Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1868-01-31
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 janvier 1868 31 janvier 1868
Description : 1868/01/31 (Numéro 31). 1868/01/31 (Numéro 31).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k271015k
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Vendredi 31 Janvier tâÔ8
iô Aijiiyo • bciie JSuméro oi
Un numéro 15 centimes.
-yj\fh rAdngnistrateur
AUGUSTE DU M ONT
'P:1~~
ABONNEMENTS •
Paria5. 3 mois • 18.fr, 50 sj
Départements 3 mois, > 16 fr, »»
ANNONCES
M. B0LL1NGEN (lia et A. SÊGUT
Passage des Princes, Escalier G
•
6, BUB COfi-HÉEOK ET KDE BOSIHH*?
Rédacteur en chef
H. DÉ VÏÏ. LE W! È S SA N T
RÉDACTIGN
de 0 heures à 11 heures, rue Rossinki'*
de midi à heures, rue Coq-Héron/So*
les manuscrits ne sont pas rendul
Eéparteajcnis et gares 20 centimes
BUREAUX
S, sue coq-héron ET atJE rossiri 3
Le numéro du Figaro du 16 janvier contient
nn article où il est parlé d'une consigne don-
nfe par M. le préfet de la Nièvre à la sentinelle
pjacéa à la porto.de son hôtel, et d'après la-
quelle « il serait interdit aux piétons de passer
le soir snr îo trottoir voisin de la grille du
» jardin de k Préfecture. » Le rédacteur de
#1 article ajoute « L'Impartial de la Nièvre
» nous apprand que, samedi soir, l'un des hom-
Il mes les plus honorables de la ville ayant osé
» mettre le pied sur le trottoir officiel, le fac-
» tionnaire a croisé la baïonnette pour le faire
» déguerpi" »
Au une consigna spéciale n'a ê!.é donnée par
M. le préfet do la Nièvre pour empêcher le pu-
blic d'approcher de la grille de la Préfecture.
La f entinelle placée devant cette grille fait exé-
cuter, comme toutes les autres, l'article HO du
décret du i3 octobre 1863, sur le service des
places de guerre et des villes de garnison.
{Communiqué.)
Nous nous permettrons de faire remar-
quer à l'auteur du Communiqué que nous
n'avons ni imaginé ni publié les premiers
le fait sùr lequel porte la rectification.
Nous avons invoqué l'autorité d'une feuille
locale, V Impartial de la Nièvre, le Comrmi-
n>qué nous répond décret du 13 octobre
1863. C'est parfait. Nous ne faisons nulle
difficulté d'admettre que M. le préfet de
la Nièvre n'a donné aucune'consigne spé-
ciale, ce qui n'entre manifestement pas
dans ses attributions. Mais est-il, oui ou
non, interdit de passer le soir sur un trot-
toir voisin de la grille du jardin de laPrér
lecture ? Toute la question est là, et, en-
core une fois, ce n'est pas nous qui l'a-
vons posée.
Alexandre DurercoU.
GAZETTE DE PARIS
Vous pensez bien que je ne vous parle-
rai plus de l'affaire de, Sainte-Barbe. 'Que
M. Dùbief rentre dans le clair-obscur où
il était si bien avant l'incident Orvault.
Nous autres, écrivains de la presse légère,
nous n'avons pas'lo droit de traiter éter-
nellement la même question comme lés.
pédants qui, n'ayant rien à dire, recom-
jttencènt tous les quinze jours le même
article sur la décadence du journalisme.
Le reproche le plus sanglant qu'on nous
adresse généralement, dans une langue
^tellement embrouillée qu'il faut à l'auteur
'un dictionnaire pour lire ses propres
'écrits, ce reproche c.si^ de ne pas prendre
îa- vie assez au sérieux pour réjiandre
'dans ce journal le doux- ennui qui leur
est cher.
Un dé nos plus enragés adversaires est
£m comique de talent que vous avez
certainement remarqué aux .premières re-
présentations. C'est un ci devant jeune
homme, mal à l'aise dans une redingote
tellement étroite, qu'à la moindre tenta-
tive de rire du propriétaire, elle éclaterait
dans tou-tes les coutures; ce qui vous ex-
plique suffisamment la tenue raide et sé-
rieuse de M. Barbey. Vous n'êtes ceriàine-
ment pas sans avoir remarqué ce curieux
personnage, avec ses grands cheveux en
désordre, son col rabattu et ses manchettes
de chemise qui commencent au 'coude.
Il a je ne sais quoi d'étrange dans ..tout
son être. Les traits durs do son visage qui
:£« I ̃mariquent pas d'une certaine fierté,
Bon regard* mélancolique qui vagabonde
dâûs la salle, et son teint bistré nous rap-
pellent les musiciens ambulants qui eu-
Feuilleton du FIGARO dn 31 Inmer 1868
IE ROI MISÈRE
PAR
M. PAUL SAUNIERS
PREMIÈRE PARTIE
vn
LE PREMIER MOUVEMENT
(Snlte)
A peine avait-elle pénétré dans la ba-
ràque que son regard était allé chercher
la folle dansle coin obscur où elle se té-
nait accroupie. On aurait jugé que, de-
puJs la veille, l'infortunée n'avait pas
changé de position. C'était la même immo-
bilité du corps, la même fixité du regard.
-Madame, commença la jeune allé,
«n s'adressant à Eulalie, je n'ai pu voir,
eans en être sincèrement émue, la triste
situation de la pauvre femme que vous
avez recueillie si charitablement. Aussi
je venais vous proposer, si cette charge
est trop lourde pour vos ressources, de
vous remplacer auprès d'elle.
Me remplacer s'écria Eulalie qui
parut tomber du ciel. De quel droit? Dans
quel but? r
Afin de faire donner à cette malheu-
reuse les soins que réclame son état.
Ça c'est vrai, avoua franchement
Eulalie. J'aurais dû le faire, mais je n'é-
tais pas assez riche. C'est qu'elle nous
coûte déjà gros, la pauvre folle 1
C'est ce qui m'avait fait espérer
qu'en vous dédommageant d'une partie
de vos dépenses vous consentiriez à
m'accorder ce que je suis venue vous de-
mander.
Malheureusement, je ne suis pas riche
non plus. Je gagne ma vie, comme vous,
et la somme dont je pourrais disposer est
bien peu de chose.
(i) Reproduction interdite, à moins d'an
traite avec la Société dea gens de lettres. `
rent tant de succès à l'Exposition; ceux
qui ne connaissent pas cet écrivain se di-
sent généralement après une première
inspection
Tiens! ce doit être le Hongrois chargé
de l'émission du nouvel emprunt.
Mais comme ce comique est au fond un
homme de beaucoup de talent, et qu'il a
par des travaux remarqués acquis une cer-
taine autorité, nous ne lui chercherons
pas querelle de la niaiserie qu'il apporte
dans la discussion de certaines questions
littéraires, niaiserie qu'il partage avec
quelques Prudhommes de lettres d'une
valeur inférieure et d'une vanité beau-
coup moins justifiée. Ceux-ci sont tout
simplement des grotesques, toujours à
cheval sur les grands principes, et dont
là devise est
Tous les genres sont bons, excepté
le genre amusant.
Le ciel n'ayant pas donné à ces âmes
attristées le don du rire, ils ne veulent
pas qu'on s'amuse chez le voisin. Ils vou-
draient nous voir faire un métier qui est
dans leurs goûts et point dans les nôtres,
celui de répandre un doux ennui dans
l'existence du lecteur. Généralement, ne
trouvant rien à dire, ils nous reprochent
de ne pas faire des tentatives sérieuses,
,soit un médiocre roman soit une pièce
sifflée dans un quartier désert. Pour les
pédants de cette espèce, le journaliste qui
improvise un article. par jour, et dit hon-
nêtement sa pensée sur toutes choses,
gaiement ou tristement, suivant les cir-
constances, n'a pas de raison d'être. Il
faut absolument, pour mériter leurs sym-
pathies, se faire siffler une ou deux fois
ou écrire un roman pour ses seuls amis.
C'est ce que ces pions prétentieux ap-
pellent faire una tentative.
Nous ayons aussi le Prud'homme poli-
tique qui nous reproche de ne pas sauver
une nation par jour et qui prend un petit
air mélancolique pour s'écrier à propos de
bottes
Pauvre France!
Plus d'un personnage absolument dé-
pourvu de talent s"êst fait une position
dans un parti, rien que pour avoir impri-
mé dix ou douze fois ces mots
Pauvre France 1
A la sixième fois on commence à le
prendre au sérieux, et sa coterie s'é-
crie ».
Quel citoyen! Il a encore dit Pauvre
Francel ce matin. Comme ce garçon aime
son pays. Allez! ce n'est pas un diseur de
riens, c'est un chercheur d'idées! t
Dans les derniers huit jours on a plaint
}a France outre mesure à cause de quel-
ques morts que l'on, trouble dans l'intérêt
de deux cent mille vivants. On va déplacer
quelques tombeaux pour le plus grand
bien de toute une population. Quel crime!
Pauvre France 1
Il faut avouer que cette, question du ci-
metière Montmartre finit par nous aga;
cer lès nerfs. Si vous voulez rire un peu,
vous n'avez qu'à acheter deux'ou trois
9
.Combien? fit Eulalie avec un peu
d'impatience.
-Je n'ai que cent francs, madame.
dit timidement Gabrielle, mais si vous les
voulez je les ai sur moi.
Cent francs se récria la saltimban-
que. Non. A ce prix-là, c'est impossible.
Ecoutez donc, je m'y suis attachée, moi,
à cette créature. Aussi je ne songe pas à
m'en séparer. J'aurais peut-êlre consenti
à vous la confier si la'somme.en avait valu
la peine, parce que, avant tout, je suis
pauvre et j'ai de la famille, mais je me le
serais reproché toute ma vie.
Songez, insista Qabrielle, qu'on peut
guérir cette femme, et que ce sera égale-
ment pour vous un remords de vous être
opposée à ce qu'elle recouvre la raison.
Je,ne. vous dis pas non, mais je suis
sûre qu'elle sera heureuse et tranquille
tant qu'elle sera près de moi.
Groyez-vQus qu'elle le sera moins au-
près de moi^ fit la jeune fille aveo vivacité.
-Mon Dieu! vous êtes une jeunesse,
vous, mon eafant, répliqua Eulalie avec
bonhomie. Vous devez avoir quelque part,
dans un coin de votre cœur, un beau jeune
homme que vous aimez, que vous épouse-
rez.
Gabrielle rougit jusqu'aux oreilles.
Et si ça ne plaisait pas à votre mari
que vous gardiez près de vous la chère
innocente, qu'est-ce qu'elle deviendrait î
A cet égard je puis vous rassurer,
madame. Je n'aime et ne veux épouser
personne.
-Enfin, tant pis! conclut la saltim-
banque. Le ciel m'a envoyé la pauvre
folle, je l'ai, je la garde.
Je comprends votre affection, dit
Gabrielle. Je ne regrette qu'une chose
c'est de n'avoir pu parvenir à l'éclairer,
car elle vous rend égoïste et aveugle.
A ces mots, elle se leva, salua légère-
ment de la tête et se retira. Eulalie était
mécontente. Elle sentait que la jeune fille
avait raison.
Polyte dit-elle, accompagne donc
la demoiselle!
Celui-ci ne se fit pas prier. Il s'élança
plus lestement qu'on ne l'aurait attendu
de son humeur hargneuse, et reconduisit
la jeune fille avec le même cérémonial
qu'il avait employé pour l'introduire.
Arrivée sur la plate-forme, au moment
de descendre dans la grande allée, Ga-
brielle se tournait pour le remercier,
journaux à ll'heure ou vous allez vous
coucher.
Rien ne réjouit l'esprit après le labeur/
du jour comme la lecture d'une demi4
douzaine d'articles sur le cimetière Mont
martre. La sensation est tout à fait déli-v
cieuse. A mesure que vous vous plongez/
dans cette intéressante lecture, la penV
sée vous transporte dans une autre patrie.
Tous les meubles de votre chambre à
coucher se transforment comme par en-
chantement en une admirable collection
de petits monuments funèbres; les gros
meubles vous rappellent les caveaux dé^
famille, tandis que les chaises et les fau-
teuils affectent l'allure plus modeste d'une
tombe concessionnée seulement pour cinq
ans. Si vous avez quelque objet d'art sur
la cheminée,, il a l'air d'être planté sur
une tombe et vous vous dites:
Bigre! 1 voilà un particulier qui aie
joueur de mandoline de Dubois sur son
caveau. Ce doit être un mort cossu l
Quelque agréable que soit cette hallu-
cination, elle finit par vous agacer: vous
jetez les journaux et vous, soufflez la bou.
gie mais l'impression a. été si vive qu'elle
ne vous'quitte pas pendant votre sommeil.
Toute la nuit on est en proie à un char-
mant cauchemar. On rêve qu'on est en-
terré depuis dix ans et que le portier du
cimetière vient vous donner congé au nom
de M. Haussmann. Une discussion des plus
graves s'engage.
Votre congé est en règle dit le con-
cierge. faudra tâcher dé déguerpir pour
le 15 avril.
Pardon, répondez-vous, mes héritiers
ont fait bail de cinq ans et je suis fort
bien ici. Si le baron Haussmann veut me
faire déménager qu'il me cherche d'abord
un autre appartement.
Qu'à cela ne tienne, riposte le con-
cierge nous avons à deux pas d'ici, dans
une petite allée un emplacement qui irait
à merveille à un homme paisible comme
vous. Il y a un petit bout de jardin. C'est
très joli en été.
Allez au diable! répondez-vous, je
neveux pas déménager; j'ai mes habitu-
des ici. Deux on trois amis qui me pleu-
rent viennent une fois par an,déposer une
couronne sur ma tombe; s'ils ne me trou-
vaient pas l'année prochaine, ils seraient
vexer.
Vous laisserez votre nouvelle adresse
chez îe portier. On vou$ enverra vos amis
et connaissances, dit l'employé du cime-
tière
Vous en parlez à votre aise, vous
écriez-vous, mais j'ai toutes mes relations
dans ce. quartier et je ne veux- pas m'en
aller. Si le baron Haussmann ne cgfce pas
de me taquiner, j'adresserai une lettre
aux journaux.
Nous avons pour vous répondre le
communiqué vif et enjoué riposte le
gardien.
A ces mots l'indignation déborde
Que le diable vous emporte vous
écriez-vous* on ne vient pas ainsi dé-
ranger lés gens après leur'mort. Prenez
garde! J'ai laissé par testament cinquante
centimes à la souscription que le Cour-
rier français a ouverte pour la défense de
quand elle sentit la main du bateleur se
poser sur son bras.
Revenez demain à quatre heures, lui
dît Poly te à voix basse.
Mais votre femme ? Y
Je l'éloignerai. Surtout n'oubliez pas
les cent francs. •
Sans autre explication il disparut dans
l'intérieur de la baraque.
Gabrielle revint à Paris en toute hâte. Il
était midi quand elle rentra.
Après avoir déjeûné sommairement
elle se mit à l'ouvrage mais la peinture
sur porcelaine, à laquelle elle s'adonnait
.ordinairement avec tant de goût, ne réus-
sit pas à la distraire. Elle se repentait
presque maintenant de ce qu'elle avait
fait. Sans réflexion, elle avait cédé à son
premier mouvement, mais à présent qu'elle
avait à moitié réussi, puisque Polyte lui
avait dit de revenir, elle se demandait où
cette démarche la conduirait.
Pourrait-elle prodiguer à celle qu'elle
voulait recueillir les soins dont elle avait
besoin Et, plus tard, suffirait-elle à son
entretien Ses économies se montaient à
deux cents francs. Tout d'abord, empor-
tée par son enthousiasme, elle avait fait
le calcul suivant cent francs pour dé-
dommager les saltimbanques, cent francs
pour installer la raine et payer le premier
mois de sa chambre total deux cents
francs. Et elle était partie.
A présent seulement, elle sentait que la
pitié l'avait entraînée trop loin. Comment
pourvoirait-elle en effet aux nécessités
de chaque jour N'aurait-elle arraché
l'infortunée à la misère que pour la faire
vivre dans une misère plus grande encore?
Quant à lui donner asile chez elle, il
n'y fallait pas suûger. L'appartement ne
se composait absolument que des deux
pièces occupées par son père et par elle,
pièces fort étroites et peu propres à être
converties en hôpital. L'antichambre et la
cuisine ne pouvaient pas compter.
De toute nécessité il fallait donc louer
dans les environs une chambre meublée.
Or, ne coûtât-elle que vingt francs par
mois, c'était une dépense. En outre, la
pauvre folle y serait seule, mal soignée,
tant que Gabrielle n'aurait pas annoncé à
son père l'inconséquence qu'elle avait
commise, mais elle n,oserait pas le faire
immédiatement, il fallait le temps de pré-
parer Jacques à cette folie'du cœur.
Enfin, à quel médecin s'adresserait.
elle? Comment le déciderait-elle à se dé-
U. iberté individuelle et j'entends qu'on
s specte mes droits sacrés de citoyen du
(panetière. Sinon, je le dirai à Vermorol t
En entendant cette suprême menace, le
gardien s'éloigne en chantant l'air des deux
gendarmes d'Offenbach. Cette douce mé-
lodie vous rappelle à la vie; les préoccu-
pations de chaque jour reviennent, et
/ous criez au gardien qui est déjà loin
Dites-donc, combien a-t-on fait hier
lux Menus-Plaisirs î
te jour naissant chasse enfin cet hor-
rible cauchemar. Mais il vous apporte
aussi, avec les journaux du matin, une
nouvelle collection d'articles' sur les ci-
metières..
» Rien ne me semble plus honorable que
le culte des morts; mais il ne faudrait
pourtant pas qu'il nous fit oublier ce que
mous devons aux vivants. L'année der-
nière, à propos d'un cimetière projeté
dans les environs de Paris, on a déjà dé-
claré que la France était perdue si l'on
j^ait le malheur de fermer le, Père-La-
chaise, et voilà, pour une rue qui tra-
versera un cimetière et dérangera quel-
ques défunts au bénéfice d'un nombre
considérable de vivants, la guerre qui
éclate dans tous les journaux.
Nous avons tous perdu un être qui nous
était cher, et aucun de nous ne songe,
je pense. à faire des calembours sur les
tombes; mais franchement ce soi-disant
respect ,des morts devient intolérable.
Sous prétexte que l'on est mort et enterré
on n'est pas inviolable comme une cons-
titution, et Il faut bien que notre vanité
s'accommode de la pensée que le petit mo-
nument funèbre qu'on élèvera un jour ou
l'autre surnotretombeau, n'appartient pas
à la postérité comme la Vénus de Milo.
Certes, je suisloin de Youleir nier la dou-
leur réelle dé quelques familles qui s'oppo-
sent énargiquemerit au perc3menî du cime-
tière Montmartre, mais parmi toutes ces
personnes qui crient si fort, il en est aussi
plus d'une qui verse des larmes de croco-
dile sur les tombeaux. Comment! on a
exproprié la moitié de Paris et on ne
pourrait pas déplacer quelques morts? Il
est vrai que les vivants expropriés tou-
chaient une forte indemnité, qui cautérisait
bien des plaies. Aussi je me plais à penser
que plus d'un larmoyeur qui parle do son
culte des morts, serait vite consolée si on
lui allouait cinquante mille francs pour
l'expropriation d'un honorable défunt.
· Albert WolfT.
JDirtiimnairi M Jtgaro
Bureau. Une variété de l'écaille
d'huître.
Bourru. Une épine, sans roses.
Bonne d'enfants. Jeune per-
ranger, si elle ne lui payait pas ses hono-
raires? y
Ce fat alors qu'elle songea à René. Vingt
fois, en prenant chez lui ses leçons de
peinture, en compagnie de son père, elle
avait entendu l'artiste parler de M. Las-
serre. Une fois même le docteur était
venu faire, en présence de la jeune fille,
une visite au jeune peintre.
Aussitôt Gabrielle descendit chez M.Dor-
val. On a vu de quelle façon elle fut ac-
cueillie, et avec quelle spontanéité René
lui donna la lettre qu'elle était venue sol-
liciter.
Forte de ce premier succès, la jeune
fille se rendit chez le médecin et lui remit
sa lettre.
M. Lasserrô en prit connaissance. Dès
qu'il l'eût parcourue, son visage se dérida.
Mademoiselle, dit-il, avec une sem-
blable recommandation, vous avez le
droit d'exiger de moi tout ce qu'il vous
plaira.
Une telle réception était si encoura-
geante que Gabrielle s'enhardit. Elle ra-
conta au docteur tout ce qu'elle savait sur
sa protégée, depuis la scène qu'elle avait
surprise à travers la toile, jusqu'à celle
qui avait suivi la représentation, et dont
elle avait été l'un des principaux acteurs.
M-, Lasserre l'écouta avec la plus grande
attention.
En effet, dit-il, voilà qui est singu-
lier Vous dites qu'elle comprend égale-
ment l'Indien et lo Français? 1
J'en suis sûre, monsieur.
Et ce lui dont elle a parlé, vous ne
savez pas qui cela peut-être ? 8
Non, monsieur.
Voilà pourtant ce qu'il faudrait sa-
voir. C'est par ce lui surtout qu'il serait
possible de la guérir. Mais d'abord cau-
sons un peu de ce que vous comptez faire
pour elle.
C'est précisément là ce qui m'em-
barrasse, répondit naïvement Gabrielle
oonfuse. Je n'avais pas réfléchi aux con-
séquences qu'entraînerait le sentiment de
compassion auquel j'ai obéi. Ah! si j'étais
riche. mais je ne le suis pas!
Je le sais, mademoiselle.
Comment cela? fit Gabrielle étonnée.
>– Vous souvient-il que j'ai eu l'hon-
neur de m s rencontrer avec vous chez
M. Dorval, votre professeur et mon ami?
Oui, monsieur.
Eh bien! mademoiselle, votrebeauté
et votre distinction m'avaient frappé. Je
sonne distraite, qui prend des pom-
piers pour des bébés.
Bourse. Petit sac où l'on met
son argent, et grand labyrinthe où on
le perd.
Babel. Assemblée. Réunion.
Conclave. '•
Bonnet. Coiffure de femme-et
de moulin à vent.
Brisées. -Le chemin du plagiaire.
Botte. Petite grenier a foin
au rez-de-chaussée.
Banc d'huîtres.. Un banc
comme les autres. n~ esiséo~;
Dr GKKSOffiB.
Hier Aiijourd'Iiuî Demain
Nous n'en avons pas fini avec le Consti-
tutionnel. Il semble démontré que M. Er-
nest Merson, qui n'avait accepté d'être
directeur politique de ce vénérable jour-
nal qu'à son corps défendant, a déclaré
vouloir retourner à Nantes.
D'autre part, on annonce que M. de
Sacy, sénateur et membre de l'Académie
française, va prendre les rênes de la
grande feuille officielle.
Et le Journal des Débats que va-t-il de-
venir, privé de son chef 1
«*
fi
M. de Sacy avait un compétiteur pa-
troné par l'Impératrice.
C'était M. de Beaufort ex-directeur du
Vaudeville.
Le banquet des anciens élèves des ins-
titutions de l'abbé Poiloud et de l'abbé
Lévêque, a eu lieu lundi, dans les salons
de l'hôtel du Louvre, sous la présidence
de M. de Fontanges, colonel du 2* régi-
ment des grenadiers de la garde impé-
riale.
Tout le monde sait que le titre d'élève de
Vaugirard, dans la célèbre institution de
l'abbé Poiloud, a été longtemps une excel-
lente note pour entrer dans le monde
aristocratique, et quelanoblesse de France
a longtemps tenu à honneur d'y envoyer
ses enfants. Il suffit, au reste, de citer
quelques noms d'anciens élèves
De Bessé, de Riancey, de Bessas de la
Mégie, de Gralard., de Castelbajac, de
Thuisy, de Chambray, de Potier, de
Chousy, de Chateaubriand, de la Roche-
jaquelin, des Dorides, de Rohan-Chabot,
de Nettancourt, de Balincourt, de Hédou-
ville, deMérione, deVillefosse, d'Hébrard,
de Kéravenant, de Saveuse, de Magnac,
de Nicolaï, etc. etc. La célèbre institution
de Vaugirard, depuis cédée aux jésuites,
s'est toujours recrutée dans l'armorial de
France.
me suis informé de vous auprès de René,
et les termes dont il s'est servi pour me
vanter vos vertus et vos qualités, vous ont
acquis les droits les plus sacrés à mon es-
time et à mon respect. Or, mademoiselle,
sans qu'il ait l'air de s'en douter, René
m'a sauvé la vie. Il y a des gens qui ou-
blient volontiers ce genre de service. Moi,
je ne suis pas de-ceux-là. Mon ami désire
que je "fasse pour vous ce que je ferais
pour lui, ce sera lui prouver ma recon-
naissance que me conformer à ses désirs.
Voulez-vous me permettre de vous dire ce
que je crois le plus utile à la santé de
celle à. qui vous vous intéressez ï
Je vous écoute, monsieur; mais je
ne saurais assez vous remercier de la
bienveillance que vous daignez me témoi-
gner.
V Ne vous en étonnez pas, mademoi-
selle. Quand je vois tant de hauts person-
nages s'incliner servilement devant des
coquines qu'ils méprisent, je trouve qu'on
doit bien quelque encouragement et quel-
que respect à celles qui luttent héroïque-
ment contre la pauvreté et les tentations
d'une attrayante oisiveté.
Donc, je continue. Si vous ne pouvez
pas donner à cette femme l'hospitalité, le
bien-être dont elle a besoin, le mieux est
de la faire entrer dans une maison de
santé.
C'est trop cher! fit observer Ga-
brielle. Je ne peuxmême pas cela!
Je me charge? de l'y faire recevoir.
Gratuitement.
Oui, réponditle docteur qui, subite-
ment, fut pris d'un accès de touxet se dé-
tourna.
Oh mais alors nous sommes sauvées! l
s'écria la jeune fille en battant des mains.
C'est que. reprit-elle sur un ton craintif,
je ne voudrais pas qu'elle y restât. trop
longtemps.
Voulez-vous me laisser juge à cet
égard ? î
Je ne demande pas mieux, mais cela
vous donnera bien du tracas. Où pensez-
vous la faire admettre ? î
A Passy.
C'est loin, docteur. Vous ne pourrez
jamais y aller tous les jours.
Je vous promets de n'y pas manquer
une seule fois. De plus, le médecin qui
dirige cette maison est de mes amis, je lui
recommanderai spécialement notre .ma-
lade.
On y fait des éducations spéciales, dont `,
nous sommes très loin, pour Aïïtra part,
de partager les tendances et le~ppimpns,
diamétralement opposées à celîeiKdeJl'U-
niversité, mais qui n'en constituenfpiSf*'
moins, en somme, une force vive dans la-
quelle s'alimentente constamment le parti
qui a donné à Rome le plus pur de son
sang et de sa fortune.
.̃ .̃
La Société protectrice de l'Enfance tien-
dra sa séance générale annuelle au Con-
servatoire impérial des Arts et Métiers
(rue Saint-Martin), dimanche prochain,
2 février, à une heure et demie.
Ordre du jour:
1° Discours de M. le docteur F. Bàrriêr, pré-
sident
2° Compte rendu de M, le docteur Alex, Mayer,'
secrétaire général;
3° Rapport de la Commission du prix, par
M. le docteur Despaulx-Ader, rapporteur
4° Rapport de la Commission des récompen-
ses aux nourrices, par M. le docteur de Panse,
rapporteur;
8° Distribution des récompenses aux nour-
rices.
Chœurs chantés par la Société chorale Amand
Chevé.
Nous apprenons la mort de la sœur de
Talma: elle était veuve du peintre Ducis,
qui fut neveu du poëte tragique.
Mademoiselle Adelina Patti est rentrée
avant-hier à Paris, de retour de Rouen,
où elle a donné au Théâtre des Arts une;
représentation de la Lucia, qui a été un
véritable événement.
L'enthousiasme du public et des jour-
naux rouennais est arrivé aux dernières
limites. Ecoutez ce que dit le Journal de]
Rouen
Les habitants de la vieille cité, qu'on appelle la
villa des millionnaires, savent se servir de leur `
argent quand on sait le leur demander d'une
façon engageante, et que lorsqu'on traite leur
ville à l'égal de Paris, ils savent rivaliser avec
les Parisiens i
Et de fait, la diva des Parisiens a été
fêtée comme une jeune reine, applaudie
et acclamée comme à Paris.
Le tableau de la Smalah dAbd-el-Ka-
der, qui est au musée da Versailles, at-
tend le pendant .que Vernet devait faire
et dont il avait terminé l'esquisse.
On nous assure que cotte esquisse, fort
remarquable et signée du maître, est à
vendre et qu'elle sera;adjugée au plus of-
frant le 30 janvier à deux heures et demie,
place d'Armes, à Versailles.
On nous prie d'annoncer que les Alle-
mands de Paris qui désirent faire parve-
nir un secours à leurs compatriotes de la
Prusse occidentale, désolés par la famine,
trouvent des listes de souscriptions de deux
à cinq heures, chez M. C. de Rappard, 55,
rue d'Hauteville.
On ne peut pas signaler une invention
sans donner lieu immédiatement à une
•foule de réclamations en revendications
de priorité.
C'est ce qui nous arrive pour Vévolueur
dont nous parlions il y a quelques jours.
Un ingénieur de Paris nous écrit et
nous prouve titres en mains qa'il est in-
venteur depuis plus années déjà d'un sys-
Ah que vous êtes bon, monsieur 1
s'écria la jeune fille,. Quant aux hono-
raires.
Chut! fit M. Lasserrë en souriant. Si
vous ne voulez pas que nous nous fâ-
chions, n'abordez jamais cette question-là.
Pourtant, docteur.
René ne me la pardonnerait pas. Je
vous en supplie, n'insistez pas.
C'est que, docteur. ce n'est pas
tout, hasarda timidement Gabrielle.
-Quoi encore? Achevez, n'ayez pas
peur.
Je voudrais que vous me gardassiez
le secret, non-seulement envers M. René,
mais surtout envers mon père. Il me
gronderait, le pauvre homme.
Comment înotre père même né, le `
saura pas? 1
Pas avant que j'aie regagné leis*
cent francs que je vais donner à ceux qui
ont recueilli la pauvra folle.
Quoi! vous donnez cent francs à ces
gens-là? g
Oui, vraiment. Encore la. femme ne*
les voulait pas; c'est le mari qui m'a dit
de revenir demain.
Tenez, éclata le docteur, vous êtes
un ange Allez. Amenez-moi votre proté-
gée dès que vous le pourrez. Je vous at-
tendrai.
Merci dit la jeune fille avec émo-
tion. Vous êtes aussi bon que Dieu, doc-
teur.
Elle sortit d'un pas rapide, le coeur al-
légé, le sourire aux lèvres. Jamais elle
n'avait éprouvé de plus grand bonheur. La
fièvre de la joie la dévorait. Elle rentra.
La soirée lui parut longue. Elle embrassa
son père avec moins d'abandon qu'à l'or-
dinaire. Il lui tardait d'être au lendemain.,
Elle tremblait que Jacques ne fût pas oc-
cupé ét n'osait pas le lui demander. Elle
se coucha, mais ne dormit pas.
PAUL SAUNIÈRE.-
(jÇo mite à demain).
•• »'' '•
Jfous rappelons à noj lecteurs que le prix
d'abonnement, au Figaro, est pour les dépar- >'
tements de 16 fr. pour trou mois, 32 fr.pour,
six mois et 64 (r. pour «ri m.
iô Aijiiyo • bciie JSuméro oi
Un numéro 15 centimes.
-yj\fh rAdngnistrateur
AUGUSTE DU M ONT
'P:1~~
ABONNEMENTS •
Paria5. 3 mois • 18.fr, 50 sj
Départements 3 mois, > 16 fr, »»
ANNONCES
M. B0LL1NGEN (lia et A. SÊGUT
Passage des Princes, Escalier G
•
6, BUB COfi-HÉEOK ET KDE BOSIHH*?
Rédacteur en chef
H. DÉ VÏÏ. LE W! È S SA N T
RÉDACTIGN
de 0 heures à 11 heures, rue Rossinki'*
de midi à heures, rue Coq-Héron/So*
les manuscrits ne sont pas rendul
Eéparteajcnis et gares 20 centimes
BUREAUX
S, sue coq-héron ET atJE rossiri 3
Le numéro du Figaro du 16 janvier contient
nn article où il est parlé d'une consigne don-
nfe par M. le préfet de la Nièvre à la sentinelle
pjacéa à la porto.de son hôtel, et d'après la-
quelle « il serait interdit aux piétons de passer
le soir snr îo trottoir voisin de la grille du
» jardin de k Préfecture. » Le rédacteur de
#1 article ajoute « L'Impartial de la Nièvre
» nous apprand que, samedi soir, l'un des hom-
Il mes les plus honorables de la ville ayant osé
» mettre le pied sur le trottoir officiel, le fac-
» tionnaire a croisé la baïonnette pour le faire
» déguerpi" »
Au une consigna spéciale n'a ê!.é donnée par
M. le préfet do la Nièvre pour empêcher le pu-
blic d'approcher de la grille de la Préfecture.
La f entinelle placée devant cette grille fait exé-
cuter, comme toutes les autres, l'article HO du
décret du i3 octobre 1863, sur le service des
places de guerre et des villes de garnison.
{Communiqué.)
Nous nous permettrons de faire remar-
quer à l'auteur du Communiqué que nous
n'avons ni imaginé ni publié les premiers
le fait sùr lequel porte la rectification.
Nous avons invoqué l'autorité d'une feuille
locale, V Impartial de la Nièvre, le Comrmi-
n>qué nous répond décret du 13 octobre
1863. C'est parfait. Nous ne faisons nulle
difficulté d'admettre que M. le préfet de
la Nièvre n'a donné aucune'consigne spé-
ciale, ce qui n'entre manifestement pas
dans ses attributions. Mais est-il, oui ou
non, interdit de passer le soir sur un trot-
toir voisin de la grille du jardin de laPrér
lecture ? Toute la question est là, et, en-
core une fois, ce n'est pas nous qui l'a-
vons posée.
Alexandre DurercoU.
GAZETTE DE PARIS
Vous pensez bien que je ne vous parle-
rai plus de l'affaire de, Sainte-Barbe. 'Que
M. Dùbief rentre dans le clair-obscur où
il était si bien avant l'incident Orvault.
Nous autres, écrivains de la presse légère,
nous n'avons pas'lo droit de traiter éter-
nellement la même question comme lés.
pédants qui, n'ayant rien à dire, recom-
jttencènt tous les quinze jours le même
article sur la décadence du journalisme.
Le reproche le plus sanglant qu'on nous
adresse généralement, dans une langue
^tellement embrouillée qu'il faut à l'auteur
'un dictionnaire pour lire ses propres
'écrits, ce reproche c.si^ de ne pas prendre
îa- vie assez au sérieux pour réjiandre
'dans ce journal le doux- ennui qui leur
est cher.
Un dé nos plus enragés adversaires est
£m comique de talent que vous avez
certainement remarqué aux .premières re-
présentations. C'est un ci devant jeune
homme, mal à l'aise dans une redingote
tellement étroite, qu'à la moindre tenta-
tive de rire du propriétaire, elle éclaterait
dans tou-tes les coutures; ce qui vous ex-
plique suffisamment la tenue raide et sé-
rieuse de M. Barbey. Vous n'êtes ceriàine-
ment pas sans avoir remarqué ce curieux
personnage, avec ses grands cheveux en
désordre, son col rabattu et ses manchettes
de chemise qui commencent au 'coude.
Il a je ne sais quoi d'étrange dans ..tout
son être. Les traits durs do son visage qui
:£« I ̃mariquent pas d'une certaine fierté,
Bon regard* mélancolique qui vagabonde
dâûs la salle, et son teint bistré nous rap-
pellent les musiciens ambulants qui eu-
Feuilleton du FIGARO dn 31 Inmer 1868
IE ROI MISÈRE
PAR
M. PAUL SAUNIERS
PREMIÈRE PARTIE
vn
LE PREMIER MOUVEMENT
(Snlte)
A peine avait-elle pénétré dans la ba-
ràque que son regard était allé chercher
la folle dansle coin obscur où elle se té-
nait accroupie. On aurait jugé que, de-
puJs la veille, l'infortunée n'avait pas
changé de position. C'était la même immo-
bilité du corps, la même fixité du regard.
-Madame, commença la jeune allé,
«n s'adressant à Eulalie, je n'ai pu voir,
eans en être sincèrement émue, la triste
situation de la pauvre femme que vous
avez recueillie si charitablement. Aussi
je venais vous proposer, si cette charge
est trop lourde pour vos ressources, de
vous remplacer auprès d'elle.
Me remplacer s'écria Eulalie qui
parut tomber du ciel. De quel droit? Dans
quel but? r
Afin de faire donner à cette malheu-
reuse les soins que réclame son état.
Ça c'est vrai, avoua franchement
Eulalie. J'aurais dû le faire, mais je n'é-
tais pas assez riche. C'est qu'elle nous
coûte déjà gros, la pauvre folle 1
C'est ce qui m'avait fait espérer
qu'en vous dédommageant d'une partie
de vos dépenses vous consentiriez à
m'accorder ce que je suis venue vous de-
mander.
Malheureusement, je ne suis pas riche
non plus. Je gagne ma vie, comme vous,
et la somme dont je pourrais disposer est
bien peu de chose.
(i) Reproduction interdite, à moins d'an
traite avec la Société dea gens de lettres. `
rent tant de succès à l'Exposition; ceux
qui ne connaissent pas cet écrivain se di-
sent généralement après une première
inspection
Tiens! ce doit être le Hongrois chargé
de l'émission du nouvel emprunt.
Mais comme ce comique est au fond un
homme de beaucoup de talent, et qu'il a
par des travaux remarqués acquis une cer-
taine autorité, nous ne lui chercherons
pas querelle de la niaiserie qu'il apporte
dans la discussion de certaines questions
littéraires, niaiserie qu'il partage avec
quelques Prudhommes de lettres d'une
valeur inférieure et d'une vanité beau-
coup moins justifiée. Ceux-ci sont tout
simplement des grotesques, toujours à
cheval sur les grands principes, et dont
là devise est
Tous les genres sont bons, excepté
le genre amusant.
Le ciel n'ayant pas donné à ces âmes
attristées le don du rire, ils ne veulent
pas qu'on s'amuse chez le voisin. Ils vou-
draient nous voir faire un métier qui est
dans leurs goûts et point dans les nôtres,
celui de répandre un doux ennui dans
l'existence du lecteur. Généralement, ne
trouvant rien à dire, ils nous reprochent
de ne pas faire des tentatives sérieuses,
,soit un médiocre roman soit une pièce
sifflée dans un quartier désert. Pour les
pédants de cette espèce, le journaliste qui
improvise un article. par jour, et dit hon-
nêtement sa pensée sur toutes choses,
gaiement ou tristement, suivant les cir-
constances, n'a pas de raison d'être. Il
faut absolument, pour mériter leurs sym-
pathies, se faire siffler une ou deux fois
ou écrire un roman pour ses seuls amis.
C'est ce que ces pions prétentieux ap-
pellent faire una tentative.
Nous ayons aussi le Prud'homme poli-
tique qui nous reproche de ne pas sauver
une nation par jour et qui prend un petit
air mélancolique pour s'écrier à propos de
bottes
Pauvre France!
Plus d'un personnage absolument dé-
pourvu de talent s"êst fait une position
dans un parti, rien que pour avoir impri-
mé dix ou douze fois ces mots
Pauvre France 1
A la sixième fois on commence à le
prendre au sérieux, et sa coterie s'é-
crie ».
Quel citoyen! Il a encore dit Pauvre
Francel ce matin. Comme ce garçon aime
son pays. Allez! ce n'est pas un diseur de
riens, c'est un chercheur d'idées! t
Dans les derniers huit jours on a plaint
}a France outre mesure à cause de quel-
ques morts que l'on, trouble dans l'intérêt
de deux cent mille vivants. On va déplacer
quelques tombeaux pour le plus grand
bien de toute une population. Quel crime!
Pauvre France 1
Il faut avouer que cette, question du ci-
metière Montmartre finit par nous aga;
cer lès nerfs. Si vous voulez rire un peu,
vous n'avez qu'à acheter deux'ou trois
9
.Combien? fit Eulalie avec un peu
d'impatience.
-Je n'ai que cent francs, madame.
dit timidement Gabrielle, mais si vous les
voulez je les ai sur moi.
Cent francs se récria la saltimban-
que. Non. A ce prix-là, c'est impossible.
Ecoutez donc, je m'y suis attachée, moi,
à cette créature. Aussi je ne songe pas à
m'en séparer. J'aurais peut-êlre consenti
à vous la confier si la'somme.en avait valu
la peine, parce que, avant tout, je suis
pauvre et j'ai de la famille, mais je me le
serais reproché toute ma vie.
Songez, insista Qabrielle, qu'on peut
guérir cette femme, et que ce sera égale-
ment pour vous un remords de vous être
opposée à ce qu'elle recouvre la raison.
Je,ne. vous dis pas non, mais je suis
sûre qu'elle sera heureuse et tranquille
tant qu'elle sera près de moi.
Groyez-vQus qu'elle le sera moins au-
près de moi^ fit la jeune fille aveo vivacité.
-Mon Dieu! vous êtes une jeunesse,
vous, mon eafant, répliqua Eulalie avec
bonhomie. Vous devez avoir quelque part,
dans un coin de votre cœur, un beau jeune
homme que vous aimez, que vous épouse-
rez.
Gabrielle rougit jusqu'aux oreilles.
Et si ça ne plaisait pas à votre mari
que vous gardiez près de vous la chère
innocente, qu'est-ce qu'elle deviendrait î
A cet égard je puis vous rassurer,
madame. Je n'aime et ne veux épouser
personne.
-Enfin, tant pis! conclut la saltim-
banque. Le ciel m'a envoyé la pauvre
folle, je l'ai, je la garde.
Je comprends votre affection, dit
Gabrielle. Je ne regrette qu'une chose
c'est de n'avoir pu parvenir à l'éclairer,
car elle vous rend égoïste et aveugle.
A ces mots, elle se leva, salua légère-
ment de la tête et se retira. Eulalie était
mécontente. Elle sentait que la jeune fille
avait raison.
Polyte dit-elle, accompagne donc
la demoiselle!
Celui-ci ne se fit pas prier. Il s'élança
plus lestement qu'on ne l'aurait attendu
de son humeur hargneuse, et reconduisit
la jeune fille avec le même cérémonial
qu'il avait employé pour l'introduire.
Arrivée sur la plate-forme, au moment
de descendre dans la grande allée, Ga-
brielle se tournait pour le remercier,
journaux à ll'heure ou vous allez vous
coucher.
Rien ne réjouit l'esprit après le labeur/
du jour comme la lecture d'une demi4
douzaine d'articles sur le cimetière Mont
martre. La sensation est tout à fait déli-v
cieuse. A mesure que vous vous plongez/
dans cette intéressante lecture, la penV
sée vous transporte dans une autre patrie.
Tous les meubles de votre chambre à
coucher se transforment comme par en-
chantement en une admirable collection
de petits monuments funèbres; les gros
meubles vous rappellent les caveaux dé^
famille, tandis que les chaises et les fau-
teuils affectent l'allure plus modeste d'une
tombe concessionnée seulement pour cinq
ans. Si vous avez quelque objet d'art sur
la cheminée,, il a l'air d'être planté sur
une tombe et vous vous dites:
Bigre! 1 voilà un particulier qui aie
joueur de mandoline de Dubois sur son
caveau. Ce doit être un mort cossu l
Quelque agréable que soit cette hallu-
cination, elle finit par vous agacer: vous
jetez les journaux et vous, soufflez la bou.
gie mais l'impression a. été si vive qu'elle
ne vous'quitte pas pendant votre sommeil.
Toute la nuit on est en proie à un char-
mant cauchemar. On rêve qu'on est en-
terré depuis dix ans et que le portier du
cimetière vient vous donner congé au nom
de M. Haussmann. Une discussion des plus
graves s'engage.
Votre congé est en règle dit le con-
cierge. faudra tâcher dé déguerpir pour
le 15 avril.
Pardon, répondez-vous, mes héritiers
ont fait bail de cinq ans et je suis fort
bien ici. Si le baron Haussmann veut me
faire déménager qu'il me cherche d'abord
un autre appartement.
Qu'à cela ne tienne, riposte le con-
cierge nous avons à deux pas d'ici, dans
une petite allée un emplacement qui irait
à merveille à un homme paisible comme
vous. Il y a un petit bout de jardin. C'est
très joli en été.
Allez au diable! répondez-vous, je
neveux pas déménager; j'ai mes habitu-
des ici. Deux on trois amis qui me pleu-
rent viennent une fois par an,déposer une
couronne sur ma tombe; s'ils ne me trou-
vaient pas l'année prochaine, ils seraient
vexer.
Vous laisserez votre nouvelle adresse
chez îe portier. On vou$ enverra vos amis
et connaissances, dit l'employé du cime-
tière
Vous en parlez à votre aise, vous
écriez-vous, mais j'ai toutes mes relations
dans ce. quartier et je ne veux- pas m'en
aller. Si le baron Haussmann ne cgfce pas
de me taquiner, j'adresserai une lettre
aux journaux.
Nous avons pour vous répondre le
communiqué vif et enjoué riposte le
gardien.
A ces mots l'indignation déborde
Que le diable vous emporte vous
écriez-vous* on ne vient pas ainsi dé-
ranger lés gens après leur'mort. Prenez
garde! J'ai laissé par testament cinquante
centimes à la souscription que le Cour-
rier français a ouverte pour la défense de
quand elle sentit la main du bateleur se
poser sur son bras.
Revenez demain à quatre heures, lui
dît Poly te à voix basse.
Mais votre femme ? Y
Je l'éloignerai. Surtout n'oubliez pas
les cent francs. •
Sans autre explication il disparut dans
l'intérieur de la baraque.
Gabrielle revint à Paris en toute hâte. Il
était midi quand elle rentra.
Après avoir déjeûné sommairement
elle se mit à l'ouvrage mais la peinture
sur porcelaine, à laquelle elle s'adonnait
.ordinairement avec tant de goût, ne réus-
sit pas à la distraire. Elle se repentait
presque maintenant de ce qu'elle avait
fait. Sans réflexion, elle avait cédé à son
premier mouvement, mais à présent qu'elle
avait à moitié réussi, puisque Polyte lui
avait dit de revenir, elle se demandait où
cette démarche la conduirait.
Pourrait-elle prodiguer à celle qu'elle
voulait recueillir les soins dont elle avait
besoin Et, plus tard, suffirait-elle à son
entretien Ses économies se montaient à
deux cents francs. Tout d'abord, empor-
tée par son enthousiasme, elle avait fait
le calcul suivant cent francs pour dé-
dommager les saltimbanques, cent francs
pour installer la raine et payer le premier
mois de sa chambre total deux cents
francs. Et elle était partie.
A présent seulement, elle sentait que la
pitié l'avait entraînée trop loin. Comment
pourvoirait-elle en effet aux nécessités
de chaque jour N'aurait-elle arraché
l'infortunée à la misère que pour la faire
vivre dans une misère plus grande encore?
Quant à lui donner asile chez elle, il
n'y fallait pas suûger. L'appartement ne
se composait absolument que des deux
pièces occupées par son père et par elle,
pièces fort étroites et peu propres à être
converties en hôpital. L'antichambre et la
cuisine ne pouvaient pas compter.
De toute nécessité il fallait donc louer
dans les environs une chambre meublée.
Or, ne coûtât-elle que vingt francs par
mois, c'était une dépense. En outre, la
pauvre folle y serait seule, mal soignée,
tant que Gabrielle n'aurait pas annoncé à
son père l'inconséquence qu'elle avait
commise, mais elle n,oserait pas le faire
immédiatement, il fallait le temps de pré-
parer Jacques à cette folie'du cœur.
Enfin, à quel médecin s'adresserait.
elle? Comment le déciderait-elle à se dé-
U. iberté individuelle et j'entends qu'on
s specte mes droits sacrés de citoyen du
(panetière. Sinon, je le dirai à Vermorol t
En entendant cette suprême menace, le
gardien s'éloigne en chantant l'air des deux
gendarmes d'Offenbach. Cette douce mé-
lodie vous rappelle à la vie; les préoccu-
pations de chaque jour reviennent, et
/ous criez au gardien qui est déjà loin
Dites-donc, combien a-t-on fait hier
lux Menus-Plaisirs î
te jour naissant chasse enfin cet hor-
rible cauchemar. Mais il vous apporte
aussi, avec les journaux du matin, une
nouvelle collection d'articles' sur les ci-
metières..
» Rien ne me semble plus honorable que
le culte des morts; mais il ne faudrait
pourtant pas qu'il nous fit oublier ce que
mous devons aux vivants. L'année der-
nière, à propos d'un cimetière projeté
dans les environs de Paris, on a déjà dé-
claré que la France était perdue si l'on
j^ait le malheur de fermer le, Père-La-
chaise, et voilà, pour une rue qui tra-
versera un cimetière et dérangera quel-
ques défunts au bénéfice d'un nombre
considérable de vivants, la guerre qui
éclate dans tous les journaux.
Nous avons tous perdu un être qui nous
était cher, et aucun de nous ne songe,
je pense. à faire des calembours sur les
tombes; mais franchement ce soi-disant
respect ,des morts devient intolérable.
Sous prétexte que l'on est mort et enterré
on n'est pas inviolable comme une cons-
titution, et Il faut bien que notre vanité
s'accommode de la pensée que le petit mo-
nument funèbre qu'on élèvera un jour ou
l'autre surnotretombeau, n'appartient pas
à la postérité comme la Vénus de Milo.
Certes, je suisloin de Youleir nier la dou-
leur réelle dé quelques familles qui s'oppo-
sent énargiquemerit au perc3menî du cime-
tière Montmartre, mais parmi toutes ces
personnes qui crient si fort, il en est aussi
plus d'une qui verse des larmes de croco-
dile sur les tombeaux. Comment! on a
exproprié la moitié de Paris et on ne
pourrait pas déplacer quelques morts? Il
est vrai que les vivants expropriés tou-
chaient une forte indemnité, qui cautérisait
bien des plaies. Aussi je me plais à penser
que plus d'un larmoyeur qui parle do son
culte des morts, serait vite consolée si on
lui allouait cinquante mille francs pour
l'expropriation d'un honorable défunt.
· Albert WolfT.
JDirtiimnairi M Jtgaro
Bureau. Une variété de l'écaille
d'huître.
Bourru. Une épine, sans roses.
Bonne d'enfants. Jeune per-
ranger, si elle ne lui payait pas ses hono-
raires? y
Ce fat alors qu'elle songea à René. Vingt
fois, en prenant chez lui ses leçons de
peinture, en compagnie de son père, elle
avait entendu l'artiste parler de M. Las-
serre. Une fois même le docteur était
venu faire, en présence de la jeune fille,
une visite au jeune peintre.
Aussitôt Gabrielle descendit chez M.Dor-
val. On a vu de quelle façon elle fut ac-
cueillie, et avec quelle spontanéité René
lui donna la lettre qu'elle était venue sol-
liciter.
Forte de ce premier succès, la jeune
fille se rendit chez le médecin et lui remit
sa lettre.
M. Lasserrô en prit connaissance. Dès
qu'il l'eût parcourue, son visage se dérida.
Mademoiselle, dit-il, avec une sem-
blable recommandation, vous avez le
droit d'exiger de moi tout ce qu'il vous
plaira.
Une telle réception était si encoura-
geante que Gabrielle s'enhardit. Elle ra-
conta au docteur tout ce qu'elle savait sur
sa protégée, depuis la scène qu'elle avait
surprise à travers la toile, jusqu'à celle
qui avait suivi la représentation, et dont
elle avait été l'un des principaux acteurs.
M-, Lasserre l'écouta avec la plus grande
attention.
En effet, dit-il, voilà qui est singu-
lier Vous dites qu'elle comprend égale-
ment l'Indien et lo Français? 1
J'en suis sûre, monsieur.
Et ce lui dont elle a parlé, vous ne
savez pas qui cela peut-être ? 8
Non, monsieur.
Voilà pourtant ce qu'il faudrait sa-
voir. C'est par ce lui surtout qu'il serait
possible de la guérir. Mais d'abord cau-
sons un peu de ce que vous comptez faire
pour elle.
C'est précisément là ce qui m'em-
barrasse, répondit naïvement Gabrielle
oonfuse. Je n'avais pas réfléchi aux con-
séquences qu'entraînerait le sentiment de
compassion auquel j'ai obéi. Ah! si j'étais
riche. mais je ne le suis pas!
Je le sais, mademoiselle.
Comment cela? fit Gabrielle étonnée.
>– Vous souvient-il que j'ai eu l'hon-
neur de m s rencontrer avec vous chez
M. Dorval, votre professeur et mon ami?
Oui, monsieur.
Eh bien! mademoiselle, votrebeauté
et votre distinction m'avaient frappé. Je
sonne distraite, qui prend des pom-
piers pour des bébés.
Bourse. Petit sac où l'on met
son argent, et grand labyrinthe où on
le perd.
Babel. Assemblée. Réunion.
Conclave. '•
Bonnet. Coiffure de femme-et
de moulin à vent.
Brisées. -Le chemin du plagiaire.
Botte. Petite grenier a foin
au rez-de-chaussée.
Banc d'huîtres.. Un banc
comme les autres. n~ esiséo~;
Dr GKKSOffiB.
Hier Aiijourd'Iiuî Demain
Nous n'en avons pas fini avec le Consti-
tutionnel. Il semble démontré que M. Er-
nest Merson, qui n'avait accepté d'être
directeur politique de ce vénérable jour-
nal qu'à son corps défendant, a déclaré
vouloir retourner à Nantes.
D'autre part, on annonce que M. de
Sacy, sénateur et membre de l'Académie
française, va prendre les rênes de la
grande feuille officielle.
Et le Journal des Débats que va-t-il de-
venir, privé de son chef 1
«*
fi
M. de Sacy avait un compétiteur pa-
troné par l'Impératrice.
C'était M. de Beaufort ex-directeur du
Vaudeville.
Le banquet des anciens élèves des ins-
titutions de l'abbé Poiloud et de l'abbé
Lévêque, a eu lieu lundi, dans les salons
de l'hôtel du Louvre, sous la présidence
de M. de Fontanges, colonel du 2* régi-
ment des grenadiers de la garde impé-
riale.
Tout le monde sait que le titre d'élève de
Vaugirard, dans la célèbre institution de
l'abbé Poiloud, a été longtemps une excel-
lente note pour entrer dans le monde
aristocratique, et quelanoblesse de France
a longtemps tenu à honneur d'y envoyer
ses enfants. Il suffit, au reste, de citer
quelques noms d'anciens élèves
De Bessé, de Riancey, de Bessas de la
Mégie, de Gralard., de Castelbajac, de
Thuisy, de Chambray, de Potier, de
Chousy, de Chateaubriand, de la Roche-
jaquelin, des Dorides, de Rohan-Chabot,
de Nettancourt, de Balincourt, de Hédou-
ville, deMérione, deVillefosse, d'Hébrard,
de Kéravenant, de Saveuse, de Magnac,
de Nicolaï, etc. etc. La célèbre institution
de Vaugirard, depuis cédée aux jésuites,
s'est toujours recrutée dans l'armorial de
France.
me suis informé de vous auprès de René,
et les termes dont il s'est servi pour me
vanter vos vertus et vos qualités, vous ont
acquis les droits les plus sacrés à mon es-
time et à mon respect. Or, mademoiselle,
sans qu'il ait l'air de s'en douter, René
m'a sauvé la vie. Il y a des gens qui ou-
blient volontiers ce genre de service. Moi,
je ne suis pas de-ceux-là. Mon ami désire
que je "fasse pour vous ce que je ferais
pour lui, ce sera lui prouver ma recon-
naissance que me conformer à ses désirs.
Voulez-vous me permettre de vous dire ce
que je crois le plus utile à la santé de
celle à. qui vous vous intéressez ï
Je vous écoute, monsieur; mais je
ne saurais assez vous remercier de la
bienveillance que vous daignez me témoi-
gner.
V Ne vous en étonnez pas, mademoi-
selle. Quand je vois tant de hauts person-
nages s'incliner servilement devant des
coquines qu'ils méprisent, je trouve qu'on
doit bien quelque encouragement et quel-
que respect à celles qui luttent héroïque-
ment contre la pauvreté et les tentations
d'une attrayante oisiveté.
Donc, je continue. Si vous ne pouvez
pas donner à cette femme l'hospitalité, le
bien-être dont elle a besoin, le mieux est
de la faire entrer dans une maison de
santé.
C'est trop cher! fit observer Ga-
brielle. Je ne peuxmême pas cela!
Je me charge? de l'y faire recevoir.
Gratuitement.
Oui, réponditle docteur qui, subite-
ment, fut pris d'un accès de touxet se dé-
tourna.
Oh mais alors nous sommes sauvées! l
s'écria la jeune fille en battant des mains.
C'est que. reprit-elle sur un ton craintif,
je ne voudrais pas qu'elle y restât. trop
longtemps.
Voulez-vous me laisser juge à cet
égard ? î
Je ne demande pas mieux, mais cela
vous donnera bien du tracas. Où pensez-
vous la faire admettre ? î
A Passy.
C'est loin, docteur. Vous ne pourrez
jamais y aller tous les jours.
Je vous promets de n'y pas manquer
une seule fois. De plus, le médecin qui
dirige cette maison est de mes amis, je lui
recommanderai spécialement notre .ma-
lade.
On y fait des éducations spéciales, dont `,
nous sommes très loin, pour Aïïtra part,
de partager les tendances et le~ppimpns,
diamétralement opposées à celîeiKdeJl'U-
niversité, mais qui n'en constituenfpiSf*'
moins, en somme, une force vive dans la-
quelle s'alimentente constamment le parti
qui a donné à Rome le plus pur de son
sang et de sa fortune.
.̃ .̃
La Société protectrice de l'Enfance tien-
dra sa séance générale annuelle au Con-
servatoire impérial des Arts et Métiers
(rue Saint-Martin), dimanche prochain,
2 février, à une heure et demie.
Ordre du jour:
1° Discours de M. le docteur F. Bàrriêr, pré-
sident
2° Compte rendu de M, le docteur Alex, Mayer,'
secrétaire général;
3° Rapport de la Commission du prix, par
M. le docteur Despaulx-Ader, rapporteur
4° Rapport de la Commission des récompen-
ses aux nourrices, par M. le docteur de Panse,
rapporteur;
8° Distribution des récompenses aux nour-
rices.
Chœurs chantés par la Société chorale Amand
Chevé.
Nous apprenons la mort de la sœur de
Talma: elle était veuve du peintre Ducis,
qui fut neveu du poëte tragique.
Mademoiselle Adelina Patti est rentrée
avant-hier à Paris, de retour de Rouen,
où elle a donné au Théâtre des Arts une;
représentation de la Lucia, qui a été un
véritable événement.
L'enthousiasme du public et des jour-
naux rouennais est arrivé aux dernières
limites. Ecoutez ce que dit le Journal de]
Rouen
Les habitants de la vieille cité, qu'on appelle la
villa des millionnaires, savent se servir de leur `
argent quand on sait le leur demander d'une
façon engageante, et que lorsqu'on traite leur
ville à l'égal de Paris, ils savent rivaliser avec
les Parisiens i
Et de fait, la diva des Parisiens a été
fêtée comme une jeune reine, applaudie
et acclamée comme à Paris.
Le tableau de la Smalah dAbd-el-Ka-
der, qui est au musée da Versailles, at-
tend le pendant .que Vernet devait faire
et dont il avait terminé l'esquisse.
On nous assure que cotte esquisse, fort
remarquable et signée du maître, est à
vendre et qu'elle sera;adjugée au plus of-
frant le 30 janvier à deux heures et demie,
place d'Armes, à Versailles.
On nous prie d'annoncer que les Alle-
mands de Paris qui désirent faire parve-
nir un secours à leurs compatriotes de la
Prusse occidentale, désolés par la famine,
trouvent des listes de souscriptions de deux
à cinq heures, chez M. C. de Rappard, 55,
rue d'Hauteville.
On ne peut pas signaler une invention
sans donner lieu immédiatement à une
•foule de réclamations en revendications
de priorité.
C'est ce qui nous arrive pour Vévolueur
dont nous parlions il y a quelques jours.
Un ingénieur de Paris nous écrit et
nous prouve titres en mains qa'il est in-
venteur depuis plus années déjà d'un sys-
Ah que vous êtes bon, monsieur 1
s'écria la jeune fille,. Quant aux hono-
raires.
Chut! fit M. Lasserrë en souriant. Si
vous ne voulez pas que nous nous fâ-
chions, n'abordez jamais cette question-là.
Pourtant, docteur.
René ne me la pardonnerait pas. Je
vous en supplie, n'insistez pas.
C'est que, docteur. ce n'est pas
tout, hasarda timidement Gabrielle.
-Quoi encore? Achevez, n'ayez pas
peur.
Je voudrais que vous me gardassiez
le secret, non-seulement envers M. René,
mais surtout envers mon père. Il me
gronderait, le pauvre homme.
Comment înotre père même né, le `
saura pas? 1
Pas avant que j'aie regagné leis*
cent francs que je vais donner à ceux qui
ont recueilli la pauvra folle.
Quoi! vous donnez cent francs à ces
gens-là? g
Oui, vraiment. Encore la. femme ne*
les voulait pas; c'est le mari qui m'a dit
de revenir demain.
Tenez, éclata le docteur, vous êtes
un ange Allez. Amenez-moi votre proté-
gée dès que vous le pourrez. Je vous at-
tendrai.
Merci dit la jeune fille avec émo-
tion. Vous êtes aussi bon que Dieu, doc-
teur.
Elle sortit d'un pas rapide, le coeur al-
légé, le sourire aux lèvres. Jamais elle
n'avait éprouvé de plus grand bonheur. La
fièvre de la joie la dévorait. Elle rentra.
La soirée lui parut longue. Elle embrassa
son père avec moins d'abandon qu'à l'or-
dinaire. Il lui tardait d'être au lendemain.,
Elle tremblait que Jacques ne fût pas oc-
cupé ét n'osait pas le lui demander. Elle
se coucha, mais ne dormit pas.
PAUL SAUNIÈRE.-
(jÇo mite à demain).
•• »'' '•
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