Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1874-04-10
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 avril 1874 10 avril 1874
Description : 1874/04/10 (Numéro 100). 1874/04/10 (Numéro 100).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO VENDREDI 10 AVRIL 1874
à la portée de la voix, il nous hê'.a de descendre
nos chaloupes pour sauver les passagers et l'équi-
page. De son coté, l'Europe mit à flot ses propres
chaloupes, par une grosse mer du N.-O. Malgré
le temps, nous réussîmes cependant à transporter
à bord du Grecce le personnel tout entier de V Eu-
rope, passagers et équipage, comprenant en tout
environ 400 personnes, sans qu'il fut survenu le
moindre accident. Les gens du bord partant avec
• les seuls vêtements qu'ils avaient sur eux, et le ca-
pitaine Lemaire restant le dernier sur le pont pour
présider au sauvetage général.
BERNE, 7 avril. Mardi dernier,
en vertu d'un décret du gouvernement, le
couvent des Ursulines de Porrentruy a été
fermé. Mme la comtesse de Montalembert
a offert un asile aux pauvres sœurs, à
Maiche.
Munich, 8 avril. M. Guillaume
de Kaulbach, directeur de l'Académie de
Munich, est mort hier soir à 8 heures 1/4,
des suites d'wle attaque de choléra.
Auguste Marcade.
̃*
PARIS AU JOUR IE JOUR
On se rappelle la polémique que sou-
leva en 1872 une lettre de M. de Gra-
mont (9 décembre), où l'ex-ministre des
affaires étrangères affirmait qu'en 1870
l'Autriche avait promis ^son concours à
la France dans la limite du possible.
On lui répondit par des extraits du Livre
rouge autrichien constatant, au contraire,
que l'intention de l'Autriche avait tou-
jours été de garder la neutralité
M. de Gramont ne se tenant point pour
battu, riposta par de nouvelles affirma-
tions Dans une dépêche datée du 21 juil-
let 1870, qu'on n'avait pas jugé à propos
de publier, était, selon lui, le passage
suivant
« Veuillez donc répéter à Sa Majesté et à
ses ministres que nous considérons la cause
de la France comme la nôtre, et que nous
contribuerons au succès de ses armes dans
les limites du possible. »
Voilà donc, ccnclnait-il ce que M. le
prince de Metternich était chargé de répéter
à l'empereur et à ses ministres. Puisqu'il
recevait l'ordre de le répéter, cela indique
qu'il l'avait déjà dit; et, en effet, fidèle à
ses instructions, (il ne tenait pas un autre
langage.
J'ajouterai enfin que les assurances de
concours envoyées le 20 juillet, remises et
répétées le 23, avaient été également direc-
tement confirmées le 21 par M. le ministre
des affaires étrangères lui-même.
Or, le Temps publie hier soir le texte
intégral de la dépêche de M. de Beust à
M. de Metternich dont on a vu un extrait
plus haut. La phrase citée par M. de Gra-
mont y figure. bien, mais en réalité se
trouve annulée par des considérations
aboutissant en somme à la neutralité. M.
de Beust disait entr'autres choses:
L'intérêt de la France n'ordonne-t-il pas
comme le nôtre d'empêcher que le jeu, en-
gagé à deux, ne se complique trop promp-
tement ? Or, nous croyons savoir que notre
entrée en campagne amènerait sur-le-
champ celle de la Russie, qui nous menace
non-seulement en Gallicie, mais sur le
Pruth et sur le Bas-Dànube. Neutraliser la
Russie, ramener jusqu'au moment où la
saison avancée ne lui permettrait plus de
songer à concentrer ses troupes, éviter
tout ce qui pourrait lui donner de l'om-
brage ou lui fournir un prétexte d'entrer én
lice, voilà ce qui doit, pour le moment,
être le but ostensible de notre politique.
Qu'on ne s'y méprenne jpas à Paris la
neutralitér de la Russie depend de la nôtre.
Plus celle-là deviendra bienveillante pour
la Prusse, plus notre neutralité pourra se
montrer sympathique à la France.
Comme je l'ai toujours fait pressentir
dans nos pourparlers de l'année dernière,
nous ne pouvons pas oublier que nos dix
millions d'Allemands ne voient dans la
guerre actuelle, non pas un duel entre la
France et la Prusse, mais le commence-:
ment d'une lutte nationale. Nous ne pou-
vons pas nous dissimuler non plus que les
Hongrois, tout disposés qu'ils soienta s'im-
poser les plus grands sacrifices dès qu'il
s'agit de défendre l'empire contre la Rus-
sie, se montreront plus réservés dès qu'il
's'agira de dépenser leur sang et leur ar-
gent pour reconquérir à l'Autriche sa po-
sition en Allemagne.
Tout en maintenant sa neutralité, l'Au-
triche s'engageait cependant à poser, de
concert avec l'Italie, les bases d'une mé-
diation, mais elle demandait que la
France renonçât à l'occupation deRome.
La publication de ce document authen-
tique présente le débat sous un nouveau
jour. Nous résumerons la polémique
qu'elle va nécessairement amener.
Il faut lire aussi dans le Temps
une curieuse étude de M. Jean Aicard,
démontrant, à l'aide de documents iné-
dits qu'il serait trop long de détailler, que
la Venus de Milo n'a pas été trouvée
sans bras comme on le croit générale-
ment.
Voici dans quel état elle se trouvait
lorsqu'elle sortit de terre
« La statue était de deux pièces jointes
Feuilleton du FIGARO du 10 Avril
60
LES MITS SAMLANTES
» A défaut de pareils accidents dans le
passé de la marquise, n'en trouverait-on
pas dans le passé de la chanoinesse?
Il semble impossible qu'une femme
puisse arriver à l'âge de soixante-dix ans
sans qu'elle ait commis quelque fai-
blesse. Il suffirait de trouver la moin-
dre petite tache dans l'une ou l'autre de
ces existences, ne fût-ce qu'une ombre.
Combien te donne-t-on de temps
pour répondre à tout cela? demanda
Philippe en rendant la note à Beaucou-
sin, qui la repoussa vers lui.
Quarante-huit heures pas plus
Et combien te paye-i-on pour tout
cela?
Tu n'as jamais que ca à la bouche
« Combien qu'on paie? Combien qu'on
doïine ?. » fit Beaucousin en haussant les
épaules avec un air de mépris et de dé-
goût.
Eh! mon Dieu, fit l'autre d'un ton
cafard, il n'y a pas de chaise à l'église
qui n'ait son prix!
Beaucousin eut un nouveau hausse-
ment d'épaules, ayant la même signifi-
cation, et dit à son interlocuteur
Fais toi-même ton prix.
Non. Ca n'entre pas dans mes habi-
tudes, et tu sais que je n'aime pas à en
changer.
On te donnera cinq louis, et je crois
_que c'est assez largement paye
Tu crois ça? c'est drôle!
au moyen de deux forts tenons en fer; le
Grec, craignant de perdre le fruit de ses
travaux, en avait.fait porter et déposer
dans une étable la partie supérieure avec
les deux hermès. L'autre était encore dans
la niche. Je visitai le tout attentivement,
et ces divers morceaux me parurent d'un
bon goût, autant "cependant que mes faibles
connaissances dans les.arts me permirent
d'en juger.
La statue, dont je mesurai les deux par-
ties séparément avait, à très peu de chose
près, six pieds de haut; elle représentait
une femme nue dont la main gauche rele-
vée tenait une pomme et la droite soute-
nait une ceinture habilement drapée et
tombant négligemment des reins jusqu'aux
pieds. Du reste elles ont été l'une et l'autre
mutilées et sont actuellement détachées du
corps. Les cheveux sont retroussés par
derrière et retenus par un bandeau. La
figure est très belle et serait bien conser-
vée si le bout du nez n'était entamé. Le
seul pied qui reste était nu; les oreilles ont
été percées et ont dû recevoir des pen-
dants.
C'est dans la lutte entre les marins
français qui voulaient embarquer la sta-
tue et les paysans grecs qui, guidés par
le caloyer Oiconomos, voulaient la re-
prendre, que le bras gauche fùt brisé.
Nous verrons plus tard comment Vénus
perdit son bras droit.
,*¥ La Gazette de France conteste l'exis-
tence du plan que nous avons attribué
d'ailleurs, à l'extrême droite et non au
journal de M. Janicot, plan qui consiste-
rait à laisser le pouvoir au maréchal
pendant sept ans, mais en modifiant la
nature de ce pouvoir. Que la Gazette
veuille bien se reporter à la lettre de M.
de Belcastel, qu'elle a insérée sans en
combattre les conclusions, elle y lira
cette phrase
Incommutable (le septennat) quant à la
durée, il ne l'est pas quant au titre et aux
conditions. En d'autres termes, et pour
tout dire, le septennat a été voté. Mais il
peut être monarchique, républicain ou sep-
tennat tout court. Ce dernier n'a pas assez
do prestige pour dire Egonominor leo} et le
plus mauvais des deux premiers serait en-
core le meilleur.
N'est-ce pas exactement, comme forme
moins précise, le plan dont nous avons
constaté l'existence. La Gazette assure
qu'elle en a un autre qui consiste à or-
ganiser l'unité d'action. C'est fort bien,
mais encore faut-il savoir ce que sera
cette action, où et comment elle se pro-
duira.
Regardez dans la Vie parisienne les
amusants dessins consacrés au Sphinx de
M. Octave Feuillet et qui reproduisent
avec un tour des plus parisiens VQEdipe e
et le Sphinx de M. Gustave Moreau. M.
Delaunay, tantôt en OEdipe, tantôt en
premier communiant, est très réussi.
Dans un ordre d'idées absolument dif-
férent, il faut lir_e quelques notes de
voyage, courtes et précises, sur une ré-
ception au Vatican.
La galerie, dans laquelle le pape reçoit
les personnes admises à l'audience, "est
meublée de deux rangées de chaises en
bois blanc recouvertes de serge rouge. Ses
fenêtres, très hautes et très belles, laissent
pénétrer une inondation de clarté riante -et
apercevoir des bouts de ciel azuré qui, mô-
les à ces motifs d'architecture grandiose,
rappellent les toiles somptueuses de Paul
Veronèse. Ca et là des braseros qui font
bien à l'œil* mais servent surtout à brûler
le bas des robes. Au fond de la galerie, sur
une estrade de- velours rouge, un fauteuil
surmonté du buste de Grégoire XVI.
Une quinzaine de personnes attendent
le pontife. Les dames sont chargées de
chapelets; il y en a même qui apportent
de pleines caisses d'objets à bénir.
Tout à coup, on entend un grand mou-
vement derrière les portières elles s'é-
cartent et le pape paraît.
C'est un joli tableau d'un coloris tout vé-
nitien que ce fourmillement de person-
nages richement vêtus, 'ce joyeux chatoie-
ment de belles étoffes inondées d'une lu-
mière riante. La note dominante est four-
nie par le costume du souverain pontife,
qui, dans sa robe blanche relevée par un
manteau d'un rouge vif, marche à la tête
de ses monsignori vêtus de robes d'un vio-
let rougeâtre. Dès l'entrée du Saint-Père,
tout le monde se prosterne puis l'un des
monsignori de service fait signe aux visi-
teurs de se relever et leur réclame leurs
cartes. Le secrétaire- lit les différents noms
au Saint-Père à mesure que celui-ci s'a-
vance pour parler aux personnes age-
nouillées devant lui. Il le fait avec beau-
coup de bonté, d'un air affable et simple
qui contraste singulièrement avec l'atti-
tude altière de son entourage, disant à
chacun un mot aimable, bénissant un en-
fant maladif, donnant sa main à baiser à
tous Je remarque qu'il ne s'arrête guère
auprès de la dame aux caisses, qui paraît
consternée, et fait un geste de désespoir.
L'audience se terminé par une petite al-
locution toute paternelle par laquelle le
Saint-Père déclare bénir les chapelets ap-
portés, et exhorte ses auditeurs à travailler,
dans la mesure de leurs forces, à l'avance-
ment du règne de Notre Seigneur. Tout le
monde se signe, et répond Amen, Après
quoi le cortège so reforme, suivi, cette
Mais tu dois être riche comme un
Crésus, Bel-Amour, et, au train dont tu
mènes les affaires', tu vas, pour sûr, rou-
ler carrosse dans un peu de temps
Hélas si je voulais vivre de mes
revenus, je n'aurais pas même vingt
sous à manger par jour! Et tu trouves
que je suis exigeant! Eh bien! moi, je
trouve qu'avec le métier que vous me
faites faire, je ne suis qu'un niais. Je
ne veux pas l'être plus longtemps, Beau-
cousin il y a déjà beaucoup trop que ça
dure.
Tu es un mauvais camarade.
C'est toi, Beaucousin, car tu tires
toujours toute la couverture à toi. Vas,
je suis bien sûr que, quand tu donnes
cinq louis, tu en as empoché six fois
autant, et, cela, sans rien faire. C'est
pourquoi je me sens une furieuse envie
de vous envoyer paître, toi et ta cu-
rieuse.
Qui t'a dit que c'était une curieuse
plutôt qu'un curieux, qui veut savoir ce
qu'on te demande?
Tu n'es pas fin, -Beaucousin, pour
me faire de pareilles questions. Crois-
tu donc que j'aie oublié la blonde aux
yeux noirs qui venait prier avec nous
dans l'église de Biarritz?
Ecoute, je me fiche comme d'une
guigne que tu aies oublié ou que tu
n'aies pas oublié. Ce que je voisde plus
clair, c'est que tu yeux faire ton malin,
et que tu deviens embêtant, parce que
tu te mêles de choses qui ne te regardent
pas. Pour moi, d'après ce que je vois
chez toi, je crois que le meilleur c'estde
te laisser tranquillement récurer les cas-
serolles de ta chanoinesse, et de cher-
cher, pendant ce temps-là, dans nos con-
naissances, quelque garçon moins diffi-
cile à contenter.
Mon cher camarade Beaucousin,
fais donc pas tant le méchant, je te prie;
fois, par les visiteurs, qui l'accompagnent
du regard le plus longtemps possible, et
s'éloignent par le bout opposé de la gale-
rie qui mène aux appartements particu-
liers du pape. F. M.
Injustices et Abus
AFFAIRES DE CHIENS.
Nous avons reçu la lettre suivante
Jamais monstruosité pareille ne s'est vue:
c'est indigne! je m'insurge! Veuillez ac-
cueillir ma plainte et m'aider à protester
contre la mesure barbare prise hier contre
moi au bois de Boulogne.
J'allais, suivant ma coutume, après ma
pâtée du matin, faire mon tour du lac, lors-
que, à la porte Maillot, un vieux garde est
venu, signifier à ma maîtresse, d'avoir dé-
sormais à me museler; les roquets ayant
seuls maintenant liberté complète au bois.
Or, notez bien ceci, monsieur, j'étais
tenu en laisse, ce qui est déjà bien dur
pourquoi donc vouloir exiger encore l'é-
pouvantable muselière?. Que les hommes
sont donc cruels! je vous demande, en
toute conscience pourquoi nous infliger
-doux supplices à la fois? La laisse ne vous
suffit-elle pas, bourreaux?. Oh! qu'on y
prenne garde! nous payons l'impôt, nous
avons des droits que nous saurons faire
respecter. Nous aussi, nous ferons des ré-
volutions, nous aussi, nous mordrons la
main qui nous protège, nous aussi, nous
proclamerons nos immortels principes, dont
le premier article sera liberté complète,
plus de laisses, plus de muselières
Soyez notre avocat, je ne vous demande
pas de monter pour nous au balcon, on n'y
trouve pas toujours maintenant des -gens
ni des choses propres, mais aidez-nous
de votre plume et nous sommes sûrs de
gagner notre cause.
En attendant le jour prochain du triom-
phe, je vous présente la patte droite.
Votre bien dévoué
Eh bien, mais, ce «chien» a raison,
Pigeon chéri est dans le vrai.
Il y a évidemment là une excès do zèle.
La laisse et la muselière, c'est une de
trop, comme dirait Buridan.
Nous croyons bien, cependant, que- les
règlements de police exigent à la fois la
laisse et la muselière.
Mais, depuis longtemps, on a,reconnu
que cette dernière précaution, était plus
dangereuse qu'utile et que la laisse suffisait.
Emile Faure.
♦
La Journée
C'est aujourd'hui qu'a lieu l'élection du
successeur du frère Philippe.
Nous en ferons connaître le résultat de-
main.
Mgr Guibert a présidé hier à l'inaugura-
tion de la nouvelle église de Saint-Georges,
rue de Puebla. Quinze cents personnes en-
viron assistaient à la cérémonie.
Aux premiers rangs du chœur, nous
avons aperçu les maires et adjoints des
dixième et dix-neuvième arrondissements.
En sortant de l'église, le cardinal est allé
à pied faire une visite à la chapelle des
sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, 36, rue do
Meaux. Tout le monde, pendant ce trajet,
se découvrait respectueusement devant lui.
Les honneurs de la chapelle ont été faits à
Sa Grandeur par M. l'abbé Caillebotte.
OBSÈQUES DE M. BEULÉ.
Les obsèques de M. Beulé, ancien minis-
tre de l'intérieur et membre de l'Académie
des beaux-arts et«des inscriptions et belles
lettres ont eu lieu hier à midi, en l'église
Saint-Germain-des-Prés.
Les cordons du poële étaient tenus par
MM. Buffet, président de l'Assemblée na-
tionale de Broglie, ministre de l'intérieur;
Jourdain, président de l'Académie des ins-
criptions Wallon, secrétaire perpétuel des
beaux-Arts; Garo, de l'Académie française
et Sign.ol des beaux-arts.
Le président de la République était re-
présenté par un de ses officiers d'ordon-
nance, le prince de Bergh.
Le deuil était conduit par le frère de
Mme Beulé, par la sœur de M. Beulé, re-
ligieuse de Saint-Vincent-de-Paul Mlle
Jenny Beulé, en religion sœur Augustine-
et par les deux fils du défunt.
Les honneurs militaires ont été rendus
par un bataillon du 70° de ligne.
L'absoute a été donnée par Mgr Freppel,
évêque d'Angers.
A une heure et demie le cortège quittait
l'église Saint-Germain-des-Prés se dirigeant
vers le Père-Lachaise, où M. le duc de Bro-
glie a apprécié la carrière politique de M.
Beulé dans un discours dont voici un ex-
trait
« II faut l'avoir suivi jour par jour dans
cette dernière et laborieuse phase de son
existence, pour apprécier de quelle éléva-
tion naturelle son âme était douée. Il faut
avoir vu avec quel dévouement il dut ac-
cepter, avec quelle équanimité sereine il
tu sais bien que Bel-Amour est bon gar-
çon, mais qu'à dater du jour où tu le
laisserais de côté, il te jouerait un tour
de sa façon, dont tu pourrais te souvenir
le reste de tes jours. v
Faites donc la fortune des gens,
pour qu'ils viennent ensuite vous mena-
cer s'écria Beaucousin, avec une expres-
sion de regret.
Je ne te menace pas du tout, répon-
dit Philippe seulement je ne te permets
pas de te séparer de moi, comme ça,
suivant ton caprice. On n'agit pas ainsi
les uns sans les autres, camarade, quand
on est comme nous le sommes, déjà de-
puis longtemps, dans l'habitude de man-
ger à la même gamelle et de tirer du
même tonneau. Je te remets dans le bon
chemin uniquement pour te montrer qué
tu as tort d'en sortir, parce que ça pour-
rait te faire du mal.
Si Fine-Mouche n'avait pas été si
bavard, si vaniteux, si confiant en lui, il
ne serait probablement pas en ce mo-
ment à servir de pâture aux vers de la
terre.
L'expression menaçante avec laquelle
Beaucousin venait de prononcer ces
mots, n'avait pas échappé à Sainte-^
Simplicité, qui, sans avoir fait semblant
de s'en apercevoir, se disait in petto
Mon compte est bon, si je ne suis
pas assez malin pour me garder à car-
reau. A présent, entre Beaucousin et
moi, c'est au premier qui tombera l'au-
tre. Il s'agit d'avoir bon pied, bon œil,
et de prendre, s'il est possible, l'avance.
Ce qui n'empêcha pas l'aide de cuisine
de reprendre d'un ton calme et presque
mielleux
Tu as vingt-quatre heures pour
porter tes réponses à celui ou à celle
qui les demande; mais si tu pouvais les
donner tout de suite, tu te ferais payer
davantage, et je recevrais plus aussi. Il
PIGEON CHÉRI.
INFORMATIONS
sut quitter le pouvoir. De ces deux résolu-
tions, celle assurément qui lui coûta le
plus, ce fut la première mais il eut raison
de la considérer comme le plus impérieux
des devoirs. Prendre le pouvoir quand on
y est naturellement appelé, dans des jours
périlleux, c'est tout simplement ne pas re-
culer devant la responsabilité de ses actes
et devant la défense de ses convictions.
̃ Le poste qui fut désigné à M. Beulé est
celui qui engage le plus dans les luttes
quotidiennes la responsabilité d'un minis-
tre, celui qui expose sa renommée comme
,sa personne aux attaques les plus enveni-
mées des partis. Aucune de ces amertumes
ne fut épargnée à M. Beulé. Mais rien ne
paralysa son talent ni n'ébranla son cou-
rage.
»I1 déploya dans ce court passage au pou-
voir une des plus grandes qualités de
l'homme d'Etat: toujours prêt à se jeter
dans la mêlée pour sa cause, et il ne recula
jamais devant un acte qu'il croyait utile,
par crainte de se créer un ennemi ou le
désir de s'épargner un outrage. L'approba-
tion des gens de bien qui a soutenu ses
efforts en tiendra compte à sa mémoire. »
D'autres discours ont été prononcés par
MM. Wallon, Gérard et Cavclier.
Un de nos confrères, M. P. a parié avec
un richissime-anglais, bien connu pour
ses excentricités, M. Bedford, de parcourir
à pied une distance de quatre-vingts kilo-
mètres en seize heures. M
Le pari a été exécuté avant-hier 5 avril,
sur la route de Paris à Rouen.
Parti de la Porte-Maillot à 6 heures 45
du matin, M. P. avait terminé ses quatre-
vingts kilomètres à dix heures un quart du
soir, c'est-à-dire avec une avance de trente
minutes. Il ne s'était arrêté qu'une heure
et demie en route pour déjeuner. C'est donc
une moyenne de sept kilomètres à l'heure
qu'il a soutenue.
Bien qu'il ait gagné très lestement son
pari, M. P. est revenu furieux contre
l'administration des ponts et chaussées,
dont la négligence lui a fait faire deux.ki-
lomètrcs en plus.
Croirait-on que sur une route nationale
de premier ordre, et à une distance assez
rapprochée de Paris, les bornes kilométri-
ques soient souvent absentes? Et quand la
route bifurque, la plupart du temps, aucun
poteau n'est là pour indiquer la direction
des embranchements. On ne voit ces cho-
ses-là qu'en France.
Les incertitudes causées par cette négli-
gence ont amené dans le compte des kilo-
mètres parcourus par M. P. une erreur de
deux, à son désavantage; ce n'est pas tout,
il a dû marcher deux kilomètres encore
pour trouver le dîner et le gîte.
Il a donc fait dans sa journée 84 kilomè-
tres en tout.
TENTATIVE DE SUICIDE DU CAISSIER DU
XIXe SIÈCLE
L'événement d'hier, c'est une tentative
de suicide, dont l'auteur, M. Auguste- Pa-
ravicini, touche de près au monde du jour-
nalisme. M. Paravicini est, en effet, le cais-
sier du XIXe Siècle.
Poussé au désespoir par des causes qu'il
no nous appartient pas de faire connaître,
M. Auguste Paravicini s'est tiré avant-hier
soir deux coups de revolver. C'est dans une
voiture de place, à la hauteur de la rue de
Maubeuge, qu'il a exécuté son fatal des-
sein.
En entendant la détonation, le cocher
sauta à bas de son siége et ouvrit précipi-
tamment la portière. Il trouva M. Paravi-
cini renversé en arrière, et râlant. Le sang
s'échappait par une large blessure, à la
hauteur du foie. Il appela immédiatement
les gardiens de la paix, qui firent conduire
le blessé à une pharmacie où les premiers
soins lui furent prodigués. Il ne tarda pas
à revenir lui, et fut transporté à l'hôpital
Lariboisière.
Hier soir, l'état du blessé était aussi satis-
faisant que possible. M. Paravicini avait
même pu prendre quelques aliments. Plu-
sieurs de ses amis, notamment M. Edmond
About, ont été admis auprès de lui! et il a
pu s'entretenir avec eux. Il a manifesté de
vifs regrets de sa tentative.
M. Paravicini est un garcon d'une tren-
taine d'années, d'une excellente famille. Il
est le beau-frère de notre confrère, M. Wil-
frid Chauvin. Tous ses collègues ont une
grande sympathie pour lui.
Pondantlaguerre,ilavaitbrillammentfait
son devoir en qualité de lieutenant au 50° de
ligne, et. avait, à de nombreuses reprises,
mérité les éloges de ses chefs. °
LE VOL DE LA COMPAGNIE D'ORLÉANS.
La mer monte toujours l
Les détournements de Sisco dépassent
aujourd'hui deux cent quarante mille
francs. Le travail de vérification n'est pas
encore terminé, quoiqu'il approche de sa
fin. Le chiffre total des sommes volées s'é-
levera, comme nous l'avons dit, à plus-de
trois cent mille francs.
Les vérificateurs, qui sont au nombre de
quatre, trois inspecteurs de la Compagnie
et un chef de bureau, ont mené leur rude
et ingrate besogne avec la plus louable
ardeur.
TENTATIVE D'ASSASSINAT
Quelle vendetta y avait-il entre le char-
bonnier Chambéau et le cordonnier Valèze,
tous deux locataires dans la même maison,
passage Sainte-Marie, 15, à Ménilmontant?
C'est probablement ce que la police va
vouloir approfondir à la suite de l'événe-
ment qui est arrivé la nuit dernière.
me faut dix louis, au lieu de cinq, et tu
auras lieu d'être content.
Beaucousin eut un mouvement de fu-
reur..
Ecoute, dit-il à Philippe il n'y a
plus moyen de traiter une affaire avec
toi, et je regrette beaucoup de t'avoir
fourré cette note sous les yeux. Pour un
louis qu'on lui glisserait' gentiment en
prenant un verre, le premier domesti-
que de ta maison m'en dirait tout autant
que tu peux m'en apprendre, peut-être
davantage, et il m'aurait été infiniment
moins désagréable d'avoir affaire à un
larbin qu'à toi.
r- Tàtés-en, des domestiques de l'hô-
tel, fit Bel-Amour, et tu verras de quelle
pâte ils sont faits! Frotte-toi à eux pour
voir un peu comment-tu seras reçu. L'i-
dée d'empocher tout l'argent pour ne me
laisser à moi que quelques misérables
liardste trouble la jugeotte. Tu n'obtien-
drais pas même du dernier de nos lar-
bins qu'il vînt prendre un verre avec toi.
Tandis que moi, non-seulement, je te
donnerai tous les renseignements que
l'on désire, mais encore si ta curieuse a
besoin d'entrer à l'hôtel, à quelque mo-
ment que ce soit, je me charge de l'a-
mener dans telle chambre qu'il lui plaira,
sans que p'ersonne le" sache ou s'en doute,
ainsi du reste que je lui en ai déjà donne
les preuves.
Ca, c'est gentil, fit tout haut Beau-
cousin, pendant qu'il se disait à lui-
même Juliette n'est point femme à
marchander pour avoir -tout de suite ce
qu'elle veut, sans attendre au lendemain.
Je lui demanderai cent écus, sur les-
quels je donnerai dix 4ouis à ce cancre
de Bel-Amour, et je garderai le reste,
sans compter ce que je recevrai per-
sonnellement pour mon entremise dans
l'affaire.
Après quoi il reprit à haute voix
Il était minuit et demi, Chambeau ren-
trait chez lui tranquillement et venait de
s'engager dans le couloir do la maison,
lorsque tout à coup il recut à la tête un
coup violent d'un instrument tranchant.
Alerte par nature et par état, Chambeau
bondit sur son agresseur et tous deux rou-
lèrent à terre. Une lutte sauvage s'enga-
gea, dans laquelle le charbonnier fut mor-
du à plusieurs reprises.
Enfin, au bruit de la lutte, des voisins
accoururent et dégagèrent Chambeau, à
la blessure qu'il avait reçue donnait le
désavantage. Son agresseur, Victor Va-
lèze, a été conduit au poste à la disposi-
tion de M. Mariani, commissaire de po-
lice.
Chambeau a été porté dans son lit où il
a reçu les soins nécessaires à son état.
UN NOUVEAU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE.
Une scène fort curieuse s'est passée hier
matin à l'Elysée.
Vers huit heures, un individu eu habit
noir, cravaté de blanc, et orné du grand
cordon de la Légion d'honneur, se présente
chez le concierge et, s'adressant à lui avec
la plus grande politesse
Voudriez-vous, dit-il", me donner tout
ce qu'il faut pour écrire. Je veux remettre
entre vos mains ma démission de Président
de la République.
Hein fait le concierge ahuri.
Parfaitement; ne me reconnaissez-
vous pas? Je suis le maréchal de Mac-Ma-
hon. Vois-tu, mon pauvre vieux, je ne veux
pas avoir de secrets pour toi. Mes minis-
tres m'ennuient, surtout de Broglie et
Thiers. Je m'en vais. Pour mes adieux, je
te nomme grand officier de la Légion d'hon-
neur.
Le concierge, remis de sa stupéfaction
première, avait déjà compris qu'il avait af-
faire à un fou.
Inutile de dire qu'il a fait conduire chez
le commissaire de police du quartier le
nouveau président de la République, le-
quel se nomme Désiré Poissonnier.
Un pays de cocagne que Meulan! Les
chasseurs et pêcheurs y ont été favorisés
d'une manière surprenante.
J'ai vu hier, de mes propres yeux vu,
un pêcheur qui n'a pas pris moins de qua-
tre-vingt-six livres de poissons à lal igné.
Le plus maladroit avait attrapé cinquante
livres. Un banc de poissons était, venu jus-
qu'à l'écluse où il a été arrêté.
Je tiens les-détails du chef éclusier Hau-
guel, celui qui, au Havre, a retiré Trop-
mann de l'eau.
Il m'a montré du reste le chronomètre
que lui a donné le Figaro.
Encore une enseigne. je vous jure que
c'est la dernière.
Celle-ci que j'ai copiée hier 126 faubourg
Saint-Antoine, est celle dun horloger.
Elle représente un énorme lion, qui a une
pendule dans le ventre et que fascine le re-
gard d'un concurrent de Delmonico.
On lit au-dessous
Mise en état des plus mauvaises montres.
AU DOMPTE-HEURES.
v Gaston Vassy.
'-t
Je devais aller hier à Limours, mais la
moisson de nouvelles ayant été fort abon-
dante à Paris, j'ai dû remettre mon expé-
dition à aujourd'hui.
J'espère que nos lecteurs n'y perdront
rien pour avoir attendu. • g. v.
DESTINÉE A RETIRER LES DRAPS ET LES COUVERTURES
ENGAGÉS AU MONT-DE-PIÊTE.
Quoique nous ayons depuis quelque
temps déjà annoncé la clôture définitive
de la souscription, il nous arrive chaque
jour quelque nouvelle offrande. Nous
nous voyons donc dans la nécessité d'an-
noncer de nouveau la clôture des listes.
Celle que nous publions aujourd'hui et
qui sera la dernière, porte a 21,383 fr.
80 c. le total général des sommes versées
à nos guiçhets.
Le montant dçs sommes reçues au 27 mars était
de. fr. 20,667 »»
Sommes reçuesytepuis la clôture des listes:
MM. •̃ ̃̃ O:v.
de Villiers 4., 4 10 na
A. P.,notaire honoraire. 20 »»
Adotphe Laplume, do Pau, pifo l'en-
tremise du Petit Jo2crnal. i 20 nn »
E. B..5
A. Godfrin 100 »»
E. R 20 ï»
Le Serurier, 1, rue de la Paix 20 »»
Quête, faite dans un bal d'enfants
donné par MM. Provost, Biglia, l)u-
val, Fournier et Thémiat 21 80
Mme Vve Vassal ̃«.• 500 »»
V Total général. 21,383 80
4
Nous rappelons à nos lecteurs que Le prix
d'abonnement au Figaro est, pour les dé-
partements do 16 fr. 50 pour trois mois,
33 fr. pour six mois; et 66 fr. pow un an.
-Puisqu'il faut toujours faire selon
ton bon plaisir, méchante teigne, juif
que tu es, on te donnera tes deux-cents
francs.
Tout de suite, et contre la remise
de toutes les réponses, sans cela, rien.
Mais je n'ai pas l'argent sur moi!
Va le chercher donnant, donnant.
M'attends-tu ici?
Non, j'ai affaire auprès de mon cher
patron; M. Benoist. Je vais profiter de
ce que je suis ici pour donner un coup
de pied jusqu'aux Halles où je vais pren-
dre les coquillages et le poisson, puis,
vers midi, tu me retrouveras à cette
même table pour me compter les deux
cents balles.
-,Soit, dit Beaucousin, qui, après
avoir soldé, s'en fut chez Juliette, tandis
que Philippe prenait le chemin des
halles.
Gagner près de quarante-huit heures
parut très avantageux à Juliette qui brû-
lait de mettre son projet à execution.
aussi ne fit-elle aucune difficulté pour
remettre à Beaucousin les cent écus qu'il
lui demanda pour Philippe.
J'oubliais de te dire, fit Beaucousin,
que l'intéressant marmiton dont nous
avons fait cadeau à l'illustre chanoinesse
t'offre, au cas que tu en aurais besoin,
de t'introduire dans n'importe quelle
pièce de l'hôtel, à toute heure de nuit et
de jour.
Voilà le bon côté de ce garçon-là,
fit Juliette; rien ne lui échappe de ce
qu'on peut désirer, et rien ne lui paraît
impossible. C'est un gars qui ira loin.
II ira haut surtout, répondit Beau-
cousin, en mimant l'acte d'une tête
tranchee par le couperet de la guillotine.
Tu as de vilaines manières, observa
Juliette, qui ne put se défendre d'un
mouvement de répulsion.
Et toi tu tournes joliment à la petite
GAZETTE DES TRIBUNAUX
Une inscription séditieuse. Les réfugiés do la
Commune à Londres Vermersch, Vaillant, Da-
costa, etc.
La loi punit les cris séditieux et les
inscriptions séditieuses; mais faut-il
considérer comme une inscription sédi-
tieuse le fait de barbouiller sur un mur,
en temps de République, ces simples
mots
LE 16 MARS, VIVE NAPOLÉON IV 1
Telle est la question qui vient de se
poser devant la 8° chambre, où Couro-
zier, ancien sergent de ville sous l'Em-
pire, marchant de vins aujourd'hui, a
comparu hier. Courozier a été surpris
la nuit, imprimant sur un mur les deux
phrases citées plus haut. Voici en quels
termes a déposé le gardien de la paix
qui l'a arrêté
Etant de service de nuit avec mon col-
lègue Boyer, nous avons aperçu vers une
heure et demie du matin, rue "do La Cha-
pelle, vis-à-vis de la justice de paix, deux
individus: l'un, le sieur Courozier, tenait
sa main sur une.bando de carton tippliquéa
au mur, l'autre tenait un pot remplidenoir,
et lorsque Courozier y avait trempé son pin-
ceau, il s'avancait de trois pas et regardait
de côté et d'autre.
A notre approche, lesdeux individus ont
pris la fuite; nous nous sommes mis à leur
poursuite en criant: Arrêtez Deux gar-
diens de la paix qui venaient en sens in-
verse ont arrêté Courozier, mais l'autre
a disparu. Nous avons ramené Gourozier à
l'endroit où nous l'avions remarqué, et
nous avons constaté ces mots imprimés sur
le mur, avec un carton découpé à jour
« Le 16 mars, vive Napoléon IVt »
Le président, au prevenu. Reconnais-
sez-vous le fait ?
R. Parfaitement; mais je ne crois pas
avoir été coupable en inscrivant sur lemur
la phrase en question.
Il est en effet bien difficile d'admettre
que l'expression des sentiments bona-
partistes de Courozier puisse constituer
un acte de rébellion ou de sédition.
Aussi, M. le substitut Campenon s'est-il
borné à soutenir la prévention, en con*
sidérant l'acte de l'ancien sergent de
ville comme une infraction à la loi sur
l'affichage. i
M'Doumerc, défenseur du prévenu,
a fait observer qu'il était impossible, au
point de vue grammatical comme au
point de vue juridique, de considérer
comme une affiche une simple inscrip-
tion, et de qualifier d'affichage le fait dé
tracer trois mots sur un mur.
Le tribunal n'a pas admis cette théorie
et a condamné Courozier à 500 francs
d'amende.
̃# •
-Les vacances de Pâques et le procès
Bauffremont m'ont empêché jusqu'ici
de parler de deux petits procès dont les
réfugiés de la Commune, à Londres, ont
été les héros. Ils vont bien, nos excel-
lents communards!
La première affaire est une affaire de
coups et blessures dont il à déjà été
question hier dans nos télégrammes. J'y
reviens pour y ajouter ce détail curieux:
Si Vermersch a été rossé par ses coreli-
gionnaires politiques, c'est que ceux-ci
l'avaient accusé d'être correspondant du
Figaro. Intelligente jeunesse
La seconde affaire est plus grave. An-
toine Dumas et Frédéric Dacosta, deux
notabilités communardes, ont été sur-
pris en train de commettre un vol chez
un joaillier.
La 'déposition du policeman qui les a
arrêtés explique dans quelles circons-
tances la tentative de vol a été accom-
plie
Maurice Pocock, agent de police de la
Cité. Dimanche, vers cinq heures de
l'après-midi, j'ai été -requis par M. Cham-
pion qui habite le numéro 3 de Saint-Mi-
chaè'i-Alley, dans Cornhill. J'ai été intro-
duit dans la boutique d'un joaillier, et j'y
ai constaté l'existence d'un trou pratiqué
dans le mur qui sépare cette boutique de
la maison voisine. Escorté d'un autre cons-
table, le sieur Davies, je me suis rendu
dans cette seconde boutique, qui est occu.
pée par un cordonnier, et je n'ai rien
trouvé à constater. Mais ayant remarqué
une trappe qui donne accès dans une cave
régnant sous les deux boutiques, j'ai des-
cendu par l'échelle facilitant cet accès, et,
dans cette cave, j'ai trouvé Dacosta blotti
au pied de l'échelle. Je lui ai demandé ce.
qu'il faisait là. Il m'a répondu «Rien do
mal, vous le voyez. »
J'ai regardé ensuite sous une espèce de
comptoir et j'y ai trouvé Dumas. Lui ayant
demandé raison de sa présence sous ce
comptoir, il m'a répondu « Il ne manque-
rait plus que de nous prendre pour des vo-
leurs je suis très étonné des questions que
vous nous adressez »
Ils ont été tous les deux arrêtés. Nous
avons trouvé dans cette cave divers instru-
ments propres à commettre des effractions.
On n'avait encore rien pris chez le joaillier,
mais il existait déjà deux trous dans là
mur séparatif.
Dumas et Dacosta ont été renvoyée
devant les assises.
Je rendrai compte de leur affaire.
Fernand de Rodays.
SOUSCRIPTION
maîtresse Tu ne m'aurais pas dit de ces
choses-là dans le temps.
Dans le temps, dans le temps.
Dieu merci nous tfy sommes plus dans
ce temps là! Je ne puis guère regretter
une époque où je n'avais pas de sou-
liers
Et elle rentra dans sa chambre, en
ajoutant
Allons, va vite à ton affaire.
^Beaucousin sortit en murmurant con'
trè l'ingratitude des femmes.
Quand il eut rejoint Philippe, le pre-
mier mot de celui-ci fut .•
-As-tu les sous ?
Les voilà, fit Beaucousin en posant
les deux cents francs sur la table, mais
de façon à pouvoir les ramasser d'un
tour de main dans le cas où ce qu'allait
lui donner Philippe comme renseigne-i
ments ne vaudrait pas la somme pro-
mise.
Le lecteur, 'qui connait Marianne, nous
dispensera de lui dire quelles étaient
les réponses de Philippe au question.
naire donné par Juliette.
Ces réponses, dictées par un esprit
très observateur et très perspicace, pei-
gnaient exactement le caractère de Ma«.
rianne et de la chanoinesse, qui lais-
saient peu de prise à l'intimidation:
elles ajoutaient que le passé des deux
femmes était de la pureté la plus irré-
prochable et qu'il serait très-difficile de
se faire présenter à l'une ou à l'autre, le
mot d'ordre étant qu'elles ne recevaient
plus personne sous quelque prétexte que:
ce fùt.
MIE D'AGHONNE.
(La suite à demain.)
à la portée de la voix, il nous hê'.a de descendre
nos chaloupes pour sauver les passagers et l'équi-
page. De son coté, l'Europe mit à flot ses propres
chaloupes, par une grosse mer du N.-O. Malgré
le temps, nous réussîmes cependant à transporter
à bord du Grecce le personnel tout entier de V Eu-
rope, passagers et équipage, comprenant en tout
environ 400 personnes, sans qu'il fut survenu le
moindre accident. Les gens du bord partant avec
• les seuls vêtements qu'ils avaient sur eux, et le ca-
pitaine Lemaire restant le dernier sur le pont pour
présider au sauvetage général.
BERNE, 7 avril. Mardi dernier,
en vertu d'un décret du gouvernement, le
couvent des Ursulines de Porrentruy a été
fermé. Mme la comtesse de Montalembert
a offert un asile aux pauvres sœurs, à
Maiche.
Munich, 8 avril. M. Guillaume
de Kaulbach, directeur de l'Académie de
Munich, est mort hier soir à 8 heures 1/4,
des suites d'wle attaque de choléra.
Auguste Marcade.
̃*
PARIS AU JOUR IE JOUR
On se rappelle la polémique que sou-
leva en 1872 une lettre de M. de Gra-
mont (9 décembre), où l'ex-ministre des
affaires étrangères affirmait qu'en 1870
l'Autriche avait promis ^son concours à
la France dans la limite du possible.
On lui répondit par des extraits du Livre
rouge autrichien constatant, au contraire,
que l'intention de l'Autriche avait tou-
jours été de garder la neutralité
M. de Gramont ne se tenant point pour
battu, riposta par de nouvelles affirma-
tions Dans une dépêche datée du 21 juil-
let 1870, qu'on n'avait pas jugé à propos
de publier, était, selon lui, le passage
suivant
« Veuillez donc répéter à Sa Majesté et à
ses ministres que nous considérons la cause
de la France comme la nôtre, et que nous
contribuerons au succès de ses armes dans
les limites du possible. »
Voilà donc, ccnclnait-il ce que M. le
prince de Metternich était chargé de répéter
à l'empereur et à ses ministres. Puisqu'il
recevait l'ordre de le répéter, cela indique
qu'il l'avait déjà dit; et, en effet, fidèle à
ses instructions, (il ne tenait pas un autre
langage.
J'ajouterai enfin que les assurances de
concours envoyées le 20 juillet, remises et
répétées le 23, avaient été également direc-
tement confirmées le 21 par M. le ministre
des affaires étrangères lui-même.
Or, le Temps publie hier soir le texte
intégral de la dépêche de M. de Beust à
M. de Metternich dont on a vu un extrait
plus haut. La phrase citée par M. de Gra-
mont y figure. bien, mais en réalité se
trouve annulée par des considérations
aboutissant en somme à la neutralité. M.
de Beust disait entr'autres choses:
L'intérêt de la France n'ordonne-t-il pas
comme le nôtre d'empêcher que le jeu, en-
gagé à deux, ne se complique trop promp-
tement ? Or, nous croyons savoir que notre
entrée en campagne amènerait sur-le-
champ celle de la Russie, qui nous menace
non-seulement en Gallicie, mais sur le
Pruth et sur le Bas-Dànube. Neutraliser la
Russie, ramener jusqu'au moment où la
saison avancée ne lui permettrait plus de
songer à concentrer ses troupes, éviter
tout ce qui pourrait lui donner de l'om-
brage ou lui fournir un prétexte d'entrer én
lice, voilà ce qui doit, pour le moment,
être le but ostensible de notre politique.
Qu'on ne s'y méprenne jpas à Paris la
neutralitér de la Russie depend de la nôtre.
Plus celle-là deviendra bienveillante pour
la Prusse, plus notre neutralité pourra se
montrer sympathique à la France.
Comme je l'ai toujours fait pressentir
dans nos pourparlers de l'année dernière,
nous ne pouvons pas oublier que nos dix
millions d'Allemands ne voient dans la
guerre actuelle, non pas un duel entre la
France et la Prusse, mais le commence-:
ment d'une lutte nationale. Nous ne pou-
vons pas nous dissimuler non plus que les
Hongrois, tout disposés qu'ils soienta s'im-
poser les plus grands sacrifices dès qu'il
s'agit de défendre l'empire contre la Rus-
sie, se montreront plus réservés dès qu'il
's'agira de dépenser leur sang et leur ar-
gent pour reconquérir à l'Autriche sa po-
sition en Allemagne.
Tout en maintenant sa neutralité, l'Au-
triche s'engageait cependant à poser, de
concert avec l'Italie, les bases d'une mé-
diation, mais elle demandait que la
France renonçât à l'occupation deRome.
La publication de ce document authen-
tique présente le débat sous un nouveau
jour. Nous résumerons la polémique
qu'elle va nécessairement amener.
Il faut lire aussi dans le Temps
une curieuse étude de M. Jean Aicard,
démontrant, à l'aide de documents iné-
dits qu'il serait trop long de détailler, que
la Venus de Milo n'a pas été trouvée
sans bras comme on le croit générale-
ment.
Voici dans quel état elle se trouvait
lorsqu'elle sortit de terre
« La statue était de deux pièces jointes
Feuilleton du FIGARO du 10 Avril
60
LES MITS SAMLANTES
» A défaut de pareils accidents dans le
passé de la marquise, n'en trouverait-on
pas dans le passé de la chanoinesse?
Il semble impossible qu'une femme
puisse arriver à l'âge de soixante-dix ans
sans qu'elle ait commis quelque fai-
blesse. Il suffirait de trouver la moin-
dre petite tache dans l'une ou l'autre de
ces existences, ne fût-ce qu'une ombre.
Combien te donne-t-on de temps
pour répondre à tout cela? demanda
Philippe en rendant la note à Beaucou-
sin, qui la repoussa vers lui.
Quarante-huit heures pas plus
Et combien te paye-i-on pour tout
cela?
Tu n'as jamais que ca à la bouche
« Combien qu'on paie? Combien qu'on
doïine ?. » fit Beaucousin en haussant les
épaules avec un air de mépris et de dé-
goût.
Eh! mon Dieu, fit l'autre d'un ton
cafard, il n'y a pas de chaise à l'église
qui n'ait son prix!
Beaucousin eut un nouveau hausse-
ment d'épaules, ayant la même signifi-
cation, et dit à son interlocuteur
Fais toi-même ton prix.
Non. Ca n'entre pas dans mes habi-
tudes, et tu sais que je n'aime pas à en
changer.
On te donnera cinq louis, et je crois
_que c'est assez largement paye
Tu crois ça? c'est drôle!
au moyen de deux forts tenons en fer; le
Grec, craignant de perdre le fruit de ses
travaux, en avait.fait porter et déposer
dans une étable la partie supérieure avec
les deux hermès. L'autre était encore dans
la niche. Je visitai le tout attentivement,
et ces divers morceaux me parurent d'un
bon goût, autant "cependant que mes faibles
connaissances dans les.arts me permirent
d'en juger.
La statue, dont je mesurai les deux par-
ties séparément avait, à très peu de chose
près, six pieds de haut; elle représentait
une femme nue dont la main gauche rele-
vée tenait une pomme et la droite soute-
nait une ceinture habilement drapée et
tombant négligemment des reins jusqu'aux
pieds. Du reste elles ont été l'une et l'autre
mutilées et sont actuellement détachées du
corps. Les cheveux sont retroussés par
derrière et retenus par un bandeau. La
figure est très belle et serait bien conser-
vée si le bout du nez n'était entamé. Le
seul pied qui reste était nu; les oreilles ont
été percées et ont dû recevoir des pen-
dants.
C'est dans la lutte entre les marins
français qui voulaient embarquer la sta-
tue et les paysans grecs qui, guidés par
le caloyer Oiconomos, voulaient la re-
prendre, que le bras gauche fùt brisé.
Nous verrons plus tard comment Vénus
perdit son bras droit.
,*¥ La Gazette de France conteste l'exis-
tence du plan que nous avons attribué
d'ailleurs, à l'extrême droite et non au
journal de M. Janicot, plan qui consiste-
rait à laisser le pouvoir au maréchal
pendant sept ans, mais en modifiant la
nature de ce pouvoir. Que la Gazette
veuille bien se reporter à la lettre de M.
de Belcastel, qu'elle a insérée sans en
combattre les conclusions, elle y lira
cette phrase
Incommutable (le septennat) quant à la
durée, il ne l'est pas quant au titre et aux
conditions. En d'autres termes, et pour
tout dire, le septennat a été voté. Mais il
peut être monarchique, républicain ou sep-
tennat tout court. Ce dernier n'a pas assez
do prestige pour dire Egonominor leo} et le
plus mauvais des deux premiers serait en-
core le meilleur.
N'est-ce pas exactement, comme forme
moins précise, le plan dont nous avons
constaté l'existence. La Gazette assure
qu'elle en a un autre qui consiste à or-
ganiser l'unité d'action. C'est fort bien,
mais encore faut-il savoir ce que sera
cette action, où et comment elle se pro-
duira.
Regardez dans la Vie parisienne les
amusants dessins consacrés au Sphinx de
M. Octave Feuillet et qui reproduisent
avec un tour des plus parisiens VQEdipe e
et le Sphinx de M. Gustave Moreau. M.
Delaunay, tantôt en OEdipe, tantôt en
premier communiant, est très réussi.
Dans un ordre d'idées absolument dif-
férent, il faut lir_e quelques notes de
voyage, courtes et précises, sur une ré-
ception au Vatican.
La galerie, dans laquelle le pape reçoit
les personnes admises à l'audience, "est
meublée de deux rangées de chaises en
bois blanc recouvertes de serge rouge. Ses
fenêtres, très hautes et très belles, laissent
pénétrer une inondation de clarté riante -et
apercevoir des bouts de ciel azuré qui, mô-
les à ces motifs d'architecture grandiose,
rappellent les toiles somptueuses de Paul
Veronèse. Ca et là des braseros qui font
bien à l'œil* mais servent surtout à brûler
le bas des robes. Au fond de la galerie, sur
une estrade de- velours rouge, un fauteuil
surmonté du buste de Grégoire XVI.
Une quinzaine de personnes attendent
le pontife. Les dames sont chargées de
chapelets; il y en a même qui apportent
de pleines caisses d'objets à bénir.
Tout à coup, on entend un grand mou-
vement derrière les portières elles s'é-
cartent et le pape paraît.
C'est un joli tableau d'un coloris tout vé-
nitien que ce fourmillement de person-
nages richement vêtus, 'ce joyeux chatoie-
ment de belles étoffes inondées d'une lu-
mière riante. La note dominante est four-
nie par le costume du souverain pontife,
qui, dans sa robe blanche relevée par un
manteau d'un rouge vif, marche à la tête
de ses monsignori vêtus de robes d'un vio-
let rougeâtre. Dès l'entrée du Saint-Père,
tout le monde se prosterne puis l'un des
monsignori de service fait signe aux visi-
teurs de se relever et leur réclame leurs
cartes. Le secrétaire- lit les différents noms
au Saint-Père à mesure que celui-ci s'a-
vance pour parler aux personnes age-
nouillées devant lui. Il le fait avec beau-
coup de bonté, d'un air affable et simple
qui contraste singulièrement avec l'atti-
tude altière de son entourage, disant à
chacun un mot aimable, bénissant un en-
fant maladif, donnant sa main à baiser à
tous Je remarque qu'il ne s'arrête guère
auprès de la dame aux caisses, qui paraît
consternée, et fait un geste de désespoir.
L'audience se terminé par une petite al-
locution toute paternelle par laquelle le
Saint-Père déclare bénir les chapelets ap-
portés, et exhorte ses auditeurs à travailler,
dans la mesure de leurs forces, à l'avance-
ment du règne de Notre Seigneur. Tout le
monde se signe, et répond Amen, Après
quoi le cortège so reforme, suivi, cette
Mais tu dois être riche comme un
Crésus, Bel-Amour, et, au train dont tu
mènes les affaires', tu vas, pour sûr, rou-
ler carrosse dans un peu de temps
Hélas si je voulais vivre de mes
revenus, je n'aurais pas même vingt
sous à manger par jour! Et tu trouves
que je suis exigeant! Eh bien! moi, je
trouve qu'avec le métier que vous me
faites faire, je ne suis qu'un niais. Je
ne veux pas l'être plus longtemps, Beau-
cousin il y a déjà beaucoup trop que ça
dure.
Tu es un mauvais camarade.
C'est toi, Beaucousin, car tu tires
toujours toute la couverture à toi. Vas,
je suis bien sûr que, quand tu donnes
cinq louis, tu en as empoché six fois
autant, et, cela, sans rien faire. C'est
pourquoi je me sens une furieuse envie
de vous envoyer paître, toi et ta cu-
rieuse.
Qui t'a dit que c'était une curieuse
plutôt qu'un curieux, qui veut savoir ce
qu'on te demande?
Tu n'es pas fin, -Beaucousin, pour
me faire de pareilles questions. Crois-
tu donc que j'aie oublié la blonde aux
yeux noirs qui venait prier avec nous
dans l'église de Biarritz?
Ecoute, je me fiche comme d'une
guigne que tu aies oublié ou que tu
n'aies pas oublié. Ce que je voisde plus
clair, c'est que tu yeux faire ton malin,
et que tu deviens embêtant, parce que
tu te mêles de choses qui ne te regardent
pas. Pour moi, d'après ce que je vois
chez toi, je crois que le meilleur c'estde
te laisser tranquillement récurer les cas-
serolles de ta chanoinesse, et de cher-
cher, pendant ce temps-là, dans nos con-
naissances, quelque garçon moins diffi-
cile à contenter.
Mon cher camarade Beaucousin,
fais donc pas tant le méchant, je te prie;
fois, par les visiteurs, qui l'accompagnent
du regard le plus longtemps possible, et
s'éloignent par le bout opposé de la gale-
rie qui mène aux appartements particu-
liers du pape. F. M.
Injustices et Abus
AFFAIRES DE CHIENS.
Nous avons reçu la lettre suivante
Jamais monstruosité pareille ne s'est vue:
c'est indigne! je m'insurge! Veuillez ac-
cueillir ma plainte et m'aider à protester
contre la mesure barbare prise hier contre
moi au bois de Boulogne.
J'allais, suivant ma coutume, après ma
pâtée du matin, faire mon tour du lac, lors-
que, à la porte Maillot, un vieux garde est
venu, signifier à ma maîtresse, d'avoir dé-
sormais à me museler; les roquets ayant
seuls maintenant liberté complète au bois.
Or, notez bien ceci, monsieur, j'étais
tenu en laisse, ce qui est déjà bien dur
pourquoi donc vouloir exiger encore l'é-
pouvantable muselière?. Que les hommes
sont donc cruels! je vous demande, en
toute conscience pourquoi nous infliger
-doux supplices à la fois? La laisse ne vous
suffit-elle pas, bourreaux?. Oh! qu'on y
prenne garde! nous payons l'impôt, nous
avons des droits que nous saurons faire
respecter. Nous aussi, nous ferons des ré-
volutions, nous aussi, nous mordrons la
main qui nous protège, nous aussi, nous
proclamerons nos immortels principes, dont
le premier article sera liberté complète,
plus de laisses, plus de muselières
Soyez notre avocat, je ne vous demande
pas de monter pour nous au balcon, on n'y
trouve pas toujours maintenant des -gens
ni des choses propres, mais aidez-nous
de votre plume et nous sommes sûrs de
gagner notre cause.
En attendant le jour prochain du triom-
phe, je vous présente la patte droite.
Votre bien dévoué
Eh bien, mais, ce «chien» a raison,
Pigeon chéri est dans le vrai.
Il y a évidemment là une excès do zèle.
La laisse et la muselière, c'est une de
trop, comme dirait Buridan.
Nous croyons bien, cependant, que- les
règlements de police exigent à la fois la
laisse et la muselière.
Mais, depuis longtemps, on a,reconnu
que cette dernière précaution, était plus
dangereuse qu'utile et que la laisse suffisait.
Emile Faure.
♦
La Journée
C'est aujourd'hui qu'a lieu l'élection du
successeur du frère Philippe.
Nous en ferons connaître le résultat de-
main.
Mgr Guibert a présidé hier à l'inaugura-
tion de la nouvelle église de Saint-Georges,
rue de Puebla. Quinze cents personnes en-
viron assistaient à la cérémonie.
Aux premiers rangs du chœur, nous
avons aperçu les maires et adjoints des
dixième et dix-neuvième arrondissements.
En sortant de l'église, le cardinal est allé
à pied faire une visite à la chapelle des
sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, 36, rue do
Meaux. Tout le monde, pendant ce trajet,
se découvrait respectueusement devant lui.
Les honneurs de la chapelle ont été faits à
Sa Grandeur par M. l'abbé Caillebotte.
OBSÈQUES DE M. BEULÉ.
Les obsèques de M. Beulé, ancien minis-
tre de l'intérieur et membre de l'Académie
des beaux-arts et«des inscriptions et belles
lettres ont eu lieu hier à midi, en l'église
Saint-Germain-des-Prés.
Les cordons du poële étaient tenus par
MM. Buffet, président de l'Assemblée na-
tionale de Broglie, ministre de l'intérieur;
Jourdain, président de l'Académie des ins-
criptions Wallon, secrétaire perpétuel des
beaux-Arts; Garo, de l'Académie française
et Sign.ol des beaux-arts.
Le président de la République était re-
présenté par un de ses officiers d'ordon-
nance, le prince de Bergh.
Le deuil était conduit par le frère de
Mme Beulé, par la sœur de M. Beulé, re-
ligieuse de Saint-Vincent-de-Paul Mlle
Jenny Beulé, en religion sœur Augustine-
et par les deux fils du défunt.
Les honneurs militaires ont été rendus
par un bataillon du 70° de ligne.
L'absoute a été donnée par Mgr Freppel,
évêque d'Angers.
A une heure et demie le cortège quittait
l'église Saint-Germain-des-Prés se dirigeant
vers le Père-Lachaise, où M. le duc de Bro-
glie a apprécié la carrière politique de M.
Beulé dans un discours dont voici un ex-
trait
« II faut l'avoir suivi jour par jour dans
cette dernière et laborieuse phase de son
existence, pour apprécier de quelle éléva-
tion naturelle son âme était douée. Il faut
avoir vu avec quel dévouement il dut ac-
cepter, avec quelle équanimité sereine il
tu sais bien que Bel-Amour est bon gar-
çon, mais qu'à dater du jour où tu le
laisserais de côté, il te jouerait un tour
de sa façon, dont tu pourrais te souvenir
le reste de tes jours. v
Faites donc la fortune des gens,
pour qu'ils viennent ensuite vous mena-
cer s'écria Beaucousin, avec une expres-
sion de regret.
Je ne te menace pas du tout, répon-
dit Philippe seulement je ne te permets
pas de te séparer de moi, comme ça,
suivant ton caprice. On n'agit pas ainsi
les uns sans les autres, camarade, quand
on est comme nous le sommes, déjà de-
puis longtemps, dans l'habitude de man-
ger à la même gamelle et de tirer du
même tonneau. Je te remets dans le bon
chemin uniquement pour te montrer qué
tu as tort d'en sortir, parce que ça pour-
rait te faire du mal.
Si Fine-Mouche n'avait pas été si
bavard, si vaniteux, si confiant en lui, il
ne serait probablement pas en ce mo-
ment à servir de pâture aux vers de la
terre.
L'expression menaçante avec laquelle
Beaucousin venait de prononcer ces
mots, n'avait pas échappé à Sainte-^
Simplicité, qui, sans avoir fait semblant
de s'en apercevoir, se disait in petto
Mon compte est bon, si je ne suis
pas assez malin pour me garder à car-
reau. A présent, entre Beaucousin et
moi, c'est au premier qui tombera l'au-
tre. Il s'agit d'avoir bon pied, bon œil,
et de prendre, s'il est possible, l'avance.
Ce qui n'empêcha pas l'aide de cuisine
de reprendre d'un ton calme et presque
mielleux
Tu as vingt-quatre heures pour
porter tes réponses à celui ou à celle
qui les demande; mais si tu pouvais les
donner tout de suite, tu te ferais payer
davantage, et je recevrais plus aussi. Il
PIGEON CHÉRI.
INFORMATIONS
sut quitter le pouvoir. De ces deux résolu-
tions, celle assurément qui lui coûta le
plus, ce fut la première mais il eut raison
de la considérer comme le plus impérieux
des devoirs. Prendre le pouvoir quand on
y est naturellement appelé, dans des jours
périlleux, c'est tout simplement ne pas re-
culer devant la responsabilité de ses actes
et devant la défense de ses convictions.
̃ Le poste qui fut désigné à M. Beulé est
celui qui engage le plus dans les luttes
quotidiennes la responsabilité d'un minis-
tre, celui qui expose sa renommée comme
,sa personne aux attaques les plus enveni-
mées des partis. Aucune de ces amertumes
ne fut épargnée à M. Beulé. Mais rien ne
paralysa son talent ni n'ébranla son cou-
rage.
»I1 déploya dans ce court passage au pou-
voir une des plus grandes qualités de
l'homme d'Etat: toujours prêt à se jeter
dans la mêlée pour sa cause, et il ne recula
jamais devant un acte qu'il croyait utile,
par crainte de se créer un ennemi ou le
désir de s'épargner un outrage. L'approba-
tion des gens de bien qui a soutenu ses
efforts en tiendra compte à sa mémoire. »
D'autres discours ont été prononcés par
MM. Wallon, Gérard et Cavclier.
Un de nos confrères, M. P. a parié avec
un richissime-anglais, bien connu pour
ses excentricités, M. Bedford, de parcourir
à pied une distance de quatre-vingts kilo-
mètres en seize heures. M
Le pari a été exécuté avant-hier 5 avril,
sur la route de Paris à Rouen.
Parti de la Porte-Maillot à 6 heures 45
du matin, M. P. avait terminé ses quatre-
vingts kilomètres à dix heures un quart du
soir, c'est-à-dire avec une avance de trente
minutes. Il ne s'était arrêté qu'une heure
et demie en route pour déjeuner. C'est donc
une moyenne de sept kilomètres à l'heure
qu'il a soutenue.
Bien qu'il ait gagné très lestement son
pari, M. P. est revenu furieux contre
l'administration des ponts et chaussées,
dont la négligence lui a fait faire deux.ki-
lomètrcs en plus.
Croirait-on que sur une route nationale
de premier ordre, et à une distance assez
rapprochée de Paris, les bornes kilométri-
ques soient souvent absentes? Et quand la
route bifurque, la plupart du temps, aucun
poteau n'est là pour indiquer la direction
des embranchements. On ne voit ces cho-
ses-là qu'en France.
Les incertitudes causées par cette négli-
gence ont amené dans le compte des kilo-
mètres parcourus par M. P. une erreur de
deux, à son désavantage; ce n'est pas tout,
il a dû marcher deux kilomètres encore
pour trouver le dîner et le gîte.
Il a donc fait dans sa journée 84 kilomè-
tres en tout.
TENTATIVE DE SUICIDE DU CAISSIER DU
XIXe SIÈCLE
L'événement d'hier, c'est une tentative
de suicide, dont l'auteur, M. Auguste- Pa-
ravicini, touche de près au monde du jour-
nalisme. M. Paravicini est, en effet, le cais-
sier du XIXe Siècle.
Poussé au désespoir par des causes qu'il
no nous appartient pas de faire connaître,
M. Auguste Paravicini s'est tiré avant-hier
soir deux coups de revolver. C'est dans une
voiture de place, à la hauteur de la rue de
Maubeuge, qu'il a exécuté son fatal des-
sein.
En entendant la détonation, le cocher
sauta à bas de son siége et ouvrit précipi-
tamment la portière. Il trouva M. Paravi-
cini renversé en arrière, et râlant. Le sang
s'échappait par une large blessure, à la
hauteur du foie. Il appela immédiatement
les gardiens de la paix, qui firent conduire
le blessé à une pharmacie où les premiers
soins lui furent prodigués. Il ne tarda pas
à revenir lui, et fut transporté à l'hôpital
Lariboisière.
Hier soir, l'état du blessé était aussi satis-
faisant que possible. M. Paravicini avait
même pu prendre quelques aliments. Plu-
sieurs de ses amis, notamment M. Edmond
About, ont été admis auprès de lui! et il a
pu s'entretenir avec eux. Il a manifesté de
vifs regrets de sa tentative.
M. Paravicini est un garcon d'une tren-
taine d'années, d'une excellente famille. Il
est le beau-frère de notre confrère, M. Wil-
frid Chauvin. Tous ses collègues ont une
grande sympathie pour lui.
Pondantlaguerre,ilavaitbrillammentfait
son devoir en qualité de lieutenant au 50° de
ligne, et. avait, à de nombreuses reprises,
mérité les éloges de ses chefs. °
LE VOL DE LA COMPAGNIE D'ORLÉANS.
La mer monte toujours l
Les détournements de Sisco dépassent
aujourd'hui deux cent quarante mille
francs. Le travail de vérification n'est pas
encore terminé, quoiqu'il approche de sa
fin. Le chiffre total des sommes volées s'é-
levera, comme nous l'avons dit, à plus-de
trois cent mille francs.
Les vérificateurs, qui sont au nombre de
quatre, trois inspecteurs de la Compagnie
et un chef de bureau, ont mené leur rude
et ingrate besogne avec la plus louable
ardeur.
TENTATIVE D'ASSASSINAT
Quelle vendetta y avait-il entre le char-
bonnier Chambéau et le cordonnier Valèze,
tous deux locataires dans la même maison,
passage Sainte-Marie, 15, à Ménilmontant?
C'est probablement ce que la police va
vouloir approfondir à la suite de l'événe-
ment qui est arrivé la nuit dernière.
me faut dix louis, au lieu de cinq, et tu
auras lieu d'être content.
Beaucousin eut un mouvement de fu-
reur..
Ecoute, dit-il à Philippe il n'y a
plus moyen de traiter une affaire avec
toi, et je regrette beaucoup de t'avoir
fourré cette note sous les yeux. Pour un
louis qu'on lui glisserait' gentiment en
prenant un verre, le premier domesti-
que de ta maison m'en dirait tout autant
que tu peux m'en apprendre, peut-être
davantage, et il m'aurait été infiniment
moins désagréable d'avoir affaire à un
larbin qu'à toi.
r- Tàtés-en, des domestiques de l'hô-
tel, fit Bel-Amour, et tu verras de quelle
pâte ils sont faits! Frotte-toi à eux pour
voir un peu comment-tu seras reçu. L'i-
dée d'empocher tout l'argent pour ne me
laisser à moi que quelques misérables
liardste trouble la jugeotte. Tu n'obtien-
drais pas même du dernier de nos lar-
bins qu'il vînt prendre un verre avec toi.
Tandis que moi, non-seulement, je te
donnerai tous les renseignements que
l'on désire, mais encore si ta curieuse a
besoin d'entrer à l'hôtel, à quelque mo-
ment que ce soit, je me charge de l'a-
mener dans telle chambre qu'il lui plaira,
sans que p'ersonne le" sache ou s'en doute,
ainsi du reste que je lui en ai déjà donne
les preuves.
Ca, c'est gentil, fit tout haut Beau-
cousin, pendant qu'il se disait à lui-
même Juliette n'est point femme à
marchander pour avoir -tout de suite ce
qu'elle veut, sans attendre au lendemain.
Je lui demanderai cent écus, sur les-
quels je donnerai dix 4ouis à ce cancre
de Bel-Amour, et je garderai le reste,
sans compter ce que je recevrai per-
sonnellement pour mon entremise dans
l'affaire.
Après quoi il reprit à haute voix
Il était minuit et demi, Chambeau ren-
trait chez lui tranquillement et venait de
s'engager dans le couloir do la maison,
lorsque tout à coup il recut à la tête un
coup violent d'un instrument tranchant.
Alerte par nature et par état, Chambeau
bondit sur son agresseur et tous deux rou-
lèrent à terre. Une lutte sauvage s'enga-
gea, dans laquelle le charbonnier fut mor-
du à plusieurs reprises.
Enfin, au bruit de la lutte, des voisins
accoururent et dégagèrent Chambeau, à
la blessure qu'il avait reçue donnait le
désavantage. Son agresseur, Victor Va-
lèze, a été conduit au poste à la disposi-
tion de M. Mariani, commissaire de po-
lice.
Chambeau a été porté dans son lit où il
a reçu les soins nécessaires à son état.
UN NOUVEAU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE.
Une scène fort curieuse s'est passée hier
matin à l'Elysée.
Vers huit heures, un individu eu habit
noir, cravaté de blanc, et orné du grand
cordon de la Légion d'honneur, se présente
chez le concierge et, s'adressant à lui avec
la plus grande politesse
Voudriez-vous, dit-il", me donner tout
ce qu'il faut pour écrire. Je veux remettre
entre vos mains ma démission de Président
de la République.
Hein fait le concierge ahuri.
Parfaitement; ne me reconnaissez-
vous pas? Je suis le maréchal de Mac-Ma-
hon. Vois-tu, mon pauvre vieux, je ne veux
pas avoir de secrets pour toi. Mes minis-
tres m'ennuient, surtout de Broglie et
Thiers. Je m'en vais. Pour mes adieux, je
te nomme grand officier de la Légion d'hon-
neur.
Le concierge, remis de sa stupéfaction
première, avait déjà compris qu'il avait af-
faire à un fou.
Inutile de dire qu'il a fait conduire chez
le commissaire de police du quartier le
nouveau président de la République, le-
quel se nomme Désiré Poissonnier.
Un pays de cocagne que Meulan! Les
chasseurs et pêcheurs y ont été favorisés
d'une manière surprenante.
J'ai vu hier, de mes propres yeux vu,
un pêcheur qui n'a pas pris moins de qua-
tre-vingt-six livres de poissons à lal igné.
Le plus maladroit avait attrapé cinquante
livres. Un banc de poissons était, venu jus-
qu'à l'écluse où il a été arrêté.
Je tiens les-détails du chef éclusier Hau-
guel, celui qui, au Havre, a retiré Trop-
mann de l'eau.
Il m'a montré du reste le chronomètre
que lui a donné le Figaro.
Encore une enseigne. je vous jure que
c'est la dernière.
Celle-ci que j'ai copiée hier 126 faubourg
Saint-Antoine, est celle dun horloger.
Elle représente un énorme lion, qui a une
pendule dans le ventre et que fascine le re-
gard d'un concurrent de Delmonico.
On lit au-dessous
Mise en état des plus mauvaises montres.
AU DOMPTE-HEURES.
v Gaston Vassy.
'-t
Je devais aller hier à Limours, mais la
moisson de nouvelles ayant été fort abon-
dante à Paris, j'ai dû remettre mon expé-
dition à aujourd'hui.
J'espère que nos lecteurs n'y perdront
rien pour avoir attendu. • g. v.
DESTINÉE A RETIRER LES DRAPS ET LES COUVERTURES
ENGAGÉS AU MONT-DE-PIÊTE.
Quoique nous ayons depuis quelque
temps déjà annoncé la clôture définitive
de la souscription, il nous arrive chaque
jour quelque nouvelle offrande. Nous
nous voyons donc dans la nécessité d'an-
noncer de nouveau la clôture des listes.
Celle que nous publions aujourd'hui et
qui sera la dernière, porte a 21,383 fr.
80 c. le total général des sommes versées
à nos guiçhets.
Le montant dçs sommes reçues au 27 mars était
de. fr. 20,667 »»
Sommes reçuesytepuis la clôture des listes:
MM. •̃ ̃̃ O:v.
de Villiers 4., 4 10 na
A. P.,notaire honoraire. 20 »»
Adotphe Laplume, do Pau, pifo l'en-
tremise du Petit Jo2crnal. i 20 nn »
E. B..5
A. Godfrin 100 »»
E. R 20 ï»
Le Serurier, 1, rue de la Paix 20 »»
Quête, faite dans un bal d'enfants
donné par MM. Provost, Biglia, l)u-
val, Fournier et Thémiat 21 80
Mme Vve Vassal ̃«.• 500 »»
V Total général. 21,383 80
4
Nous rappelons à nos lecteurs que Le prix
d'abonnement au Figaro est, pour les dé-
partements do 16 fr. 50 pour trois mois,
33 fr. pour six mois; et 66 fr. pow un an.
-Puisqu'il faut toujours faire selon
ton bon plaisir, méchante teigne, juif
que tu es, on te donnera tes deux-cents
francs.
Tout de suite, et contre la remise
de toutes les réponses, sans cela, rien.
Mais je n'ai pas l'argent sur moi!
Va le chercher donnant, donnant.
M'attends-tu ici?
Non, j'ai affaire auprès de mon cher
patron; M. Benoist. Je vais profiter de
ce que je suis ici pour donner un coup
de pied jusqu'aux Halles où je vais pren-
dre les coquillages et le poisson, puis,
vers midi, tu me retrouveras à cette
même table pour me compter les deux
cents balles.
-,Soit, dit Beaucousin, qui, après
avoir soldé, s'en fut chez Juliette, tandis
que Philippe prenait le chemin des
halles.
Gagner près de quarante-huit heures
parut très avantageux à Juliette qui brû-
lait de mettre son projet à execution.
aussi ne fit-elle aucune difficulté pour
remettre à Beaucousin les cent écus qu'il
lui demanda pour Philippe.
J'oubliais de te dire, fit Beaucousin,
que l'intéressant marmiton dont nous
avons fait cadeau à l'illustre chanoinesse
t'offre, au cas que tu en aurais besoin,
de t'introduire dans n'importe quelle
pièce de l'hôtel, à toute heure de nuit et
de jour.
Voilà le bon côté de ce garçon-là,
fit Juliette; rien ne lui échappe de ce
qu'on peut désirer, et rien ne lui paraît
impossible. C'est un gars qui ira loin.
II ira haut surtout, répondit Beau-
cousin, en mimant l'acte d'une tête
tranchee par le couperet de la guillotine.
Tu as de vilaines manières, observa
Juliette, qui ne put se défendre d'un
mouvement de répulsion.
Et toi tu tournes joliment à la petite
GAZETTE DES TRIBUNAUX
Une inscription séditieuse. Les réfugiés do la
Commune à Londres Vermersch, Vaillant, Da-
costa, etc.
La loi punit les cris séditieux et les
inscriptions séditieuses; mais faut-il
considérer comme une inscription sédi-
tieuse le fait de barbouiller sur un mur,
en temps de République, ces simples
mots
LE 16 MARS, VIVE NAPOLÉON IV 1
Telle est la question qui vient de se
poser devant la 8° chambre, où Couro-
zier, ancien sergent de ville sous l'Em-
pire, marchant de vins aujourd'hui, a
comparu hier. Courozier a été surpris
la nuit, imprimant sur un mur les deux
phrases citées plus haut. Voici en quels
termes a déposé le gardien de la paix
qui l'a arrêté
Etant de service de nuit avec mon col-
lègue Boyer, nous avons aperçu vers une
heure et demie du matin, rue "do La Cha-
pelle, vis-à-vis de la justice de paix, deux
individus: l'un, le sieur Courozier, tenait
sa main sur une.bando de carton tippliquéa
au mur, l'autre tenait un pot remplidenoir,
et lorsque Courozier y avait trempé son pin-
ceau, il s'avancait de trois pas et regardait
de côté et d'autre.
A notre approche, lesdeux individus ont
pris la fuite; nous nous sommes mis à leur
poursuite en criant: Arrêtez Deux gar-
diens de la paix qui venaient en sens in-
verse ont arrêté Courozier, mais l'autre
a disparu. Nous avons ramené Gourozier à
l'endroit où nous l'avions remarqué, et
nous avons constaté ces mots imprimés sur
le mur, avec un carton découpé à jour
« Le 16 mars, vive Napoléon IVt »
Le président, au prevenu. Reconnais-
sez-vous le fait ?
R. Parfaitement; mais je ne crois pas
avoir été coupable en inscrivant sur lemur
la phrase en question.
Il est en effet bien difficile d'admettre
que l'expression des sentiments bona-
partistes de Courozier puisse constituer
un acte de rébellion ou de sédition.
Aussi, M. le substitut Campenon s'est-il
borné à soutenir la prévention, en con*
sidérant l'acte de l'ancien sergent de
ville comme une infraction à la loi sur
l'affichage. i
M'Doumerc, défenseur du prévenu,
a fait observer qu'il était impossible, au
point de vue grammatical comme au
point de vue juridique, de considérer
comme une affiche une simple inscrip-
tion, et de qualifier d'affichage le fait dé
tracer trois mots sur un mur.
Le tribunal n'a pas admis cette théorie
et a condamné Courozier à 500 francs
d'amende.
̃# •
-Les vacances de Pâques et le procès
Bauffremont m'ont empêché jusqu'ici
de parler de deux petits procès dont les
réfugiés de la Commune, à Londres, ont
été les héros. Ils vont bien, nos excel-
lents communards!
La première affaire est une affaire de
coups et blessures dont il à déjà été
question hier dans nos télégrammes. J'y
reviens pour y ajouter ce détail curieux:
Si Vermersch a été rossé par ses coreli-
gionnaires politiques, c'est que ceux-ci
l'avaient accusé d'être correspondant du
Figaro. Intelligente jeunesse
La seconde affaire est plus grave. An-
toine Dumas et Frédéric Dacosta, deux
notabilités communardes, ont été sur-
pris en train de commettre un vol chez
un joaillier.
La 'déposition du policeman qui les a
arrêtés explique dans quelles circons-
tances la tentative de vol a été accom-
plie
Maurice Pocock, agent de police de la
Cité. Dimanche, vers cinq heures de
l'après-midi, j'ai été -requis par M. Cham-
pion qui habite le numéro 3 de Saint-Mi-
chaè'i-Alley, dans Cornhill. J'ai été intro-
duit dans la boutique d'un joaillier, et j'y
ai constaté l'existence d'un trou pratiqué
dans le mur qui sépare cette boutique de
la maison voisine. Escorté d'un autre cons-
table, le sieur Davies, je me suis rendu
dans cette seconde boutique, qui est occu.
pée par un cordonnier, et je n'ai rien
trouvé à constater. Mais ayant remarqué
une trappe qui donne accès dans une cave
régnant sous les deux boutiques, j'ai des-
cendu par l'échelle facilitant cet accès, et,
dans cette cave, j'ai trouvé Dacosta blotti
au pied de l'échelle. Je lui ai demandé ce.
qu'il faisait là. Il m'a répondu «Rien do
mal, vous le voyez. »
J'ai regardé ensuite sous une espèce de
comptoir et j'y ai trouvé Dumas. Lui ayant
demandé raison de sa présence sous ce
comptoir, il m'a répondu « Il ne manque-
rait plus que de nous prendre pour des vo-
leurs je suis très étonné des questions que
vous nous adressez »
Ils ont été tous les deux arrêtés. Nous
avons trouvé dans cette cave divers instru-
ments propres à commettre des effractions.
On n'avait encore rien pris chez le joaillier,
mais il existait déjà deux trous dans là
mur séparatif.
Dumas et Dacosta ont été renvoyée
devant les assises.
Je rendrai compte de leur affaire.
Fernand de Rodays.
SOUSCRIPTION
maîtresse Tu ne m'aurais pas dit de ces
choses-là dans le temps.
Dans le temps, dans le temps.
Dieu merci nous tfy sommes plus dans
ce temps là! Je ne puis guère regretter
une époque où je n'avais pas de sou-
liers
Et elle rentra dans sa chambre, en
ajoutant
Allons, va vite à ton affaire.
^Beaucousin sortit en murmurant con'
trè l'ingratitude des femmes.
Quand il eut rejoint Philippe, le pre-
mier mot de celui-ci fut .•
-As-tu les sous ?
Les voilà, fit Beaucousin en posant
les deux cents francs sur la table, mais
de façon à pouvoir les ramasser d'un
tour de main dans le cas où ce qu'allait
lui donner Philippe comme renseigne-i
ments ne vaudrait pas la somme pro-
mise.
Le lecteur, 'qui connait Marianne, nous
dispensera de lui dire quelles étaient
les réponses de Philippe au question.
naire donné par Juliette.
Ces réponses, dictées par un esprit
très observateur et très perspicace, pei-
gnaient exactement le caractère de Ma«.
rianne et de la chanoinesse, qui lais-
saient peu de prise à l'intimidation:
elles ajoutaient que le passé des deux
femmes était de la pureté la plus irré-
prochable et qu'il serait très-difficile de
se faire présenter à l'une ou à l'autre, le
mot d'ordre étant qu'elles ne recevaient
plus personne sous quelque prétexte que:
ce fùt.
MIE D'AGHONNE.
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