Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-09-12
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 septembre 1907 12 septembre 1907
Description : 1907/09/12 (Numéro 16881). 1907/09/12 (Numéro 16881).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ITS TBM^S. -12 mptembm imt.
Les gaziers de la banlieue · i
On sait qu'à la suite de l'entrevue qu'ils avaient
eue dans la matinée avec M. Masse, directeur de la
compagnie, MM. Mignac, secrétaire général de la
fédération; Bienner, secrétaire général adjoint; Eu-
vrard, trésorier, et Reversât, archiviste, s'étaient
rendus à Gennevilliers, où ils ont eu une longue
conférence avec le comité de la grève.
Les représentants de la fédération nationale sont
ensuite allés à la réunion ouvrière, qui ne s'est. ou-
verte qu'à cinq heures. Ils ont donné connaissance
du résultat de Tentrevuo qu'ils venaient d'avoir
avec le directeur de la compagnie.
Bien qu'ils n'eussent aucun mandat officiel, ils
croyaient pouvoir se portergarants qu'aucun renvoi
ne serait prononcé pour faits de grève, En outre,
l'article 7 du règlement intérieur, une des causes uu
conflit, dont nous avons donné nier le texte, serait
supprimé, ou du moins modifié.
Quant à la réintégration des quatre ouvriers con-
gédiés avant la grève, le directeur s'y était opposé
formellement,
Après avoir communiqué à l'assemblée les résul-
tats de l'entrevue avec M. Masse, M. Bienner a dé-
claré que dans ces conditions, il croyait que la ces-
sation de la grève pourrait être votée.
M. Lamarche, membre du comité de la grève, s'est
élevé contre l'attitude du comité fédéral des travail-
leurs du gaz. Il déclare que les grévistes attendaient
de lui un concours plus effectif. « En réalité, dit-il,
la compagnie ne fait aucune concession. »
Quelques orateurs, qui parlent en faveur da la re-
prise du travail. sont fréquemment interrompus.
M. Mignac fait encore une fois le récit de l'entre-
vue de la délégation avec la direction lui aussi est
d'avis que la cessation de la grève peut être votée.
Une longue discussion s'engage. Finalement, 1 as-
semblée refuse de suivre les conseils des représen-
tants de la fédération nationale, et se sépare après
avoir voté la continuation de la. grève.
LES INCIDENTS
Quelques incidents se sont produits dans la soirée
d'hier.
A Saint-Denis, quai de Seine, des grévistes ont
tenté de débaucher les allumeurs. N'ayant pas pu y
parvenir, ils ont éteint sucessivement tous les ré-
verbères et quelques lanternes ont été brisées,
A Deuil, les conduites de cinq becs de gaz ont été
coupées et les lanternes endommagées.
Des renforts de police ont été demandés à la sous-
préfectûre de Pontoise, qui a envoyé un détache-
ment de gendarmes à Enghien-les-Baips.
LA REPRISE DU TRAVAIL
Bien qu'à la réunion tenue dans l'après-midi
d'hier à Epinay les grévistes aient voté à la presque
unanimité la continuation de la lutte, l'intervention
des représentants de la fédération nationale d'éclai-
rage paraît avoir virtuellement mis fin à la grève.
Un des délégués, que nous rencontré ce
matin, nous a dit:
J'ai vu très nettement, à la réunion d'hier, que la
très grande majorité de l'assemblée était d'accord avec
nous et ne demandait qu'à trouver un compromis lui
permettant de reprendre le travail.
Après le vote de l'ordre du jour acclamant la con-
tinuation de la grève, j'ai dit à un camarade que beau-
coup parmi ceux qui paraissaient les plus exaltés
allaient réintégrer l'usine au plus tôt.
Je ne m'étais pas trompé. Des rentrées se sont en
effet produites déjà dès hier soir, et ce matin, les gré-.
vistes se présentent à l'usine par groupes nombreux.
Au siège de la société, on considère également
que la grève est virtuellement terminée et que dès
demain les services seront complètement recon-
stitués avec tout le personnel habituel.
Voici, du reste, la note qui nous est communiquée
par la direction
La production de gaz a été normale dans la journée
d'hier (165,000 mètres cubes). Les services d'éclairage
ont été parfaitement assurés.
Les grévistes reprennent peu à peu le travail; le
nombre de rentrées dans la journée d'hier a été de 95.
Ce matin à dix heures, 130 rentrées nouvelles se sont
produites.
On peut donc considérer la grève comme virtuelle-
ment terminée.
Académie des sciences morales et politiques
Nous avons dit que sur les cinq mémoires récom-
pensés dans le concouri ouvert par l'Académie des
sciences morales et politiques sur « les modifica-
tions à apporter à la législation française sur les
aliénés », îes auteurs de quatre mémoires se sont
fait connaître
Mémoire n° 15 (2,000 francs), M. le docteur S. Cossa,
médecin en chef des asiles d'aliénés, à Nice
Mémoire il» 7 (1,000 francs), M. le docteur Marcel
Viollet, médecin des asiles et M. Gustave Spach, avo-
cat à la cour, à Paris;
Mémoire n° 17 (t,000 francs)' M. le docteur Gimbal,
médecin des asiles, à Prémontré (Aisne).
Mémoire n° 18 (1,000 francs), M. René Decante, juge
ju tribunal de Châteaudun, et M. le docteur Marie, mé-
decin des asiles de la Seine.
L'auteur du mémoire n° 16 portant pour épi-
graphe L'union fait la force, n'a pas encore demandé
ouverture du pli cacheté qui accompagne son mé-
jnoire..
CORRESPONDANCE
Paris, 9 septembre.
• Monsieur le directeur,
>En rendant compte des incidents de la grève d'An-
rers, le Temps a désigné presque constamment sous le
nom de jaunes les striks-breakers, les briseurs de
grève, recrutés en Angleterre.
En l'absence de notre président Pierre Biétry, le co-
mité exécutif de la fédération nationale des jaunes de
France tient à protester contre cette confusion que
nous croyons involontaire.
Les jaunes réprouvent les striks-breakers qui ap-
portent dans les conflits du travail un élément de dé-
sordre et de haine. Les jaunes s'efforcent de résoudre
ces conflits par la conciliation, mais ils ne s'opposent
jamais à l'exercice légitime et opportun du droit de
grève. A Fougères, Longwy, Essonnes, etc., ils ont
porté leur appui à des ouvriers contraints par une mi-
norité violente d'abandonner le travail, mais ils n'ont
jamais fourni à des industriels aux abois un personnel
d'occasion.
C'est en faisant du salarié un travailleur associé, en
poursuivant l'application de notre programme d'acces-
sion à la propriété, que nous éviterons les conflits pré-
judiciables aux ouvriers et que nous résoudrons le
problème social ce n'est pas en mettant au service du
patronat des stipendiés dont l'intervention rendrait
irrémédiable l'antagonisme de classes.
Pour le comité exécutif,
3. WAYSS.
FAITS DIVERS
LA TEMtPélR.A.TTTFtEI
Bureau central météorologique
Mercredi 11 septembre. La pression barométrique
s'est abaissée, excepté dans l'extrême nord du conti-
nent et le sud de la Russie; elle est encore supérieure
à 765 mm. sur presque toute l'Europe et le maximum
se trouve ce matin sur le Danemark (Fanœ 772 mm.).
Le vent est faible des régions est avec mer belle sur
toutes nos côtes. r..
Des pluies sont tombées sur la Norvège et la Fin-
lande en France, le temps est resté généralement
beau. "•.
La température a baissé sur nos régions. Ce matin,
le thermomètre marquait 2° à Uléaborg, 12» à Paris et
à Nantes, 14° à Clermont, 25° à Alger. On notait 13° au
puy de Dôme et au mont Aigoual, 5° au pic du Midi.
En France, un temps beau et moyennement chaud
ast probable.
A Paris, hier, la température moyenne, 16°8, a été
supérieure de 1«5 à la normale (15°3).
A la tour Eiffel, maximum 25» le 10 septembre à
3 h. du soir; minimum 10°5 le 11 à 7 h. du matin.
Observatoire municipal (RÉGION parisienne)
Le ciel demeure beau, brumeux, et les vents, plus
faibles, continuent à souffler des régions nord,
La température, fournit ce matin des minima de 10° à
12° sur la ville et la banlieue.
La pression barométrique, stationnaire acres une lé-
gère baisse, accuse à midi 766 mm. 1.
PERSISTANCE DE LA SECHEBESSE.^ Sur notre région,
le régime sec persiste jusqu'ici l'été de 1907 a été
très sec, et actuellement l'ensemble des observations
n'annonce pas la reprise immédiate des pluies. D'a-
près M. Joseph Jaubert, directeur de l'Observatoire
municipal, on définit les périodes, mois ou saisons
comme secs lorsque la quantité d'eau recueillie s'é-
carte de plus d'un cinquième de la hauteur moyenne.
L'été de 1907, qui n'a donné à Paris que 83 mm. au
lieu de 160 mm., a donc présenté une quantité d'eau
de moitié "seulement de la valeur normale des étés
aussi secs sont assez'rares, puisque depuis plus d'un
siècle c'est seulement le sixième cas. Les étés secs
ne présentent, le plus souvent," que des écarte de
SO 0/0, et à un été sec succède quelquefois un au-
tomne aussi sec une fois même en un siècle l'été,
l'automne et l'hiver successifs furent secs. Pour le
mois de septembre on n'a recueilli que 3 à 4 mm.
Ô'eau il presente une certaine analogie avec ce-
lui de 1895 cette année-là le cjel resta très
teau et il rô' eut pas de pluie. En 1907. la temcéra-
ture est plutôt fraîche, car seulement depuis deux
jours la moyenne est au-dessus de la normale; les
variations sont peu accentuées, malgré la pureté du
ciel;' d'ailleurs, les observations météorologiques
faites en ballon ont permis, de constater que \es
courants supérieui s. avaient une grand» uniformité
thermique, indice i"un état, atmosphérique générai
stable.
A L'ASILE DE BRÉVANNES. ->• L'Assistance publique pos-
sède a Brévannes, près de Boïssy-Saint-Léger, dans
l'ancien domaine du prince Murat; un hospice où
sont soignés quinze cents malades environ, dont
cinq cents tuberculeux. Ces derniers' y sont envoyés
par les hôpitaux parisiens, les uns, qui sont irrémé-
diablement condamnés, pour qu'ils puissent finir
moins tristement leur vie qu'à Paris, les autres, qui
sont en voie de guérison, pour que l'air pur et le
repos hâtent leur rétablissement.
Depuis-longtemps, l'Assistance publique recevait
de nombreuses plaintes do cette dernière catégorie
de malades qui prétendaient être insuffisamment
nourris ou traités trop sévèrement. Hier, ils ont
voulu donner à leur protestation une forme plus
significative seize d'entre eux ont franchi, au
moyen d'une échelle, le rmïï 3e clôture de l'établis-
sement et sont venus à pied à Paris présenter leurs
doléances à M. Mesureur, directeur de l'Assistance
publique. Comme auparavant, ils se plaignent de la
nourriture insuffisante, ineommodément distribuée
et aussi de la discipline rigoureuse que le docteur
Marie., directeur de l'établissement, prétend leur:
imposer.
Nous avons vu M. Mesureur, qui nous a fourni a
ce sujet les renseignements suivants:
Il est bien exact que des malades se sont évadés
du quartier des tuberculeux de l'hospice de Brévan-
nes, et qu'ils sont venus ici pour me présenter leurs
griefs. Jai aussitôt envoyé1 un inspecteur a Brévannes,
avac l'ordre de se livrer ft.urïè enquôte approfondie.
Jusqu'à ce que son rapport me soit parvenu, je ne
pourrai naturellement pas me prononcer sur la légiti-
mité des plaintes de ces malades.
Néanmoins, comme ce n'est pas la première fois que
ces hospitalisés se plaignent et- que mon administra-
tion n'a pas cessé de surveiller de très près le fonc-
tionnement des services de l'hospice de Bfëvanfies, je
puis vous fournir quelques indications sur ce point.
L'hospice des tuberculeux de Brévannes n'est installé
que depuis trois mois il comprend 500 lits. Il est in-
déniable que l'installation ne fut pas complète dès les
premiers jours. Ce n'est que peu à peu que chaque
̃ chose fut mise à sa place. Mais aujourd'hui, l'asile de
Brévannes peut être considéré comme un hospice mo-
dèle, avec tout le confort et tous les perfectionnements
qu'exige sa destination.
Pour ce qui est des malades, il faut savoir qu'il y en
a, à Brévannes, deux catégories bien différentes
d'abord les tuberculeux incurables, gravement atteints
et qui, faibles, se meuvent difficilement. Ceux-là sont
admirablement soignés et n'ont d'ailleurs jamais for-
mulé aucune plainte.
D'autres malades sont au contraire valides. La vie
oisive et régulière qu'on leur impose leur est insuppor-
table. Ils sont là, n'est-ce pas ? pour .se soigner et non
pour se divertir. C'est cela qu'ils ne peuvent admettre.
Vous savez que dans les sanatoriums, la discipline est
excessivement sévère, et dans l'intérêt même des ma-
lades, il est indispensable qu'il en soit ainsi. Les tuber-
culeux valides de Brévannes ont une autre conception
du traitement de la tuberculose. Il n'est pas surpre-
nant que le docteur Marie, qui est un médecin intelli-
gent et tout dévoué à ses malades, ne croie pas devoir
adopter leur méthode. Au contraire, il adû rendre ses
derniers temps le règlement encore plus rigoureux.
Ainsi les tuberculeux hospitalisés étaient autorisés à
sortir de l'asile. Or, à plusieurs reprises, on en vit
revenir en complet état d'ivresse, Le docteur Marie
supprima donc cette autorisation.
Qui pourrait lui donner tort?
Une autre raison du mécontentement de certains
malados, c'est qu'il est maintenant interdit aux hom-
mes de séjourner dansle quartier des femmes. Le doc-
teur Marie a pris cette mesure parce qu'il ne pouvait
plus ne. pas la prendre. Inutile, n'est-ce pas ? d'in-
sister.
Quant à la nourriture, elle est dosée et calculée pour
chaque.malade par le médecin traitant. En tout cas, je
serais fort surpris d'apprendre qu'un seul malade ait
souffert de la faim. Le rapport de l'inspecteur qui en-
quête en ce moment sur les lieux me fixera définitive^
ment à ce sujet.
Est-il vrai, monsieur le directeur, que les infir-
mières se solidarisent avec les malades parce que
la direction manque d'égard envers; elles et quon
les nourrit insuffisamment?
Jamais le personnel hospitalier de Brévannes na
formulé aucune plainte, nous répond M. Mesureur.
Les infirmières sont fort bien nourries, à Brévannes
comme dans tous les établissements de l'Assistance
publique, Du reste chaque fois que le personnel hos-
pitalier nous. adresse la moindre réclamation, celle-ci
est examinée avec soin, et satisfaction est donnée, aux
réclamants s'il est reconnu qu'ils avaient raison.
Quand donc les infirmières de Brévannes nous adres-
seront leur doléances, nous ferons comme toujours le
nécessaire.
En conclusion, pour les malades mécontents comme
pour le personnel hospitalier, l'administration n'a pas
d'autre souci que de leur assurer le plus de bien-être
possible. Elle continuera et si le rapport de l'inspec-
teur que j'ai envoyé à Brévannes conclut à la néces-
sité de certaines améliorations ou modifications du
fonctionnement du service des tuberculeux, il y sera
immédiatement procédé.
RÉÏOLTE DANS UNE COLONIE PÉNITENTIAIRE. Une ré-
volte vient de se produire à la colonie pénitentiaire
agricole de la Mptte-Beuvron, près de Blois. Sur un
mot d'ordre des meneurs, quatre-vingts colons ont
quitté le travail hier soir, vers deux heures. La gen-
darmerie prévenue s'est mise aussitôt on campa-
gne et a procédé à l'arrestation do cinq mutins.
Soixante autres sont rentrés le soir même, de leur
plein gré. Les quinze fuyards sont activement re-
cherchés.
SUICIDE. Le nommé Louis G. garçon de caisse
au siège de la Compagnie générale des eaux, rue
d'Anjou, s'est tiré hier un coup de revolver dans la
bouche à la suite d'une remontrance, cependant
amicale, que lui fit sa femme au moment ou il ren-
trait chez lui. Transporté à l'hôpital Beaujon, ce
malheureux qui souffrait depuis longtemps d'une ma-
ladie d'estomac et qui était, en outre, neurasthénique,
a succombé ce matin aux suites de sa blessure.
BLESSÉS PAR UKE AUTOMOBILE. Vers minuit, la nuit
dernière, deux jockeys au service de M. Hémard,
propriétaire d'une écurie de courses (le jockey Que-
nault, qui avait monté « Cliquot », dans lo prix des
Fusains, et son camarade Isabel, qui avait monté
« Emir », lundi dernier, à Saint-Cloud, dans le prix
Zéthusj, ramenaient leurs chevaux, en suivant le
boulevard de Versailles, à Saint-Cloud, lorsqu'une
automobile, lancée à toute vitesse, surgit soudaine-
ment derrière eux, dans la courbe qui précède l'oc-
troi de Saint-Cloud, et les renversa. Le jockey Isabel
se releva avec des contusions sans gravité. Son
cheval, projeté'dans le fossé voisin, avait reçu le pre-
mier choc et fut très grièvement endommagé il est
considéré comme perdu. Quant au jockey Quenault,
il a reçu de multiples fractures qui mettent sa vie
en danger et il a été transporté à l'hôpital de Saint-
Cloud.
M. Leblanc, commissaire de police, a ouvert une
enquête pour rechercher le chauffeur meurtrier qui
a continué sa route, à toute vitesse, dans la direc-
tion de Suresnes il ne désespère pas de le retrouver.
Il résulte de son enquête que, en plus du chauffeur
l'automobile contenait trois personnes qui ont été
blessées par les éclats des vitres et des phares de la
voiture. On a retrouvé, d'autre part, sur les lieux de
l'accident, la trompe de l'automobile toute bossuée,
ainsi qu'un chapeau de paille dont on connaît le
vendeur.
Albert Quenault est âgé de trente-neuf ans et ori-
ginaire .de Fourchambault (Nièvre). Il a passé une
mauvaise nuit et son état ne s'est pas amélioré.
MORTS ACCIDENTELLES. –A Bidart, près de Biarritz,
M. dePérignon, conseiller municipal, s'est noyé en
sauvant un enfant qui se baignait dans un endroit
dangereux de la rivière et avait été entraîné par le
courant. ̃
Un enfant de ans 1/2 est tombé à Caen d'un
troisième étage il est mort d'une fracture au
crâne.
M. Henri Maurice, élève de l'Ecole polytechni-
que, faisait une excursion samedi, au pic Long, voi-
sin de Barèges; il monta sur un gros bloc; celui-ci
céda sous son poids et tomba dans l'abîme, entraî-
nant avec lui le malheureux jeune homme, qui fut
tué sur le coup;
A Vesoul, la tenancière d'un établissement
forain, Mme Louise Neuville, a été atteinte par une
balle, tandis qu'elle était occupée à charger une
carabine destinée à un de ses clients.
La malheureuse, frappée au cœur par le projec-
tile, a été tuée sur le coup.
A Cambrai, un charretier, Eugène Bouchez,
soixante-douze ans, a été tué net par un coup de
pied de cheval reçu en pleine poitrine.
A Seclin, près de Lille, un tuyau d'une distil-
lerie, en éclatant, a blessé grièvement deux ou-
vriers. L'un d'eux, nommé Emile Wauquier, est
mort quelques heures après,,
Aux mines de la Combelle (Haute-Loire), un
ouvrier, nommé Bernard, descendait dans un puits
avec plusieurs autres, lorsque par suite d'une accé-
lération trop brusque du tour dévideur, ces ouvriers
se crurent en danger et se mirent à crier. Le machi-
niste arrêta tout mouvement, mais comme Bernard
avait sorti la tête de la cage, il fut décapité par les
boiseries du puits.
FILATURE INCENDIEE. Un incendie a détruit com-
plètement hier soir, vers sept heures", les immenses
magasins de la filature de coton Dansette frères,
avenue Bayard, à Armentières. En une demi-heure,
400 balles de coton brut et 60,000 kilos de coton filé
ont été dévorés bar les flammes. Grâce aux efforts
des pompiers d' Armentières, des filatures voisines
ont été épargnées. Le chiffre des dégâts approche
de 600,000 francs.
UN MEURTRE. Mme veuve Fabre, demeurant à
Saint-Jean-le-Froid, près de Millau, appelée à neuf
heures du soir par une personne du dehors, courut
à une fenêtre pour répondre. Elle reçut en pleine
poitrine deux coups de fusil qui entraînèrent aus-
sitôt la mort. Le coupable a disparu.
ENLEVÉ PAR UNE LABIE. Plusîeursànorutiers sont
arrivés à la Rochelle. Au cours de la traversée, l'un
d'eux, la goélette Marceline, a .perdu son premier
lieutenant, Emile Cavorzin, âgé de vingt-huit ans,
de Paimpol. oui a été_enlevé .car une lama.
DRAMES PJSSIOHBEIS. A Acq, près d'Arras, Gaston
François, âgé de "dix-neuf ans tailleur, a "tiré deux
coups de revolver sur Mlle Adolphine Deprotz, Agée
de seize ans, qui refusait d'écouter ses déclarations.
François s'est tiré ensuite deux balles dans la tempe
droite son état est désespéré. Mlle Depretz a été
grièvement blessée à la figure.
A Lille, M. Clément Morand, âgé de vingt ans,
rempailleur de chaises, eut une discussion avec
une tille, son ancienne maîtresse, dans un estami-
net il a été tue d'un coup de couteau par le fils du
propriétaire, menacé à son tour au cours de la dis-
cussion.
NËCROI~OGIE
Noua avons le regret d'apprendre la- mort de
M. Edmond Caze, sénateur de la Haute-rGaronne,.
décédé hier à Toutens, commune de ce département,
dont il était maire. M. Caze a succombé, à l'âge de
soixante-huit ans, aux suites d'une con gestion pul-
monaire.
Edmond-Marie-Justin Caze, né à Toulouse le 16
septembre 1839, fit d'abord ses études de droit; il fut
reçu docteur et devint avocat. La politique l'attira,
et après s'être occupé d'agriculture, il fut maire de
Villaudric et conseiller général en 1868; il brigua
vainement la députation en 1869, et servit comme
capitaine d'artillerie pendant la guerre franco-alle-
inande.
Il fut élu pour la première fois député en 1876 par
l'arrondissement de Villefranche, réélu en 1881.
Mais après avoir été sous-secrétaire d'Etat au mi-
nistère de l'agriculture, dans le cabinet Gambetta
(16 novembre 1881), il échoua aux élections législa-
tives de 1885. Il fut renommé député en 1889, en
1893, en 1898 et en 1902.
Le 7 janvier 1906, M. Edmond Caze fut élu séna-
teur de la Haute-Garonne par 599 voix, en même
temps que M. Raymond Leygue; taus deux rempla-
cèrent au Luxembourg MM. Constans et Camparan,
qui ne s'étaient pas représentés.
Membre du conseil supérieur de l'agriculture et
du comité consultatif des chemins de fer, M. Ed-
mond Caze fut président de la Société nationale
d'encouragement à l'agriculture et ne résigna ses
fonctions que pour permettre à M. Emile Loubet de
reprendre son fauteuil de président de la société,
quand il eut quitté le palais de l'Eiysée.
M. Edmond Caze était le beau-frere de M. Marué-
jouls, député de l'Aveyron, ancien ministre des tra-
vaux publics et frère du conseiller à la cour de
Paris.
Les obsèques de M. Edmond Caze auront lieu à
Toutens, jeudi, à neuf heures du matin.
Nous avons également le fegret d'apprendre la
mort de M. Henri Lavertujon, sénateur républicain
de la Haute-Vienne, décédé dans sa propriété de la
Chateline, près de Saint-Yrieix.
M. Henri Lavertujon est décédé subitement dans
la journée d'hier, à l'âge de cinquante-deux ans.
Après avoir fait ses études de droit M. Lavertujon
s'adonna au journalisme politique.
Collaborateur de divers journaux parisiens,il fonda
en 1882 le Petit Centre à Limoges.
En 1889 il fut élu pour la première fois député de
Saint-Yrieix et réélu en 1893; mais il échoua aux
élections générales de 1898.
Il se présenta au Sénat, lors du renouvellement
triennal de janvier 1906, et fut élu au second tour
sur la liste républicaine contre la liste radicale.
Avant d'entrer au Parlement, M. Lavertujon avait
été, en 1880, chef du cabinet de M. Raynal, lorsque
celui-ci était sous-secrétaire d'Etat des travaux pu-
blics.
M. Lavertujon était depuis quelque temps mem-
bre du conseil d'administration de la société des
établissements Panhard-Levassor.
Il était le neveu do notre ancien collaborateur et
ami, André Lavertujon, ancien sénateur de la Gi-
ronde.
Les obsèques de Mme veuve Verlhac, décédée à
l'âge de quatre-vingts ans,, belle-mèrode M. Chau-
mié, sénateur, ancien ministre de la justice, et de
M. Lascombes. trésorier-payeur général, ont eu
lieu mardi à Brive, au milieu d'une nombreuse
affluence.. ̃'̃
Hier mardi ont eu lieu à Evreux les obsèques de
M. A. Chassant, conservateur du musée, chevalier
de la Légion d'honneur, qui venait d'entrer dans sa
centième année,et à qui, ainsi que nous l'avions an-
noncé, un banquet avait été offert, à cette occasion,
le ler août. M. Chassant est décédé samedi matin,
presque au lendemain d'une réunion dans laquelle
lo conseil municipal avait voté un crédit de 1,000 fr.
pour célébrer au mois d'août prochain son cente-
naire.
Les obsèques de M. Jules Hinstin. (12, boulevard
Saint-Martin), décédé à Interlaken, auront lieu de-
main jeudi. On se réunira à dix heures précises à la
porte prjnoipale du oimotièr» Montmartre. Prière do
n'envoyer ni fleurs ni couronnes. Il ne sera pas
envoyé de lettres. De la part des familles Spire,
Hinstin et Albert Mélèse.
CHANTS RÉVOLUTIONNAIRES
« ÇA IRA »
Le Ça ira, chanson de la Fédération du 14 juillet
1790, est un produit essentiellement parisien. L'air
est celui d'une contredanse dont le titre le Caril-
lon national, et l'auteur*: Bécourt, n'ont jamais cessé
d'être connus. Il sort donc des bals de Paris. Là, le
peuple ayant dansé sur son rythme alerte et guille-
ret, le prit un soir pour le porter le lendemain dans
le Champ de l'Egalité nivelé par ses mains. Le titre
atteste à lui seul qu'en juillet 1790 il était dans sa
nouveauté.
Quant aux paroles, on s'est ingénié à en retrou-
ver le véritable auteur; mais c'est recherche bien
oiseuse. A vrai dire, les paroles du Ça ira, cela
n'existe pas, du moins en tant que chanson popu-
laire. Il n'y a, dans la chanson, que deux choses qui
comptent l'air, de style essentiellementinstrumen-
tal, nullement fait pour être chanté, et les deux mots
répétés du refrain. Pour ceux-ci, des contemporains
dignes de foi ont rapporté qu'ils étaient entrés dans
le jargon du peuple de Paris, par imitation d'un pro-
pos familier de Franklin, lequel, quand on lui de-
mandait ce qu'il pensait du succès de la révolution
américaine, répondait obstinément « Ça ira 1 Les
trois syllabes de ce dicton s'adaptent parfaitement
au rythme de l'air de danse. Si le quelconque ga-
min de Paris qui eut le premier l'idée de les chanter
ensemble avait eu le soin de conserver son nom à la
postérité, nous le reconnaîtrions pour l'auteur de la
chanson. Dans l'ignorance où nous en sommes, il
faut donc dire que cet auteur est Franklin, collabo-
rateur involontaire et étonné du musicien de bals
publics, violon à l'orchestre du théâtre des Beaujo-
lais, Bécourt, puisqu'il faut l'appeler par son nom,
dans la composition de l'œuvre qu'Anacharsis
Clootz, toujours sensible, qualifiait « notre Ranz
des vaches », et qui, jusqu'en 1792, eut l'honneur im-
mérité de jouer le rôle de premier chant national de
la Révolution.
Mais, dira-t-on, il existe sur l'air du Ça ira des cou-
plets formant une chanson entière qu'à l'époque de
la fête de la Fédération les marchands de chansons
vendaient au peuple en feuilles volantes. Un chan-
teur des rues, Ladré, en fit imprimer dont le succès
fut assez prononcé pour que les. recueils postérieurs
aient cru pouvoir présenter sa chanson comme étant
le Ça ira original. La vérité est que Ladré n'est ab-
solument pour rien dans la popularité du Ça ira
c'est lui au contraire qui en a profité en sachant
trouver le bon moment pour adapter ses vers au
refrain et à l'air en vogue; mais d'autres en avaient
fait autant en même temps que lui, peut-être avant
lui, et l'on peut affirmer que pas une des chansons
ainsi produites ne fut à proprement parlerpopulaire,
c'est-à-dire chantée par le peuple. ·
Il y a pour cela une raison très simple, à savoir
que l'air de la contredanse, essentiellement instru-
mental, est, sous sa forme complète et développée,
inchantable., Seule la première reprise (et encore dé-
pouillée de ses ornements) a pu être chantée dans
les rues c'est celle qui, sur quatre vers, en contient
deux qui ne font que répéter « Ça ira 1 » Quant aux
deux autres vers ils varient l'infini. Ceux de Ladré
furent assurément beaucoup moins chantés que
d'autres dont il ne viendra sans doute à l'esprit de
personne de rechercher les auteurs. Tels sont ceux
qui font allusion à la pluie qui tomba pendant la
fête, attestant l'étendue de la popularité du refrain
au jour même du 14 juillet:
Ah ça ira, ça ira, ça ira I
En dépit d' z' aristocrat' et d' la pluie.
Ah ça ira, ça ira, ça ira!
Nous nous mouill'rons, mais ça finira.
Je sais un autre couplet, inspiré par la même
cause, qui, sans avoir été imprimé (et il faut avouer
qu'il méritait peu de l'être), a traversé les cent dix-
sept ans et plus qui nous séparent du 14 juillet 1790,
par la seule tradition orale, comme une vraie chan-
son populaire. Il commence ainsi
Ça m'coule au dos, coule au dos, coule au dos,
En revenant du Champ de Mars,
Ça m'çqule au dos, coule au dos, coule au dos,
Je suis mouillé jusques aux os.
La voilà, la vraie chanson de la fête de la Fédéra-
tion t Ne croirait-on pas l'entendre chanter par les
voix frondeuses du peuple de Paris, rentrant dans
sa ville après avoir ressenti l'émotion crandiûsa du-
'̃serment, et se moaùantJîien du reste!
Ce document curieux m'a été communiqué récern^
ment par une dame habitant le midi de la France,
qui le tient en droite ligne de son arrière-grând-père,
spectateur de la journée historique. Voici les détails
qu'elle a bien voulu me donner sur cetto tra.nemis-
sion
« C'est bien en effet par tradition orale que cette
chanson est venue jusqu'à moi. Mon arrière-grand-
père, contemporain de la Révolution, avait entendu
chanter et chanté lui-même cette chanson au lende-
main de la fête de la Fédération (où il plut à versef
comme chacun sait). L'ayant retenue, il la chantait
souvent à sa petite-fille, ma mère, à qui elle plaisait
fort et qui la répétait à plaisir, tant qu'elle me la
chanta à moi-même et me l'apprit dès mon enfance.
Ma mère, qui est auprès de moi en ce moment,
affirme que la chanson est telle qu'elle l'a apprise de
son aïeul, et elle a toujours eu une oreille et une
mémoire musicale excellentes. » C
Je n'ai rien voulu retrancher de cette communica-
tion, qui offre si nettement les caractères de la sin-
cérité. J'y note ce détail charmant du grand-père ré-
pétant la chanson de sa jeunesse pour amuser sa
petite-fille, celle-ci en faisant autant à son tour pour
son propre enfant, de sorte que le Ça ira, ce pré-
tendu monument de la sauvagerie révolutionnaire
a traversé un siècle bientôt et quart sous les-espèces-
d'une chanson enfantine 1
Voici donc le couplet entier, tel qu'il me fut com-
muniqué. C'est bien le Ça ira on le reconnaît dis-
tinctement, surtout dans sa première reprise formant
refrain; mais il nous arrive déformé, dans le sens de la
simplification, de la manière la plus curieuse; la se-
conde reprise en vient à n'avoir aucune ressem-
blance avec l'original. La comparaison de cette ver-
sion orale avec l'air connu tel qu'il est noté dans
tous les recueils nous édifiera sur le sans-gêne avec
lequel le peuple en usait avec l'air de Bécourt.
De fait, ce que le Ça ira nous offre de plus inté-
ressant à retenir appartient à la tradition purement
orale. Les paroles vraiment populaires «îe sont pas
celles qu'on a imprimées, mais celles qui se répè-
tent de bouche en bouche. « Les aristocrates à la
lanterne 1 Les aristocrates on les pendra 1 » On a
cru pouvoir contester que ces vers aient été chan-
tés dans le Ça ira révolutionnaire. C'est nier l'évi-
dence. Mais, objecte-t-on, on ne les trouve pas dans
les chansonniers du temps. En fût-il ainsi que cela
ne prouverait rien. Les chansons ne sont pas faites
pour être imprimées ou écrites, mais pour être
chantées. Or, ces paroles ont laissé un souvenir si
universel qu'il est inadmissible de ne voir en elles
qu'une invention postérieure et contre-révolution-
naire. Au reste, cela n'est pas. Si aucun chercheur
n'a pu retrouver dans les documents contemporains
les paroles incriminées, plus heureux, sinon plus
habile (car je n'ai eu d'autre peine que d'ouvrir au
bon endroit le plus célèbre des périodiques français),
j'ai trouvé dans le Mercure, au numéro même de
juillet 1790, un compte rendu des préparatifs de la
fête qui, en même temps qu'il ajoute un nouveau
trait à la physionomie du Paris de la Fédération, va
nous apporter le témoignage contemporain et décisif,
vainement cherché par ailleurs
« La musique et les cris de joie se mêlaient aux
lieux communs contre les aristocrates. Le refrain de
la plupart de ces chansons était « Ça ira 1 Les aris-
tocrates à la lanterne 1 Crèvent les aristocrates 1 »
Et autres facéties fraternelles que les dames éper-
dues de la démocratie et les journalistes à l'esprit-de-
vins, nomment des hymnes patriotiques. »
II résulte de tous ces faits, il ressort de l'expres-
sion môme « à la lanterne » » (laquelle mise en
usage au lendemain de la prise de là Bastille, était
déjà vieille en juillet 1790) que le Ça ira n'est point
du tout, comme on l'a cru parfois, une chanson de
̃< q-aatjB-vinSt-tev.U«». Quant a la signification qu'elle
eut, est-il vraiment si nécessaire de se voiler la face
pour en parler? « On les pendra » » Vraiment en
chanson, cela a bien de l'importance IParole de défi,
soit, mais plus gouailleuse que sérieusement mena-
çante. Ne venons-nous pas de voir l'aristocratique
Mercure de France la traiter simplement de «facétie»?
Aussi bien tous les partis s'envoyaient mutuelle-
ment pendre témoin cet autre couplet, qu'on a
trouvé imprimé trois mois après la Fédération il
fut chanté à la suite d'une manifestation d'officiers
Ah ça ira, ça ira, ça ira 1
Les démocrates à la lanterne!
Ah 1 ça ira, ça ira, ça ira 1
Tous les députés on les pendra.
Nous devons donc conclure que les deux vers en
question, avec le refrain, plus primitif encore, ap-
pliqués à la première reprise de l'air de Bécourt,
constituent tout le Ça ira, le vrai Ça ira populaire.
Et ce n'est ni Ladré, ni aucun des rimailleurs qui,
en même temps que lui, voulurent profiter de la vo-
gue de l'air et du refrain pour y ajouter leurs paro-
les, qui a droit au titre d'auteur de Ça ira. Le Ça
ira est de tout le monde,,
«VEILLONS AU SALUT DE L'EMPIRE»
Veillons au salut de empira est la première chan-
son qui ait pris un caractère de chant national
après la fuite du roi.
Par quelle vertu sont-cc ces couplets plutôt que
d'autres, comme il s'en faisait alors à la douzaine,
qui ont joui d'une popularité telle que pendant un
temps, la chanson fut mise sur le même plan que.
les plus authentiques chants nationaux? C'est ce que
je ne saurais dire. C'est sans doute à l'accentuation
du mot magique « Liberté 1 liberté 1 » qui se trouve,
bien par hasard, adapté heureusement à une musi-
que faite pour une fin très différente, que ce succès
fut dû. Toujours est-il que la vogue de Veillons au
salut de l'empire a balancé celle du Ça ira et de la
Carmagnole et que cette chanson a pu, sans qu'on
la trouvât déplacée, figurer aux côtés de la Marseil-
laise elle-même dans l'à-propos patriotique Offrande
à la Liberté, qui, sur la scène de l'Opéra, à toutes
les époques de danger de la patrie, surexcita les
courages avec une continuité d'émotion qu'on ne vit
jamais se démentir.
Pourtant, si l'on considère ses origines, on est
amené à constater dans ses éléments un mélange
dont l'imprévu est vraiment comique. L'air est tiré
d'un opéra comique de Dalayrac, Renaud d'Ast, re-
présenté en 1787, dont le poème, dû à la collabora-
tion de deux vaudevillistes notables, Radet et Barré,
tient à la. fois de la bouffonnerie et du genre roma-
nesque troubadour.
Le style de la musique est tout à fait d'accord
avec cette poétique. On entend par exemple l'or-
chestre jouer en manière de persiflage l'air Mal-
brough s'en va-t-en guerre et le refrain Va-t'en voir
s'ils viennent, Jean; il pleut bergère est intro-
duit pour signifier qu'il fait mauvais temps.
Ces plaisanteries musicales donnent le ton général
de l'œuvre.
Dans une scène Importante pour l'action, le héros
ou si l'on aime mieux, le ténor après avoir
reçu la pluie sous les fenêtres de sa belle, chantait,
en s'accompagnant sur la guitare, une sérénade
dont l'air aimable et galant devint populaire. Les
paroles étaient
Vous qui d'amoureuse aventure
Courez et plaisirs et dangers,
Si de chaleur ou de froidure
Parfois vous sentez affligés,
Souffrez, endurez, espérez sans cesse,
Toujours constants, au sort soyez soumis.
D'amour au sein de la détresse
Fidélité reçoit le prix.
Quelle dut être la stupéfaction de Dalayrac quand
il entendit sa mélodie chantée par tout le peuple sur
les paroles suivantes 1 C'est ce que la confrontation
des textes permettra de deviner
Veillons au salut de l'empire,
Veillons au maintien de nos droits;
Si le despotisme conspire,
Conspirons la perte des rois.
Liberté! Liberté!. Que tout mortelle rende hommage t
Tyrans, tremblezl Vous allez expier vos forfaits.
Plutôt la mort que l'esclavage
C'estla devise des Français 1
Quand Gossec introduisit ce chant dans l'Of-
frande à la Liberté, où, avant la Marseillaise, il est
chanté par un soldat appelant ses frères à voler avec
lui aux frontières, il en confla l'exécution à une rude
voix de basse et remplaça les pizzicati des violons
imitant la guitare par un accompagnement du plein
orchestre qui martelle fortement le rythme il pro-
longea. d'une mesure la note tenue sur laquelle se
nrononce r>ar deux fois la dernière syllabe du mot
« Liberté », donnant ainsi une ampleur imprévue à
la ligne mélodique, et ma foi, il faut avouer que;
ce fut une véritable métamorphose 1 J'ai fait plu-
sieurs fois devant le. publie l'expérience qui consiste
à faire chanter-.successivement « Vous qui d'amou-
reuse aventure)) et «Veillons au salut de l'empire»,
et je n'ai jamais vu l'antithèse non des deux airs,
mais du même air chanté sur des paroles et avec
une interprétation différente, manquer son effet I
L*'anteur des couplets était, comme Rouget de
Lisle, un officier. de l'armée du Rhin, Adrien-Simon
Boy, chirurgien en chef. Ils- furent, sous le simple
titre de « romance », imprimés à la fin de 1791 dans
l'Orateur du peuple; ils eurent de nombreuses édi-
tions en 1792, Girey-Dupré, le chansonnier jour-
naliste ami de Brissot, les inséra dans son almanach
•chantant le Chansonnier patriote, publié en « l'an Ier
de la République » (fin de 1792), en ayant soin d'in-
diquer le nom du véritable auteur malgré cela, la
chanson lui fut plus tard attribuée. Les détails ré-
sumés ci-dessus sont suffisants pour établir péremp-_
toirement qu'il n'est pour rien dans cette composi-
tion, et que le véritable auteur de Veillons au
salut de l'empire est, avec Dalayrac, le chirurgien
militaire A.-S. Boy.
Grâce au mot qui termine le premier vers, la chan-
son, qui d'ailleurs resta populaire pendant toute la
Révolution et fut comprise au nombre des « airs
chéris des républicains que le Directoire prescri-
vait de jouer au commencement des spectacles, put
voir sa vogue se prolonger pendant le régime sui-
vant. On sait qu'après la République la France
cessa d'avoir un chant national. Mais parfois, si les
circonstances le commandaient, il advint que Napo-
léon donnait l'ordre aux musiciens de son armée de
jouer Veillons au salut de l'empire; Pourtant, l'au-
teur, qui n'était pas prophète, bien que poète, n'a-
vait certainement pas songé, en 1791, que quinze
ans plus tard la France aurait un empereur ayant
des humanités, il avait simplement employé lé mot
« empire » dans son acception latine: impervum,
Etat, nation.
LA «CARP^SAeNQLE »
La Carmagnole est un des meilleurs exemples que
puissentinvoquer les folliloristes soutenant le carac-
tère généralement anonyme de la production po-
pulaire, car sa naissance était circonscrite dans
une période très restreinte de temps et d'espace;
personne, malgré cela, n'a jamais su dire qui en
a fait ni les paroles ni la musique.
L'époque il n'y a qu'à lire les paroles pour être
fixé. Nous n'avons aucun besoin de pièces d'ar-
chives dûment authentiquées par des signatures pour
être certains que ces vers =-
Les Suisses avaient promis
Qu'ils feraient feu sur nos amis,.
• Mais comme ils ont sauté-! I
Comme ils ont tous dânsê X
ou. &ëùx-ei.:
Vivent les Marseillois, •• • •̃
Les Bretons et nos lois t
font allusion aux événements du 10 août etteûï sont
ainsi postérieurs. L'ensemble respire une haine fa-
rouche pour le roi et la reine; M. Veto, qui « avait
promis d'être fidèle à sa patrie, mais il y a manqué »
Mme Véto, qui « avait promis de faire égorger tout
Paris » et les vers qui suivent « Mais son coup a
manqué grâce nos canonniers » et plusieurs au-
tres couplets, où il est de nouveau parlé du canon,
et le refrain lui-même, sentent vraiment la poudre
de la bataille fratricide, et chantent la sombre joie
de la victoire. En outre ces mots s
Va, Louis, gros paour,
Du Temple dans la tour,.
et ce couplet, dépouillé d'atticisme, mais dont -le style
est tout .populaire
̃ Quand Antoinett'vit la tour,
EU'voulait fair'demi-tour. •
Elle avait mal au cœur
De se voir sans honneur. •
établissent que la chanson est. postérieure â l'incar-
cération de la famille royale au Templo.
D'autre part, si des vers comme « Ne faisons plus
quartier -Nous les ferons sauter « et les couplets
sur les aristocrates disent la fureur du peuple, ils
ne contiennent encoie (le roi et la reine étant mis à
part) que des menaces dans cette chanson où les
allusions à l'événement du 10 août sont si nombreu-
ses et si précises, il n'y a pas un mot, au contraire,
qui puisse ôtre appliqué aux massacres de septem-
bre. Enfin nous avons des preuves. écrites qu'au cours
de ce mois la chanson jouissait déjà de toute sa po-
pularité la Chronique de Paris du vendredi 14 sep-
tembre annonça que deux jours auparavant, lepeu-
ple était allé chanter au pied de la tour les chan-
sons, Aux armes, citoyens! Mme Véto, Dansoni la
Carmagnole.
De tout cela, il faut conclure nécessairement que
la chanson de la Carmagnole date du lendemain du
10 août, ou plutôt du 13, date de l'entrée de LouisXVI
au Temple, et il y a lieu de penser qu'elle fut faite
immédiatement, pour ainsi dire dans le feu de l'ac-
tion.
Pour le lieu de sa naissance, je pense que du
moins en ce qui concerne les paroles, personne ne
doute que ce ne soit Paris.
Mais l'auteur reste ignoré c'est quelque bel es-
prit de carrefour, peut-être plusieurs, suivant le
principe du vaudeville qui, a dit Boileau « s'accroît
en marchant ». Aucun, en tout cas, ne s'est fait
connaître.
Sur la musique, nous possédons au contraire un
renseignement d'une valeur inespérée. Grétry a
écrit, dans ses Essais « La Carmagnole, qui nous
vient du port de Marseille. » Duport ce mot est de
la littérature. Il faut comprendre tout simplement
que l'air de la Carmagnole vient de Marseille, d'où il a
été apporté, cela no peut faire doute, par les mêmes'
Marseillais, grands chanteurs, auxquels fut. due la.
popularité contemporaine de la Marseillaise.
L'aspect de la mélodie confirme cette indication de
la façon la plus péremptoire. L'air de la Carmagnole,
si on veut bien l'écouter en faisant abstraction du:
sens des paroles, est celui d'une chanson populaire,
d'une « ronde à danser », comme la tradition orale
en a conservé dans toutes les provinces de France.
Le refrain final est d'allure si franche qu'il a tou-
jours dû servir à rythmer la danse. Evidemment
on a chanté d'abord «. Dansons la Carmagnole »
comme on eût dit « Dansons la Boulangère » ou
tout autre nom de danse populaire au dix-huitième
siècle. Et cela fait penser que l'apport des Marseil-
lais ne consiste pas seulement dans la mélodie, mais
aussi dans le premier vers du refrain, qui aura
donné son nom à la chanson.
Le nom de « carmagnole » donné aux Piémontais
qui, tous les étés, venant de Carmagnola ou d'ail-
leurs, passent les Alpes pour venir aider les culti-
vateurs de France à faire la moisson, la vendange,
'la cueillette des olives, est d'usage courant dans le
Midi. Ces gens-là ont certainement dansé la carma-
gnole avec les filles de la Provence longtemps
avant 1792, comme ailleurs on danse la bourbon-
naise, la mâconnaise, l'auvergnate. Ne faisons pas
doute que les Marseillais du 10 août ne l'aient dan-
sée à leur tour à Paris, et que les Parisiens ne
leur aient emprunté leur refrain, en y ajoutant sa
conclusion révolutionnaire.
JULIEN TIERSOT.
TRIBUNAUX
Les fraudes de Courges. Notre correspon-i
dant de Bourges nous télégraphie
L'instruction de l'affaire des fraudes de Bourges a
continué sans interruption. Depuis la fin de la ses-
sion des Chambres, M. Dufour, député de l'Indre,
y a été impliqué et a comparu devant le juge d'ins-
tiuction auquel il a fourni des explications.
Il en résulte que ce parlementaire excipe do sa
bonne foi et qu'il ne croyait pas délictueux les faits
incriminés, qu'il a d'ailleurs. entièrement reconnus
pour sa. part. Une quarantaine d'autres inculpés,
tous marchands de ferraille et brocanteurs, ont été
interrogés et reconnus coupables.
Par ordonnance du juge d'instruction, ils vien-
nent d'être tous renvoyés, y compris le député de
l'Indre, devant le tribunal correctionnel de Bourges,
sous prévention de délit d'entraves à la liberté des
enchères, délit prévu et puni par l'article 412 du
Code pénal. La. peine est de quinze jours à trois
mois d'emprisonnement avec une amende do 1ÛQ j
francs *u Jûoin* et de 5.0Ù0 francs au plusr
L'affaire sera jugée à l'une des audiences qui sui-
vront la rentrée des' tribunaux.
Voies de fait e» dehors du service. Dff
notre correspondant de Châlons-sur-Marne
Le 2 juillet dernier, le conseil de- guerre du 20*
corps, à Nancy, condamnait à cinq ans de travaux
publics le soldat. Tristche, du 156-" d'infanterie &<
Toul, accusé d'avoir frappe violemment, le 26 avrils
le sergent Manem,, du 16O d'infanterie,, en dehors^
du service.
Deux autres soldats; du 156e également, nommé»
M orel et Mangin, qui étaient inculpés dans la. menue;
affaire, étaient condamnés d'ans la mêmeséanee, 1«
premier à trois ans. de prison, le second' à. un an d&
la même peine.
Le 2 août,, la. Cour de cassation annulait le juge-
ment pour vice de forma, le rapporteur du conseil
de guerre ayant omis d'aviser le défenseur de latre-n
mise de son rapport au commissaire' du gouverne-
ment. L'affaire fut renvoyée devant le conseil dei-
guerre du 6° corps de Chàlons qui, par six voix coït-:
tre une, vient de rendre le même jugement que m
conseil de guerre de Nancy..
Vicaire indélicat. L'abbé Ravel, ancien vi-
caire d'une paroisse importante de; Toulon, qu$;
s'ëtaît enfui avec umei mère de famille; du vtilag»
de rignans, laquelle avait emporté uae somme dé?
e,006 appartenant à, son mari, qui ic,t7,al%l,
20,000" francs appartenant à son mari, qui est ainsi
ruiné, a été condamné hier matin a quinze mois dtf
prison par le tribunal correctionnel.
®
LIBRAIRIE
La maison Raphaël Tnck's, de Londres, bien con-
nue par la perfection de ses publications artistiques,
vient de lancer trois séries de carie» .postales en cou-
leur ayant pour sujets des. vues du MAKOC, qui, ep
plus de leur actualité, ont un intérêt d'art très pai&
cùlier. •*
AVIS ET COMMUNICATION$
~~B-YCO-~H ËM B~U E~ B''BES!.&t
%JJAntiEeptique,BmiinGorgfl,Ioilotte,Hygiéne.
~Ç$ ~C ~Ó.
'TT~WAT1~
«Chacun sa vie"
Au temps où lesdirecteurs do théâtre aimaient Ta
théâtre, les salles de spectacle qui avaient fermé et!t
août étaient rouvertes dès,. les premiers jours de sep-
tembre. Aujourd'hui, les music-halls seuls se con-
forment à cet usage ancien. Les théâtres reculent le
plus possible leur réouverture, de même qu'ils se
dépêchent de fermer aux premiers ,beaux jours. La
saison dramatique, par suite, se trouve singulière!:
ment raccourcie, au grand dommage des auteurs,
du public qu'on habitue à des plaisirs moins déli-
cats de Paris qui perd un de ses principaux agré-
ments. La Comédie-Française ne ferme jamais la
règlement l'y oblige. Mais rien ne la forcerait à
donner une pièce nouvelle dès septembre. Elle. 1~
fait cette année. Elle a eu raison la comédie de
MM. Guiches et Gheusi a réussi. L'exemple fourni
par le Théâtre-Français montre qu'il n'y a pas d6
mauvaise saison pour les bonnes pièces.
Sans vouloir nous entraîner vers les hauts som-
mets de la philosophie ou de la murale,114M. Gui-
ches et Gheusi nous content avec beaucoup d'esprit
l'histoire de l'un de ces ménages. où les epoux ne
sont pas assortis on en voit de tels. François Des-
clos, ingénieur intelligent, aux. manières un peu.
rudes, a épousé une femme très belle, mais entichée
de snobisme. Henriette Desclos s'éprend d'un beau
gentilhomme, de ceux qui, pour s'occuper, lancent
des chapeaux ou des vestons. François a, dans ses
bureaix,u no'eune 3 orpheline, naturellementpourvue
de toutes les qualités; il voit que Pauline Clermain.
lui donneraitle bonheur que sa, femme lui refuse.
François propose le divoi·ceAHenrie8tequïl'accepte:
Mais le beau gentilhomme aftirme .que ses princi-
pes religieux lui interdiraient d'épouser une femme
divorcée. Françoisne se rebute pas 11 unit par per-
suader lui-même au comte d'Arvant qu'il doit époii-
ser Henriette, quand le divorce aura été prononcé.
Plusieurs scènes traitées avec «l'esprit de finesses
ont assuré le succès certain de l'ouvrage nouveau,
bien interprété par M, de Féraudy, Mme Piératl
Mlle Sorel, M. Dunes, M. Paul Numa, M.Croué.
–A~.
Le théâtre Réjane, ainsi que nous l'avons dit;
fera. sa réouverture lundi.
Le programme de la saison prochame comprend
LaT imbalé pièce en quatre actes de MM. F. Vandd-
rem et G. Lenotre, qui en feront ces jours-ci la lecture
à leurs futurs interprètes Mme Réjane, MM. Signo-
ret, Duquesne, etc.; la Vieil homme, comédie en cinq
actes de M. &. de Porto-Riche hfadame Noutov, comé-
die gaie en trois actes de MM. Sylvane et Mouézy-Eon ¡
CM pe~ ~'7K< comédie en quatre actes de M_ AKred
Capus- le Sourire, comédie en quatre actes de M. Jule~
Caze, une comédie de M. Oudinot et une pièce nou-
velle de M. Anatole France.
Mme Réjana fera également cette année une reprise
de Nactnme Sans-Géne, de M. Victorien Sardou.
-La direction du théâtre de l'Ambigu annonce
les six dernières représentations de t'JEn/an< «M rem-
ple.
M. Georges Grisier va donner une pièce d'un au-
teur nouveau, M. J. de Grammont.
Le Curé de Foréville sera joué par Mlles Didier, de
l'Odéon; Norma du théâtre Sarah-Bernhardt;
Renée Bussy, desVariétés; MM; Daltour,Bartel,
Bailly,. Morgan, Lercy et Marcel Vibert.
La réouverture du Nouveau-Cirque aura lieu
vendredi 13, avec Foottit et Chocolat et l'écuyère,
d'école Thérèse de Ternann.
Ce soir:
A l'Opéra, Mlle Lindsay fera sa rentrée par le rôle
de Marguerite de l'aust. .-t~
Les autres rôles seront chantés par MM. Alvarez, Del-
mas,, Duclos,. Cancelier, Mmes Laute et Goulancourt.
A l'Opéra-Comique, reprise de Madame Butterfly,avec
Mmes Marguerite Carré, Lamare; MM. Clément, Pé-
rier et Cazeneuvè.
Le grand public a ratifié le jugement du Tout-pa-
ris des premières si favorable au spectacle de réouver-
ture des Folies-Bergère, et surtout ù Ptaisi.r cd'amour; ls
joUe pantomime de M. Catulle Mandés. Après chaque
tableau, Séverin est rappelé plusieurs fois, ainsi que
Mlle Renée Nayà et Mlle Pomponnette. Gros succè$
également pour les quinze attractions nouvelles.
L'Illiistration publiera dans le numéro du 21 sep-
tembre la comédie Chacun sa vie, de MM. Gustave
Guiches et P.-B. Gheusi, qui a été représentée hier avec
un vif succès au Théâtre-Français.
SPECTACLES DU MERCREDI 11 SEPTEMBRE
THEATRES
Opéra 8 h. Faust.
Vendredi Le Prophète..
Français, 8 h. 1/z. La Conversion dAIceste CliàÕ-Un:
sa vie.
Jeudi Andromaque; le Malade imaginaire.
Vendredi Il était une bergère; Chacun sa vie.
Samedi La Chance de Françoise;. Chacun sa vie.
Opéra-Comique, 8 h. 3/4. Madame Dutterff,y.
Jeudi: Carmen. Vendredi La Vie de bohème.
Samedi Louise.
Nouveautés, 8 h. 3/4. Le Bon Agent et la Mauvais
Cambrioleur. Vous n'avez rien à déclarer 2
Porte Saint-Martin, 8 h. 1/4. Le Bossu.
Châtelet, 8 h. 12. Les Pilules du Diable.
Athénée, 8 h.12. Chauffée. Le Coeur et le reste.
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Les gaziers de la banlieue · i
On sait qu'à la suite de l'entrevue qu'ils avaient
eue dans la matinée avec M. Masse, directeur de la
compagnie, MM. Mignac, secrétaire général de la
fédération; Bienner, secrétaire général adjoint; Eu-
vrard, trésorier, et Reversât, archiviste, s'étaient
rendus à Gennevilliers, où ils ont eu une longue
conférence avec le comité de la grève.
Les représentants de la fédération nationale sont
ensuite allés à la réunion ouvrière, qui ne s'est. ou-
verte qu'à cinq heures. Ils ont donné connaissance
du résultat de Tentrevuo qu'ils venaient d'avoir
avec le directeur de la compagnie.
Bien qu'ils n'eussent aucun mandat officiel, ils
croyaient pouvoir se portergarants qu'aucun renvoi
ne serait prononcé pour faits de grève, En outre,
l'article 7 du règlement intérieur, une des causes uu
conflit, dont nous avons donné nier le texte, serait
supprimé, ou du moins modifié.
Quant à la réintégration des quatre ouvriers con-
gédiés avant la grève, le directeur s'y était opposé
formellement,
Après avoir communiqué à l'assemblée les résul-
tats de l'entrevue avec M. Masse, M. Bienner a dé-
claré que dans ces conditions, il croyait que la ces-
sation de la grève pourrait être votée.
M. Lamarche, membre du comité de la grève, s'est
élevé contre l'attitude du comité fédéral des travail-
leurs du gaz. Il déclare que les grévistes attendaient
de lui un concours plus effectif. « En réalité, dit-il,
la compagnie ne fait aucune concession. »
Quelques orateurs, qui parlent en faveur da la re-
prise du travail. sont fréquemment interrompus.
M. Mignac fait encore une fois le récit de l'entre-
vue de la délégation avec la direction lui aussi est
d'avis que la cessation de la grève peut être votée.
Une longue discussion s'engage. Finalement, 1 as-
semblée refuse de suivre les conseils des représen-
tants de la fédération nationale, et se sépare après
avoir voté la continuation de la. grève.
LES INCIDENTS
Quelques incidents se sont produits dans la soirée
d'hier.
A Saint-Denis, quai de Seine, des grévistes ont
tenté de débaucher les allumeurs. N'ayant pas pu y
parvenir, ils ont éteint sucessivement tous les ré-
verbères et quelques lanternes ont été brisées,
A Deuil, les conduites de cinq becs de gaz ont été
coupées et les lanternes endommagées.
Des renforts de police ont été demandés à la sous-
préfectûre de Pontoise, qui a envoyé un détache-
ment de gendarmes à Enghien-les-Baips.
LA REPRISE DU TRAVAIL
Bien qu'à la réunion tenue dans l'après-midi
d'hier à Epinay les grévistes aient voté à la presque
unanimité la continuation de la lutte, l'intervention
des représentants de la fédération nationale d'éclai-
rage paraît avoir virtuellement mis fin à la grève.
Un des délégués, que nous rencontré ce
matin, nous a dit:
J'ai vu très nettement, à la réunion d'hier, que la
très grande majorité de l'assemblée était d'accord avec
nous et ne demandait qu'à trouver un compromis lui
permettant de reprendre le travail.
Après le vote de l'ordre du jour acclamant la con-
tinuation de la grève, j'ai dit à un camarade que beau-
coup parmi ceux qui paraissaient les plus exaltés
allaient réintégrer l'usine au plus tôt.
Je ne m'étais pas trompé. Des rentrées se sont en
effet produites déjà dès hier soir, et ce matin, les gré-.
vistes se présentent à l'usine par groupes nombreux.
Au siège de la société, on considère également
que la grève est virtuellement terminée et que dès
demain les services seront complètement recon-
stitués avec tout le personnel habituel.
Voici, du reste, la note qui nous est communiquée
par la direction
La production de gaz a été normale dans la journée
d'hier (165,000 mètres cubes). Les services d'éclairage
ont été parfaitement assurés.
Les grévistes reprennent peu à peu le travail; le
nombre de rentrées dans la journée d'hier a été de 95.
Ce matin à dix heures, 130 rentrées nouvelles se sont
produites.
On peut donc considérer la grève comme virtuelle-
ment terminée.
Académie des sciences morales et politiques
Nous avons dit que sur les cinq mémoires récom-
pensés dans le concouri ouvert par l'Académie des
sciences morales et politiques sur « les modifica-
tions à apporter à la législation française sur les
aliénés », îes auteurs de quatre mémoires se sont
fait connaître
Mémoire n° 15 (2,000 francs), M. le docteur S. Cossa,
médecin en chef des asiles d'aliénés, à Nice
Mémoire il» 7 (1,000 francs), M. le docteur Marcel
Viollet, médecin des asiles et M. Gustave Spach, avo-
cat à la cour, à Paris;
Mémoire n° 17 (t,000 francs)' M. le docteur Gimbal,
médecin des asiles, à Prémontré (Aisne).
Mémoire n° 18 (1,000 francs), M. René Decante, juge
ju tribunal de Châteaudun, et M. le docteur Marie, mé-
decin des asiles de la Seine.
L'auteur du mémoire n° 16 portant pour épi-
graphe L'union fait la force, n'a pas encore demandé
ouverture du pli cacheté qui accompagne son mé-
jnoire..
CORRESPONDANCE
Paris, 9 septembre.
• Monsieur le directeur,
>En rendant compte des incidents de la grève d'An-
rers, le Temps a désigné presque constamment sous le
nom de jaunes les striks-breakers, les briseurs de
grève, recrutés en Angleterre.
En l'absence de notre président Pierre Biétry, le co-
mité exécutif de la fédération nationale des jaunes de
France tient à protester contre cette confusion que
nous croyons involontaire.
Les jaunes réprouvent les striks-breakers qui ap-
portent dans les conflits du travail un élément de dé-
sordre et de haine. Les jaunes s'efforcent de résoudre
ces conflits par la conciliation, mais ils ne s'opposent
jamais à l'exercice légitime et opportun du droit de
grève. A Fougères, Longwy, Essonnes, etc., ils ont
porté leur appui à des ouvriers contraints par une mi-
norité violente d'abandonner le travail, mais ils n'ont
jamais fourni à des industriels aux abois un personnel
d'occasion.
C'est en faisant du salarié un travailleur associé, en
poursuivant l'application de notre programme d'acces-
sion à la propriété, que nous éviterons les conflits pré-
judiciables aux ouvriers et que nous résoudrons le
problème social ce n'est pas en mettant au service du
patronat des stipendiés dont l'intervention rendrait
irrémédiable l'antagonisme de classes.
Pour le comité exécutif,
3. WAYSS.
FAITS DIVERS
LA TEMtPélR.A.TTTFtEI
Bureau central météorologique
Mercredi 11 septembre. La pression barométrique
s'est abaissée, excepté dans l'extrême nord du conti-
nent et le sud de la Russie; elle est encore supérieure
à 765 mm. sur presque toute l'Europe et le maximum
se trouve ce matin sur le Danemark (Fanœ 772 mm.).
Le vent est faible des régions est avec mer belle sur
toutes nos côtes. r..
Des pluies sont tombées sur la Norvège et la Fin-
lande en France, le temps est resté généralement
beau. "•.
La température a baissé sur nos régions. Ce matin,
le thermomètre marquait 2° à Uléaborg, 12» à Paris et
à Nantes, 14° à Clermont, 25° à Alger. On notait 13° au
puy de Dôme et au mont Aigoual, 5° au pic du Midi.
En France, un temps beau et moyennement chaud
ast probable.
A Paris, hier, la température moyenne, 16°8, a été
supérieure de 1«5 à la normale (15°3).
A la tour Eiffel, maximum 25» le 10 septembre à
3 h. du soir; minimum 10°5 le 11 à 7 h. du matin.
Observatoire municipal (RÉGION parisienne)
Le ciel demeure beau, brumeux, et les vents, plus
faibles, continuent à souffler des régions nord,
La température, fournit ce matin des minima de 10° à
12° sur la ville et la banlieue.
La pression barométrique, stationnaire acres une lé-
gère baisse, accuse à midi 766 mm. 1.
PERSISTANCE DE LA SECHEBESSE.^ Sur notre région,
le régime sec persiste jusqu'ici l'été de 1907 a été
très sec, et actuellement l'ensemble des observations
n'annonce pas la reprise immédiate des pluies. D'a-
près M. Joseph Jaubert, directeur de l'Observatoire
municipal, on définit les périodes, mois ou saisons
comme secs lorsque la quantité d'eau recueillie s'é-
carte de plus d'un cinquième de la hauteur moyenne.
L'été de 1907, qui n'a donné à Paris que 83 mm. au
lieu de 160 mm., a donc présenté une quantité d'eau
de moitié "seulement de la valeur normale des étés
aussi secs sont assez'rares, puisque depuis plus d'un
siècle c'est seulement le sixième cas. Les étés secs
ne présentent, le plus souvent," que des écarte de
SO 0/0, et à un été sec succède quelquefois un au-
tomne aussi sec une fois même en un siècle l'été,
l'automne et l'hiver successifs furent secs. Pour le
mois de septembre on n'a recueilli que 3 à 4 mm.
Ô'eau il presente une certaine analogie avec ce-
lui de 1895 cette année-là le cjel resta très
teau et il rô' eut pas de pluie. En 1907. la temcéra-
ture est plutôt fraîche, car seulement depuis deux
jours la moyenne est au-dessus de la normale; les
variations sont peu accentuées, malgré la pureté du
ciel;' d'ailleurs, les observations météorologiques
faites en ballon ont permis, de constater que \es
courants supérieui s. avaient une grand» uniformité
thermique, indice i"un état, atmosphérique générai
stable.
A L'ASILE DE BRÉVANNES. ->• L'Assistance publique pos-
sède a Brévannes, près de Boïssy-Saint-Léger, dans
l'ancien domaine du prince Murat; un hospice où
sont soignés quinze cents malades environ, dont
cinq cents tuberculeux. Ces derniers' y sont envoyés
par les hôpitaux parisiens, les uns, qui sont irrémé-
diablement condamnés, pour qu'ils puissent finir
moins tristement leur vie qu'à Paris, les autres, qui
sont en voie de guérison, pour que l'air pur et le
repos hâtent leur rétablissement.
Depuis-longtemps, l'Assistance publique recevait
de nombreuses plaintes do cette dernière catégorie
de malades qui prétendaient être insuffisamment
nourris ou traités trop sévèrement. Hier, ils ont
voulu donner à leur protestation une forme plus
significative seize d'entre eux ont franchi, au
moyen d'une échelle, le rmïï 3e clôture de l'établis-
sement et sont venus à pied à Paris présenter leurs
doléances à M. Mesureur, directeur de l'Assistance
publique. Comme auparavant, ils se plaignent de la
nourriture insuffisante, ineommodément distribuée
et aussi de la discipline rigoureuse que le docteur
Marie., directeur de l'établissement, prétend leur:
imposer.
Nous avons vu M. Mesureur, qui nous a fourni a
ce sujet les renseignements suivants:
Il est bien exact que des malades se sont évadés
du quartier des tuberculeux de l'hospice de Brévan-
nes, et qu'ils sont venus ici pour me présenter leurs
griefs. Jai aussitôt envoyé1 un inspecteur a Brévannes,
avac l'ordre de se livrer ft.urïè enquôte approfondie.
Jusqu'à ce que son rapport me soit parvenu, je ne
pourrai naturellement pas me prononcer sur la légiti-
mité des plaintes de ces malades.
Néanmoins, comme ce n'est pas la première fois que
ces hospitalisés se plaignent et- que mon administra-
tion n'a pas cessé de surveiller de très près le fonc-
tionnement des services de l'hospice de Bfëvanfies, je
puis vous fournir quelques indications sur ce point.
L'hospice des tuberculeux de Brévannes n'est installé
que depuis trois mois il comprend 500 lits. Il est in-
déniable que l'installation ne fut pas complète dès les
premiers jours. Ce n'est que peu à peu que chaque
̃ chose fut mise à sa place. Mais aujourd'hui, l'asile de
Brévannes peut être considéré comme un hospice mo-
dèle, avec tout le confort et tous les perfectionnements
qu'exige sa destination.
Pour ce qui est des malades, il faut savoir qu'il y en
a, à Brévannes, deux catégories bien différentes
d'abord les tuberculeux incurables, gravement atteints
et qui, faibles, se meuvent difficilement. Ceux-là sont
admirablement soignés et n'ont d'ailleurs jamais for-
mulé aucune plainte.
D'autres malades sont au contraire valides. La vie
oisive et régulière qu'on leur impose leur est insuppor-
table. Ils sont là, n'est-ce pas ? pour .se soigner et non
pour se divertir. C'est cela qu'ils ne peuvent admettre.
Vous savez que dans les sanatoriums, la discipline est
excessivement sévère, et dans l'intérêt même des ma-
lades, il est indispensable qu'il en soit ainsi. Les tuber-
culeux valides de Brévannes ont une autre conception
du traitement de la tuberculose. Il n'est pas surpre-
nant que le docteur Marie, qui est un médecin intelli-
gent et tout dévoué à ses malades, ne croie pas devoir
adopter leur méthode. Au contraire, il adû rendre ses
derniers temps le règlement encore plus rigoureux.
Ainsi les tuberculeux hospitalisés étaient autorisés à
sortir de l'asile. Or, à plusieurs reprises, on en vit
revenir en complet état d'ivresse, Le docteur Marie
supprima donc cette autorisation.
Qui pourrait lui donner tort?
Une autre raison du mécontentement de certains
malados, c'est qu'il est maintenant interdit aux hom-
mes de séjourner dansle quartier des femmes. Le doc-
teur Marie a pris cette mesure parce qu'il ne pouvait
plus ne. pas la prendre. Inutile, n'est-ce pas ? d'in-
sister.
Quant à la nourriture, elle est dosée et calculée pour
chaque.malade par le médecin traitant. En tout cas, je
serais fort surpris d'apprendre qu'un seul malade ait
souffert de la faim. Le rapport de l'inspecteur qui en-
quête en ce moment sur les lieux me fixera définitive^
ment à ce sujet.
Est-il vrai, monsieur le directeur, que les infir-
mières se solidarisent avec les malades parce que
la direction manque d'égard envers; elles et quon
les nourrit insuffisamment?
Jamais le personnel hospitalier de Brévannes na
formulé aucune plainte, nous répond M. Mesureur.
Les infirmières sont fort bien nourries, à Brévannes
comme dans tous les établissements de l'Assistance
publique, Du reste chaque fois que le personnel hos-
pitalier nous. adresse la moindre réclamation, celle-ci
est examinée avec soin, et satisfaction est donnée, aux
réclamants s'il est reconnu qu'ils avaient raison.
Quand donc les infirmières de Brévannes nous adres-
seront leur doléances, nous ferons comme toujours le
nécessaire.
En conclusion, pour les malades mécontents comme
pour le personnel hospitalier, l'administration n'a pas
d'autre souci que de leur assurer le plus de bien-être
possible. Elle continuera et si le rapport de l'inspec-
teur que j'ai envoyé à Brévannes conclut à la néces-
sité de certaines améliorations ou modifications du
fonctionnement du service des tuberculeux, il y sera
immédiatement procédé.
RÉÏOLTE DANS UNE COLONIE PÉNITENTIAIRE. Une ré-
volte vient de se produire à la colonie pénitentiaire
agricole de la Mptte-Beuvron, près de Blois. Sur un
mot d'ordre des meneurs, quatre-vingts colons ont
quitté le travail hier soir, vers deux heures. La gen-
darmerie prévenue s'est mise aussitôt on campa-
gne et a procédé à l'arrestation do cinq mutins.
Soixante autres sont rentrés le soir même, de leur
plein gré. Les quinze fuyards sont activement re-
cherchés.
SUICIDE. Le nommé Louis G. garçon de caisse
au siège de la Compagnie générale des eaux, rue
d'Anjou, s'est tiré hier un coup de revolver dans la
bouche à la suite d'une remontrance, cependant
amicale, que lui fit sa femme au moment ou il ren-
trait chez lui. Transporté à l'hôpital Beaujon, ce
malheureux qui souffrait depuis longtemps d'une ma-
ladie d'estomac et qui était, en outre, neurasthénique,
a succombé ce matin aux suites de sa blessure.
BLESSÉS PAR UKE AUTOMOBILE. Vers minuit, la nuit
dernière, deux jockeys au service de M. Hémard,
propriétaire d'une écurie de courses (le jockey Que-
nault, qui avait monté « Cliquot », dans lo prix des
Fusains, et son camarade Isabel, qui avait monté
« Emir », lundi dernier, à Saint-Cloud, dans le prix
Zéthusj, ramenaient leurs chevaux, en suivant le
boulevard de Versailles, à Saint-Cloud, lorsqu'une
automobile, lancée à toute vitesse, surgit soudaine-
ment derrière eux, dans la courbe qui précède l'oc-
troi de Saint-Cloud, et les renversa. Le jockey Isabel
se releva avec des contusions sans gravité. Son
cheval, projeté'dans le fossé voisin, avait reçu le pre-
mier choc et fut très grièvement endommagé il est
considéré comme perdu. Quant au jockey Quenault,
il a reçu de multiples fractures qui mettent sa vie
en danger et il a été transporté à l'hôpital de Saint-
Cloud.
M. Leblanc, commissaire de police, a ouvert une
enquête pour rechercher le chauffeur meurtrier qui
a continué sa route, à toute vitesse, dans la direc-
tion de Suresnes il ne désespère pas de le retrouver.
Il résulte de son enquête que, en plus du chauffeur
l'automobile contenait trois personnes qui ont été
blessées par les éclats des vitres et des phares de la
voiture. On a retrouvé, d'autre part, sur les lieux de
l'accident, la trompe de l'automobile toute bossuée,
ainsi qu'un chapeau de paille dont on connaît le
vendeur.
Albert Quenault est âgé de trente-neuf ans et ori-
ginaire .de Fourchambault (Nièvre). Il a passé une
mauvaise nuit et son état ne s'est pas amélioré.
MORTS ACCIDENTELLES. –A Bidart, près de Biarritz,
M. dePérignon, conseiller municipal, s'est noyé en
sauvant un enfant qui se baignait dans un endroit
dangereux de la rivière et avait été entraîné par le
courant. ̃
Un enfant de ans 1/2 est tombé à Caen d'un
troisième étage il est mort d'une fracture au
crâne.
M. Henri Maurice, élève de l'Ecole polytechni-
que, faisait une excursion samedi, au pic Long, voi-
sin de Barèges; il monta sur un gros bloc; celui-ci
céda sous son poids et tomba dans l'abîme, entraî-
nant avec lui le malheureux jeune homme, qui fut
tué sur le coup;
A Vesoul, la tenancière d'un établissement
forain, Mme Louise Neuville, a été atteinte par une
balle, tandis qu'elle était occupée à charger une
carabine destinée à un de ses clients.
La malheureuse, frappée au cœur par le projec-
tile, a été tuée sur le coup.
A Cambrai, un charretier, Eugène Bouchez,
soixante-douze ans, a été tué net par un coup de
pied de cheval reçu en pleine poitrine.
A Seclin, près de Lille, un tuyau d'une distil-
lerie, en éclatant, a blessé grièvement deux ou-
vriers. L'un d'eux, nommé Emile Wauquier, est
mort quelques heures après,,
Aux mines de la Combelle (Haute-Loire), un
ouvrier, nommé Bernard, descendait dans un puits
avec plusieurs autres, lorsque par suite d'une accé-
lération trop brusque du tour dévideur, ces ouvriers
se crurent en danger et se mirent à crier. Le machi-
niste arrêta tout mouvement, mais comme Bernard
avait sorti la tête de la cage, il fut décapité par les
boiseries du puits.
FILATURE INCENDIEE. Un incendie a détruit com-
plètement hier soir, vers sept heures", les immenses
magasins de la filature de coton Dansette frères,
avenue Bayard, à Armentières. En une demi-heure,
400 balles de coton brut et 60,000 kilos de coton filé
ont été dévorés bar les flammes. Grâce aux efforts
des pompiers d' Armentières, des filatures voisines
ont été épargnées. Le chiffre des dégâts approche
de 600,000 francs.
UN MEURTRE. Mme veuve Fabre, demeurant à
Saint-Jean-le-Froid, près de Millau, appelée à neuf
heures du soir par une personne du dehors, courut
à une fenêtre pour répondre. Elle reçut en pleine
poitrine deux coups de fusil qui entraînèrent aus-
sitôt la mort. Le coupable a disparu.
ENLEVÉ PAR UNE LABIE. Plusîeursànorutiers sont
arrivés à la Rochelle. Au cours de la traversée, l'un
d'eux, la goélette Marceline, a .perdu son premier
lieutenant, Emile Cavorzin, âgé de vingt-huit ans,
de Paimpol. oui a été_enlevé .car une lama.
DRAMES PJSSIOHBEIS. A Acq, près d'Arras, Gaston
François, âgé de "dix-neuf ans tailleur, a "tiré deux
coups de revolver sur Mlle Adolphine Deprotz, Agée
de seize ans, qui refusait d'écouter ses déclarations.
François s'est tiré ensuite deux balles dans la tempe
droite son état est désespéré. Mlle Depretz a été
grièvement blessée à la figure.
A Lille, M. Clément Morand, âgé de vingt ans,
rempailleur de chaises, eut une discussion avec
une tille, son ancienne maîtresse, dans un estami-
net il a été tue d'un coup de couteau par le fils du
propriétaire, menacé à son tour au cours de la dis-
cussion.
NËCROI~OGIE
Noua avons le regret d'apprendre la- mort de
M. Edmond Caze, sénateur de la Haute-rGaronne,.
décédé hier à Toutens, commune de ce département,
dont il était maire. M. Caze a succombé, à l'âge de
soixante-huit ans, aux suites d'une con gestion pul-
monaire.
Edmond-Marie-Justin Caze, né à Toulouse le 16
septembre 1839, fit d'abord ses études de droit; il fut
reçu docteur et devint avocat. La politique l'attira,
et après s'être occupé d'agriculture, il fut maire de
Villaudric et conseiller général en 1868; il brigua
vainement la députation en 1869, et servit comme
capitaine d'artillerie pendant la guerre franco-alle-
inande.
Il fut élu pour la première fois député en 1876 par
l'arrondissement de Villefranche, réélu en 1881.
Mais après avoir été sous-secrétaire d'Etat au mi-
nistère de l'agriculture, dans le cabinet Gambetta
(16 novembre 1881), il échoua aux élections législa-
tives de 1885. Il fut renommé député en 1889, en
1893, en 1898 et en 1902.
Le 7 janvier 1906, M. Edmond Caze fut élu séna-
teur de la Haute-Garonne par 599 voix, en même
temps que M. Raymond Leygue; taus deux rempla-
cèrent au Luxembourg MM. Constans et Camparan,
qui ne s'étaient pas représentés.
Membre du conseil supérieur de l'agriculture et
du comité consultatif des chemins de fer, M. Ed-
mond Caze fut président de la Société nationale
d'encouragement à l'agriculture et ne résigna ses
fonctions que pour permettre à M. Emile Loubet de
reprendre son fauteuil de président de la société,
quand il eut quitté le palais de l'Eiysée.
M. Edmond Caze était le beau-frere de M. Marué-
jouls, député de l'Aveyron, ancien ministre des tra-
vaux publics et frère du conseiller à la cour de
Paris.
Les obsèques de M. Edmond Caze auront lieu à
Toutens, jeudi, à neuf heures du matin.
Nous avons également le fegret d'apprendre la
mort de M. Henri Lavertujon, sénateur républicain
de la Haute-Vienne, décédé dans sa propriété de la
Chateline, près de Saint-Yrieix.
M. Henri Lavertujon est décédé subitement dans
la journée d'hier, à l'âge de cinquante-deux ans.
Après avoir fait ses études de droit M. Lavertujon
s'adonna au journalisme politique.
Collaborateur de divers journaux parisiens,il fonda
en 1882 le Petit Centre à Limoges.
En 1889 il fut élu pour la première fois député de
Saint-Yrieix et réélu en 1893; mais il échoua aux
élections générales de 1898.
Il se présenta au Sénat, lors du renouvellement
triennal de janvier 1906, et fut élu au second tour
sur la liste républicaine contre la liste radicale.
Avant d'entrer au Parlement, M. Lavertujon avait
été, en 1880, chef du cabinet de M. Raynal, lorsque
celui-ci était sous-secrétaire d'Etat des travaux pu-
blics.
M. Lavertujon était depuis quelque temps mem-
bre du conseil d'administration de la société des
établissements Panhard-Levassor.
Il était le neveu do notre ancien collaborateur et
ami, André Lavertujon, ancien sénateur de la Gi-
ronde.
Les obsèques de Mme veuve Verlhac, décédée à
l'âge de quatre-vingts ans,, belle-mèrode M. Chau-
mié, sénateur, ancien ministre de la justice, et de
M. Lascombes. trésorier-payeur général, ont eu
lieu mardi à Brive, au milieu d'une nombreuse
affluence.. ̃'̃
Hier mardi ont eu lieu à Evreux les obsèques de
M. A. Chassant, conservateur du musée, chevalier
de la Légion d'honneur, qui venait d'entrer dans sa
centième année,et à qui, ainsi que nous l'avions an-
noncé, un banquet avait été offert, à cette occasion,
le ler août. M. Chassant est décédé samedi matin,
presque au lendemain d'une réunion dans laquelle
lo conseil municipal avait voté un crédit de 1,000 fr.
pour célébrer au mois d'août prochain son cente-
naire.
Les obsèques de M. Jules Hinstin. (12, boulevard
Saint-Martin), décédé à Interlaken, auront lieu de-
main jeudi. On se réunira à dix heures précises à la
porte prjnoipale du oimotièr» Montmartre. Prière do
n'envoyer ni fleurs ni couronnes. Il ne sera pas
envoyé de lettres. De la part des familles Spire,
Hinstin et Albert Mélèse.
CHANTS RÉVOLUTIONNAIRES
« ÇA IRA »
Le Ça ira, chanson de la Fédération du 14 juillet
1790, est un produit essentiellement parisien. L'air
est celui d'une contredanse dont le titre le Caril-
lon national, et l'auteur*: Bécourt, n'ont jamais cessé
d'être connus. Il sort donc des bals de Paris. Là, le
peuple ayant dansé sur son rythme alerte et guille-
ret, le prit un soir pour le porter le lendemain dans
le Champ de l'Egalité nivelé par ses mains. Le titre
atteste à lui seul qu'en juillet 1790 il était dans sa
nouveauté.
Quant aux paroles, on s'est ingénié à en retrou-
ver le véritable auteur; mais c'est recherche bien
oiseuse. A vrai dire, les paroles du Ça ira, cela
n'existe pas, du moins en tant que chanson popu-
laire. Il n'y a, dans la chanson, que deux choses qui
comptent l'air, de style essentiellementinstrumen-
tal, nullement fait pour être chanté, et les deux mots
répétés du refrain. Pour ceux-ci, des contemporains
dignes de foi ont rapporté qu'ils étaient entrés dans
le jargon du peuple de Paris, par imitation d'un pro-
pos familier de Franklin, lequel, quand on lui de-
mandait ce qu'il pensait du succès de la révolution
américaine, répondait obstinément « Ça ira 1 Les
trois syllabes de ce dicton s'adaptent parfaitement
au rythme de l'air de danse. Si le quelconque ga-
min de Paris qui eut le premier l'idée de les chanter
ensemble avait eu le soin de conserver son nom à la
postérité, nous le reconnaîtrions pour l'auteur de la
chanson. Dans l'ignorance où nous en sommes, il
faut donc dire que cet auteur est Franklin, collabo-
rateur involontaire et étonné du musicien de bals
publics, violon à l'orchestre du théâtre des Beaujo-
lais, Bécourt, puisqu'il faut l'appeler par son nom,
dans la composition de l'œuvre qu'Anacharsis
Clootz, toujours sensible, qualifiait « notre Ranz
des vaches », et qui, jusqu'en 1792, eut l'honneur im-
mérité de jouer le rôle de premier chant national de
la Révolution.
Mais, dira-t-on, il existe sur l'air du Ça ira des cou-
plets formant une chanson entière qu'à l'époque de
la fête de la Fédération les marchands de chansons
vendaient au peuple en feuilles volantes. Un chan-
teur des rues, Ladré, en fit imprimer dont le succès
fut assez prononcé pour que les. recueils postérieurs
aient cru pouvoir présenter sa chanson comme étant
le Ça ira original. La vérité est que Ladré n'est ab-
solument pour rien dans la popularité du Ça ira
c'est lui au contraire qui en a profité en sachant
trouver le bon moment pour adapter ses vers au
refrain et à l'air en vogue; mais d'autres en avaient
fait autant en même temps que lui, peut-être avant
lui, et l'on peut affirmer que pas une des chansons
ainsi produites ne fut à proprement parlerpopulaire,
c'est-à-dire chantée par le peuple. ·
Il y a pour cela une raison très simple, à savoir
que l'air de la contredanse, essentiellement instru-
mental, est, sous sa forme complète et développée,
inchantable., Seule la première reprise (et encore dé-
pouillée de ses ornements) a pu être chantée dans
les rues c'est celle qui, sur quatre vers, en contient
deux qui ne font que répéter « Ça ira 1 » Quant aux
deux autres vers ils varient l'infini. Ceux de Ladré
furent assurément beaucoup moins chantés que
d'autres dont il ne viendra sans doute à l'esprit de
personne de rechercher les auteurs. Tels sont ceux
qui font allusion à la pluie qui tomba pendant la
fête, attestant l'étendue de la popularité du refrain
au jour même du 14 juillet:
Ah ça ira, ça ira, ça ira I
En dépit d' z' aristocrat' et d' la pluie.
Ah ça ira, ça ira, ça ira!
Nous nous mouill'rons, mais ça finira.
Je sais un autre couplet, inspiré par la même
cause, qui, sans avoir été imprimé (et il faut avouer
qu'il méritait peu de l'être), a traversé les cent dix-
sept ans et plus qui nous séparent du 14 juillet 1790,
par la seule tradition orale, comme une vraie chan-
son populaire. Il commence ainsi
Ça m'coule au dos, coule au dos, coule au dos,
En revenant du Champ de Mars,
Ça m'çqule au dos, coule au dos, coule au dos,
Je suis mouillé jusques aux os.
La voilà, la vraie chanson de la fête de la Fédéra-
tion t Ne croirait-on pas l'entendre chanter par les
voix frondeuses du peuple de Paris, rentrant dans
sa ville après avoir ressenti l'émotion crandiûsa du-
'̃serment, et se moaùantJîien du reste!
Ce document curieux m'a été communiqué récern^
ment par une dame habitant le midi de la France,
qui le tient en droite ligne de son arrière-grând-père,
spectateur de la journée historique. Voici les détails
qu'elle a bien voulu me donner sur cetto tra.nemis-
sion
« C'est bien en effet par tradition orale que cette
chanson est venue jusqu'à moi. Mon arrière-grand-
père, contemporain de la Révolution, avait entendu
chanter et chanté lui-même cette chanson au lende-
main de la fête de la Fédération (où il plut à versef
comme chacun sait). L'ayant retenue, il la chantait
souvent à sa petite-fille, ma mère, à qui elle plaisait
fort et qui la répétait à plaisir, tant qu'elle me la
chanta à moi-même et me l'apprit dès mon enfance.
Ma mère, qui est auprès de moi en ce moment,
affirme que la chanson est telle qu'elle l'a apprise de
son aïeul, et elle a toujours eu une oreille et une
mémoire musicale excellentes. » C
Je n'ai rien voulu retrancher de cette communica-
tion, qui offre si nettement les caractères de la sin-
cérité. J'y note ce détail charmant du grand-père ré-
pétant la chanson de sa jeunesse pour amuser sa
petite-fille, celle-ci en faisant autant à son tour pour
son propre enfant, de sorte que le Ça ira, ce pré-
tendu monument de la sauvagerie révolutionnaire
a traversé un siècle bientôt et quart sous les-espèces-
d'une chanson enfantine 1
Voici donc le couplet entier, tel qu'il me fut com-
muniqué. C'est bien le Ça ira on le reconnaît dis-
tinctement, surtout dans sa première reprise formant
refrain; mais il nous arrive déformé, dans le sens de la
simplification, de la manière la plus curieuse; la se-
conde reprise en vient à n'avoir aucune ressem-
blance avec l'original. La comparaison de cette ver-
sion orale avec l'air connu tel qu'il est noté dans
tous les recueils nous édifiera sur le sans-gêne avec
lequel le peuple en usait avec l'air de Bécourt.
De fait, ce que le Ça ira nous offre de plus inté-
ressant à retenir appartient à la tradition purement
orale. Les paroles vraiment populaires «îe sont pas
celles qu'on a imprimées, mais celles qui se répè-
tent de bouche en bouche. « Les aristocrates à la
lanterne 1 Les aristocrates on les pendra 1 » On a
cru pouvoir contester que ces vers aient été chan-
tés dans le Ça ira révolutionnaire. C'est nier l'évi-
dence. Mais, objecte-t-on, on ne les trouve pas dans
les chansonniers du temps. En fût-il ainsi que cela
ne prouverait rien. Les chansons ne sont pas faites
pour être imprimées ou écrites, mais pour être
chantées. Or, ces paroles ont laissé un souvenir si
universel qu'il est inadmissible de ne voir en elles
qu'une invention postérieure et contre-révolution-
naire. Au reste, cela n'est pas. Si aucun chercheur
n'a pu retrouver dans les documents contemporains
les paroles incriminées, plus heureux, sinon plus
habile (car je n'ai eu d'autre peine que d'ouvrir au
bon endroit le plus célèbre des périodiques français),
j'ai trouvé dans le Mercure, au numéro même de
juillet 1790, un compte rendu des préparatifs de la
fête qui, en même temps qu'il ajoute un nouveau
trait à la physionomie du Paris de la Fédération, va
nous apporter le témoignage contemporain et décisif,
vainement cherché par ailleurs
« La musique et les cris de joie se mêlaient aux
lieux communs contre les aristocrates. Le refrain de
la plupart de ces chansons était « Ça ira 1 Les aris-
tocrates à la lanterne 1 Crèvent les aristocrates 1 »
Et autres facéties fraternelles que les dames éper-
dues de la démocratie et les journalistes à l'esprit-de-
vins, nomment des hymnes patriotiques. »
II résulte de tous ces faits, il ressort de l'expres-
sion môme « à la lanterne » » (laquelle mise en
usage au lendemain de la prise de là Bastille, était
déjà vieille en juillet 1790) que le Ça ira n'est point
du tout, comme on l'a cru parfois, une chanson de
̃< q-aatjB-vinSt-tev.U«». Quant a la signification qu'elle
eut, est-il vraiment si nécessaire de se voiler la face
pour en parler? « On les pendra » » Vraiment en
chanson, cela a bien de l'importance IParole de défi,
soit, mais plus gouailleuse que sérieusement mena-
çante. Ne venons-nous pas de voir l'aristocratique
Mercure de France la traiter simplement de «facétie»?
Aussi bien tous les partis s'envoyaient mutuelle-
ment pendre témoin cet autre couplet, qu'on a
trouvé imprimé trois mois après la Fédération il
fut chanté à la suite d'une manifestation d'officiers
Ah ça ira, ça ira, ça ira 1
Les démocrates à la lanterne!
Ah 1 ça ira, ça ira, ça ira 1
Tous les députés on les pendra.
Nous devons donc conclure que les deux vers en
question, avec le refrain, plus primitif encore, ap-
pliqués à la première reprise de l'air de Bécourt,
constituent tout le Ça ira, le vrai Ça ira populaire.
Et ce n'est ni Ladré, ni aucun des rimailleurs qui,
en même temps que lui, voulurent profiter de la vo-
gue de l'air et du refrain pour y ajouter leurs paro-
les, qui a droit au titre d'auteur de Ça ira. Le Ça
ira est de tout le monde,,
«VEILLONS AU SALUT DE L'EMPIRE»
Veillons au salut de empira est la première chan-
son qui ait pris un caractère de chant national
après la fuite du roi.
Par quelle vertu sont-cc ces couplets plutôt que
d'autres, comme il s'en faisait alors à la douzaine,
qui ont joui d'une popularité telle que pendant un
temps, la chanson fut mise sur le même plan que.
les plus authentiques chants nationaux? C'est ce que
je ne saurais dire. C'est sans doute à l'accentuation
du mot magique « Liberté 1 liberté 1 » qui se trouve,
bien par hasard, adapté heureusement à une musi-
que faite pour une fin très différente, que ce succès
fut dû. Toujours est-il que la vogue de Veillons au
salut de l'empire a balancé celle du Ça ira et de la
Carmagnole et que cette chanson a pu, sans qu'on
la trouvât déplacée, figurer aux côtés de la Marseil-
laise elle-même dans l'à-propos patriotique Offrande
à la Liberté, qui, sur la scène de l'Opéra, à toutes
les époques de danger de la patrie, surexcita les
courages avec une continuité d'émotion qu'on ne vit
jamais se démentir.
Pourtant, si l'on considère ses origines, on est
amené à constater dans ses éléments un mélange
dont l'imprévu est vraiment comique. L'air est tiré
d'un opéra comique de Dalayrac, Renaud d'Ast, re-
présenté en 1787, dont le poème, dû à la collabora-
tion de deux vaudevillistes notables, Radet et Barré,
tient à la. fois de la bouffonnerie et du genre roma-
nesque troubadour.
Le style de la musique est tout à fait d'accord
avec cette poétique. On entend par exemple l'or-
chestre jouer en manière de persiflage l'air Mal-
brough s'en va-t-en guerre et le refrain Va-t'en voir
s'ils viennent, Jean; il pleut bergère est intro-
duit pour signifier qu'il fait mauvais temps.
Ces plaisanteries musicales donnent le ton général
de l'œuvre.
Dans une scène Importante pour l'action, le héros
ou si l'on aime mieux, le ténor après avoir
reçu la pluie sous les fenêtres de sa belle, chantait,
en s'accompagnant sur la guitare, une sérénade
dont l'air aimable et galant devint populaire. Les
paroles étaient
Vous qui d'amoureuse aventure
Courez et plaisirs et dangers,
Si de chaleur ou de froidure
Parfois vous sentez affligés,
Souffrez, endurez, espérez sans cesse,
Toujours constants, au sort soyez soumis.
D'amour au sein de la détresse
Fidélité reçoit le prix.
Quelle dut être la stupéfaction de Dalayrac quand
il entendit sa mélodie chantée par tout le peuple sur
les paroles suivantes 1 C'est ce que la confrontation
des textes permettra de deviner
Veillons au salut de l'empire,
Veillons au maintien de nos droits;
Si le despotisme conspire,
Conspirons la perte des rois.
Liberté! Liberté!. Que tout mortelle rende hommage t
Tyrans, tremblezl Vous allez expier vos forfaits.
Plutôt la mort que l'esclavage
C'estla devise des Français 1
Quand Gossec introduisit ce chant dans l'Of-
frande à la Liberté, où, avant la Marseillaise, il est
chanté par un soldat appelant ses frères à voler avec
lui aux frontières, il en confla l'exécution à une rude
voix de basse et remplaça les pizzicati des violons
imitant la guitare par un accompagnement du plein
orchestre qui martelle fortement le rythme il pro-
longea. d'une mesure la note tenue sur laquelle se
nrononce r>ar deux fois la dernière syllabe du mot
« Liberté », donnant ainsi une ampleur imprévue à
la ligne mélodique, et ma foi, il faut avouer que;
ce fut une véritable métamorphose 1 J'ai fait plu-
sieurs fois devant le. publie l'expérience qui consiste
à faire chanter-.successivement « Vous qui d'amou-
reuse aventure)) et «Veillons au salut de l'empire»,
et je n'ai jamais vu l'antithèse non des deux airs,
mais du même air chanté sur des paroles et avec
une interprétation différente, manquer son effet I
L*'anteur des couplets était, comme Rouget de
Lisle, un officier. de l'armée du Rhin, Adrien-Simon
Boy, chirurgien en chef. Ils- furent, sous le simple
titre de « romance », imprimés à la fin de 1791 dans
l'Orateur du peuple; ils eurent de nombreuses édi-
tions en 1792, Girey-Dupré, le chansonnier jour-
naliste ami de Brissot, les inséra dans son almanach
•chantant le Chansonnier patriote, publié en « l'an Ier
de la République » (fin de 1792), en ayant soin d'in-
diquer le nom du véritable auteur malgré cela, la
chanson lui fut plus tard attribuée. Les détails ré-
sumés ci-dessus sont suffisants pour établir péremp-_
toirement qu'il n'est pour rien dans cette composi-
tion, et que le véritable auteur de Veillons au
salut de l'empire est, avec Dalayrac, le chirurgien
militaire A.-S. Boy.
Grâce au mot qui termine le premier vers, la chan-
son, qui d'ailleurs resta populaire pendant toute la
Révolution et fut comprise au nombre des « airs
chéris des républicains que le Directoire prescri-
vait de jouer au commencement des spectacles, put
voir sa vogue se prolonger pendant le régime sui-
vant. On sait qu'après la République la France
cessa d'avoir un chant national. Mais parfois, si les
circonstances le commandaient, il advint que Napo-
léon donnait l'ordre aux musiciens de son armée de
jouer Veillons au salut de l'empire; Pourtant, l'au-
teur, qui n'était pas prophète, bien que poète, n'a-
vait certainement pas songé, en 1791, que quinze
ans plus tard la France aurait un empereur ayant
des humanités, il avait simplement employé lé mot
« empire » dans son acception latine: impervum,
Etat, nation.
LA «CARP^SAeNQLE »
La Carmagnole est un des meilleurs exemples que
puissentinvoquer les folliloristes soutenant le carac-
tère généralement anonyme de la production po-
pulaire, car sa naissance était circonscrite dans
une période très restreinte de temps et d'espace;
personne, malgré cela, n'a jamais su dire qui en
a fait ni les paroles ni la musique.
L'époque il n'y a qu'à lire les paroles pour être
fixé. Nous n'avons aucun besoin de pièces d'ar-
chives dûment authentiquées par des signatures pour
être certains que ces vers =-
Les Suisses avaient promis
Qu'ils feraient feu sur nos amis,.
• Mais comme ils ont sauté-! I
Comme ils ont tous dânsê X
ou. &ëùx-ei.:
Vivent les Marseillois, •• • •̃
Les Bretons et nos lois t
font allusion aux événements du 10 août etteûï sont
ainsi postérieurs. L'ensemble respire une haine fa-
rouche pour le roi et la reine; M. Veto, qui « avait
promis d'être fidèle à sa patrie, mais il y a manqué »
Mme Véto, qui « avait promis de faire égorger tout
Paris » et les vers qui suivent « Mais son coup a
manqué grâce nos canonniers » et plusieurs au-
tres couplets, où il est de nouveau parlé du canon,
et le refrain lui-même, sentent vraiment la poudre
de la bataille fratricide, et chantent la sombre joie
de la victoire. En outre ces mots s
Va, Louis, gros paour,
Du Temple dans la tour,.
et ce couplet, dépouillé d'atticisme, mais dont -le style
est tout .populaire
̃ Quand Antoinett'vit la tour,
EU'voulait fair'demi-tour. •
Elle avait mal au cœur
De se voir sans honneur. •
établissent que la chanson est. postérieure â l'incar-
cération de la famille royale au Templo.
D'autre part, si des vers comme « Ne faisons plus
quartier -Nous les ferons sauter « et les couplets
sur les aristocrates disent la fureur du peuple, ils
ne contiennent encoie (le roi et la reine étant mis à
part) que des menaces dans cette chanson où les
allusions à l'événement du 10 août sont si nombreu-
ses et si précises, il n'y a pas un mot, au contraire,
qui puisse ôtre appliqué aux massacres de septem-
bre. Enfin nous avons des preuves. écrites qu'au cours
de ce mois la chanson jouissait déjà de toute sa po-
pularité la Chronique de Paris du vendredi 14 sep-
tembre annonça que deux jours auparavant, lepeu-
ple était allé chanter au pied de la tour les chan-
sons, Aux armes, citoyens! Mme Véto, Dansoni la
Carmagnole.
De tout cela, il faut conclure nécessairement que
la chanson de la Carmagnole date du lendemain du
10 août, ou plutôt du 13, date de l'entrée de LouisXVI
au Temple, et il y a lieu de penser qu'elle fut faite
immédiatement, pour ainsi dire dans le feu de l'ac-
tion.
Pour le lieu de sa naissance, je pense que du
moins en ce qui concerne les paroles, personne ne
doute que ce ne soit Paris.
Mais l'auteur reste ignoré c'est quelque bel es-
prit de carrefour, peut-être plusieurs, suivant le
principe du vaudeville qui, a dit Boileau « s'accroît
en marchant ». Aucun, en tout cas, ne s'est fait
connaître.
Sur la musique, nous possédons au contraire un
renseignement d'une valeur inespérée. Grétry a
écrit, dans ses Essais « La Carmagnole, qui nous
vient du port de Marseille. » Duport ce mot est de
la littérature. Il faut comprendre tout simplement
que l'air de la Carmagnole vient de Marseille, d'où il a
été apporté, cela no peut faire doute, par les mêmes'
Marseillais, grands chanteurs, auxquels fut. due la.
popularité contemporaine de la Marseillaise.
L'aspect de la mélodie confirme cette indication de
la façon la plus péremptoire. L'air de la Carmagnole,
si on veut bien l'écouter en faisant abstraction du:
sens des paroles, est celui d'une chanson populaire,
d'une « ronde à danser », comme la tradition orale
en a conservé dans toutes les provinces de France.
Le refrain final est d'allure si franche qu'il a tou-
jours dû servir à rythmer la danse. Evidemment
on a chanté d'abord «. Dansons la Carmagnole »
comme on eût dit « Dansons la Boulangère » ou
tout autre nom de danse populaire au dix-huitième
siècle. Et cela fait penser que l'apport des Marseil-
lais ne consiste pas seulement dans la mélodie, mais
aussi dans le premier vers du refrain, qui aura
donné son nom à la chanson.
Le nom de « carmagnole » donné aux Piémontais
qui, tous les étés, venant de Carmagnola ou d'ail-
leurs, passent les Alpes pour venir aider les culti-
vateurs de France à faire la moisson, la vendange,
'la cueillette des olives, est d'usage courant dans le
Midi. Ces gens-là ont certainement dansé la carma-
gnole avec les filles de la Provence longtemps
avant 1792, comme ailleurs on danse la bourbon-
naise, la mâconnaise, l'auvergnate. Ne faisons pas
doute que les Marseillais du 10 août ne l'aient dan-
sée à leur tour à Paris, et que les Parisiens ne
leur aient emprunté leur refrain, en y ajoutant sa
conclusion révolutionnaire.
JULIEN TIERSOT.
TRIBUNAUX
Les fraudes de Courges. Notre correspon-i
dant de Bourges nous télégraphie
L'instruction de l'affaire des fraudes de Bourges a
continué sans interruption. Depuis la fin de la ses-
sion des Chambres, M. Dufour, député de l'Indre,
y a été impliqué et a comparu devant le juge d'ins-
tiuction auquel il a fourni des explications.
Il en résulte que ce parlementaire excipe do sa
bonne foi et qu'il ne croyait pas délictueux les faits
incriminés, qu'il a d'ailleurs. entièrement reconnus
pour sa. part. Une quarantaine d'autres inculpés,
tous marchands de ferraille et brocanteurs, ont été
interrogés et reconnus coupables.
Par ordonnance du juge d'instruction, ils vien-
nent d'être tous renvoyés, y compris le député de
l'Indre, devant le tribunal correctionnel de Bourges,
sous prévention de délit d'entraves à la liberté des
enchères, délit prévu et puni par l'article 412 du
Code pénal. La. peine est de quinze jours à trois
mois d'emprisonnement avec une amende do 1ÛQ j
francs *u Jûoin* et de 5.0Ù0 francs au plusr
L'affaire sera jugée à l'une des audiences qui sui-
vront la rentrée des' tribunaux.
Voies de fait e» dehors du service. Dff
notre correspondant de Châlons-sur-Marne
Le 2 juillet dernier, le conseil de- guerre du 20*
corps, à Nancy, condamnait à cinq ans de travaux
publics le soldat. Tristche, du 156-" d'infanterie &<
Toul, accusé d'avoir frappe violemment, le 26 avrils
le sergent Manem,, du 16O d'infanterie,, en dehors^
du service.
Deux autres soldats; du 156e également, nommé»
M orel et Mangin, qui étaient inculpés dans la. menue;
affaire, étaient condamnés d'ans la mêmeséanee, 1«
premier à trois ans. de prison, le second' à. un an d&
la même peine.
Le 2 août,, la. Cour de cassation annulait le juge-
ment pour vice de forma, le rapporteur du conseil
de guerre ayant omis d'aviser le défenseur de latre-n
mise de son rapport au commissaire' du gouverne-
ment. L'affaire fut renvoyée devant le conseil dei-
guerre du 6° corps de Chàlons qui, par six voix coït-:
tre une, vient de rendre le même jugement que m
conseil de guerre de Nancy..
Vicaire indélicat. L'abbé Ravel, ancien vi-
caire d'une paroisse importante de; Toulon, qu$;
s'ëtaît enfui avec umei mère de famille; du vtilag»
de rignans, laquelle avait emporté uae somme dé?
e,006 appartenant à, son mari, qui ic,t7,al%l,
20,000" francs appartenant à son mari, qui est ainsi
ruiné, a été condamné hier matin a quinze mois dtf
prison par le tribunal correctionnel.
®
LIBRAIRIE
La maison Raphaël Tnck's, de Londres, bien con-
nue par la perfection de ses publications artistiques,
vient de lancer trois séries de carie» .postales en cou-
leur ayant pour sujets des. vues du MAKOC, qui, ep
plus de leur actualité, ont un intérêt d'art très pai&
cùlier. •*
AVIS ET COMMUNICATION$
~~B-YCO-~H ËM B~U E~ B''BES!.&t
%JJAntiEeptique,BmiinGorgfl,Ioilotte,Hygiéne.
~Ç$ ~C ~Ó.
'TT~WAT1~
«Chacun sa vie"
Au temps où lesdirecteurs do théâtre aimaient Ta
théâtre, les salles de spectacle qui avaient fermé et!t
août étaient rouvertes dès,. les premiers jours de sep-
tembre. Aujourd'hui, les music-halls seuls se con-
forment à cet usage ancien. Les théâtres reculent le
plus possible leur réouverture, de même qu'ils se
dépêchent de fermer aux premiers ,beaux jours. La
saison dramatique, par suite, se trouve singulière!:
ment raccourcie, au grand dommage des auteurs,
du public qu'on habitue à des plaisirs moins déli-
cats de Paris qui perd un de ses principaux agré-
ments. La Comédie-Française ne ferme jamais la
règlement l'y oblige. Mais rien ne la forcerait à
donner une pièce nouvelle dès septembre. Elle. 1~
fait cette année. Elle a eu raison la comédie de
MM. Guiches et Gheusi a réussi. L'exemple fourni
par le Théâtre-Français montre qu'il n'y a pas d6
mauvaise saison pour les bonnes pièces.
Sans vouloir nous entraîner vers les hauts som-
mets de la philosophie ou de la murale,114M. Gui-
ches et Gheusi nous content avec beaucoup d'esprit
l'histoire de l'un de ces ménages. où les epoux ne
sont pas assortis on en voit de tels. François Des-
clos, ingénieur intelligent, aux. manières un peu.
rudes, a épousé une femme très belle, mais entichée
de snobisme. Henriette Desclos s'éprend d'un beau
gentilhomme, de ceux qui, pour s'occuper, lancent
des chapeaux ou des vestons. François a, dans ses
bureaix,u no'eune 3 orpheline, naturellementpourvue
de toutes les qualités; il voit que Pauline Clermain.
lui donneraitle bonheur que sa, femme lui refuse.
François propose le divoi·ceAHenrie8tequïl'accepte:
Mais le beau gentilhomme aftirme .que ses princi-
pes religieux lui interdiraient d'épouser une femme
divorcée. Françoisne se rebute pas 11 unit par per-
suader lui-même au comte d'Arvant qu'il doit époii-
ser Henriette, quand le divorce aura été prononcé.
Plusieurs scènes traitées avec «l'esprit de finesses
ont assuré le succès certain de l'ouvrage nouveau,
bien interprété par M, de Féraudy, Mme Piératl
Mlle Sorel, M. Dunes, M. Paul Numa, M.Croué.
–A~.
Le théâtre Réjane, ainsi que nous l'avons dit;
fera. sa réouverture lundi.
Le programme de la saison prochame comprend
LaT imbalé pièce en quatre actes de MM. F. Vandd-
rem et G. Lenotre, qui en feront ces jours-ci la lecture
à leurs futurs interprètes Mme Réjane, MM. Signo-
ret, Duquesne, etc.; la Vieil homme, comédie en cinq
actes de M. &. de Porto-Riche hfadame Noutov, comé-
die gaie en trois actes de MM. Sylvane et Mouézy-Eon ¡
CM pe~ ~'7K< comédie en quatre actes de M_ AKred
Capus- le Sourire, comédie en quatre actes de M. Jule~
Caze, une comédie de M. Oudinot et une pièce nou-
velle de M. Anatole France.
Mme Réjana fera également cette année une reprise
de Nactnme Sans-Géne, de M. Victorien Sardou.
-La direction du théâtre de l'Ambigu annonce
les six dernières représentations de t'JEn/an< «M rem-
ple.
M. Georges Grisier va donner une pièce d'un au-
teur nouveau, M. J. de Grammont.
Le Curé de Foréville sera joué par Mlles Didier, de
l'Odéon; Norma du théâtre Sarah-Bernhardt;
Renée Bussy, desVariétés; MM; Daltour,Bartel,
Bailly,. Morgan, Lercy et Marcel Vibert.
La réouverture du Nouveau-Cirque aura lieu
vendredi 13, avec Foottit et Chocolat et l'écuyère,
d'école Thérèse de Ternann.
Ce soir:
A l'Opéra, Mlle Lindsay fera sa rentrée par le rôle
de Marguerite de l'aust. .-t~
Les autres rôles seront chantés par MM. Alvarez, Del-
mas,, Duclos,. Cancelier, Mmes Laute et Goulancourt.
A l'Opéra-Comique, reprise de Madame Butterfly,avec
Mmes Marguerite Carré, Lamare; MM. Clément, Pé-
rier et Cazeneuvè.
Le grand public a ratifié le jugement du Tout-pa-
ris des premières si favorable au spectacle de réouver-
ture des Folies-Bergère, et surtout ù Ptaisi.r cd'amour; ls
joUe pantomime de M. Catulle Mandés. Après chaque
tableau, Séverin est rappelé plusieurs fois, ainsi que
Mlle Renée Nayà et Mlle Pomponnette. Gros succè$
également pour les quinze attractions nouvelles.
L'Illiistration publiera dans le numéro du 21 sep-
tembre la comédie Chacun sa vie, de MM. Gustave
Guiches et P.-B. Gheusi, qui a été représentée hier avec
un vif succès au Théâtre-Français.
SPECTACLES DU MERCREDI 11 SEPTEMBRE
THEATRES
Opéra 8 h. Faust.
Vendredi Le Prophète..
Français, 8 h. 1/z. La Conversion dAIceste CliàÕ-Un:
sa vie.
Jeudi Andromaque; le Malade imaginaire.
Vendredi Il était une bergère; Chacun sa vie.
Samedi La Chance de Françoise;. Chacun sa vie.
Opéra-Comique, 8 h. 3/4. Madame Dutterff,y.
Jeudi: Carmen. Vendredi La Vie de bohème.
Samedi Louise.
Nouveautés, 8 h. 3/4. Le Bon Agent et la Mauvais
Cambrioleur. Vous n'avez rien à déclarer 2
Porte Saint-Martin, 8 h. 1/4. Le Bossu.
Châtelet, 8 h. 12. Les Pilules du Diable.
Athénée, 8 h.12. Chauffée. Le Coeur et le reste.
Palais-Royal, h. 3/4 -~LaFemme de César. Le Con-
tr8~eurdeswa ons-itts..
Amblgu, 8 h. 1/2. L'Enfant du Temple.
Folies-Dramatiques, 8 h. 1/2. Le Coup de Jarnac.
Cluny,8 h.1/2. Le Monsieur.-La Marraine de Charley.
Déjazet, 8 1/2. Il~ ou Elle?. Tire au Flanc t
Marigny, Tél. 101-89, 8 h. 1/2. Giska la Bohémienne.
Otero, Dora Parnés, etc.
Enghien, 11 minutes de Paris. 152 trains par jour.
Etablissement aI. Casino. L'Enlèvement d5
la Toledad.
CAPUCINES, 9 h. MATHURINS, 9 h.
SPECTACLES-CONCERTS
Folies-Bergère, 8 h. 1/2. Plaisir d'amour. Séve--
Fofies-Be Attractions nouvelles.
rtn. Attractions nouvelles.
S~,8-h~e~-Pari~ Fragson¿:
AMBASSADEURS. ALCAZAR D ÉTÉ. JARDIN DE PARiS.
BAL TABARIN.
ATTRACTIONS
Variétés, 9 h.- Au cinématographe: L'Enfant prodigue.
Apollo, Tél. 272-21, 8 h. 1/2. Attractions. 11 h. 1/2,
le Basculo. ntmartre de
Cinémato~raphe Pathé 5, boulevard Montmartre, de
2 h.1/2 ap G h., de 8 h. 1/2 à 11 h. nouveautés.
Grands Magasins Dufayel. 2 jt.1J2 à 6 h., Concert
et Cinématographe tous les jours, sauf le dimanche.
Cirque d'Hiver 8 h.1/2. Spectacle équestre.
Musée Grévin. Le Siège de Port-Arthur. Les Catacombes
romaines. LeCirque. L'actualité prie cinématographe.
T''EiSet,10h.m. àlanuit-l'ét., restaurant-bras, déj.4fr.
et à la carte. Mat. au théâtre dim. et fêtes a3 heures.
Jardin d'Acclimatation. Ouvert tous les jours.
ALHAMBRA, 8 h. 1/2. CIRQUE MBDRANO, 8 h. 1J2..
Fxpn~-noNS Cours-la-Reine lespeintres "division-
n~.°~ iensfBois de Vincennes Exposition colo-
nale: Hôtel Saint-Fargeau la Vie populaire à Paris;
Grand P alais le Livre; Grand-Palais (av. d'Antin):
les Sports.
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