Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1874-03-05
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 05 mars 1874 05 mars 1874
Description : 1874/03/05 (Numéro 64). 1874/03/05 (Numéro 64).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k275165q
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LÉ MGAliO MjDi 5 MAllS 18?4
TÉLÉGRAMMES
.'ET
CORRESPONDANCES
En réponse à une lettre adressée à M.
Bouillet, chef de cabinet de M. Schnei-
der, par notre collaborateur Alfred d'Au-
nay, lettre remplie d'une sympathique
sollicitude pour l'état de santé de l'an-
cien président du Corps législatif, M.
Bouillet nous a envoyé la dépêche sui-
vante
LE CREUSOT, 3 mars,"midi 20 soir.– Veuil-
lez remercier d'Aunay. «lenfr puis lui donner
un bulletin plus sur de la santé de M. Schnei-
der qu'en lui disant que j'ai lu sa lettre aq
malade.
Il m'a répondu
« Remerciez bien M. d'Aunay et surtout ré-
» pondez toutes les marques d'intérêt qu'on
» me donne par des lettres obligeantes. Ne
» négligez pas ces détails; ils ont leur im-
» portance pour les regrets qu'on peut lais-
» ser. »
Vous .voyez que l'esprit et le caractère de
l'ancien président n'ont rien perdu de leur
finesse ni de leur bonne grâce.
S'il survenait une complication, je vous en
aviserais.
'Vous étiez donc hier, bien renseigné comme
toujours.
-» Sainte-MÉnehould, 3 mars, 2 h. soir.
–r M^ Sénart, conseiller à la cour de Paris,
conservateur, a été élu dimanche conseiller
g£néi%jpour le canton de Ville-sur-Tourbe,
par 2,012 voix sur 2,169 votants.
-SiUNTES, 2 mars. r– JLa dernière af-
fairé de la session des assises de la Charente-
Inférieure a été interrompue. hier, par un
incident aussi dramatique qu'inattendu.
On jugeait un jeune homme accusé de vol,
et son avocat achevait dé présenter sàdé-
fense; quand, tout à coup, l'un des jurés,
frappé d'aliénation mentale, l'interrompt en
criant au -revenant et en se plaignant qu'on
voulait attenter à ses jours, en l'assommant
à coups de massue. .•.•̃.
L'audience Jut levée aussitôt et l'affaire,
renvoyée, par arrêt de la cour, à la prochaine
session.
=«- Marseille; S mars, 5 heures 15 soir.
La cour d'assises d'Aix a condamné hier
Bouère, l'assassin du jeune Gastaldi, à cinq
ans de prison et six ans de surveillance.
-ï^La cour d'Aix. a élevé de 26,829 à
39,829 francs, la somme à payer par la ville
de Marseille aux jésuites, pour dégâts causés
en 1870, dans leur établissement, par les
gardes civiques.
REQUÊTE A M. LE PRÉFET DE POUCE
Une fabrique d'armés qui s'est établie^
ily a -quelques années, rue Picot, au mi-
lieu de l'avenue Uhrich, s'est, depuis
quelque temps, transformée en c>rOu
pherie,-et cela sans qu's^. ne ^uêtè
préalable ai~1 ;une enqu
Plï^aitét^Vl6 dans le quartier.
̃ .v-priétaires des maisons et hôtels
,,«nroftnants. se sont .émus du danger
permanent que cet établissement fait
cburirVaussi bien à leurs familles qu'à
leurs-propriétés, et «voulant être affran-
chis des transes .légitimes qui les tien-
nent dans une alerte incessante, une
plainte a été adressée par eux à M. le
préfet de police, pour lui demander" de
faire cesser un pareil trouble, apporté à
la jouissance d'immeubles construits,
antérieurement à cette fabrique, dans un
quartier dont, la situation excluait toute
idée d'une semblable exploitation.
Indépendamment du bruit et de l'ébran-
lement occasionné par le marteau pilon
qui est mis en mouvement depuis la pre-
mière-heure du jour jusqulà neuf heures
duiqir, il, y, a le danger, d'un dépôt' de
jioujlre. de guerre et de la manipulation
nécessitée par une fabrication que l'on
çhepohe^en'yain à traiter d'essais ou d'é-
chantillons.
• En- fait,la commandé présente estt
mous le 'savons, de 300,000 cartouches
elles sont livrées à raison de 20,OOO.par
semaine, et dans une récente visité, le
commissaire de police a constaté l'exis-
tence d'une quantité importante dé pou-
dre, de beaucoup supérieure aux quanti-
tés tolérées par les règlements; -le tout
placé dans une chambre, sous un toit,
sans compter les cartouches fabriquées
ou en CQurs dé, fabrication, qui sont dé-
posées au rez-de-chaussée.
En vain on arguerait de précautions
prises à l'intérieur de l'usine, alors qu'il
y a dans rétablissement une machine à
vapeur, dés enclumes, un marteau pilon,
des conduits et des appareils à gaz, et
qu'on y travaille à la lumière jusqu'à une
heure très jàvancée.
feuilleton do FIGARO do S Mars
HI :29.
IES HUITS SAINTES
Il se rappela, dans son insomnie, que
le jour où;.aecoudé avec la duchesse au
balcon- du salon, et, au moment où il ve-
nait de déposer un. haiser ^AUr sa main,
elle resta quelque temps rêveuse, puis,
tout à coup se plaignit d'une indisposi-
tion, et se retira dans ses appartements;
il se remémora différentes fois où la
jeune femme aurait parfaiteinent pu ve-
nir chez -M. de Mornant, certaine d'y ren-
contrer celui pour qui sa présence était
aussi douce- qu'un rayon dé soleil prin-
tanierj et s'en était abstenue sous de
simples prétextes et même quelquefois,
sansrfournirle- plus futile motif ces
souvenirs, réunis à ce qui s'était passé
la veille.-jeltèrent de l'inqUiétude dans
son- esprit, et, s'ils rie le firent pas douter
de l'amour de- Marianne, le portèrent du
moins à penser qu'il y avait là les mar-
ques d'une versatilité de sentiments de
nature aie faire cruellement souffrir
dans son amour.
Mais, ces griefs, en les approfondis-
sant, le marquis n'avait pas de peine à
reconnaître qu'ils étaient superficiels;
au fond,' i était jaloux, du passé de
Marianne, il redoutait les traces que le
duc de Montravert avait pu laisser dans
son cœur. M. de Villehaut d'Avron ne
connaissait que d'après les journaux le
récit: de. l'assassinat du duo, et ignorait t
complètement dans quelles circonstances
s'était fait le premier mariage de Ma-
rianne. Il savait que le duc, de son vi-
vant, était un homme fort séduisant, et
il ne semblait pas impossible qu'il eût
laissé chez Marianne, à la suite de la
mort violente dont il avait été victime,
une impression profonde dans laquelle
Et, quand môme on prendrait toutes
les précautions à l'intérieur, peut-on
échapper aux risques d'une explosion de
gaz, ou des incendies qui viendraient à se
déclarer chez les voisins, comme, par
exemple, dans une écurie et dans un gre-
nier à fourrage mitoyens avec la fa-
brique.
Il y a là un danger sérieux qu'il im-
porte de faire cesser, et nous sommes
persuadés qu'il nous suffira de le signa-
ler à la sollicitude du préfet de police
pour que des ordres immédiats soient
donnés. Il évitera ainsi les malheursgincal-
culables qu'entraînerait inévitablement
l'inflammation d'une pareille quantité
de produits fulminants, existant en cet
endroit à l'encontre de tous les règle-
ments protecteurs de la sécurité pu-
blique.
Disons, avant de finir, que notre sur-
prise est d'autant plus grande, que les
industries de ce genre sont générale-
ment soumises, à une réglementation des
plus sévères. Nos lecteurs ont certaine-
ment visité des arsenaux ou des capsu-
leries. Se souviennent-ils de l'insistance
des gardiens à les chausser de pantou-
fles en lisière et à semelles molles ?
Le devoir du gouvernement est d'isoler
des centres habités ces dangereuses ma-
nutentions. Il n'est que trop déplorable,
quand survient une explosion, de comp-
ter des morts et des blessés parmi les em-
ployés de la fabrique, sans intéresser la
vie des voisins à ces sinistres malheu-
reusement trop fréquents 1
Au surplus, on relègue bien extra mur os
lésindustriesgênantes,tellesquelesfabri-
ques de parfums et les fabriques. d'ex-
trêmes contraires. Ceux qui ont voyagé
dans la banlieue se sont tour à tour bou-
ché le nez ou les oreilles devant d'im-
menses constructions hérissées de pom-
pes à feu. Pourquoi les cartoucheries ne
subissent-elles pas cette loi ?. <
Nous nous résumons Vil est du devoir
du Figaro de signaler d'abord, et de com-
battre au besoin jusqu'à ce qu'il ait cessé,
cet abus ou plutôt ce danger qui enlève
toute paix aux habitants de l'avenue
Uhrich et trouble la vie des mères de fa-
mille. Nous en connaissons qui, dès
qu'elles entendent un bruit violent, sont
affolées de terreur et s'imaginent que le
quartier va sauter 1
BOUILLET.
Auguste Marcade.
PARIS AU JOIUll JOM
Les républicains modérés et môme les
autres gardent généralement un silence
prudent sur l'élection de M. Ledru-Rol-
lin. On se rattrape sur celle de M. Lepe-
tit. Le mot d'ordre est d'en faire une
sorte d'événement capital
tin mot se rencontre, dit la République fran-
çaise, sur toutes les lèvres aujourd'hui
« C'est M. Thiers qui a fait l'élection de la
Vienne Ce mot n'est pas seulement très
frappant par sa vivacité il est surtout très
juste et-d"une profonde vérité. Comme l'élec-
tion dé la Vienne est aujourd'hui le sujet
passionné de toutes les conversationspoliti-
ques, comme on y voit avec raison l'événe-
ment le plus considérable de notre histoire
intérieure depuis le 24 mai, il n'y a qu'une
voix en France pour dire que cette élection
de M. Lepetit est la revanche du pays contre
la coalition qui a précipité M. Thiers du pou-
voir. Pour la France, M. Thiers est au faîte.
Voilà la vérité telle qu'elle nous apparaît;
nous la disons sans détours.
Et le Bien''public, faisant bhorus, ré-
pond avec une joie plus contenue, mais
aussi évidente
Pour les coalisés, l'élection de' la Vienne
n'est pas un échec, c'est un désastre. Puisse-
t-elle être aussi un enseignement! Nous re-
viendrons sur cette leçon si complète, si
claire, et qui peut être si3 féconde.
Cependant, il faut s'entendre. Si la vic-
toire est aussi importante que cela daïis
la Vienne, Vaucluse lui apporte une
compensation remarquable. JEn, effet, on
rie saurait trop insister sur là 'différence
absolue qui existe entre les-programmes
politiques dont chacun des deux élus est
l'expression.
M. Lepetitest un conservateur déguisé
en républicain, une brebis affublée de la
peau du loup, et, pour tout dire, un par-
tisan dé la politique de temporisation
dont-M. Thiers est le principal représen-
tant.
Or, M. Ledru-Rollin a été choisi préci-
sément pour combattre cette politique-là,
pour rendre du nerf à la gauche endor-
mie et amollie. Laquelle de ces deux po-
litiques prévaudra?
Nous craignons bien que M. Thiers et
ses partisans ne tournent la difficulté en
cherchant et en trouvant un ter-
rain commun qui serait la dissolution.
la douleur et les regrets avaient encore
plus de place que l'effroi et la terreur.
Mais comment s'en convaincre? Qui
est-ce qui lui dirait la vérité à ce sujet?
Comment adresser à" la duchesse des
questions ou demander à la chanoinesse
des explications dans ce sens? Telles fu-
rent les pensées qui agitèrent pendant
cette nuit l'esprit du marquis et l'empê-
chèrent de dormir. •
Ah qu'il avait hâte qu'arrivât l'heure
à laquelle il devait se rendre au château
pour savoir ce qu'atait à lui apprendre -1
madame de Charvallôh T
Ce moment vint enfin la chanoinesse
reçut M. de Villehau.t-d'Avron dans un
petit salon attenant à son oratoire, et lui
dit d'une voix affectueuse
Nous avons beaucoup à causer, M:
le marquis. V
Le jeune homme s'inclina et attendit.
.Oui, reprit madame Barberine, beau-
coup à causer, car ce sont nos douleurs,
à madame de Montravert et à moi, dont
il me faut vous faire le récit, et c'est un
long chapitre
Soyez persuadée, madame, dit le
marquis d'une voix pénétrée, que per-
sonne de plus affectueusement respec-
tueux et de plus entièrement dévoué ne
saurait entendre ce qu'il vous plaira de
me confier.
La chanoinesse raconta alors à M. de.
Villehaut-d'Avron tout ce que le lecteur
connaît sur elle-même et au sujet de Ma-
rianne, en entrant dans les détails les
plus minutieux, en relevant les moindres
particularités.
Quand elle eut dit l'assassinat du duc
et la désastreuse commotion que le spec-
tacle inattendu de s.on cadavre avait pro-
duite-sur l'esprit de Marianne, elle ajouta:
I -r- Par qui et pourquoi le duc de Mon-
travert a-t-il été assassiné? C'est ce que
I la justice a été jusqu'ici impuissante à
|^ découvrir. Ce quj,. depuis cette époque,
| a occupé mon existence et celle de Ma-
rianne, ce sont ces crises de terreur, ces
hallucinations épouvantables, qui, au
moment où elle s'en doute le moins, s'em-
parent de la malheureuse enfant et lui
G*est là en .effet, parait-il,' cet acte de
raison qu'il a conseillé à l'Assemblée.
Jusqu'ici M. Thiers ne s'est pas associé
franchement à la campagne en faveur de
la dissolution; s'il s'y décide, il est extrê-
mement vraisemblable qu'uhe-partie du
centre gauche se séparera absolument
de lui, pour se rapprocher du centre
droit.
La position se trouverait donc simpli-
fiée, et M. Thiers, absolument séparé des
conservateurs, ne pourrait plus compter
que sur les voix des gauches.
Au surplus, le parti radical ne semble
pas devoir faire appel aux mauvaises pas-
sions le Siècle l'a encore déclaré solen-
nellement
*'̃ Tout le monde le sait aujourd'hui, la démo-
cratie française ne demande qu'aux moyens
pacifiques et légaux l'instrument de son
triomphe.
De tout ce qui s'est dit sur l'élection
de Vaucluse, rien n'est plus drôle que
l'entrefilet du .Rappel;
Les journaux réactionnaires ayaientiiit que
si M. Ledru-Rollin était nommé, ce serait la
terreur partout, la panique des capitaux, la
baisse de la Bourse, etc., etc.
M. Ledru-Rollin a été nommé, et" le 3 0/0 a
monté de 35 centimes, et le 5 0/0 de 45»
Nous n'aurions pas cru le trois pour
cent si radical. Il doit y avoir à cette
hausse des raisons que le Rappel passe
sous silence.
# M. Gaston Jollivet plaisante agréa-
blement, dans la Presse, la promesse faite
coram populo par M. Lepetit, de s'asseoir
derrière M. Thiers.
Il l'a promis, il le fera
Derrière Thiers il s'assiera.
Qu'il s'exécute
11 verra du matin au soir
de qu'à Grandvaux l'on n'a pu voir
Qu'une minute.
Sois doux pour ce nouvel ami
Mon amour, ô Barthélémy,
.0 Saint-Hilaire
Ce n'est pas le premier venu,
Préserve ton coeur ingénu
De la colère.
Sois clément* sois bon, par pitié,
Rogne au banquet de l'amitié
Un peu ta place.
Ton maître est à toi, bien à toi,
Tu l'as de trois quarts, et ma foi
Tu l'as de fade,
Sois sûr qu'il se fera petit,
Humble et modeste; Lepetit,
Mais, ô mon maître,
Réponds, 'ô traducteur malin,
Où s'assiéra Ledru-Rollin? <
Dessus, peut-être;
### M. Alfred Rambaud, professeur à
la' Faculté des lettres de Caen, a étudié
dans deux livres, dont le dernier vient de
paraître, J1 'Allemagne sous Napoléon Ier,:
l'influence des idées françaises en Alle-
magne pendant les guerres de la Répu-
blique et de l'Empire. Nous n'avons à
nous occuper que de cette dernière pé-
riode et à rechercher avec M. Rambaud,
si les Allemands doivent nous haïr pour
ces courts triomphes.
À cette époque, la patrie allemande
n'existait point; en agrandissant le Wur-
temberg, la Bavière et le margraviat de
Bade, en faisant deux rois des deux élec-
teurs et Un grand duc du margrave de
Bade, Napoléon les eut pour alliés à peu
près fidèles jusqu'au jour de son infor-
tune. Ce n'est pas seulement les princes,
mais les sujets qu'éblouissait la gloire
impériale deux colonels bavarois pleu-
rèrent parce qu'on ne les avait pas com-
pris dans une promotion de la Légion
d'honneur. ̃• 1.
Le royaume de Westphalie fut une con-
ception plus imprudente et plus contes-
table, mais il introduisit dans l'Allemagne
féodale des idées d'égalité juste et de
progrès moderne qui ne sont point à dé-
daigner il avait son Corps législatif,
choisi dans toutes les classes de la na-
tion, y compris les paysans, ce qui donna
lieu à une singulière histoire.
Dans la session de 1808, on remarqua, que
deux boules noires se reproduisaient. toujours »
obstinément sur quelque question que ce fût.
Elles étaient déposées par deux paysans, l'un
de la \yetra, l'autre de la Saale. Ils ne firent
pas mystère de cette opposition en. apparence
si acharnée. Lo plus souvent, ils no compre-
naient pas très bien l'objet du débat. Ne
voyaient-ils pas que d'habiles hommes soute-
naient le projet- de loi, tandis que d'autres,
non moins habiles, le combattaient? Le meil-
leur moyen de rassurer leur conscience était
de voter non; si la loi était réellement bonne,
deux boules noires ne pouvaient l'empêcher
de passer; si elle était mauvaise, il n'y au-
rait jamais assez de boules noires.
Les coups les plus sensibles furent di-
rigés contre la Prusse. Celle-là n'avait
Paul Bernier
remettent sous les yeux le cadavre du
duc dans tout ce que les ravages d'une
mort causée par la strangulation ont de,
plus horrible. T Aujourd'hui, la maladie
s est beaucoup amendée les crises sont
devenues rares; la santé est presque
complétement revenue et Marianne com-
mence à. se rattacher au plaisir de vivre;
j'ai confiance dans une prochaine et en-
tière guérison.. Ce qui me donne cette
confiance, c'est la certitude que le mal
de mon enfant est purement matériel.
Ici le marquis se rapprocha de la
chanoinesse, comme pour prêter une^
attention plus vive et mieux saisir ce
qu'elle entendait dire par là.
Madame Barberine continua
Je m'explique, dit-elle. Si Marianne 1e
eût aimé le duc, j'aurais pu croire, avec
la nature que je lui connais, à quelqu'une
de ces plaies du cœur que rien ne peut
guérir. Mais Marianne n'aimait pas le
duc, et comment l'aurait-elle aimé ? A
peine s' étaient -ils vus cinq ou six fois en
ma présence, et avaient-ils échangé quel-
ques paroles insignifiantes- avant leur
mariage! Les convenances seules avaient
été consultées, nonleurs cœurs. En fille
bien élevée, Marianne avait accepté l'é-
poux que je lui avais choisi, laissant au
temps le soin d'amener cette afféction
réciproque qui ne peut être que le résul-
tat de rapports plus fréquents, plus sui-
vis et plus intimes. Le temps ayant fait
défaut, l'affection n'avait pas pu naître.
Toutefois, crainte.de me tromper, je
voulus savoir par Marianne elle-même
l'état de son cœur; longtemps je l'obser-
vai attentivement, j'étudiai ses crises,
j'épiai ses actes, ses pensées et ses sen-
timents^ je l'interrogeai indirectement,
d'abord, puis directement, et j'acquis la
conviction que la seule trace laissée
dans son esprit par le duc de Montravert
se résumait'en un sentiment d'épouvantje
et d'horreur que lui avait inspirés son vi-
sage contracté par une affreuse agpni^.
C'esfce qui fait qu'elle ne peut plus en-
tendre parler mariage, ni de ce qui y a
trait, sans tomber dans des transes mor-
telles.
point pardonné, et c'est pour venger son
offense que ne s alliés séculaires de l'Al-
lemagne du Sud, les fils des soldats de la
Grande armée, furent si impitoyables
pendant la campagne de France.
D'ailleurs, le pillage organisé est de
tradition chez les troupes wurtember-
geoises et bavaroises. M. Rambaud cite
une lettre du roi Jérome, se plaignant du
régiment des chasseurs de Wurtemberg
et disant
Je recois à chaque instant des plaintes sur
leur conduite. Les hommes demandent par-
tout des chevaux, des montres et de l'argent.
D'après une autre lettre du jeune roi
de Westphalie, les Bavarois trouvent le
pillage uns chose toute naturelle.
Les officiers inférieurs, lorsqu'ils sont dé-
tachés et lorsqu'ils le peuvent, lèvent des
contributions et ne conçoivent Pas- qu'on
puisse le leur défendre. C'est l'esprit de l'ar-
mée bavaroise et surtout des officiers.
En un mot, l'invasion des idées fran-
çaises en Allemagne, pour n'être point
pacifique, n'en fut pas moins utile rap-
pelons surtout que malgré sa futilité et
son incapacité Jérôme Napoléon eut
l'honneur d'abolir la schlague dans son
armée, et qu'il fallut imiter son exem-
ple dans toute l'Allemagne. Il est vrai que,
quand le royaume de Westphalie eut dis-
paru, on en revint aux vieux usages.
#*# L'illustre Cluseret se taisait de-
puis quelque temps. Nous recevons de
Suisse une lettre, non affranchie d'ail-
lejirs,' contenant quelques exemplaires
d'un manifeste que ce personnage, pre-
nant le titre d'ex-commandant des trou-
pes de la Commune, adresse, aux travail-
leurs pour lesquels il a tant fait-comme
on sait.
Ce manifeste tend à démontrer que le
pi-oeès.Bazaine est une plaisanterie, et il
engage les travailleurs à faire un bon
bouleversement.̃
Travailleurs, réfléchissez dohôsùf toutes
ces choses. Elles dureront tant que ceux qui
font tout ne seront rien, tant que ceux qui
ne font rien seront iout. •
Bien fous sont ceux qui s'en vont disant;
nous avons peur de la Révolution et dçs ré-
volutionnaires* Les révolutionnaires sont les
travailleurs. v
II n'y a de conservateur que le travailleur,
car lui seul produit, donc seul il doit possé-
der et, conserver.. Que conserveraient-ils
donc, ceux qui ne produisent rien, sinon le
bien mal acquis? ̃
C'est pourquoi veillons, serrons nos rangs,
et soyons prêts pour faire triompher le tra-
vail de l'oisiveté et de tous les vices qu'elle
engendre. Salut!
Travailleurs, travailleurs, vous voilà
bien avancés –f. m. °
Injustices et Abus
LES TRAVAILLEURS DE LA. NUIT
Autrefois, si nous ne nous trompons,
y avait un règlement de police en vertu
duquel ""MM. les employés de la compa-
gnie Richer étaient tonus de désinfecter
les substances sur' lesquelles s'exerce
leur art.
Il existait même, nous a-t-on assuré, à
la Préfecture de police, des fonctions
dont les titulaires avaient pour objet de
surveiller les travailleurs de, la. nuit
et de faire exécuter le règlement.
Est-ce que, sous l'influence de Fausté-
rité républicaine qui a si profondément
pénétré toutes les classes de la.populà-
tion parisienne, l'opération désinfectante
aurait paru une superfluité, un luxe
tout à fait inutile, quelque chose comme
un raffinement du sybaritisme, un der-
nier vestige de la corruption des cours ? a
Ou bien .serait-ce que les inspecteurs
la préfecture de police seraient' tous
morts à la tâcjié, et qu'il aurait été im-
possible de leur trouver des succes-
seurs ?
Quoi qu'il en. soit, nous recevons des
plaintes nombreuses à ce suje^, et nous
n'avons pas craint de constater par rioUs-
même, en nous promenant le soir,.après
dix heures, dans la* rue, que, si l'on dé-
sinfectait encore, on le faisait. molle-
ment.
Sans nous étendre plus longtemps sur
la matière, nous signalons l'inconvénient
à qui de droit. ;>• f,
Ajoutons, toutefois et cela en..dehors
de ce qui est relatif au fait de la désin-
fection– • qu'on ne devrait jamais jeenr
contrer les voitures que l'on sait avant
minuit. raure.
P. S. Au sujet de notre article d'hier sur-la
chapelle expiatoirey-on nous adresse le dé-
Ces paroles de la chanoinesse 'oausè--
rent à M; de Villehaut-d'Avron un 4m->
mense soulagement. 'Tous ses- doutes,-
toutes ses craintes tombèrent immédiate--
ment. Il vit Marianne telle qu'elle 'était
cette nuit terrible de ses noces, seule,
endormie dans sonfauteuil, enfant comme
elle l'était à cette époque, comme ellel?è-!
tait encore en ce moment même, igno-
rante non-seulement des choses de l'a-
mour,, qu'un homme jépria peut, seul en-
seigner à l'âme choisie par lui, mais. ne
sachant du mariage que la bénédiction
religieuse,-et rien au-delà de ce qu'avait j
pu lui en dire le tableau des Noces de la
Vierge et de saint Joseph.
Marianne, sa chère Marianne, n'avait
donc jamais aimé que lui Ses beaux
yeux ne s'étaient donc jamais baignés
dans d'autres regards que les siens! Sa
tête charmante, qu'il avait un moment
senti s'appuyer sur son épaule, ne s'était
donc jamais reposée que sur lui!
Ah! qu'il se trouvait heureux d'avoir
éveillé ce jeune cœur, d'être arrivé à se
faire aimer de cet ange de pureté, qui
avait passé au travers .du deuil d'un
époux sans y laisser une sensation sur
laquelle "son esprit pût se retourner avec
complaisance! Il Il~ v,
Madame, dit-il à madame de Char-
vallon après un court'moment de silence,
je vous supplie de ne point continuer un
sujet qui ne peut que vous être pénible.
J'aime madame de Montravert, je l'aime
de toute l'énergie de mon âme, je vous
prie de vouloir bien me faire l'honneur*
de m'accorder sa main.
La chanoinesse au comble de sesj
veaux, se recueillit un instant.
Je vous engage ma parole, madame,
reprit le marquis, que' je rendrai ma
femme heureuse comme personne.
En ce, qui me concerne, répondit
madame de Ôharyallon, je ne demande 1
pas mieux que de vous accorder la main
.de Marianne. Seulement, je me suis "pro-
mis de laisser mon enfant chereher seule
et choisir sans l'aide de personne l'é-
poux avec lequel elle doit passer sa vie.
Le malheur qui nous ai frappés dans sa
cret par lequel la Commune en avait ordonné
la destruction.
Nous avions, il est vrai, oublié ce stupide
décret, dont les considérants portent que
« l'immeuble connu sous le nom de chapelle
expiatoire de Louis XVI est une insulte perma-
nente « la première révolution et une protesta-
tioci perpdtuelle de la réaction contre la Justice du
peupla. »
La Commune n'eut heureusement pas le
temps de faire exécuter son décret.
Mais, la haine qu'elle portait à la chapelle
expiatoire doit être une raison pour que nous
respections davantage ce monument et qu'on
fasse disparaître au plus tôt l'amère et outra-
geante ironie" qui s'étale à son fronton.
E. F.
INFORMATIONS
.La Journée
<*
Hier ont eu lieu les obsèques do M.
le comte Valérien de Noue, de la famille
historique de ce nom.
Beaucoup de monde, et du plus aris-
tocratique, cela va sans dire, à la
triste cérémonie.
Une véritable célébrité parisienne, le
prestidigitateur Robin, vient de mourir à
Paris, Il a été enterré avant-hier, en-
terré civilement.
il y a vingt ans à peu près, Robin avait
quitté Paris, renonçant au commerce de
fleurs dans lequel if n'avait pas réussi.
Il se rendit en Amérique, où il s'associa
avec un prestidigitateur américain qui
le prit pour élève.
Robin avait, depuis assez -longtemps,
renoncé à la prestidigitation, et tenait
un hôtel meublé,- boulevard Mazas,-sous
le nom de Bunkel son véritable nom.
Il laisse dans cet hôtel. un /vrai musée
d'appareils de physique et de chimie.
Il paraît que plus de quatre cents in-
vitations avaient été envoyées pour son
enfouissement.
Le marronnier du jardin des Tuile-.
ries; surnommé le marronnier du vingt
mars, est déjà couvert de bourgeons,
et ce n'est certes pas cette année qu'il
sera en retard, au contraire.
Mais voilà qu'un autre. marronnier,
celui-là domicilié aux Champs-Elysées,
à quelques pas de la place de la Con-
corde, s'est mis depuis quelque temps à
faire une concurrenco déloyale à son
confrère des Tuileries. Il bourgeonne
avant lui, et revet le premier sa parure
printanière. En ce moment les bour-
geons commencent à s'épanouir, et dans
huit ou dix jours, il sera couvert de
feuilles.
Vous pouvez vérifier le fait. Il est dans
l'allée latérale àl'avenue des Champs-
Elysées, le vingtième, à droite, en arri-
vant par la place de la Concorde.
Et dire que ce marronnier, qui renou-
velle ce tour de force tous les ans depuis
un demi siècle, n'a encore. aucune célé-
brité- ̃
0 injustice humaine 1
Emile Faure.
Une chose singulière et pénible s'est
passée hier matin, â la gare, de l'Est.
Le train de six heu/es et demie venait
d'arriver. Les voyageurs étaient descen-
dus sur le quai et se dirigeaient vers la
sortie. Selon l'habitude, les employés -vi-
sitaient rapidement les voitures, afin de
voir si rien n'y était oublié.
En ouvrant la portière d'un comparti-
ment de première classe; un des em-
ployés aperçut un monsieur à demi-cou-
ché sur le. coussin et paraissant dormir
profondément,
Allons, monsieur,, le train est ar-
rivé dit l'employé.
Le voyageur ne bougea pas.
Nous sommes à Paris. il faut des-,
cendre
Même immobilité.
Surpris; l'employé monta et tira par le
bras l'obstiné dormeur; mais le bras re^
tomba inerte dès qu'il l'eut lâché. Le
voyageur était mort, -i.
Le cadavre a été reconnu pour, celui de
M, Va lié, inspecteur des plantations dé
la Compagnie, demeurant à'Lâghy. Un
médecin de la gare a constaté que la
mort était le résultat de la rupture d'Un
anévrisme.
L'ASSASSINAT DE LA RUE blonokl
A l'heure, qù j'écris onze heures Qu.
soir l'assassin do la rue Blon,dèï. n^est
pas .encore arrêté., jnûtilè. de dii;e qu a
toute la police de. sûreté est sur pied, di-'
rigée par M. Claude, son habile chef, et
premijère_jinipn mla^fait un devoir de
cette ligne de conduite. v
Madame, je n'attendais que votre
autorisation pour avoir le droit' d'agir
moi-même auprès de madame de Mon-
travert. J'ai l'espoir que mes efforts se-
ront couronnés de succès, et, je compte,
pour cela, uniquement dansja, forge1 de
mon amoùri ïï me iseinblè impôssiMé que.
ràffèctiôh "que" je porte en'mon "coeur pouiy
madame de Montravert ne parvienne pas
à la toucher, tant je là sens grande et
puissante. ̃••̃
Je vous laisse toute latitude, mon-
sieur le marquis,, fit la chanoinesse, et,
comme vous, j'ai confiance.. J'ajouterai
que le jour le plus heureux de mou exis-
tence sera celui où Marianne prendra le
nom d^ madame dé Villehàut-d'Avroh.
Un mois environ après cet entretien,
un matin du mois de septembre, l'aide de
cuisine Philippe était venu à l'église du
Haut-Biarritz pour y faire, selon son
habitude, ses dévotions,
û'y avait quelques'insta-nts' qu'il était
lày lorsqu'un jeune homme et une jeune
femme y entrèrentet vinrent s'agenouiller
à côté de lui.
Là jeune femme avait toute l'allure
d'une élégante et ricTie voyageuse. Un
voile épais était abaissé sur son visage
et ne permettait pas de .distinguer nette-
ment sa physionomie. •
Pour le jeune homme, c'était un très
beau garçon, mais dont l'accoutrement,
quoique dénonçant l'aisàho^, était du
mauvais goût le plus aeflevé. Aucune
harmonie dans les diverses pièces du
.vêtement, une '.cravate" à ton criard, des
bijoux plus lourds que distingués. Rien
dans l'allure ni dans les manières qui
dénotât l'homme du monde.
Philippe jeta, à là dérobée, un regard
sur les nouveaux venus, et se replongea
aussitôt dans son apparente ferveur.
T'as du nouveau à nous apprendre,
mousse ? lui demanda; le beau garçon,
tout bas, sans se pencher vers lui, sans
même le regarder, de façon à ce que le
mouvement de ses lèvres pût être pris
par M. Mathieu Devienne, juge d'instruc-
tion.
Ug nombre considérable de curieux
est venu pendant toute la journée d'hier
visiter le théâtre du crime. Trois gar-
diens de la paix sont en permanence de-
vant la porte pour faire circuler les cu-
rieux.. ̃,••'•
Ainsi que je le prévoyais hier, on a re-
noncé à peu près à donner le vol pour
mobile au crime, et tout le monde se ral-
lie à l'idée d'une vengeance, dont la
cause est encore ignorée.
On s'occupe activement de retrouver
toutes les personnes avec qui la victime
était en relations suivies, et l'on espère
arriver par là à trouver quelques indices.
Un détail que j'ai oublié hier.
L'assassin a été aperçu au*tournant
d'une rue -par deux inspecteurs de police.
Sa figure les a frappés, mais comiiiè, "S.Z
ce moment, ils ignoraient encore. 1er
crime, ils n'ont naturellement pas eu:;
l'idée de l'arrêter.
Depuis quelt/ues jours on repêche énor-
mément de cadavres dans la Seine et le»
canal.
On a retiré hier du canal Saint-Martin,
le corps d'un individu d'une cinquantaine
d'années, paraissant avoir séjourné huit
à dix jours sous l'eau.
Le corps ne portait aucune trace de
violence.
On a retrouvé sur lui une cartouchière; x
contenant un rasoir, une paire de ci?:<
seaux et une feuille de papier, faisant s
connaître qu'il se nommait Fulgence Gra-
rez et travaillait chez un. sieur Du^uis.
Son identité n'étant pas suffisamment
établie, le corps a été porté à la Morgue,
COUP UE FILET
Vous me direz que les parents ne doi-
vent point frapper leurs enfants. Il y ai
cependant des circonstanoôs-*atténuàiQlëfe;
pour la femme Pizeux, qui, dépuisvgttelr:'
ques jours, n'avait point vu rentrer à î%,
maison sa,fille Estelle. C'est guïà sa çonr -t
naissance /cette Estelle avait eu .plusieurs
Némorins,. J
Aussi, madame Pfzëùx," appreiîàlirqTffie r*
sa fille, était hier'matin sur la placer*
Saint-Augustin, rendez-vous habituel des*
blanchisseuses en grève,- s'y readit-elle*"
avec la ferme intention-de ramener boa
gré mal gré l'enfant vagabonde sous la :?
toit maternel, rue de Lévis, 79.
Prières, remontrances, rien ne fait-
Estelle refuse énergiquement de rentrer.
Dame, la maman se fâche, et, v'lan, voilai
,un soufaet donné. Même, pour un rude?, `
soufflet, comme eût chanté Judic, c'était,"
un rude soufflet! Aussitôt, Estelle et cinq-
de ses amies blanchisseuses grévistes se»*,
meitent en devoir de le rendre. On voit
d'ici la bagarre. Quelle distribution de;
coups entremêlés d'injures! Les griffes;
avaient beau > jeu. Mais la. maman saisit `
le bras d'Estelle et dit à la rebelle
Tu vas me suivre chez le commis^
saire de. police.
Je ne demande pas mieux, répoudlJ*
gaillarde., Nous verrons 3 qui il donnera;
raison.
Eh bien, s'écrient les ciri.q'amies, pe-
tites blanchisseuses, dignes d'être -chan-.t
tées par Monselet, nous irons aussi et
nous ferons notre déposition.
Et les sept femmes se dirigent vers le
bureau de M. le commissaire. Une vraie
invasion!
Mais elles n'ont pas de chance, lespe*-
tites blanchisseuses. A leur v.ue,le:àer t
crétaire, qui les reconnait, fait fermer efe
garder la porte par un gardien de la paix,
Estelle Pizeux et ses cinq amies étaient
depuis longtemps inculpées de délits va-*
ries.. Elles s'étaient livrées ellès-m'êmés,
Elles vont être de plus accusées d'inju-
res, de coups et blessures. ̃;̃̃̃
Un incident ̃ "• •̃
L'utië /d'elles,' Jénny Bordety-^ de-là-r-u»
Joùffroy; 113 se prétendait aussi pure*
que l'enfant qui yient de naître.. v
Or,; avant trois mois, c'est eUe;.qnL,eat)
mettra un au monde ï ioe. k
'̃̃̃̃ ̃>̃ ..>•« )̃• o^ vy :A sia fi
Nous avons raconté, il y.aqiiinze.jogrf^'
le scandale, causéjdan^s la ville de R.
oiX^uu, garçon perruquier avait exerce la
médecine pendant deux ans, ayàrit 1%
plus "belle clientèle et les fonctions les' ♦
plus importantes. Le beau-père^après là1
disparition de son gendre, a eu le toupet
de réclamer les visites qui étaiént-4UBSw
Les habitants.de R. qui sont honnête^
et intelligents, ont offert par chaque xir
site 1» prix d'une, barbé, donnant .cornue,
prétexte qu'ils avaient été rasés ç'g.^t
aijisi que- la femme d'un fonctionnaire ar
offert, vingt centimes, pour un àcpoûcîiô-.
;ment; je dois ajouter qu'elle vient 'iM
pour îihë prière, si d'avebture quelquHiiâ
r.avâit ocîsstvê; '̃; --v- ci. v.«
Oui; répondit Philippe, 'et du tapé*
:mêmë: y •̃̃- ̃; *̃:̃: .^vi
-r- Parte vite, fit l'autre.) j '>, •; ̃;
:ia veuve se remarie, dit-PhiUp.pê.r
A ces mots, la femme voilée serap^
i proch^ deisgn compagnon pour mieùxgn-
tendre Philippe, et fit répéter à ce' der-
nier ce qu'il venait dé dire, comme quel-'
| qu'-Ùii qui craint que son oreille /ne Tait
trompé'. "̃̃-
Eh bien! oui, elle se remarie', répétet
l'aidé de 'cuisiné, et avec un homme- &a-
perbe encore! j
perbe encore! ̃- i
Comment s'appelle-t-11, cet homme^
demanda la jeune femme? 1
M. le marquis de Viltehaut-d'Avron.
Connais-tu ça, demanda ie îfeau
garçon à sa compagne? • <- ̃• « >•
Non; ce n'est pas un des hommes dé
Paris, de, ce Paris que je sais sur le bout
des doigts.
l r-Qu'est-ce que c'est que ce marquis-là,
continua-t-elle en s'adressant à l'aide àM
cuisine?
C'est un lieutenant-colonel aux chas-
séufâ à Cheval, un grand gaillard qu'à
pour le moins la moitié de la fête de plus
que Bëâu-Gousin, et qui est plus beau,
en brun, que Beau-Cousin n'est en blond.
Je ne la plains pas, alors, ta du-
cliesse, fit le beau garçon ;en caressant
son menton d'un air très satisfait de lui-
même. u,
Tais-toi donc, siffla entré jses N dents
la 'jeune femme, tu né pensés jamais qu'à â
ta belle tête! Continué, ajôuta^-elle
en s'adressant à Philippe. `
Il est en semestre, reprit celui-ci;
i il a reçu un coup d'épée quelque part,
comme qui dirait dans la poitrine..
Un coup d'épée; un grand sei-
gneur. se disait A part elle la jeuns
femme, je devrais connaître ^ça- Et,
pourtant, Villehaut-d'Avron est un^nom
qui ne me rappelle aucun des hommes que
j'ai connus.
On le dit riche comme un prince qui
aurait des mines d'or,pour de bon et des
châteaux autre part qu'en Espagne, con-
TÉLÉGRAMMES
.'ET
CORRESPONDANCES
En réponse à une lettre adressée à M.
Bouillet, chef de cabinet de M. Schnei-
der, par notre collaborateur Alfred d'Au-
nay, lettre remplie d'une sympathique
sollicitude pour l'état de santé de l'an-
cien président du Corps législatif, M.
Bouillet nous a envoyé la dépêche sui-
vante
LE CREUSOT, 3 mars,"midi 20 soir.– Veuil-
lez remercier d'Aunay. «lenfr puis lui donner
un bulletin plus sur de la santé de M. Schnei-
der qu'en lui disant que j'ai lu sa lettre aq
malade.
Il m'a répondu
« Remerciez bien M. d'Aunay et surtout ré-
» pondez toutes les marques d'intérêt qu'on
» me donne par des lettres obligeantes. Ne
» négligez pas ces détails; ils ont leur im-
» portance pour les regrets qu'on peut lais-
» ser. »
Vous .voyez que l'esprit et le caractère de
l'ancien président n'ont rien perdu de leur
finesse ni de leur bonne grâce.
S'il survenait une complication, je vous en
aviserais.
'Vous étiez donc hier, bien renseigné comme
toujours.
-» Sainte-MÉnehould, 3 mars, 2 h. soir.
–r M^ Sénart, conseiller à la cour de Paris,
conservateur, a été élu dimanche conseiller
g£néi%jpour le canton de Ville-sur-Tourbe,
par 2,012 voix sur 2,169 votants.
-SiUNTES, 2 mars. r– JLa dernière af-
fairé de la session des assises de la Charente-
Inférieure a été interrompue. hier, par un
incident aussi dramatique qu'inattendu.
On jugeait un jeune homme accusé de vol,
et son avocat achevait dé présenter sàdé-
fense; quand, tout à coup, l'un des jurés,
frappé d'aliénation mentale, l'interrompt en
criant au -revenant et en se plaignant qu'on
voulait attenter à ses jours, en l'assommant
à coups de massue. .•.•̃.
L'audience Jut levée aussitôt et l'affaire,
renvoyée, par arrêt de la cour, à la prochaine
session.
=«- Marseille; S mars, 5 heures 15 soir.
La cour d'assises d'Aix a condamné hier
Bouère, l'assassin du jeune Gastaldi, à cinq
ans de prison et six ans de surveillance.
-ï^La cour d'Aix. a élevé de 26,829 à
39,829 francs, la somme à payer par la ville
de Marseille aux jésuites, pour dégâts causés
en 1870, dans leur établissement, par les
gardes civiques.
REQUÊTE A M. LE PRÉFET DE POUCE
Une fabrique d'armés qui s'est établie^
ily a -quelques années, rue Picot, au mi-
lieu de l'avenue Uhrich, s'est, depuis
quelque temps, transformée en c>rOu
pherie,-et cela sans qu's^. ne ^uêtè
préalable ai~1 ;une enqu
Plï^aitét^Vl6 dans le quartier.
̃ .v-priétaires des maisons et hôtels
,,«nroftnants. se sont .émus du danger
permanent que cet établissement fait
cburirVaussi bien à leurs familles qu'à
leurs-propriétés, et «voulant être affran-
chis des transes .légitimes qui les tien-
nent dans une alerte incessante, une
plainte a été adressée par eux à M. le
préfet de police, pour lui demander" de
faire cesser un pareil trouble, apporté à
la jouissance d'immeubles construits,
antérieurement à cette fabrique, dans un
quartier dont, la situation excluait toute
idée d'une semblable exploitation.
Indépendamment du bruit et de l'ébran-
lement occasionné par le marteau pilon
qui est mis en mouvement depuis la pre-
mière-heure du jour jusqulà neuf heures
duiqir, il, y, a le danger, d'un dépôt' de
jioujlre. de guerre et de la manipulation
nécessitée par une fabrication que l'on
çhepohe^en'yain à traiter d'essais ou d'é-
chantillons.
• En- fait,la commandé présente estt
mous le 'savons, de 300,000 cartouches
elles sont livrées à raison de 20,OOO.par
semaine, et dans une récente visité, le
commissaire de police a constaté l'exis-
tence d'une quantité importante dé pou-
dre, de beaucoup supérieure aux quanti-
tés tolérées par les règlements; -le tout
placé dans une chambre, sous un toit,
sans compter les cartouches fabriquées
ou en CQurs dé, fabrication, qui sont dé-
posées au rez-de-chaussée.
En vain on arguerait de précautions
prises à l'intérieur de l'usine, alors qu'il
y a dans rétablissement une machine à
vapeur, dés enclumes, un marteau pilon,
des conduits et des appareils à gaz, et
qu'on y travaille à la lumière jusqu'à une
heure très jàvancée.
feuilleton do FIGARO do S Mars
HI :29.
IES HUITS SAINTES
Il se rappela, dans son insomnie, que
le jour où;.aecoudé avec la duchesse au
balcon- du salon, et, au moment où il ve-
nait de déposer un. haiser ^AUr sa main,
elle resta quelque temps rêveuse, puis,
tout à coup se plaignit d'une indisposi-
tion, et se retira dans ses appartements;
il se remémora différentes fois où la
jeune femme aurait parfaiteinent pu ve-
nir chez -M. de Mornant, certaine d'y ren-
contrer celui pour qui sa présence était
aussi douce- qu'un rayon dé soleil prin-
tanierj et s'en était abstenue sous de
simples prétextes et même quelquefois,
sansrfournirle- plus futile motif ces
souvenirs, réunis à ce qui s'était passé
la veille.-jeltèrent de l'inqUiétude dans
son- esprit, et, s'ils rie le firent pas douter
de l'amour de- Marianne, le portèrent du
moins à penser qu'il y avait là les mar-
ques d'une versatilité de sentiments de
nature aie faire cruellement souffrir
dans son amour.
Mais, ces griefs, en les approfondis-
sant, le marquis n'avait pas de peine à
reconnaître qu'ils étaient superficiels;
au fond,' i était jaloux, du passé de
Marianne, il redoutait les traces que le
duc de Montravert avait pu laisser dans
son cœur. M. de Villehaut d'Avron ne
connaissait que d'après les journaux le
récit: de. l'assassinat du duo, et ignorait t
complètement dans quelles circonstances
s'était fait le premier mariage de Ma-
rianne. Il savait que le duc, de son vi-
vant, était un homme fort séduisant, et
il ne semblait pas impossible qu'il eût
laissé chez Marianne, à la suite de la
mort violente dont il avait été victime,
une impression profonde dans laquelle
Et, quand môme on prendrait toutes
les précautions à l'intérieur, peut-on
échapper aux risques d'une explosion de
gaz, ou des incendies qui viendraient à se
déclarer chez les voisins, comme, par
exemple, dans une écurie et dans un gre-
nier à fourrage mitoyens avec la fa-
brique.
Il y a là un danger sérieux qu'il im-
porte de faire cesser, et nous sommes
persuadés qu'il nous suffira de le signa-
ler à la sollicitude du préfet de police
pour que des ordres immédiats soient
donnés. Il évitera ainsi les malheursgincal-
culables qu'entraînerait inévitablement
l'inflammation d'une pareille quantité
de produits fulminants, existant en cet
endroit à l'encontre de tous les règle-
ments protecteurs de la sécurité pu-
blique.
Disons, avant de finir, que notre sur-
prise est d'autant plus grande, que les
industries de ce genre sont générale-
ment soumises, à une réglementation des
plus sévères. Nos lecteurs ont certaine-
ment visité des arsenaux ou des capsu-
leries. Se souviennent-ils de l'insistance
des gardiens à les chausser de pantou-
fles en lisière et à semelles molles ?
Le devoir du gouvernement est d'isoler
des centres habités ces dangereuses ma-
nutentions. Il n'est que trop déplorable,
quand survient une explosion, de comp-
ter des morts et des blessés parmi les em-
ployés de la fabrique, sans intéresser la
vie des voisins à ces sinistres malheu-
reusement trop fréquents 1
Au surplus, on relègue bien extra mur os
lésindustriesgênantes,tellesquelesfabri-
ques de parfums et les fabriques. d'ex-
trêmes contraires. Ceux qui ont voyagé
dans la banlieue se sont tour à tour bou-
ché le nez ou les oreilles devant d'im-
menses constructions hérissées de pom-
pes à feu. Pourquoi les cartoucheries ne
subissent-elles pas cette loi ?. <
Nous nous résumons Vil est du devoir
du Figaro de signaler d'abord, et de com-
battre au besoin jusqu'à ce qu'il ait cessé,
cet abus ou plutôt ce danger qui enlève
toute paix aux habitants de l'avenue
Uhrich et trouble la vie des mères de fa-
mille. Nous en connaissons qui, dès
qu'elles entendent un bruit violent, sont
affolées de terreur et s'imaginent que le
quartier va sauter 1
BOUILLET.
Auguste Marcade.
PARIS AU JOIUll JOM
Les républicains modérés et môme les
autres gardent généralement un silence
prudent sur l'élection de M. Ledru-Rol-
lin. On se rattrape sur celle de M. Lepe-
tit. Le mot d'ordre est d'en faire une
sorte d'événement capital
tin mot se rencontre, dit la République fran-
çaise, sur toutes les lèvres aujourd'hui
« C'est M. Thiers qui a fait l'élection de la
Vienne Ce mot n'est pas seulement très
frappant par sa vivacité il est surtout très
juste et-d"une profonde vérité. Comme l'élec-
tion dé la Vienne est aujourd'hui le sujet
passionné de toutes les conversationspoliti-
ques, comme on y voit avec raison l'événe-
ment le plus considérable de notre histoire
intérieure depuis le 24 mai, il n'y a qu'une
voix en France pour dire que cette élection
de M. Lepetit est la revanche du pays contre
la coalition qui a précipité M. Thiers du pou-
voir. Pour la France, M. Thiers est au faîte.
Voilà la vérité telle qu'elle nous apparaît;
nous la disons sans détours.
Et le Bien''public, faisant bhorus, ré-
pond avec une joie plus contenue, mais
aussi évidente
Pour les coalisés, l'élection de' la Vienne
n'est pas un échec, c'est un désastre. Puisse-
t-elle être aussi un enseignement! Nous re-
viendrons sur cette leçon si complète, si
claire, et qui peut être si3 féconde.
Cependant, il faut s'entendre. Si la vic-
toire est aussi importante que cela daïis
la Vienne, Vaucluse lui apporte une
compensation remarquable. JEn, effet, on
rie saurait trop insister sur là 'différence
absolue qui existe entre les-programmes
politiques dont chacun des deux élus est
l'expression.
M. Lepetitest un conservateur déguisé
en républicain, une brebis affublée de la
peau du loup, et, pour tout dire, un par-
tisan dé la politique de temporisation
dont-M. Thiers est le principal représen-
tant.
Or, M. Ledru-Rollin a été choisi préci-
sément pour combattre cette politique-là,
pour rendre du nerf à la gauche endor-
mie et amollie. Laquelle de ces deux po-
litiques prévaudra?
Nous craignons bien que M. Thiers et
ses partisans ne tournent la difficulté en
cherchant et en trouvant un ter-
rain commun qui serait la dissolution.
la douleur et les regrets avaient encore
plus de place que l'effroi et la terreur.
Mais comment s'en convaincre? Qui
est-ce qui lui dirait la vérité à ce sujet?
Comment adresser à" la duchesse des
questions ou demander à la chanoinesse
des explications dans ce sens? Telles fu-
rent les pensées qui agitèrent pendant
cette nuit l'esprit du marquis et l'empê-
chèrent de dormir. •
Ah qu'il avait hâte qu'arrivât l'heure
à laquelle il devait se rendre au château
pour savoir ce qu'atait à lui apprendre -1
madame de Charvallôh T
Ce moment vint enfin la chanoinesse
reçut M. de Villehau.t-d'Avron dans un
petit salon attenant à son oratoire, et lui
dit d'une voix affectueuse
Nous avons beaucoup à causer, M:
le marquis. V
Le jeune homme s'inclina et attendit.
.Oui, reprit madame Barberine, beau-
coup à causer, car ce sont nos douleurs,
à madame de Montravert et à moi, dont
il me faut vous faire le récit, et c'est un
long chapitre
Soyez persuadée, madame, dit le
marquis d'une voix pénétrée, que per-
sonne de plus affectueusement respec-
tueux et de plus entièrement dévoué ne
saurait entendre ce qu'il vous plaira de
me confier.
La chanoinesse raconta alors à M. de.
Villehaut-d'Avron tout ce que le lecteur
connaît sur elle-même et au sujet de Ma-
rianne, en entrant dans les détails les
plus minutieux, en relevant les moindres
particularités.
Quand elle eut dit l'assassinat du duc
et la désastreuse commotion que le spec-
tacle inattendu de s.on cadavre avait pro-
duite-sur l'esprit de Marianne, elle ajouta:
I -r- Par qui et pourquoi le duc de Mon-
travert a-t-il été assassiné? C'est ce que
I la justice a été jusqu'ici impuissante à
|^ découvrir. Ce quj,. depuis cette époque,
| a occupé mon existence et celle de Ma-
rianne, ce sont ces crises de terreur, ces
hallucinations épouvantables, qui, au
moment où elle s'en doute le moins, s'em-
parent de la malheureuse enfant et lui
G*est là en .effet, parait-il,' cet acte de
raison qu'il a conseillé à l'Assemblée.
Jusqu'ici M. Thiers ne s'est pas associé
franchement à la campagne en faveur de
la dissolution; s'il s'y décide, il est extrê-
mement vraisemblable qu'uhe-partie du
centre gauche se séparera absolument
de lui, pour se rapprocher du centre
droit.
La position se trouverait donc simpli-
fiée, et M. Thiers, absolument séparé des
conservateurs, ne pourrait plus compter
que sur les voix des gauches.
Au surplus, le parti radical ne semble
pas devoir faire appel aux mauvaises pas-
sions le Siècle l'a encore déclaré solen-
nellement
*'̃ Tout le monde le sait aujourd'hui, la démo-
cratie française ne demande qu'aux moyens
pacifiques et légaux l'instrument de son
triomphe.
De tout ce qui s'est dit sur l'élection
de Vaucluse, rien n'est plus drôle que
l'entrefilet du .Rappel;
Les journaux réactionnaires ayaientiiit que
si M. Ledru-Rollin était nommé, ce serait la
terreur partout, la panique des capitaux, la
baisse de la Bourse, etc., etc.
M. Ledru-Rollin a été nommé, et" le 3 0/0 a
monté de 35 centimes, et le 5 0/0 de 45»
Nous n'aurions pas cru le trois pour
cent si radical. Il doit y avoir à cette
hausse des raisons que le Rappel passe
sous silence.
# M. Gaston Jollivet plaisante agréa-
blement, dans la Presse, la promesse faite
coram populo par M. Lepetit, de s'asseoir
derrière M. Thiers.
Il l'a promis, il le fera
Derrière Thiers il s'assiera.
Qu'il s'exécute
11 verra du matin au soir
de qu'à Grandvaux l'on n'a pu voir
Qu'une minute.
Sois doux pour ce nouvel ami
Mon amour, ô Barthélémy,
.0 Saint-Hilaire
Ce n'est pas le premier venu,
Préserve ton coeur ingénu
De la colère.
Sois clément* sois bon, par pitié,
Rogne au banquet de l'amitié
Un peu ta place.
Ton maître est à toi, bien à toi,
Tu l'as de trois quarts, et ma foi
Tu l'as de fade,
Sois sûr qu'il se fera petit,
Humble et modeste; Lepetit,
Mais, ô mon maître,
Réponds, 'ô traducteur malin,
Où s'assiéra Ledru-Rollin? <
Dessus, peut-être;
### M. Alfred Rambaud, professeur à
la' Faculté des lettres de Caen, a étudié
dans deux livres, dont le dernier vient de
paraître, J1 'Allemagne sous Napoléon Ier,:
l'influence des idées françaises en Alle-
magne pendant les guerres de la Répu-
blique et de l'Empire. Nous n'avons à
nous occuper que de cette dernière pé-
riode et à rechercher avec M. Rambaud,
si les Allemands doivent nous haïr pour
ces courts triomphes.
À cette époque, la patrie allemande
n'existait point; en agrandissant le Wur-
temberg, la Bavière et le margraviat de
Bade, en faisant deux rois des deux élec-
teurs et Un grand duc du margrave de
Bade, Napoléon les eut pour alliés à peu
près fidèles jusqu'au jour de son infor-
tune. Ce n'est pas seulement les princes,
mais les sujets qu'éblouissait la gloire
impériale deux colonels bavarois pleu-
rèrent parce qu'on ne les avait pas com-
pris dans une promotion de la Légion
d'honneur. ̃• 1.
Le royaume de Westphalie fut une con-
ception plus imprudente et plus contes-
table, mais il introduisit dans l'Allemagne
féodale des idées d'égalité juste et de
progrès moderne qui ne sont point à dé-
daigner il avait son Corps législatif,
choisi dans toutes les classes de la na-
tion, y compris les paysans, ce qui donna
lieu à une singulière histoire.
Dans la session de 1808, on remarqua, que
deux boules noires se reproduisaient. toujours »
obstinément sur quelque question que ce fût.
Elles étaient déposées par deux paysans, l'un
de la \yetra, l'autre de la Saale. Ils ne firent
pas mystère de cette opposition en. apparence
si acharnée. Lo plus souvent, ils no compre-
naient pas très bien l'objet du débat. Ne
voyaient-ils pas que d'habiles hommes soute-
naient le projet- de loi, tandis que d'autres,
non moins habiles, le combattaient? Le meil-
leur moyen de rassurer leur conscience était
de voter non; si la loi était réellement bonne,
deux boules noires ne pouvaient l'empêcher
de passer; si elle était mauvaise, il n'y au-
rait jamais assez de boules noires.
Les coups les plus sensibles furent di-
rigés contre la Prusse. Celle-là n'avait
Paul Bernier
remettent sous les yeux le cadavre du
duc dans tout ce que les ravages d'une
mort causée par la strangulation ont de,
plus horrible. T Aujourd'hui, la maladie
s est beaucoup amendée les crises sont
devenues rares; la santé est presque
complétement revenue et Marianne com-
mence à. se rattacher au plaisir de vivre;
j'ai confiance dans une prochaine et en-
tière guérison.. Ce qui me donne cette
confiance, c'est la certitude que le mal
de mon enfant est purement matériel.
Ici le marquis se rapprocha de la
chanoinesse, comme pour prêter une^
attention plus vive et mieux saisir ce
qu'elle entendait dire par là.
Madame Barberine continua
Je m'explique, dit-elle. Si Marianne 1e
eût aimé le duc, j'aurais pu croire, avec
la nature que je lui connais, à quelqu'une
de ces plaies du cœur que rien ne peut
guérir. Mais Marianne n'aimait pas le
duc, et comment l'aurait-elle aimé ? A
peine s' étaient -ils vus cinq ou six fois en
ma présence, et avaient-ils échangé quel-
ques paroles insignifiantes- avant leur
mariage! Les convenances seules avaient
été consultées, nonleurs cœurs. En fille
bien élevée, Marianne avait accepté l'é-
poux que je lui avais choisi, laissant au
temps le soin d'amener cette afféction
réciproque qui ne peut être que le résul-
tat de rapports plus fréquents, plus sui-
vis et plus intimes. Le temps ayant fait
défaut, l'affection n'avait pas pu naître.
Toutefois, crainte.de me tromper, je
voulus savoir par Marianne elle-même
l'état de son cœur; longtemps je l'obser-
vai attentivement, j'étudiai ses crises,
j'épiai ses actes, ses pensées et ses sen-
timents^ je l'interrogeai indirectement,
d'abord, puis directement, et j'acquis la
conviction que la seule trace laissée
dans son esprit par le duc de Montravert
se résumait'en un sentiment d'épouvantje
et d'horreur que lui avait inspirés son vi-
sage contracté par une affreuse agpni^.
C'esfce qui fait qu'elle ne peut plus en-
tendre parler mariage, ni de ce qui y a
trait, sans tomber dans des transes mor-
telles.
point pardonné, et c'est pour venger son
offense que ne s alliés séculaires de l'Al-
lemagne du Sud, les fils des soldats de la
Grande armée, furent si impitoyables
pendant la campagne de France.
D'ailleurs, le pillage organisé est de
tradition chez les troupes wurtember-
geoises et bavaroises. M. Rambaud cite
une lettre du roi Jérome, se plaignant du
régiment des chasseurs de Wurtemberg
et disant
Je recois à chaque instant des plaintes sur
leur conduite. Les hommes demandent par-
tout des chevaux, des montres et de l'argent.
D'après une autre lettre du jeune roi
de Westphalie, les Bavarois trouvent le
pillage uns chose toute naturelle.
Les officiers inférieurs, lorsqu'ils sont dé-
tachés et lorsqu'ils le peuvent, lèvent des
contributions et ne conçoivent Pas- qu'on
puisse le leur défendre. C'est l'esprit de l'ar-
mée bavaroise et surtout des officiers.
En un mot, l'invasion des idées fran-
çaises en Allemagne, pour n'être point
pacifique, n'en fut pas moins utile rap-
pelons surtout que malgré sa futilité et
son incapacité Jérôme Napoléon eut
l'honneur d'abolir la schlague dans son
armée, et qu'il fallut imiter son exem-
ple dans toute l'Allemagne. Il est vrai que,
quand le royaume de Westphalie eut dis-
paru, on en revint aux vieux usages.
#*# L'illustre Cluseret se taisait de-
puis quelque temps. Nous recevons de
Suisse une lettre, non affranchie d'ail-
lejirs,' contenant quelques exemplaires
d'un manifeste que ce personnage, pre-
nant le titre d'ex-commandant des trou-
pes de la Commune, adresse, aux travail-
leurs pour lesquels il a tant fait-comme
on sait.
Ce manifeste tend à démontrer que le
pi-oeès.Bazaine est une plaisanterie, et il
engage les travailleurs à faire un bon
bouleversement.̃
Travailleurs, réfléchissez dohôsùf toutes
ces choses. Elles dureront tant que ceux qui
font tout ne seront rien, tant que ceux qui
ne font rien seront iout. •
Bien fous sont ceux qui s'en vont disant;
nous avons peur de la Révolution et dçs ré-
volutionnaires* Les révolutionnaires sont les
travailleurs. v
II n'y a de conservateur que le travailleur,
car lui seul produit, donc seul il doit possé-
der et, conserver.. Que conserveraient-ils
donc, ceux qui ne produisent rien, sinon le
bien mal acquis? ̃
C'est pourquoi veillons, serrons nos rangs,
et soyons prêts pour faire triompher le tra-
vail de l'oisiveté et de tous les vices qu'elle
engendre. Salut!
Travailleurs, travailleurs, vous voilà
bien avancés –f. m. °
Injustices et Abus
LES TRAVAILLEURS DE LA. NUIT
Autrefois, si nous ne nous trompons,
y avait un règlement de police en vertu
duquel ""MM. les employés de la compa-
gnie Richer étaient tonus de désinfecter
les substances sur' lesquelles s'exerce
leur art.
Il existait même, nous a-t-on assuré, à
la Préfecture de police, des fonctions
dont les titulaires avaient pour objet de
surveiller les travailleurs de, la. nuit
et de faire exécuter le règlement.
Est-ce que, sous l'influence de Fausté-
rité républicaine qui a si profondément
pénétré toutes les classes de la.populà-
tion parisienne, l'opération désinfectante
aurait paru une superfluité, un luxe
tout à fait inutile, quelque chose comme
un raffinement du sybaritisme, un der-
nier vestige de la corruption des cours ? a
Ou bien .serait-ce que les inspecteurs
la préfecture de police seraient' tous
morts à la tâcjié, et qu'il aurait été im-
possible de leur trouver des succes-
seurs ?
Quoi qu'il en. soit, nous recevons des
plaintes nombreuses à ce suje^, et nous
n'avons pas craint de constater par rioUs-
même, en nous promenant le soir,.après
dix heures, dans la* rue, que, si l'on dé-
sinfectait encore, on le faisait. molle-
ment.
Sans nous étendre plus longtemps sur
la matière, nous signalons l'inconvénient
à qui de droit. ;>• f,
Ajoutons, toutefois et cela en..dehors
de ce qui est relatif au fait de la désin-
fection– • qu'on ne devrait jamais jeenr
contrer les voitures que l'on sait avant
minuit. raure.
P. S. Au sujet de notre article d'hier sur-la
chapelle expiatoirey-on nous adresse le dé-
Ces paroles de la chanoinesse 'oausè--
rent à M; de Villehaut-d'Avron un 4m->
mense soulagement. 'Tous ses- doutes,-
toutes ses craintes tombèrent immédiate--
ment. Il vit Marianne telle qu'elle 'était
cette nuit terrible de ses noces, seule,
endormie dans sonfauteuil, enfant comme
elle l'était à cette époque, comme ellel?è-!
tait encore en ce moment même, igno-
rante non-seulement des choses de l'a-
mour,, qu'un homme jépria peut, seul en-
seigner à l'âme choisie par lui, mais. ne
sachant du mariage que la bénédiction
religieuse,-et rien au-delà de ce qu'avait j
pu lui en dire le tableau des Noces de la
Vierge et de saint Joseph.
Marianne, sa chère Marianne, n'avait
donc jamais aimé que lui Ses beaux
yeux ne s'étaient donc jamais baignés
dans d'autres regards que les siens! Sa
tête charmante, qu'il avait un moment
senti s'appuyer sur son épaule, ne s'était
donc jamais reposée que sur lui!
Ah! qu'il se trouvait heureux d'avoir
éveillé ce jeune cœur, d'être arrivé à se
faire aimer de cet ange de pureté, qui
avait passé au travers .du deuil d'un
époux sans y laisser une sensation sur
laquelle "son esprit pût se retourner avec
complaisance! Il Il~ v,
Madame, dit-il à madame de Char-
vallon après un court'moment de silence,
je vous supplie de ne point continuer un
sujet qui ne peut que vous être pénible.
J'aime madame de Montravert, je l'aime
de toute l'énergie de mon âme, je vous
prie de vouloir bien me faire l'honneur*
de m'accorder sa main.
La chanoinesse au comble de sesj
veaux, se recueillit un instant.
Je vous engage ma parole, madame,
reprit le marquis, que' je rendrai ma
femme heureuse comme personne.
En ce, qui me concerne, répondit
madame de Ôharyallon, je ne demande 1
pas mieux que de vous accorder la main
.de Marianne. Seulement, je me suis "pro-
mis de laisser mon enfant chereher seule
et choisir sans l'aide de personne l'é-
poux avec lequel elle doit passer sa vie.
Le malheur qui nous ai frappés dans sa
cret par lequel la Commune en avait ordonné
la destruction.
Nous avions, il est vrai, oublié ce stupide
décret, dont les considérants portent que
« l'immeuble connu sous le nom de chapelle
expiatoire de Louis XVI est une insulte perma-
nente « la première révolution et une protesta-
tioci perpdtuelle de la réaction contre la Justice du
peupla. »
La Commune n'eut heureusement pas le
temps de faire exécuter son décret.
Mais, la haine qu'elle portait à la chapelle
expiatoire doit être une raison pour que nous
respections davantage ce monument et qu'on
fasse disparaître au plus tôt l'amère et outra-
geante ironie" qui s'étale à son fronton.
E. F.
INFORMATIONS
.La Journée
<*
Hier ont eu lieu les obsèques do M.
le comte Valérien de Noue, de la famille
historique de ce nom.
Beaucoup de monde, et du plus aris-
tocratique, cela va sans dire, à la
triste cérémonie.
Une véritable célébrité parisienne, le
prestidigitateur Robin, vient de mourir à
Paris, Il a été enterré avant-hier, en-
terré civilement.
il y a vingt ans à peu près, Robin avait
quitté Paris, renonçant au commerce de
fleurs dans lequel if n'avait pas réussi.
Il se rendit en Amérique, où il s'associa
avec un prestidigitateur américain qui
le prit pour élève.
Robin avait, depuis assez -longtemps,
renoncé à la prestidigitation, et tenait
un hôtel meublé,- boulevard Mazas,-sous
le nom de Bunkel son véritable nom.
Il laisse dans cet hôtel. un /vrai musée
d'appareils de physique et de chimie.
Il paraît que plus de quatre cents in-
vitations avaient été envoyées pour son
enfouissement.
Le marronnier du jardin des Tuile-.
ries; surnommé le marronnier du vingt
mars, est déjà couvert de bourgeons,
et ce n'est certes pas cette année qu'il
sera en retard, au contraire.
Mais voilà qu'un autre. marronnier,
celui-là domicilié aux Champs-Elysées,
à quelques pas de la place de la Con-
corde, s'est mis depuis quelque temps à
faire une concurrenco déloyale à son
confrère des Tuileries. Il bourgeonne
avant lui, et revet le premier sa parure
printanière. En ce moment les bour-
geons commencent à s'épanouir, et dans
huit ou dix jours, il sera couvert de
feuilles.
Vous pouvez vérifier le fait. Il est dans
l'allée latérale àl'avenue des Champs-
Elysées, le vingtième, à droite, en arri-
vant par la place de la Concorde.
Et dire que ce marronnier, qui renou-
velle ce tour de force tous les ans depuis
un demi siècle, n'a encore. aucune célé-
brité- ̃
0 injustice humaine 1
Emile Faure.
Une chose singulière et pénible s'est
passée hier matin, â la gare, de l'Est.
Le train de six heu/es et demie venait
d'arriver. Les voyageurs étaient descen-
dus sur le quai et se dirigeaient vers la
sortie. Selon l'habitude, les employés -vi-
sitaient rapidement les voitures, afin de
voir si rien n'y était oublié.
En ouvrant la portière d'un comparti-
ment de première classe; un des em-
ployés aperçut un monsieur à demi-cou-
ché sur le. coussin et paraissant dormir
profondément,
Allons, monsieur,, le train est ar-
rivé dit l'employé.
Le voyageur ne bougea pas.
Nous sommes à Paris. il faut des-,
cendre
Même immobilité.
Surpris; l'employé monta et tira par le
bras l'obstiné dormeur; mais le bras re^
tomba inerte dès qu'il l'eut lâché. Le
voyageur était mort, -i.
Le cadavre a été reconnu pour, celui de
M, Va lié, inspecteur des plantations dé
la Compagnie, demeurant à'Lâghy. Un
médecin de la gare a constaté que la
mort était le résultat de la rupture d'Un
anévrisme.
L'ASSASSINAT DE LA RUE blonokl
A l'heure, qù j'écris onze heures Qu.
soir l'assassin do la rue Blon,dèï. n^est
pas .encore arrêté., jnûtilè. de dii;e qu a
toute la police de. sûreté est sur pied, di-'
rigée par M. Claude, son habile chef, et
premijère_jinipn mla^fait un devoir de
cette ligne de conduite. v
Madame, je n'attendais que votre
autorisation pour avoir le droit' d'agir
moi-même auprès de madame de Mon-
travert. J'ai l'espoir que mes efforts se-
ront couronnés de succès, et, je compte,
pour cela, uniquement dansja, forge1 de
mon amoùri ïï me iseinblè impôssiMé que.
ràffèctiôh "que" je porte en'mon "coeur pouiy
madame de Montravert ne parvienne pas
à la toucher, tant je là sens grande et
puissante. ̃••̃
Je vous laisse toute latitude, mon-
sieur le marquis,, fit la chanoinesse, et,
comme vous, j'ai confiance.. J'ajouterai
que le jour le plus heureux de mou exis-
tence sera celui où Marianne prendra le
nom d^ madame dé Villehàut-d'Avroh.
Un mois environ après cet entretien,
un matin du mois de septembre, l'aide de
cuisine Philippe était venu à l'église du
Haut-Biarritz pour y faire, selon son
habitude, ses dévotions,
û'y avait quelques'insta-nts' qu'il était
lày lorsqu'un jeune homme et une jeune
femme y entrèrentet vinrent s'agenouiller
à côté de lui.
Là jeune femme avait toute l'allure
d'une élégante et ricTie voyageuse. Un
voile épais était abaissé sur son visage
et ne permettait pas de .distinguer nette-
ment sa physionomie. •
Pour le jeune homme, c'était un très
beau garçon, mais dont l'accoutrement,
quoique dénonçant l'aisàho^, était du
mauvais goût le plus aeflevé. Aucune
harmonie dans les diverses pièces du
.vêtement, une '.cravate" à ton criard, des
bijoux plus lourds que distingués. Rien
dans l'allure ni dans les manières qui
dénotât l'homme du monde.
Philippe jeta, à là dérobée, un regard
sur les nouveaux venus, et se replongea
aussitôt dans son apparente ferveur.
T'as du nouveau à nous apprendre,
mousse ? lui demanda; le beau garçon,
tout bas, sans se pencher vers lui, sans
même le regarder, de façon à ce que le
mouvement de ses lèvres pût être pris
par M. Mathieu Devienne, juge d'instruc-
tion.
Ug nombre considérable de curieux
est venu pendant toute la journée d'hier
visiter le théâtre du crime. Trois gar-
diens de la paix sont en permanence de-
vant la porte pour faire circuler les cu-
rieux.. ̃,••'•
Ainsi que je le prévoyais hier, on a re-
noncé à peu près à donner le vol pour
mobile au crime, et tout le monde se ral-
lie à l'idée d'une vengeance, dont la
cause est encore ignorée.
On s'occupe activement de retrouver
toutes les personnes avec qui la victime
était en relations suivies, et l'on espère
arriver par là à trouver quelques indices.
Un détail que j'ai oublié hier.
L'assassin a été aperçu au*tournant
d'une rue -par deux inspecteurs de police.
Sa figure les a frappés, mais comiiiè, "S.Z
ce moment, ils ignoraient encore. 1er
crime, ils n'ont naturellement pas eu:;
l'idée de l'arrêter.
Depuis quelt/ues jours on repêche énor-
mément de cadavres dans la Seine et le»
canal.
On a retiré hier du canal Saint-Martin,
le corps d'un individu d'une cinquantaine
d'années, paraissant avoir séjourné huit
à dix jours sous l'eau.
Le corps ne portait aucune trace de
violence.
On a retrouvé sur lui une cartouchière; x
contenant un rasoir, une paire de ci?:<
seaux et une feuille de papier, faisant s
connaître qu'il se nommait Fulgence Gra-
rez et travaillait chez un. sieur Du^uis.
Son identité n'étant pas suffisamment
établie, le corps a été porté à la Morgue,
COUP UE FILET
Vous me direz que les parents ne doi-
vent point frapper leurs enfants. Il y ai
cependant des circonstanoôs-*atténuàiQlëfe;
pour la femme Pizeux, qui, dépuisvgttelr:'
ques jours, n'avait point vu rentrer à î%,
maison sa,fille Estelle. C'est guïà sa çonr -t
naissance /cette Estelle avait eu .plusieurs
Némorins,. J
Aussi, madame Pfzëùx," appreiîàlirqTffie r*
sa fille, était hier'matin sur la placer*
Saint-Augustin, rendez-vous habituel des*
blanchisseuses en grève,- s'y readit-elle*"
avec la ferme intention-de ramener boa
gré mal gré l'enfant vagabonde sous la :?
toit maternel, rue de Lévis, 79.
Prières, remontrances, rien ne fait-
Estelle refuse énergiquement de rentrer.
Dame, la maman se fâche, et, v'lan, voilai
,un soufaet donné. Même, pour un rude?, `
soufflet, comme eût chanté Judic, c'était,"
un rude soufflet! Aussitôt, Estelle et cinq-
de ses amies blanchisseuses grévistes se»*,
meitent en devoir de le rendre. On voit
d'ici la bagarre. Quelle distribution de;
coups entremêlés d'injures! Les griffes;
avaient beau > jeu. Mais la. maman saisit `
le bras d'Estelle et dit à la rebelle
Tu vas me suivre chez le commis^
saire de. police.
Je ne demande pas mieux, répoudlJ*
gaillarde., Nous verrons 3 qui il donnera;
raison.
Eh bien, s'écrient les ciri.q'amies, pe-
tites blanchisseuses, dignes d'être -chan-.t
tées par Monselet, nous irons aussi et
nous ferons notre déposition.
Et les sept femmes se dirigent vers le
bureau de M. le commissaire. Une vraie
invasion!
Mais elles n'ont pas de chance, lespe*-
tites blanchisseuses. A leur v.ue,le:àer t
crétaire, qui les reconnait, fait fermer efe
garder la porte par un gardien de la paix,
Estelle Pizeux et ses cinq amies étaient
depuis longtemps inculpées de délits va-*
ries.. Elles s'étaient livrées ellès-m'êmés,
Elles vont être de plus accusées d'inju-
res, de coups et blessures. ̃;̃̃̃
Un incident ̃ "• •̃
L'utië /d'elles,' Jénny Bordety-^ de-là-r-u»
Joùffroy; 113 se prétendait aussi pure*
que l'enfant qui yient de naître.. v
Or,; avant trois mois, c'est eUe;.qnL,eat)
mettra un au monde ï ioe. k
'̃̃̃̃ ̃>̃ ..>•« )̃• o^ vy :A sia fi
Nous avons raconté, il y.aqiiinze.jogrf^'
le scandale, causéjdan^s la ville de R.
oiX^uu, garçon perruquier avait exerce la
médecine pendant deux ans, ayàrit 1%
plus "belle clientèle et les fonctions les' ♦
plus importantes. Le beau-père^après là1
disparition de son gendre, a eu le toupet
de réclamer les visites qui étaiént-4UBSw
Les habitants.de R. qui sont honnête^
et intelligents, ont offert par chaque xir
site 1» prix d'une, barbé, donnant .cornue,
prétexte qu'ils avaient été rasés ç'g.^t
aijisi que- la femme d'un fonctionnaire ar
offert, vingt centimes, pour un àcpoûcîiô-.
;ment; je dois ajouter qu'elle vient 'iM
pour îihë prière, si d'avebture quelquHiiâ
r.avâit ocîsstvê; '̃; --v- ci. v.«
Oui; répondit Philippe, 'et du tapé*
:mêmë: y •̃̃- ̃; *̃:̃: .^vi
-r- Parte vite, fit l'autre.) j '>, •; ̃;
:ia veuve se remarie, dit-PhiUp.pê.r
A ces mots, la femme voilée serap^
i proch^ deisgn compagnon pour mieùxgn-
tendre Philippe, et fit répéter à ce' der-
nier ce qu'il venait dé dire, comme quel-'
| qu'-Ùii qui craint que son oreille /ne Tait
trompé'. "̃̃-
Eh bien! oui, elle se remarie', répétet
l'aidé de 'cuisiné, et avec un homme- &a-
perbe encore! j
perbe encore! ̃- i
Comment s'appelle-t-11, cet homme^
demanda la jeune femme? 1
M. le marquis de Viltehaut-d'Avron.
Connais-tu ça, demanda ie îfeau
garçon à sa compagne? • <- ̃• « >•
Non; ce n'est pas un des hommes dé
Paris, de, ce Paris que je sais sur le bout
des doigts.
l r-Qu'est-ce que c'est que ce marquis-là,
continua-t-elle en s'adressant à l'aide àM
cuisine?
C'est un lieutenant-colonel aux chas-
séufâ à Cheval, un grand gaillard qu'à
pour le moins la moitié de la fête de plus
que Bëâu-Gousin, et qui est plus beau,
en brun, que Beau-Cousin n'est en blond.
Je ne la plains pas, alors, ta du-
cliesse, fit le beau garçon ;en caressant
son menton d'un air très satisfait de lui-
même. u,
Tais-toi donc, siffla entré jses N dents
la 'jeune femme, tu né pensés jamais qu'à â
ta belle tête! Continué, ajôuta^-elle
en s'adressant à Philippe. `
Il est en semestre, reprit celui-ci;
i il a reçu un coup d'épée quelque part,
comme qui dirait dans la poitrine..
Un coup d'épée; un grand sei-
gneur. se disait A part elle la jeuns
femme, je devrais connaître ^ça- Et,
pourtant, Villehaut-d'Avron est un^nom
qui ne me rappelle aucun des hommes que
j'ai connus.
On le dit riche comme un prince qui
aurait des mines d'or,pour de bon et des
châteaux autre part qu'en Espagne, con-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 54.52%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 54.52%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1" Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00" France-Brésil France-Brésil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "FranceBr"
- Auteurs similaires Villemessant Hippolyte de Villemessant Hippolyte de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Villemessant Hippolyte de" or dc.contributor adj "Villemessant Hippolyte de")Jouvin Benoît Jouvin Benoît /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Jouvin Benoît" or dc.contributor adj "Jouvin Benoît")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k275165q/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k275165q/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k275165q/f2.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k275165q/f2.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k275165q
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k275165q
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k275165q/f2.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest