Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1934-12-17
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 décembre 1934 17 décembre 1934
Description : 1934/12/17 (Numéro 26770). 1934/12/17 (Numéro 26770).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
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LUNDI i? DECEMBRE 193S
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Adresse télégraphique temps fakis
IÉLÉPBOIE CIIQ U6K8, Taitbout 76.60 76.61 .76.62 76*63 -f 76.64
SOMMAIRE
PAGE 1
Le Plébiscite dpien à la Société des natioris. Lettre des `
Etats-Unis l'Etalisme et l'enseignement supé-
rieur, Gilbert Chinard.
PAGE 2 "̃
Nouvelles de l'Etranger. Journée parlementaire
Chambre t'Assainissement du marché du vin;
Sénat le Budget de 193S.
Chronique théâtrale, HENRY BiDOU.
PAGES 3 et 4
Le « Temps » financier.
PAGE 5
Le Congrès de l'épargne française Discours de
M. Germain-Martin. Nouvelles du Jour.
A l'Hôtel de Ville. Académies. Nécrologie.
Echos et lnformations. Tribunaux.
Théâtres. T. S. F. Faits-divers. Bulletin
météorologique.
PAGE 6
LA Journée DERNIÈRES NOUVELLES. Le Cin-
quantenaire de la loi municipale Au Trocadéro
et au Parc des expositions; Discours de M. Albert
Lebrun. Le Monument aux volontaires tchéco-
slovaques. Le Congrès de la fédération des
fonctionnaires..
·
Paris, le 16 décembre
BULLETÏÏrDU JOUR
LES NÉGOCIATIONS FRANCO-ITALIENNES
''I?étàt des négociations franco-italiennes,
qui se" poursuivent par la voie diplomatique
en attendant que le ministre des affaires
étrangères, M. Pierre Laval, entreprenne le
voyage à Rome projeté depuis quelque temps
déjà, continue à retenir l'attention des milieux
politiques. Maintenant que le problème des
garanties dont doit être entouré le plébiscite
sarrois est résolu et que toutes les complica-
tions que pouvait faire redouter la contro-
verse relative à la plainte portée par le gou-
vernement yougoslave devant le conseil de la
Société des nations sont écartées, il n'est pas
de question plus immédiate par son caractère
et ses conséquences générales que celle de la
conclusion d'un large accord entre Paris et
Rome. On peut négliger les sondages officieux
en vue de pourparlers bilatéraux franco-alle-
mands, d'abord parce que rien d'utile ne sau-
rait être entrepris dans ce domaine avant le'
plébiscite du 13 janvier dans la Sarre, ensuite
parce que tout règlement avec l'Allemagnw
devra avoir le caractère d'un accord collectif
liant toutes les puissances intéressées au pro-
blème de la paix; mais on doit admettre que
l'entente ferme entre la France et l'Italie est
la préface nécessaire, indispensable, à toute
politique de coopération en vue de la consoli-
dation de la paix.
Cela dit, il est assez difficile de discerner au
milieu des informations contradictoires pu-
bliées ces jours derniers où en sont exactement «
les pourparlers diplomatiques entre Rome et
Pans. Dans certains milieux internationaux,
on paraît éprouver quelque déception du fait
que la date, de la visite de M. Laval à Rome
ne soit pas encore définitivement arrêtée, alors
que ce voyage du ministre des affaires étran-
gères fut décidé en principe à l'époque où
Louis Barthou était au quai d'Orsay et qu'on
prévoyait qu'il pourrait avoir lieu soit à la fin
du mois d'octobre, soit dans le courant de no-
vembre. La tragédie de Marseille a bouleversé
tout ce qui avait été envisagé à ce sujet, et il
a fallu parer au plus pressé en empêchant que
la fin tragique du roi Alexandre et de Louis
Barthou ne vînt compromettre, par ses réper-
cussions en Europe centrale, la cause même de
la politique de rapprochement et de coopéra-
tion dont l'amitié franco-italienne doit être la
sûre caution. Beaucoup a été fait dans ce sens
au cours de ces dernières semaines des deux
côtés des Alpes, et l'on peut constater avec
satisfaction les résultats obtenus. Les conver-
sâtions que M. Laval eut à Genève avec le
baron Aloisi, la bonne volonté réciproque avec
laquelle la France et l'Italie s'appliquèrent à
faciliter le règlement du différend hungaro-
yougoslave, les manifestations si chaleureuses
de l'amitié franco-italienne à l'occasion des
récentes cérémonies de Gênes et'de Rome, les
impressions réconfortantes rapportées par M.
Henry Bérenger de ses entretiens avec M. Mus-
solini et M. Suvich, tout cela a contribué à
créer une atmosphère morale des plus favora-
bles à un accord.
Ce serait donc une erreur de déduire du fait
que la date de la visite de M. Laval n'ait pas
,encore été fixée que les chances d'une entente
sont moins grandes, en réalité, qu'elles ne le
paraissaient d'abord, et que des difficultés ont
surgi qui retardent sérieusement la conclusion
à apporter à ces laborieuses négociations. On
atoujours, de part et d'autre, le même désir et
le même espoir d'aboutir dans de bonnes con-
ditions, et l'on sait à Paris comme à Rome que
les meilleures perspectives subsistent à cet
égard. Mais il a toujours été entendu, à l'épo-
que où Louis Barthou était au quai d'Orsay
comme depuis que M. Pierre Laval assume la
direction de notre politique extérieure, que le
voyage à Rome ne serait entrepris que lorsque
toutes les questions qui se posent entre la
France et l'Italie auront éte définitivement
mises au point, lorsque l'accord aura été pra-
tiquement préparé par la voie diplomatique.
Il faut, en effet, que la visite du ministre des
affaires étrangères français au président du
conseil italien ait la portée d'une confirmation
définitive, d'une consécration solennelle de ce
qui aura été- acquis en vue d'une politique de
collaboration de la France et de l'Italie dans
tous les domaines.
• C'est à cette mise au point indispensable que
l'on procède actuellement, et il faut souhaiter
que les deux gouvernements apportent tout le
zèle et tout le soin qu'imposent les circons-
tances à l'accomplissement d'une tâche aussi
délicate. A laisser traîner les choses en lon-
gueur on risquerait de voir passer l'heure la
plus favorable à une entente, mais àprocéder
avec trop de hâte on s'exposerait à conclure
dans l'équivoque, ce qui ne -serait pas sans
danger pour 1 avenir. Il y a; on le sait, deux
aspects très distincts au débat franco-italien
celui des questions qui se posent uniquement
entre Rome et.Paris;.et--celui du problème eu-
ropéen proprement dit, qui intéresse d'autres
puissances et dont la solution ne peut se con^
cevoir que sous la forme d'une collaboration
permanente sur le plan continental. On est en
droit de penser que de grands progrès ont été
réalisés, et que notamment en ce qui concerne
le statuts des résidants italiens en Tunisie, la
rectification de la frontière méridionale de la
Libye et les concessions d'ordre économique
,en Somalie, des formules susceptibles de con-
cilier les intérêts des' deux parties sont envi-*
sagées, du moins comme base de discussion.
Cela ne veut pas dire que l'entente soit déjà
virtuellement établie sur toutes ces questions,
qui affectent des intérêts importants, mais cela
signifie qu'on est dans la bonne voie et que
le rapprochement des thèses en présence se
précise heureusement. Seulement un accord
franco-italien durable et fécond ne peut se
concevoir que s'il est commandé par une en-
tente ferme sur les principes essentiels d'une
politique concertée en Europe garantie de
l'indépendance de l'àufeicbe, collaboration
l'!nd~pengaJ!c~ l'Au1ricb!!J Qo1lapf>raf-!ol!
permanente et solidaire en Europe centrale, I
unité de vues en ce qui concerne les arme-
ments et les méthodes les plus propres à faire
obstacle à. la guerre. Il ne faut pas que désor-
mais la France et l'Italie puissent' encore se
heurter, comme il advint trop, ̃souvent, dans
les .grandes controverses internationales. C'est
là que la misé au point doit se faire avec le
plus grand soin; c'est là qu'on ne peut laisser
subsister aucune équivoque, aucun prétexte à
malentendu.
Nous avons, en ce qui nous concerne, Tirn-
time conviction que les négociations en cours
aboutiront en pleine clarté à un accord sincère
et durable. Il faut que cet' accord se fasse
parce que,- pendant de la coopération franco-
britannique, la coopération franco-italienne
est la meilleure sauvegarde que l'oi> puisse
trouver, dans l'état présent des choses, pour
la paix de l'Europe. Une politique. concertée
de la France, de l'Angleterre et de l'Italie per-
mettrait de parer à tous les dangers qui mena-
cent encore les peuples du continent. La
France et l'Italie ont le même besoin de sécu-
rité et de paix. 11 dépend d'elles seules qu'elles
puissent servir efficacement la cause de l'Eu-
rope et la cause de la paix en sauvegardant
leurs propres intérêts. Ce n'est pas là seule-
ment une question de sentiment et de com-
munauté morale latine; c'est une question de
fait, qui doit se résoudre par le bon sens et la
raison, en prenant, à Paris et à Rome, toutes
les précautions nécessaires pour que les sacri-
fices à consentir de part et d'autre prennent
toute leur valeur dans le cadre d'une entente
générale et ,ne laissent subsister chez aucun
des deux peuples quelque amertume ou quel-
que regret.
DÉPÊCHES OET ÉTRANGER
Bucarest, 16 décembre.
Le colonel Paul Theodoresco, attaché militaire
de Roumanie à Paris, a été nommé ohef du bu-
reau des opérations de l'état-major de l'armée.
LES VEuX DE L'EPARGNE
La tendance de l'opinion publique à deman-
der et même à exiger une réforme de l'Etat
n'est pas un mouvement factice inventé pour
les besoins d'une cause par des hommes de
cabinet; elle a un caractère général et spon-
tané qui finira par lui conférer une force irré-
sistible. Le peuple français veut qu'on réforme
l'Etat parce que tous les Français souffrent à
quelque degré du mauvais fonctionnement de
l'Etat; que chacun d'entre eux a intérêt à voir
la collectivité dont il fait partie bien gouvernée
et, si faire se peut; convenablement admi-
nistrée.
Ecoutons, par exemple, les doléances des
épargnants français qui viennent de -se réunir
en un congrès organisa par la Fédération des
porteurs de valeurs mo&ilières. Il n'est pas un
seul tie ces bons, citoyens quï= n'ait matéPielie-
ntent et personnellement subi, dans les condi-
tions les plus injustes et parfois les plus dou-
loureuses, les conséquences d'une mauvaise
gestion de la chose publique, imputable elle-
même au jeu d'institutions excellentes en soi,
mais faussées par les abus d'un parlementa-
risme qui ressemble de moins en moins au
véritable régime parlementaire. Si l'épargne
a pâti de la baisse des fonds publics, n'est-
ce pas du fait d'une politique de sportule
électorale ayant nécessairement conduit à une
politique d'excès fiscaux? Si l'épargne a subi
les gigantesques « saignées » pratiquées, au
cours de l'après-guerre, par des escrocs de
haut vol autant que de grande envergure,
n'est-ce pas en raison du relâchement de la
police, des incertitudes de la justice, de la
facilité des mœurs publiques engendrées par
la camaraderie politique et les interventions
parlementaires ?̃ L'épargne française a-bien
le droit de dresser contre les déviations du
régime un réquisitoire destiné à porter d'au-
tant mieux que les épargnants sont moins
suspects d'en vouloir au régime lui-même.
Ce réquisitoire, M. Georges Lecomte l'a pro-
noncé, au cours du congrès qui vient d'avoir
lieu, sans sévérité outrancière, sans acrimonie
déplacée, mais avec la fermeté et aussi la
dignité qu'il fallait, s'agissant d'une aussi juste
cause. L'éminent académicien, qui, étranger à
la politique, n'entend cependant pas se aérn-
ber au devoir civique, a su, en"termes irrépro-
chables, montrer la grande misère des épar-
gnants, que l'utilité primordiale de leur rôle
(ne sont-ils pas les créateurs madréporiques
de la richesse nationale ?) aurait dû préserver
des conséquences de l'incurie des pouvoirs pu-
blics, voire trop souvent de leurs rigueurs. « Le
redressement énergique qui s'impose, a déclaré
M. Georges Lecomte, est déjà fait dans l'esprit
du public. L'effort individuel, en France et
dans le reste du monde, est en train de triom-
pher par l'épargne et le travail des graves
accidents collectifs qui se sont produits dé-
puis 1929 dans l'ordre politique aussi bien que
dans l'ordre économique. »
Mais les épargnants et il faut les en féli-
citer ne sont pas disposés à rester inertes,
et leur réflexe de défense est déjà très sen-
sible. « Notre puissance chaque année gran-
dissante, a dit M. Georges Lecomte, saura se
faire écouter. » Or, il n'est que de lire le texte
des vœux émis par le congrès pour se rendre
compte; que les mesures qu'il préconise, et qui
sont en effet indispensables, ne sauraient être
réalisées sans une réforme préalable de l'Etat.
Lorsque, le congrès demande, notamment,
« que soit réservé explicitement au gouverne-
ment seul le droit de proposer des augmenta-
tions de dépenses, et que le'Parlement soit
ramené à sa fonction originelle qui est de
contrôler les dépenses fet dé' défendra les con-
tribuables », nul doute qu'il ne suppose rétablie
l'autorité de l'Etat par la stabilité gouverne-
^mentale et par la cessation des empiétements
|du législatif sur, l'exécutif; qu'en un mot, il
=escompte la fin de la démagogie électorale par
{ le moyen d'une retouche à nos institutions. Il
lémet d'ailleurs expressément le vœu « qu'une
'réforme organique de l'Etat fasse disparaître
tès services et les institutions qui ne ressor-
^tissent jps directement de la puissance pu-
blique, en commençant par ceux dont le fonc-
tionnement est trop' onéreux ». Il est bien évi-
dent qu'un aussi souhaitable résultat ne sau-
rait être obtenu que dans un Etat réformé, et
que ce vœu des congressistes va directement
à l'encontre de toute politique de facilité.
Contre une telle politique, M. Germain-
Martin, ministre des finances, présidant hier
le banquet de clôture du congrès, s'est élevé,
de son côté, avec une netteté qui ne saurait
manquer d'impressionner très favorablement
l'opinion publique. Il a indiqué l'intention du
gouvernement de, majntenji! i dans tous les
domaines, c'est-à-dire de: continuer ;•̃% compri-
mer les dépenses publiques, de brider. la flsca-
lité, de protéger l'épargne contré ses naufra-
geurs, de s'opposer fermement à toute déva-
luation de la Révise. nationale; SuEfie deraier
point,, particulièremeàt important, M. Germain-
Martin a traduit la conviction prof onde en
même temps que l'ardent désir de tous les
Français qui épargnent, c'est-à-dire qui ont le
courage si méritoire (et si heureusement com-
mun .chez nous), d'économiser sur les gains
que leur procure leur travail, favorisant ainsi
la formation de capitaux indispensables à
l'économie nationale. La dévaluation du franc
(sans parler de ses autres conséquences ca-
tastrophiques) porterait à l'épargne française
un dernier coup peut-être fatal. Le pays
accueillera aveo satisfaction la nouvelle affir-
mation, par la bouche autorisée du ministre
des finances, de l'intangibilité, du franc. Sa-
chons gré à M. Germain-Martin de nous l'avoir
apportée.
̃̃
L'écrivain juge ou partisan
Sous ce titre, Note sur la politique, 'M:'Jean
Sohlumberger a publié dans le dernier numéro
de la Nouvelle Revue française un article bien
intéressant, qui pourrait servir, de point de départ
à une enquête approfondie sur les rapports de la
littérature et do la politique. L'article est a lire,
à plus d'un titre. On sait les attaches de la NJl.F.
avec M. André Gide, et d'éclatante adhésion donnée
par M. Gide au communisme. Or, voilà justement
que M. "Schlumberger, dans la Nouoalle. Revue
française même, proclame son inquiétude à l'égard
des empiétements de la littérature sur Je terrain
de la politique ce qu'il appelle une violation de
la charte de .neutralité qu'on suppose à la base
d'un programme délibérément littéraire. Est-ce-
un schisme qui commence à la N. R. F.? On l'a dit,
m&fs je ne le crois pas. A lire de près le texte
nuancé de M. Jean Schlumberger, esprit droit et
méditatif, il ne semble pas que cette discussion
de principes doive aboutir à un divorce retentis-
sant dans un groupe où l'on a toujours aimé et
pratiqué les explications et les mises au point.
Il n'en reste pas moins à retenir une remarque
très pertinente de M. Schlumberger, à propos des
affirmations de son ami Gide sur les bienfaits de
la révolution russe il d.it que des affirmations
de ce genre n'ont qu'une valeur d'acte de foi, et
que la foi remplace nécessairement une certaine
attitude critique à l'égard de son objet. Une cer-
taine attitude critique, voilà donc pour M. Schlum-
berger la position souhaitable de l'écrivain en face
déS'iproblèmes de tous ordres qui lui sont soumis.
Il me semble que c'est la raison même. Mais la
question subsiste, telle qu'elle vient d'être suscitée
par la Note sur la politique de la Nouvelle Revue
française. L'écrivain a-t-il le droit dé prendre
parti en politique?
Le débat apparaît complexe. On se fait commu-
nément une idée très artificielle de ce que c'est
qu'un écrivain. On l'imagine une espèce de ma-
mamouchi, vivant à part, clos dans son rêve, sans
communicatton avec le reste de l'humanité; hors
du monde et de ses soucis, occupé seulement à
fourbu?, des phrasés et" à iiîventëf'de'Ç "n'iltôires.'
Rien de tel en réalité. L'écrivain est un homme
comme les autres, que sa vocation appelle à réflé-
chir sur l'homme, ses besoins, la vie et les moeurs,
et à .faire part aux autres hommes de ses ré-
flexions. Elles valent ce qu'elles valent, selon la
culture, l'expérience, le don d'observation, le
talent, la moralité et la dignité de l'homme appelé
écrivain, voilà tout. Mais, du fait qu'il est écrivain,
pourquoi cesserait-il d'être un homme, d'avoir
les mêmes prérogatives que les autres, et notam-
ment des convictions et des opinions, comme n'im-
porte quel autre citoyen, dont au reste il partage
les devoirs et les charges? On nous dit souvent,
mais à la légère « Vous;avez de la chance, vous!
Vous n'aimez que les livres, les poètes, la littéra-
ture, la beauté en soi. Vous planez. Qu'est-ce que
cela peut bien vous faire, à vous, la politique?. »
La. pol|t icaille, oui, sans.doute, je la trouve, pour
moi, sans attrait; pis, malfaisante, basse, abjecte,
parce qu'elle, rie vise qu'à substituer des intérêts
particuliers à l'intérêt général de la nation. Mais
cette grande réalité que recouvre le mot politique,
au sens originel du terme, « qui a trait aux
affaires publiques », la marche et l'examen de ces
affaires, la respiration. profonde du pays, sa vie,
ses craintes, ses espoirs, les accidents qui la tra-
versent, le heurt des opinions et des intérêts, le
courant et le conflit des idées, les mouvements des
partis et des classes, les réactions de la sensibilité
populaire, la psychologie des hommes qui nous
mènent cela, comment un écrivain qui pense
pourrait-il s'en désintéresser, sans risquer de
perdre tout contact avec le réel et l'humain, sa
seule raison d'être? Seulement, voilà la différence:
voir la politique, et en faire, ce sont: deux. Per-
sonne n'a rien à gagner à ce que l'écrivain fasse
de la politique ni le public, ni môme lui, dont
le seul service positif qu'on en puisse attendre
est d'ordre critique; et qui n'a pas à prendre parti,
sauf à perdre sa qualité de juge. En adhérant à
une Eglise, même à la plus juste des causes, tout
partisan doit nécessairement sacrifier sa liberté
d'appréciation, son indépendance. Or, l'écrivain
n'a d'autorité que s'il est libre, s'il peut à l'occa-
sion dire leur fait à ses amis mêmes, admettre ce
qu'il y a de valable dans les raisons de l'adversaire
et, par un examen perpétuel et désintéressé des
questions, jouer peut-être utilement son rôle
d'arbitre et de médiateur, de découvreur de juste
point, entre l'affrontement passionné des vérités.
Par contre on n'en a jamais vu un seul qui ne se
soit 'trompé, .de tous ceux qui se sont jetés dans
les partis et leurs batailles Chateaubriand, La-
martine, Hugo, se sont exposés à l'erreur, pour
avoir passé du contemplatif et de l'éternel, pour
quoi ils étaient faits, au partial et au provisoire,
où leurs rêves les ont emportés.
Est-ce à dire que, pour l'écrivain, la sagesse
s.oitt dans l'indifférence et le scepticisme? Assu-
rément non, mais sa fonction est autre que celle
du politique. Elle est sur un plan où l'on .n'attend
de lui que « des pensées universellement »rece-
vables », comme dit fort bien M. Schlumberger;
non sur un plan où il ait à parler, « en esprit
mobilisé », au nom d'une vérité empirique, pro-
visoire, appelée, par sa nature même, à varier de
jour en jour. Aussi bien, dans un temps comme le e
nôtre, où la séparation des pouvoirs n'a jam.ais;été
plus nécessaire, où tout est confondu, où le
député tient le juge; le policier, le député;
où les clubs prétendent dicter son attitude au
gouvernement; où le reporter ïnène l'ejiquétèj; où
l'on ne voit que pouvoirs usurpés, fonctions che-
vauchant l'une sur l'autre, il serait bun que les
écrivains,. à qui est commis le quatrième pouvoir,
l'observatif, à côté de l'exécutif, du législatif et
du judiciaire, adoptassent enfin leur véritable po-
sition et décidassent ce qu'ils doivent être arbi-
tres et^juges, ou partisans, c'est-à-dire les propa-
gandistes de ce que M. Jean Schlumberger appelle
très justement les outrances à sens unique. Ce
n'est pas la littérature seule qui s'en trouverait
bien, mais la moralité publique, et l'opinion, qui
a toujours besoin de guides désintéressés. Si lés
écrivains avaient leur conseil de l'ordre, ce pro-
blème serait la première question à lui poser.
A défaut de cet impossible conseil, la question
relève d'une enquête sérieuse, menée avec soin.
Obligeant quiconque tient une plume à réfléchir
aux conditions et aux responsabilités de son état,
elle ferait dire des choses utiles, nécessaires. Qui
veut l'entreprendre? La tâche serait assez noble,
n'étant pas sans risques. Il y ô des coups à rège-
yoir. r~E._U/
\k SITUATION INTERNATIONALE
$~
Les conversations diptomatiqnee
M. Flandnv président du conseil, a reçu samedi,
au quai d'Orsay, M. Henry Bérenger, ambassadeur
'de France, et l'a remercié de la mission qu'il a
accomplie en Italie à l'occasion de l'inauguration
du buste de Chateaubriand.
Le président du 'conseilla reçu également
M. Herbette,'ambassadeur de France à Madrid.
M. Pierre Laval, ministre des affaires étran-
gères, a reçu, samedi après-midi, MM. Holma,
ministre de Finlande, et Henry Bérenger, ambas-
sadeur de France, président de la commission sé-
natoriale des affaires étrangères, avec qui il s'est
entretenu du débat de politique étrangère qui
doit s'engager prochainement devant le' Sénat.
Un message
du gouvernement tchécoslovaque
On télégraphie de Prague que M. Malypetr,
président du conseil des ministres, a adressé le
message suivant aux gouvernements français, rou-
main et yougoslave
Le conseil des ministres de la République tchécoslo-
vaque vient d'approuver le rapport de M. Benès, mi-
nistre des affaires étrangères, sur la récente session ex-
traordinaire du conseil de la Société des nations. Je
suis chargé de la mission do vous exprimer nos senti-
ments sincères, notre joie et notre satisfaction de la
résolution adoptée par le conseil de la. Société des na-
tions, par laquelle la nation yougoslave a obtenu une
légitime satisfaction.
Le conseil deià Société des nations a rendu un grand
service à la paix. inaugurant ainsi une nouvelle voie
vers la collaboration pacifique et l'entente des nations.
A- cette occasion, le gouvernement tchécoslovaque se'
réjouit surtout dé la collaboration intime, amicale et
dévouée de nos nations alliées et fraternelles.
3L'£ta£ke et le réarmement de l'Allemagne
La Stampa écrit, à propos du réarmement de
l'Allemagne
Le réarmement de l'Allemagne a pris des dimensions
telles qu'il faut sortir de l'équivoque. Il ne reste qu'à
reconnaître la situation de fait. Mais afin que cette re-
connaissance ne dégénère pas en une course effrénée aux
armements, deux conditions, s'enchaînant l'une et l'autre,
sont nécessaires.
Il faut, d'un côté, que la suspicion continuelle, lés
exagérations et les excitations qui en dérivent, cessent
en France. C'est une chose difficile, mais il faut pour-
tant que la raison domine le sentiment. Personne ne
demande à la France d'affaiblir les mesures qu'elle a
prises pour sa sécurité. Mais il faut bien admettre
qu'une Allemagne engagée dans une profonde trans-
formation intérieure ne peut pour longtemps encore
.pëj^er à une guerre d'agression qui pourrait facilement
se4ermmer en un désastre.
Mais alors, quoi tend son réarmement fébrile? C'est
simplement une question d'amour-propre et de. pres-
tige. S'il est vrai pour d'autres nations que seuls les
peuples forts sont puissants et respectés, pourquoi ne
le serait-ce pas pour tous?
La seconde condition est celle d'inciter l'Allemagne à
signer une convention tendant à limiter les armements.
Reprendre donc la conférence, en affronter à nouveau
les cataractes de discours, de propositions, de malen-
tendus, de frictions? C'est peut-être inévitable. Mais
auparavant, il faut autre chose.
U est bon de retourner aiïx pures sources: méditer a
nouveau le dernier mémoire mussolinien, reprendre la
lettre et surtout l'esprit du pacte à quatre. Il faut que
les grandes puissances s'accordent sur un plan simple,
peesque rudimentaire, qui ait pour base l'état de fait:
ll'èmHjeptionymuseolinienne. L'heureux résultat des né-
gociations pour la Sarre peut servir d'exemple et être
d'ua- ion présage. ^̃
Hftlér songerait à proposer un pacte de pals
:> à la France (?)
'Le Sunday Référée,- à qui' nous laissons la res-
ponsabilité de son information, se dit en mesure
d'affirmer que, si le plébiscite dans la Sarre est
favorable au retour du territoire au Reich.
M,,Adolf HiMer offrirait à la France la conclu-
sion d'un pacte de paix qui serait accompagné
d'un accord militaire.
AVANT LE PLÉBISCITE DE LA SARRE
La force internationale de police
Notre correspondant particulier de Rome nous
téléphone dimanche matin 16 décembre:
Au régiment de grenadiers et au bataillon de
carabiniers seront adjoints une section de chan>
d'assaut et les services auxiliaires de santé, de
la télégraphie sans fil, et d'automobile.
Le Corriere délia Sera relève combien la tâche
du contingent interallié est délicate bien que les
esprits ne soient plus dans l'état de tension d'il y
a quelques mois. Il exprime sa confiance dans ie
général Visconti Prasca qui déjà a donné maintes
preuves de son savoir-faire dans des missions à
l'étranger. Au sujet de l'atlitude du contingent
italien, le journal milanais dit que « dans le dif-
férend entre les deux grands peuples, nous som-
mes vraiment et honnêtement neutres; ce qui est
important, è'est que la paix européenne ne soit
pas troublée. » Enfin, le journal se félicite de voir
qu'un mandat de confiance ait été donné à des
troupes italiennes et particulièrement à des unités
répétés pour leur prestance, leur esprit de corps
et leur discipline.
.̃ Là commission de plébiscite
recommande une trêve de Noël
Dans un communiqué à la presse, la commis-
sion de plébiscite prie les partis politiques d'ob-
server une trêve de propagande et d'agitation du
23'àu 27 décembre. Elle leur demande de lui faire
parvenir avant le 19 décembre, leur réponso,
qu'elle espère affirmative et qu'elle publiera elle-
même le lendemain.
Départ de Germano-Américains pour la Sarre
Qp mande de New-York
Un millier d'Allemands résidant aux Etats-
Unis ou de Germano-Américains, dont 400 habi-
tent New-York, sont partis à bord du Bremen,
pour aller voter dans la Sarre.
Le New Jork Post signale que le convoi com-
prend une jeune fille japonaise ayant le droit de
participer au plébiscite, car elle résidait en Sarre
au. moment de la ratification du traité de Ver-
sailles. Les; votants ont été recrutés par M. Wënz,
secrétaire de la « Société new-yorkaise de la
Sarre s>, qui a dépensé près de iOO.OOO dollars,
L'accord financier de Rome
.•̃On- mande d'Amsterdam
•. M:- Jacques Rueff, directeur adjoint au mouve-
ment général des fonds au ministère français "des
finances, est attendu à Amsterdam où il vient
conférer avec M. Berger, délégué de la Hollande
au comité financier de la Société des nations, sur
tefe«m,odaJLités ̃d'application des accords de Rome
relatifs a la liquidation des intérêts français en
j§3rre au cas où le plébiscite serait favorable à
rÂllema'gne.
̃ ifiî> ♦
ils CONVERSATIONS NAVALES
On mande de Londres
Après la partie-4e_gplf, qui avait réuni samedi
sur. le terrain de Wàiton Heath Sir John Simon,
secrétaire d'Etat aux affaires étrangères; il. Mat-
sudeira, ambassadeur du Japon auprès de la cour
de Saint-James; M. Norman Davis, ambassadeur
extraordinaire des Etats-Unis, et l'amiral Stanley,
les personnalités anglaises, japonaises et améri-
caines ont eu un entretien de vingt minutes.
À la suite de cette entrevue, on -s'accorde à
considérer que la situation n'a pas été modifiée
et, à moins que le rapport japonais attendu de
Tokio n'apporte de nouvelles instructions ce
qui est très improbable, les pourparlers prélimi-
naires à la conférence navale seront ajournés
dans le courant de la semaine prochaine. Somme
toute, ainsi que le déclarait une personnalité
américaine à l'issue de la conversation de cet
.après-midi, «.-iLRÇ semble pas que Le cadavre
sôj£ eassugeité. »*. ̃
SOCIÉTÉ DES NATIONS
L'INCIDENT ITALOrABYSSlN
<,
Voici le texte de la 110 te que- le gouvernement
éthiopien a fait .parvenir au secrétaire général de
la Société des nattons :.̃
Addis-Abeba, 14 dé&embre.
Le gouvernement impérial a l'honneur de porter â
votre connaissance, pour être communiqué au conseil
et aux Etats membres, que, dès le 23 novembre der-
nier, la commission anglo-éthiopienne étudiant les pâtu-
rages de la province éthiopienne d'Ogaden, a été em-
pêchée par une force militaire italienne de continuer
ses travaux. Dès son arrivée à Ualual, situé à 100 kilo-
mètres environ, à l'intérieur de la frontière, le 5 dé-
cembre, une troupe italienne, avec tanks et des avions
militaires, a attaqué subitement et sans provocation
l'escorte éthiopienne de la commission.
Le gouvernement éthiopien a protesté par une note
du 6 décembre. Malgré cette' protestation, des avions
militaires italiens ont bombardé, trois jours après, Ado
et Gerlogibi, dans la même province.
A la protestation du 6 décembre et à la demande
d'arbitrage du 9 décembre, selon l'article 5 du traité
italo-éthiopien du 2 août 1928, le chargé d'affaires
Italien, sans tenir compte de la protestation, demandait
par note du 11 décembre une indemnité et une répa-
ration morale et, par une note en date du 14 décembre,
déclarait que son gouvernement ne voyait pas comment
ta solution d'un incident d'une telle nature pourrait
être soumise à une décision arbitrale.
En présence de l'agression italienne, le gouverne-
ment éthiopien appelle l'attention du conseil sur la
gravité de la situation.
Confirmation détaillée, et documentée suit.
Hebouy,
ministre des affaires étrangères.
Dès. qu'il a eu connaissance de la note du gou-
vernement d'Addis-Abeba, le secrétaire général de
la Société des nations en a accusé réception à Ce
gouvernement et en a informé télégraphiquement
le ^gouvernement de Rome.
En même temps, les dispositions ont été prises
pour- faire parvenir, selon le désir du gouverne-
ment abyssin, la note de ce dernier à tous les Etats
membres de la Société.
Notre correspondant particulier de Genève nous té-
légraphie
Si l'appel du gouvernement éthiopien était fondé
sur le paragraphe 1" de l'article 11 guerre ou
menace de guerre le secrétaire général aurait
le devoir de convoquer immédiatement le conseit.
C'est la procédure d'urgence. Dans le cas du para-
graphe .2, de ce même article, l'affaire viendrait
devant le conseil en sa prochaine session, prévue
pour le 11 janvier. Selon les mêmes indications,
le, gouvernement éthiopien a l'intention de saisv
le conseil, aussitôt qu'il aura acquis la certitude
que le gouvernement italien n'accepte vraiment
pas de soumettre cette affaire à une procédure
d'arbitrage. D'une manière générale on estime ici
qu'un dissentiment aussi grave entre deux Etats
membres de la Société devrait être soumis au con-
seil, de la même manière que l'on a procédé pour
la Sarre ou le- conflit yougoslave-hongrois. Ou
pense aussi que le gouvernement britannique, for-
tement intéressé, prendra une ferme attitude.
Enfin, on fait rem,anquer que jusqu'ici des inci-
dents du genre de celui qui s'est produit à Ualual
ont toujours été réglés par des négociations amia-
bles entre les deux parties. Il est signifioatif que,
cette fois, le gouvernement éthiopien ait déjà
senti la nécessité d'informer le conseil.
Déclaration du chargé d'affaires abyssin
à Rome
Le chargé d'affaiires abyssin à Rome a dédaté
hier à Ta presser
Les intentions pacifiques de l'Abyssinie sont égales à
celles de l'Italie. Nous ne voulons pas la guerre, mais
nous entendons bien maintenir nos droits et, pour
cela, nous n'avons pas d'autres moyens que de sou-
mettre la question en litige à un arbitrage. Il se peut
que les Italiens se soient installés à Ualual depuis
oinq ou six années, mais une telle tolérance de notre
part ne donne pas à l'Italie un droit quelconque sur
un territoire qui appartient à l'Abyssinie.
La thèse italienne
Notre correspondant particulier de Rome nous
téléphone dimanche matin 16 décembre:
La presse affirme que les plus graves inexac-
titudes circulent, dans les milieux internationaux,
autour de l'incident italo>-abyssin, et le Giornale
d'italia déclare que la localité d'Uallual appartient
a l'Italie.
Suivant l'article 5 de la convention de 1908, les
deux gouvernements s'engageaient à fixer prati-
quement sur le terrain et dans cette région, la
ligne de frontière entre la Somalie et l'Ethiopie.
Vingt-six ans ont passé sans que, sur ce point,
l'Ethiopie ait répondu aux insistances du gouver-
nement italien.
LA VISITE DES MINISTRES AUTRICHIENS
LA uùiih JJM miUùittM AumMiim
en Hongrie
On télégraphie de Budapest
M. Schuschnigg, chancelier d'Autriche, et
Aï. Berger-Waldenegg, ministre des affaires étran-
gères, ont quitté Budapest hier samedi soir. â
\"i heures. Ils ont été salués a la gare par le pré-
sident du conseil et 'lès membres du gouverne-
ment.
Avant de quitter Budapest, le chancelier
Schuschnigg a envoyé, avec le général Gœmbœs,
le télégramme suivant à M. Mussolini
Le chancelier d'Autriche et le président du conseil
hongrois saisissent avec joie l'occasion de leur entrevue
à Budapest pour vous exprimer leur chaleureuse et
sincère amitié, à vous qui êtes l'initiateur et le principal
protecteur des accords de Rome.
Le communiqué suivant a été publié à la suite
des. conversations de Budapest
Au cours de la visite de deux jours rendue par
MM. Schuschnigg et Berger-Waldunegg au gouver-
nement hongrois, les hommes d'Etat des deux pays
ont eu des entretiens particulièrement amicaux. Outre
les problèmes économiques, ils ont examiné les ques-
tions' politiques Intéressant les deux pays. Les conver-
sations furent empreintes de l'esprit des accords de
Rome, et ont permis de constater la parfaite corres-
pondance de vues dés représentants des deux nations.
Le chancelier Schuschnigg et le baron Berger-
Waldenegg ont fait des déclarations à la presse
au cours desquelles tous deux ont affirmé la con-
viction que le pacte de Rome a ouvert des voies
aux trois pays qui l'ont signé.
Le baron Berger- Waldenegg a insisté sur le
caractère essentiellement économique de la poli-
tique étrangère du gouvernement de Vienne et
exprime le- désir qu'a son pays non seulement de
vivre en paix mais de coopérer à l'affermissement'
des relations pacifiques sur l'ensemble du conti-
nent. ̃ --̃ "̃̃
Après avoir exprimé l'opinion que le pacte de
Rome est, en lui-même,' une garantie de paix
européenne, le baron Berer-Waldenegg a conclu:
Je" suis persuadé que la Hongrie est décidée à res-
.«wtor notre indépendance, et je crois que cette indé-
pendance, est à la base de la paix et de l'ordre en
Europe, centrale. '•"
Les relations extérieures d'un pays doivent être
basées sur ses intérêts économiques, à condition toute-
fois que l'honneur national soit sauvegardé. Nous autres
Autrichiens, nous voulons conserver notre indépendance.
Je suis heureux que la Hongrie estime !qoie l'indépen-
dance de l'Autriche est une condition du maintien de
la paix et de l'organisation économique du bassin
danubien.
D'autre part, notre correspondant nous téléphone,
dimanche matin de Vienne
La presse viennoise consacre de très chaleu-
reux-, commentaires au résultat de la visite à
Budapest.
La W iener Zeitunçu reprenant le texte du com-
muniqué officiel déclare
« L'échange d'idées entre les hommes d'Etat a eu
lieu dans l'esprit des protocoles romains et a montré
un complet accord de vues. »
Cette formule concise et nette résume un résultat im-
portant. On a brièvement fêté à Budapest la fraternisa-
tion de deux nations la visite officielle des ministres
autrichiens à Budapest constitue une importante étape
dans la voie de la consolidation ge la situation dans le
bassin danubien- ~>
Dans une interview qu'il a accordée au corres-
pondant de la Neue Freie Presse après la récep-
tion de la presse à l'hôtel Dunapalota, ie chance-
lier Schuschnigg a donné quelques détails sur
l'intensification de l'échange culturel projeté en-
tre les deux pays. On pense, entre autres, à un
échange entre l'Opéra de Vienne et celui de Bu-
dapest, à la création de cours de vacancçs scien-
tifiques où seront donnés, notamment, des cours
d'histoire et de droit, a un échange de professeurs
et d'élèves, à l'organisation d'expositions d'art, etc.
Lettre des Etats-Unis
TÉTATISME ET L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
(De notre correspondant particulier)
Washington, décembre 1934.
L'assistance fournie par le gouvernement aux
étudiants et aux établissements d'enseignement
supérieur ou semi-supérieur qui sont au nombre
de plus de cinq cents aux Etats-Unis ne constitue
pas un des aspects les moins curieux de la N.R.A.
On sait en effet qu'en dehors des universités sub-
ventionnées par les différents Etats de l'Union, et
dont le nombre est des plus restreints, la plupart
des universités ou des « colleges » américains sont
des établissements libres et autonomes, gérant
leurs propres fonds, organisant leurs, programmes
et décernant leurs diplômes sans contrôle exté-
rieur. Leurs ressources proviennent en partie des
revenus des legs et des dons qui leur sont faits
avec une grande générosité dans les périodes de
propérité, et en partie des droits d'inscription
souvent fort élevés et atteignant plus de cinq cents
dollars par an que payent les étudiants. Une dé-
pression aussi prolongée que celle que traverse;
en.ce ̃ moment l'Amérique ne pouvait manquer
d'avoir une répercussion marquée à la fois sur le
nombre des étudiants et sur les revenus dont dis-
posent les universités. De nombreux professeurs
ont été purement et simplement congédiés, les
dépenses ont été réduites au strict minimum, on
a remis à un avenir indéterminé la construction
de nouveaux bâtiments. Mais le fait n'en subsiste
pas moins que de nombreux établissements d'en-
seignement ne disposant que d'un capital réduit
et voyant à la fois les donations et les inscriptions
diminuer se trouvent dans une situation des plus
critiques.
C'est à ce moment que le gouvernement fédéral
a cru devoir intervenir. Par l'intermédiaire de
la Pulic Work Administration, PWA, dès le prin-
temps dernier, des sommes importantes ont été
mises à la disposition des établissements d'instruc-
tion supérieure pour la réparation des bâtiments
déjà existant et la construction de laboratoires.
D'autre part il fallait songer aux étudiants eux-
mêmes et aussi aux professeurs réduits à l'état da
chômeurs. Les mesures les plus variées ont été
prises pour remédier à cette situation. Dans do
nombreuses villes, les professeurs sans travail ont
pu organiser, grâce à l'octroi de subsides gouver-
nementaux, des « universités de la dépression »,
fréquentées surtout par des chômeurs appartenant
à la classe des employés qui peuvent y apprendre
la sténographie, les mathématiques, les langues
étrangères et même leur propre langue. Les ap-
pointements de la faculté sont des plus minimes et
les étudiants forment une population flottante de
niveau scolaire incertain; malgré leur nom impo-
sant, ces « universités » ne sont guère plus que
des cours d'adultes ou des cours du soir et n'ont
aucune chance de.devenir des établissements per-
manents.
D'autre part, les étudiants déjà inscrits dans
les universités et qui se trouvent dans l'impossi-
bilité de continuer leurs études et de s'acquitter
des frais .de. scolarité peuvent recevoir une somme
maximum de quinze dollars par mois et ont leurs
droits d'inscription payés parole gf uvernement En
théorie au moins, ils doivent fournir à l'univer-
sité une certaine quantité de travail utile, et les
besognes auxquelles ils sont employés sont des
plus variées. Certains revisent les catalogues ues
bibliothèques, établissent des index de périodiques,
aident à des enquêtes sociales ou à des expérien-
ces de laboratoire; tandis que d'autres s'acquittent
do tâches plus humbles, rincent des flacons ou
balayent des salles de cours. On estime qu'à l'heure
actuelle plus de 150,000 étudiants bénéficient de
ces bourses déguisées sans lesquelles ils devraient
joindre l'armée des sans-travail.
Le premier résultat, et non le moins curieux,
sera tout d'abord la compilation des statistiques
les plus étranges. Les jeunes enquêteurs circulent
dans les tramways et les autobus, un carnet à la
main, demandant à chaque voyageur à quelle rue
il est monté et à quelle rue il compte descendre.
combien de fois il prend le tramway par jour et
s'il a une automobile. D'autres vont de maison en
maison se renseignant sur le nombre de lampes
électriques, de prises de courant et d'appareils
employés par chaque consommateur. D'autres en-
core demanderont à chaque possesseur d'automo-
bile combien de kilomètres il fait en moyenne par
an et s'il compte acheter un nouvel appareil de
T.S.F.On en voit à la porte des théâtres et des ciné-
mas, de petits compteurs automatiques à la-niaini
essayant de déterminer le nombre d'hommes, de
femmes et d'enfants qui fréquentent un établisse-
ment déterminé, et qui ensuite dresseront de sa-
vantes courbes et des diagrammes imposants. Nul
ne sait exactement et sans doute nul né saura
jamais à quoi serviront les renseignements ainsi
obtenus; mais le public américain se prête avec
une bonne volonté et une bonne humeur inlassa-
bles à ces enquêtes qui lui donnent au moins l'il-
lusion que dans quelque bureau de Washington
de grands spécialistes s'occupent de l'organisation
scientifique et rationnelle de la vie américaine. Il
est fort probable du reste qu'aucun résultat pra-
tique ne sortira de ces enquêtes multiples; le goût
de la statistique semble être un trait national amé-
ricain mais fort heureusement une statistique
chasse l'autre, et l'Amérique de demain n'en sera
ni moins fluide ni moins déconcertante.
Un autre résultat, beaucoup plus inquiétant, est
que, de façon détournée, le gouvernement fédéral se
trouve porté à intervenir dans un domaine qui
jusqu'ici avait été laissé aux municipalités, aux
Etats et surtout à l'initiative privée. D'après les
dernières statistiques, les établissements d'ins-
truction supérieure, fréquentés par les jeunes
gens de plus de dix-huit ans, dépassaient le nom-
bre imposant de sept cents et ne comptaient pas
moins d'un million d'étudiants avec un budget to-
tal atteignant un demi-milliard de dollars par an.
C'était un luxe que pouvait se permettre l'Améri-
que en temps de prospérité, et la générosité des
donateurs semblait inépuisable; mais il y avait eu
une inflation incontestable dans le domaine uni-
versitaire comme en tant d'autres domaines.
Voyant à la fois le nombre dé leurs élèves payants
et leurs revenus fort diminués, nombre d'établisse-
ments jusqu'ici restés indépendants devront ré-
duire leur activité et même fermer leurs portes à
moins que le gouvernement ne vienne à leur se-
cours. -y-
Cette dernière solution, qui paraît" toute natu-
relle au moment où le gouvernement fédéral
inonde le pays de ses dons, n'est cependant pas sans
offrir de sérieux dangers. La tendance centralisa- f
triée de Washington ne date pas d'aujourd'hui, et"
depuis de longues années des tentatives répétées
avaient été faites pour créer un ministère de l'ins-
truction publique. Toujours elles s'étaient heur-
tées à une résistance obstinée et parfaitement
réfléchie. On sentait en effet que tant que l'instruc-
tion nationale resterait entre les mains d'autorités
localeï ou d'associations privées, on préserverait
dans la vie nationale ce caractère de variété, d'in-
dépendance et de flexibilité qui constitue' un des
aspeots les plus marquants de la civilisation amé-
ricaine. Si étrange pour un observateur français
que soit le manque d'uniformité qui prévaut dans
les programmes et dans la vie scolaires, il avait
cependant des avantages certains dont le premier
était d'adapter l'enseignement aux besoins locaux
ou régionaux. Nous sommes encore loin de la
mainmise du gouvernement sur l'éducation na-
tionale; mais les directeurs des universités et col-
lèges ne sont pas sans se rendre compte qu'il leur
sera impossible d'accepter longtemps des secours
gouvernementaux sans sacrifier quelque chose de
leur indépendance. Quelques-unes des plus ancien-
nes institutions comme Harvard ont pu refuser
l'assistance qui leur était offerte; mais bien rarea.
sont les universités qui ont pu se permettre ce
beau geste. Il reste à savoir si le public américain
comprendra le péril présenté par la situation ac-
tuelle et s'imposera les sacrifices nécessaires pour
maintenir cette décentralisation universitaire qui
a contribué plus que tout autre facteur à donner
son aspect unique k la vie nationale.
0JÛBEBJ GHDSABD.
LUNDI i? DECEMBRE 193S
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rjUO8,»4PAETÏIOHrTS«t00I,0H1»FRAII5'" Trois mais 30 Ir. Siimoii 58fP. H»* I tOfp.
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Le JoUrnal décline toute responsabilité quant à leur teneur ̃'̃
CHÈQUE POSTAL Paris, Numéro 6O
PONJ:)"1':E:.t:7~ AugU8t.. N'BFFTSŒ:R (2.ecu.)
Anciens Dibxicteursv 1-
Adrien HÉBR^JR,!} (is67-iei4)
Em.il© 3CEBK.AJEe.3D (leis-ieas)
Axlrien. lïÉB-i.AJsïX) (îsas-iese)
XjOXTIS-I^IIjIj (i©2e-i©3ij
IDIH.ECTBTJB.S
tf acqu.es OHASIENET et Emile MIR.EIA.X72C
Le Journal ne répond pas des manuscrits communiqués:
Adresse télégraphique temps fakis
IÉLÉPBOIE CIIQ U6K8, Taitbout 76.60 76.61 .76.62 76*63 -f 76.64
SOMMAIRE
PAGE 1
Le Plébiscite dpien à la Société des natioris. Lettre des `
Etats-Unis l'Etalisme et l'enseignement supé-
rieur, Gilbert Chinard.
PAGE 2 "̃
Nouvelles de l'Etranger. Journée parlementaire
Chambre t'Assainissement du marché du vin;
Sénat le Budget de 193S.
Chronique théâtrale, HENRY BiDOU.
PAGES 3 et 4
Le « Temps » financier.
PAGE 5
Le Congrès de l'épargne française Discours de
M. Germain-Martin. Nouvelles du Jour.
A l'Hôtel de Ville. Académies. Nécrologie.
Echos et lnformations. Tribunaux.
Théâtres. T. S. F. Faits-divers. Bulletin
météorologique.
PAGE 6
LA Journée DERNIÈRES NOUVELLES. Le Cin-
quantenaire de la loi municipale Au Trocadéro
et au Parc des expositions; Discours de M. Albert
Lebrun. Le Monument aux volontaires tchéco-
slovaques. Le Congrès de la fédération des
fonctionnaires..
·
Paris, le 16 décembre
BULLETÏÏrDU JOUR
LES NÉGOCIATIONS FRANCO-ITALIENNES
''I?étàt des négociations franco-italiennes,
qui se" poursuivent par la voie diplomatique
en attendant que le ministre des affaires
étrangères, M. Pierre Laval, entreprenne le
voyage à Rome projeté depuis quelque temps
déjà, continue à retenir l'attention des milieux
politiques. Maintenant que le problème des
garanties dont doit être entouré le plébiscite
sarrois est résolu et que toutes les complica-
tions que pouvait faire redouter la contro-
verse relative à la plainte portée par le gou-
vernement yougoslave devant le conseil de la
Société des nations sont écartées, il n'est pas
de question plus immédiate par son caractère
et ses conséquences générales que celle de la
conclusion d'un large accord entre Paris et
Rome. On peut négliger les sondages officieux
en vue de pourparlers bilatéraux franco-alle-
mands, d'abord parce que rien d'utile ne sau-
rait être entrepris dans ce domaine avant le'
plébiscite du 13 janvier dans la Sarre, ensuite
parce que tout règlement avec l'Allemagnw
devra avoir le caractère d'un accord collectif
liant toutes les puissances intéressées au pro-
blème de la paix; mais on doit admettre que
l'entente ferme entre la France et l'Italie est
la préface nécessaire, indispensable, à toute
politique de coopération en vue de la consoli-
dation de la paix.
Cela dit, il est assez difficile de discerner au
milieu des informations contradictoires pu-
bliées ces jours derniers où en sont exactement «
les pourparlers diplomatiques entre Rome et
Pans. Dans certains milieux internationaux,
on paraît éprouver quelque déception du fait
que la date, de la visite de M. Laval à Rome
ne soit pas encore définitivement arrêtée, alors
que ce voyage du ministre des affaires étran-
gères fut décidé en principe à l'époque où
Louis Barthou était au quai d'Orsay et qu'on
prévoyait qu'il pourrait avoir lieu soit à la fin
du mois d'octobre, soit dans le courant de no-
vembre. La tragédie de Marseille a bouleversé
tout ce qui avait été envisagé à ce sujet, et il
a fallu parer au plus pressé en empêchant que
la fin tragique du roi Alexandre et de Louis
Barthou ne vînt compromettre, par ses réper-
cussions en Europe centrale, la cause même de
la politique de rapprochement et de coopéra-
tion dont l'amitié franco-italienne doit être la
sûre caution. Beaucoup a été fait dans ce sens
au cours de ces dernières semaines des deux
côtés des Alpes, et l'on peut constater avec
satisfaction les résultats obtenus. Les conver-
sâtions que M. Laval eut à Genève avec le
baron Aloisi, la bonne volonté réciproque avec
laquelle la France et l'Italie s'appliquèrent à
faciliter le règlement du différend hungaro-
yougoslave, les manifestations si chaleureuses
de l'amitié franco-italienne à l'occasion des
récentes cérémonies de Gênes et'de Rome, les
impressions réconfortantes rapportées par M.
Henry Bérenger de ses entretiens avec M. Mus-
solini et M. Suvich, tout cela a contribué à
créer une atmosphère morale des plus favora-
bles à un accord.
Ce serait donc une erreur de déduire du fait
que la date de la visite de M. Laval n'ait pas
,encore été fixée que les chances d'une entente
sont moins grandes, en réalité, qu'elles ne le
paraissaient d'abord, et que des difficultés ont
surgi qui retardent sérieusement la conclusion
à apporter à ces laborieuses négociations. On
atoujours, de part et d'autre, le même désir et
le même espoir d'aboutir dans de bonnes con-
ditions, et l'on sait à Paris comme à Rome que
les meilleures perspectives subsistent à cet
égard. Mais il a toujours été entendu, à l'épo-
que où Louis Barthou était au quai d'Orsay
comme depuis que M. Pierre Laval assume la
direction de notre politique extérieure, que le
voyage à Rome ne serait entrepris que lorsque
toutes les questions qui se posent entre la
France et l'Italie auront éte définitivement
mises au point, lorsque l'accord aura été pra-
tiquement préparé par la voie diplomatique.
Il faut, en effet, que la visite du ministre des
affaires étrangères français au président du
conseil italien ait la portée d'une confirmation
définitive, d'une consécration solennelle de ce
qui aura été- acquis en vue d'une politique de
collaboration de la France et de l'Italie dans
tous les domaines.
• C'est à cette mise au point indispensable que
l'on procède actuellement, et il faut souhaiter
que les deux gouvernements apportent tout le
zèle et tout le soin qu'imposent les circons-
tances à l'accomplissement d'une tâche aussi
délicate. A laisser traîner les choses en lon-
gueur on risquerait de voir passer l'heure la
plus favorable à une entente, mais àprocéder
avec trop de hâte on s'exposerait à conclure
dans l'équivoque, ce qui ne -serait pas sans
danger pour 1 avenir. Il y a; on le sait, deux
aspects très distincts au débat franco-italien
celui des questions qui se posent uniquement
entre Rome et.Paris;.et--celui du problème eu-
ropéen proprement dit, qui intéresse d'autres
puissances et dont la solution ne peut se con^
cevoir que sous la forme d'une collaboration
permanente sur le plan continental. On est en
droit de penser que de grands progrès ont été
réalisés, et que notamment en ce qui concerne
le statuts des résidants italiens en Tunisie, la
rectification de la frontière méridionale de la
Libye et les concessions d'ordre économique
,en Somalie, des formules susceptibles de con-
cilier les intérêts des' deux parties sont envi-*
sagées, du moins comme base de discussion.
Cela ne veut pas dire que l'entente soit déjà
virtuellement établie sur toutes ces questions,
qui affectent des intérêts importants, mais cela
signifie qu'on est dans la bonne voie et que
le rapprochement des thèses en présence se
précise heureusement. Seulement un accord
franco-italien durable et fécond ne peut se
concevoir que s'il est commandé par une en-
tente ferme sur les principes essentiels d'une
politique concertée en Europe garantie de
l'indépendance de l'àufeicbe, collaboration
l'!nd~pengaJ!c~ l'Au1ricb!!J Qo1lapf>raf-!ol!
permanente et solidaire en Europe centrale, I
unité de vues en ce qui concerne les arme-
ments et les méthodes les plus propres à faire
obstacle à. la guerre. Il ne faut pas que désor-
mais la France et l'Italie puissent' encore se
heurter, comme il advint trop, ̃souvent, dans
les .grandes controverses internationales. C'est
là que la misé au point doit se faire avec le
plus grand soin; c'est là qu'on ne peut laisser
subsister aucune équivoque, aucun prétexte à
malentendu.
Nous avons, en ce qui nous concerne, Tirn-
time conviction que les négociations en cours
aboutiront en pleine clarté à un accord sincère
et durable. Il faut que cet' accord se fasse
parce que,- pendant de la coopération franco-
britannique, la coopération franco-italienne
est la meilleure sauvegarde que l'oi> puisse
trouver, dans l'état présent des choses, pour
la paix de l'Europe. Une politique. concertée
de la France, de l'Angleterre et de l'Italie per-
mettrait de parer à tous les dangers qui mena-
cent encore les peuples du continent. La
France et l'Italie ont le même besoin de sécu-
rité et de paix. 11 dépend d'elles seules qu'elles
puissent servir efficacement la cause de l'Eu-
rope et la cause de la paix en sauvegardant
leurs propres intérêts. Ce n'est pas là seule-
ment une question de sentiment et de com-
munauté morale latine; c'est une question de
fait, qui doit se résoudre par le bon sens et la
raison, en prenant, à Paris et à Rome, toutes
les précautions nécessaires pour que les sacri-
fices à consentir de part et d'autre prennent
toute leur valeur dans le cadre d'une entente
générale et ,ne laissent subsister chez aucun
des deux peuples quelque amertume ou quel-
que regret.
DÉPÊCHES OET ÉTRANGER
Bucarest, 16 décembre.
Le colonel Paul Theodoresco, attaché militaire
de Roumanie à Paris, a été nommé ohef du bu-
reau des opérations de l'état-major de l'armée.
LES VEuX DE L'EPARGNE
La tendance de l'opinion publique à deman-
der et même à exiger une réforme de l'Etat
n'est pas un mouvement factice inventé pour
les besoins d'une cause par des hommes de
cabinet; elle a un caractère général et spon-
tané qui finira par lui conférer une force irré-
sistible. Le peuple français veut qu'on réforme
l'Etat parce que tous les Français souffrent à
quelque degré du mauvais fonctionnement de
l'Etat; que chacun d'entre eux a intérêt à voir
la collectivité dont il fait partie bien gouvernée
et, si faire se peut; convenablement admi-
nistrée.
Ecoutons, par exemple, les doléances des
épargnants français qui viennent de -se réunir
en un congrès organisa par la Fédération des
porteurs de valeurs mo&ilières. Il n'est pas un
seul tie ces bons, citoyens quï= n'ait matéPielie-
ntent et personnellement subi, dans les condi-
tions les plus injustes et parfois les plus dou-
loureuses, les conséquences d'une mauvaise
gestion de la chose publique, imputable elle-
même au jeu d'institutions excellentes en soi,
mais faussées par les abus d'un parlementa-
risme qui ressemble de moins en moins au
véritable régime parlementaire. Si l'épargne
a pâti de la baisse des fonds publics, n'est-
ce pas du fait d'une politique de sportule
électorale ayant nécessairement conduit à une
politique d'excès fiscaux? Si l'épargne a subi
les gigantesques « saignées » pratiquées, au
cours de l'après-guerre, par des escrocs de
haut vol autant que de grande envergure,
n'est-ce pas en raison du relâchement de la
police, des incertitudes de la justice, de la
facilité des mœurs publiques engendrées par
la camaraderie politique et les interventions
parlementaires ?̃ L'épargne française a-bien
le droit de dresser contre les déviations du
régime un réquisitoire destiné à porter d'au-
tant mieux que les épargnants sont moins
suspects d'en vouloir au régime lui-même.
Ce réquisitoire, M. Georges Lecomte l'a pro-
noncé, au cours du congrès qui vient d'avoir
lieu, sans sévérité outrancière, sans acrimonie
déplacée, mais avec la fermeté et aussi la
dignité qu'il fallait, s'agissant d'une aussi juste
cause. L'éminent académicien, qui, étranger à
la politique, n'entend cependant pas se aérn-
ber au devoir civique, a su, en"termes irrépro-
chables, montrer la grande misère des épar-
gnants, que l'utilité primordiale de leur rôle
(ne sont-ils pas les créateurs madréporiques
de la richesse nationale ?) aurait dû préserver
des conséquences de l'incurie des pouvoirs pu-
blics, voire trop souvent de leurs rigueurs. « Le
redressement énergique qui s'impose, a déclaré
M. Georges Lecomte, est déjà fait dans l'esprit
du public. L'effort individuel, en France et
dans le reste du monde, est en train de triom-
pher par l'épargne et le travail des graves
accidents collectifs qui se sont produits dé-
puis 1929 dans l'ordre politique aussi bien que
dans l'ordre économique. »
Mais les épargnants et il faut les en féli-
citer ne sont pas disposés à rester inertes,
et leur réflexe de défense est déjà très sen-
sible. « Notre puissance chaque année gran-
dissante, a dit M. Georges Lecomte, saura se
faire écouter. » Or, il n'est que de lire le texte
des vœux émis par le congrès pour se rendre
compte; que les mesures qu'il préconise, et qui
sont en effet indispensables, ne sauraient être
réalisées sans une réforme préalable de l'Etat.
Lorsque, le congrès demande, notamment,
« que soit réservé explicitement au gouverne-
ment seul le droit de proposer des augmenta-
tions de dépenses, et que le'Parlement soit
ramené à sa fonction originelle qui est de
contrôler les dépenses fet dé' défendra les con-
tribuables », nul doute qu'il ne suppose rétablie
l'autorité de l'Etat par la stabilité gouverne-
^mentale et par la cessation des empiétements
|du législatif sur, l'exécutif; qu'en un mot, il
=escompte la fin de la démagogie électorale par
{ le moyen d'une retouche à nos institutions. Il
lémet d'ailleurs expressément le vœu « qu'une
'réforme organique de l'Etat fasse disparaître
tès services et les institutions qui ne ressor-
^tissent jps directement de la puissance pu-
blique, en commençant par ceux dont le fonc-
tionnement est trop' onéreux ». Il est bien évi-
dent qu'un aussi souhaitable résultat ne sau-
rait être obtenu que dans un Etat réformé, et
que ce vœu des congressistes va directement
à l'encontre de toute politique de facilité.
Contre une telle politique, M. Germain-
Martin, ministre des finances, présidant hier
le banquet de clôture du congrès, s'est élevé,
de son côté, avec une netteté qui ne saurait
manquer d'impressionner très favorablement
l'opinion publique. Il a indiqué l'intention du
gouvernement de, majntenji! i dans tous les
domaines, c'est-à-dire de: continuer ;•̃% compri-
mer les dépenses publiques, de brider. la flsca-
lité, de protéger l'épargne contré ses naufra-
geurs, de s'opposer fermement à toute déva-
luation de la Révise. nationale; SuEfie deraier
point,, particulièremeàt important, M. Germain-
Martin a traduit la conviction prof onde en
même temps que l'ardent désir de tous les
Français qui épargnent, c'est-à-dire qui ont le
courage si méritoire (et si heureusement com-
mun .chez nous), d'économiser sur les gains
que leur procure leur travail, favorisant ainsi
la formation de capitaux indispensables à
l'économie nationale. La dévaluation du franc
(sans parler de ses autres conséquences ca-
tastrophiques) porterait à l'épargne française
un dernier coup peut-être fatal. Le pays
accueillera aveo satisfaction la nouvelle affir-
mation, par la bouche autorisée du ministre
des finances, de l'intangibilité, du franc. Sa-
chons gré à M. Germain-Martin de nous l'avoir
apportée.
̃̃
L'écrivain juge ou partisan
Sous ce titre, Note sur la politique, 'M:'Jean
Sohlumberger a publié dans le dernier numéro
de la Nouvelle Revue française un article bien
intéressant, qui pourrait servir, de point de départ
à une enquête approfondie sur les rapports de la
littérature et do la politique. L'article est a lire,
à plus d'un titre. On sait les attaches de la NJl.F.
avec M. André Gide, et d'éclatante adhésion donnée
par M. Gide au communisme. Or, voilà justement
que M. "Schlumberger, dans la Nouoalle. Revue
française même, proclame son inquiétude à l'égard
des empiétements de la littérature sur Je terrain
de la politique ce qu'il appelle une violation de
la charte de .neutralité qu'on suppose à la base
d'un programme délibérément littéraire. Est-ce-
un schisme qui commence à la N. R. F.? On l'a dit,
m&fs je ne le crois pas. A lire de près le texte
nuancé de M. Jean Schlumberger, esprit droit et
méditatif, il ne semble pas que cette discussion
de principes doive aboutir à un divorce retentis-
sant dans un groupe où l'on a toujours aimé et
pratiqué les explications et les mises au point.
Il n'en reste pas moins à retenir une remarque
très pertinente de M. Schlumberger, à propos des
affirmations de son ami Gide sur les bienfaits de
la révolution russe il d.it que des affirmations
de ce genre n'ont qu'une valeur d'acte de foi, et
que la foi remplace nécessairement une certaine
attitude critique à l'égard de son objet. Une cer-
taine attitude critique, voilà donc pour M. Schlum-
berger la position souhaitable de l'écrivain en face
déS'iproblèmes de tous ordres qui lui sont soumis.
Il me semble que c'est la raison même. Mais la
question subsiste, telle qu'elle vient d'être suscitée
par la Note sur la politique de la Nouvelle Revue
française. L'écrivain a-t-il le droit dé prendre
parti en politique?
Le débat apparaît complexe. On se fait commu-
nément une idée très artificielle de ce que c'est
qu'un écrivain. On l'imagine une espèce de ma-
mamouchi, vivant à part, clos dans son rêve, sans
communicatton avec le reste de l'humanité; hors
du monde et de ses soucis, occupé seulement à
fourbu?, des phrasés et" à iiîventëf'de'Ç "n'iltôires.'
Rien de tel en réalité. L'écrivain est un homme
comme les autres, que sa vocation appelle à réflé-
chir sur l'homme, ses besoins, la vie et les moeurs,
et à .faire part aux autres hommes de ses ré-
flexions. Elles valent ce qu'elles valent, selon la
culture, l'expérience, le don d'observation, le
talent, la moralité et la dignité de l'homme appelé
écrivain, voilà tout. Mais, du fait qu'il est écrivain,
pourquoi cesserait-il d'être un homme, d'avoir
les mêmes prérogatives que les autres, et notam-
ment des convictions et des opinions, comme n'im-
porte quel autre citoyen, dont au reste il partage
les devoirs et les charges? On nous dit souvent,
mais à la légère « Vous;avez de la chance, vous!
Vous n'aimez que les livres, les poètes, la littéra-
ture, la beauté en soi. Vous planez. Qu'est-ce que
cela peut bien vous faire, à vous, la politique?. »
La. pol|t icaille, oui, sans.doute, je la trouve, pour
moi, sans attrait; pis, malfaisante, basse, abjecte,
parce qu'elle, rie vise qu'à substituer des intérêts
particuliers à l'intérêt général de la nation. Mais
cette grande réalité que recouvre le mot politique,
au sens originel du terme, « qui a trait aux
affaires publiques », la marche et l'examen de ces
affaires, la respiration. profonde du pays, sa vie,
ses craintes, ses espoirs, les accidents qui la tra-
versent, le heurt des opinions et des intérêts, le
courant et le conflit des idées, les mouvements des
partis et des classes, les réactions de la sensibilité
populaire, la psychologie des hommes qui nous
mènent cela, comment un écrivain qui pense
pourrait-il s'en désintéresser, sans risquer de
perdre tout contact avec le réel et l'humain, sa
seule raison d'être? Seulement, voilà la différence:
voir la politique, et en faire, ce sont: deux. Per-
sonne n'a rien à gagner à ce que l'écrivain fasse
de la politique ni le public, ni môme lui, dont
le seul service positif qu'on en puisse attendre
est d'ordre critique; et qui n'a pas à prendre parti,
sauf à perdre sa qualité de juge. En adhérant à
une Eglise, même à la plus juste des causes, tout
partisan doit nécessairement sacrifier sa liberté
d'appréciation, son indépendance. Or, l'écrivain
n'a d'autorité que s'il est libre, s'il peut à l'occa-
sion dire leur fait à ses amis mêmes, admettre ce
qu'il y a de valable dans les raisons de l'adversaire
et, par un examen perpétuel et désintéressé des
questions, jouer peut-être utilement son rôle
d'arbitre et de médiateur, de découvreur de juste
point, entre l'affrontement passionné des vérités.
Par contre on n'en a jamais vu un seul qui ne se
soit 'trompé, .de tous ceux qui se sont jetés dans
les partis et leurs batailles Chateaubriand, La-
martine, Hugo, se sont exposés à l'erreur, pour
avoir passé du contemplatif et de l'éternel, pour
quoi ils étaient faits, au partial et au provisoire,
où leurs rêves les ont emportés.
Est-ce à dire que, pour l'écrivain, la sagesse
s.oitt dans l'indifférence et le scepticisme? Assu-
rément non, mais sa fonction est autre que celle
du politique. Elle est sur un plan où l'on .n'attend
de lui que « des pensées universellement »rece-
vables », comme dit fort bien M. Schlumberger;
non sur un plan où il ait à parler, « en esprit
mobilisé », au nom d'une vérité empirique, pro-
visoire, appelée, par sa nature même, à varier de
jour en jour. Aussi bien, dans un temps comme le e
nôtre, où la séparation des pouvoirs n'a jam.ais;été
plus nécessaire, où tout est confondu, où le
député tient le juge; le policier, le député;
où les clubs prétendent dicter son attitude au
gouvernement; où le reporter ïnène l'ejiquétèj; où
l'on ne voit que pouvoirs usurpés, fonctions che-
vauchant l'une sur l'autre, il serait bun que les
écrivains,. à qui est commis le quatrième pouvoir,
l'observatif, à côté de l'exécutif, du législatif et
du judiciaire, adoptassent enfin leur véritable po-
sition et décidassent ce qu'ils doivent être arbi-
tres et^juges, ou partisans, c'est-à-dire les propa-
gandistes de ce que M. Jean Schlumberger appelle
très justement les outrances à sens unique. Ce
n'est pas la littérature seule qui s'en trouverait
bien, mais la moralité publique, et l'opinion, qui
a toujours besoin de guides désintéressés. Si lés
écrivains avaient leur conseil de l'ordre, ce pro-
blème serait la première question à lui poser.
A défaut de cet impossible conseil, la question
relève d'une enquête sérieuse, menée avec soin.
Obligeant quiconque tient une plume à réfléchir
aux conditions et aux responsabilités de son état,
elle ferait dire des choses utiles, nécessaires. Qui
veut l'entreprendre? La tâche serait assez noble,
n'étant pas sans risques. Il y ô des coups à rège-
yoir. r~E._U/
\k SITUATION INTERNATIONALE
$~
Les conversations diptomatiqnee
M. Flandnv président du conseil, a reçu samedi,
au quai d'Orsay, M. Henry Bérenger, ambassadeur
'de France, et l'a remercié de la mission qu'il a
accomplie en Italie à l'occasion de l'inauguration
du buste de Chateaubriand.
Le président du 'conseilla reçu également
M. Herbette,'ambassadeur de France à Madrid.
M. Pierre Laval, ministre des affaires étran-
gères, a reçu, samedi après-midi, MM. Holma,
ministre de Finlande, et Henry Bérenger, ambas-
sadeur de France, président de la commission sé-
natoriale des affaires étrangères, avec qui il s'est
entretenu du débat de politique étrangère qui
doit s'engager prochainement devant le' Sénat.
Un message
du gouvernement tchécoslovaque
On télégraphie de Prague que M. Malypetr,
président du conseil des ministres, a adressé le
message suivant aux gouvernements français, rou-
main et yougoslave
Le conseil des ministres de la République tchécoslo-
vaque vient d'approuver le rapport de M. Benès, mi-
nistre des affaires étrangères, sur la récente session ex-
traordinaire du conseil de la Société des nations. Je
suis chargé de la mission do vous exprimer nos senti-
ments sincères, notre joie et notre satisfaction de la
résolution adoptée par le conseil de la. Société des na-
tions, par laquelle la nation yougoslave a obtenu une
légitime satisfaction.
Le conseil deià Société des nations a rendu un grand
service à la paix. inaugurant ainsi une nouvelle voie
vers la collaboration pacifique et l'entente des nations.
A- cette occasion, le gouvernement tchécoslovaque se'
réjouit surtout dé la collaboration intime, amicale et
dévouée de nos nations alliées et fraternelles.
3L'£ta£ke et le réarmement de l'Allemagne
La Stampa écrit, à propos du réarmement de
l'Allemagne
Le réarmement de l'Allemagne a pris des dimensions
telles qu'il faut sortir de l'équivoque. Il ne reste qu'à
reconnaître la situation de fait. Mais afin que cette re-
connaissance ne dégénère pas en une course effrénée aux
armements, deux conditions, s'enchaînant l'une et l'autre,
sont nécessaires.
Il faut, d'un côté, que la suspicion continuelle, lés
exagérations et les excitations qui en dérivent, cessent
en France. C'est une chose difficile, mais il faut pour-
tant que la raison domine le sentiment. Personne ne
demande à la France d'affaiblir les mesures qu'elle a
prises pour sa sécurité. Mais il faut bien admettre
qu'une Allemagne engagée dans une profonde trans-
formation intérieure ne peut pour longtemps encore
.pëj^er à une guerre d'agression qui pourrait facilement
se4ermmer en un désastre.
Mais alors, quoi tend son réarmement fébrile? C'est
simplement une question d'amour-propre et de. pres-
tige. S'il est vrai pour d'autres nations que seuls les
peuples forts sont puissants et respectés, pourquoi ne
le serait-ce pas pour tous?
La seconde condition est celle d'inciter l'Allemagne à
signer une convention tendant à limiter les armements.
Reprendre donc la conférence, en affronter à nouveau
les cataractes de discours, de propositions, de malen-
tendus, de frictions? C'est peut-être inévitable. Mais
auparavant, il faut autre chose.
U est bon de retourner aiïx pures sources: méditer a
nouveau le dernier mémoire mussolinien, reprendre la
lettre et surtout l'esprit du pacte à quatre. Il faut que
les grandes puissances s'accordent sur un plan simple,
peesque rudimentaire, qui ait pour base l'état de fait:
ll'èmHjeptionymuseolinienne. L'heureux résultat des né-
gociations pour la Sarre peut servir d'exemple et être
d'ua- ion présage. ^̃
Hftlér songerait à proposer un pacte de pals
:> à la France (?)
'Le Sunday Référée,- à qui' nous laissons la res-
ponsabilité de son information, se dit en mesure
d'affirmer que, si le plébiscite dans la Sarre est
favorable au retour du territoire au Reich.
M,,Adolf HiMer offrirait à la France la conclu-
sion d'un pacte de paix qui serait accompagné
d'un accord militaire.
AVANT LE PLÉBISCITE DE LA SARRE
La force internationale de police
Notre correspondant particulier de Rome nous
téléphone dimanche matin 16 décembre:
Au régiment de grenadiers et au bataillon de
carabiniers seront adjoints une section de chan>
d'assaut et les services auxiliaires de santé, de
la télégraphie sans fil, et d'automobile.
Le Corriere délia Sera relève combien la tâche
du contingent interallié est délicate bien que les
esprits ne soient plus dans l'état de tension d'il y
a quelques mois. Il exprime sa confiance dans ie
général Visconti Prasca qui déjà a donné maintes
preuves de son savoir-faire dans des missions à
l'étranger. Au sujet de l'atlitude du contingent
italien, le journal milanais dit que « dans le dif-
férend entre les deux grands peuples, nous som-
mes vraiment et honnêtement neutres; ce qui est
important, è'est que la paix européenne ne soit
pas troublée. » Enfin, le journal se félicite de voir
qu'un mandat de confiance ait été donné à des
troupes italiennes et particulièrement à des unités
répétés pour leur prestance, leur esprit de corps
et leur discipline.
.̃ Là commission de plébiscite
recommande une trêve de Noël
Dans un communiqué à la presse, la commis-
sion de plébiscite prie les partis politiques d'ob-
server une trêve de propagande et d'agitation du
23'àu 27 décembre. Elle leur demande de lui faire
parvenir avant le 19 décembre, leur réponso,
qu'elle espère affirmative et qu'elle publiera elle-
même le lendemain.
Départ de Germano-Américains pour la Sarre
Qp mande de New-York
Un millier d'Allemands résidant aux Etats-
Unis ou de Germano-Américains, dont 400 habi-
tent New-York, sont partis à bord du Bremen,
pour aller voter dans la Sarre.
Le New Jork Post signale que le convoi com-
prend une jeune fille japonaise ayant le droit de
participer au plébiscite, car elle résidait en Sarre
au. moment de la ratification du traité de Ver-
sailles. Les; votants ont été recrutés par M. Wënz,
secrétaire de la « Société new-yorkaise de la
Sarre s>, qui a dépensé près de iOO.OOO dollars,
L'accord financier de Rome
.•̃On- mande d'Amsterdam
•. M:- Jacques Rueff, directeur adjoint au mouve-
ment général des fonds au ministère français "des
finances, est attendu à Amsterdam où il vient
conférer avec M. Berger, délégué de la Hollande
au comité financier de la Société des nations, sur
tefe«m,odaJLités ̃d'application des accords de Rome
relatifs a la liquidation des intérêts français en
j§3rre au cas où le plébiscite serait favorable à
rÂllema'gne.
̃ ifiî> ♦
ils CONVERSATIONS NAVALES
On mande de Londres
Après la partie-4e_gplf, qui avait réuni samedi
sur. le terrain de Wàiton Heath Sir John Simon,
secrétaire d'Etat aux affaires étrangères; il. Mat-
sudeira, ambassadeur du Japon auprès de la cour
de Saint-James; M. Norman Davis, ambassadeur
extraordinaire des Etats-Unis, et l'amiral Stanley,
les personnalités anglaises, japonaises et améri-
caines ont eu un entretien de vingt minutes.
À la suite de cette entrevue, on -s'accorde à
considérer que la situation n'a pas été modifiée
et, à moins que le rapport japonais attendu de
Tokio n'apporte de nouvelles instructions ce
qui est très improbable, les pourparlers prélimi-
naires à la conférence navale seront ajournés
dans le courant de la semaine prochaine. Somme
toute, ainsi que le déclarait une personnalité
américaine à l'issue de la conversation de cet
.après-midi, «.-iLRÇ semble pas que Le cadavre
sôj£ eassugeité. »*. ̃
SOCIÉTÉ DES NATIONS
L'INCIDENT ITALOrABYSSlN
<,
Voici le texte de la 110 te que- le gouvernement
éthiopien a fait .parvenir au secrétaire général de
la Société des nattons :.̃
Addis-Abeba, 14 dé&embre.
Le gouvernement impérial a l'honneur de porter â
votre connaissance, pour être communiqué au conseil
et aux Etats membres, que, dès le 23 novembre der-
nier, la commission anglo-éthiopienne étudiant les pâtu-
rages de la province éthiopienne d'Ogaden, a été em-
pêchée par une force militaire italienne de continuer
ses travaux. Dès son arrivée à Ualual, situé à 100 kilo-
mètres environ, à l'intérieur de la frontière, le 5 dé-
cembre, une troupe italienne, avec tanks et des avions
militaires, a attaqué subitement et sans provocation
l'escorte éthiopienne de la commission.
Le gouvernement éthiopien a protesté par une note
du 6 décembre. Malgré cette' protestation, des avions
militaires italiens ont bombardé, trois jours après, Ado
et Gerlogibi, dans la même province.
A la protestation du 6 décembre et à la demande
d'arbitrage du 9 décembre, selon l'article 5 du traité
italo-éthiopien du 2 août 1928, le chargé d'affaires
Italien, sans tenir compte de la protestation, demandait
par note du 11 décembre une indemnité et une répa-
ration morale et, par une note en date du 14 décembre,
déclarait que son gouvernement ne voyait pas comment
ta solution d'un incident d'une telle nature pourrait
être soumise à une décision arbitrale.
En présence de l'agression italienne, le gouverne-
ment éthiopien appelle l'attention du conseil sur la
gravité de la situation.
Confirmation détaillée, et documentée suit.
Hebouy,
ministre des affaires étrangères.
Dès. qu'il a eu connaissance de la note du gou-
vernement d'Addis-Abeba, le secrétaire général de
la Société des nations en a accusé réception à Ce
gouvernement et en a informé télégraphiquement
le ^gouvernement de Rome.
En même temps, les dispositions ont été prises
pour- faire parvenir, selon le désir du gouverne-
ment abyssin, la note de ce dernier à tous les Etats
membres de la Société.
Notre correspondant particulier de Genève nous té-
légraphie
Si l'appel du gouvernement éthiopien était fondé
sur le paragraphe 1" de l'article 11 guerre ou
menace de guerre le secrétaire général aurait
le devoir de convoquer immédiatement le conseit.
C'est la procédure d'urgence. Dans le cas du para-
graphe .2, de ce même article, l'affaire viendrait
devant le conseil en sa prochaine session, prévue
pour le 11 janvier. Selon les mêmes indications,
le, gouvernement éthiopien a l'intention de saisv
le conseil, aussitôt qu'il aura acquis la certitude
que le gouvernement italien n'accepte vraiment
pas de soumettre cette affaire à une procédure
d'arbitrage. D'une manière générale on estime ici
qu'un dissentiment aussi grave entre deux Etats
membres de la Société devrait être soumis au con-
seil, de la même manière que l'on a procédé pour
la Sarre ou le- conflit yougoslave-hongrois. Ou
pense aussi que le gouvernement britannique, for-
tement intéressé, prendra une ferme attitude.
Enfin, on fait rem,anquer que jusqu'ici des inci-
dents du genre de celui qui s'est produit à Ualual
ont toujours été réglés par des négociations amia-
bles entre les deux parties. Il est signifioatif que,
cette fois, le gouvernement éthiopien ait déjà
senti la nécessité d'informer le conseil.
Déclaration du chargé d'affaires abyssin
à Rome
Le chargé d'affaiires abyssin à Rome a dédaté
hier à Ta presser
Les intentions pacifiques de l'Abyssinie sont égales à
celles de l'Italie. Nous ne voulons pas la guerre, mais
nous entendons bien maintenir nos droits et, pour
cela, nous n'avons pas d'autres moyens que de sou-
mettre la question en litige à un arbitrage. Il se peut
que les Italiens se soient installés à Ualual depuis
oinq ou six années, mais une telle tolérance de notre
part ne donne pas à l'Italie un droit quelconque sur
un territoire qui appartient à l'Abyssinie.
La thèse italienne
Notre correspondant particulier de Rome nous
téléphone dimanche matin 16 décembre:
La presse affirme que les plus graves inexac-
titudes circulent, dans les milieux internationaux,
autour de l'incident italo>-abyssin, et le Giornale
d'italia déclare que la localité d'Uallual appartient
a l'Italie.
Suivant l'article 5 de la convention de 1908, les
deux gouvernements s'engageaient à fixer prati-
quement sur le terrain et dans cette région, la
ligne de frontière entre la Somalie et l'Ethiopie.
Vingt-six ans ont passé sans que, sur ce point,
l'Ethiopie ait répondu aux insistances du gouver-
nement italien.
LA VISITE DES MINISTRES AUTRICHIENS
LA uùiih JJM miUùittM AumMiim
en Hongrie
On télégraphie de Budapest
M. Schuschnigg, chancelier d'Autriche, et
Aï. Berger-Waldenegg, ministre des affaires étran-
gères, ont quitté Budapest hier samedi soir. â
\"i heures. Ils ont été salués a la gare par le pré-
sident du conseil et 'lès membres du gouverne-
ment.
Avant de quitter Budapest, le chancelier
Schuschnigg a envoyé, avec le général Gœmbœs,
le télégramme suivant à M. Mussolini
Le chancelier d'Autriche et le président du conseil
hongrois saisissent avec joie l'occasion de leur entrevue
à Budapest pour vous exprimer leur chaleureuse et
sincère amitié, à vous qui êtes l'initiateur et le principal
protecteur des accords de Rome.
Le communiqué suivant a été publié à la suite
des. conversations de Budapest
Au cours de la visite de deux jours rendue par
MM. Schuschnigg et Berger-Waldunegg au gouver-
nement hongrois, les hommes d'Etat des deux pays
ont eu des entretiens particulièrement amicaux. Outre
les problèmes économiques, ils ont examiné les ques-
tions' politiques Intéressant les deux pays. Les conver-
sations furent empreintes de l'esprit des accords de
Rome, et ont permis de constater la parfaite corres-
pondance de vues dés représentants des deux nations.
Le chancelier Schuschnigg et le baron Berger-
Waldenegg ont fait des déclarations à la presse
au cours desquelles tous deux ont affirmé la con-
viction que le pacte de Rome a ouvert des voies
aux trois pays qui l'ont signé.
Le baron Berger- Waldenegg a insisté sur le
caractère essentiellement économique de la poli-
tique étrangère du gouvernement de Vienne et
exprime le- désir qu'a son pays non seulement de
vivre en paix mais de coopérer à l'affermissement'
des relations pacifiques sur l'ensemble du conti-
nent. ̃ --̃ "̃̃
Après avoir exprimé l'opinion que le pacte de
Rome est, en lui-même,' une garantie de paix
européenne, le baron Berer-Waldenegg a conclu:
Je" suis persuadé que la Hongrie est décidée à res-
.«wtor notre indépendance, et je crois que cette indé-
pendance, est à la base de la paix et de l'ordre en
Europe, centrale. '•"
Les relations extérieures d'un pays doivent être
basées sur ses intérêts économiques, à condition toute-
fois que l'honneur national soit sauvegardé. Nous autres
Autrichiens, nous voulons conserver notre indépendance.
Je suis heureux que la Hongrie estime !qoie l'indépen-
dance de l'Autriche est une condition du maintien de
la paix et de l'organisation économique du bassin
danubien.
D'autre part, notre correspondant nous téléphone,
dimanche matin de Vienne
La presse viennoise consacre de très chaleu-
reux-, commentaires au résultat de la visite à
Budapest.
La W iener Zeitunçu reprenant le texte du com-
muniqué officiel déclare
« L'échange d'idées entre les hommes d'Etat a eu
lieu dans l'esprit des protocoles romains et a montré
un complet accord de vues. »
Cette formule concise et nette résume un résultat im-
portant. On a brièvement fêté à Budapest la fraternisa-
tion de deux nations la visite officielle des ministres
autrichiens à Budapest constitue une importante étape
dans la voie de la consolidation ge la situation dans le
bassin danubien- ~>
Dans une interview qu'il a accordée au corres-
pondant de la Neue Freie Presse après la récep-
tion de la presse à l'hôtel Dunapalota, ie chance-
lier Schuschnigg a donné quelques détails sur
l'intensification de l'échange culturel projeté en-
tre les deux pays. On pense, entre autres, à un
échange entre l'Opéra de Vienne et celui de Bu-
dapest, à la création de cours de vacancçs scien-
tifiques où seront donnés, notamment, des cours
d'histoire et de droit, a un échange de professeurs
et d'élèves, à l'organisation d'expositions d'art, etc.
Lettre des Etats-Unis
TÉTATISME ET L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
(De notre correspondant particulier)
Washington, décembre 1934.
L'assistance fournie par le gouvernement aux
étudiants et aux établissements d'enseignement
supérieur ou semi-supérieur qui sont au nombre
de plus de cinq cents aux Etats-Unis ne constitue
pas un des aspects les moins curieux de la N.R.A.
On sait en effet qu'en dehors des universités sub-
ventionnées par les différents Etats de l'Union, et
dont le nombre est des plus restreints, la plupart
des universités ou des « colleges » américains sont
des établissements libres et autonomes, gérant
leurs propres fonds, organisant leurs, programmes
et décernant leurs diplômes sans contrôle exté-
rieur. Leurs ressources proviennent en partie des
revenus des legs et des dons qui leur sont faits
avec une grande générosité dans les périodes de
propérité, et en partie des droits d'inscription
souvent fort élevés et atteignant plus de cinq cents
dollars par an que payent les étudiants. Une dé-
pression aussi prolongée que celle que traverse;
en.ce ̃ moment l'Amérique ne pouvait manquer
d'avoir une répercussion marquée à la fois sur le
nombre des étudiants et sur les revenus dont dis-
posent les universités. De nombreux professeurs
ont été purement et simplement congédiés, les
dépenses ont été réduites au strict minimum, on
a remis à un avenir indéterminé la construction
de nouveaux bâtiments. Mais le fait n'en subsiste
pas moins que de nombreux établissements d'en-
seignement ne disposant que d'un capital réduit
et voyant à la fois les donations et les inscriptions
diminuer se trouvent dans une situation des plus
critiques.
C'est à ce moment que le gouvernement fédéral
a cru devoir intervenir. Par l'intermédiaire de
la Pulic Work Administration, PWA, dès le prin-
temps dernier, des sommes importantes ont été
mises à la disposition des établissements d'instruc-
tion supérieure pour la réparation des bâtiments
déjà existant et la construction de laboratoires.
D'autre part il fallait songer aux étudiants eux-
mêmes et aussi aux professeurs réduits à l'état da
chômeurs. Les mesures les plus variées ont été
prises pour remédier à cette situation. Dans do
nombreuses villes, les professeurs sans travail ont
pu organiser, grâce à l'octroi de subsides gouver-
nementaux, des « universités de la dépression »,
fréquentées surtout par des chômeurs appartenant
à la classe des employés qui peuvent y apprendre
la sténographie, les mathématiques, les langues
étrangères et même leur propre langue. Les ap-
pointements de la faculté sont des plus minimes et
les étudiants forment une population flottante de
niveau scolaire incertain; malgré leur nom impo-
sant, ces « universités » ne sont guère plus que
des cours d'adultes ou des cours du soir et n'ont
aucune chance de.devenir des établissements per-
manents.
D'autre part, les étudiants déjà inscrits dans
les universités et qui se trouvent dans l'impossi-
bilité de continuer leurs études et de s'acquitter
des frais .de. scolarité peuvent recevoir une somme
maximum de quinze dollars par mois et ont leurs
droits d'inscription payés parole gf uvernement En
théorie au moins, ils doivent fournir à l'univer-
sité une certaine quantité de travail utile, et les
besognes auxquelles ils sont employés sont des
plus variées. Certains revisent les catalogues ues
bibliothèques, établissent des index de périodiques,
aident à des enquêtes sociales ou à des expérien-
ces de laboratoire; tandis que d'autres s'acquittent
do tâches plus humbles, rincent des flacons ou
balayent des salles de cours. On estime qu'à l'heure
actuelle plus de 150,000 étudiants bénéficient de
ces bourses déguisées sans lesquelles ils devraient
joindre l'armée des sans-travail.
Le premier résultat, et non le moins curieux,
sera tout d'abord la compilation des statistiques
les plus étranges. Les jeunes enquêteurs circulent
dans les tramways et les autobus, un carnet à la
main, demandant à chaque voyageur à quelle rue
il est monté et à quelle rue il compte descendre.
combien de fois il prend le tramway par jour et
s'il a une automobile. D'autres vont de maison en
maison se renseignant sur le nombre de lampes
électriques, de prises de courant et d'appareils
employés par chaque consommateur. D'autres en-
core demanderont à chaque possesseur d'automo-
bile combien de kilomètres il fait en moyenne par
an et s'il compte acheter un nouvel appareil de
T.S.F.On en voit à la porte des théâtres et des ciné-
mas, de petits compteurs automatiques à la-niaini
essayant de déterminer le nombre d'hommes, de
femmes et d'enfants qui fréquentent un établisse-
ment déterminé, et qui ensuite dresseront de sa-
vantes courbes et des diagrammes imposants. Nul
ne sait exactement et sans doute nul né saura
jamais à quoi serviront les renseignements ainsi
obtenus; mais le public américain se prête avec
une bonne volonté et une bonne humeur inlassa-
bles à ces enquêtes qui lui donnent au moins l'il-
lusion que dans quelque bureau de Washington
de grands spécialistes s'occupent de l'organisation
scientifique et rationnelle de la vie américaine. Il
est fort probable du reste qu'aucun résultat pra-
tique ne sortira de ces enquêtes multiples; le goût
de la statistique semble être un trait national amé-
ricain mais fort heureusement une statistique
chasse l'autre, et l'Amérique de demain n'en sera
ni moins fluide ni moins déconcertante.
Un autre résultat, beaucoup plus inquiétant, est
que, de façon détournée, le gouvernement fédéral se
trouve porté à intervenir dans un domaine qui
jusqu'ici avait été laissé aux municipalités, aux
Etats et surtout à l'initiative privée. D'après les
dernières statistiques, les établissements d'ins-
truction supérieure, fréquentés par les jeunes
gens de plus de dix-huit ans, dépassaient le nom-
bre imposant de sept cents et ne comptaient pas
moins d'un million d'étudiants avec un budget to-
tal atteignant un demi-milliard de dollars par an.
C'était un luxe que pouvait se permettre l'Améri-
que en temps de prospérité, et la générosité des
donateurs semblait inépuisable; mais il y avait eu
une inflation incontestable dans le domaine uni-
versitaire comme en tant d'autres domaines.
Voyant à la fois le nombre dé leurs élèves payants
et leurs revenus fort diminués, nombre d'établisse-
ments jusqu'ici restés indépendants devront ré-
duire leur activité et même fermer leurs portes à
moins que le gouvernement ne vienne à leur se-
cours. -y-
Cette dernière solution, qui paraît" toute natu-
relle au moment où le gouvernement fédéral
inonde le pays de ses dons, n'est cependant pas sans
offrir de sérieux dangers. La tendance centralisa- f
triée de Washington ne date pas d'aujourd'hui, et"
depuis de longues années des tentatives répétées
avaient été faites pour créer un ministère de l'ins-
truction publique. Toujours elles s'étaient heur-
tées à une résistance obstinée et parfaitement
réfléchie. On sentait en effet que tant que l'instruc-
tion nationale resterait entre les mains d'autorités
localeï ou d'associations privées, on préserverait
dans la vie nationale ce caractère de variété, d'in-
dépendance et de flexibilité qui constitue' un des
aspeots les plus marquants de la civilisation amé-
ricaine. Si étrange pour un observateur français
que soit le manque d'uniformité qui prévaut dans
les programmes et dans la vie scolaires, il avait
cependant des avantages certains dont le premier
était d'adapter l'enseignement aux besoins locaux
ou régionaux. Nous sommes encore loin de la
mainmise du gouvernement sur l'éducation na-
tionale; mais les directeurs des universités et col-
lèges ne sont pas sans se rendre compte qu'il leur
sera impossible d'accepter longtemps des secours
gouvernementaux sans sacrifier quelque chose de
leur indépendance. Quelques-unes des plus ancien-
nes institutions comme Harvard ont pu refuser
l'assistance qui leur était offerte; mais bien rarea.
sont les universités qui ont pu se permettre ce
beau geste. Il reste à savoir si le public américain
comprendra le péril présenté par la situation ac-
tuelle et s'imposera les sacrifices nécessaires pour
maintenir cette décentralisation universitaire qui
a contribué plus que tout autre facteur à donner
son aspect unique k la vie nationale.
0JÛBEBJ GHDSABD.
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