Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1914-04-01
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 137484 Nombre total de vues : 137484
Description : 01 avril 1914 01 avril 1914
Description : 1914/04/01 (Numéro 19262). 1914/04/01 (Numéro 19262).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2417575
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
On s'abonne aux Bureaux du Journal, 5, RUE DES ITALIENS, A PARIS (9a), et dans tous les Bureaux de Poste
CINQUANTE-QUATRIEME ANNEE.– N" i9262
MERCREDI 1" AVRIL 1914
PRIX DE L'ABONNEMENT
PARIS, SEIHE et SHHE-ET-OISE. Tirai» mois, 14 t; Six mois, 28 6.; lia au, 5St.
DÉPART» «tAISACE-LOBBAIHE. XT te.; S44,; 68 4.
BHIQK POSTALE. 1S fr.J SSfr.; 73 b
LÏS ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un. imméro (à ï*arls) s I £5 centimes
Directeur politique Adrien Hébrard
Toutes les lettres destinées à la Rédaction doivent être adressées au Directeur
le Journal ne pouvant répondre des manuscrits communiqué»
prie les auteurs d'en garder copie
ADREsSE P4.IU!f ki~/
Adresse télégraphique TEMPS pair i S (g? f
PRIX DE L'ABONNEMENT
PARIS, SEINE et SEIHE-ET-OISE. Trois moi», 14 fr.; Sixmois, as tr.; tfn an, SS fr.
DÉPART" et ALSAOE-LOiRAIHE. IV fr.; 34 fc; SS fc
WIOll POSTALE lSfr.; SS fr. 7gft(
LES ASONKEMENTS DATENT DES ltf ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) 20 centimes
ANNONCES Société GÉNÉRALE DES ANNONCES, 8, place de la Bourse.
Le Journal et les Régisseurs déclinent toute responsabilité quant à leur teneur
IEIEPIOKE CINQ II G IV ES
Gutenberg 03.07 03.08 03.09 03.32 03.38
SOMMAIRE
'POUR LA R. P. APPEL AU SUFFRAGE UNIVERSEL.
LETTRE DE RUSSIE Russie et Roumanie, Oh.
RIVET.
PAGE 2
LES AFFAIRES D'ORIENT l'Action diplomatique.
NOUVELLES DE L'ETRANGER. Colonies- et protec-
torats.
Chambre l'Impôt complémentaire sur le revenu.
La Commission d'enquête sur l'af faire Ro-
chette.
PAGE 3
En Passant Jean-Louis, ensemblier, PIERRE
MlBLE..
Les Livres, PAUL Souday.
'Nouvelles du jour. Académie des sciences.
M. Poincaré à Eze-les-Pins, RAOUL Aubry.
PAGE 4
Une fête à la Villa Médicis, JEAN Carrère.
Faits-divers. Courrier historique Dans les
Jardins de l'Histoire. Art et curiosité.
Tribunaux. Théâtres le Rapport de M.
LintilhaC Sur l'Odéon.
PAGE 5
Informations commerciales et financières. ̃–
Bourse.
PAGE 6
DERNIÈRES Nouvelles Conseil des ministres.
r– Les élections et la séparation des Chambres.
̃ A la Fédération des, gauches. La Commis-
aion d'enquête sur l'affaire Rochette. M. G.
Téry contre M. Thalamas. Chambre et Sé-
nat. Les AFFAIRES D'ORIENT. Nouvel. inci-
dent russo-allemand, etc.
Paris, 31 mars
BULLETIN DE L'ÉTRANGER
LE HOME RULE
ET L'ARMÉE BRITANNIQUE
Coup de théâtre à Londres M. Asquith, pre-
mier ministre d'Angleterre, prend le porte-
feuille de la guerre. A lui seul, ce fait marque
la gravité de la situation, puisqu'il faut re-
monter jusqu'à 1873 pour trouver un cas ana-
logue. Gladstone réunit à cette époque la charge
de premier ministre à celle de chancelier de
l'Echiquier sans parvenir néanmoins à évi-
ter la dissolution qui ramena au pouvoir les
conservateurs. Ce précédent est inquiétant pour
les libéraux. Mais la situation des unionistes
n'est peut-être pas beaucoup meilleure, car leur
tactique a fait surgir inopinément devant la
nation le problème de l'armée.
Les motifs qui ont amené M. Asquith et ses
collègues à prendre cette importante décision
sont clairs. Le maréchal French, chef d'état-
major général, et le général Ewart, qui avaient
signé avec le colonel Seely le malencontreux
engagement de ne pas employer les troupes
contre l'Ulster, ont cru devoir démissionner
à la suite du démenti que leur a infligé le gou-
vernement. Cette démission a aussitôt rendu
inévitable celle'du colonel Seely, que le cabi-
net avait d'abord refusée. Peut-être entraînera-
t-elle également celle de lord Morley. Pour
apaiser l'émotion créée dans le Parlement
comme dans l'armée par cette série de fausses
manœuvres, il fallait que le successeur du co-
lonel Seely fût investi d'une autorité excep-
tionnelle. M. Asquith l'a compris et n'a pas
hésité à prendre sur ses épaules les lourdes
responsabilités de l'heure présente.
Cet acte d'audace sauvera-t-il toutefois le ca-
binet ? C'est douteux. La venue de M. Asquith
au War office produit sans doute une excel-
lente impression, même dans les rangs unio-
nistes. Le correspondant militaire du Times, le
colonel Repington, écrit ce, matin
L'armée estimera hautement cet acte d'abné-
gation et de' courage et l'on peut affirmer avec
certitude que parmi les conseillers de Sa Majesté
il n'est pas un ministre qui sera mieux accueilli,
non parce qu'il est premier ministre, mais parce
que sa capacité et sa modération le distinguent
parmi tous ses collègues et permettent d'espérer
non seulement un apaisement des passions politi-
ques.mais une administration efficace à l'intérieur
du War office lui-même.
Il n'en reste pas moins que le cabinet
reste pris entre les déclarations qu'il a faites
aux Communes et les promesses que les chefs
de l'armée ont arrachées à l'un de ses mem-
bres; qu'il est obligé de faire voter le Home rule
FEUILLETON DUDU 1" AVRIL 1914 <16>
CATHERINE
DEUXIEME PARTIE
I Suite
Voilà, cela coûtait trois cents francs,
ïnais on en avait pour la vie. Et quand il y
avait une noce, les femmes n'avaient point
besoin de faire èndéver leurs maris pour avoir
une robe neuve. On sortait la robe de soie, et
on installait lé châle.
Ce ne devait pas être commode pour
danser, observa Catherine.
-r- On l'enlevait le soir. Mais dans la jour-
née, ma fille, c'était beau de voir sur le che-
min de l'église et de la maison ces châles de
toutes les couleurs qui brillaient au milieu dès
arbres.
Grand'mère, je voudrais essayer ton
châle! 1
Viens, ma petite, tourne-toi. Il est un peu
grand pour toi, prends garde de marcher des-
sus. Attends que je fasse bien les plis. Oh!
comme tu es plaisante! Mais c'est égal, cela
irait moins bien aux petits bouts de femme
d'aujourd'hui. On fait bien de n'en plus met-
tre.
La dame du pharmacien, observa Mme
Michotte, s'en est fait faire une robe de cham-
bre elle aurait mieux fait d'en draper soa
piano pour éviter de couper. `
Mais Catherine n'entendait plus; à petits pas
embarrassés, elle s'éloignait à travers le jar-
din, où grand-père Der>vignes âtait allé lire son
journal. De loin, sous son berceau où l'aristo-
loche commençait à prendre ses feuilles, il re-
gardait venir sa petite-fille ainsi déguisée, et il
riait avec un peu d'attendrlsserient, comme
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adap-
tation réservés pour tous pays.
Copyright by, Claude Fracchet. 1914, .̃
tout en se rend~)9ê$~~a~g compte que ce
tout en se ren^nÇÎSê^mare compte que ce
Home rule ne polîmè^lrerimposé à l'Ulster;
que son existence, en un mot, est suspendue à
une équivoque, et partant, demeure précaire.
Dans ces conditions il évitera difficilement le
recours à l'électeur.
̃ Où en sont d.'autre part les unionistes? En
un sens, ils ne peuvent que se féliciter de l'em-
barras où ils ont placé le cabinet. La question
irlandaise leur offre, devant l'électeur, un ter-
rain de bataille sensiblement préférable à ce-
lui du Tariff reform. Si le gouvernement en
vient à une dissolution, les adversaires du Home
rule auront donc une excellente occasion de
tenter la chance. Mais à force de prêcher la
révolte à l'Ulster, ils ont eu le malheur de po-
ser devant l'opinion la redoutable question la
volonté de l'armée doit-elle prévaloir sur celle
des représentants de la nation? Et voilà leur
partie singulièrement compromise. Ils savent
ce qu'il leur en a coûté, en 1910, de se présen-
ter devant le pays « avec les Lords sur le
dos ». Cette fois, les démissions de l'état-ma-
jor pourraient bien leur jouer un plus mau-
vais tour encore.
Est-il besoin d'ajouter que le spectacle de ces
dissensions est profondément pénible à l'opi-
nion française? Nous avons nous-mêmes trop
de soucis intérieurs pour oser nous étonner de
ceux du voisin. Mais nos propres expériences
nous ont appris combien il est dangereux de
faire de l'armée l'enjeu de la lutte des partis.
,Puissent nos amis d'outre-Manche ne pas re-
nouveler nos fautes! Peut-être, après' tout; n'est-
il pas trop tard pour que les adversaires, rap-
prochés par les mêmes craintes patriotiques, se
tendent enfin la main.
L'INQUISITION FISCALE
LE COUTEAU SUR LA GORGE
Hier, la Chambre, cédant aux instances du
gouvernement, a décidé d'incorporer à la loi de
finances relative au budget de 1914 le nou-
veau projet d'impôt personnel et progressif sur
le revenu, élaboré par la commission du budget
et publié par elle il y a cinq jours à peine. Cette
décision n'a même pas nécessité un vote. Com-
battue par M. Louis Dubois, dont le savoir n'est
plus à louer et dont le talent grandit chaque
jour, elle avait donné lieu de la part de ce
vigilant, à une demande de renvoi à la commis-
sion du budget. Mais cette demande se vit re-
tirée, devant une autre proposition de M. Klotz
tendant à ce que la Chambre achevât de voter le
budget de 1914, sauf à discuter, aussitôt après
la loi de finances, l'impôt sur le revenu, pen-
dant que le 'Sénat s'occuperait du budget.
Le président du conseil a refusé d'accepter
cette méthode de travail. Le gouvernement veut
dans la loi de finances l'impôt personnel sur
le revenu « C'est, dit M. Doumergue, le seul
moyen d'arriver à le faire voter. » Mais M.
Klotz ayant cru comprendre que devant le Sé-
nat le président du conseil poserait la question
de confiance sur le maintien de l'incorporation
exigée par le gouvernement, l'ancien ministre
des finances n'a pas insisté davantage. Voici
en quels termes le compte rendu officiel de
la séance rapporte l'incident
M. Klotz. Monsieur le président du conseil,
vous venez d'engager d'une façon grave, permet-
tez-moi de vous le dire, la responsabilité du gou-
vernement. Vous nous demandez de voter dans un
délai très rapide l'impôt sur le revenu.
Le président du conseil. Parfaitement.
M. Klotz. .de l'incorporer dans la loi de fl-
nances.
Le président du conseil. Parfaitement.
M. Klotz. .et d'envoyer le budget au Sénat
dans le plus bref délai.
Il est donc entendu, monsieur le président du
conseil, que vous ferez effort auprès de l'autre As-
semblée pour qu'avant les élections- le budget de
1914, contenant l'impôt sur le revenu, soit adopté.
C'est ainsi seulement que vous pratiquerez une po-
litique de réalisation. Vous en avez pris l'engage-
ment notre responsabilité à nous est dégagée e,t
je retire ma motion. (Très bien! très bien! au
centre et sur divers bancs à gauche. Exclamations
à l'extrême gauche.)
Ainsi le Sénat est menacé, d'avoir à voter
ensemble le budget de 1914 quel budget!
et l'impôt sur le revenu. Mais quel impôt
sur le revenu? Il est curieux de voir comme
on en prend à l'aise avec la vérité historique!
Le président du conseil a dit hier « Le Sé-
tout à l'heure sa vieille femme en songeant au
passé. 't 1\,r d. Il
Catherine aussi riait. Mais soudain elle s'ar-
rêta, interdite sur le chemin qui longeait le
jardin, au delà de la haie, un jeune homme
qu'elle ne connaissait pas était arrêté et la re-
gardait de ses yeux grand ouverts, et pleins
d'admiration étonnée. Se voyant découvert, il
rougit un peu, salua et s'en alla. Catherine
elle-même était devenue presque aussi rouge
que son châle cramoisi. Grand-père n'avait
rien vu.
Il paraît que les Bossu ont à la noce un
Parisien de plus, dit le grand-père le matin
même, se promenant affairé à travers les
chambres. C'est un camarade de régiment de
Vincent, un garçon bien de sa famille, et que
le gars avait invité sans croire qu'il viendrait.
Il est arrivé jeudi et on est bien en peine pour
lui trouver une fille de fête. La Marie voulait le
mettre avec toi, Catichette, mais elle n'a pas
osé te le demander, de peur de te contrarier.
Et lui-même a dit qu'il ne voulait pas s'impo-
ser sans avoir été présenté.
Catherine devint toute rouge. Si ce jeune
homme avait besoin d'être présenté, c'était seu-
lement pour faire savoir son nom, car pour ce
qui était du reste, elle n'aurait point été en
peine de le reconnaître dans une foule. Bien
des fois depuis jeudi il était passé le long de
la haie, glissant un coup d'œil vers le jardin
du grand-père et tâchant d'apercevoir la jeune
fille qui se cachait. Car elle n'aurait su dire
pourquoi, mais les grands yeux curieux la gê-
naient affreusement. Elle le regardait pour-
tant, elle aussi, sous son rideau. Elle savait
qu'il était grand, qu'il avait belle mine, de
beaux yeux bruns très longs et des mains de
demoiselle, enfin qu'il portait une petite barbe
fine et des cheveux bouclés.
Elle s'était bien doutée qu'il 'était là pour la
noce. Mais, toujours sans savoir pourquoi, elle
n'aurait pas voulu en apprendre davantage en
interrogeant Benoîte par exemple, et la même
crainte inconsidérée lui fit répondre vivement.
Ah! non, j'aime mieux le gars Benjamin! 1
Grand'mèrev étonnée; regarda sa fille. Même
au frère de Julien, elle ne marquait pas d'ha-
bitude une telle amitié; quoi qu'elle en fît, et
toute bonne pourtant, elle avait parfois à son
égard de petits airs de demoiselle.
Grand-père hasarda une réflexion
Mais c'est qu'il aimerait peut-être mieux
sa bonne amie, le gars Benjamin l
Alors Catherine fit la mouec
nat a disjoint du projet dont il était saisi tous
les titres qui se rapportaient à l'impôt com-
plémentaire sur le revenu. Le devoir, du gou-
vernement était clair; il n'y pouvait pas man-
quer. Il devait déposer sur le bureau de la
Chambre un projet de loi permettant à celle-
ci d'incorporer dans la loi de. finances l'impôt
sur le revenu promis depuis si longtemps et
non encore réalisé. »
En fait, le projet d'impôt sur le revenu ap-
porté par le gouvernement le 2,0. mars diffère
des projets précédents, et le projet apporté
par la commission le 20 mars diffère de celui
du gouvernement. Sous le nom d'impôt sur le
revenu, les projets les plus divers se succè-
dent depuis une vingtaine d'années. L' « im-
pôt sur le revenu » est une formule qui abrite
les visées les plus opposées, depuis l'idée
d'une réforme fiscale réelle jusqu'à celle d'une
confiscation sociale par l'établissement d'un
casier fiscal préparant toutes les expropria-
tions sans indemnité. Parler de « l'impôt sur
le revenu promis depuis si longtemps », c'est
employer une formule vide de sens, trompe-
l'œil commode pour une campagne électorale,
mais ombre flottante et vaine s'il s'agit de dis-
positions effectives à mettre en forme de loi.
Le projet élaboré par la commission du bud-
get, avec la collaboration de la commission de
législation fiscale, a fait l'objet d'un rapport
plus que sommaire de M. Clémentel, et d'un se-
cond rapport, non moins insuffisant, de M. Jean
Javal, publié ce matin seulement.- Ce dernier
document est moins un rapport parlementaire
qu'une diatribe contre les républicains hostiles
à tout impôt personnel. Ils sont bel et bien ex-
communiés. Qui a le malheur de repousser l'im-
pôt personnel' est nettement chassé de l'Eglise
orthodoxe. Pour M. Jean Javal, la « doctrine
permanente du parti républicain », c'est l'impôt
personnel; et le rapporteur n'hésite pas à écrire
ceci
« Pourquoi le parti républicain est-il aussi
indéfectiblement attaché à l'impôt personnel,
dont l'établissement lui suscite tant de difficul-
tés, et rencontre tant d'obstacles? C'est parce
que l'impôt personnel, seul entre tous, est assis
sur l'ensemble des facultés contributives,et que
par suite, seul entre tous, il permet de tenir un
compte équitable à la fois des moyens réels
dont le contribuable dispose, et des charges
obligatoires qui lui incombent. En un mot, seul
entre tous, il répond à la Déclaration des droits
de l'homme, qui a prescrit de répartir l'impôt
entre tous les citoyens, « en raison de leurs
facultés ». On ne se moque pas plus galam-
ment du monde.
L'une des raisons les plus profondes de la
Révolution française fut l'abolition des odieux
impôts personnels de l'ancien régime. L'im-
pôt sur les choses fut substitué à l'impôt sur les
personnes. Les républicains les plus sûrs furent
fidèles à cette réforme fondamentale. Henri
Brisson, que les républicains considèrent com-
me l'un de leurs chefs les plus vénérés, eut ce
programme
Limitant volontairement-nôtre effort, nous yo«-
drions voir le Parlement s'attacher à deux réfor-
mes principales.
La première est la réformée fiscale.
Le gouvernement vous demandera, par un pro-
jet de loi spécial, de supprimer la contribution
personnelle-mobilière et l'impôt des portes et
fenêtres, et de les remplacer par un' impôt sur le
revenu, qui, fondé sur Ses signes extérieurs de la
fortune, sans vexation ni inquisition d'aucune
sorte, sera dégressif, de manière à assurer à la
masse totale des petits contribuables de larges dé-
grèvement*, allant même jusqu'à une exemption
à la base.
Le vrai programme républicain, le voilà.
Comment ose-t-on le répudier comme on le
fait? En tout cas, il faut une certaine audace
pour prétendre imposer au Sénat l'adoption
de projets improvisés, à l'appui desquels les
commissions compétentes de la Chambre
n'ont même pas eu le temps d'apporter une
étude. Grâce à l'abnégation et à l'activité de
la commission sénatoriale des finances, le Sé-
nat serait à la rigueur en état de voter le bud-
get, avant la séparation des Chambres, si la
loi de finances lui était dès à présent ren-
voyée. M. Peytral l'a déclaré hier au Sénat.
Mais ce qu'il ne peut faire, c'est ratifier
les yeux fermés le bouleversement fiscal ar-
tiflcieusement glissé dans la loi de finances.
Le gouvernement compte vaincre les résis-
tances légitimes de la haute Assemblée en lui'
Eh bien, il l'aura, sa bonne amie, et moi,
je n'ai besoin de personne
Mais ce fut tout agitée qu'elle se mit à sa
toilette, fit mousser ses cheveux, tapota sa robe
blanche qui tombait à plis gracieux autour
d'elle. Puis, quand elle fut prête, bien avant la
maisonnée, elle se mit à relire la lettre qu'elle
venait de recevoir de Julien.
« Amuse-toi, ma chérie; ne songe pas à t'en-
nuyer de moi, puisque nous nous verrons dans
quelque temps; écris-moi bien tout ce qui s'est
passé à ta façon si amusante, et je croirai t'a-
voir accompagnée. Surtout, ne me fais pas
d'infidélités avec Benjamin. »
A cette innocente plaisanterie, Catherine
hoche la tête, mécontente. Quel goût, de parler
ainsi de ces choses Elle le gronderait bien,
quand il viendrait. Et puis, il voulait une lon-
gue lettre qu'aurait-elle donc à lui raconter?
Que le fricot était bon, que la Marie était une
belle mariée, que grand-père avait fait un pe-
tit discours au vin bouché, qu'il y avait des
Parisiens à la noce? Catherine se sentait de
l'humeur. Elle s'en prenait donc à Julien. En-
fin, on verrait
Vers dix heures, les cloches carillonnant à
toute volée, on vit entrer le gars Benjamin, se
balançant sur ses jambes, les cheveux pleins
de pommade, le sourire épaté jusqu'aux oreil-
les, et les bras ballants terminés par d'énor-
mes gants de peau blanche dont il offrait
l'hommage à Mlle Catherine. C'était mère
Pimpernelle-qui en avait décidé ainsi, et les
avait fait venir d'un grand magasin de Paris,
sur catalogue.
Benjamin aurait peut-être été bien con-
tent d'avoir sa bonne amie comme fille de fête,
mais il n'était pas fâché non plus d'accompa-
gner Catherine. Amusée, elle lui prit le bras.
Ils quittèrent la maison, grand-père et
grand'-mère suivant, et la Benoîte sur le seuil,
qui se préparait à courir avec les autres fem-
mes sur la place de l'Eglise.
Etes-vous gentille comme ça, mam'zelle
Catherine! Vous voilà déjà en mariée! Enfin,
ça viendra!
Les « fétéieux » se réunissaient chez la mère
Bossu. La cour de la ferme avait été soigneuse-
ment rappropriée avec de gros balais en bran-
chettes de bouleau, dont quelques brins déta-
chés traînaient çà et là. L'étable aux vaches
ayant été fermée, on ne voyait pas les bêtes,
mais dans un coin de la cour un énorme tas de
fumier attestait la richesse de la maison.Quand
il y a un gros tas de fumier, il y a beaucoup de
bêtes: beauemm de bâtes, beaucoup de natures
montrant le pays sans budget. Mais si la Cham-
bre s'obstine à lier au budget l'impôt sur lé, re-
venu, la responsabilité des nouveaux douzièmes
provisoires devenus nécessaires incombera
toute à la Chambre. Le Sénat ne saurait, sans
trahir les grands intérêts nationaux dont il a
la garde, se soumettre, abdiquer, livrer la Ré-
publique aux fantaisies d'une Chambre ex-
pirante. On se trompe en s'imaginant qu'on le
fera vot'er le couteau sur la gorge.
Pour la R. JP.
APPEL
AUV.
Suffrage universel
Le groupe parlementaire et les comités
proportionnalistes qui ont mené, dans le Par-
lement et dans le pays, la campagne pour la
réforme électorale,
Considérant qu'aux élections de 1910, près
de cinq millions de suffrages s'étaient pro-
noncés en faveur de la représentation pro-
portionnelle
Que, de 1910 à 1914, la Chambre, à trois re-
prises, par une majorité constante de plus
de 120 voix, a tenu l'engagement qu'elle avait
contracté envers les électeurs; i
Mais que, par deux fois, cet effort s'est
heurté et brisé à la résistance du Sénat;
Qu'il importe que le dernier mot reste au
suffrage universel,
DÉCLARENT
Que si les proportionnalistes des divers
partis, comme ils l'ont toujours affirmé, ré-
servent, sur les directions mêmes de la po-
litique, leur pleine et entière liberté d'opinion
et .d'action, ils demeurent unanimes à penser
que cette réforme est plus que jamais néces-
saire, qu'elle est la condition de la vie, de
l'indépendance et de l'organisation des par-
tis, de la probité des mœurs politiques, de la
dignité du régime parlementaire, de la sin-
cérité du suffrage universel, qu'elle est d'ail-
leurs la clef de toutes les grandes réformes;
EN CONSÉQUENCE,
Ils demandent à tous les électeurs parti-
sans de la réforme électorale de consacrer
par leurs suffrages le projet fondé sur les
principes suivants, adoptés à l'unanimité par
la réunion plénière du groupe et des comi-
tés
Scrutin de liste avec représentation pro<-
portionnelle.
Circonscriptions aussi larges que possible.
Répartition des siêgcs par le procédé du
quotient calculé sur le nombre des suffrages
exprimés.
BUREAU DU GROUPE PARLEMENTAIRE
Charles Benoist, président; F. Buisson, Cha-
nb%Bènys Cèûhin, Gï'oussàu, Jaurès, de Lauos-
saïî; Lannes de Montebello, Mauger, Millerand,
J. Reinach, J. Thierry, Vaillant, vice-présidents;
M. Braibant, Duclaux-Monteil, A. Groùssier,
questeurs;. Lefas, trésorier; Aubriot, Auriol,
Bonnefous, Bussat, Dansette, Delory, Failliot,
Abel Fèrry, R. Heuzé, Lauche, Ch. Leboucq, de
La Sorte, Ellen Prévot, Tournade, Emile Vin-
cent, secrétaires.
COMITÉ RÉPUBLIOAIN DE LA R. P.
Ûenri Bergson, de l'Académie française, pré-
sident de l'Académie des sciences morales et po-
litiques H. Berthélemy, professeur à la faculté
de droit de Paris; A. Billot, ambassadeur de la
République française; professeur R. Blanchard,
de l'Académie de médecine; Gaston Bonnier, de
l'Académie des sciences; professeur Ch. Bou-
chard, de l'Académie des sciences et de l'Acadé-
mie de médecine; Jean Bourdeau, de l'Académie
des sciences morales et politiques; E. Briat,
membre du conseil supérieur du travail; Adol-
phe Carnot, de l'Académie des sciences; M. Caul-
lery, professeur à la faculté des sciences; Fran-
cis Charmes, de l'Académie française, directeur
de la Revue des Deux Mondes; Chaumat, mem-
bre du conseil de l'ordre des avocats; A. Chu-
quet, de l'Académie des sciences morales et po-
litiques A. Dastre, de l'Académie des sciences
et de l'Académie de médecine; V. Delbos, de l'A-
cadémie des sciences morales et politiques; Lu-
cien Derode, ancien président de la chambre de
commerce de Paris; Jules Dietz, avocat à la
cour d'appel; A. Espinas, de l'Académie des
sciences morales et politiques; Fernand Faure,
professeur à la faculté de droit, directeur de la
Revue politique et parlementaire; Jacques
Flaeh, de l'Académie des sciences morales, et po-
litiques; A. Gosset, ancien président de l'ordre
et beaucoup de champs à fumer; beaucoup de
bêtes, de pâtures et de champs, tout cela c'est t
du bon bien. p es
Deux bouleaux avaient été plantés à la
grande porte charretière, deux sapins enca-
draient l'entrée de la maison. Sur le'seuil, se
tenait la grande Marie, cramoisie sous son
voile, tant elle s'était ce matin lustrée et frottée
à la savonnette; à côté d'elle Vincent, en habit
à longue queue, semblait une corneille prête
à s'envoler, et derrière eux la mère Bossu, en
robe de soie de sa propre noce et mantelet de
jais, s'essuyait les yeux en rappelant son dé-
funt.
Que coups qu'il aurait bus, le cher hom-
me, un jour comme celui-ci!
Mais elle s'arrêtait aussitôt, pour donner de
sa paume rude un coup sur la robe de la ma-
riée, ou replacer le voile.
Quand tous ceux de la noce furent arrivés,
et las de se regarder, les hommes en se dandi-
nant, les femmes en se rengorgeant dans les
brides de leurs chapeaux, le cortège tenta de
se former.
Ce fut une grosse affaire; violoneux en tête,
la mariée prenant le bras de son futur beau-
père, Vincent offrant le sien à la mère Bossu,
les garçons et les filles d'honneur venant der-
rière, cela allait encore, mais pour les parents
et les amis, le protocole est moins rigoureuse-
ment établi; alors il y avait des discussions de
politesse, sdes*- « Passez-donc! » des « Excu-
sez qui auraient réjoui Catherine dans son
coiS^si son rire ne s'était soudain changé' en
petite angoisse, à voir « le Parisien » arriver,
menant respectueusement à son bras Jeanne
Reghaut, la bonne amie de Benjamin.
« II l'a fait exprès », se dit-elle, avec un pin-
cement au cœur, dont elle n'aurait su dire s'il
était d'effroi ou d'obscure joie inavouée.
Mais pourtant, elle se trompait. C'était la
Jeanne elle-même qui dans sa malice avait
trouvé ce moyen de joindre son galant avant la
fin de la journée.
« Ils seront mieux ensemble, s'était-elle dit,
et nous deux aussi ».
Et dans le cortège, elle vint tout juste se pla-
cer derrière Catherine, qui sentait sur son cou
les regards appuyés du jeune homme.
On s'entassa dans la mairie, où papa Desvi-
gnes prit quelques instants son caractère offi-
ciel. Catherine voyait par la fenêtre les haies
et les vergers tout fleuris.
« Ce sera par un jour pareil, pensa-t-elle, que
j épouserai Julien; je veux du soleil d.oux, et
des fleurs à ma noce. »: d •
des avocats au Conseil d'Etat et à la Cour de
cassation; Louis Gotteron, ancien sénateur; J.
Harmand, ambassadeur de France- honoraire;
Auguste Isaac, président honoraire de la cham-
bre de commerce de Lyon; Georges Jouanny,
président du comité central des chambres syn-
dicales Georges Lachapelle, homme de lettres,
secrétaire général du comité; Bernard Lavergne,
Max Leclerc, éditeur; Georges Lecomte, prési-
dent de la Société des gens de lettres; Paul Le-
roy-Beaulieu, Raphaël-Georges Lévy, André
Liesse, Ch. Lyon-Caen, de l'Académie des scien-
ces morales et politiques; Georges Leverdier,
président de la chambre de commerce de Rouen;
Henri Lichtenberger, professeur à la Sorbonne;
L. Mangin, de l'Académie des sciences; Georges
Perrot, secrétaire perpétuel de l'Académie des
inscriptions et belles-lettres; Emile Pluchet,
président de la Société des agriculteurs de
France, ancien président de la Société nationale
d'agriculture; Georges Renard, professeur au
Collège de France; Théodule Ribot, Maurice Sa-
batier, de l'Académie des sciences morales et po-
litiques Maurice Vernes, directeur à l'Ecole des
hautes études; Pierre Viala, de la Société natio-
nale d'agriculture; P. Vidal de la Blache, André
Weiss, de l'Académie des sciences morales et po-
litiques Ernest Cartier, ancien bâtonnier de
l'ordre des avocats; Anatole France, de l'Acadé-
mie française; professeur Ch. Richet, de l'Aca-
démie des sciences et de l'Académie de méde-
cine Villemin, président de la fédération natio-
nale du bâtiment.
LIGUE POUR LA REPRÉSENTATION
PROPORTIONNELLE
Yves Guyot, ancien ministre, président; Louis
Mill, ancien député; Léon Philippe, directeur ho-
noraire au ministère de l'agriculture; Emma-
nuel Vidal, publiciste, membre du comité direc-
teur.
LIGUE RADICALE
ET RADICALE SOCIALISTE DE LA R. P
J.-L. Bonnet, vice-président; E. Desvaux, con-
seiller municipal de Paris, vice-président; A. Do-
minique, secrétaire; J. Durand, avocat à la cour
d'appel, membre du comité directeur.
COMITÉ EXTRAPARLEMENTAIRE
DE LA R. P.
Henry Lémery, avocat à la cour d'appel, pré-
sident Maurice Colrat, directeur de Y Opinion,
vice-président; Alexandre Varenne, ancien dé-
puté, vice-président; J. Quantin, publiciste, se-
crétaire général; Ernest Lafont, secrétaire; R.
Calary-Lamazière, trésorier; Ch. Azard, Henri
Bazire, Héliès, A. Lacan, Jean Longuet, André
Morizet, L. Patissier-Bardoux, ancien avocat au
Conseil d'Etat et à la Cour de cassation; Ernest
Poisson, Pierre Renaudel, Daniel Renoult, H. Sel-
lier, André Souply, J. Uhry, A. Lebey, Camélinat,
ancien député; L. Dubreuilh, secrétaire du parti
socialiste; Maxence Roldes, M. Cachin, conseil-
ler municipal de Paris; Mauss, directeur à l'E-
cole des hautes études; Salembier, ancien maire
de Calais.
ONT ADHÉRÉ LES DÉPUTÉS
DONT LES NOMS SUIVENT
Aisne Desjardins, Forzy, Haûet, Ringuier.
Allier Brizon, Ch. Dumas, Mille, Thivrier.
Alpes (Basses-) F. Deloncle, J. Reinach. AL-
pes (Hautes-) Toy-Riont. Alpes-Maritimes
Lairolle, Raiberti. Ardèche Duclaux-Monteil,
de Gailhard-Bancel, J. Roche. Ardennes Al-
bert Poulain, Dunaime, M. Braibant, Doizy, Gal-
lois. Aube Bachimont, Berniolle, Nicolas,
Théveny, Thierry-Delanoue. Aude Aldy.
Avayron Augé, Cabrol, Cibiel, Gaffier, Massa-
buau.
Bouches-du-Rhône Bouge, Bouisson, Cade-
nat, Chanot, Chevillon, A. Lefèvre, Sixte-Que-
niu, J, Thierry.
Calvados Delafosse, Engerand, Gérard, Flan-
din, Laniel. Cantal Bbry, Fesq. Charente
de Lanessan, Voyer. Cher E. Dumas, Mauger.
Corrèze Doussaud. Corse Adriani, Landry,
Dominique Pugliesi-Conti. Côte-d'Or Hé-
bert, Lefol, Em. Vincent. Côtes-du-No7-d de
Chappedelaine, Meunier-Surcouf.
Dordognc Bèauchamps. Doubs de Mous-
-ïier. Brome Roux-Costadau. Eure de
Boury, P. Josse.
Finistère Daniélou, Goude, Hugot-Derville,
Paul Simon, Soubigou.
Gard Bourguet, Compère-Morel, Hubert-
Rouger, de Ramel. Garonne (Haute-) Au-
riol, Bougues; Bedouce, Ellen Prévot. Gers
Sàmalens. Gironde Ballande, Borderie, Ca-
melle, Cassadou, Chaumet, d'Elissagaray.
Hérault Barthe, P. Leroy-Bcaulieu, Molle,
Reboul.
Ille-et-Vilaine du Halgouet, de Kernier, Le-
fas, Porteu. ̃ Indre Fougère, Patureau-Mi-
rand. Indre-et-Loire Emile Faure. Isère
Brenier, Dubarle, Janin, Mistral, Raflln-Dugens.
Jura Berthod.
Loir-et-Cher A. Rivière. Loire Arbel,
Boudoint, Déchelette, Gilbert.Laurent, Lépine. t
Loire (Haute-) Joseph Durand, Néron. Lot
J. Cels. Lot-et-Garonne Soussial. Lozère
J. Piou.
Maine-et-Loire duc de Blacas, de Grandmai-
son, Monprofit. Manche Dior. Marne
Lannes de Montebello. Mayenne Dutreil, de
Hercé, de Villebois-Marcuil. Meurthe-et-Mo-
selle Driant, Ferri de Ludre, Marin. Meuse
A. Thiéry. Morbihan de l'Estourbeillon, Fo-
rest, Lamy, de Lanjuinais.
Nièvre Ch. Heuzey, Jousselin. Roblin.
Nord Bouvier, Henry Cochin, Dansette, Da-
vaine, Delory, Daniel Vincent, Dron, Dubled, AI-
Mais elle fut interrompue dans ses réflexions
par un bruit de sanglots; c'était la mère Bossu
qui éclatait et aussi la mère Michaut, toutes
deux faisant l'offrande de leurs larmes aux
divinités contraires. A l'église, ce fut un dé-
luge, les tantes s'en mêlèrent, le père Michaut
devint tout enroué; on l'entendait grommeler
au fond de son gosier; la grande Marie elle-
même roulait des ruisseaux sur ses joues tou-
jours plus luisantes, et M. le curé ayant fait
un beau prêche, peu s'en fallut que la noce en-
tière n'eût l'air, aux chants près, d'un enterre-
ment. Si Catherine n'avait été témoin de l'émo-
tion des dames au jour de ses fiançailles, elle
n'aurait jamais compris que l'on pût tant pleu-
rer en des conjonctures pourtant si heureuses.
Mais une surprise inattendue vint faire di-
version. On vit, à la fin de la cérémonie, M. le
curé s'installer devant le vieil harmonium qui
poussa quelques gémissements. Puis du fond
de l'église, une voix s'éleva, une voix d'homme
ample et chaude, qui à la place des chantres
entonnait le Te Deum, comme un hymne ailé;
et ce fut soudain aux assistants comme si les
voûtes de la pauvre église s'entr'ouvraient, et
que leur âme montât avec le chant bien haut,
vers des gloires célestes.
Puis au chant de victoire succéda un chant
doux, d'une pureté et d'une expression singu-
lières, où semblaient passer toutes les heures
profondes et tranquilles des amours familiales
et de la bonne vie.
Tous s'étaient retournés le Parisien avait
quitté sa place, et c'était lui qui chantait, ver-
sant de toute son âme un peu d'idéal aux âmes
épaisses des paysans morvandiaux.
Catherine seule n'avait pas bougé. La tête
enfouie dans ses mains, elle n'avait pas douté
un seul instant d'où venait la voix; et voilà
qu'un phénomène inouï se passait elle la
sentait, cette voix, avec un trouble presque phy-
sique, la prendre, l'envelopper, l'attirer comme
dans une étreinte. C'était un arrachement
d'elle-même terrible et délicieux, auquel elle
n'aurait pu se soustraire, une force plus forte
que son cœur et sa volonté et elle se sentait
s'abîmer toute en cette chose insoupçonnée, car
personne n'était doué autour d'elle une belle
voix qui donnait l'envol à ses rêves, frappait
à son cœur, réveillait brusquement en elle
l'ardente songeuse endormie, et faisait toute
proche- de son âme une autre âme hier incon-
nue.
Et soudain elle éclata en sanglots, comme la
opère ù& Vincent, comma la mère Bossu,
fred Dumont, Goniaux, Ghesquière, Groussau,
Guesde, Guislain, A. Le Roy, Plichon, G. Potié,
Selle, Seydoux, Vandamè.
Oise Fournier-Sarlovèze, Robert Heuzé, Hu-
cher. Orne Bansard des Bois, de Mackau,
Roulleaux-Dugage.
Pas-de-Calais Basly, Briquet, Delélis-Fanien,
de France, Lamendin, Lefebvre du Prey, Myrens.
Puy-de-Dôme Claussat, Python. Pyré-
nées (Basses-) L. Bérard, de Gontaut-Biron,
Guichenné, Pradet-Balade. Pyrénées-Orien-
tales Emmanuel Brousse.
Rhône Berlie, Bonnevay, Fleury-Ravarin,
Gourd, Pays, Manus, Marietton, Rognon.
Saône-ct-Loire Bouveri, Coureau, Merle, G..
Périer. Sarthe Galpin. Savoie Delache-
nal. Savoie (Haute-) Crolard. Seine Al-
bert Thomas, Aubriot, d'Aramon, Maurice Bar-
rès, Beauregard, Georges Berry, amiral Bien-
aimé, Bracke, Louis Brunet, Bussat, F. Buisson,
Charles Benoist, Chenal, Denys Cochin, Colly,
Dojeante, Ch. Deloncle, Denais, Desplas, Dubois,
Paul Escudier, Failliot, Groussier, Lavaud, Lau-
che, Leboucq, Lerolle, Maurice Binder, Maurice
Spronck, Meslier, Millerand, Millevoye, Nectoux,
Nortier, Pâté, 'Puech, P. Puglicsi-Conti, Ernest
Roche, Rouanet, Rozier, Marcel Sembat, Steeg,
Tournade, Vaillant, Veber, Voilin, Walter, Willm.
Seine-Inférieure Ancel. de Bagneux, Bignon,
de Folleville, Peyroux, de Pomereu, J. Siegfried.
Seine-et-Marne Forgemol de Bostquénard,
Lhoste, Perrissoud. Seine-ct-Oise Bonnefous,
F. Carnot, Cornudet, M. Guesnier. Sèvres
,(Deux-) de La Porte, Taudière. Somme Klotz,
Lecointe, des Lyons de Feuchin, Magniez.
Tarn Jaurès, Reille, Sabin. Tarn-et-Ga-
ronne Adrien Constans, Frayssinet.
Var Abel, Coreil, Fourment, Vigne. Vau-
clusc Lacour. Vendée Chailley, de Lavri-
gnais. Vienne d'Argenson, de Montjou, Pain.
Vienne (Haute-) Betoulle, Marquet, Trouvé.
Vosges Cuny, Abel Ferry, Schmidt, Flayelle.
Yonne Perreau-Pradier.
Alqérie Iloubé.
Ce manifeste sera envoyé sous forme d'affiches
et de circulaires à tous les candidats qui en feront
la demande, dès qu'ils auront siqné la formule
arrêtée par le groupe et les comités proportion-
nalistes. Ils sont priés de s'adresser à M. Charles
Benoist, rue de Tournon, 12, Paris {VI').
Lettre de Russie
Russie et Roumanie
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 27 mars.
On sait que le prince héritier de Roumanie, la
princesse son épouse et leur fils, le prince Charles,
sont depuis samedi à trois heures les hôtes de
l'empereur Nicolas II, à Tsarskoïé-Sélo.
On rattache à cette visite des projets d'union
entre les deux maisons régnantes. En admettant
qu'elle n'eût point cet heureux résultat puis-
qu'on ne saurait envisager, à la cour de Russie,
une question d'ordre tout familial comme une
affaire politique, elle sera avant tout le geste
concret venu pour souligner le rapprochement
des deux alliés de 1878, qu'une erreur d'optique
d'une part, une faute peut-être de l'autre avaient
un instant séparés.
Pour étudier l'origine de ce rapprochement et
avant d'indiquer les raisons sérieuses qui vont,
plus sûrement encore que des sympathies ou des
unions matrimoniales, en faire l'axiome politique
de demain, il nous faut remonter au 31 mars 1913.
Ce jour-là se réunissait, au ministère des affai-
res étrangères de Russie, la conférence des ambas-
sadeurs chargée de résoudre le litige roumano-
bulgare. M. Delcassé prenait part à cette confé-
rence, et en s'asseyant dans son fauteuil, deux
idées guidaient notre ambassadeur d'une part
trouver un compromis entre les demandes rou-
maines et les résistances bulgares qui satisfît
Bucarest sans blesser Sofia, d'autre part-profiter
de la négociation d'intérêts roumains pour tra-
vailler au rapprochement de la Roumanie et de
la Russie.
« Nous ne saurions vraiment pas tirer parti des
événements, disait M. Delcassé à cette époque, si
nous ne laissons pas la Roumanie plus proche de
la Russie au sortir de cette conférence. »
Aussi est-ce dans cet esprit qu'il préconisa la
solution que l'on sait. Cette solution accordait à
Bucarest précisément ce que demandait le gouver-
nement roumain, mais aussi.ee que Sofla avait
laissé entendre qu'il céderait sans de trop gros-
ses difficultés. L'ambassadeur de France avait
voulu faire sortir un accord d'un conflit et non
attiser les rivalités comme le cherchait la propo-
sition austro-allemande. Il y réussit magnifique-
ment la solution adoptée par la conférence, où
se.retrouve toute la pensée de M. Delcassé, fit œu-
vre d'entente. On parlait de guerre avant l'arbi-
trage la sentence rendue, il n'en fut plus ques-
tion. Le prince Ghika quittait Saint-Pétersbourg
avec, en poche, l'agrément pleinement conforme
aux désirs de ses compatriotes, et Bucarest se
rendit compte, en dépit des protestations d'amitié
de Vienne et de Berlin, que p'est la Triple-En-
comme les tantes et les cousines; mais ce
n'était point comme elles sur un avenir incer-
tain, sur tout le mystère des noces; elle se
lamentait, sans savoir pourquoi, comme sur un
mort bien-aimé.
II
Quand donc la noce sortit de l'église, tout le
monde était consolé, sauf Catherine. Mais elle
avait bravement essuyé ses yeux, et rien, de
son bouleversement n'apparaissait, au dehors.
D'ailleurs il fallait bien se.^mettre au niveau
des autres. Ce moment poétique d'obscure émo-
tion avait été long à tous ces graves gens, réunis
pour s'amuser, et plus malins, que sensibles.
Sitôt dehors, les rires éclatèrent, et de nou-
veau l'on se retrouva dans là ferme.Les groupes
étaient mieux formés, les langues plus déliées
qu'au matin. On s'entretenait du Parisien
Quelle belle voix, mon Jésus fit une
vieille; j'aurais cru entendre les anges.
Dommage que M. Julien n'ait pas été là,
fit à Catherine une fille qui voulait être aimable.
n aurait accompagné le monsieur au violon.
Alors Catherine se sentit comme honteuse et
détourna la tête. Mais ce fut pour se retrouver
en face du Parisien, car Benjamin l'avait en-
traînée vers sa bonne amie Jeanne. Et le jeune
homme se présenta lui-même.
« Maurice Lassève, qui trouvait ce pays beau,
et remerciait de tout son cœur son ami Vincent
de le lui avoir fait connaître. »
Ce disant, il appuyait longuement son regard
sur les yeux de la jeune fille. Catherine aussi
se nomma, et tous ceux qui étaient autour d'elle,
et Maurice .Lassève en exprimant l'intention,
elle le conduisit à ses grands-parents, qui féli-
citèrent le jeune homme à leur tour. 11 s'excusa,
plein de modestie; il avait chanté pour lui-
même et pour la vieille église, plus que pour
l'assistance; mais les yeux de Catherine se le-
vant sur lui pleins d'admiration, il promit de
chanter le soir encore, quand la nuit serait
venue sur la campagne.
Toute la journée Catherine attendit ce mo-
ment-là. Le repas était interminable; c'était un
défilé sans grâce de galantines, de fricassées,
de salades et de rôtis entre 4es pièces montées
de nougat et les coupes de mendiants qui déco-
raient la table. Le dessert §e prolongea plus
encore, à cause que chacun chantait « la
sienne » à tour de rôle, et parfois ce tour reve-
nait.
• v Claude Francheï.
\A suivre^,
CINQUANTE-QUATRIEME ANNEE.– N" i9262
MERCREDI 1" AVRIL 1914
PRIX DE L'ABONNEMENT
PARIS, SEIHE et SHHE-ET-OISE. Tirai» mois, 14 t; Six mois, 28 6.; lia au, 5St.
DÉPART» «tAISACE-LOBBAIHE. XT te.; S44,; 68 4.
BHIQK POSTALE. 1S fr.J SSfr.; 73 b
LÏS ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un. imméro (à ï*arls) s I £5 centimes
Directeur politique Adrien Hébrard
Toutes les lettres destinées à la Rédaction doivent être adressées au Directeur
le Journal ne pouvant répondre des manuscrits communiqué»
prie les auteurs d'en garder copie
ADREsSE P4.IU!f ki~/
Adresse télégraphique TEMPS pair i S (g? f
PRIX DE L'ABONNEMENT
PARIS, SEINE et SEIHE-ET-OISE. Trois moi», 14 fr.; Sixmois, as tr.; tfn an, SS fr.
DÉPART" et ALSAOE-LOiRAIHE. IV fr.; 34 fc; SS fc
WIOll POSTALE lSfr.; SS fr. 7gft(
LES ASONKEMENTS DATENT DES ltf ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) 20 centimes
ANNONCES Société GÉNÉRALE DES ANNONCES, 8, place de la Bourse.
Le Journal et les Régisseurs déclinent toute responsabilité quant à leur teneur
IEIEPIOKE CINQ II G IV ES
Gutenberg 03.07 03.08 03.09 03.32 03.38
SOMMAIRE
'POUR LA R. P. APPEL AU SUFFRAGE UNIVERSEL.
LETTRE DE RUSSIE Russie et Roumanie, Oh.
RIVET.
PAGE 2
LES AFFAIRES D'ORIENT l'Action diplomatique.
NOUVELLES DE L'ETRANGER. Colonies- et protec-
torats.
Chambre l'Impôt complémentaire sur le revenu.
La Commission d'enquête sur l'af faire Ro-
chette.
PAGE 3
En Passant Jean-Louis, ensemblier, PIERRE
MlBLE..
Les Livres, PAUL Souday.
'Nouvelles du jour. Académie des sciences.
M. Poincaré à Eze-les-Pins, RAOUL Aubry.
PAGE 4
Une fête à la Villa Médicis, JEAN Carrère.
Faits-divers. Courrier historique Dans les
Jardins de l'Histoire. Art et curiosité.
Tribunaux. Théâtres le Rapport de M.
LintilhaC Sur l'Odéon.
PAGE 5
Informations commerciales et financières. ̃–
Bourse.
PAGE 6
DERNIÈRES Nouvelles Conseil des ministres.
r– Les élections et la séparation des Chambres.
̃ A la Fédération des, gauches. La Commis-
aion d'enquête sur l'affaire Rochette. M. G.
Téry contre M. Thalamas. Chambre et Sé-
nat. Les AFFAIRES D'ORIENT. Nouvel. inci-
dent russo-allemand, etc.
Paris, 31 mars
BULLETIN DE L'ÉTRANGER
LE HOME RULE
ET L'ARMÉE BRITANNIQUE
Coup de théâtre à Londres M. Asquith, pre-
mier ministre d'Angleterre, prend le porte-
feuille de la guerre. A lui seul, ce fait marque
la gravité de la situation, puisqu'il faut re-
monter jusqu'à 1873 pour trouver un cas ana-
logue. Gladstone réunit à cette époque la charge
de premier ministre à celle de chancelier de
l'Echiquier sans parvenir néanmoins à évi-
ter la dissolution qui ramena au pouvoir les
conservateurs. Ce précédent est inquiétant pour
les libéraux. Mais la situation des unionistes
n'est peut-être pas beaucoup meilleure, car leur
tactique a fait surgir inopinément devant la
nation le problème de l'armée.
Les motifs qui ont amené M. Asquith et ses
collègues à prendre cette importante décision
sont clairs. Le maréchal French, chef d'état-
major général, et le général Ewart, qui avaient
signé avec le colonel Seely le malencontreux
engagement de ne pas employer les troupes
contre l'Ulster, ont cru devoir démissionner
à la suite du démenti que leur a infligé le gou-
vernement. Cette démission a aussitôt rendu
inévitable celle'du colonel Seely, que le cabi-
net avait d'abord refusée. Peut-être entraînera-
t-elle également celle de lord Morley. Pour
apaiser l'émotion créée dans le Parlement
comme dans l'armée par cette série de fausses
manœuvres, il fallait que le successeur du co-
lonel Seely fût investi d'une autorité excep-
tionnelle. M. Asquith l'a compris et n'a pas
hésité à prendre sur ses épaules les lourdes
responsabilités de l'heure présente.
Cet acte d'audace sauvera-t-il toutefois le ca-
binet ? C'est douteux. La venue de M. Asquith
au War office produit sans doute une excel-
lente impression, même dans les rangs unio-
nistes. Le correspondant militaire du Times, le
colonel Repington, écrit ce, matin
L'armée estimera hautement cet acte d'abné-
gation et de' courage et l'on peut affirmer avec
certitude que parmi les conseillers de Sa Majesté
il n'est pas un ministre qui sera mieux accueilli,
non parce qu'il est premier ministre, mais parce
que sa capacité et sa modération le distinguent
parmi tous ses collègues et permettent d'espérer
non seulement un apaisement des passions politi-
ques.mais une administration efficace à l'intérieur
du War office lui-même.
Il n'en reste pas moins que le cabinet
reste pris entre les déclarations qu'il a faites
aux Communes et les promesses que les chefs
de l'armée ont arrachées à l'un de ses mem-
bres; qu'il est obligé de faire voter le Home rule
FEUILLETON DU
CATHERINE
DEUXIEME PARTIE
I Suite
Voilà, cela coûtait trois cents francs,
ïnais on en avait pour la vie. Et quand il y
avait une noce, les femmes n'avaient point
besoin de faire èndéver leurs maris pour avoir
une robe neuve. On sortait la robe de soie, et
on installait lé châle.
Ce ne devait pas être commode pour
danser, observa Catherine.
-r- On l'enlevait le soir. Mais dans la jour-
née, ma fille, c'était beau de voir sur le che-
min de l'église et de la maison ces châles de
toutes les couleurs qui brillaient au milieu dès
arbres.
Grand'mère, je voudrais essayer ton
châle! 1
Viens, ma petite, tourne-toi. Il est un peu
grand pour toi, prends garde de marcher des-
sus. Attends que je fasse bien les plis. Oh!
comme tu es plaisante! Mais c'est égal, cela
irait moins bien aux petits bouts de femme
d'aujourd'hui. On fait bien de n'en plus met-
tre.
La dame du pharmacien, observa Mme
Michotte, s'en est fait faire une robe de cham-
bre elle aurait mieux fait d'en draper soa
piano pour éviter de couper. `
Mais Catherine n'entendait plus; à petits pas
embarrassés, elle s'éloignait à travers le jar-
din, où grand-père Der>vignes âtait allé lire son
journal. De loin, sous son berceau où l'aristo-
loche commençait à prendre ses feuilles, il re-
gardait venir sa petite-fille ainsi déguisée, et il
riait avec un peu d'attendrlsserient, comme
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adap-
tation réservés pour tous pays.
Copyright by, Claude Fracchet. 1914, .̃
tout en se rend~)9ê$~~a~g compte que ce
tout en se ren^nÇÎSê^mare compte que ce
Home rule ne polîmè^lrerimposé à l'Ulster;
que son existence, en un mot, est suspendue à
une équivoque, et partant, demeure précaire.
Dans ces conditions il évitera difficilement le
recours à l'électeur.
̃ Où en sont d.'autre part les unionistes? En
un sens, ils ne peuvent que se féliciter de l'em-
barras où ils ont placé le cabinet. La question
irlandaise leur offre, devant l'électeur, un ter-
rain de bataille sensiblement préférable à ce-
lui du Tariff reform. Si le gouvernement en
vient à une dissolution, les adversaires du Home
rule auront donc une excellente occasion de
tenter la chance. Mais à force de prêcher la
révolte à l'Ulster, ils ont eu le malheur de po-
ser devant l'opinion la redoutable question la
volonté de l'armée doit-elle prévaloir sur celle
des représentants de la nation? Et voilà leur
partie singulièrement compromise. Ils savent
ce qu'il leur en a coûté, en 1910, de se présen-
ter devant le pays « avec les Lords sur le
dos ». Cette fois, les démissions de l'état-ma-
jor pourraient bien leur jouer un plus mau-
vais tour encore.
Est-il besoin d'ajouter que le spectacle de ces
dissensions est profondément pénible à l'opi-
nion française? Nous avons nous-mêmes trop
de soucis intérieurs pour oser nous étonner de
ceux du voisin. Mais nos propres expériences
nous ont appris combien il est dangereux de
faire de l'armée l'enjeu de la lutte des partis.
,Puissent nos amis d'outre-Manche ne pas re-
nouveler nos fautes! Peut-être, après' tout; n'est-
il pas trop tard pour que les adversaires, rap-
prochés par les mêmes craintes patriotiques, se
tendent enfin la main.
L'INQUISITION FISCALE
LE COUTEAU SUR LA GORGE
Hier, la Chambre, cédant aux instances du
gouvernement, a décidé d'incorporer à la loi de
finances relative au budget de 1914 le nou-
veau projet d'impôt personnel et progressif sur
le revenu, élaboré par la commission du budget
et publié par elle il y a cinq jours à peine. Cette
décision n'a même pas nécessité un vote. Com-
battue par M. Louis Dubois, dont le savoir n'est
plus à louer et dont le talent grandit chaque
jour, elle avait donné lieu de la part de ce
vigilant, à une demande de renvoi à la commis-
sion du budget. Mais cette demande se vit re-
tirée, devant une autre proposition de M. Klotz
tendant à ce que la Chambre achevât de voter le
budget de 1914, sauf à discuter, aussitôt après
la loi de finances, l'impôt sur le revenu, pen-
dant que le 'Sénat s'occuperait du budget.
Le président du conseil a refusé d'accepter
cette méthode de travail. Le gouvernement veut
dans la loi de finances l'impôt personnel sur
le revenu « C'est, dit M. Doumergue, le seul
moyen d'arriver à le faire voter. » Mais M.
Klotz ayant cru comprendre que devant le Sé-
nat le président du conseil poserait la question
de confiance sur le maintien de l'incorporation
exigée par le gouvernement, l'ancien ministre
des finances n'a pas insisté davantage. Voici
en quels termes le compte rendu officiel de
la séance rapporte l'incident
M. Klotz. Monsieur le président du conseil,
vous venez d'engager d'une façon grave, permet-
tez-moi de vous le dire, la responsabilité du gou-
vernement. Vous nous demandez de voter dans un
délai très rapide l'impôt sur le revenu.
Le président du conseil. Parfaitement.
M. Klotz. .de l'incorporer dans la loi de fl-
nances.
Le président du conseil. Parfaitement.
M. Klotz. .et d'envoyer le budget au Sénat
dans le plus bref délai.
Il est donc entendu, monsieur le président du
conseil, que vous ferez effort auprès de l'autre As-
semblée pour qu'avant les élections- le budget de
1914, contenant l'impôt sur le revenu, soit adopté.
C'est ainsi seulement que vous pratiquerez une po-
litique de réalisation. Vous en avez pris l'engage-
ment notre responsabilité à nous est dégagée e,t
je retire ma motion. (Très bien! très bien! au
centre et sur divers bancs à gauche. Exclamations
à l'extrême gauche.)
Ainsi le Sénat est menacé, d'avoir à voter
ensemble le budget de 1914 quel budget!
et l'impôt sur le revenu. Mais quel impôt
sur le revenu? Il est curieux de voir comme
on en prend à l'aise avec la vérité historique!
Le président du conseil a dit hier « Le Sé-
tout à l'heure sa vieille femme en songeant au
passé. 't 1\,r d. Il
Catherine aussi riait. Mais soudain elle s'ar-
rêta, interdite sur le chemin qui longeait le
jardin, au delà de la haie, un jeune homme
qu'elle ne connaissait pas était arrêté et la re-
gardait de ses yeux grand ouverts, et pleins
d'admiration étonnée. Se voyant découvert, il
rougit un peu, salua et s'en alla. Catherine
elle-même était devenue presque aussi rouge
que son châle cramoisi. Grand-père n'avait
rien vu.
Il paraît que les Bossu ont à la noce un
Parisien de plus, dit le grand-père le matin
même, se promenant affairé à travers les
chambres. C'est un camarade de régiment de
Vincent, un garçon bien de sa famille, et que
le gars avait invité sans croire qu'il viendrait.
Il est arrivé jeudi et on est bien en peine pour
lui trouver une fille de fête. La Marie voulait le
mettre avec toi, Catichette, mais elle n'a pas
osé te le demander, de peur de te contrarier.
Et lui-même a dit qu'il ne voulait pas s'impo-
ser sans avoir été présenté.
Catherine devint toute rouge. Si ce jeune
homme avait besoin d'être présenté, c'était seu-
lement pour faire savoir son nom, car pour ce
qui était du reste, elle n'aurait point été en
peine de le reconnaître dans une foule. Bien
des fois depuis jeudi il était passé le long de
la haie, glissant un coup d'œil vers le jardin
du grand-père et tâchant d'apercevoir la jeune
fille qui se cachait. Car elle n'aurait su dire
pourquoi, mais les grands yeux curieux la gê-
naient affreusement. Elle le regardait pour-
tant, elle aussi, sous son rideau. Elle savait
qu'il était grand, qu'il avait belle mine, de
beaux yeux bruns très longs et des mains de
demoiselle, enfin qu'il portait une petite barbe
fine et des cheveux bouclés.
Elle s'était bien doutée qu'il 'était là pour la
noce. Mais, toujours sans savoir pourquoi, elle
n'aurait pas voulu en apprendre davantage en
interrogeant Benoîte par exemple, et la même
crainte inconsidérée lui fit répondre vivement.
Ah! non, j'aime mieux le gars Benjamin! 1
Grand'mèrev étonnée; regarda sa fille. Même
au frère de Julien, elle ne marquait pas d'ha-
bitude une telle amitié; quoi qu'elle en fît, et
toute bonne pourtant, elle avait parfois à son
égard de petits airs de demoiselle.
Grand-père hasarda une réflexion
Mais c'est qu'il aimerait peut-être mieux
sa bonne amie, le gars Benjamin l
Alors Catherine fit la mouec
nat a disjoint du projet dont il était saisi tous
les titres qui se rapportaient à l'impôt com-
plémentaire sur le revenu. Le devoir, du gou-
vernement était clair; il n'y pouvait pas man-
quer. Il devait déposer sur le bureau de la
Chambre un projet de loi permettant à celle-
ci d'incorporer dans la loi de. finances l'impôt
sur le revenu promis depuis si longtemps et
non encore réalisé. »
En fait, le projet d'impôt sur le revenu ap-
porté par le gouvernement le 2,0. mars diffère
des projets précédents, et le projet apporté
par la commission le 20 mars diffère de celui
du gouvernement. Sous le nom d'impôt sur le
revenu, les projets les plus divers se succè-
dent depuis une vingtaine d'années. L' « im-
pôt sur le revenu » est une formule qui abrite
les visées les plus opposées, depuis l'idée
d'une réforme fiscale réelle jusqu'à celle d'une
confiscation sociale par l'établissement d'un
casier fiscal préparant toutes les expropria-
tions sans indemnité. Parler de « l'impôt sur
le revenu promis depuis si longtemps », c'est
employer une formule vide de sens, trompe-
l'œil commode pour une campagne électorale,
mais ombre flottante et vaine s'il s'agit de dis-
positions effectives à mettre en forme de loi.
Le projet élaboré par la commission du bud-
get, avec la collaboration de la commission de
législation fiscale, a fait l'objet d'un rapport
plus que sommaire de M. Clémentel, et d'un se-
cond rapport, non moins insuffisant, de M. Jean
Javal, publié ce matin seulement.- Ce dernier
document est moins un rapport parlementaire
qu'une diatribe contre les républicains hostiles
à tout impôt personnel. Ils sont bel et bien ex-
communiés. Qui a le malheur de repousser l'im-
pôt personnel' est nettement chassé de l'Eglise
orthodoxe. Pour M. Jean Javal, la « doctrine
permanente du parti républicain », c'est l'impôt
personnel; et le rapporteur n'hésite pas à écrire
ceci
« Pourquoi le parti républicain est-il aussi
indéfectiblement attaché à l'impôt personnel,
dont l'établissement lui suscite tant de difficul-
tés, et rencontre tant d'obstacles? C'est parce
que l'impôt personnel, seul entre tous, est assis
sur l'ensemble des facultés contributives,et que
par suite, seul entre tous, il permet de tenir un
compte équitable à la fois des moyens réels
dont le contribuable dispose, et des charges
obligatoires qui lui incombent. En un mot, seul
entre tous, il répond à la Déclaration des droits
de l'homme, qui a prescrit de répartir l'impôt
entre tous les citoyens, « en raison de leurs
facultés ». On ne se moque pas plus galam-
ment du monde.
L'une des raisons les plus profondes de la
Révolution française fut l'abolition des odieux
impôts personnels de l'ancien régime. L'im-
pôt sur les choses fut substitué à l'impôt sur les
personnes. Les républicains les plus sûrs furent
fidèles à cette réforme fondamentale. Henri
Brisson, que les républicains considèrent com-
me l'un de leurs chefs les plus vénérés, eut ce
programme
Limitant volontairement-nôtre effort, nous yo«-
drions voir le Parlement s'attacher à deux réfor-
mes principales.
La première est la réformée fiscale.
Le gouvernement vous demandera, par un pro-
jet de loi spécial, de supprimer la contribution
personnelle-mobilière et l'impôt des portes et
fenêtres, et de les remplacer par un' impôt sur le
revenu, qui, fondé sur Ses signes extérieurs de la
fortune, sans vexation ni inquisition d'aucune
sorte, sera dégressif, de manière à assurer à la
masse totale des petits contribuables de larges dé-
grèvement*, allant même jusqu'à une exemption
à la base.
Le vrai programme républicain, le voilà.
Comment ose-t-on le répudier comme on le
fait? En tout cas, il faut une certaine audace
pour prétendre imposer au Sénat l'adoption
de projets improvisés, à l'appui desquels les
commissions compétentes de la Chambre
n'ont même pas eu le temps d'apporter une
étude. Grâce à l'abnégation et à l'activité de
la commission sénatoriale des finances, le Sé-
nat serait à la rigueur en état de voter le bud-
get, avant la séparation des Chambres, si la
loi de finances lui était dès à présent ren-
voyée. M. Peytral l'a déclaré hier au Sénat.
Mais ce qu'il ne peut faire, c'est ratifier
les yeux fermés le bouleversement fiscal ar-
tiflcieusement glissé dans la loi de finances.
Le gouvernement compte vaincre les résis-
tances légitimes de la haute Assemblée en lui'
Eh bien, il l'aura, sa bonne amie, et moi,
je n'ai besoin de personne
Mais ce fut tout agitée qu'elle se mit à sa
toilette, fit mousser ses cheveux, tapota sa robe
blanche qui tombait à plis gracieux autour
d'elle. Puis, quand elle fut prête, bien avant la
maisonnée, elle se mit à relire la lettre qu'elle
venait de recevoir de Julien.
« Amuse-toi, ma chérie; ne songe pas à t'en-
nuyer de moi, puisque nous nous verrons dans
quelque temps; écris-moi bien tout ce qui s'est
passé à ta façon si amusante, et je croirai t'a-
voir accompagnée. Surtout, ne me fais pas
d'infidélités avec Benjamin. »
A cette innocente plaisanterie, Catherine
hoche la tête, mécontente. Quel goût, de parler
ainsi de ces choses Elle le gronderait bien,
quand il viendrait. Et puis, il voulait une lon-
gue lettre qu'aurait-elle donc à lui raconter?
Que le fricot était bon, que la Marie était une
belle mariée, que grand-père avait fait un pe-
tit discours au vin bouché, qu'il y avait des
Parisiens à la noce? Catherine se sentait de
l'humeur. Elle s'en prenait donc à Julien. En-
fin, on verrait
Vers dix heures, les cloches carillonnant à
toute volée, on vit entrer le gars Benjamin, se
balançant sur ses jambes, les cheveux pleins
de pommade, le sourire épaté jusqu'aux oreil-
les, et les bras ballants terminés par d'énor-
mes gants de peau blanche dont il offrait
l'hommage à Mlle Catherine. C'était mère
Pimpernelle-qui en avait décidé ainsi, et les
avait fait venir d'un grand magasin de Paris,
sur catalogue.
Benjamin aurait peut-être été bien con-
tent d'avoir sa bonne amie comme fille de fête,
mais il n'était pas fâché non plus d'accompa-
gner Catherine. Amusée, elle lui prit le bras.
Ils quittèrent la maison, grand-père et
grand'-mère suivant, et la Benoîte sur le seuil,
qui se préparait à courir avec les autres fem-
mes sur la place de l'Eglise.
Etes-vous gentille comme ça, mam'zelle
Catherine! Vous voilà déjà en mariée! Enfin,
ça viendra!
Les « fétéieux » se réunissaient chez la mère
Bossu. La cour de la ferme avait été soigneuse-
ment rappropriée avec de gros balais en bran-
chettes de bouleau, dont quelques brins déta-
chés traînaient çà et là. L'étable aux vaches
ayant été fermée, on ne voyait pas les bêtes,
mais dans un coin de la cour un énorme tas de
fumier attestait la richesse de la maison.Quand
il y a un gros tas de fumier, il y a beaucoup de
bêtes: beauemm de bâtes, beaucoup de natures
montrant le pays sans budget. Mais si la Cham-
bre s'obstine à lier au budget l'impôt sur lé, re-
venu, la responsabilité des nouveaux douzièmes
provisoires devenus nécessaires incombera
toute à la Chambre. Le Sénat ne saurait, sans
trahir les grands intérêts nationaux dont il a
la garde, se soumettre, abdiquer, livrer la Ré-
publique aux fantaisies d'une Chambre ex-
pirante. On se trompe en s'imaginant qu'on le
fera vot'er le couteau sur la gorge.
Pour la R. JP.
APPEL
AUV.
Suffrage universel
Le groupe parlementaire et les comités
proportionnalistes qui ont mené, dans le Par-
lement et dans le pays, la campagne pour la
réforme électorale,
Considérant qu'aux élections de 1910, près
de cinq millions de suffrages s'étaient pro-
noncés en faveur de la représentation pro-
portionnelle
Que, de 1910 à 1914, la Chambre, à trois re-
prises, par une majorité constante de plus
de 120 voix, a tenu l'engagement qu'elle avait
contracté envers les électeurs; i
Mais que, par deux fois, cet effort s'est
heurté et brisé à la résistance du Sénat;
Qu'il importe que le dernier mot reste au
suffrage universel,
DÉCLARENT
Que si les proportionnalistes des divers
partis, comme ils l'ont toujours affirmé, ré-
servent, sur les directions mêmes de la po-
litique, leur pleine et entière liberté d'opinion
et .d'action, ils demeurent unanimes à penser
que cette réforme est plus que jamais néces-
saire, qu'elle est la condition de la vie, de
l'indépendance et de l'organisation des par-
tis, de la probité des mœurs politiques, de la
dignité du régime parlementaire, de la sin-
cérité du suffrage universel, qu'elle est d'ail-
leurs la clef de toutes les grandes réformes;
EN CONSÉQUENCE,
Ils demandent à tous les électeurs parti-
sans de la réforme électorale de consacrer
par leurs suffrages le projet fondé sur les
principes suivants, adoptés à l'unanimité par
la réunion plénière du groupe et des comi-
tés
Scrutin de liste avec représentation pro<-
portionnelle.
Circonscriptions aussi larges que possible.
Répartition des siêgcs par le procédé du
quotient calculé sur le nombre des suffrages
exprimés.
BUREAU DU GROUPE PARLEMENTAIRE
Charles Benoist, président; F. Buisson, Cha-
nb%Bènys Cèûhin, Gï'oussàu, Jaurès, de Lauos-
saïî; Lannes de Montebello, Mauger, Millerand,
J. Reinach, J. Thierry, Vaillant, vice-présidents;
M. Braibant, Duclaux-Monteil, A. Groùssier,
questeurs;. Lefas, trésorier; Aubriot, Auriol,
Bonnefous, Bussat, Dansette, Delory, Failliot,
Abel Fèrry, R. Heuzé, Lauche, Ch. Leboucq, de
La Sorte, Ellen Prévot, Tournade, Emile Vin-
cent, secrétaires.
COMITÉ RÉPUBLIOAIN DE LA R. P.
Ûenri Bergson, de l'Académie française, pré-
sident de l'Académie des sciences morales et po-
litiques H. Berthélemy, professeur à la faculté
de droit de Paris; A. Billot, ambassadeur de la
République française; professeur R. Blanchard,
de l'Académie de médecine; Gaston Bonnier, de
l'Académie des sciences; professeur Ch. Bou-
chard, de l'Académie des sciences et de l'Acadé-
mie de médecine; Jean Bourdeau, de l'Académie
des sciences morales et politiques; E. Briat,
membre du conseil supérieur du travail; Adol-
phe Carnot, de l'Académie des sciences; M. Caul-
lery, professeur à la faculté des sciences; Fran-
cis Charmes, de l'Académie française, directeur
de la Revue des Deux Mondes; Chaumat, mem-
bre du conseil de l'ordre des avocats; A. Chu-
quet, de l'Académie des sciences morales et po-
litiques A. Dastre, de l'Académie des sciences
et de l'Académie de médecine; V. Delbos, de l'A-
cadémie des sciences morales et politiques; Lu-
cien Derode, ancien président de la chambre de
commerce de Paris; Jules Dietz, avocat à la
cour d'appel; A. Espinas, de l'Académie des
sciences morales et politiques; Fernand Faure,
professeur à la faculté de droit, directeur de la
Revue politique et parlementaire; Jacques
Flaeh, de l'Académie des sciences morales, et po-
litiques; A. Gosset, ancien président de l'ordre
et beaucoup de champs à fumer; beaucoup de
bêtes, de pâtures et de champs, tout cela c'est t
du bon bien. p es
Deux bouleaux avaient été plantés à la
grande porte charretière, deux sapins enca-
draient l'entrée de la maison. Sur le'seuil, se
tenait la grande Marie, cramoisie sous son
voile, tant elle s'était ce matin lustrée et frottée
à la savonnette; à côté d'elle Vincent, en habit
à longue queue, semblait une corneille prête
à s'envoler, et derrière eux la mère Bossu, en
robe de soie de sa propre noce et mantelet de
jais, s'essuyait les yeux en rappelant son dé-
funt.
Que coups qu'il aurait bus, le cher hom-
me, un jour comme celui-ci!
Mais elle s'arrêtait aussitôt, pour donner de
sa paume rude un coup sur la robe de la ma-
riée, ou replacer le voile.
Quand tous ceux de la noce furent arrivés,
et las de se regarder, les hommes en se dandi-
nant, les femmes en se rengorgeant dans les
brides de leurs chapeaux, le cortège tenta de
se former.
Ce fut une grosse affaire; violoneux en tête,
la mariée prenant le bras de son futur beau-
père, Vincent offrant le sien à la mère Bossu,
les garçons et les filles d'honneur venant der-
rière, cela allait encore, mais pour les parents
et les amis, le protocole est moins rigoureuse-
ment établi; alors il y avait des discussions de
politesse, sdes*- « Passez-donc! » des « Excu-
sez qui auraient réjoui Catherine dans son
coiS^si son rire ne s'était soudain changé' en
petite angoisse, à voir « le Parisien » arriver,
menant respectueusement à son bras Jeanne
Reghaut, la bonne amie de Benjamin.
« II l'a fait exprès », se dit-elle, avec un pin-
cement au cœur, dont elle n'aurait su dire s'il
était d'effroi ou d'obscure joie inavouée.
Mais pourtant, elle se trompait. C'était la
Jeanne elle-même qui dans sa malice avait
trouvé ce moyen de joindre son galant avant la
fin de la journée.
« Ils seront mieux ensemble, s'était-elle dit,
et nous deux aussi ».
Et dans le cortège, elle vint tout juste se pla-
cer derrière Catherine, qui sentait sur son cou
les regards appuyés du jeune homme.
On s'entassa dans la mairie, où papa Desvi-
gnes prit quelques instants son caractère offi-
ciel. Catherine voyait par la fenêtre les haies
et les vergers tout fleuris.
« Ce sera par un jour pareil, pensa-t-elle, que
j épouserai Julien; je veux du soleil d.oux, et
des fleurs à ma noce. »: d •
des avocats au Conseil d'Etat et à la Cour de
cassation; Louis Gotteron, ancien sénateur; J.
Harmand, ambassadeur de France- honoraire;
Auguste Isaac, président honoraire de la cham-
bre de commerce de Lyon; Georges Jouanny,
président du comité central des chambres syn-
dicales Georges Lachapelle, homme de lettres,
secrétaire général du comité; Bernard Lavergne,
Max Leclerc, éditeur; Georges Lecomte, prési-
dent de la Société des gens de lettres; Paul Le-
roy-Beaulieu, Raphaël-Georges Lévy, André
Liesse, Ch. Lyon-Caen, de l'Académie des scien-
ces morales et politiques; Georges Leverdier,
président de la chambre de commerce de Rouen;
Henri Lichtenberger, professeur à la Sorbonne;
L. Mangin, de l'Académie des sciences; Georges
Perrot, secrétaire perpétuel de l'Académie des
inscriptions et belles-lettres; Emile Pluchet,
président de la Société des agriculteurs de
France, ancien président de la Société nationale
d'agriculture; Georges Renard, professeur au
Collège de France; Théodule Ribot, Maurice Sa-
batier, de l'Académie des sciences morales et po-
litiques Maurice Vernes, directeur à l'Ecole des
hautes études; Pierre Viala, de la Société natio-
nale d'agriculture; P. Vidal de la Blache, André
Weiss, de l'Académie des sciences morales et po-
litiques Ernest Cartier, ancien bâtonnier de
l'ordre des avocats; Anatole France, de l'Acadé-
mie française; professeur Ch. Richet, de l'Aca-
démie des sciences et de l'Académie de méde-
cine Villemin, président de la fédération natio-
nale du bâtiment.
LIGUE POUR LA REPRÉSENTATION
PROPORTIONNELLE
Yves Guyot, ancien ministre, président; Louis
Mill, ancien député; Léon Philippe, directeur ho-
noraire au ministère de l'agriculture; Emma-
nuel Vidal, publiciste, membre du comité direc-
teur.
LIGUE RADICALE
ET RADICALE SOCIALISTE DE LA R. P
J.-L. Bonnet, vice-président; E. Desvaux, con-
seiller municipal de Paris, vice-président; A. Do-
minique, secrétaire; J. Durand, avocat à la cour
d'appel, membre du comité directeur.
COMITÉ EXTRAPARLEMENTAIRE
DE LA R. P.
Henry Lémery, avocat à la cour d'appel, pré-
sident Maurice Colrat, directeur de Y Opinion,
vice-président; Alexandre Varenne, ancien dé-
puté, vice-président; J. Quantin, publiciste, se-
crétaire général; Ernest Lafont, secrétaire; R.
Calary-Lamazière, trésorier; Ch. Azard, Henri
Bazire, Héliès, A. Lacan, Jean Longuet, André
Morizet, L. Patissier-Bardoux, ancien avocat au
Conseil d'Etat et à la Cour de cassation; Ernest
Poisson, Pierre Renaudel, Daniel Renoult, H. Sel-
lier, André Souply, J. Uhry, A. Lebey, Camélinat,
ancien député; L. Dubreuilh, secrétaire du parti
socialiste; Maxence Roldes, M. Cachin, conseil-
ler municipal de Paris; Mauss, directeur à l'E-
cole des hautes études; Salembier, ancien maire
de Calais.
ONT ADHÉRÉ LES DÉPUTÉS
DONT LES NOMS SUIVENT
Aisne Desjardins, Forzy, Haûet, Ringuier.
Allier Brizon, Ch. Dumas, Mille, Thivrier.
Alpes (Basses-) F. Deloncle, J. Reinach. AL-
pes (Hautes-) Toy-Riont. Alpes-Maritimes
Lairolle, Raiberti. Ardèche Duclaux-Monteil,
de Gailhard-Bancel, J. Roche. Ardennes Al-
bert Poulain, Dunaime, M. Braibant, Doizy, Gal-
lois. Aube Bachimont, Berniolle, Nicolas,
Théveny, Thierry-Delanoue. Aude Aldy.
Avayron Augé, Cabrol, Cibiel, Gaffier, Massa-
buau.
Bouches-du-Rhône Bouge, Bouisson, Cade-
nat, Chanot, Chevillon, A. Lefèvre, Sixte-Que-
niu, J, Thierry.
Calvados Delafosse, Engerand, Gérard, Flan-
din, Laniel. Cantal Bbry, Fesq. Charente
de Lanessan, Voyer. Cher E. Dumas, Mauger.
Corrèze Doussaud. Corse Adriani, Landry,
Dominique Pugliesi-Conti. Côte-d'Or Hé-
bert, Lefol, Em. Vincent. Côtes-du-No7-d de
Chappedelaine, Meunier-Surcouf.
Dordognc Bèauchamps. Doubs de Mous-
-ïier. Brome Roux-Costadau. Eure de
Boury, P. Josse.
Finistère Daniélou, Goude, Hugot-Derville,
Paul Simon, Soubigou.
Gard Bourguet, Compère-Morel, Hubert-
Rouger, de Ramel. Garonne (Haute-) Au-
riol, Bougues; Bedouce, Ellen Prévot. Gers
Sàmalens. Gironde Ballande, Borderie, Ca-
melle, Cassadou, Chaumet, d'Elissagaray.
Hérault Barthe, P. Leroy-Bcaulieu, Molle,
Reboul.
Ille-et-Vilaine du Halgouet, de Kernier, Le-
fas, Porteu. ̃ Indre Fougère, Patureau-Mi-
rand. Indre-et-Loire Emile Faure. Isère
Brenier, Dubarle, Janin, Mistral, Raflln-Dugens.
Jura Berthod.
Loir-et-Cher A. Rivière. Loire Arbel,
Boudoint, Déchelette, Gilbert.Laurent, Lépine. t
Loire (Haute-) Joseph Durand, Néron. Lot
J. Cels. Lot-et-Garonne Soussial. Lozère
J. Piou.
Maine-et-Loire duc de Blacas, de Grandmai-
son, Monprofit. Manche Dior. Marne
Lannes de Montebello. Mayenne Dutreil, de
Hercé, de Villebois-Marcuil. Meurthe-et-Mo-
selle Driant, Ferri de Ludre, Marin. Meuse
A. Thiéry. Morbihan de l'Estourbeillon, Fo-
rest, Lamy, de Lanjuinais.
Nièvre Ch. Heuzey, Jousselin. Roblin.
Nord Bouvier, Henry Cochin, Dansette, Da-
vaine, Delory, Daniel Vincent, Dron, Dubled, AI-
Mais elle fut interrompue dans ses réflexions
par un bruit de sanglots; c'était la mère Bossu
qui éclatait et aussi la mère Michaut, toutes
deux faisant l'offrande de leurs larmes aux
divinités contraires. A l'église, ce fut un dé-
luge, les tantes s'en mêlèrent, le père Michaut
devint tout enroué; on l'entendait grommeler
au fond de son gosier; la grande Marie elle-
même roulait des ruisseaux sur ses joues tou-
jours plus luisantes, et M. le curé ayant fait
un beau prêche, peu s'en fallut que la noce en-
tière n'eût l'air, aux chants près, d'un enterre-
ment. Si Catherine n'avait été témoin de l'émo-
tion des dames au jour de ses fiançailles, elle
n'aurait jamais compris que l'on pût tant pleu-
rer en des conjonctures pourtant si heureuses.
Mais une surprise inattendue vint faire di-
version. On vit, à la fin de la cérémonie, M. le
curé s'installer devant le vieil harmonium qui
poussa quelques gémissements. Puis du fond
de l'église, une voix s'éleva, une voix d'homme
ample et chaude, qui à la place des chantres
entonnait le Te Deum, comme un hymne ailé;
et ce fut soudain aux assistants comme si les
voûtes de la pauvre église s'entr'ouvraient, et
que leur âme montât avec le chant bien haut,
vers des gloires célestes.
Puis au chant de victoire succéda un chant
doux, d'une pureté et d'une expression singu-
lières, où semblaient passer toutes les heures
profondes et tranquilles des amours familiales
et de la bonne vie.
Tous s'étaient retournés le Parisien avait
quitté sa place, et c'était lui qui chantait, ver-
sant de toute son âme un peu d'idéal aux âmes
épaisses des paysans morvandiaux.
Catherine seule n'avait pas bougé. La tête
enfouie dans ses mains, elle n'avait pas douté
un seul instant d'où venait la voix; et voilà
qu'un phénomène inouï se passait elle la
sentait, cette voix, avec un trouble presque phy-
sique, la prendre, l'envelopper, l'attirer comme
dans une étreinte. C'était un arrachement
d'elle-même terrible et délicieux, auquel elle
n'aurait pu se soustraire, une force plus forte
que son cœur et sa volonté et elle se sentait
s'abîmer toute en cette chose insoupçonnée, car
personne n'était doué autour d'elle une belle
voix qui donnait l'envol à ses rêves, frappait
à son cœur, réveillait brusquement en elle
l'ardente songeuse endormie, et faisait toute
proche- de son âme une autre âme hier incon-
nue.
Et soudain elle éclata en sanglots, comme la
opère ù& Vincent, comma la mère Bossu,
fred Dumont, Goniaux, Ghesquière, Groussau,
Guesde, Guislain, A. Le Roy, Plichon, G. Potié,
Selle, Seydoux, Vandamè.
Oise Fournier-Sarlovèze, Robert Heuzé, Hu-
cher. Orne Bansard des Bois, de Mackau,
Roulleaux-Dugage.
Pas-de-Calais Basly, Briquet, Delélis-Fanien,
de France, Lamendin, Lefebvre du Prey, Myrens.
Puy-de-Dôme Claussat, Python. Pyré-
nées (Basses-) L. Bérard, de Gontaut-Biron,
Guichenné, Pradet-Balade. Pyrénées-Orien-
tales Emmanuel Brousse.
Rhône Berlie, Bonnevay, Fleury-Ravarin,
Gourd, Pays, Manus, Marietton, Rognon.
Saône-ct-Loire Bouveri, Coureau, Merle, G..
Périer. Sarthe Galpin. Savoie Delache-
nal. Savoie (Haute-) Crolard. Seine Al-
bert Thomas, Aubriot, d'Aramon, Maurice Bar-
rès, Beauregard, Georges Berry, amiral Bien-
aimé, Bracke, Louis Brunet, Bussat, F. Buisson,
Charles Benoist, Chenal, Denys Cochin, Colly,
Dojeante, Ch. Deloncle, Denais, Desplas, Dubois,
Paul Escudier, Failliot, Groussier, Lavaud, Lau-
che, Leboucq, Lerolle, Maurice Binder, Maurice
Spronck, Meslier, Millerand, Millevoye, Nectoux,
Nortier, Pâté, 'Puech, P. Puglicsi-Conti, Ernest
Roche, Rouanet, Rozier, Marcel Sembat, Steeg,
Tournade, Vaillant, Veber, Voilin, Walter, Willm.
Seine-Inférieure Ancel. de Bagneux, Bignon,
de Folleville, Peyroux, de Pomereu, J. Siegfried.
Seine-et-Marne Forgemol de Bostquénard,
Lhoste, Perrissoud. Seine-ct-Oise Bonnefous,
F. Carnot, Cornudet, M. Guesnier. Sèvres
,(Deux-) de La Porte, Taudière. Somme Klotz,
Lecointe, des Lyons de Feuchin, Magniez.
Tarn Jaurès, Reille, Sabin. Tarn-et-Ga-
ronne Adrien Constans, Frayssinet.
Var Abel, Coreil, Fourment, Vigne. Vau-
clusc Lacour. Vendée Chailley, de Lavri-
gnais. Vienne d'Argenson, de Montjou, Pain.
Vienne (Haute-) Betoulle, Marquet, Trouvé.
Vosges Cuny, Abel Ferry, Schmidt, Flayelle.
Yonne Perreau-Pradier.
Alqérie Iloubé.
Ce manifeste sera envoyé sous forme d'affiches
et de circulaires à tous les candidats qui en feront
la demande, dès qu'ils auront siqné la formule
arrêtée par le groupe et les comités proportion-
nalistes. Ils sont priés de s'adresser à M. Charles
Benoist, rue de Tournon, 12, Paris {VI').
Lettre de Russie
Russie et Roumanie
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 27 mars.
On sait que le prince héritier de Roumanie, la
princesse son épouse et leur fils, le prince Charles,
sont depuis samedi à trois heures les hôtes de
l'empereur Nicolas II, à Tsarskoïé-Sélo.
On rattache à cette visite des projets d'union
entre les deux maisons régnantes. En admettant
qu'elle n'eût point cet heureux résultat puis-
qu'on ne saurait envisager, à la cour de Russie,
une question d'ordre tout familial comme une
affaire politique, elle sera avant tout le geste
concret venu pour souligner le rapprochement
des deux alliés de 1878, qu'une erreur d'optique
d'une part, une faute peut-être de l'autre avaient
un instant séparés.
Pour étudier l'origine de ce rapprochement et
avant d'indiquer les raisons sérieuses qui vont,
plus sûrement encore que des sympathies ou des
unions matrimoniales, en faire l'axiome politique
de demain, il nous faut remonter au 31 mars 1913.
Ce jour-là se réunissait, au ministère des affai-
res étrangères de Russie, la conférence des ambas-
sadeurs chargée de résoudre le litige roumano-
bulgare. M. Delcassé prenait part à cette confé-
rence, et en s'asseyant dans son fauteuil, deux
idées guidaient notre ambassadeur d'une part
trouver un compromis entre les demandes rou-
maines et les résistances bulgares qui satisfît
Bucarest sans blesser Sofia, d'autre part-profiter
de la négociation d'intérêts roumains pour tra-
vailler au rapprochement de la Roumanie et de
la Russie.
« Nous ne saurions vraiment pas tirer parti des
événements, disait M. Delcassé à cette époque, si
nous ne laissons pas la Roumanie plus proche de
la Russie au sortir de cette conférence. »
Aussi est-ce dans cet esprit qu'il préconisa la
solution que l'on sait. Cette solution accordait à
Bucarest précisément ce que demandait le gouver-
nement roumain, mais aussi.ee que Sofla avait
laissé entendre qu'il céderait sans de trop gros-
ses difficultés. L'ambassadeur de France avait
voulu faire sortir un accord d'un conflit et non
attiser les rivalités comme le cherchait la propo-
sition austro-allemande. Il y réussit magnifique-
ment la solution adoptée par la conférence, où
se.retrouve toute la pensée de M. Delcassé, fit œu-
vre d'entente. On parlait de guerre avant l'arbi-
trage la sentence rendue, il n'en fut plus ques-
tion. Le prince Ghika quittait Saint-Pétersbourg
avec, en poche, l'agrément pleinement conforme
aux désirs de ses compatriotes, et Bucarest se
rendit compte, en dépit des protestations d'amitié
de Vienne et de Berlin, que p'est la Triple-En-
comme les tantes et les cousines; mais ce
n'était point comme elles sur un avenir incer-
tain, sur tout le mystère des noces; elle se
lamentait, sans savoir pourquoi, comme sur un
mort bien-aimé.
II
Quand donc la noce sortit de l'église, tout le
monde était consolé, sauf Catherine. Mais elle
avait bravement essuyé ses yeux, et rien, de
son bouleversement n'apparaissait, au dehors.
D'ailleurs il fallait bien se.^mettre au niveau
des autres. Ce moment poétique d'obscure émo-
tion avait été long à tous ces graves gens, réunis
pour s'amuser, et plus malins, que sensibles.
Sitôt dehors, les rires éclatèrent, et de nou-
veau l'on se retrouva dans là ferme.Les groupes
étaient mieux formés, les langues plus déliées
qu'au matin. On s'entretenait du Parisien
Quelle belle voix, mon Jésus fit une
vieille; j'aurais cru entendre les anges.
Dommage que M. Julien n'ait pas été là,
fit à Catherine une fille qui voulait être aimable.
n aurait accompagné le monsieur au violon.
Alors Catherine se sentit comme honteuse et
détourna la tête. Mais ce fut pour se retrouver
en face du Parisien, car Benjamin l'avait en-
traînée vers sa bonne amie Jeanne. Et le jeune
homme se présenta lui-même.
« Maurice Lassève, qui trouvait ce pays beau,
et remerciait de tout son cœur son ami Vincent
de le lui avoir fait connaître. »
Ce disant, il appuyait longuement son regard
sur les yeux de la jeune fille. Catherine aussi
se nomma, et tous ceux qui étaient autour d'elle,
et Maurice .Lassève en exprimant l'intention,
elle le conduisit à ses grands-parents, qui féli-
citèrent le jeune homme à leur tour. 11 s'excusa,
plein de modestie; il avait chanté pour lui-
même et pour la vieille église, plus que pour
l'assistance; mais les yeux de Catherine se le-
vant sur lui pleins d'admiration, il promit de
chanter le soir encore, quand la nuit serait
venue sur la campagne.
Toute la journée Catherine attendit ce mo-
ment-là. Le repas était interminable; c'était un
défilé sans grâce de galantines, de fricassées,
de salades et de rôtis entre 4es pièces montées
de nougat et les coupes de mendiants qui déco-
raient la table. Le dessert §e prolongea plus
encore, à cause que chacun chantait « la
sienne » à tour de rôle, et parfois ce tour reve-
nait.
• v Claude Francheï.
\A suivre^,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 73.89%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 73.89%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"
- Auteurs similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k2417575/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k2417575/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k2417575/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k2417575/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k2417575
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k2417575
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k2417575/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest