Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1874-02-10
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 février 1874 10 février 1874
Description : 1874/02/10 (Numéro 41). 1874/02/10 (Numéro 41).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
12
Le 28 mai 1871, le maréchal de Mac-
Mahon, vainqueur de la Commune, disait
dans sa proclamation au peuple de Paris
« L'ordre, le travail, la prospérité vont
» renaître!» Il y a quatre jours, il nous
a répété les mêmes paroles, et cette fois
sa promesse ne sera pas-vaine, car il a
en main le pouvoir 'qui lui permettra de
la réaliser.
L'illustre soldat de Magenta et de
Frœschwiller vient de se réengager pour
sept ans au service de la France, et il
s'est donné à lui-même, pour ce congé,
une consigne qu'il suivra de point en
point. Les habitants de Paris savent
maintenant qu'il compris la garde de
leurs intérêts dans cette consigne. C'est
tout ce qu'ils pouvaient espéi'er de plus
heureux.
Alfred d'Aunay.
SPORT
«TEEPLÉ-CHASES DU VÉSINET
Le Vésinet vient de remettre sa pelouse
non moins verte qu'exiguë à la disposi-
tion des propriétaires qui ne dédaignent
pas de réaliser, tous frais déduits, un bé-
néfice variant de treize à trente-deux
sous! l
Le signal est donné, les courses recom-
mencent, les pauvres-chevaux de steeple-
chases vont être soumis à un rude tra-
vail. Il va leur falloir sauter d'un bout
de Tannée à l'autre sauter à La Marche,»
sauter à Porchefontaine, sauter à Au-
teuil, franchir obstacle sur obstacle, jus-
qu'à ce qu'enfin, à la suite d'une bonne
culbute, ils aillent goûter le repos éter-
nel sur la paille humide de l'équarris-
seur.
Ces réflexions un peu tristes m'ont été
inspirées tantôt par la vue de Ronce-
veaux, de Grimace et autres produits de
pur. sang, jadis illustres, qui me faisaient
l'effet de pauvres vieux invalides niar-
chant au feu avec des jambes de bois et
un nez d'argent.
Pourquoi donc, me direz-vous, a-t-on
recours à ces infirmes dont le sort est
absolument digne de l'attention de la so-
ciété protectrice des animaux? '?
Ah! je vais vous le dire c'est que,
cette année, il y a beaucoup de steeple-
chases et très peu de steeple-chasers
pour les courir. pn est même très inquiet
à ce sujet, à la société d'Auteuil, où il
pourrait bien se faire qu'on n'eût qu'un
nombre de chevaux insuffisant pour tou-
tes les réunions annoncées.
Alors, me répondrez-vous, quelle né-
cessité y a-t-il de multiplier des repré-
sentations quand les acteurs font dé-
faut? 8
Ah pour, oa, j'éprouve un certain em-
barras à répondre, et je crois qu'un peu
moins de steeple-chases ne nuirait pas.
**#
Mais le Vésinet a rouvert ses salons,
et, ma foi! je dois, le reconnaître, vu
l'importance de la réunion, la petite fête
a. répondu à l'attente générale.
',(juaiiâ,il arrivé un- accident au Vési-
net, c'ëstgénéralement un cheval ou un
jockey qui en sont les victimes,-cette
fois, c'est une femme qui a été aj-teinte.
1 Rassurez-vous, si je plaisante ainsi,
c'est que par un bonheur inoui, la jeune
fille qui a été renversée par Fleur de
France pendant la première course et
qui a été franchie par six autres chevaux
est à l'heure qu'il est hors de tout dan-
ger.
Elle en sera quitte pour la peur et cela
ïera un eiémiple. Depuis Vinoenries, il
n'y avait pas eu de curieux écrasé, cela
manquait, et le public des cordes avait
repris tout doucement l'habitude de tra-
verser la piste après que le départ est
donn;éVf '• r
t\I t\I
<'&$ «ïbûient où la jeune file était rap-
portée «ur; un brancard dans l'enceinte,
j'ai saisi ce mot bien naïf d'une dame
sensible
Dieti que c'est horrible d'habiter un
si petit pays et d'y voir de pareils acci-
dents!
Cette première course, si. féconde en
émotions, à été g aghée par la Veine, au
baron Finot* battant Boléro àM.Feathers-
tone^ex-eocher du due de Hamilton) se-
cond et Wœrth à M. Moore Ramsey troi-
sième. La Veine était favorite à 8/4,
elle agagnôen se promenant.
Babylas, à M. de Quesneville, qui sau-
tait si mal à Nice et qui saute beaucoup
Feuilleton de FIGARO da 10 Février
̃ 7ir~
m mm samblantes
Cette salle, éclairée comme par une
lanterne sourde, était de la plus révol-
tante malpropreté. Le parquet avait dis-
paru depuis longtemps sous une épaisse
eouche de boue, dont on •n'enlevait- ja-
pais que lé plus gros, le plancher étant
îà, ~âttie la moins intéressante 'de l'éta-
blissement pour ceux qui s'y donnaient
Vendez-vous. ̃
Les mtirs^ûtrefoisblanchisà lachaux,
étaient maintenant noirs de crasse, et
suintaient .dès choses impures. Par ci,
ttar là, ils étaient décorés d'images au
papier jauni, maculé par les mouches,
représentant des criminels é.mérites
Papavôine, Eliçabide, Lacenaire, etc.,
que lesindùstrfels d'Epînal avaient por-
traicturés et biographies pour la plus
grande édification de la jeunesse.
Les tables reposaient sur des pieux
fichés et seellés en terre, le maître du
logis ayant l«s meilleures raisons de
craindre que, sans cette précaution, son
mobilier ne 'vînt, à un moment donné,
à jouer un rôle trop actif.
Les banes étaient de même solidement t
fixés dans le sol, aux deux côtés; dés ta-
î>les.
Seuls, quelques escabeaux, compo-
saient l'escadron volant des sièges.
Le plafond, comme les murs, avait vu
tant de fumée de toute sorte et s'en était
si bien imprégné, qu'on l'eût dit tendu
d'une peau dé chagrin.,
Les verres, les brocs, les tasses, les
assiettes, toute la vaisselle nécessaire au
service de l'établissement, en un mot,
était résistante et lourde, ce qui ne l'a-
vait pas empêchée à la longue, et par
La reproduction est interdite. Pour obtenir
l'autorisation, s'adresser à i?aut«ur, aux bu-
reaux du journal.
mieux au Vésinet, a gagné la seconde
course de haies contre Protecteur au
comte d'Evry et Roitelet au baron Finot;
la Prasle, à M. Baresse, est tombée. Ba-
bylas-était à .6/4.
•
Enfin le steeple chase a été un succès
facile pour Roitelet qui, ayant 3,800 mè-
tres dans le ventre, en a fourni.3,400 au-
tres avec une bonne volonté qui fait l'é-
loge de son caractère. Il battait Wœrth,
à M. Moore Ramsey, et Juliette II, à M.
Juttard. Ce Roitelet est un animal bien
utile pour le baron Finot, qui l'attèle à sa
voiture pendant la semaine, et le fait
courir le dimanche.
Cette première journée de steeple-cha-
ses n'avait pas attiré un public très nom-
breux; cependant on remarquait, dans
l'enceinte du pesage, un petit groupe
composé de MM. E. de la Charme, de la
Tournelle, le' baron Finot, le comte
d'Evry, de Borda, le comte Hubert Dela-
•marre, etc.
Le comte de Gouy d'Arsy remplissait
les fonctions de commissaire.
L'ASSAUT DE LA salle valentino
Je quittais à peine la. gare Saint-La-
zare, de retour du Vésinet, quand j'aper-
çus un de mes amis, qui avait passé la
journée sur un autre turf, le turf de l'es-
crime.
Eh bien! lui dis-je. Ça été bril-
lant ?
Vous n'avez pas idée de ce que vous
avez manqué! me répondit-il, comme pour
augmenter le regret que j'éprouvais de
n'avoirpas assisté à l'assaut organisé par
Ruzé, pour faciliter le volontariat de son
fils.
En effet, le récit de cette séance d'ar-
mes m'a presque passionné et m'a inspiré
momentanément un peu de mépris pour
les haridelles que j'étais allé voir cou-
rir.
Jugez-en.
Jamais assaut plus brillant, plus émou-
vant n'a captivé le monde de l'escrime
qui l'attendait impatiemment depuis
quinze jours. Tous ceux qui tiennent
un fleuret à Paris s'étaient promis de.s'y
trouver.
A deux heures, tous les gradins étaient
occupés par plus de huit cents amateurs.
Ceux qui n'avaient pu arriver dès le com-
mencement s'étaient arrangés de façon à
venir pour le dernier assaut entre Méri-
gnac et Vigeant. C'est ainsi que le duc
d'Elchingen n'a paru qu'à la fin, en même
temps que M. Legouvé qui s'était pressé
de terminer une conférence pour voir
tirer son jeune favori..
La séance était présidée par M. Féry
d'Esclands, ayant à sa droite le baron
Gourgaud, à sa gauche le prince de Vil-
lafranca, puis MM. Saucède Adelson-
Waill, Pons aîné, Waskiewicz, de Linde-
mann, 'Roulez, des Iïaulles, Brinquant,
Potocki, Thomeguex, Alfonso de Aldama,
le prince Dolgorouky, Martin, Pasteur,
Hochon, le comte Santandero, Alvarez
Calderon, le vicomte de Chevilly, de Bau-
drier, Legrand, etc.
Du côté opposé, également sur le pre-
mier rang, se tenaient MM. Gustave de
Borda et CarolusDuran, disposés à sou-:
tenir chaudement les coups réussis^du
professeur attaché leur cercle.
Les deux jeux lès plus applaudis ont
été celui de Ruzé fils, contre Prévost, -et
celui de Mérignac contre Vigeant. Ils ont
provoqué un tel enthousiasme que lés
quatre champions ont été rappelés.
Je passe aux détails, que je me vais
forcé d'indiquer un peu sommairement
MICHEL CONTRE CAÏN
Le premier a la main très vite. Le se-
cond, très régulier, a joué serré. En
somme, avantage balaneé.'
DÉSIRÉ ROBERT CONTRE -RUZé FILS j
Attaques promptes et serrées de la part
de Robert. Parades«trôs sûres, et excel-
lentes ripostes de la part de Ruzé, dont
la tenue est remarquable et qui- fait
preuve d'un grand sang-froid.
HAMEL CONTRE PELLERIN
Assaut vigoureux. Hamel semble avoir
perdu un peu de sa forme.
PONS CONTRE VIGEANT
Un peu de fougue dans les attaques de
Pons; mais il faut rendre hommage à sa
prestance sous le plastron. Grand bris de
fleurets. Pons a pris des temps, un^peu
trop de temps peut-être. En eScrime,
temps n'a pas la ,même signification que
dans le proverbe anglais. Il est vrai que
devant un adversaire comme Vigeant on
ne choisit pas. ses coups de bouton.
suite de 'chocs fréquents et violents, de
s'ébrêcher, 'de s'égueuler, de se fendre;
de telle -sorte- qu'en inventoriant scru-
puleusement tout le logis, on n'aurait
peut-être pas trouvé une seule pièce en-
tière.
De.gaz, iln'en avait jamais été question
chez le père Lafranchise, qui avait ouvert
cet établissement depuis tantôt dix ans
le suif y régnait seul, despotiquement et
parcimonieusement, sans avoir à crain-
dreaucune résolution.
Quant à^ 1Â' confiance que Lafranchise
avait dans sa clientèle, elle était assez
restreinte; il fallait, en effet, .payer en
demandant sa consommation, formalité
strictement obligatoire, sans laquelle le
patron restait soudé à son banc, et sa di-
gne épouse, YAboijeuse, ne daignait pas
même tourner la tête du côté du re-
quérant.
Donc, le soir du mois de noVembi'e
dont nous avons parlé, il y avait salle
comble chez l'aimable mastroquet.
Celui-ci ne cessait d'aller et de .venir
de la cave au comptoir; le garçon allait
du comptoir aux tables, sans un moment
de répit, tandis que l'Aboyeuse donnait
les consommations d'une main et' per-
nait la monnaie de l'autre, le tout avec
une rapidité vertigineuse et qui n'avait
d'égale que la promptitude avec laquelle
les bouteilles et les petits-verres étaient
vidés.
Chez le père Lafranchise, la porte
extérieure restait toujours entr'ouverte^
et, vers le fond de la grande salle enfu-
mée et puante, deux petites portes basses,
donnant sur des carrefours et des ter-
rains vagues, étaient également toujoiirs
libres.
Lesverroux, pas plus, que les loquets,
ne faisaient oeuvre de clôture, et cela
pour la plus grande sécurité des clients
de la maison, qui avaient, parait-il, be-
soin de beaucoup d'air et d'espace au
moment de certaines apparitions dont la
réputation du patron avait eu beaucoup à
souffrir dans leur esprit.
Car, n'eût été la complaissance qu'il
mettait à favoriser la fuite de ceux
qui avaient la conscience chargée de
quelque peccadille, quand la rousse ve-
nait faire une tournée dans sa maison,
MERK1S4C CONTRE Pll-EyOiï
Bon assaut, mais on sent que Mérignac
prend son canter.
RUZÉ PÈRE CONTRE DÉSIRÉ ROBERT
Grande netteté dans les attaques et
grande correction dans la tenue.
Enàre acte
Tout le monde debout. Des groupes se
forment et des paris s'engagent sur le ré-
sultat de l'assaut final. Les Mérignaquis-
tes ont la majorité sur les Vigeantistes,
mais ils refusent de donner la plus petite
proportion.
Assis, messieurs! A vos places 1.
On va recommencer! •
POXS CONTRE HAMEL
Le plus brillant des deux est impossible
à nommer.
RITZÉ PÈRE CONTRE G AÏS.
Des armes comme on n'en fait plus.
assez! 1
PBÉVOT CONTRE RUZÉ FILS.
Un salut irréprochable. Puis de la part
de Ruzé une défensive admirable ;'des pa-
rades de quarte et des ripostes droites
très jolies; des parades par le contre de
six et la septime avec ripostes en sep-
time d'une précision étonnante. De la
part de Ruzé beaucoup de finesse au profit t
d'attaques simples très rapides.
(Applaudissements sur tous les bancs.
Rappels. Sancède se, lève et frappant
sur l'épaule de Ruzé lui adresse quel-
ques compliments bien sentis.)
ROBERT AINÉ CONTEE PÉLLERIN
Encore un salut joliment exécuté. IB.O-
bert, blessé le matin d'un coup de fleuret
à la cuisse, a fait néanm.oins des' coups
superbes.
VIGEANT CONTRE MÉRIGNAC
Voilà le bouquet, et quel bouquet Les
tireurs s'observent et observent l'Un vis-
à-vis de l'autre une prudence facile à de-
viner. Mais, patience le feu de tous les
regards dirigés sur eux va les animer.
Les voilà aux prises Mérignae attaque
vivement, impétueusement, tandis que
Vigeant remise avec beaucoup de délica-
tesse et d'à-propos. Plusieurs coups de
temps sont saisis par ce dernier sur les
départs de son adversaire.
Après deux reprises, on demande la
belle.
Vigeant, après avoir paré avec succès
deux attaques de Mérignac, a voulu atta-
quer à son tour; mais il a été arrêté par
un coup de temps de Mérignac.
On compte les coups de bouton.
Dix pour Mérignae 1
Huit pour Vigeant!
En résumé, les deux tireurs sont à peu
près de même force. Mérignac, disposant
de plus de moyens physiques, supérieur
dans l'attaque; Vigeant ripostant vite
avec beaucoup de jugement.
J'engage ces messieurs à ne jamais ris-
quer de comparaître devant un jury pré-
sidé par M. Try à la suite d'un duel, ils
seraient infailliblement condamnés à
mort!
Robert ftïiltori.
• TÉLÉGRAMMES' '•
ET
CORRESPONDANCES
) Toulouse, 7 février. Vol avec esca-
lade. et effraction ait Palais de justice.
1 Les malfaiteurs s'y sont introduits en esca-
ladant une grille sur la place du Palais et en
j cassant le carreau d'une petite fenêtre qui se
trouvé à côté de celle de la 2e chambre. Puis
ils sont montés au gretl'e du tribunal. Ils l'ont
bouleversé en entier et enlevé une somme
de 7,000 fr. dans le tiroir de M. Despah, gref-
fier en chef. Après quoi ils sont descendus
sans être inquiétés. Le concierge n'a rien en-
tendu.
A l'heure où je vous écris, ces audacieux
voleurs né sont pas connus. •
~^» Le récit du drame de Senozan qui a
paru, il y a quelques joits, dans vos colon-
nes, a produit une très vive sensation ici.
Mademoiselle Marie Despeyroux est la fille
du directeur de l'Observatoire et professeur à
la Faculté des sciences de Toulouse.
Il jouit ici de la plus grande considéra-
tion.
«̃-» Rio.w, 8 février. Après-demain
mardi, la cour d'assises du Puy-de-Dôme, ju-
gera YAmf de l'ordre, accusé de dédit de
presse.
on n'eût pas tenu à la fréquenter, la tra-
dition rapportant d'étranges choses sur
les relations de Lafranchise avec la pré-
fecture de police elle l'accusait tout
bas d'être un faux frère dont le système
étaitde laisser échapper le menu fretin
pour mieux faire pincer à l'occasion le
gros poisson.
De. là, le surnom de 'Lafranchise que-,
par antiphrase, ..ses clients lui avaient
donné et qui était devenu la seule appel-
lation sous laquelle on le désignât.
Néanmoins, le pli était pris, et petits
ou grands coupables, faute de mieux, se
donnaient rendez-vous chez lui
Nous avons dit que ce soir-là toute la
clientèle de madame Grjffard s'y trouvait.
réunie, et cette clientèle, comme on le
verra par la suite, loin d'être exclusive-
ment composée de chiffonniers, était des
plus variées.
Attachons, pour le moment, 'notre at-
tention à deux gamins, deux avortons
plutôt, qui, à l'angle d'une, table, les
coudes dans le vin bleu répandu, sont
complètement absorbés dans une partie
de piquet
L'un et l'autre peuvent bien avoir
quinze ans, mais s'ils disaient qu'ils n'en
ont que onze ou douze, leur taille ni leur
physionomie ne les démentiraient.
Ils portent tous deux le cachet précoce
des vices leurs traits sont tirés, flétris
et agités de crispations intermittentes,
leurs lèvres sont pâles et déjà couvertes
de ces sortes d"écailles que développe la
fièvre des excès.
L'œil seul était vif et brillant, mais il
était facile de deviner que cette vivacité
et cet éclat n'étaient que factices, passa-
gers, et puisaient uniquement leur cause
dans les liquides du père Lafranchise.
Un bout de chandelle, dont la mèche
était plus Volumineuse que le suif qui
l'entourait, fumait en coulant sur la ta-
ble où elle était fichée à un long clou.
Les brûle-gueule que fumaient les deux
gamins étaient sales comme leur per-
sonne, comme les murs de l'établisse-
ment, comme les consommateurs qui les
entouraient, et bordés, à leur embrasure,
du suif dont ils les rapprochaient -fré-
quemment pour les rallumer.
Ils avaient chacun, à leur droite, un
LE FIGARO M*RttI 10 F*ÉYRTER 1874
Le procureur général de Riom et M0 Joli-
bois porteront la parole dans cette affaire.
L'Ami de ~'o~ dre a été fondé par M. Rou-
her, dépuis sa rentrée aux affaires. Le jour-
nal a une très petite clientèle son tirage,
dit-on, est de 300 exemplaires; mais ils sont
loin d'être tous payés.
M. Villa,. son rédacteur en chef, est un
homme de mérite et d'excellentes relations.
On s'attend à une vigoureuse discussion
entre le ministère public et la défense.
~« Saixt-Etiesxe, 8 février. Un violent
incendie a éclaté cette nuit à l'Hôtel de ville.
Lvon, 8 février, 5 h. 20 scyr. L'hôtel
de ville de Saint-Etienne brûle depuis hier
soir. Secours immédiatement envoyés de
Lyon, ainsi .qu'une pompe à vapeur, partie
ce matin par train spécial.
New-Yobk, 7 février (soir). –Le mar-
quis de Noailles, ministre de France, nommé
ambassadeur près du roi d'Italie, s'est em-
barqué aujourd'hui, sur le paquebot Améri-
que, retournant en France avec sa famille.
< Allemagne. La Gazette de Franc-
fort, du 7 février, raconte, comme un fait
inouï, que l'évêque de Limbourg, cité devant
les tribunaux comme accusé de contraven-
tion aux lois de mai, a été acquitté par le
tribunal en dépit des efforts du ministère pu-
'blic.
~~» Lienitz, 3 février/ Le général de
Pfuhl vient de, se -suicider, en se tirant un
coup de revolver dans la région du eceur.
Lisbonne, 8 février. Le comte de
Sctsal, ministre de Portugal à Paris, vient
de mourir. -.•
de monrir, Auguste Marcade.
Nous avons reçu un si grand nombre
deslettres de personnes qui demandent à
Aire nos correspondants, que nous n'avons
pu répondre encore.
Nos réponses partiront vers la fin de
cette semaine.
PARIS M JOUR M JOB
Il n'est pas~ sans intérêt de rechercher
l'opinion des journaux allemands sur le
discours impérial qui a ouvert les séances
du Reiclistag. Il pourrait se faire que l'o-
pinion fût infiniment moins excitée là
bas qu'on ne l'aprétendu. Par exemple,
la Gazette nationale écrit
Ces paroles présentent un • intérêt double
.en regard des, nouvelles des dernières se-
maines. Tandis que les adversaires de l'em-
pire s'efforcent, en ce moment précisément,
do représenter l'attitude du chancelier alle-
mand comme peu pacifique, l'étranger comme
irrité à l'égard de l'empire d'Allemagne, et
la paix comme menacée, tous ces bruits in-
quiétants sont démentis par le ton calme du
discours du trône, qui assure, tant au nom
de l'empire germanique qu'en celui de tous
les autres Etats, que les visées de quelque
parti que ce soit ne seront pas assez puis-
santes pour ébranler les gouvernements dans
leur confiance réciproque.
La Gazette de Cologne, de son côté, a
combattu la tendance du chancelier de
l'empire à s'occuper de ce que font les
journaux dans les autres pays.
Comme nous avons un gouvernement libé-
ral, nous voudrions qu'on évitât jusqu'à l'ap-
parence de faire tort à la liberté de la presse j
'en France et en Belgique. Nous nous souve-
nons eueore trop bien en Allemagne de l'in- j
fiuence fâcheuse qui fut produite parles;
tentatives analogues du gouvernen^iit fran- .1
cais, lorsque Napoléon 111 voulut faire sentir
aussi darm ce domaine le poids de sa toute
puissance..
ft*# Le Journal de Paris a révélé des
particularités intéressantes sur le cas de
M. Melvil-Bloncourt. On sait que les dos-
siers des accusés prisonniers furent d'a-
bord examinés, puis on passa.à ceux des .1
contumax, ce ne fut qu'au bout de quel-
ques mois qu'un rapporteur s'avisa de
comparer les signatures du Melvil-Blon- ¡
court de la Commune et de celui de l'As-
semblée.' ̃̃ ̃ •' V -'•̃•;• ̃-•
On r~conte l'aneCdote suivante
On raconte l'anecdote "suivante
Quelque, temps avant la fin de l'insurrection,
M. Melvil-Bloncourt, déjeunant dans un café
de Versailles, fut reconnu par des «oldats qu'il ï 11
avait voulu forcer à, marcher sous les dra-
peaux de la Commune.
Les soldats lui mirent la main au collet et
le conduisirent chez le président de l'Assem-
blée pour savoir s'il était vrai qu'il fut député,
ainsi qu'il le disait.
M. Grévy fit relâcher M. Melvil-B'oncouft,
celui-ci lui ayant promis de donner sa -démis;
sion et de quitter la France.
On sait comment il a tenu la promesse qu'il
avait faite.
D'après certains bruits, que nous ne garan-
tissons pas, ce n'est pas ce Melvil-Bloncourt
qui aurait été élu par la Guadeloupe, mais
petit verre épais, .dans lequel brunissait
une eau-de-vie poisseusB, répandant
une odeur alcoolique qui saisissait à la'
fois la gorge et le cerveau.
Au moment où les deux mômes parais-
saient lé plus profondément plongés dans
l'étude du quatre-vingt-dix et capot, là
porte entrouverte, sur la rue donna pas-
sage à un grand et beau garçon de vingt-
cinq à vingt-six ans, qui se glissa le long
des murs pour arriver jusqu'à eux,,et qui,
quand il fut parvenu ù s'installer à leurs,
côtés, tirant une pipe de sa poché, lai
bourra avec une lenteur calculée, sans
rien dire.
Sa pipe bourrée, le nouveau venu 'se
pencha pour l'allumer vers la chandelle
qui éclairait les deux joueurs, en disant
tout haut Faites excuse! et tout bas, à
l' un d'eux
Fine-Mouche, sors donc un peu pour
voir le temps qu'il fait; t'as besoin de
respirer la fraîche de la place Saint-
Pierre, du côté de l'église il y a quel-
que chose de bon dans l'air ton endroit.
Le gainiif qu'on avait appelé Fine-
Mouche fit un léger signe de la tête pour
dire à celui qui venait de lui parler qu'il
l'avait compxùs etqu'il. allait se rendre à
son invitation. 'e
Alors, le grand garçon s'appro_cha du
comptoir, y but un petit verre comme un
homme pressé qui n'est entré, que pour
se rafraîchir et allumer sa pipe, jeta
quelques sous sur l'étairi ^crasseux et,
sortit.
A ce moment, le*garçon de l'établisse-
ment, qui avait enfin quelques minutes'
de répit, était venu s'asseoir au comptoir
à côté de sa patronne.
Y a pas à dire, fit celle-ci, il est tou- .1
jours beau 1 I
Qui ça, demanda le garçon d'un air
abruti?
C'est pas toi, toujours, répondit l'Ar
boyeuse.
Oh ça, je le sais bien, répliqua le
garçon; il y a assez longtemps que vous
m'appelez « vilain singe >> pour que je
sois fixé sur ce sujet. Mais de qui vou-
lez-vous parler?
• De Beaucousin, parbleu! De'Beau-
cousin, qui vient de boire la goutte tout
courant, comme si le parquet de chez
son frère, un riche planteur. Celui-ci n'ayant
pas voulu se déranger pour venir eu France,
son frère aurait ainsi siégé à sa place.
Si ces bruits sont exacts, on comprendrait
plus facilement comment l'absence de M.
Melvil-Bloncourt à' l'Assemblée pendant les
premiers mois de la législature ne fut pas
remarquée.
#*# Cham a trouvé le moyen de con-
soler le Cercle des patineurs de la dou-
ceur persistante du présent hiver. Il leur
conseille d'avoir recours aux peaux d'o-
range sur les trottoirs.
Un amusant petit dialogue entre deux
académiciens
Nous avoir donné Dumas Un homme
qui n'a pas seulement un rhumatisme
Quelle humiliation pour mon catarrhe
**£ N'est-ce pas Rochefort qui, en ses
bons jours de simple homme d'esprit,
avait inventé le type plaisant du mon-
sieur qui ne veut pas qu'on touche à
Achille ? Il est probable que la reprise
à'Orphée aux Enfers va ressusciter ce
personnage disons bien vite que ce genre
n'est pas si nouveau qu'on l'a bien voulu
dire. Racine, ne lisait-il pas le Virgile tra-
vesti de Scarron? On dit même que cela
l'amusait fort.
M. Edouard Fournier cite, dans le
même ordre d'idées, outre. un petit opéra
bouffe d'Orphée et Eurydice qui date
de 1742, des strophes assez jolies de
Senecé, un des petits poëtes du règne de
Louis XIV; en voici quelques-unes:
Pour ravoir sa femme Eurydice,
Orphée aux enfers s'en alla A ·
Est-il si bizarre caprice
Dont on s'étonne après cela?
Dans un accès de ce délire,
Où son jugement se perdit,
Pouvait-il chercher rien de pire,
Ni dans un endroit plus maudit `
Pluton dit en hochant la tête,
A ce chanteur allangouri
« 0 maître fou, comme poëte,
» Et beaucoup plus comme mari
» Quand tu conçus quelque espérance
s> De nous fléchir par tes accords,
» Ignorais-tu que le silence
» Est le charme unique des morts?
» Puisqu'une impertinente flamme
» Pour te troubler t'a fait venir,
» Parques, qu'on lui ronde sa femme,
» On ne saurait mieux le punir. »
^*# Dans son courrier de l'Indépen-
dance belge, M. Claretie cite quelques
fragments intéressants d'une- correspon-
dance du lieutenant Vuillemôt, qui périt
sous les murs-de Sébastopol et qui avait
en lui l'étoffe d'un homme supérieur.
Ses opinions paraissent un peu tran-
chées et contradietoh'es. Nous ne nous
en occuperons pas, mais il est assez cu-
rieux de voir comment dès cette époque
certains -officiers jugeaient leurs géné-
raux
« Les hommes d'Afrique qui nous comman-
dent, dit-il en parlant des chefs, ne sont pas
les hommes qu'il nous faut pour cette guerre.
Je ne parle pas de la valeur personnelle de
ces généraux, je ne la connais pas; mais ce
que je connais d'eux, c'est leur incapacité,ou
tout au moins leur insolente témérité mili-
taire. Ils ne savent pas ce que c'est que de
faire manoeuvrer 3,000 hommes, et ils veu-
lent en conduire par cent- mille contre une
armée qui manœuvre depuis six mois. » A
Lisez, d'autre cette description
des ruines d'un village bulgare qui est
tout à fait digne de Callot
Des maisons, il ne reste que les murs en
pierre que n'a pu dévorer la flamme. Le ?oi
à l'intérieur est un lac de cendre. Aux alen-
tours des murs croissent des orties et des ron-
ces. Des squelettes de bêtes à cornes indi-
quent que la mort a été étendue jusqu'aux
animaux.
Un chien vivait dans ces ruines, gardien, du
tombeau de ses maîtres..le voulais l'adopter,
j'ai été devancé.
Les puits sont bouchés, à l'exception .d'un
seul. De celui-ci on tire une eau noire, in-
fecte. Des corps humains y ont été jetés. Un
serpent ondulait à la surface, et deux tourte-
relles, ô moqueuse nature! ont leur nid dans
une cavité du mur. Deux moulins à vent, sé-
parés du village par un ravin, sont restés in-
tacts ces destructeurs étaient paresseux.
Sur une poutre sohtécrity i. la craie quelques
mots- russes en écriture courante, que je n'ai
pu lire, et portant cette date :*« 1853. Dekem-
bra 12. » ̃
Cette ruine est donc vieille de six mois.
Mais le village, a eh juger par la hauteur
des mauvaises herbes qui croissent dans les
jardins, dut être abandonné par ses habitants
bien avant cette époque.
Quelques jours plus tard, le.lieutenant
Vuillemot fut blessé mortellement dans
une escarmouche, en essayant de déga-
ger un de ses compagnons d'armes, le
lieutenant Wagner jtous, deux tombèrent
entre les mains des Russes.
nous devait mettre le feu à ses semelles 1
Ah I pour être un bel homme et un joli
garçon, il peut se flatter qu'il y a eu la
main, celui-là ,̃ ̃
Y. faut bien le croire.qu'ii est beau,
puisque toutes les femmes le lui cornent.
aux oreilles et que toutes; lestas grand'-
choses de filles lui courent après. 11
Ah nja foi ,je comprends qu'une
fille qui a de beaux yeux et vingt ans
s'en aille souper et gobichonner avec un
gars comme Beaucousin: il en vaut certes
bien la peine.
Vous devez vous y connaître, vous,
la patronne, observa méchamment le gar-
con, qui détestait ce'ttè femme longue, I,
sèche, noire, acariâtre, dont il était le
souffre-douleur.
Avant'd'avoir épousé Lafranchise.'sans
que le maire ni' le curé se mêlassent de
l'affaire, cette femme avait en effet ter-
riblement couru la prétentaine. Elle était
employée au Temple, chez une reven-
deuse de défroques masculines, et avait
pour mission d'empêcher que lès gens
qui venaient s'habiller à ce bazar de la
misère n'entrassent dans la boutique )è
d'en fa ce, ni dans celle d'-à côté. Ce genre
de: travail s'appelle aboyer; de là je nom
'à'abuyeuses donné ù- celles qui le prati-
quent, et dont la femme Lafranchise n'a-
vait jamais pu se défaire, grâce aux nom-
breuses connaissances de la 'but-te qui
l'avaient vue à l'œuvre dans ce premier
TOétier.
L'observation du garçon l'égratignà
quelque peu, et elle s'empressa de répli-
quer, en haussant les 'épaules d'un air de
suffisance et de souverain mépris •
J'ai été, cela est vrai, assez jolie
fille en mon temps pour avoir le droit de
m'y connaître; et ce n'est pas uneraison,
parc.e qu'aujourd'hui je ramasse des écus
au lieu d'en faire sauter, à moi ou aux
autres, pour que je mette mes yeux dans
mes poches et que je ne sachëplus faire
de différence entre un magot de ton es-
pèce et un beau garçon comme celui qui
vient de sortir.
Pendant que l'Aboyeuse et son garçon
discouraient ainsi sur son compte, celui
que l'on venait de désigner sous le nom
Avant de rendre le dernier soupir, il écri-
vait cette lettre suprême
« Je suis à l'hôpital de Sébastopol je vais
mourir; j'ai été blessé d'abord d'un coup de
feu.au bras droit, puis d'une pierre à la
tempe qui m'a renverse et à terre d'une balle
à la hanche et d'un coup de baïonnette c'est
fini pour moi adieu, mes bons amis, je vous
serre à tous la main; adieu, mon régiment
que j'aimais tant et qu'il "me faut quitter si-
tôt adieu, ma sœur; ne pleure pas, ma bonne
mère je suis mort en soldat; je t'attends là-
haut. » l
Au bas de la signature de Henri Vuillemot,
le lieutenant Wagner avait ajouté « Je aeurs
en soldat et en bon chrétien.» Puis il avait si-
gné son nom. Un aide de camp du général
Osten-Sacken, envoyé en parlementaire, re-
mit à un officier français In lettre des deux
officiers morts côte à "côte.
**# M. Pierre Véron donne, dans le
Monde illustré, des notes intéressantes
sur la manière de travailler de M. Victor
Hugo.
Il porte dans sa tète un sujet pendant un
an quelquefois, tournant, retournant, combi-
nant. Puis, quand cette gestation est à point,
il se met tout à coup a la besogne, et alors
écrit pour ainsi dire d'un seul trait, et côm-
me si une v6ix les lui dictait, ses vers ou sa
prose.
La poule, nous disait-il'lui-même pitto-
resquement, couve l'œuf pendant vingt et un
jours, et le poussin brise la coquille en cinq
minutes. Pour moi, le travail est ainsi ré-
parti préparation lente, exécution instanta-
néé..
née. 1
Ce système, tout à fait personnel à Victor
Hugo, s'applique à tout ce qu'il fait. Tous ses
drames, il les a écrits en moins de quinze
jours cha.cun. Il lui est arrivé de faire un
acte en vers dans une seule journée.
Mais cet acte, il l'avait peut-être couvé
pendant six mois. Mystérieuses particularités
du cerveau humain!
Parmi les desiderata fameux des
curieux et des chercheurs, il faut signa-
ler les papiers inédits encore enfouis en
quantités prodigieuses dans les cartons
des affaires étrangères. M. Armand Bàs-
chet, l'érudit et spirituel auteur de la
Diplomatie vénitienne et du Roi chez la'
reine vient de consacrer tout un volume
le Duc de Saint-Simon, son cabinet et ses
monuments à rhistoire,compliquèe comme
un roman, des papiers de l'illustre grand
seigneur.
Le 2 mars 1755, dans l'hôtel que le duc
de Saint-Simon tenait à loyer de l'àbhé
Desmarets, moyennant 4,800 livres par
an, Mc Grimperel, commissaire au Châte-
let, vint apposer les scellés et trouva sur
un lit à colonnes, garni de damas jaune
avec galons d'argent, « un corps mort
» qu'on lui dit être celui de M. le duc de'
» Saint-Simon. « Les scellés mis, com-
mença l'inventaire; les papiers et ma-
nuscrits furent réservés in cousin du
duc, Claude de Saint-Simon, évoque de
Metz, à qui il les avait légués, -mais il
mourut avant d'être envoyé en posses-
sion, et le 21 décembre 1760, un ordre du
roi réserva le tout au dépôt des affaires
étrangères.
Là; le frivole abbé de Voisenon, celui
que Voltaire appelait une petite poignée
de puces, fut chargé de faire des extraits
des papiers de l'austère et misanthrope
Saint-Simon. Singulier rapprochement 1
Ce n'est qu'en 1819, que Louis XVIII
renditle manuscrit des mémoires au. mar-
quis de Saint-Simon, parent fort éloigné
du grand duc, et encore le dépôt mit-il
près de dix ans accomplir les volontés
'du roi. Le reste des papiers n'a pas quitté
le.dépôt des archives étrangères on y
trouverait certainement, au milieu de
quelques fatras généalogiques, .des docu-
ments .d'une, haute importance, comme la
correspondance dp Saint-Simon aveç.lè
duc d'Orléans, des fragments historiques,
les projets de gouvernement qu'il avait
remis au duc de Bourgogne et peut-être
un complément de ses Mémoires.
Il est vivement à désirer, dans l'inté-
rêt des études historiques, que les .avea?
~n.es.- du dépôt des affaires -étrangères
soient désormais ouvertes aux cher-
cheui's après cent cinquante ans, il n'y
à plus de secrets d'Etat, mais de l'his'^
toire. Un ministre à -l'esprit ouvert et
point routinier, comme l'est M. Decazes,
s'honorerait dails cet ordre d'idées par
une initiative dont le -nttteflte savant et
intelligent lui saurait gré. >
.#*# M. Paul de ̃Saint-Victor, rechèr-"
chant les origines de la, mélancolie, est
amené à citer la page si connue, mais
toujours admirable de Ménandre sur lé
bonheur de mourir jeune
Celui que les dieux aiment meurt jeune.
Le plus heureux, je le dis, ô Parmënon
c'est l'homme qui, sans chagrins dans la vie,
ayant contemplé ces beaux spectacles, le
soleil, l'eau, le fou, "es nuages, s'en est -re-
tourné bien vite d'où il était venu. Ces.
choses, qu'il vive cent ans ou un petit nom-
de Heaucousin était allé, en so.rfaijt de
chez le marchand, de vins, faire un tour
du eôtè du château des Brouillards, une
charmante propriété qui couronne la
.butte, afin de laisser au jeune .drôle* -aa-?
quel il venait de donner rendez-vous ,le
temps de- terminer sa partie, sachapt
bien qu'aucune affaire, aucun intérêt ne
sauraient la lui faire abandonner avant
que le sort n'eût décidé entre son adver-
saire et lui.
Il révint, au bout d'un certain temps,
vers la place du Tertre, et, au moment
où il y débouchait par une des rùes^adja-
centes, .Fine-Mouche* y arrivait par Tin
autre côté. ¡..
Naviguons tranquillement, dit Beau-
cousin, sitôt qu'il eût rencontré le g'amin:
naviguons en fumant une honnête pipe
nous aurons l'air de fils de bourgeois
qui prennent le frais, et ces fainéants do
sergents de ville, si nous les recentrons,
n'auront rien ànous dire. '̃̃'̃̃̃;
Naviguons, dit Fine-Mouche, ça; ne
fait pas de mal, au contraire; la jeunesse
a besoin-d'exercice pour se bien porter.
Ce disant, il ralluma son brûle-gueule
à la pipe de Beancousiu et se mit à,en ti-
rer d'énormes bouffées, «;
Tu comprends, reprit Beaucousin,
que nous sommes exposés à rencontrer
plus de curieux qu'il n'en faut à notre
tranquillité, et qu'il nous est indispen-
sable de prendre un air honnête. En con-
séquence, ne te déhanche pas de là sorte,
mets ta casquette comme tout le. monde,
ne jette pas tes coudes au vent pour
fourrer, tes mains dans tes poches, ef ne
regarde pas à droite et à gauche, de celle
façon défiante qui éveille tout de suite
l'attention de messieurs de Jérusalem.
Parfaitement Fuyons les curieux,
les indiscrets. Fi les vilaines gens rë'
pondit Fine-Mouche, en prenant un. air
pudibond excessivement comique.
Et il emboîta le pas à Be.aucousîn, qui
se mettait en devoir dfe "descendre la butte
par les chemins les plus courts et bs
plus faciles. ;̃'• .'̃•;
MIE D'AGHONNE.
{La suitë à demain. J '-i-
Le 28 mai 1871, le maréchal de Mac-
Mahon, vainqueur de la Commune, disait
dans sa proclamation au peuple de Paris
« L'ordre, le travail, la prospérité vont
» renaître!» Il y a quatre jours, il nous
a répété les mêmes paroles, et cette fois
sa promesse ne sera pas-vaine, car il a
en main le pouvoir 'qui lui permettra de
la réaliser.
L'illustre soldat de Magenta et de
Frœschwiller vient de se réengager pour
sept ans au service de la France, et il
s'est donné à lui-même, pour ce congé,
une consigne qu'il suivra de point en
point. Les habitants de Paris savent
maintenant qu'il compris la garde de
leurs intérêts dans cette consigne. C'est
tout ce qu'ils pouvaient espéi'er de plus
heureux.
Alfred d'Aunay.
SPORT
«TEEPLÉ-CHASES DU VÉSINET
Le Vésinet vient de remettre sa pelouse
non moins verte qu'exiguë à la disposi-
tion des propriétaires qui ne dédaignent
pas de réaliser, tous frais déduits, un bé-
néfice variant de treize à trente-deux
sous! l
Le signal est donné, les courses recom-
mencent, les pauvres-chevaux de steeple-
chases vont être soumis à un rude tra-
vail. Il va leur falloir sauter d'un bout
de Tannée à l'autre sauter à La Marche,»
sauter à Porchefontaine, sauter à Au-
teuil, franchir obstacle sur obstacle, jus-
qu'à ce qu'enfin, à la suite d'une bonne
culbute, ils aillent goûter le repos éter-
nel sur la paille humide de l'équarris-
seur.
Ces réflexions un peu tristes m'ont été
inspirées tantôt par la vue de Ronce-
veaux, de Grimace et autres produits de
pur. sang, jadis illustres, qui me faisaient
l'effet de pauvres vieux invalides niar-
chant au feu avec des jambes de bois et
un nez d'argent.
Pourquoi donc, me direz-vous, a-t-on
recours à ces infirmes dont le sort est
absolument digne de l'attention de la so-
ciété protectrice des animaux? '?
Ah! je vais vous le dire c'est que,
cette année, il y a beaucoup de steeple-
chases et très peu de steeple-chasers
pour les courir. pn est même très inquiet
à ce sujet, à la société d'Auteuil, où il
pourrait bien se faire qu'on n'eût qu'un
nombre de chevaux insuffisant pour tou-
tes les réunions annoncées.
Alors, me répondrez-vous, quelle né-
cessité y a-t-il de multiplier des repré-
sentations quand les acteurs font dé-
faut? 8
Ah pour, oa, j'éprouve un certain em-
barras à répondre, et je crois qu'un peu
moins de steeple-chases ne nuirait pas.
**#
Mais le Vésinet a rouvert ses salons,
et, ma foi! je dois, le reconnaître, vu
l'importance de la réunion, la petite fête
a. répondu à l'attente générale.
',(juaiiâ,il arrivé un- accident au Vési-
net, c'ëstgénéralement un cheval ou un
jockey qui en sont les victimes,-cette
fois, c'est une femme qui a été aj-teinte.
1 Rassurez-vous, si je plaisante ainsi,
c'est que par un bonheur inoui, la jeune
fille qui a été renversée par Fleur de
France pendant la première course et
qui a été franchie par six autres chevaux
est à l'heure qu'il est hors de tout dan-
ger.
Elle en sera quitte pour la peur et cela
ïera un eiémiple. Depuis Vinoenries, il
n'y avait pas eu de curieux écrasé, cela
manquait, et le public des cordes avait
repris tout doucement l'habitude de tra-
verser la piste après que le départ est
donn;éVf '• r
t\I t\I
<'&$ «ïbûient où la jeune file était rap-
portée «ur; un brancard dans l'enceinte,
j'ai saisi ce mot bien naïf d'une dame
sensible
Dieti que c'est horrible d'habiter un
si petit pays et d'y voir de pareils acci-
dents!
Cette première course, si. féconde en
émotions, à été g aghée par la Veine, au
baron Finot* battant Boléro àM.Feathers-
tone^ex-eocher du due de Hamilton) se-
cond et Wœrth à M. Moore Ramsey troi-
sième. La Veine était favorite à 8/4,
elle agagnôen se promenant.
Babylas, à M. de Quesneville, qui sau-
tait si mal à Nice et qui saute beaucoup
Feuilleton de FIGARO da 10 Février
̃ 7ir~
m mm samblantes
Cette salle, éclairée comme par une
lanterne sourde, était de la plus révol-
tante malpropreté. Le parquet avait dis-
paru depuis longtemps sous une épaisse
eouche de boue, dont on •n'enlevait- ja-
pais que lé plus gros, le plancher étant
îà, ~âttie la moins intéressante 'de l'éta-
blissement pour ceux qui s'y donnaient
Vendez-vous. ̃
Les mtirs^ûtrefoisblanchisà lachaux,
étaient maintenant noirs de crasse, et
suintaient .dès choses impures. Par ci,
ttar là, ils étaient décorés d'images au
papier jauni, maculé par les mouches,
représentant des criminels é.mérites
Papavôine, Eliçabide, Lacenaire, etc.,
que lesindùstrfels d'Epînal avaient por-
traicturés et biographies pour la plus
grande édification de la jeunesse.
Les tables reposaient sur des pieux
fichés et seellés en terre, le maître du
logis ayant l«s meilleures raisons de
craindre que, sans cette précaution, son
mobilier ne 'vînt, à un moment donné,
à jouer un rôle trop actif.
Les banes étaient de même solidement t
fixés dans le sol, aux deux côtés; dés ta-
î>les.
Seuls, quelques escabeaux, compo-
saient l'escadron volant des sièges.
Le plafond, comme les murs, avait vu
tant de fumée de toute sorte et s'en était
si bien imprégné, qu'on l'eût dit tendu
d'une peau dé chagrin.,
Les verres, les brocs, les tasses, les
assiettes, toute la vaisselle nécessaire au
service de l'établissement, en un mot,
était résistante et lourde, ce qui ne l'a-
vait pas empêchée à la longue, et par
La reproduction est interdite. Pour obtenir
l'autorisation, s'adresser à i?aut«ur, aux bu-
reaux du journal.
mieux au Vésinet, a gagné la seconde
course de haies contre Protecteur au
comte d'Evry et Roitelet au baron Finot;
la Prasle, à M. Baresse, est tombée. Ba-
bylas-était à .6/4.
•
Enfin le steeple chase a été un succès
facile pour Roitelet qui, ayant 3,800 mè-
tres dans le ventre, en a fourni.3,400 au-
tres avec une bonne volonté qui fait l'é-
loge de son caractère. Il battait Wœrth,
à M. Moore Ramsey, et Juliette II, à M.
Juttard. Ce Roitelet est un animal bien
utile pour le baron Finot, qui l'attèle à sa
voiture pendant la semaine, et le fait
courir le dimanche.
Cette première journée de steeple-cha-
ses n'avait pas attiré un public très nom-
breux; cependant on remarquait, dans
l'enceinte du pesage, un petit groupe
composé de MM. E. de la Charme, de la
Tournelle, le' baron Finot, le comte
d'Evry, de Borda, le comte Hubert Dela-
•marre, etc.
Le comte de Gouy d'Arsy remplissait
les fonctions de commissaire.
L'ASSAUT DE LA salle valentino
Je quittais à peine la. gare Saint-La-
zare, de retour du Vésinet, quand j'aper-
çus un de mes amis, qui avait passé la
journée sur un autre turf, le turf de l'es-
crime.
Eh bien! lui dis-je. Ça été bril-
lant ?
Vous n'avez pas idée de ce que vous
avez manqué! me répondit-il, comme pour
augmenter le regret que j'éprouvais de
n'avoirpas assisté à l'assaut organisé par
Ruzé, pour faciliter le volontariat de son
fils.
En effet, le récit de cette séance d'ar-
mes m'a presque passionné et m'a inspiré
momentanément un peu de mépris pour
les haridelles que j'étais allé voir cou-
rir.
Jugez-en.
Jamais assaut plus brillant, plus émou-
vant n'a captivé le monde de l'escrime
qui l'attendait impatiemment depuis
quinze jours. Tous ceux qui tiennent
un fleuret à Paris s'étaient promis de.s'y
trouver.
A deux heures, tous les gradins étaient
occupés par plus de huit cents amateurs.
Ceux qui n'avaient pu arriver dès le com-
mencement s'étaient arrangés de façon à
venir pour le dernier assaut entre Méri-
gnac et Vigeant. C'est ainsi que le duc
d'Elchingen n'a paru qu'à la fin, en même
temps que M. Legouvé qui s'était pressé
de terminer une conférence pour voir
tirer son jeune favori..
La séance était présidée par M. Féry
d'Esclands, ayant à sa droite le baron
Gourgaud, à sa gauche le prince de Vil-
lafranca, puis MM. Saucède Adelson-
Waill, Pons aîné, Waskiewicz, de Linde-
mann, 'Roulez, des Iïaulles, Brinquant,
Potocki, Thomeguex, Alfonso de Aldama,
le prince Dolgorouky, Martin, Pasteur,
Hochon, le comte Santandero, Alvarez
Calderon, le vicomte de Chevilly, de Bau-
drier, Legrand, etc.
Du côté opposé, également sur le pre-
mier rang, se tenaient MM. Gustave de
Borda et CarolusDuran, disposés à sou-:
tenir chaudement les coups réussis^du
professeur attaché leur cercle.
Les deux jeux lès plus applaudis ont
été celui de Ruzé fils, contre Prévost, -et
celui de Mérignac contre Vigeant. Ils ont
provoqué un tel enthousiasme que lés
quatre champions ont été rappelés.
Je passe aux détails, que je me vais
forcé d'indiquer un peu sommairement
MICHEL CONTRE CAÏN
Le premier a la main très vite. Le se-
cond, très régulier, a joué serré. En
somme, avantage balaneé.'
DÉSIRÉ ROBERT CONTRE -RUZé FILS j
Attaques promptes et serrées de la part
de Robert. Parades«trôs sûres, et excel-
lentes ripostes de la part de Ruzé, dont
la tenue est remarquable et qui- fait
preuve d'un grand sang-froid.
HAMEL CONTRE PELLERIN
Assaut vigoureux. Hamel semble avoir
perdu un peu de sa forme.
PONS CONTRE VIGEANT
Un peu de fougue dans les attaques de
Pons; mais il faut rendre hommage à sa
prestance sous le plastron. Grand bris de
fleurets. Pons a pris des temps, un^peu
trop de temps peut-être. En eScrime,
temps n'a pas la ,même signification que
dans le proverbe anglais. Il est vrai que
devant un adversaire comme Vigeant on
ne choisit pas. ses coups de bouton.
suite de 'chocs fréquents et violents, de
s'ébrêcher, 'de s'égueuler, de se fendre;
de telle -sorte- qu'en inventoriant scru-
puleusement tout le logis, on n'aurait
peut-être pas trouvé une seule pièce en-
tière.
De.gaz, iln'en avait jamais été question
chez le père Lafranchise, qui avait ouvert
cet établissement depuis tantôt dix ans
le suif y régnait seul, despotiquement et
parcimonieusement, sans avoir à crain-
dreaucune résolution.
Quant à^ 1Â' confiance que Lafranchise
avait dans sa clientèle, elle était assez
restreinte; il fallait, en effet, .payer en
demandant sa consommation, formalité
strictement obligatoire, sans laquelle le
patron restait soudé à son banc, et sa di-
gne épouse, YAboijeuse, ne daignait pas
même tourner la tête du côté du re-
quérant.
Donc, le soir du mois de noVembi'e
dont nous avons parlé, il y avait salle
comble chez l'aimable mastroquet.
Celui-ci ne cessait d'aller et de .venir
de la cave au comptoir; le garçon allait
du comptoir aux tables, sans un moment
de répit, tandis que l'Aboyeuse donnait
les consommations d'une main et' per-
nait la monnaie de l'autre, le tout avec
une rapidité vertigineuse et qui n'avait
d'égale que la promptitude avec laquelle
les bouteilles et les petits-verres étaient
vidés.
Chez le père Lafranchise, la porte
extérieure restait toujours entr'ouverte^
et, vers le fond de la grande salle enfu-
mée et puante, deux petites portes basses,
donnant sur des carrefours et des ter-
rains vagues, étaient également toujoiirs
libres.
Lesverroux, pas plus, que les loquets,
ne faisaient oeuvre de clôture, et cela
pour la plus grande sécurité des clients
de la maison, qui avaient, parait-il, be-
soin de beaucoup d'air et d'espace au
moment de certaines apparitions dont la
réputation du patron avait eu beaucoup à
souffrir dans leur esprit.
Car, n'eût été la complaissance qu'il
mettait à favoriser la fuite de ceux
qui avaient la conscience chargée de
quelque peccadille, quand la rousse ve-
nait faire une tournée dans sa maison,
MERK1S4C CONTRE Pll-EyOiï
Bon assaut, mais on sent que Mérignac
prend son canter.
RUZÉ PÈRE CONTRE DÉSIRÉ ROBERT
Grande netteté dans les attaques et
grande correction dans la tenue.
Enàre acte
Tout le monde debout. Des groupes se
forment et des paris s'engagent sur le ré-
sultat de l'assaut final. Les Mérignaquis-
tes ont la majorité sur les Vigeantistes,
mais ils refusent de donner la plus petite
proportion.
Assis, messieurs! A vos places 1.
On va recommencer! •
POXS CONTRE HAMEL
Le plus brillant des deux est impossible
à nommer.
RITZÉ PÈRE CONTRE G AÏS.
Des armes comme on n'en fait plus.
assez! 1
PBÉVOT CONTRE RUZÉ FILS.
Un salut irréprochable. Puis de la part
de Ruzé une défensive admirable ;'des pa-
rades de quarte et des ripostes droites
très jolies; des parades par le contre de
six et la septime avec ripostes en sep-
time d'une précision étonnante. De la
part de Ruzé beaucoup de finesse au profit t
d'attaques simples très rapides.
(Applaudissements sur tous les bancs.
Rappels. Sancède se, lève et frappant
sur l'épaule de Ruzé lui adresse quel-
ques compliments bien sentis.)
ROBERT AINÉ CONTEE PÉLLERIN
Encore un salut joliment exécuté. IB.O-
bert, blessé le matin d'un coup de fleuret
à la cuisse, a fait néanm.oins des' coups
superbes.
VIGEANT CONTRE MÉRIGNAC
Voilà le bouquet, et quel bouquet Les
tireurs s'observent et observent l'Un vis-
à-vis de l'autre une prudence facile à de-
viner. Mais, patience le feu de tous les
regards dirigés sur eux va les animer.
Les voilà aux prises Mérignae attaque
vivement, impétueusement, tandis que
Vigeant remise avec beaucoup de délica-
tesse et d'à-propos. Plusieurs coups de
temps sont saisis par ce dernier sur les
départs de son adversaire.
Après deux reprises, on demande la
belle.
Vigeant, après avoir paré avec succès
deux attaques de Mérignac, a voulu atta-
quer à son tour; mais il a été arrêté par
un coup de temps de Mérignac.
On compte les coups de bouton.
Dix pour Mérignae 1
Huit pour Vigeant!
En résumé, les deux tireurs sont à peu
près de même force. Mérignac, disposant
de plus de moyens physiques, supérieur
dans l'attaque; Vigeant ripostant vite
avec beaucoup de jugement.
J'engage ces messieurs à ne jamais ris-
quer de comparaître devant un jury pré-
sidé par M. Try à la suite d'un duel, ils
seraient infailliblement condamnés à
mort!
Robert ftïiltori.
• TÉLÉGRAMMES' '•
ET
CORRESPONDANCES
) Toulouse, 7 février. Vol avec esca-
lade. et effraction ait Palais de justice.
1 Les malfaiteurs s'y sont introduits en esca-
ladant une grille sur la place du Palais et en
j cassant le carreau d'une petite fenêtre qui se
trouvé à côté de celle de la 2e chambre. Puis
ils sont montés au gretl'e du tribunal. Ils l'ont
bouleversé en entier et enlevé une somme
de 7,000 fr. dans le tiroir de M. Despah, gref-
fier en chef. Après quoi ils sont descendus
sans être inquiétés. Le concierge n'a rien en-
tendu.
A l'heure où je vous écris, ces audacieux
voleurs né sont pas connus. •
~^» Le récit du drame de Senozan qui a
paru, il y a quelques joits, dans vos colon-
nes, a produit une très vive sensation ici.
Mademoiselle Marie Despeyroux est la fille
du directeur de l'Observatoire et professeur à
la Faculté des sciences de Toulouse.
Il jouit ici de la plus grande considéra-
tion.
«̃-» Rio.w, 8 février. Après-demain
mardi, la cour d'assises du Puy-de-Dôme, ju-
gera YAmf de l'ordre, accusé de dédit de
presse.
on n'eût pas tenu à la fréquenter, la tra-
dition rapportant d'étranges choses sur
les relations de Lafranchise avec la pré-
fecture de police elle l'accusait tout
bas d'être un faux frère dont le système
étaitde laisser échapper le menu fretin
pour mieux faire pincer à l'occasion le
gros poisson.
De. là, le surnom de 'Lafranchise que-,
par antiphrase, ..ses clients lui avaient
donné et qui était devenu la seule appel-
lation sous laquelle on le désignât.
Néanmoins, le pli était pris, et petits
ou grands coupables, faute de mieux, se
donnaient rendez-vous chez lui
Nous avons dit que ce soir-là toute la
clientèle de madame Grjffard s'y trouvait.
réunie, et cette clientèle, comme on le
verra par la suite, loin d'être exclusive-
ment composée de chiffonniers, était des
plus variées.
Attachons, pour le moment, 'notre at-
tention à deux gamins, deux avortons
plutôt, qui, à l'angle d'une, table, les
coudes dans le vin bleu répandu, sont
complètement absorbés dans une partie
de piquet
L'un et l'autre peuvent bien avoir
quinze ans, mais s'ils disaient qu'ils n'en
ont que onze ou douze, leur taille ni leur
physionomie ne les démentiraient.
Ils portent tous deux le cachet précoce
des vices leurs traits sont tirés, flétris
et agités de crispations intermittentes,
leurs lèvres sont pâles et déjà couvertes
de ces sortes d"écailles que développe la
fièvre des excès.
L'œil seul était vif et brillant, mais il
était facile de deviner que cette vivacité
et cet éclat n'étaient que factices, passa-
gers, et puisaient uniquement leur cause
dans les liquides du père Lafranchise.
Un bout de chandelle, dont la mèche
était plus Volumineuse que le suif qui
l'entourait, fumait en coulant sur la ta-
ble où elle était fichée à un long clou.
Les brûle-gueule que fumaient les deux
gamins étaient sales comme leur per-
sonne, comme les murs de l'établisse-
ment, comme les consommateurs qui les
entouraient, et bordés, à leur embrasure,
du suif dont ils les rapprochaient -fré-
quemment pour les rallumer.
Ils avaient chacun, à leur droite, un
LE FIGARO M*RttI 10 F*ÉYRTER 1874
Le procureur général de Riom et M0 Joli-
bois porteront la parole dans cette affaire.
L'Ami de ~'o~ dre a été fondé par M. Rou-
her, dépuis sa rentrée aux affaires. Le jour-
nal a une très petite clientèle son tirage,
dit-on, est de 300 exemplaires; mais ils sont
loin d'être tous payés.
M. Villa,. son rédacteur en chef, est un
homme de mérite et d'excellentes relations.
On s'attend à une vigoureuse discussion
entre le ministère public et la défense.
~« Saixt-Etiesxe, 8 février. Un violent
incendie a éclaté cette nuit à l'Hôtel de ville.
Lvon, 8 février, 5 h. 20 scyr. L'hôtel
de ville de Saint-Etienne brûle depuis hier
soir. Secours immédiatement envoyés de
Lyon, ainsi .qu'une pompe à vapeur, partie
ce matin par train spécial.
New-Yobk, 7 février (soir). –Le mar-
quis de Noailles, ministre de France, nommé
ambassadeur près du roi d'Italie, s'est em-
barqué aujourd'hui, sur le paquebot Améri-
que, retournant en France avec sa famille.
< Allemagne. La Gazette de Franc-
fort, du 7 février, raconte, comme un fait
inouï, que l'évêque de Limbourg, cité devant
les tribunaux comme accusé de contraven-
tion aux lois de mai, a été acquitté par le
tribunal en dépit des efforts du ministère pu-
'blic.
~~» Lienitz, 3 février/ Le général de
Pfuhl vient de, se -suicider, en se tirant un
coup de revolver dans la région du eceur.
Lisbonne, 8 février. Le comte de
Sctsal, ministre de Portugal à Paris, vient
de mourir. -.•
de monrir, Auguste Marcade.
Nous avons reçu un si grand nombre
deslettres de personnes qui demandent à
Aire nos correspondants, que nous n'avons
pu répondre encore.
Nos réponses partiront vers la fin de
cette semaine.
PARIS M JOUR M JOB
Il n'est pas~ sans intérêt de rechercher
l'opinion des journaux allemands sur le
discours impérial qui a ouvert les séances
du Reiclistag. Il pourrait se faire que l'o-
pinion fût infiniment moins excitée là
bas qu'on ne l'aprétendu. Par exemple,
la Gazette nationale écrit
Ces paroles présentent un • intérêt double
.en regard des, nouvelles des dernières se-
maines. Tandis que les adversaires de l'em-
pire s'efforcent, en ce moment précisément,
do représenter l'attitude du chancelier alle-
mand comme peu pacifique, l'étranger comme
irrité à l'égard de l'empire d'Allemagne, et
la paix comme menacée, tous ces bruits in-
quiétants sont démentis par le ton calme du
discours du trône, qui assure, tant au nom
de l'empire germanique qu'en celui de tous
les autres Etats, que les visées de quelque
parti que ce soit ne seront pas assez puis-
santes pour ébranler les gouvernements dans
leur confiance réciproque.
La Gazette de Cologne, de son côté, a
combattu la tendance du chancelier de
l'empire à s'occuper de ce que font les
journaux dans les autres pays.
Comme nous avons un gouvernement libé-
ral, nous voudrions qu'on évitât jusqu'à l'ap-
parence de faire tort à la liberté de la presse j
'en France et en Belgique. Nous nous souve-
nons eueore trop bien en Allemagne de l'in- j
fiuence fâcheuse qui fut produite parles;
tentatives analogues du gouvernen^iit fran- .1
cais, lorsque Napoléon 111 voulut faire sentir
aussi darm ce domaine le poids de sa toute
puissance..
ft*# Le Journal de Paris a révélé des
particularités intéressantes sur le cas de
M. Melvil-Bloncourt. On sait que les dos-
siers des accusés prisonniers furent d'a-
bord examinés, puis on passa.à ceux des .1
contumax, ce ne fut qu'au bout de quel-
ques mois qu'un rapporteur s'avisa de
comparer les signatures du Melvil-Blon- ¡
court de la Commune et de celui de l'As-
semblée.' ̃̃ ̃ •' V -'•̃•;• ̃-•
On r~conte l'aneCdote suivante
On raconte l'anecdote "suivante
Quelque, temps avant la fin de l'insurrection,
M. Melvil-Bloncourt, déjeunant dans un café
de Versailles, fut reconnu par des «oldats qu'il ï 11
avait voulu forcer à, marcher sous les dra-
peaux de la Commune.
Les soldats lui mirent la main au collet et
le conduisirent chez le président de l'Assem-
blée pour savoir s'il était vrai qu'il fut député,
ainsi qu'il le disait.
M. Grévy fit relâcher M. Melvil-B'oncouft,
celui-ci lui ayant promis de donner sa -démis;
sion et de quitter la France.
On sait comment il a tenu la promesse qu'il
avait faite.
D'après certains bruits, que nous ne garan-
tissons pas, ce n'est pas ce Melvil-Bloncourt
qui aurait été élu par la Guadeloupe, mais
petit verre épais, .dans lequel brunissait
une eau-de-vie poisseusB, répandant
une odeur alcoolique qui saisissait à la'
fois la gorge et le cerveau.
Au moment où les deux mômes parais-
saient lé plus profondément plongés dans
l'étude du quatre-vingt-dix et capot, là
porte entrouverte, sur la rue donna pas-
sage à un grand et beau garçon de vingt-
cinq à vingt-six ans, qui se glissa le long
des murs pour arriver jusqu'à eux,,et qui,
quand il fut parvenu ù s'installer à leurs,
côtés, tirant une pipe de sa poché, lai
bourra avec une lenteur calculée, sans
rien dire.
Sa pipe bourrée, le nouveau venu 'se
pencha pour l'allumer vers la chandelle
qui éclairait les deux joueurs, en disant
tout haut Faites excuse! et tout bas, à
l' un d'eux
Fine-Mouche, sors donc un peu pour
voir le temps qu'il fait; t'as besoin de
respirer la fraîche de la place Saint-
Pierre, du côté de l'église il y a quel-
que chose de bon dans l'air ton endroit.
Le gainiif qu'on avait appelé Fine-
Mouche fit un léger signe de la tête pour
dire à celui qui venait de lui parler qu'il
l'avait compxùs etqu'il. allait se rendre à
son invitation. 'e
Alors, le grand garçon s'appro_cha du
comptoir, y but un petit verre comme un
homme pressé qui n'est entré, que pour
se rafraîchir et allumer sa pipe, jeta
quelques sous sur l'étairi ^crasseux et,
sortit.
A ce moment, le*garçon de l'établisse-
ment, qui avait enfin quelques minutes'
de répit, était venu s'asseoir au comptoir
à côté de sa patronne.
Y a pas à dire, fit celle-ci, il est tou- .1
jours beau 1 I
Qui ça, demanda le garçon d'un air
abruti?
C'est pas toi, toujours, répondit l'Ar
boyeuse.
Oh ça, je le sais bien, répliqua le
garçon; il y a assez longtemps que vous
m'appelez « vilain singe >> pour que je
sois fixé sur ce sujet. Mais de qui vou-
lez-vous parler?
• De Beaucousin, parbleu! De'Beau-
cousin, qui vient de boire la goutte tout
courant, comme si le parquet de chez
son frère, un riche planteur. Celui-ci n'ayant
pas voulu se déranger pour venir eu France,
son frère aurait ainsi siégé à sa place.
Si ces bruits sont exacts, on comprendrait
plus facilement comment l'absence de M.
Melvil-Bloncourt à' l'Assemblée pendant les
premiers mois de la législature ne fut pas
remarquée.
#*# Cham a trouvé le moyen de con-
soler le Cercle des patineurs de la dou-
ceur persistante du présent hiver. Il leur
conseille d'avoir recours aux peaux d'o-
range sur les trottoirs.
Un amusant petit dialogue entre deux
académiciens
Nous avoir donné Dumas Un homme
qui n'a pas seulement un rhumatisme
Quelle humiliation pour mon catarrhe
**£ N'est-ce pas Rochefort qui, en ses
bons jours de simple homme d'esprit,
avait inventé le type plaisant du mon-
sieur qui ne veut pas qu'on touche à
Achille ? Il est probable que la reprise
à'Orphée aux Enfers va ressusciter ce
personnage disons bien vite que ce genre
n'est pas si nouveau qu'on l'a bien voulu
dire. Racine, ne lisait-il pas le Virgile tra-
vesti de Scarron? On dit même que cela
l'amusait fort.
M. Edouard Fournier cite, dans le
même ordre d'idées, outre. un petit opéra
bouffe d'Orphée et Eurydice qui date
de 1742, des strophes assez jolies de
Senecé, un des petits poëtes du règne de
Louis XIV; en voici quelques-unes:
Pour ravoir sa femme Eurydice,
Orphée aux enfers s'en alla A ·
Est-il si bizarre caprice
Dont on s'étonne après cela?
Dans un accès de ce délire,
Où son jugement se perdit,
Pouvait-il chercher rien de pire,
Ni dans un endroit plus maudit `
Pluton dit en hochant la tête,
A ce chanteur allangouri
« 0 maître fou, comme poëte,
» Et beaucoup plus comme mari
» Quand tu conçus quelque espérance
s> De nous fléchir par tes accords,
» Ignorais-tu que le silence
» Est le charme unique des morts?
» Puisqu'une impertinente flamme
» Pour te troubler t'a fait venir,
» Parques, qu'on lui ronde sa femme,
» On ne saurait mieux le punir. »
^*# Dans son courrier de l'Indépen-
dance belge, M. Claretie cite quelques
fragments intéressants d'une- correspon-
dance du lieutenant Vuillemôt, qui périt
sous les murs-de Sébastopol et qui avait
en lui l'étoffe d'un homme supérieur.
Ses opinions paraissent un peu tran-
chées et contradietoh'es. Nous ne nous
en occuperons pas, mais il est assez cu-
rieux de voir comment dès cette époque
certains -officiers jugeaient leurs géné-
raux
« Les hommes d'Afrique qui nous comman-
dent, dit-il en parlant des chefs, ne sont pas
les hommes qu'il nous faut pour cette guerre.
Je ne parle pas de la valeur personnelle de
ces généraux, je ne la connais pas; mais ce
que je connais d'eux, c'est leur incapacité,ou
tout au moins leur insolente témérité mili-
taire. Ils ne savent pas ce que c'est que de
faire manoeuvrer 3,000 hommes, et ils veu-
lent en conduire par cent- mille contre une
armée qui manœuvre depuis six mois. » A
Lisez, d'autre cette description
des ruines d'un village bulgare qui est
tout à fait digne de Callot
Des maisons, il ne reste que les murs en
pierre que n'a pu dévorer la flamme. Le ?oi
à l'intérieur est un lac de cendre. Aux alen-
tours des murs croissent des orties et des ron-
ces. Des squelettes de bêtes à cornes indi-
quent que la mort a été étendue jusqu'aux
animaux.
Un chien vivait dans ces ruines, gardien, du
tombeau de ses maîtres..le voulais l'adopter,
j'ai été devancé.
Les puits sont bouchés, à l'exception .d'un
seul. De celui-ci on tire une eau noire, in-
fecte. Des corps humains y ont été jetés. Un
serpent ondulait à la surface, et deux tourte-
relles, ô moqueuse nature! ont leur nid dans
une cavité du mur. Deux moulins à vent, sé-
parés du village par un ravin, sont restés in-
tacts ces destructeurs étaient paresseux.
Sur une poutre sohtécrity i. la craie quelques
mots- russes en écriture courante, que je n'ai
pu lire, et portant cette date :*« 1853. Dekem-
bra 12. » ̃
Cette ruine est donc vieille de six mois.
Mais le village, a eh juger par la hauteur
des mauvaises herbes qui croissent dans les
jardins, dut être abandonné par ses habitants
bien avant cette époque.
Quelques jours plus tard, le.lieutenant
Vuillemot fut blessé mortellement dans
une escarmouche, en essayant de déga-
ger un de ses compagnons d'armes, le
lieutenant Wagner jtous, deux tombèrent
entre les mains des Russes.
nous devait mettre le feu à ses semelles 1
Ah I pour être un bel homme et un joli
garçon, il peut se flatter qu'il y a eu la
main, celui-là ,̃ ̃
Y. faut bien le croire.qu'ii est beau,
puisque toutes les femmes le lui cornent.
aux oreilles et que toutes; lestas grand'-
choses de filles lui courent après. 11
Ah nja foi ,je comprends qu'une
fille qui a de beaux yeux et vingt ans
s'en aille souper et gobichonner avec un
gars comme Beaucousin: il en vaut certes
bien la peine.
Vous devez vous y connaître, vous,
la patronne, observa méchamment le gar-
con, qui détestait ce'ttè femme longue, I,
sèche, noire, acariâtre, dont il était le
souffre-douleur.
Avant'd'avoir épousé Lafranchise.'sans
que le maire ni' le curé se mêlassent de
l'affaire, cette femme avait en effet ter-
riblement couru la prétentaine. Elle était
employée au Temple, chez une reven-
deuse de défroques masculines, et avait
pour mission d'empêcher que lès gens
qui venaient s'habiller à ce bazar de la
misère n'entrassent dans la boutique )è
d'en fa ce, ni dans celle d'-à côté. Ce genre
de: travail s'appelle aboyer; de là je nom
'à'abuyeuses donné ù- celles qui le prati-
quent, et dont la femme Lafranchise n'a-
vait jamais pu se défaire, grâce aux nom-
breuses connaissances de la 'but-te qui
l'avaient vue à l'œuvre dans ce premier
TOétier.
L'observation du garçon l'égratignà
quelque peu, et elle s'empressa de répli-
quer, en haussant les 'épaules d'un air de
suffisance et de souverain mépris •
J'ai été, cela est vrai, assez jolie
fille en mon temps pour avoir le droit de
m'y connaître; et ce n'est pas uneraison,
parc.e qu'aujourd'hui je ramasse des écus
au lieu d'en faire sauter, à moi ou aux
autres, pour que je mette mes yeux dans
mes poches et que je ne sachëplus faire
de différence entre un magot de ton es-
pèce et un beau garçon comme celui qui
vient de sortir.
Pendant que l'Aboyeuse et son garçon
discouraient ainsi sur son compte, celui
que l'on venait de désigner sous le nom
Avant de rendre le dernier soupir, il écri-
vait cette lettre suprême
« Je suis à l'hôpital de Sébastopol je vais
mourir; j'ai été blessé d'abord d'un coup de
feu.au bras droit, puis d'une pierre à la
tempe qui m'a renverse et à terre d'une balle
à la hanche et d'un coup de baïonnette c'est
fini pour moi adieu, mes bons amis, je vous
serre à tous la main; adieu, mon régiment
que j'aimais tant et qu'il "me faut quitter si-
tôt adieu, ma sœur; ne pleure pas, ma bonne
mère je suis mort en soldat; je t'attends là-
haut. » l
Au bas de la signature de Henri Vuillemot,
le lieutenant Wagner avait ajouté « Je aeurs
en soldat et en bon chrétien.» Puis il avait si-
gné son nom. Un aide de camp du général
Osten-Sacken, envoyé en parlementaire, re-
mit à un officier français In lettre des deux
officiers morts côte à "côte.
**# M. Pierre Véron donne, dans le
Monde illustré, des notes intéressantes
sur la manière de travailler de M. Victor
Hugo.
Il porte dans sa tète un sujet pendant un
an quelquefois, tournant, retournant, combi-
nant. Puis, quand cette gestation est à point,
il se met tout à coup a la besogne, et alors
écrit pour ainsi dire d'un seul trait, et côm-
me si une v6ix les lui dictait, ses vers ou sa
prose.
La poule, nous disait-il'lui-même pitto-
resquement, couve l'œuf pendant vingt et un
jours, et le poussin brise la coquille en cinq
minutes. Pour moi, le travail est ainsi ré-
parti préparation lente, exécution instanta-
néé..
née. 1
Ce système, tout à fait personnel à Victor
Hugo, s'applique à tout ce qu'il fait. Tous ses
drames, il les a écrits en moins de quinze
jours cha.cun. Il lui est arrivé de faire un
acte en vers dans une seule journée.
Mais cet acte, il l'avait peut-être couvé
pendant six mois. Mystérieuses particularités
du cerveau humain!
Parmi les desiderata fameux des
curieux et des chercheurs, il faut signa-
ler les papiers inédits encore enfouis en
quantités prodigieuses dans les cartons
des affaires étrangères. M. Armand Bàs-
chet, l'érudit et spirituel auteur de la
Diplomatie vénitienne et du Roi chez la'
reine vient de consacrer tout un volume
le Duc de Saint-Simon, son cabinet et ses
monuments à rhistoire,compliquèe comme
un roman, des papiers de l'illustre grand
seigneur.
Le 2 mars 1755, dans l'hôtel que le duc
de Saint-Simon tenait à loyer de l'àbhé
Desmarets, moyennant 4,800 livres par
an, Mc Grimperel, commissaire au Châte-
let, vint apposer les scellés et trouva sur
un lit à colonnes, garni de damas jaune
avec galons d'argent, « un corps mort
» qu'on lui dit être celui de M. le duc de'
» Saint-Simon. « Les scellés mis, com-
mença l'inventaire; les papiers et ma-
nuscrits furent réservés in cousin du
duc, Claude de Saint-Simon, évoque de
Metz, à qui il les avait légués, -mais il
mourut avant d'être envoyé en posses-
sion, et le 21 décembre 1760, un ordre du
roi réserva le tout au dépôt des affaires
étrangères.
Là; le frivole abbé de Voisenon, celui
que Voltaire appelait une petite poignée
de puces, fut chargé de faire des extraits
des papiers de l'austère et misanthrope
Saint-Simon. Singulier rapprochement 1
Ce n'est qu'en 1819, que Louis XVIII
renditle manuscrit des mémoires au. mar-
quis de Saint-Simon, parent fort éloigné
du grand duc, et encore le dépôt mit-il
près de dix ans accomplir les volontés
'du roi. Le reste des papiers n'a pas quitté
le.dépôt des archives étrangères on y
trouverait certainement, au milieu de
quelques fatras généalogiques, .des docu-
ments .d'une, haute importance, comme la
correspondance dp Saint-Simon aveç.lè
duc d'Orléans, des fragments historiques,
les projets de gouvernement qu'il avait
remis au duc de Bourgogne et peut-être
un complément de ses Mémoires.
Il est vivement à désirer, dans l'inté-
rêt des études historiques, que les .avea?
~n.es.- du dépôt des affaires -étrangères
soient désormais ouvertes aux cher-
cheui's après cent cinquante ans, il n'y
à plus de secrets d'Etat, mais de l'his'^
toire. Un ministre à -l'esprit ouvert et
point routinier, comme l'est M. Decazes,
s'honorerait dails cet ordre d'idées par
une initiative dont le -nttteflte savant et
intelligent lui saurait gré. >
.#*# M. Paul de ̃Saint-Victor, rechèr-"
chant les origines de la, mélancolie, est
amené à citer la page si connue, mais
toujours admirable de Ménandre sur lé
bonheur de mourir jeune
Celui que les dieux aiment meurt jeune.
Le plus heureux, je le dis, ô Parmënon
c'est l'homme qui, sans chagrins dans la vie,
ayant contemplé ces beaux spectacles, le
soleil, l'eau, le fou, "es nuages, s'en est -re-
tourné bien vite d'où il était venu. Ces.
choses, qu'il vive cent ans ou un petit nom-
de Heaucousin était allé, en so.rfaijt de
chez le marchand, de vins, faire un tour
du eôtè du château des Brouillards, une
charmante propriété qui couronne la
.butte, afin de laisser au jeune .drôle* -aa-?
quel il venait de donner rendez-vous ,le
temps de- terminer sa partie, sachapt
bien qu'aucune affaire, aucun intérêt ne
sauraient la lui faire abandonner avant
que le sort n'eût décidé entre son adver-
saire et lui.
Il révint, au bout d'un certain temps,
vers la place du Tertre, et, au moment
où il y débouchait par une des rùes^adja-
centes, .Fine-Mouche* y arrivait par Tin
autre côté. ¡..
Naviguons tranquillement, dit Beau-
cousin, sitôt qu'il eût rencontré le g'amin:
naviguons en fumant une honnête pipe
nous aurons l'air de fils de bourgeois
qui prennent le frais, et ces fainéants do
sergents de ville, si nous les recentrons,
n'auront rien ànous dire. '̃̃'̃̃̃;
Naviguons, dit Fine-Mouche, ça; ne
fait pas de mal, au contraire; la jeunesse
a besoin-d'exercice pour se bien porter.
Ce disant, il ralluma son brûle-gueule
à la pipe de Beancousiu et se mit à,en ti-
rer d'énormes bouffées, «;
Tu comprends, reprit Beaucousin,
que nous sommes exposés à rencontrer
plus de curieux qu'il n'en faut à notre
tranquillité, et qu'il nous est indispen-
sable de prendre un air honnête. En con-
séquence, ne te déhanche pas de là sorte,
mets ta casquette comme tout le. monde,
ne jette pas tes coudes au vent pour
fourrer, tes mains dans tes poches, ef ne
regarde pas à droite et à gauche, de celle
façon défiante qui éveille tout de suite
l'attention de messieurs de Jérusalem.
Parfaitement Fuyons les curieux,
les indiscrets. Fi les vilaines gens rë'
pondit Fine-Mouche, en prenant un. air
pudibond excessivement comique.
Et il emboîta le pas à Be.aucousîn, qui
se mettait en devoir dfe "descendre la butte
par les chemins les plus courts et bs
plus faciles. ;̃'• .'̃•;
MIE D'AGHONNE.
{La suitë à demain. J '-i-
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