressant notre
maison.
Et J. Starke continua la lecture de la
correspondance.
Le vieux Mittermann se contint pen-
dant quelques instants.
Cependant la curiosité ou l'inquiétude
l'emportèrent sur la prudence. Il prit,
tout à coup, le tuyau acoustique à l'aide
duquel il correspondait avec les bureaux
du rez-de-chaussée, et le porta à sa bou-
che. Le sifflet se fit entendre dans les
pièces inférieures, et se répéta bientôt
dans le cabinet du baron.
Qu'on m'apporte le livre de caisse,
dit-il à mi-voix en parlant dans le cornet
du tuyau acoustique.
J. Starke avait entendu la dem ande, et,
tout en caressant ses chiens, contem-
plait le baron par dessous les papiers
qu'il tenait à la main.
Vous voulez savoir si Dachet s'est li-
béré en billets de banque ou en valeurs
de caisse? demanda-t-il d'un ton indif-
férent.
Mittermann rougit. Il était vexé que
J. Starke eût si bien deviné sa pensée.
Oh 1 dit-il, la satisfaction d'une pe-
tite curiosité voilà tout.
M. Neukickner, le caissier, se pré-
senta, tenant dans ses bras l'immense
registre.
Il voulut le poser sur la table, devant
le baron.
Pas là, dit le banquier, sur le pu-.
pitre, derrière moi.
Le caissier obéit.
De cette façon, Mittermann tournerait
le dos à J. Starke et celui-ci ne pourrait
rien voir de ses émotions.
Il planta ses lunettes sur sonnez, pivo-
ta sur son fauteuil et, se levant, se trou-
va en face du registre supporte par un
de ces hauts pupitres mobiles comme
ceux dont se servent les musiciens.
Les feuillets, chassés par ses doigts,
imitaient le bruit de la paille sèche frois-
sée avec précipitation. Il arriva enfin
à la page qu'il cherchait, et son regard
eut une étrange fixité en lisant ce qui
suit, nous demandons pardon à nos lec-
teurs de cet argot de banque
Nice, 16 août, 8 heures soir. Pré-
sident du conseil, M. Malausséna vice-prési-
dent, M. Raynaud, maire de Nico seergtai-
reg, MM Borriglione êj Bigal,
•h* Aviono1^, i5 août. Les lycéens
d'Avignon vont bien. A la distribution des
prix, ils ont voulu montrer que le silenqe du
tit peuple est la leçon- des préfets. Quand
M. Donoieux et l'inspecteur d'Académie ont
fait leur entrée, les jeunes élèves sont restés
mornes et immobiles. Leurs mains nese sont
mises en mouvement et leurs bouches ne se
sont ouvertes qu'à l'arrivée des citoyens Gent,
député, et Paul Poncet, conseiller général du
canton nord d'Avignon.
Coïncidence curieuse: le professeur chargé
du discours d'usage avait pris pour sujet: LE
BEAU. ̃
On a remarqué que le citoyen Gent, qui
s'était placé s ur l'estrade tout à côté de l'ora-
tour, a fait une grimace singulière en enten-
dant le titre 'u discours. Il a cru, un moment,
à une épigra mme dirigée contre lui par son
voisin de droite. •
1_ Bagsères-jde-Luchôn, 15 août.
Parmi les hôtes de Bagncres se trouvent en
ce moment les ducs de Nemours et d'Alen-
çon, le prince et la princesse de la Tour-d'Au-
vergne doux nouveaux mariés. m
~>~>< AMIENS, 16 août. –Hier soir, con-
cert au profit des inondés, donné par la mu-
sique de V Harmonie, avec le concours de Mlle
Boulanger, violoniste, et de M. Tournié, ténor
du théâtre de Bordeaux, dont le Figaro a en.
registré, il y a quelque temps les pourpalors
avec M. Halanziér.
La recette s'est élevée à 3,000 francs envi-
ron, malgré le bas prix des places, plus 287
francs provenant de la quête.
~™ Toulouse, 14 août. Ce matin, le
cadavre d'un noyé a été retiré des eaux de la
Garonne près du Pont-Neuf. Ce malheureux,
qui ne portait sur son corps aucune trace de
violences, avait des haltères attachés autour
des bras, pour paralyser ses mouvements. Le
cadavre, transporté à la Morgue, a été re-
connu. C'est celui'de M. Olivier Ernest, âgé
de 32 ans, professeur de philosophie, domi-
cilié rue Saint-Rome, 11. M. Olivier avait
disparu de son domicile depuis le 10 août.
Une enquête a été ouverte par le commis-
saire de police du 7' arrondissement pour tâ-
cher de découvrir s'il y a crime ou suicide..
» CARPENTRAS, 15 août. Le 28 dé-
cembre dernier, le nommé Glaize, gardien à
la maison d'arrêt de Carpentras, vint déclarer
au maréchal des logis de gendarmerie qu'il
avait été arrêté la veille, à neuf heures du
soir, sur la route de Mazan, par deux indi-
vidus qui lui avaient dérobé sa montre avec
la chaîne, et une somme de 4 fr. 50. Le bruit
de cette arrestation se répandit bientôt dans
la ville et les environs, et causa une certaine
émotion bien justifiée par les circonstances de
l'arrestation et la qualité de celui qui en avait t
été la victime.
Cette dernière considération fit naître dans
l'esprit du maréchal des logis des doutes sur
la véracité de la déclaration du sieur Glaize,
qui fut, depuis ce jour, l'objet d'une surveil-
lance restée longtemps sans résultats. Enfin,
ce dernier ayant été nommé gardien à la
maison d'arrêt d'Aix. le maréchal des lo-
gife Steen écrivit à son collègue do cette
ville, qui constata bientôt que Glaize portait
à Aix la montre et la chaîne qui lui avaient été
volées à Carpentras. Il était donc évident que
la déclaration faite le 28 décembre était fausse.
Traduit, pour ce fait, devant le tribunal cor-
rectionnel do notre ville, le sieur Glaize a été
condamné mercredi dernier à six jours de
prison. Avis aux farceurs 1
~> Munich, 16 août. Le prince Charles
de Bavière, grand oncle du roi, frère du feu
roi Louis Ier, grand prieur do l'ordre de
Malte, a fait ce matin une chute de cheval à
Tegernsee, et s'est tué. Il avait quatre-vingts
ans.
> Detmold (Principauté de Lippe-Det-
mold) 16 août. L'empereur Guillaume, le
prince impérial, le prince Frédéric-Charles et
une foule de hauts personnages sont arrivés
a" midi, à Gr.otenbourg, venant de Detmold,
pour l'inauguration du monument d'Armi-
nius.
Quinze mille personnes assistaient à l'inau-
guration du monument. Le surintendant gé-
néral, M. Koypen, a pris pour texte de son
sermon le verset 8 du chapitre XXXIII du
livre des Chroniques.
M. Preus, conseiller privé, a prononcé le
discours d'inauguration. M. Lueders, conseil-
ler de justice de Hanovre, a fait la remise du
monument au bruit de l'artillerie. Le prince
de Lippe et le sculpteur Bandel ont fait le
tour du monument dans la voiture de l'em-
pereur. Celui-ci a donné au prince de Lippe
le commandement du 55° régiment; il a reçu
une députation de l'Union libérale do Muns-
ter.
LONDRES, 16 août. C'est par la
« Doit caisse à notre sieur Robert Da-
chet, un million versé par lui ce jour en
une valeur de notre sieur baron Mitter-
mann. »
Le baron fut obligé de s'appuyer les
deux coudes sur le pupitre pour ne pas
choir de toute sa hauteur.
Jamais surprise, jamais stupéfaction
profonde, jamais colère, jamais rage
n'atteignirent à semblable degré la créa-
ture humaine
Toutes ces émotions violentes, que la
présencedeJ. Starke obligeait à refréner,
faillirent occasionner à Mittermann une
congestion terrible. Il eut des éblouisse-
ments et un tremblement nerveux qui le
secoua, comme l'aquilon violent secoue
le peuplier. Mais le vieillard, tout os et
tout nerfs, résista à cette tempête de son
cœur et de son cerveau il se posa car-
rément sur ses vastes pieds, s'appuya au
pupitre et réfléchit.
Une sueur froide perlait sur son front.
-Je suis joué, mystifié et. volé! se
dit-il. Dachet est un scélérat Je me
vengerai de lui 1. Mina est-elle sa com-
plice ? Comment le savoir ?
La colère est mauvaise conseillère. Ce
fut elle qui dicta la lettre menaçante que
Mittermann écrivit de suite à Mme Da-
chot. A coup sûr, l'inspiration était déplo-
rable car, si une femme peut consentir à
certains marchés, il faut au moins que
la forme soit sauvée, et la violence de
cette lettre ne devait point amener ce
résultat.
Le baron espérait que si Mina n'était
pas d'accord avec son mari, elle aurait à
cœur de se disculper; tout au moins le
mépris naîtrait-il immédiatement en
elle, et le baron comptait que ce mépris
et la crainte du scandale dont il la me-
•nai-t, lui livreraient l'épouse outragée.
Il raisonnait à faux, M. Mittermann! 1
Il ne connaissait point la femme et per-
dait subitement une partie, que, du
reste, il ne pouvait dans aucun cas ga-
gner.
La réponse brève et nette de Mme
Dachet devait bientôt le lui prouver.
Tout ce manège n'avait pas échappé à
l'œil inquisiteur de J. Starko.
Il se passe quelque chose d'extraor-
dinaire, pensa-t-il. Est-ce que ce diable
de Dachet aurait joué quelque mauvais
tour au baron?
J. Starke, en se posant cette question,
se promettait bien de faire le nécessaire
pour la résoudre très promptement.
Et comme cette espérance lui suffisait
il ne voulut pas que sa présence gênât
plus longtemps Mittermann, et se retira.
Dès que celui-ci fut seul, il respira
volonté bien arrêtée de la reine, et malgré les
instance?! du prince de Galles, que le colonel
Baker a été rayé des cadres de l'armée. Le
décret est conçu dans, les mêmes termes que
celui qui atteignit le jjiajor* Harbord, après
"affaire du cercle Masjéha, à Nice.
« Le colàiïel Baker a été relfvète l'armée,
» Sa Majesté n'ayant plus besoin de ses servi-
» ces. »
C'est laconique et dur. '•.
Il s'ensuit que le colonel ne pourra pas re-
cevoir les 140,000 francs, prix de sa commis-
sion, le décret.quotque n'ayant paru que le
14, dans la Gazette officielle, étant daté du
2 août, lendemain de la condamnation.
-wyv-y II y a une vraie épidémie de crimp-s
et d'accidents, dans ce moment. Un homme
qui doit être un fou a empoisonné dans une
taverne, deux vieilles femmes avec de la
strychnine qu'il a mêlée à leur boisson trois
dames ont été tuées dans leur voiture, près
d'York un père a vu noyer ses deux fils à
Scariorough. Ajoutez à cela que lord Ber-
chaven et un de ses amis ont été condamnés
à une forte amende pour avoir presque as-
sommé un policeman quo trois exécutions
capitales ont eu lieu dans la semaine, et vous
aurez un bilan formidable, quoique incom-
plet.
«*~ VIENNE, 15 août -–L'empereur d'Au-
triche est arrivé vendredi matin a Bruck, sur
la Leitha, pour assister aux manœuvres des
troupes. •••̃>̃. ̃
troupes. Aupste Marcade.
1
PARIS AU JOUR 11 JOUR
Les Allemands viennent de célébrer à
Stutgardt le cinquième des tirs natio-
naux organisés par les francs-tireurs al-
lemands. La chose était grandiose au
moins quant aux dimensions.
La grande salle, dite salle de la fête, écrit-
on à la Gazette de France, où doivent avoir
lieu le banquet, les discours et la distribution
des prix, a 350 pieds de long, 150 pieds de
large, et peut abriter 4,000 Allemands. Tout
près de là, une brasserie, de style simple et
sévère, pour 1,000 personnes. Une cuisine de
310 pieds de long et 70 pieds de large, avec
20 fourneaux gigantesques, pouvant rôtir
chacun la moitié d'un bœuf, et des chaudières
pour faire la soupe où pourraient se baigner
12 Teutons à la fois. Il ne manquera qu'un
Homère à ces scènes dignes des Grecs, j'en-
tends des Grecs primitifs et barbares qui brû-
lèrent et pillèrent Troie.
Dans la grande salle des fêtes {Fest-Halle)
s'élève une estrade qui porte les présents di-
vers envoyés de presque tous les points du
monde, et destinés à récompenser les vain-
queurs du tir.
Quelques-uns de ces objets sont vraiment
curieux. Les Allemands du Voralberg autri-
chien ont envoyé une tête de chevreuil em-
paillée, avec un collier portant une bourse
qui contient 500 marcs. La corporation des
fabricants de savon de Stuttgardt, pour en-
courager la propreté, a offert un énorme mor-
ceau de savon, qui a la forme d'un vase, et
vaut 180 marcs bien comptés. Il y aura do
quoi décrasser tous les francs-tireurs quand
ils reviendront tout poudreux du champ de
tir.
Sept mille tireurs sont venus -d'Alle-
magne, d'Autriche et de la Suisse alle-
mande. Il y a eu une cavalcade histo-
rique, en mémoire d'un tir national or-
ganisé en 1516 par le duc Christophe de
Wurtemberg; ilyaeu destorrents debière
avalée et aussi des flots d'éloquence.
Le duc Eugène de Wurtemberg, orga-
nisateur de la fête, a terminé son dis-
cours par les mots que voici
Le passé des Souabes et l'histoire de mes
nobles. ancêtres vous garantissent que votre
bannière sera bien gardée en Wurtemberg,
qu'elle sera toujours portée haut, et si la pa-
trie appelle de nouveau ses enfanta aune lutte
sérieuse, alors on nous verra tous nous pres-
ser autour du drapeau national, et prouver
par nos actes que nous sommes un peuple de
frères.
Un Allemand établi en Russie, M. Ha-
nemann, rédacteur de la Gazette alle-
mande de Moscou, a parlé plus clairement
de l'alliance des trois empereurs contre
les ardeurs de revanche dont on brûle à
l'ouest.
C'est par ces déclamations aussi puéri-
les qu'inexactes qu'on exalte le chauvi-
nisme allemand.
»*, On cite toujours le mot fameux
« Cherchez la femme 1 comme étant
d'un « célèbre policier ». Le « célèbre
bruyamment et élargit le nœud de sa
cravate qui l'étranglait; sa figure étrit
cramoisie.
Il appela de nouveau le caissier.
Vous auriez dû me consulter, lui
dit-il, avant d'inscrire la remise de la
valeur Dachet sur le livre de caisse.
L'employé hésita à répondre, tant la
pensée que lui suggéra l'observation de
son chef lui semblait monstrueuse ce-
pendant il dit en balbutiant
Est-ce que cette valeur.
Mittermann l'arrêta court; il reconnut
qu'il était dans une mauvaise voie.
Vous m'avez mal compris, mon-
sieur Neukickner; sachez que toute va-
leur, quelle que soit sa forme, qui porte
ma signature, vaut ôr où billets de ban-
que.
Oh! je le sais, monsieur le baron!
Seulement, c'est une valeur impro-
ductive, sous cette forme, p,our la mai-
son veuillez me la remettre, je vais
vous donner en échange un chèque d'un
million sur la Banque de France. Passez
écriture de ce mouvement de fonds.
Oui, monsieur le baron.
L'employé disparut emportant le livre
de caisse et revint deux minutes après
avec le papier que Mittermann avait re-
mis à Mina.
Il y jeta un coup d'œil empreint d'un
grand désespoir..
Voici le ohèque, dit-il à l'employé.
Envoyez à la banque. Nous aurons be-
soin de valeurs de caisse.
C'est bien la signature que j'ai don-
née à Mina, murmura le baron lorsque
son employé l'eut quitté légalement
elle n'a aucune valeurpuisque la somme
dont elle me constitue débiteur n'est pas
écrite de ma main; mais comment invo-
quer la légalité sans me compromettre ?
Oh Mina aura peur; et la peur l'amè-
nera tremblante dans mes bras.
Il entendit un pas léger dans le cou-
loir voisin.
Serait-ce elle, dit le banquier en se
levant brusquement.
Et il écouta.
Les tressautements de son cœur cou-
vraient le bruit, qui allait en s'éloi-
gnant. t .1
Non reprit-il.
Et il retomba dans son fauteuil.
Ce bruit était celui que faisait J. Starke
en descendant au rez-de-chaussée.
A son tour, il entra chez le caissier,
et se mit à feuilleter le livre de caisse
avec les façons indifférentes d'un homme
qui cherche un renseignement sans
grande importance.
Il arriva aux écritures du jour.
policier ? l'a peut-être dit, mais, en tout
cas, il s'est rencontré avec le grand Jeu
seph de Maistrequi écrivait à la cour cÇg
Sardaigne dont il était le représentant
en Russie
Un vieux bonhomme de ministre disait un
jour à un de mes amis « Souvenez-youa
jien, monsieur, que dans toutes les affaires,
il y a une femme. Quelquefois on ne la voit
pas, mais regardez bien elle y est. » Je crois
qu'il avait raison. Pour moi, je les rencontre
volontiers de temps en temps sur ma route,
soit par une inclination naturelle pour ce bel
animal soit que, dans certaines circons-
tances, elles soient réellement utiles pour
adoucir les aspérités de l'autre sexe et facàli-
ter les affaires, comme une espèce d'huile qui
mouille les ressorts d'une machine politique
pour les empêcher de s'échauffer et de crieri.
Ces lignes sont détachées du recueil si.
intéressant, si essentiel, pour qui veut
connaître Joseph de Maistre, de sa Cor-
respondance diplomatique recueillie par-
M. Albert Blanc, qui a paru, il y a quel-
ques années, chez Michel Levy.
Une fois qu'on a ce livre en mains, on
ne le ferme pas facilement. Comment ne
pas citer ce fragment de conversation
avec M. de Rayneval, secrétaire de la
légation française à Saint-Pétersbourg. r
La conversation roulait sur la Révolution
française, sur tous les maux qu'elle a pro;
duits. Je lui dis « N'avez-vous .pas dit îovW
mellement à Dieu nous no voulons pas d ë
vous. Sortez de nos lois, de nos institutionsi
de notre éducation? Qu'a-t-il fait? Il s'est re?'
tiré et il vous a dit « Faites, » II en est rê*
suite ce que vous avez vu, notamment l'ai-<
mable règne de Robespierre. Votre révolution^
monsieur, n'est qu'un grand et terrible ser-
mon que la Providence a prêché aux hommes.
Il est en deux points Ce sont les abus qui
font les révolutions c'est le premier point et
il s'adresse aux souverains. Mois les abus
valent infiniment mieux que les révolutions.
C'est le deuxième point qui s'adresse aux
peuples. Vous voyez que dans ce monde tout
le monde a son lot.
Ministre d'un roi dépossédé, qui d'ail
leurs ne- l'aimait point et ne lui ,%éna^
geait aucune avanie, Joseph de Maistre
haïssait Bonaparte, a
Lorsqu'il dit: ma dynastie écrivait-il;,
on croit entendre un homme qui plante dé's
glands et qui dit: ma forêt.
Ses lettres sont pleines de jugements et
d'appréciations prophétiques sur l'empe-
reur comme de détails curieux sur la
période de l'influence napoléonienne en
Russie, alors que l'ambassadeur Cau«
laincourt donnait comme dessertda ns un
souper sept poires à trois cents frarîcs
pièce.
Citons, pour finir, le mot adorable
d'un jeune enfant, fils d'un conjuré es-
pagnol qu'on interrogeait sur le compte
de son père
Si je suis un imbécile, répondit l'enfant,
comment pouvez-vous croire que mon père
m'ait dit ses secrets ? Et si je ne suis pas lin
imbécile, comment pouvez-vous croire que je
les dise.
»% Un des inconvénients probable-
ment inévitable du parlementarisme,
c'est l'abus de la parole dans les assem-
blées délibérantes. La France en a beau.
coup souffert et, bien que l'Angleterre
n'est pas subi de dommages irréparables
par le fait de ces débordements d'élo-
quence, elle en comprend le danger. Le
Morning Post s'en est expliqué vivement
l'autre jour.
Un des principaux obstacles à la marcha
des affaires, c'est la somme énorme de temps
que font perdre les membres qui n'ont rien à
dire qui puisse ajouter quoi que ce soit aux
lumières de la Chambre, ou qui n'ont pas ac-»
quis l'art de le dire avec lucidité et concision.
Il n'est jamais entré, et sans doute il n'entrera
jamais dans l'esprit du corps électoral, quo
c'est là une qualité que tout membre du Par-
lement devrait posséder.
On pourrait sans peine citer des membres
dont les discours sont aussi inutiles que fas-
tidieux, aussi bien que d'autres qui, ayant
quelque chose à dire, ne se contentent pas de
le diro une fois, mais le répètent une demi.
douzaine de fois. Ceux-là sont les assom-
meurs (bores) de la chambre une classe
nombreuse. Généralement ils débutent par
annoncer qu'ils n'en ont que pour quelques
minutes; puis après qu'ils ont parlé pendant
une demi-heure, c'est avec effroi que la
Chambre leur entend dire- qu'ils n'ont plus
qu'une observation à faire avant de se ras-
seoir. Elle sait par expérience qu'il s'agit pour
-Oh! oh! se dit-il en voyant le dou-
ble mouvement qui s'était opéré sur les
indications de Robert Dachet et du ba.
ron Mittermann. Qu'est-ce que cela veut
dire? Robert Dachet verse un million
entre les mains du baron et celui-ci
semble ignorer ce versement Voilà qui
est bizarre, pour le moins Il réflé-
chit quelques minutes. Bah reprit-
il, je suis plus fort que ces gens-la, et
quand il me plaira de connaître leurs se..
crets cela me sera chose facile.
Il ferma le livre et sortit sans interro*
ger M. Neukickner, un peu surpris de
tous ces examens, qui n'étaient point
dans les habitudes de la maison.
Ce tut à ce moment que le garçon en*
voyé par Mittermann chez Mme Dachet,
revint avec la réponse de celle-ci.
Il suffit d'un coup d'œil au baron pour `
en prendre connaissance.
Ah s'écria-t-il, on se moque de
moi! Eh bien j'aurai le dernier mot! 1
Il écrivit à l'instant le Billet qui suit à
Robert Dachet
« M. Robert Dachet voudra bien se
dispenser, pour l'avenir, do se présent
ter chez le baron Mittermann. Le ba-»
ron Mittermann ose même espérer que
M. Robert Dachet comprendra que tou-
tes relations doivent cesser entre eux*
et que leur association est dissoute de
fait, en attendant qu'elle le soit de
droit. »
Le baron se trompait: le dernier mot
devait rester à son associé.
Dachet répondit
« Robert Dachet a l'honneur d'affîr*
mer à monsieur le baron Mittermann
qu'il ne peut être d'accord avec lui
que sur le point suivant, à savoir
que, dans un mois, monsieur le baron
Mittermann cessera de faire partie de
la maison de banque Mittermann,
J. Starke et compagnie. »
Le baron bondit sur son fauteuil en li.
sant cette audacieuse affirmation.
C'était la guerre!
De quel côté allait se tourner' la vie*
toire?
Pour Dachet, la question n'était pas
douteuse:il connaissait plusieurs moyens
de tuer moralement le baron Mittermann
et se Dromit bien de les mettre à exécui
tion dans le plus bref délai.
C'était dans ce but que nous l'avons
vu, au chapitre XVI interroger le con-*
cierge de l'hôtel J. Starke et se rendre,
ensuite chez Louis Copeau.
Armand Lapointe. T
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