Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-03-24
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 mars 1875 24 mars 1875
Description : 1875/03/24 (Numéro 83). 1875/03/24 (Numéro 83).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k275534j
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
22* Année 3* Série Numéro 83 1
ÇaîftiBiêio t 1S centimes.
Mercredi 24 Mars 1873
H. DE VILLEMESSANT
Inducteur en chef
FRANCIS MAGHARD
Secrétaire de la Rédaction
RÉDACTION
De midi à minuit, rue Drouot, 26
Les manuscrits ne sont pas rendus
BUREAUX
26, Rue Drouot, 26
En face du Dépôt de Porcelaines et Faïences anglaises.
y^r~7r^s. «Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte »
.•̃̃̃' ̃'̃L2l'^f\ de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. »< Beaumarchais.)
H. DE VILLEMESSANT
cldministrateur
A. GUIBERT
Contrôleur général char§f de la surveillance
[, ABONNEMENTS
Départements 3 mois I8fr.
Paris 3 mois lîîfr.
_t • Départements et Gares 20 centimes.
IES ANNONCES ET RÉCLAMES
SOTJT KEÇBES CHEZ MAT. DoillNGEN FILS ET ClV
Passage (les Princes, et à-l'Administration.
̃nmi–ii wni
SOMMAIRE
Sur LE nooLBVAnD Albert, gittctuà. Là grippe
et le Crédit Mobilier espagnol. La loi protec-
trice des ministères. Le bezigue chinois
Écnos DE PAms Le Masqua de Fer.
Encore M. Louis Vedillot Alfred d'Aunay.
LES Réfugiés DE LA COMMUNE A LONDRES.
Têléguamues ET CoRitBsroND anges Aug. il/arcade:
Mort de M. le comte de Jarnac. Mort de
M. Guiter, député.- Commencement d'in8endie
au Grand-Théâtre de Lyon.-La reine. Pomaré.
Pams AU JOUR LE JOUR F. M.
INFORMATIONS 6bons. Nouvelles d'Amédée Achard et de Xa-
vier Aubryet. Un medium de Bohême.
Le drame du bois de Boulogne. Comment
naissent à Paris les bruits d'assassinat.
Gazette des Tridçnabx Fernand de Rodays.
Affaire du Crédit mobilier. Les tribulations
de Mlle Speliers, du Gymnase. Affaire des
couvents de la rue Ficpus.
LA Bourse.
SPORT -.Robert Milton. -Les agences de la Société
des steeple-chases d'Aateuil. Tir aux pigeons
de Monaco.
LA SeiRÉE Théatbale Un Monsieur de l'orchestre.
Les Ingrats. »
Courrier DES Théâtres Gustave Lafargue.
FEUILLETON Edmond Arnous Rivière. Une
Méprise du cœur.
SUR LE BOULEVARD
LA GRIPPE ET LE CRÉDIT MOBILIER ESPA-
GNOL. LA LOI PROTECTRICE DES MINIS-
TÈRES^ LE BEZIGUE CHINOIS.
Ce n'est pas la République qui règne
en ce moment, à Paris c'est la
grippe. Cette maladie désagréable est
devenue une mode. On la porte comme
un chapeau à petits bords ou un cha-
peau surmonté d'un oiseau bleu. Ceux
qui se portent bien méritent le mépris
public; ceux qui sont malades sont
tenus de létrepar la grippe. Les goutteux
ont la grippe à l'orteil; on a une grippe
articulaire; on meurt de la rupture d'une
grippe au cœur. Ceux qui ont un com-
père loriot ont un compère-la-grippe.
On souffre d'une grippe à la tête ou
d'une grippe aux dents.
Si la grippe le cède à quelque chose,
c'est au Crédit mobilier Espagnol qui lui
dispute le sceptre du bon ton. Le Mo-
ler Espagnol est aussi une maladie
aiguë qui a des hauts et des bas et qui
sévit tous les jours de trois heures à
dix heures du soir sur le trottoir du
boulevard des Italiens. Elle a pour pro-
priété d'arrêter la circulation du sang
et du passant; elle s'attrape facilement
et les femmes y sont sujettes.
Dès cinq heures du soir, toute la chaus-
sée 4e la rue LePeletier est obstruée
par un certain nombre de coupés, dans
lesquels se blottissent quelques jeunes
agioteuses, atteintes d'un commence-
ment d'Espagnol-morbus. Leur mal se
traite au moyen d'une fiche d'agent de
change, sur laquelle elles tracent des
hiéroglyphes et qu'elles font passer à un
Alfred de la coulisse. L'étranger qui
vient étudier nos mœurs sur le boule-
vard s'arrête rêveur devant ces coupés où
s'encadre une jolie tête blonde ou brune,
causant avec un élégant cavalier.
Ils sont charmants dit l'étranger
ravi de ce spectacle printanier. Voici un
couple qui s'adore.
Il prête l'oreille et il entend proférer
ces mots cabalistiques « Ouest, Trans-
atlantique, Dollars, Suez. »
L'étranger frémit. `
Evidemment, se dit-il, voilà une
femme mariée qui, de concert avec son
fol amant, prépare son propre enlève-
ment. Ils meditent de prendre le chemin
de fer de l'Ouest, de s'embarquer au
Havre sur un bateau transatlintique et
d'aller manger à l'isthme de Suez les dol-
lars de l'adultère.
Personne ne détrompe ce naïf étranger
et ne lui apprend la triste vérité, à savoir
que les femmes les plus pures de chez
Bignon et les rosières les plus couronnées
de chez Peter's sont en proie au fléau du
Crédit mobilier Espagnol.
Qà'il oontinue, cet étranger candide,
mais entêté, qu'il courtise l'une de ces
folles manieuses d'argent; qu'il lui dise
dans un élan d'amour Parle, veux-tu
des diamants, des perles, des escarbou-
cles ? veux-tu mille flacons de ylang-
ylang ? veux-tu que jet'achète unmobilier
en acajou, en palissandre, en mosaïque?
-la femme lui répondra « Si ça vous est
égal, j'aimerais mieux qu'ilfûtespagnol.» x
Et si, l'amour aidant, il l'amène au
restaurant, si, après un dîner arrosé de
rœderer, l'étranger, mélomane comme
tous les étrangers, prie la chétive créa-
ture de lui faire entendre un air nouveau
sur le déplorable piano que l'on rencon-
tre dans tous les cabinets particuliers,
soyez sûrs qu'elle chantera d'une voix
fausse, en pensant toujours à son Mo-
bilier
II montera,
Il montera,
n montera tar il est Espagnol.
Encore cette fièvre de l'agiotage était-
elle moins intense quand la politique
vivait à Versailles; mais l'Assemblée
vient de s'enfuir d'un pas léger. Depuis
deux jours, en prêtant énormément
l'oreille, on entend du côté de l'Ouest
comme un immense rugissement de sa-
tisfaction. Ce sont les ministres qui sou-
pirent de soulagement; les voilà déli-
vrés pour deux mois et ils espèrent avoir
le temps de pénétrer dans leur. bureau
et de retourner le rond de cuir laissé sur
leur fauteuil par un prédécesseur tombé
à la fleur de l'âge.
Car c'est un spectacle bien triste de
voir combien les ministres sont des êtres
frêles et délicats. Comment n'a-t-on pas
encore songé à inventer quelque moyen
pratique de garantir les ministères, une
sorte de société d'assurances contre les
bris et les fêlures, une loi Grammont
protectrice des cabinets parlementaires?
On a bien émis quelques idées à ce
sujet, mais elles soulèvent certaines dif-
ficultés de détail, jusqu'ici insolubles.
La première idée consisterait à enfer-
mer les ministres 2~` e~àxapac é·
Imer les ministres daks uie.câiapacemé-
rissée de broussailles aX%ew#*Hfeons
de bouteilles, avec ceb-écttteffQ com-
minatoire « Qui s'y frotte s'y pique. »
La seconde idée est plus simple. Il
faudrait choisir pour ministres des poi-
trinaires arrivés au dernier période ou
des hommes d'Etat affligés d'une hyper-
trophié du cœur. Quand on les asticote-
rait, ils monteraient à la tribune, vi-
deraient avec effort, au lieu (fti verre
d'eau traditionnel, un loch à la codéine
et tiendraient ce langage destiné à
attendrir les boas les plus affamés
Messieurs, si cet amendement est
adopté, je sens que je vais cracher le
sang.
Ou bien
Les paroles de l'honorable M. Mar.
cou me brisent le cœur. Il bat à me rom-
pre la poitrine. Je demande un ordre du
jour motivé à la digitale.
Quand l'hiver viendrait, on serrerait
les ministres dans une orangerie ou bien
on les enverrait à Nice, francs de port,
dans une caisse bien close, avec cette
mention Fragile et, pour qu'on ne les
mît pas sens dessus dessous (autre ma-
nière de les renverser); ces deux autres
termes de messageries Haut, Bas.
Le troisième moyen est le moins com-
pliqué. Vous enfermez les portefeuilles
avec les lions de Bidel, dans la même
cage, et vous dites aux ambitieux « Al-
lez les prendre. » Je ne vois guère que
Mlle Ghinassi qui pourrait être ministre
de l'instruction publique.
Et ce n'est pa~. une petite affaire que
d'être ministre de l'instruetion publique.
Demandez plutôt à M. Wallon, qui est
justement en conflit avec le recteur de
l l'académie de Paris. M. Wallon a dé-
creté que les vacances des c'olléges com-
menceraient le jeudi saint mais, comme
Bobinet de la Vie parisienne avec la pen-
dule, il a rencontré une petite résistance
chez le recteur. Celui-ci ne veut pas que
les écoliers s'en aillent avant le diman-
che de Pâques.
De là grande lutte universitaire, qui
ne peut se terminer que par un grave
échec pour la dignité de l'un ou de l'au-
tre des deux champions.
Un inspecteur d'académie a trouvé le
moyen de tout concilier. Pour complaire
au ministre, les écoliers sortiront jeudi,
mais pour satisfaire le recteur, ils seront
accompagnés par leurs professeurs qui,
pendant deux jours, iront leur donner
des leçons à domicile.
Les pensums seront infligés chez les
parents: L'élève Barbanehu, diront
les professeurs, n'ayant pas su sa leçon
d'histoire, conjuguera dix-huit fois" le
verbe « Je dîne chez ma mère. »
Les élèves de huitième, pendant ces
deux jours douteux, pourront être pri-
vés de sortie avec leur bonne. La bonne
sortira seule.
Les malheureux écoliers en seront
quittes pour apprendre à jouer au be-
zigue chinois qui devient de plus en
.plus à la mode. On le joue partout
et avec une fureur qui menace l'a-
venir des générations présentes. On
se demande ce qu'il peut y avoir de si
attrayant dans ce jeu, né chez un con-
cierge évidemment paralysé et con-
damné à l'abrutissemefit du foyer? Par
quelle combinaison diabolique le be-
zigue est-il monté de la loge au salon
et du salon aux clubs le.s plus élégants
et les plus abracadabrants?
Il n'est question à Paris que des rava-
ges du bezigue chinois et l'on se conte
avec effroi la terrible légende d'un nro-
fesseur au collége de France et d'un
marchand de toiles en gros, qui ont com-
mencé, samedi soir dernier, à leur cer-
cle, la plus terrible des parties de be-
zigue chinois.
Ils se sont mis à table à cinq heures,
revêtus du frac et de la cravate blanche
des soirées. A minuit, ils avaient oubiié
qu'ils étaient attendus au bal par leurs
femmes impatientes. Le premier avait-
sept cent mille huit cents points; le se-
cond n'en avait que quatorze. La partie
a duré toute la nuit; peu à peu les au-
tres joueurs s'en allèrent A six heures
du matin, il ne restait plus, toujours à
leur table, que le professeur et le mar-
chand de toiles en gros. Autour d'eux,
les garçons du cercle faisaient le mé-
nage les deux athlètes fuyaient devant
le balai des domestiques, et à mesure
que le balai avançait, ils reculaient de
pièce en pièce.
A dix heures, le marchand de toiles
était rubiconné dans la cuisine. A onze
heures, le professeur, qui est très dévot,
se rappela qu'il devait aller à la messe
il ôta sa cravate blanche, emprunta une
cravate noire à un garçon et s'en alla
prier. Ses dévotions faites, il vint re-
prendre son bézigue.
Cela dura tout le jour et toute la nuit
du dimanche. Ils mangeaient chacun
à son tour tandis que l'autre mêlait et
donnait les cartes. Hier, à deux heures,
le premier bezigueur avait deux millions
six cent vingt-cinq mille trente-sept
points; l'autre en avait dix-huit. Tout à
coup, le professeur, qui gagnait du
reste, se rappela qu'il avait un cours
à faire au* collége de France. Il ôta sa
cravate noire et reprit sa cravate blan-
che, devenue loque. On m'amrme qu'à
six heures du soir, les deux joueurs re-
prenaient leur exercice et qu'ils y sont
encore.
Au demeurant cette folie n'est pas
plus étrange que le délire oifenbachique
qui vient d'envahir les ouvriers typo-
graphes, à la suite de la représentation
que leur a offerte le directeur de la
Gaité.
Depuis dimanche, les imprimeurs
n'ont plus la tête à eux, et, en compo-
sant la copie ils ne peuvent détacher
leur pensée des décors, des ballets et
surtout des danseuses qui les ont fas-
cinés.
C'est ce qui explique les fantaisies de
certaines informations qu'on découvre
dans les journaux lés plus sérieux. Les
ouvriers, préoccupés de Geneviève de Bra-
bant, impriment des dépêches de l'agence
Thérésa; ils nous disent que Mlle Perret
va être nommée préfet, et que M. Chris- i
tian a été appelé par le shah de Persé
pour constituer un ministère dans la =
République d'Armide.
Ah qu'il est beau,
Ah 1 qu'il est beau d'êtr'typographe,
Mais que c'est un sort exigeant! I
Albert MiUaud.
Echos de Paris
Hier matin, à dix heures^ le président
de la République a reçu a l'Elysée M.
Caro; selon l'usage, le nouvel académi-
cien a été présenté par le directeur de
l'Académie.
Voici la liste des quinze jurés du Salon
de peinture, tels qu'ils résultent à la
fois de l'élection et du tirage au sort:
Gérôme (131 voix), Vollon (135), Le-
loir, Meissonier, Fromentin, Amaury-
Duval, J..P. Laurens, de Neuville, Lu-
minais, Jules Dupré, CarolusDuran, Ca-
banel (124), Protais, J. Lefobvre, Henri
Lévy.
L'hôtel Drouot était hier plein d'une
foule inaccoutumée, qui ressemblait
presque au Tout-Paris de l'ouverture du
Salon.
Cette émotion était provoquée par une
exposition et vente de tableaux qu'orga-
nise la nouvelle école des peintres qui
s'intitulent impressionnistes et même ira-
mrnce~n»mnliefne
r"u "w~
Nommons les martyrs, qui peuvent
être des héros ce soir ce sant Mlle
Berthe Morizot, MM. Renoir, Monet et
Sisley.
Tous ces tableaux nous ont un peu fait
l'effet d'une peinture qu'on doit regarder
à quinze pas en fermant les yeux à moi-
tié, et il est certain qu'il faut avoir un
appartement très grand pour pouvoir y
lo'ger ces toiles, si l'on veut en jouir
même par l'imagination. C'est en couleur
ce que sont en musique certaines rêve-
ries de Wagner. L'impression que pro-
curent les impressionnistes est celle d'un
chat qui se promènerait sur le clavier
d'un piano, ou d'un singe qui se serait
emparé d'une boîte à couleurs.
Cependant, il y a peut-être là une
bonne affaire pour ceux qui spéculent
sur l'art de l'avenir.
Le Figaro n'a pas la prétention de
dresser la liste des décorations méritées,
mais il sait qu'il peut signaler des ou-
blis excusables, en raison de la discré-
tion et de la réserve de certains hommes
de talent.
On vient de commettre ùn acte de jus-
tice en décorant le dessinateur Bertàll.
Mais on a oublié Cham qui, depuis vingt
ans, égaie dix millions de Français au
moins avec son crayon et sa plume,
Cham qui a le don rare de faire rire
sans blesser personne et qui, dans la
foule de ses lecteurs, ne compte que
des admirateurs et des amis.
En réclamant un ruban rouge pour la
boutonnière de Cham, nous sommes
certains d'être les interprètes de tous
ceux qui tiennent une plume ou un-pin-
ceau.
I A,4.1"
tlvm u.un uvumauca.
Il n'est que temps de visiter Rome tout
de suite; non-seulement le grand Gari-
baldi, ennemi de toute routine, veut
changer le cours du Tibre et le faire pas-
ser sur les sept collines, mais voilà que
le baron Haussmann est appelé dans la
ville éternelle pour y introduire quelques
améliorations.
Nos reporters ont découvert dans ses
bagages une forte.pioche, ce qui est on
ne peut plus inquiétant.
'Pressez-vous donc, retardataires. car
vous courez grand risque de trouver
bientôt Rome sans Tibre, sans ruines et
sans monuments.
Il paraîtrait que le projet du grand pré-
fet et grand abatteur est de prolonger la
rue Tiquetonne jusqu'à la voie Appienne
et de faire aboutir la rue Quincampoix au
Forum en culbutant le Colisée, le Tem-
pie d'Antonin etFaustine et l'arc de Sep-
time Sévère. Vous voyez cela d'ici I
Sous toutes réserves.
D'après une vieille tradition de nos
campagnes, le 22 mars est une date so-
lennelle. C'est, disent les paysans, le
jour où les oiseaux se marient. 11 y a
quantité d'épithalames dans l'air ̃ J.1 y
a chants et festins dans les branches
verdoyantes.
Le 22 mars de chaque année, le char-
meur d'oiseaux du jardin des Tuileries
n'attendaitjamais ses amis les moineaux;
il se promenait comme un homme qui
profite d'un congé, et quand on lui'de-
mandait où étaient ses moineaux char-
més
-Ils sont de noce répondait-il avec
un doux sourire.
Nos lecteurs savent à quelles hausses
formidables se sont élevées certaines va-
leurs à la Bourse.
Il est un spéculateur fort brun et très
connu que nous ne voulons pas nom-
mer et qui avait engagé des sommes
incalculables sur des fonds étrangers,
convaincu de la haussa prochaine.
Malheureusement la hausse ne se pro-
duisait pas. `
Le premier jour notre homme n'était
que triste.
Le second jour il avait la mine d'un
malade, il ne mangeait plus, il ne dor-
mait plus, ne se couchait plus et passait
la nuit tout habillé; il ne se faisait plus
raser, il avait tout à fait renoncé à plaire.
Le troisième jour il avait des cheveux
blancs.
Le quatrième jour (la Bourse bais? ait
toujours) il avait la barbe blanche.
Le ciaguième jour la Bourse monta.
Le sixième our ses cheveux et sa barbe
étaient redevenus d'ébène!
Mystère et teinture
Un jeune Péruvien entrait hier chez
une actrice, au moment où un étranger,
couvert d'un bonnet d'astrakan, en
sortait.
Quel est ce monsieur ? demande le
Péruvien.
Au fait, vous devez le connaître, car
il est de votre pays.
Et il se nomme?
Oh je ne peux jamais me rappeler
son nom; mais voici sa carte.
Mais ce nom est un nom persan.
-–Eh bien ? P
Vous me disiez qu'il était de mon
pays.
Eh bien, la Perse, le Pérou, c'est si
loin. tout ça se touche!
LE MASQUE DE FER.
«
ENCORE M. LOUIS VEUILLOT
M. Veuilfot n'est pas content. Cette
polémique le déconcerte, car il n'est pas
habitué à trouver des adversaires aussi
persistants. Il lui serait pourtant si fa-
cile de s'arrêter dans cette voie et de se
taire. Mais il nous a déclaré la guerre et
ne veut pas quitter le terrain.
Eh bien! soit. Nous acceptons le com-
bat, et nous ne lui céderons en rien. Il
sortira de cette lutte absolument ridi-
cule. Déjà, sur un mot qu'il n'a pu rele-
ver, nos confrères en grand nombre
l'ont proclamé le roi des goinfres. Que
serait-ce donc si nous cessions de le mé-
nager ?
~éf:lf
Dans Y Univers d'hier, M. Veuillot fait
comme les avooats dont les causes sont
évidemment mauvaises. Il avoue toutes
les suppressions qu'il a faites au mani-
feste de Cabrera, mais iljrplaide les cir-
constances atténuantes. Voici le passage
culminant de sa défense
Sans doute la traduction n'est pas parfaite.
Le traducteur travafllait sous nos yeux, et
nous le pressions d'abréger: 1° parce que
nous conservions la pièce et que nous avions
tout le temps d'y revenir 2° parce que nous
donnions plus qu'une analyse exacte et com-
plète. Qu'importaient les phrases où M. Ca-
brera exalte la pureté religieuse et patrioti-
que de ses motifs ?
L'aveu est complet. Mais M. Veuillot
dit qu'il avait tout le temps d'y revenir.
Y est-il jamais revenu?. Non.
Mais M. Veuillot dit qu'il importait
peu de connaître la religion et le patrio-
tisme de 'Cabrera. Pourquoi donc cela
importait-il peu?. A qui M. Veuillot
fera-t-il croire qu'un chef de parti, s'a-
dressant à des Espagnols catholiques et
patriotes, n'a pas à leur faire savoir
qu'il est aussi catholique et patriote?
Plus loin, dans sa défense, M. Veuil-
lot dit encore qu'il ne destinait pas sa
traduction aux Espagnols. Quel besoin
avait-il donc d'arriver si vite, si ce n'é-
tait pour faire parvenir sa traduction
f alsifiée au quartier général de don Car-,
• los, où, du reste, on s'est empressé d'en
faire usase ?
*iif~
Vous voyez ce que pèsent les argu-
ments de M. Veuillot. Il y ajoute quel-
ques nouveaux mensonges.Il dit notam-
ment ceci
On nous avait dit que le ballot serait expé-
dié le lendemain, peut-être le soir même, et
il nous plaisait de devancer l'expédition.
Qui vous a dit cela, monsieur Veuil-
lot ? Pourquoi ne nommez-vous pas ce
personnage mystérieux? M. Chaix dé-
clare qu'il n'a été fait aucun tirage de la
proclamation, et vous parlez d'un ballot
prêt à partir. M. Chaix a donc fait, selon
vous, une fausse déclaration. Il a donc
imprimé ce document, et par conséquent
s'est mis en contravention avec les lois
sur la presse, puisqu'il déclare le con-
traire. Voilà ce que vous insinuez, ca-
lomnieux dénonciateur. Et que devien-
driez-vous si demain M. Chaix vous fai-
sait un bon procès, ce dont nous serions
enchanté, du reste 1
:/t:iif~
M. Veuillot déraille complètement. Il
ne sait plus ce qu'il dit, ni.où il va. Dans
sa réponse, il parle aussi de nos 4,200
abonnés ecclésiastiques, oubliant tou-
jours que M. de Villemessant a offert de
les lui céder s'il consent à leur servir
Y Univers au prix réduit du Figaro. Ce
pauvre homme a complétement perdu
la tête. Il en arrive à ne pas voir jus-
qu'à quel point nous le ménageons. Mais
toute patience a des limites, et il est
grand temps qu'il s'arrête. Je l'en pré-
viens charitablement.
Alfred d'Aunay.
P. S. Aux vieux de V Union. Les
très vieux rédacteurs de Y Union ne nous
pardonneront jamais de leur avoir dit
que, sans leur obstination, Mgr le comte
de Chamkord serait aujourd'hui sur le
trône de France.Ces excessivement vieux
folliculaires se font les avocats d'office
de Y Univers ) qui semble du reste avoir
besoin de ce renfort. Ils disent aujour-
d'hui que c'est « Y habitude ordinaire du
» Figaro de ne donner des pièces les
» plusgraves que des extraits souvent
•» tronqués. »
Quand donc ces vieillards cacochymes
ont-ils vu cela? Nous les mettrions vo-
lontiers au défi de nous citer une seule
circonstance de ce genre. Mais à quoi
bon prendre ce soin avec des bonshom-
mes qui en arrivent à écrire habitude or-
dinaire. Quand on en est à ce français-là,
on n'est pas dangereux.
A.d'A.
~-M"
RÉFUGIÉS DE LA COMMUNE A IMDRES
Il paraît que malgré la scission qui
s'est produite dans le camp des commu-
nards à Londres, ils n'ont pas renoncé
à leur penchant pour les festins où le
veau et la salade, ces mets si chers aux
démoc-socs, se noient dans des flots de
petit bleu. Aussi, pour célébrer le glo-
rieux 18 mars, un groupe de ces ci-
toyens, présidé par l'ex-rédaoteur en
chef de l'ex-Officiel de l'ex-Commune, a
banqueté dans un cabaret borgne de
Rath bone Place. On peut juger par les
discours qui suivent, fidèlement repro-
duits d'après le compte rendu que nous
avons pu nous procurer, qu'il ne fera
pas bon pour les infâmes réactionnaires
le jour où la Commune triomphante ren-
trera dans sa bonne ville de Paris. Voici
enfin le procès-verbal de cette fête so-
lennelle qui comptera, selon ceux qui
l'ont patronnée, dans les annales de la
Révolution, toujours en permanence.
La réunion,assez nombreuse, était pré-
sidée par le citoyen Longuet, membre
de la Commune, ex-rédacteur de YOf-
ficiel. L'honorable citoyen s'est un peu
défendu de l'honneur qu'on lui attri-
buait et s'est borné à prononcer quel-
ques paroles de circonstance. Il appuie
principalement sur la politique actuelle
du gouvernement français, laquelle n'a
changé ni dans le but, ni dans le fond,
laquelle n'a fait qu'osciller entre les
prétentions bonapartistes et orléanistes
BOlir r.rfiftr nnfi T"ArmhlirmA sans rp.rmhli-
JJUUi \jk. \j\jx. U.1.1U X V^kJ UU11UUU OtAULO 1. WUUW11.
cains. Mais il ajoute que si l'avenir ré-
serve aux républisains une défaite nou-
velle, ils ne sont pas- trop éloignés d'un
triomphe assuré.
Le citoyen Adolphe Hubert se borne à
une simple observation « Oui, dit-il,je
pense comme le citoyen Longuet nous
serons peut-être vaincus à plusieurs éta-
pes encore avant d'atteindre le but de
notre programme; mais nous avons un
moyen infaillible de rapprocher notre
triomphe: c'est de désigner désormais,
aux finances surtout et aussi à la -police
générale, des hommes d'une trempe ré-
volutionnaire. »
Le citoyen Ranvier, pressé instam-
ment de prendre la parole, a repris avec
une logique serrée, f itale, tous les évé-
nements qui ont amené le 4 septembre,
le 22 janvier et le 18 mars; les conflits
entre tous les pouvoirs du dernier Em-
pire et, avec la conviction sincère de
l'homme du devoir qui a tout vu et tout
su, il a fait l'apologie nécessaire et in-
discutable de la Commune de Paris, qui
a réveillé la haine de l'oppression mili-
taire et aussi celle de l'étranger.
Entre autres arguments fort applaudis
par les assistants, le citoyen Ranvier a
démontré que la provocation la plus cy-
nique faite par les généraux, agents de e
Bordeaux, a été la tentative d'enlève-
ment des canons pour les braquer sur le
peuple,, d'abord, et les livrer, ensuite aux
Prussiens après avoir, toutefois, enlevé
les fusils du droit, car alors plus de solde
et un peuple affamé facile a mitrailler.
Il continue: « Deux généraux furent exé-
cutés le 18 mars; l'un, Clément Thomas,
complice des journées de juin, condamne
par laj ustice du peuple; l'autre, Lecomte,
arrêté par ses propres soldats, au mo-
ment où il ordonnait de tirer sur une
foule inoffensive,. et' exécuté par eux. »
Le citoyen Lissagaray, 'également in-
vité à prendre la parole, a pris pour
thème le programme révolutionnaire
« Nos détracteurs, a-t-il dit, nous ca-
lomnient en vain, car nous leur oppose-
rons toujours derrière nos poitrines ex-
posées à la mitraille des assassins du
droit un programme de justice et de vé-
rité », qu'il développe « le peuple qui
prend la Bastille, accouche de la Révo-
lution, balaye la royauté, extirpe les Gi-
rondins, se laisse surprendre par Ro-
bespierre, se réveille en prairial puis
s'endort vingt années pour ne se réveil-
ler qu'en présence des alliés, ressuscite
en 1830; mais, aussitôt enlacé, remplit
de ses gémissements les premières an-
nées du règne de Louis-Philippe en
1848, serre trois jours à la gorge la Ré-
publique infidèle; s'endort de nouveau
vingt ans pour rajeunir en 1867 et écla-
ter en 1870 comme la foudre qui appar-
tient à la constance du peuple.
Les conclusions du citoyen Lissagaray
ont amené une véritable manifestation
approbative.
Après minuit on s'est séparé au cri
unanime de Vive la Commune!
»
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
Londres, 22 mars, soir. Le comte
de Jarnac est mort ce soir à six heures.
Le prince do Galles est parti ce soir pour
Paris.
Versailles, 23 mars, 8 h. soir. M.
Guiter, député des Pyrénées-Orientales, mem-
bre de la gauche républicaine, est mort au-
jourd'hui.
Cette mort porte à quatorze le nombre
des sièges vacants à l'Assemblée.
LYON, 23 mars, 10 h. 3 min. matin.
Hier soir, commencement d'incendie au
Grand-Théâtre. 40,000 fr. de dégâts environ.
Salle et scène préservées. Les représentations
seront reprises samedi.
Toulon, 19 mars. (A bord- du Finis-
tère.). J'ai éprouvé un vif plaisir en trou-
vant dans le Figaro d'hier un souvenir pour
la reine Pomaré, à laquelle je croyais bien que
personne ne songeait plus en France.
Vous avez dit de la reine de Tahiti qu'elle
s'était donné le luxe d'un divorce avec son
premier mari. Ne croyez pas qu'elle ait obéi
en cela à un simple caprice. La raison d'Etat
seule l'a poussée à la séparation; elle n'avait
pas d'enfants du prince Tamatou, son ma*- i
voilà la cause. Il en a été tout autrement avec
le second époux, le prince Arii-Faaité.
Le prince Tamatou accepta en philosophe
son remplacement. Il retourna vivre dans
son petit royaume de Raïatea l'une des îles
de l'archipel de la Société et ne garda pas
rancune a son infidèle. Il adopta même un
de ses enfants, nommé T^mato^ eommo lui;
et je crois même qaè c'est iui ^ui-rëgne mf-
jourd'hui à Raîatea.
Les quelques lignes que vous avez consa-1
crées a Tahiti m'ont rappelé les cinq plus
belles années de ma carrière maritime.
Une mer toujours bleue, le ciel toujours
pur, les collines toujours vertes, un prin-
temps éternel, voilà ce qui a fait surnommer
cette île, « la perle de l'Océanie ».
S.urrr-S~avnx, 22 mars. Hier, di-
manche, érection sur la place Bouvais d'une
croix et d'un crucifix en granit, dus au ci-
seau de M. Y. Hernot, de Lannion, sculp-
teur qui s'est fait souvent remarquer aux ex-
positions de Paris.
400 hommes, divisés en 9 sections de 40
hommes chacune, commandées par 4 chefs,
étaient chargés de ce transport qui ne re-
présentait pas moins de 1 ,000 kilogrammes.
Le cortège comptait 10,000 personnes, ayant
des rameaux à la main les rues étaient jon-
chées do feuillages, de fleurs et ornées d'arcs
de triomphe. Parmi' les notabilités, se trou-
vaient M. Chevremont,mairedeSaint-Servan,
et lo premier adjoint, M. Huet, et le conseil
municipal; M. Hernot. i
Le brave général de Sormis, empêché par
ses glorieuses infirmités, s'était fait représen-
ter par son chef d'état-major plusieurs offi-
ciers dij, 47" de ligne étaient venus spontané-
ment. Une salve d'artillerie a été tirée au
'moment de la pose de la croix sur le piédestal
qui était tout préparé.
Un beau soleil éclairait cette cérémonie
grandiose.
–•Algeh, 18mars.– Les sauterelles .vien-
nent de faire leur apparition dans le cercle de
Biskra, et les pluies les ont surprise! et ar-
rêtées", aux environs de cette ville. Les indigè-
nes, dans la journée du 4 courant, en ont dé-
truit 1,200 decalitr.es environ; mais si une élé-
vation de température ne leur permet pas de
reprendre leur vol, les cultures déjà endom-
magées auront beailROiin à souffrir
.b' "v.u,u .lJv,uvvup OVUl11-1r.. ·
Une circulaire adressée aux préfets et aux
généraux ordonne de tenir exactement le
gouverneur général au courant de la mar-
che du fléau. Les mesures les plus énergi-
ques devront être employées pour recueillir,
les œufs avant l'éclosion partout où les vols
s'abattront et détruire les criquets.
«~- Berlin, 23mars.-Le prince Alexan-
dre, second fils du roi Guillaume III de Hol-
lande, qui est en ce moment ici, sera prochai-
nement fiancé, dit-on, à la princesse Marie,
fille aînée du prince Frédéric-Charles.
Le prince Alexandre est âgé de vingt-quatre
ans.
Il n'y a pas eu de parade militaire, hier,
lundi, à cause de la santé de l'empereur et de
la rigueur de la température la neige couvre
la terre.
Le prince de Hohenlohe retournera à Pa-
ris le 31 courant.
M. de Bismarck a décliné l'honneur qu'il
était question do lui faire en le nommant duc
de Lauenbourg. Mais on croit que l'empereur
lui conférera bientôt le titre d'altesse.
MuKich, 23 mars. Le roi Louis de
Bavière devait faire jeudi dernier sa pre-
mière promenade eu voiture, après cinq se--
mâines de maladie. Mais au moment de sor-;
tir il a été pris d'un malaise subit, et les
médecins ont été obligés de lui faire à la
gorge des injections d'alun.
Le roi a envoyé par le télégraphe ses cor-
diales félicitations à l'empereur d'Allemagne,
à l'occasion do l'anniversaire de sa nais-
sance.
*» Vienne, 23 mars. La santé de l'ex-
empereur Ferdinand s'améliore tous les jours.
Il est âgé de quatre-vingt-deux ans.
Auguste Marcade.
»
PARIS AU JOUR IBJOÏR
M. John Lemoinne a publié un remar-
.1. .J. 1- T'h_- __1 _7_- 7\11
.quame arucie aans le journal aes ueoats
un article de candidat à l'Académie.
Il s'agit de cette lutte entre le pouvoir
ecclésiastique et le pouvoir civil, repré-
sentés à 'Rome par Pie IX, à Berlin par
M. de Bismark, et sur laquelle l'Europe
fixe des yeux attentifs, sachant qu'une
conflagration universelle peut sortir de
cette lutte religieuse. Selon M. Lemoinne,
la récente nomination des cinq cardi-
naux choisis par le Saint-Père a une si-
gnification très grave
II est impossible d'envisager sans appréhen-
sion les suites et l'étendue de la lutte au-
jourd'hui engagée; il est impossible aussi de
ne pas admirer l'invincible résolution que
montre le. vieux Pontife qui seul a vu plus
que les années de saint Pierre, et de ne pas
se découvrir devant cette grande et intrépide
majesté.
On sait en effet que l'un des cardinaux
nommés, Mgr Ledochow.ski, est encore
entre les mains du gouvernement prusj
sien; que Mgr Dechamps, l'archevêque
de Malines, est une des plus grandes in-
dividualités de ce qu'on appelle le parti
ultramontain, et qu'enfin Mgr Manning-
est le premier cardinal purement an-
.glais depuis la Réformation. Mgr Wise-
man était d'origine irlandaise comme
Mgr Culien, archevêque de Dublin.
Mgr Manning était au séminaire an- ̃'
glais de Rome quand on lui apporta sa
nomination. Tous les catholiques an-
glais résidant dans la ville éternelle l'en-
tourèrent et il leur adressa la courte et
énergique allocution que publie le Jour-
nal des Débats:
« Je vous remercie tous pour votre pré-
sence en ce jour. C'est un signe de votre bonne
volonté envers moi et de votre dévotion en-
vers le Saint-Père. Je vous en remercie du
fond de mon cœur. Je n'affecterai point d'en-
visager légèrement la grande dignité qui
m'est conférée sans aucun mérite de ma part.
C'est véritablement un honneur que d'être
associé au conseil sacré qui entoure le vicaire
do Notre-Seigneur et de partager sa bonne et
sa mauvaise fortune. En vérité, j'aime mieux
que cette dignité m'incombe dans le danger
que dans la sécurité. C'est, pour ainsi dirg,
être envoyé à une bataille désespérée elle ne
l'est qn'aux yeux du monde, elle est sûre de
la victoire un jour. »
Voilà bien, continue M. John Lemoinne, le
langage résolu, pénétrant, ému d'un homme
qui se ceint les reins pour le combat. Que
l'on rapproche cette scène, et la scène solen-
nelle du Vatican, dé cette autre scène du
Parlement de Berlin, où un professeur vient
dénoncer une brochure dans laquelle un em-
pereur romain, tombé en enfance, est l'instru-
ment et le jouet de son ministre, Mark Tré-
bonius, lequel finit lui-même au fond d'une
mare; et pendant que le professeur répète
toujours le nom de Mark, Mark, .voici M. do
Bis– marck qui fait son entrée, non préparée,
avec un éclat de rire que partage naturelle-
ÇaîftiBiêio t 1S centimes.
Mercredi 24 Mars 1873
H. DE VILLEMESSANT
Inducteur en chef
FRANCIS MAGHARD
Secrétaire de la Rédaction
RÉDACTION
De midi à minuit, rue Drouot, 26
Les manuscrits ne sont pas rendus
BUREAUX
26, Rue Drouot, 26
En face du Dépôt de Porcelaines et Faïences anglaises.
y^r~7r^s. «Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte »
.•̃̃̃' ̃'̃L2l'^f\ de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. »< Beaumarchais.)
H. DE VILLEMESSANT
cldministrateur
A. GUIBERT
Contrôleur général char§f de la surveillance
[, ABONNEMENTS
Départements 3 mois I8fr.
Paris 3 mois lîîfr.
_t • Départements et Gares 20 centimes.
IES ANNONCES ET RÉCLAMES
SOTJT KEÇBES CHEZ MAT. DoillNGEN FILS ET ClV
Passage (les Princes, et à-l'Administration.
̃nmi–ii wni
SOMMAIRE
Sur LE nooLBVAnD Albert, gittctuà. Là grippe
et le Crédit Mobilier espagnol. La loi protec-
trice des ministères. Le bezigue chinois
Écnos DE PAms Le Masqua de Fer.
Encore M. Louis Vedillot Alfred d'Aunay.
LES Réfugiés DE LA COMMUNE A LONDRES.
Têléguamues ET CoRitBsroND anges Aug. il/arcade:
Mort de M. le comte de Jarnac. Mort de
M. Guiter, député.- Commencement d'in8endie
au Grand-Théâtre de Lyon.-La reine. Pomaré.
Pams AU JOUR LE JOUR F. M.
INFORMATIONS 6
vier Aubryet. Un medium de Bohême.
Le drame du bois de Boulogne. Comment
naissent à Paris les bruits d'assassinat.
Gazette des Tridçnabx Fernand de Rodays.
Affaire du Crédit mobilier. Les tribulations
de Mlle Speliers, du Gymnase. Affaire des
couvents de la rue Ficpus.
LA Bourse.
SPORT -.Robert Milton. -Les agences de la Société
des steeple-chases d'Aateuil. Tir aux pigeons
de Monaco.
LA SeiRÉE Théatbale Un Monsieur de l'orchestre.
Les Ingrats. »
Courrier DES Théâtres Gustave Lafargue.
FEUILLETON Edmond Arnous Rivière. Une
Méprise du cœur.
SUR LE BOULEVARD
LA GRIPPE ET LE CRÉDIT MOBILIER ESPA-
GNOL. LA LOI PROTECTRICE DES MINIS-
TÈRES^ LE BEZIGUE CHINOIS.
Ce n'est pas la République qui règne
en ce moment, à Paris c'est la
grippe. Cette maladie désagréable est
devenue une mode. On la porte comme
un chapeau à petits bords ou un cha-
peau surmonté d'un oiseau bleu. Ceux
qui se portent bien méritent le mépris
public; ceux qui sont malades sont
tenus de létrepar la grippe. Les goutteux
ont la grippe à l'orteil; on a une grippe
articulaire; on meurt de la rupture d'une
grippe au cœur. Ceux qui ont un com-
père loriot ont un compère-la-grippe.
On souffre d'une grippe à la tête ou
d'une grippe aux dents.
Si la grippe le cède à quelque chose,
c'est au Crédit mobilier Espagnol qui lui
dispute le sceptre du bon ton. Le Mo-
ler Espagnol est aussi une maladie
aiguë qui a des hauts et des bas et qui
sévit tous les jours de trois heures à
dix heures du soir sur le trottoir du
boulevard des Italiens. Elle a pour pro-
priété d'arrêter la circulation du sang
et du passant; elle s'attrape facilement
et les femmes y sont sujettes.
Dès cinq heures du soir, toute la chaus-
sée 4e la rue LePeletier est obstruée
par un certain nombre de coupés, dans
lesquels se blottissent quelques jeunes
agioteuses, atteintes d'un commence-
ment d'Espagnol-morbus. Leur mal se
traite au moyen d'une fiche d'agent de
change, sur laquelle elles tracent des
hiéroglyphes et qu'elles font passer à un
Alfred de la coulisse. L'étranger qui
vient étudier nos mœurs sur le boule-
vard s'arrête rêveur devant ces coupés où
s'encadre une jolie tête blonde ou brune,
causant avec un élégant cavalier.
Ils sont charmants dit l'étranger
ravi de ce spectacle printanier. Voici un
couple qui s'adore.
Il prête l'oreille et il entend proférer
ces mots cabalistiques « Ouest, Trans-
atlantique, Dollars, Suez. »
L'étranger frémit. `
Evidemment, se dit-il, voilà une
femme mariée qui, de concert avec son
fol amant, prépare son propre enlève-
ment. Ils meditent de prendre le chemin
de fer de l'Ouest, de s'embarquer au
Havre sur un bateau transatlintique et
d'aller manger à l'isthme de Suez les dol-
lars de l'adultère.
Personne ne détrompe ce naïf étranger
et ne lui apprend la triste vérité, à savoir
que les femmes les plus pures de chez
Bignon et les rosières les plus couronnées
de chez Peter's sont en proie au fléau du
Crédit mobilier Espagnol.
Qà'il oontinue, cet étranger candide,
mais entêté, qu'il courtise l'une de ces
folles manieuses d'argent; qu'il lui dise
dans un élan d'amour Parle, veux-tu
des diamants, des perles, des escarbou-
cles ? veux-tu mille flacons de ylang-
ylang ? veux-tu que jet'achète unmobilier
en acajou, en palissandre, en mosaïque?
-la femme lui répondra « Si ça vous est
égal, j'aimerais mieux qu'ilfûtespagnol.» x
Et si, l'amour aidant, il l'amène au
restaurant, si, après un dîner arrosé de
rœderer, l'étranger, mélomane comme
tous les étrangers, prie la chétive créa-
ture de lui faire entendre un air nouveau
sur le déplorable piano que l'on rencon-
tre dans tous les cabinets particuliers,
soyez sûrs qu'elle chantera d'une voix
fausse, en pensant toujours à son Mo-
bilier
II montera,
Il montera,
n montera tar il est Espagnol.
Encore cette fièvre de l'agiotage était-
elle moins intense quand la politique
vivait à Versailles; mais l'Assemblée
vient de s'enfuir d'un pas léger. Depuis
deux jours, en prêtant énormément
l'oreille, on entend du côté de l'Ouest
comme un immense rugissement de sa-
tisfaction. Ce sont les ministres qui sou-
pirent de soulagement; les voilà déli-
vrés pour deux mois et ils espèrent avoir
le temps de pénétrer dans leur. bureau
et de retourner le rond de cuir laissé sur
leur fauteuil par un prédécesseur tombé
à la fleur de l'âge.
Car c'est un spectacle bien triste de
voir combien les ministres sont des êtres
frêles et délicats. Comment n'a-t-on pas
encore songé à inventer quelque moyen
pratique de garantir les ministères, une
sorte de société d'assurances contre les
bris et les fêlures, une loi Grammont
protectrice des cabinets parlementaires?
On a bien émis quelques idées à ce
sujet, mais elles soulèvent certaines dif-
ficultés de détail, jusqu'ici insolubles.
La première idée consisterait à enfer-
mer les ministres 2~` e~àxapac é·
Imer les ministres daks uie.câiapacemé-
rissée de broussailles aX%ew#*Hfeons
de bouteilles, avec ceb-écttteffQ com-
minatoire « Qui s'y frotte s'y pique. »
La seconde idée est plus simple. Il
faudrait choisir pour ministres des poi-
trinaires arrivés au dernier période ou
des hommes d'Etat affligés d'une hyper-
trophié du cœur. Quand on les asticote-
rait, ils monteraient à la tribune, vi-
deraient avec effort, au lieu (fti verre
d'eau traditionnel, un loch à la codéine
et tiendraient ce langage destiné à
attendrir les boas les plus affamés
Messieurs, si cet amendement est
adopté, je sens que je vais cracher le
sang.
Ou bien
Les paroles de l'honorable M. Mar.
cou me brisent le cœur. Il bat à me rom-
pre la poitrine. Je demande un ordre du
jour motivé à la digitale.
Quand l'hiver viendrait, on serrerait
les ministres dans une orangerie ou bien
on les enverrait à Nice, francs de port,
dans une caisse bien close, avec cette
mention Fragile et, pour qu'on ne les
mît pas sens dessus dessous (autre ma-
nière de les renverser); ces deux autres
termes de messageries Haut, Bas.
Le troisième moyen est le moins com-
pliqué. Vous enfermez les portefeuilles
avec les lions de Bidel, dans la même
cage, et vous dites aux ambitieux « Al-
lez les prendre. » Je ne vois guère que
Mlle Ghinassi qui pourrait être ministre
de l'instruction publique.
Et ce n'est pa~. une petite affaire que
d'être ministre de l'instruetion publique.
Demandez plutôt à M. Wallon, qui est
justement en conflit avec le recteur de
l l'académie de Paris. M. Wallon a dé-
creté que les vacances des c'olléges com-
menceraient le jeudi saint mais, comme
Bobinet de la Vie parisienne avec la pen-
dule, il a rencontré une petite résistance
chez le recteur. Celui-ci ne veut pas que
les écoliers s'en aillent avant le diman-
che de Pâques.
De là grande lutte universitaire, qui
ne peut se terminer que par un grave
échec pour la dignité de l'un ou de l'au-
tre des deux champions.
Un inspecteur d'académie a trouvé le
moyen de tout concilier. Pour complaire
au ministre, les écoliers sortiront jeudi,
mais pour satisfaire le recteur, ils seront
accompagnés par leurs professeurs qui,
pendant deux jours, iront leur donner
des leçons à domicile.
Les pensums seront infligés chez les
parents: L'élève Barbanehu, diront
les professeurs, n'ayant pas su sa leçon
d'histoire, conjuguera dix-huit fois" le
verbe « Je dîne chez ma mère. »
Les élèves de huitième, pendant ces
deux jours douteux, pourront être pri-
vés de sortie avec leur bonne. La bonne
sortira seule.
Les malheureux écoliers en seront
quittes pour apprendre à jouer au be-
zigue chinois qui devient de plus en
.plus à la mode. On le joue partout
et avec une fureur qui menace l'a-
venir des générations présentes. On
se demande ce qu'il peut y avoir de si
attrayant dans ce jeu, né chez un con-
cierge évidemment paralysé et con-
damné à l'abrutissemefit du foyer? Par
quelle combinaison diabolique le be-
zigue est-il monté de la loge au salon
et du salon aux clubs le.s plus élégants
et les plus abracadabrants?
Il n'est question à Paris que des rava-
ges du bezigue chinois et l'on se conte
avec effroi la terrible légende d'un nro-
fesseur au collége de France et d'un
marchand de toiles en gros, qui ont com-
mencé, samedi soir dernier, à leur cer-
cle, la plus terrible des parties de be-
zigue chinois.
Ils se sont mis à table à cinq heures,
revêtus du frac et de la cravate blanche
des soirées. A minuit, ils avaient oubiié
qu'ils étaient attendus au bal par leurs
femmes impatientes. Le premier avait-
sept cent mille huit cents points; le se-
cond n'en avait que quatorze. La partie
a duré toute la nuit; peu à peu les au-
tres joueurs s'en allèrent A six heures
du matin, il ne restait plus, toujours à
leur table, que le professeur et le mar-
chand de toiles en gros. Autour d'eux,
les garçons du cercle faisaient le mé-
nage les deux athlètes fuyaient devant
le balai des domestiques, et à mesure
que le balai avançait, ils reculaient de
pièce en pièce.
A dix heures, le marchand de toiles
était rubiconné dans la cuisine. A onze
heures, le professeur, qui est très dévot,
se rappela qu'il devait aller à la messe
il ôta sa cravate blanche, emprunta une
cravate noire à un garçon et s'en alla
prier. Ses dévotions faites, il vint re-
prendre son bézigue.
Cela dura tout le jour et toute la nuit
du dimanche. Ils mangeaient chacun
à son tour tandis que l'autre mêlait et
donnait les cartes. Hier, à deux heures,
le premier bezigueur avait deux millions
six cent vingt-cinq mille trente-sept
points; l'autre en avait dix-huit. Tout à
coup, le professeur, qui gagnait du
reste, se rappela qu'il avait un cours
à faire au* collége de France. Il ôta sa
cravate noire et reprit sa cravate blan-
che, devenue loque. On m'amrme qu'à
six heures du soir, les deux joueurs re-
prenaient leur exercice et qu'ils y sont
encore.
Au demeurant cette folie n'est pas
plus étrange que le délire oifenbachique
qui vient d'envahir les ouvriers typo-
graphes, à la suite de la représentation
que leur a offerte le directeur de la
Gaité.
Depuis dimanche, les imprimeurs
n'ont plus la tête à eux, et, en compo-
sant la copie ils ne peuvent détacher
leur pensée des décors, des ballets et
surtout des danseuses qui les ont fas-
cinés.
C'est ce qui explique les fantaisies de
certaines informations qu'on découvre
dans les journaux lés plus sérieux. Les
ouvriers, préoccupés de Geneviève de Bra-
bant, impriment des dépêches de l'agence
Thérésa; ils nous disent que Mlle Perret
va être nommée préfet, et que M. Chris- i
tian a été appelé par le shah de Persé
pour constituer un ministère dans la =
République d'Armide.
Ah qu'il est beau,
Ah 1 qu'il est beau d'êtr'typographe,
Mais que c'est un sort exigeant! I
Albert MiUaud.
Echos de Paris
Hier matin, à dix heures^ le président
de la République a reçu a l'Elysée M.
Caro; selon l'usage, le nouvel académi-
cien a été présenté par le directeur de
l'Académie.
Voici la liste des quinze jurés du Salon
de peinture, tels qu'ils résultent à la
fois de l'élection et du tirage au sort:
Gérôme (131 voix), Vollon (135), Le-
loir, Meissonier, Fromentin, Amaury-
Duval, J..P. Laurens, de Neuville, Lu-
minais, Jules Dupré, CarolusDuran, Ca-
banel (124), Protais, J. Lefobvre, Henri
Lévy.
L'hôtel Drouot était hier plein d'une
foule inaccoutumée, qui ressemblait
presque au Tout-Paris de l'ouverture du
Salon.
Cette émotion était provoquée par une
exposition et vente de tableaux qu'orga-
nise la nouvelle école des peintres qui
s'intitulent impressionnistes et même ira-
mrnce~n»mnliefne
r"u "w~
Nommons les martyrs, qui peuvent
être des héros ce soir ce sant Mlle
Berthe Morizot, MM. Renoir, Monet et
Sisley.
Tous ces tableaux nous ont un peu fait
l'effet d'une peinture qu'on doit regarder
à quinze pas en fermant les yeux à moi-
tié, et il est certain qu'il faut avoir un
appartement très grand pour pouvoir y
lo'ger ces toiles, si l'on veut en jouir
même par l'imagination. C'est en couleur
ce que sont en musique certaines rêve-
ries de Wagner. L'impression que pro-
curent les impressionnistes est celle d'un
chat qui se promènerait sur le clavier
d'un piano, ou d'un singe qui se serait
emparé d'une boîte à couleurs.
Cependant, il y a peut-être là une
bonne affaire pour ceux qui spéculent
sur l'art de l'avenir.
Le Figaro n'a pas la prétention de
dresser la liste des décorations méritées,
mais il sait qu'il peut signaler des ou-
blis excusables, en raison de la discré-
tion et de la réserve de certains hommes
de talent.
On vient de commettre ùn acte de jus-
tice en décorant le dessinateur Bertàll.
Mais on a oublié Cham qui, depuis vingt
ans, égaie dix millions de Français au
moins avec son crayon et sa plume,
Cham qui a le don rare de faire rire
sans blesser personne et qui, dans la
foule de ses lecteurs, ne compte que
des admirateurs et des amis.
En réclamant un ruban rouge pour la
boutonnière de Cham, nous sommes
certains d'être les interprètes de tous
ceux qui tiennent une plume ou un-pin-
ceau.
I A,4.1"
tlvm u.un uvumauca.
Il n'est que temps de visiter Rome tout
de suite; non-seulement le grand Gari-
baldi, ennemi de toute routine, veut
changer le cours du Tibre et le faire pas-
ser sur les sept collines, mais voilà que
le baron Haussmann est appelé dans la
ville éternelle pour y introduire quelques
améliorations.
Nos reporters ont découvert dans ses
bagages une forte.pioche, ce qui est on
ne peut plus inquiétant.
'Pressez-vous donc, retardataires. car
vous courez grand risque de trouver
bientôt Rome sans Tibre, sans ruines et
sans monuments.
Il paraîtrait que le projet du grand pré-
fet et grand abatteur est de prolonger la
rue Tiquetonne jusqu'à la voie Appienne
et de faire aboutir la rue Quincampoix au
Forum en culbutant le Colisée, le Tem-
pie d'Antonin etFaustine et l'arc de Sep-
time Sévère. Vous voyez cela d'ici I
Sous toutes réserves.
D'après une vieille tradition de nos
campagnes, le 22 mars est une date so-
lennelle. C'est, disent les paysans, le
jour où les oiseaux se marient. 11 y a
quantité d'épithalames dans l'air ̃ J.1 y
a chants et festins dans les branches
verdoyantes.
Le 22 mars de chaque année, le char-
meur d'oiseaux du jardin des Tuileries
n'attendaitjamais ses amis les moineaux;
il se promenait comme un homme qui
profite d'un congé, et quand on lui'de-
mandait où étaient ses moineaux char-
més
-Ils sont de noce répondait-il avec
un doux sourire.
Nos lecteurs savent à quelles hausses
formidables se sont élevées certaines va-
leurs à la Bourse.
Il est un spéculateur fort brun et très
connu que nous ne voulons pas nom-
mer et qui avait engagé des sommes
incalculables sur des fonds étrangers,
convaincu de la haussa prochaine.
Malheureusement la hausse ne se pro-
duisait pas. `
Le premier jour notre homme n'était
que triste.
Le second jour il avait la mine d'un
malade, il ne mangeait plus, il ne dor-
mait plus, ne se couchait plus et passait
la nuit tout habillé; il ne se faisait plus
raser, il avait tout à fait renoncé à plaire.
Le troisième jour il avait des cheveux
blancs.
Le quatrième jour (la Bourse bais? ait
toujours) il avait la barbe blanche.
Le ciaguième jour la Bourse monta.
Le sixième our ses cheveux et sa barbe
étaient redevenus d'ébène!
Mystère et teinture
Un jeune Péruvien entrait hier chez
une actrice, au moment où un étranger,
couvert d'un bonnet d'astrakan, en
sortait.
Quel est ce monsieur ? demande le
Péruvien.
Au fait, vous devez le connaître, car
il est de votre pays.
Et il se nomme?
Oh je ne peux jamais me rappeler
son nom; mais voici sa carte.
Mais ce nom est un nom persan.
-–Eh bien ? P
Vous me disiez qu'il était de mon
pays.
Eh bien, la Perse, le Pérou, c'est si
loin. tout ça se touche!
LE MASQUE DE FER.
«
ENCORE M. LOUIS VEUILLOT
M. Veuilfot n'est pas content. Cette
polémique le déconcerte, car il n'est pas
habitué à trouver des adversaires aussi
persistants. Il lui serait pourtant si fa-
cile de s'arrêter dans cette voie et de se
taire. Mais il nous a déclaré la guerre et
ne veut pas quitter le terrain.
Eh bien! soit. Nous acceptons le com-
bat, et nous ne lui céderons en rien. Il
sortira de cette lutte absolument ridi-
cule. Déjà, sur un mot qu'il n'a pu rele-
ver, nos confrères en grand nombre
l'ont proclamé le roi des goinfres. Que
serait-ce donc si nous cessions de le mé-
nager ?
~éf:lf
Dans Y Univers d'hier, M. Veuillot fait
comme les avooats dont les causes sont
évidemment mauvaises. Il avoue toutes
les suppressions qu'il a faites au mani-
feste de Cabrera, mais iljrplaide les cir-
constances atténuantes. Voici le passage
culminant de sa défense
Sans doute la traduction n'est pas parfaite.
Le traducteur travafllait sous nos yeux, et
nous le pressions d'abréger: 1° parce que
nous conservions la pièce et que nous avions
tout le temps d'y revenir 2° parce que nous
donnions plus qu'une analyse exacte et com-
plète. Qu'importaient les phrases où M. Ca-
brera exalte la pureté religieuse et patrioti-
que de ses motifs ?
L'aveu est complet. Mais M. Veuillot
dit qu'il avait tout le temps d'y revenir.
Y est-il jamais revenu?. Non.
Mais M. Veuillot dit qu'il importait
peu de connaître la religion et le patrio-
tisme de 'Cabrera. Pourquoi donc cela
importait-il peu?. A qui M. Veuillot
fera-t-il croire qu'un chef de parti, s'a-
dressant à des Espagnols catholiques et
patriotes, n'a pas à leur faire savoir
qu'il est aussi catholique et patriote?
Plus loin, dans sa défense, M. Veuil-
lot dit encore qu'il ne destinait pas sa
traduction aux Espagnols. Quel besoin
avait-il donc d'arriver si vite, si ce n'é-
tait pour faire parvenir sa traduction
f alsifiée au quartier général de don Car-,
• los, où, du reste, on s'est empressé d'en
faire usase ?
*iif~
Vous voyez ce que pèsent les argu-
ments de M. Veuillot. Il y ajoute quel-
ques nouveaux mensonges.Il dit notam-
ment ceci
On nous avait dit que le ballot serait expé-
dié le lendemain, peut-être le soir même, et
il nous plaisait de devancer l'expédition.
Qui vous a dit cela, monsieur Veuil-
lot ? Pourquoi ne nommez-vous pas ce
personnage mystérieux? M. Chaix dé-
clare qu'il n'a été fait aucun tirage de la
proclamation, et vous parlez d'un ballot
prêt à partir. M. Chaix a donc fait, selon
vous, une fausse déclaration. Il a donc
imprimé ce document, et par conséquent
s'est mis en contravention avec les lois
sur la presse, puisqu'il déclare le con-
traire. Voilà ce que vous insinuez, ca-
lomnieux dénonciateur. Et que devien-
driez-vous si demain M. Chaix vous fai-
sait un bon procès, ce dont nous serions
enchanté, du reste 1
:/t:iif~
M. Veuillot déraille complètement. Il
ne sait plus ce qu'il dit, ni.où il va. Dans
sa réponse, il parle aussi de nos 4,200
abonnés ecclésiastiques, oubliant tou-
jours que M. de Villemessant a offert de
les lui céder s'il consent à leur servir
Y Univers au prix réduit du Figaro. Ce
pauvre homme a complétement perdu
la tête. Il en arrive à ne pas voir jus-
qu'à quel point nous le ménageons. Mais
toute patience a des limites, et il est
grand temps qu'il s'arrête. Je l'en pré-
viens charitablement.
Alfred d'Aunay.
P. S. Aux vieux de V Union. Les
très vieux rédacteurs de Y Union ne nous
pardonneront jamais de leur avoir dit
que, sans leur obstination, Mgr le comte
de Chamkord serait aujourd'hui sur le
trône de France.Ces excessivement vieux
folliculaires se font les avocats d'office
de Y Univers ) qui semble du reste avoir
besoin de ce renfort. Ils disent aujour-
d'hui que c'est « Y habitude ordinaire du
» Figaro de ne donner des pièces les
» plusgraves que des extraits souvent
•» tronqués. »
Quand donc ces vieillards cacochymes
ont-ils vu cela? Nous les mettrions vo-
lontiers au défi de nous citer une seule
circonstance de ce genre. Mais à quoi
bon prendre ce soin avec des bonshom-
mes qui en arrivent à écrire habitude or-
dinaire. Quand on en est à ce français-là,
on n'est pas dangereux.
A.d'A.
~-M"
RÉFUGIÉS DE LA COMMUNE A IMDRES
Il paraît que malgré la scission qui
s'est produite dans le camp des commu-
nards à Londres, ils n'ont pas renoncé
à leur penchant pour les festins où le
veau et la salade, ces mets si chers aux
démoc-socs, se noient dans des flots de
petit bleu. Aussi, pour célébrer le glo-
rieux 18 mars, un groupe de ces ci-
toyens, présidé par l'ex-rédaoteur en
chef de l'ex-Officiel de l'ex-Commune, a
banqueté dans un cabaret borgne de
Rath bone Place. On peut juger par les
discours qui suivent, fidèlement repro-
duits d'après le compte rendu que nous
avons pu nous procurer, qu'il ne fera
pas bon pour les infâmes réactionnaires
le jour où la Commune triomphante ren-
trera dans sa bonne ville de Paris. Voici
enfin le procès-verbal de cette fête so-
lennelle qui comptera, selon ceux qui
l'ont patronnée, dans les annales de la
Révolution, toujours en permanence.
La réunion,assez nombreuse, était pré-
sidée par le citoyen Longuet, membre
de la Commune, ex-rédacteur de YOf-
ficiel. L'honorable citoyen s'est un peu
défendu de l'honneur qu'on lui attri-
buait et s'est borné à prononcer quel-
ques paroles de circonstance. Il appuie
principalement sur la politique actuelle
du gouvernement français, laquelle n'a
changé ni dans le but, ni dans le fond,
laquelle n'a fait qu'osciller entre les
prétentions bonapartistes et orléanistes
BOlir r.rfiftr nnfi T"ArmhlirmA sans rp.rmhli-
JJUUi \jk. \j\jx. U.1.1U X V^kJ UU11UUU OtAULO 1. WUUW11.
cains. Mais il ajoute que si l'avenir ré-
serve aux républisains une défaite nou-
velle, ils ne sont pas- trop éloignés d'un
triomphe assuré.
Le citoyen Adolphe Hubert se borne à
une simple observation « Oui, dit-il,je
pense comme le citoyen Longuet nous
serons peut-être vaincus à plusieurs éta-
pes encore avant d'atteindre le but de
notre programme; mais nous avons un
moyen infaillible de rapprocher notre
triomphe: c'est de désigner désormais,
aux finances surtout et aussi à la -police
générale, des hommes d'une trempe ré-
volutionnaire. »
Le citoyen Ranvier, pressé instam-
ment de prendre la parole, a repris avec
une logique serrée, f itale, tous les évé-
nements qui ont amené le 4 septembre,
le 22 janvier et le 18 mars; les conflits
entre tous les pouvoirs du dernier Em-
pire et, avec la conviction sincère de
l'homme du devoir qui a tout vu et tout
su, il a fait l'apologie nécessaire et in-
discutable de la Commune de Paris, qui
a réveillé la haine de l'oppression mili-
taire et aussi celle de l'étranger.
Entre autres arguments fort applaudis
par les assistants, le citoyen Ranvier a
démontré que la provocation la plus cy-
nique faite par les généraux, agents de e
Bordeaux, a été la tentative d'enlève-
ment des canons pour les braquer sur le
peuple,, d'abord, et les livrer, ensuite aux
Prussiens après avoir, toutefois, enlevé
les fusils du droit, car alors plus de solde
et un peuple affamé facile a mitrailler.
Il continue: « Deux généraux furent exé-
cutés le 18 mars; l'un, Clément Thomas,
complice des journées de juin, condamne
par laj ustice du peuple; l'autre, Lecomte,
arrêté par ses propres soldats, au mo-
ment où il ordonnait de tirer sur une
foule inoffensive,. et' exécuté par eux. »
Le citoyen Lissagaray, 'également in-
vité à prendre la parole, a pris pour
thème le programme révolutionnaire
« Nos détracteurs, a-t-il dit, nous ca-
lomnient en vain, car nous leur oppose-
rons toujours derrière nos poitrines ex-
posées à la mitraille des assassins du
droit un programme de justice et de vé-
rité », qu'il développe « le peuple qui
prend la Bastille, accouche de la Révo-
lution, balaye la royauté, extirpe les Gi-
rondins, se laisse surprendre par Ro-
bespierre, se réveille en prairial puis
s'endort vingt années pour ne se réveil-
ler qu'en présence des alliés, ressuscite
en 1830; mais, aussitôt enlacé, remplit
de ses gémissements les premières an-
nées du règne de Louis-Philippe en
1848, serre trois jours à la gorge la Ré-
publique infidèle; s'endort de nouveau
vingt ans pour rajeunir en 1867 et écla-
ter en 1870 comme la foudre qui appar-
tient à la constance du peuple.
Les conclusions du citoyen Lissagaray
ont amené une véritable manifestation
approbative.
Après minuit on s'est séparé au cri
unanime de Vive la Commune!
»
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
Londres, 22 mars, soir. Le comte
de Jarnac est mort ce soir à six heures.
Le prince do Galles est parti ce soir pour
Paris.
Versailles, 23 mars, 8 h. soir. M.
Guiter, député des Pyrénées-Orientales, mem-
bre de la gauche républicaine, est mort au-
jourd'hui.
Cette mort porte à quatorze le nombre
des sièges vacants à l'Assemblée.
LYON, 23 mars, 10 h. 3 min. matin.
Hier soir, commencement d'incendie au
Grand-Théâtre. 40,000 fr. de dégâts environ.
Salle et scène préservées. Les représentations
seront reprises samedi.
Toulon, 19 mars. (A bord- du Finis-
tère.). J'ai éprouvé un vif plaisir en trou-
vant dans le Figaro d'hier un souvenir pour
la reine Pomaré, à laquelle je croyais bien que
personne ne songeait plus en France.
Vous avez dit de la reine de Tahiti qu'elle
s'était donné le luxe d'un divorce avec son
premier mari. Ne croyez pas qu'elle ait obéi
en cela à un simple caprice. La raison d'Etat
seule l'a poussée à la séparation; elle n'avait
pas d'enfants du prince Tamatou, son ma*- i
voilà la cause. Il en a été tout autrement avec
le second époux, le prince Arii-Faaité.
Le prince Tamatou accepta en philosophe
son remplacement. Il retourna vivre dans
son petit royaume de Raïatea l'une des îles
de l'archipel de la Société et ne garda pas
rancune a son infidèle. Il adopta même un
de ses enfants, nommé T^mato^ eommo lui;
et je crois même qaè c'est iui ^ui-rëgne mf-
jourd'hui à Raîatea.
Les quelques lignes que vous avez consa-1
crées a Tahiti m'ont rappelé les cinq plus
belles années de ma carrière maritime.
Une mer toujours bleue, le ciel toujours
pur, les collines toujours vertes, un prin-
temps éternel, voilà ce qui a fait surnommer
cette île, « la perle de l'Océanie ».
S.urrr-S~avnx, 22 mars. Hier, di-
manche, érection sur la place Bouvais d'une
croix et d'un crucifix en granit, dus au ci-
seau de M. Y. Hernot, de Lannion, sculp-
teur qui s'est fait souvent remarquer aux ex-
positions de Paris.
400 hommes, divisés en 9 sections de 40
hommes chacune, commandées par 4 chefs,
étaient chargés de ce transport qui ne re-
présentait pas moins de 1 ,000 kilogrammes.
Le cortège comptait 10,000 personnes, ayant
des rameaux à la main les rues étaient jon-
chées do feuillages, de fleurs et ornées d'arcs
de triomphe. Parmi' les notabilités, se trou-
vaient M. Chevremont,mairedeSaint-Servan,
et lo premier adjoint, M. Huet, et le conseil
municipal; M. Hernot. i
Le brave général de Sormis, empêché par
ses glorieuses infirmités, s'était fait représen-
ter par son chef d'état-major plusieurs offi-
ciers dij, 47" de ligne étaient venus spontané-
ment. Une salve d'artillerie a été tirée au
'moment de la pose de la croix sur le piédestal
qui était tout préparé.
Un beau soleil éclairait cette cérémonie
grandiose.
–•Algeh, 18mars.– Les sauterelles .vien-
nent de faire leur apparition dans le cercle de
Biskra, et les pluies les ont surprise! et ar-
rêtées", aux environs de cette ville. Les indigè-
nes, dans la journée du 4 courant, en ont dé-
truit 1,200 decalitr.es environ; mais si une élé-
vation de température ne leur permet pas de
reprendre leur vol, les cultures déjà endom-
magées auront beailROiin à souffrir
.b' "v.u,u .lJv,uvvup OVUl11-1r.. ·
Une circulaire adressée aux préfets et aux
généraux ordonne de tenir exactement le
gouverneur général au courant de la mar-
che du fléau. Les mesures les plus énergi-
ques devront être employées pour recueillir,
les œufs avant l'éclosion partout où les vols
s'abattront et détruire les criquets.
«~- Berlin, 23mars.-Le prince Alexan-
dre, second fils du roi Guillaume III de Hol-
lande, qui est en ce moment ici, sera prochai-
nement fiancé, dit-on, à la princesse Marie,
fille aînée du prince Frédéric-Charles.
Le prince Alexandre est âgé de vingt-quatre
ans.
Il n'y a pas eu de parade militaire, hier,
lundi, à cause de la santé de l'empereur et de
la rigueur de la température la neige couvre
la terre.
Le prince de Hohenlohe retournera à Pa-
ris le 31 courant.
M. de Bismarck a décliné l'honneur qu'il
était question do lui faire en le nommant duc
de Lauenbourg. Mais on croit que l'empereur
lui conférera bientôt le titre d'altesse.
MuKich, 23 mars. Le roi Louis de
Bavière devait faire jeudi dernier sa pre-
mière promenade eu voiture, après cinq se--
mâines de maladie. Mais au moment de sor-;
tir il a été pris d'un malaise subit, et les
médecins ont été obligés de lui faire à la
gorge des injections d'alun.
Le roi a envoyé par le télégraphe ses cor-
diales félicitations à l'empereur d'Allemagne,
à l'occasion do l'anniversaire de sa nais-
sance.
*» Vienne, 23 mars. La santé de l'ex-
empereur Ferdinand s'améliore tous les jours.
Il est âgé de quatre-vingt-deux ans.
Auguste Marcade.
»
PARIS AU JOUR IBJOÏR
M. John Lemoinne a publié un remar-
.1. .J. 1- T'h_- __1 _7_- 7\11
.quame arucie aans le journal aes ueoats
un article de candidat à l'Académie.
Il s'agit de cette lutte entre le pouvoir
ecclésiastique et le pouvoir civil, repré-
sentés à 'Rome par Pie IX, à Berlin par
M. de Bismark, et sur laquelle l'Europe
fixe des yeux attentifs, sachant qu'une
conflagration universelle peut sortir de
cette lutte religieuse. Selon M. Lemoinne,
la récente nomination des cinq cardi-
naux choisis par le Saint-Père a une si-
gnification très grave
II est impossible d'envisager sans appréhen-
sion les suites et l'étendue de la lutte au-
jourd'hui engagée; il est impossible aussi de
ne pas admirer l'invincible résolution que
montre le. vieux Pontife qui seul a vu plus
que les années de saint Pierre, et de ne pas
se découvrir devant cette grande et intrépide
majesté.
On sait en effet que l'un des cardinaux
nommés, Mgr Ledochow.ski, est encore
entre les mains du gouvernement prusj
sien; que Mgr Dechamps, l'archevêque
de Malines, est une des plus grandes in-
dividualités de ce qu'on appelle le parti
ultramontain, et qu'enfin Mgr Manning-
est le premier cardinal purement an-
.glais depuis la Réformation. Mgr Wise-
man était d'origine irlandaise comme
Mgr Culien, archevêque de Dublin.
Mgr Manning était au séminaire an- ̃'
glais de Rome quand on lui apporta sa
nomination. Tous les catholiques an-
glais résidant dans la ville éternelle l'en-
tourèrent et il leur adressa la courte et
énergique allocution que publie le Jour-
nal des Débats:
« Je vous remercie tous pour votre pré-
sence en ce jour. C'est un signe de votre bonne
volonté envers moi et de votre dévotion en-
vers le Saint-Père. Je vous en remercie du
fond de mon cœur. Je n'affecterai point d'en-
visager légèrement la grande dignité qui
m'est conférée sans aucun mérite de ma part.
C'est véritablement un honneur que d'être
associé au conseil sacré qui entoure le vicaire
do Notre-Seigneur et de partager sa bonne et
sa mauvaise fortune. En vérité, j'aime mieux
que cette dignité m'incombe dans le danger
que dans la sécurité. C'est, pour ainsi dirg,
être envoyé à une bataille désespérée elle ne
l'est qn'aux yeux du monde, elle est sûre de
la victoire un jour. »
Voilà bien, continue M. John Lemoinne, le
langage résolu, pénétrant, ému d'un homme
qui se ceint les reins pour le combat. Que
l'on rapproche cette scène, et la scène solen-
nelle du Vatican, dé cette autre scène du
Parlement de Berlin, où un professeur vient
dénoncer une brochure dans laquelle un em-
pereur romain, tombé en enfance, est l'instru-
ment et le jouet de son ministre, Mark Tré-
bonius, lequel finit lui-même au fond d'une
mare; et pendant que le professeur répète
toujours le nom de Mark, Mark, .voici M. do
Bis– marck qui fait son entrée, non préparée,
avec un éclat de rire que partage naturelle-
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