Titre : L'Observateur du Centre : journal indépendant, hebdomadaire, économique, agricole, industriel, commercial, littéraire et d'annonces légales ["puis" journal démocratique référendiste "puis" journal socialiste, organe du Parti ouvrier, Fédération socialiste de la Nièvre ["puis" fédérations socialistes de la Nièvre et du Loiret "puis" Fédération socialiste de la Nièvre] "puis" journal socialiste, organe de la Fédération socialiste de la Nièvre (SFIO) "puis" journal républicain socialiste, organe des groupes socialistes indépendants de la Nièvre...]
Auteur : Parti ouvrier français. Fédération (Nièvre). Auteur du texte
Auteur : Parti socialiste SFIO (France). Fédération (Nièvre). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Nevers)
Date d'édition : 1898-07-19
Contributeur : Achard, Charles. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328278021
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 juillet 1898 19 juillet 1898
Description : 1898/07/19 (N30). 1898/07/19 (N30).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG45 Collection numérique : BIPFPIG45
Description : Collection numérique : BIPFPIG58 Collection numérique : BIPFPIG58
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2373370n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-87181
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/10/2018
DIXIEME ANNÉE. — N° 30
a
Le numéro
5 centimes
MARDI 19 JUILLET 1898
L'émancipation des Travailleurs ne peut être
que l’œuvre des Travailleurs eux-mêmes
Journal Socialiste
Organe du PARTI OUVRIER -— Fédération Socialiste de la Nièvre
Peuple, fais tes affaires toi-même,
Guéris-toi des individus
Paraissant tous les Mardis
ABONNEMENTS
Rédacteur en Chef :
Charles Acliard
Un An
Six Mois
Nevers, Nièvre et Départements
limitrophes.
4 fr.
2 fr. 50
Autres Départements. .
5 fr.
3 fr.
BUREAUX :
Nevers — 3, Rues de la Cité et des Rècollets.
— Nevers
Les Abonnements sont payables d’avance et ne
cessent qu’en avertissant ou refusant le journal.
PRINCIPAUX COLLABORATEURS:
A. Millerand, Gustave Rouanet, Clovis Hugues, Dr Turigny, députés
ANNONCES
Annonces judiciaires (la ligne). ... 16 cent.
Réclames dans le corps du journal (la lig.) 30 a.
Annonces quatrième page (la ligne). 16 c.
On traite à forfait pour les annonces qui doivent
être répétées souvent.
Les annonces doivent être adressées au Bureau du
Journal deux jours avant la publication du numéro.
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J. DE YERMOND, secrétaire de la Rédaction
Fédération Socialiste de la Nièvre
PARTI OUVRIER
La Fédération Socialiste de la
Nièvre avait organisé hier diman-
un congrès cantonal qui avait
pour but de désigner le candidat
aux élections départementales.
Les communes de Nevers, Im-
phy, Marzy, Magny, Sermoise,
etc, étaient représentées.
Le citoyen Eugène Laurent a
été désigné pour affronter la lutte
dans le canton de Nevers.
Des réunions de propagande se
ront organisées à ce sujet.
Pour la Fédération,
Le secrétaire, A. Combemorel.
Nevers, 18 Juillet 1898
Lettre de Paris
NOS ROIS!
On télégraphie de Berlin :
« Le grand industriel de Neun- j
kirchen le baron Stumm, que ses j
ennemis politiques et autres appel- j
lent «le roi Stumm» / a été ballotté i
aux récentes élections au Reichs
tag par un candidat du Centre et
un journal de la circonscription
avait appuyé le candidat contre lui.
Le roi Stumm vient de lancer en
conséquence l’ukase suivant adressé
à ses sujets ouvriers :
« La Gazette de Neunkirchen
m’a calomnié, je considère donc
qu’il va de soi qu’aucun ouvrier ne
recevra plus cette feuille chez lui.»
» Déjà M. Stumm a mis en in
terdit un autre journal qui s’était '
attaqué à lui. Il était allé jusqu’à
enjoindre à ses ouvriers de boycot
ter les marchands qu’ils sauraient
être abonnés à cette feuille ».
Et le journal parisien auquel
était adressée cette dépêche publi
ait dans la colonne suivante un ar
ticle sur le fonctionnement chez
nous du suffrage universel, qui se
terminait par les considérations
suivantes :
« On ne s’occupe même pas de
sauvegarder la liberté matérielle,
le secret et la sincérité du vote.
L’électeur de province qui marche
à l’urne candidement — comme
îles mages marchent à l’étoile —
m’est jamais bien certain que son
'vote ne sera point changé ou di
vulgué. Il s’expose surtout à être
tourmenté pendant de longs mois
par un maire malveillant pou ravoir
rempli son devoir électoral avec
indépendance. Ce « souverain »
doit se cacher s’il ne veut pas ex
pier par des tracasseries intermi
nables sa minute de souveraineté.
De là son indifférence et sa docilité.
Nous déclamons parfois contre son j
mérite ou sa bassesse, mais que
faisons-nous pour le protéger? »
Quel est donc, demanderez-vous,
ce journal dont les correspondants
signalent avec tant de vivacité les
méfaits des hauts patrons étran- j
gers, dont les rédacteurs réclament
avec tant de raison et d’éloquence
des mesures protectrices en faveur
du suffrage universel ?
Lequel? Je vous le donne en cent,
je vous le donne en mille. Ne cher
chez pas, vous ne trouverez jamais.
C’est le journal le Temps, celui-
là même dont les amis ont sans ex
ception voté la validation des plus
scandaleuses élections, celui qui a
chanté dans ses colonnes les louan
ges de M. Motte.
Or que firent donc M. Motte et
ses collègues les grands patrons de
France, entrés comme lui et par
les mêmes moyens dans le Parle
ment, sinon d’imiter leurs frères
et amis les grands patrons d’Outre-
Yosges.
Avant le « roi Stumm » le roi
Motte avait enjoint à ses ouvriers
de boycotter les marchands qui lui
seraient signalés comme hostiles.
Comme son royal collègue, M.
Motte chassa de ses usines et fit
chasser des usines voisines les ou
vriers assez hardis pour lire des
journaux ennemis ou s’affilier à
des associations hostiles.
Contre nos « rois Stumm » nous
demandons des mesures de protec
tion qui permettent à l’ouvrier de
se rendre au vote, sans être con
duit et gardé à vue par des surveil
lants patronaux.
Si le Temps et ses amis veulent
se joindre à nous pour assurer le
vote de cette loi de liberté et de
sécurité publique, nous en serons
ravis.
Mais, ou nous nous trompons
fort, ou ces républicains s’y repren
dront à plusieurs reprises avant
d’oser porter la main sur une lé
gislation si favorable aux entre
prises de « nos rois ».
A. MILLERAND,
(Reproduction interdite) député de la Seine.
-^ 1 ^*
Le Quatorze Juillet
Plus ça va, plus ça devient terne.
Le peuple, malgré les encouragements
de ses municipalités, — plutôt moraux que
matériels, ça coûte moins — n’a plus l’en
train des premières années.
Les quelques lampions et les quelques
bals issus de l’initiative des mastroquets
en quête de consommateurs, n’ont pas
réussi à l’enthousiasmer. A quoi bon chan
ter si les lendemains sont faits de deuils.
A quoi bon danser si les pleurs perlent au
bord des paupières.
C’est en vain qu’il a attendu patiemment
les jours meilleurs promis par les politi
ciens de la bourgeoisie régnante. Les bas
tilles se sont élevées plus nombreuses que
jamais et lorsqu’il demande le pain assuré
pour les vieux jours, on lui répond : Hôpi
tal; lorsqu’il réclame le droit de parler
librement de ses droits et de ses besoins,
on lui répond : Prison !
Voilà les réformes promises.
Et l’on voudrait qu’il danse, et l’on vou
drait qu’il chante 1
0 peuple, quitte les villes et les réjouis
sances officielles. C’est pour mieux t’asser
vir que l’on t’offre cette gaieté factice des
tinée à te faire oublier les infamies d’une
caste qui célèbre la révolution parce qu’elle
en a tout tiré à ton détriment.
La joie passagère, celle qui peut adoucir
pendant quelques heures les duretés de la
vie, les misères de l’existence, sont celles
que tu vas chercher sous les ombrages vi
goureux de nos bois, sur le tapis verdoyant
de nos prairies.
Là, fuyant les fêtes offertes comme une
aumône par les fonctionnaires et les sala
riés d’une République indigne de ce nom,
tu pourras penser sans entraves et fortifier
ta haine envers les faux bonshommes que
tu as eu la naïveté de croire et qui ' t’ont
rendu ce que tu es et ce que tu seras tou
jours si tu ne te révolte une bonne fois: un
paria.
Ch. Achard.
INFORMATIONS
Mouvement préfectoral
e mouvement préfectoral a été publié
hier matin au Journal officiel.
Ce mouvement porte sur 37 postes : il a
pour conséquence de faire sortir de l’admi
nistration douze préfets, dont trois sont
appelés à d’autres fonctions, sept mis en
disponibilité et deux admis à la retraite :
i- Sont appelés à d’autres fonctions : MM.
Lutaud (Haute-Garonne), Juillet-Saint-La-
ger (Vienne) et Grenier (Belfort).
Sont mis en disponibilité :MM. Dupuy
(Puy-de-Dôme), Druard' (Allier), Ladrat
(Cantal), Ronzier-Joly (Aude), Exbrayat
(Gers), Rousset (Lot), etSalmon (Marne).
3- Sont admis à la retraite : MM. Prou-
dhon (Finistère), et Gravier , préfet de la
Nièvre.
I Le mouvement fait rentrer dans l’admi
nistration cinq préfets que le précédent ca
binet en avait fait sortir : MM. Humbert,
Dumoulin, de Luze et Arnaud, et un autre
M. Joliet, qui avait quitté l’administration
il y a plusieurs années.
I —
NOS COLONIES
| LfExposition Coloniale de 1900
| Déjà , dans deux numéros différents ,
j nous avons traité la question coloniale et
; de l’exposition de nos produits coloniaux
en 1900.
Nous avons démontré qu’il était matériel
lement impossible de loger l’exposition de
nos vastes colonies dans un coin du jardin
du Trocadéro; il est vrai qu’un Lebon n’a
vait pas l’envergure nécessaire pour em
brasser un plan plus vaste !
j 11 était d’ailleurs en bonne compagnie,
j car le capucin Méline qui dirigeait la bande
n’a jamais fait preuve d’un esprit bien
clairvoyant.
Si l’Espagne est aujourd’hui enlisée dans
la triste situation où elle se trouve, elle le
doit à ses gouvernants qui onteu la naïveté
de se croire encore au bon vieux temps de
la compatissante inquisition. S’ils avaient
envoyé dans leurs colonies, au lieu de
moines rétrogrades réfractaires à toute
bonne administration, des fonctionnaires
probes et honnêtes qui se seraient inspirés
des désidérata de leurs administrés, il est
à croire qu’ils auraient évité la crise ac
tuelle.
Aujourd’hui encore, nous répétons ce que
nous n’avons cessé de dire. Les colons qui
ont accepté de gré ou de force notre pro
tectorat ne doivent pas être considérés
comme des esclaves, mais comme des Fran
çais jouissant des mêmes droits mais aussi
des mômes devoirs que nous autres.
Nous sommes même étonnés qu’en Al
gérie, où se trouvent seulement quelques
milliers de Français, les Arabes ne soient
pas encore citoyens de la République. C’est
tout un ramassis de gens de tous les peuples
de la terre qui y jouissent de nos droits ci
viques tandis que les Arabes sont exploités
par toute une bande de d’usuriers cosmo
polites.
Et il est à prévoir que Méline et son
compère Lebon, s’ils étaient restés au pou
voir, eussent continué la désorganisation
de cette colonie. Quel besoin avaient-ils de
déplacer M. Cambon pour y envoyer le
policier Lépine ?
i Eh bien t nous, Français, imbus de Géné
rosité, de Liberté, de Justice, c’est sur cette
trilogie que nous devons faire reposer les
principes de notre colonisation.
Recherchons des colons sérieux, instruits
sur la culture exotique, riches en volonté
et en intentions. Diminuons leurs charges
et donnons leur des fonctionnaires actifs et
intelligents directement responsables de
leur administration.
Il nous faut également assimiler nos co
loniaux à nos rouages administratifs sur l'es
conseils départementaux et communaux,
en un mot leur faire comprendre les bien
faits de la civilisation, tout en les tenant
éloignés de la centralisation à outrance qui
mine notre état social.
Diogène.
L’évolution dans la cordonnerie
Il y a bien peu d’industries ayant subi,
depuis quelques temps, une transformation
Adresser les abonnements et les annonces à M. YINGENT, administrateur du journal
aussi profonde que la cordonnerie : les ou
tils simples et peu coûteux ont été rempla
cés par la machine, et la division du tra
vail y a atteint ses dernières limites.
On ne croyait pas, il n’v a pas bien long
temps, que la machine aurait pu trouver
dans la cordonnerie une application si
étendue : l’ouvrier qui donnait le dernier
coup, et dont l’action paraissait échapper
à la machine, ce qui faisait de lui un petit
aristocrate parmi ses camarades, a perdu
aujourd’hui toute son importance. La plu
part de ces ouvriers, dans les centres les
plus importants de la cordonnerie, ne trou
vent presque plus de travail. L’évolution à
l’aide de la machine est pénétrée, silen
cieuse et rapide, dans cette industrie.
La cordonnerie moderne a subi une
transformation si grande qu’il y a des fa
briques pouvant produire plus de trente
mille paires de bottines et souliers par
semaine, La machine à coudre a ouvert la
voie; le clouement des souliers et bottines
vint après : le travail se trouvant ainsi faci
lité. De nouvelles inventions ne pouvaient
pas tarder à se produire; ces inventions, en
simplifiant de plus en plus le travail, ont
été suivies par d’autres assez nombreuses,
de sorte qu’il faut à l’heure actuelle un
grand nombre d’ouvriers, hommes, femmes
et entants, aidés par la machine, pour fa
briquer une paire de bottines.
Le résultat de cette transformation a été
d’augmenter, dans des proportions inatten
dues, la productivité du travail : elle atteint
aujourd'hui 25 O/oenviron. Presque 20 O/o
des ouvriers ont été ainsi déplacés; les
petites cordonneries, ne pouvant pas appli
quer le machinisme aussi largement qu’il
le faudrait pour soutenir la concurrence,
disparaissent peu à peu. Les tarifs des sa
laires, établis sur des bases surannées, ne
sont plus applicables ; les dernières grèves
ont montré, d’une manière irréfutable, que
tous les efforts des organisations ne pou
vaient rien contre la puissance du capital
coalisé. Les Syndicats peuvent réclamer le
salaire minimum pour leurs membres,
mais l’employeur peut les renvoyer sans
peine, la machine pouvant en remplacer
facilement le travail.
L’application si étendue du machinisme
a rendu inutile le travail domestique; le
travail est mieux tait à l’atelier et y donne
des résultats, sans comparaison, plus im
portants. Les ouvriers qui travaillent dans
la fabrique s’en trouveraient bien mieux
qu’auparavant, si les vibrations continuel
les de la machine n’avaient pas des consé
quences assez graves sur la santé.
Aussi, par suite de la transformation qu’a
subie, dans ces derniers temps, la cordon
nerie, le chômage s’y est accentué; il est
même devenu chronique, étant impossible,
même aux meilleures maisons, d’avoir tou
jours des commandes qui leur permettent
de donner du travail à tous leurs ouvriers.
Ainsi, dans cette branche d’industrie, la
lutte pour la vie devient de plus en plus
pénible et douloureuse, et de jour en jour
plus difficile d’y trouver un travail régulier
et durable. L’évolution économique en
traîne ainsi, pour le prolétariat, une aug
mentation de misère et de souffrances. La
productivité du travail ne peut profiter,
sous le régime actuel, qu’aux capitalistes,
qu’à ceux qui possèdent les instruments de
production ; il en sera toujours ainsi tant
que les moyens de travail n’auront pas été
socialisés.
Les Veillées de Plaisance
La dernière veillée de la saison,
une des plus symboliques, a eu lieu
mardi dernier, sur le Mont-Parnasse,
au milieu d’une joie intense, atténuée
quelque peu par le regret d’une pé
riode interruptive qui semblera lon
gue, la seconde série de ces veillées
fraternelles ne reprenant qu’en octo
bre prochain.
Mais la vision de ces soirées, qui
furent un salutaire réveil de l’esprit
provincial, dans toute son originalité
et dans toute sa beauté, fera patien
ter les âmes imbues d’art, qui re
trouvèrent à la lueur évocante des
kalels, l’intime et fraîche poésie des
terroirs oubliés parmi les bruits et
les heurts de la grande ville, des ter
roirs que beaucoup ne reverront peut-
être plus jamais.
On n’a pas craint, dans ce milieu
d’enthousiasme et de vie débordante,
de revêtir pieusement, avec une co
quetterie respectueuse, ainsi qu’il sied
à des fervents des coutumes et des
traditions, les anciens costumes ré
gionaux, ces jolis costumes si bien
appropriés aux climats régnants et
aux travaux les plus coutumiers des
parties diverses de notre beau pays
français.
Et c’était, pour tons les veilleurs,
des sensations délicieuses et fortes,
à voir évoluer, prestes ou lentes,
parmi les feuillages aux arômes fo
restiers,— que nous avions été cou
per le matin même, en dépit des gar
des et des réglements, dans les bois
de Meudon, — les gentes dames et
gracieuses jeunes filles qui, les unes
en arlésiennes ou berrichonnes, les
autres en bretonnes ou alsaciennes,
nous rappelaient mélancoliquement
ce que fut notre pays jadis, lorsque
l’amour de l’Art et de la Nature ai
dant, on faisait bellement et noble
ment des meubles sculptés, des fers
forgés, des étoffes tissées précieuse
ment et des cathédrales.
Hugues Lapaire, le vaillant poète
berrichon, tint sous le charme toute
l’assemblée lorsque, avec une bon-
hommie et une finesse bien spéciales
aux terriens du pays de George Sand,
il se mit à dire les belles poésies pa
toisantes, issues de son âme bucoli
que, célébrant les amours villageois,
les peines et les joies des rudes tra
vailleurs de la terre. Gomme un air
de vielle joué par le maître sculpteur
Jean Baffier, le verbe coloré du poète
fit passer devant nos yeux la joliesse
des bruyères fleuries, les labours où
se silhouettent les bœufs trapus et
lents, les bois où dorment les nids,
les rios qui chantent parmi les cres
sons, le village recueilli et le clocher
sonnant gaiement les noces ou les
Angélus.
Jules Lafforgue, le poète du pays
des Arvernes, fit monter dans les
cœurs de bien douces mélancolie^
lorsque, d’une voix chaude maisgrave,
il chanta la lampe familière des chau
mières de son rude et beau pays au
vergnat :
Le Kalel, c’est la lampe antique et familière,
Il est de cuivre lourd et vite à se ternir,
Sa lumière est fumeuse, incertaine et grossière
Et, pourtant,, le Kalel est de bon souvenir.
C’est qu’il nous est un peu le foyer de famille
Et la terre natale et le sol nourricier ;
Tout au fond du passé très doucement ii brille
Gomme notre jeunesse et le bonheur premier.
Félix Lorioux, dans la chanson
du Semeur, du maître chansonnier
Pierre Dupont, mit toute son angle œt
toute sa voix, une voix faite pour
s’allier aux vibrations des brises, les
soirs de labour.
Fernani Izouard termina la veil
lée littéraire avec deux des pins beaux
chants du grand Mistral.
Lors vinrent, pour faire danser, le
maître joueur de vielle Bousset, de
Cérilly, l’élève du grand Compagnon
de Nevers, et Joinville Billaud, le
cornemuseux de la vallée de la Creuse.
Montés sur des tonneaux autour des
quels s’enroulaient des lierres et des
chèvre-feuilles, ils attaquèrent ben
brament pour la grande joie de tous,
les vieux airs d’autrefois, ceux qui
firent danser sur les places ensoleil
lées de nos villages, lors des jours
de liesse, nos grands - pères et nos
grand’mères.
Puis, Jean Baffier, le châgne du
Berry, le descendant robuste des
grands maîtres tailleurs de pierre de
notre art national, tenant par les
mains la gente madame Latour de
Saint-Pierre-le-Moûtier, dansa d’une
façon magistrale et souple, le branle
et la bourrée.
Et, jusqu’à trois heures du matin,
les vieilles danses d’autrefois, si pit
toresques et si animées, revécurent en
ce milieu d’Art, et nul sourire grQs-
sier ne vint effleurer les lèvres de çes
veilleurs qui forment l’élite du monde
des Arts.
Nous ne saurions trop féliciter
mesdames Yvonne Erasme, Louise
Bauer, Marie Huot, Bru, Henriette
Gantier. Marie Ichters, Hélène De-
jnay, Léontine Lecompte, Maria Her-
mans, pour la grâce avec laquelle
a
Le numéro
5 centimes
MARDI 19 JUILLET 1898
L'émancipation des Travailleurs ne peut être
que l’œuvre des Travailleurs eux-mêmes
Journal Socialiste
Organe du PARTI OUVRIER -— Fédération Socialiste de la Nièvre
Peuple, fais tes affaires toi-même,
Guéris-toi des individus
Paraissant tous les Mardis
ABONNEMENTS
Rédacteur en Chef :
Charles Acliard
Un An
Six Mois
Nevers, Nièvre et Départements
limitrophes.
4 fr.
2 fr. 50
Autres Départements. .
5 fr.
3 fr.
BUREAUX :
Nevers — 3, Rues de la Cité et des Rècollets.
— Nevers
Les Abonnements sont payables d’avance et ne
cessent qu’en avertissant ou refusant le journal.
PRINCIPAUX COLLABORATEURS:
A. Millerand, Gustave Rouanet, Clovis Hugues, Dr Turigny, députés
ANNONCES
Annonces judiciaires (la ligne). ... 16 cent.
Réclames dans le corps du journal (la lig.) 30 a.
Annonces quatrième page (la ligne). 16 c.
On traite à forfait pour les annonces qui doivent
être répétées souvent.
Les annonces doivent être adressées au Bureau du
Journal deux jours avant la publication du numéro.
Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J. DE YERMOND, secrétaire de la Rédaction
Fédération Socialiste de la Nièvre
PARTI OUVRIER
La Fédération Socialiste de la
Nièvre avait organisé hier diman-
un congrès cantonal qui avait
pour but de désigner le candidat
aux élections départementales.
Les communes de Nevers, Im-
phy, Marzy, Magny, Sermoise,
etc, étaient représentées.
Le citoyen Eugène Laurent a
été désigné pour affronter la lutte
dans le canton de Nevers.
Des réunions de propagande se
ront organisées à ce sujet.
Pour la Fédération,
Le secrétaire, A. Combemorel.
Nevers, 18 Juillet 1898
Lettre de Paris
NOS ROIS!
On télégraphie de Berlin :
« Le grand industriel de Neun- j
kirchen le baron Stumm, que ses j
ennemis politiques et autres appel- j
lent «le roi Stumm» / a été ballotté i
aux récentes élections au Reichs
tag par un candidat du Centre et
un journal de la circonscription
avait appuyé le candidat contre lui.
Le roi Stumm vient de lancer en
conséquence l’ukase suivant adressé
à ses sujets ouvriers :
« La Gazette de Neunkirchen
m’a calomnié, je considère donc
qu’il va de soi qu’aucun ouvrier ne
recevra plus cette feuille chez lui.»
» Déjà M. Stumm a mis en in
terdit un autre journal qui s’était '
attaqué à lui. Il était allé jusqu’à
enjoindre à ses ouvriers de boycot
ter les marchands qu’ils sauraient
être abonnés à cette feuille ».
Et le journal parisien auquel
était adressée cette dépêche publi
ait dans la colonne suivante un ar
ticle sur le fonctionnement chez
nous du suffrage universel, qui se
terminait par les considérations
suivantes :
« On ne s’occupe même pas de
sauvegarder la liberté matérielle,
le secret et la sincérité du vote.
L’électeur de province qui marche
à l’urne candidement — comme
îles mages marchent à l’étoile —
m’est jamais bien certain que son
'vote ne sera point changé ou di
vulgué. Il s’expose surtout à être
tourmenté pendant de longs mois
par un maire malveillant pou ravoir
rempli son devoir électoral avec
indépendance. Ce « souverain »
doit se cacher s’il ne veut pas ex
pier par des tracasseries intermi
nables sa minute de souveraineté.
De là son indifférence et sa docilité.
Nous déclamons parfois contre son j
mérite ou sa bassesse, mais que
faisons-nous pour le protéger? »
Quel est donc, demanderez-vous,
ce journal dont les correspondants
signalent avec tant de vivacité les
méfaits des hauts patrons étran- j
gers, dont les rédacteurs réclament
avec tant de raison et d’éloquence
des mesures protectrices en faveur
du suffrage universel ?
Lequel? Je vous le donne en cent,
je vous le donne en mille. Ne cher
chez pas, vous ne trouverez jamais.
C’est le journal le Temps, celui-
là même dont les amis ont sans ex
ception voté la validation des plus
scandaleuses élections, celui qui a
chanté dans ses colonnes les louan
ges de M. Motte.
Or que firent donc M. Motte et
ses collègues les grands patrons de
France, entrés comme lui et par
les mêmes moyens dans le Parle
ment, sinon d’imiter leurs frères
et amis les grands patrons d’Outre-
Yosges.
Avant le « roi Stumm » le roi
Motte avait enjoint à ses ouvriers
de boycotter les marchands qui lui
seraient signalés comme hostiles.
Comme son royal collègue, M.
Motte chassa de ses usines et fit
chasser des usines voisines les ou
vriers assez hardis pour lire des
journaux ennemis ou s’affilier à
des associations hostiles.
Contre nos « rois Stumm » nous
demandons des mesures de protec
tion qui permettent à l’ouvrier de
se rendre au vote, sans être con
duit et gardé à vue par des surveil
lants patronaux.
Si le Temps et ses amis veulent
se joindre à nous pour assurer le
vote de cette loi de liberté et de
sécurité publique, nous en serons
ravis.
Mais, ou nous nous trompons
fort, ou ces républicains s’y repren
dront à plusieurs reprises avant
d’oser porter la main sur une lé
gislation si favorable aux entre
prises de « nos rois ».
A. MILLERAND,
(Reproduction interdite) député de la Seine.
-^ 1 ^*
Le Quatorze Juillet
Plus ça va, plus ça devient terne.
Le peuple, malgré les encouragements
de ses municipalités, — plutôt moraux que
matériels, ça coûte moins — n’a plus l’en
train des premières années.
Les quelques lampions et les quelques
bals issus de l’initiative des mastroquets
en quête de consommateurs, n’ont pas
réussi à l’enthousiasmer. A quoi bon chan
ter si les lendemains sont faits de deuils.
A quoi bon danser si les pleurs perlent au
bord des paupières.
C’est en vain qu’il a attendu patiemment
les jours meilleurs promis par les politi
ciens de la bourgeoisie régnante. Les bas
tilles se sont élevées plus nombreuses que
jamais et lorsqu’il demande le pain assuré
pour les vieux jours, on lui répond : Hôpi
tal; lorsqu’il réclame le droit de parler
librement de ses droits et de ses besoins,
on lui répond : Prison !
Voilà les réformes promises.
Et l’on voudrait qu’il danse, et l’on vou
drait qu’il chante 1
0 peuple, quitte les villes et les réjouis
sances officielles. C’est pour mieux t’asser
vir que l’on t’offre cette gaieté factice des
tinée à te faire oublier les infamies d’une
caste qui célèbre la révolution parce qu’elle
en a tout tiré à ton détriment.
La joie passagère, celle qui peut adoucir
pendant quelques heures les duretés de la
vie, les misères de l’existence, sont celles
que tu vas chercher sous les ombrages vi
goureux de nos bois, sur le tapis verdoyant
de nos prairies.
Là, fuyant les fêtes offertes comme une
aumône par les fonctionnaires et les sala
riés d’une République indigne de ce nom,
tu pourras penser sans entraves et fortifier
ta haine envers les faux bonshommes que
tu as eu la naïveté de croire et qui ' t’ont
rendu ce que tu es et ce que tu seras tou
jours si tu ne te révolte une bonne fois: un
paria.
Ch. Achard.
INFORMATIONS
Mouvement préfectoral
e mouvement préfectoral a été publié
hier matin au Journal officiel.
Ce mouvement porte sur 37 postes : il a
pour conséquence de faire sortir de l’admi
nistration douze préfets, dont trois sont
appelés à d’autres fonctions, sept mis en
disponibilité et deux admis à la retraite :
i- Sont appelés à d’autres fonctions : MM.
Lutaud (Haute-Garonne), Juillet-Saint-La-
ger (Vienne) et Grenier (Belfort).
Sont mis en disponibilité :MM. Dupuy
(Puy-de-Dôme), Druard' (Allier), Ladrat
(Cantal), Ronzier-Joly (Aude), Exbrayat
(Gers), Rousset (Lot), etSalmon (Marne).
3- Sont admis à la retraite : MM. Prou-
dhon (Finistère), et Gravier , préfet de la
Nièvre.
I Le mouvement fait rentrer dans l’admi
nistration cinq préfets que le précédent ca
binet en avait fait sortir : MM. Humbert,
Dumoulin, de Luze et Arnaud, et un autre
M. Joliet, qui avait quitté l’administration
il y a plusieurs années.
I —
NOS COLONIES
| LfExposition Coloniale de 1900
| Déjà , dans deux numéros différents ,
j nous avons traité la question coloniale et
; de l’exposition de nos produits coloniaux
en 1900.
Nous avons démontré qu’il était matériel
lement impossible de loger l’exposition de
nos vastes colonies dans un coin du jardin
du Trocadéro; il est vrai qu’un Lebon n’a
vait pas l’envergure nécessaire pour em
brasser un plan plus vaste !
j 11 était d’ailleurs en bonne compagnie,
j car le capucin Méline qui dirigeait la bande
n’a jamais fait preuve d’un esprit bien
clairvoyant.
Si l’Espagne est aujourd’hui enlisée dans
la triste situation où elle se trouve, elle le
doit à ses gouvernants qui onteu la naïveté
de se croire encore au bon vieux temps de
la compatissante inquisition. S’ils avaient
envoyé dans leurs colonies, au lieu de
moines rétrogrades réfractaires à toute
bonne administration, des fonctionnaires
probes et honnêtes qui se seraient inspirés
des désidérata de leurs administrés, il est
à croire qu’ils auraient évité la crise ac
tuelle.
Aujourd’hui encore, nous répétons ce que
nous n’avons cessé de dire. Les colons qui
ont accepté de gré ou de force notre pro
tectorat ne doivent pas être considérés
comme des esclaves, mais comme des Fran
çais jouissant des mêmes droits mais aussi
des mômes devoirs que nous autres.
Nous sommes même étonnés qu’en Al
gérie, où se trouvent seulement quelques
milliers de Français, les Arabes ne soient
pas encore citoyens de la République. C’est
tout un ramassis de gens de tous les peuples
de la terre qui y jouissent de nos droits ci
viques tandis que les Arabes sont exploités
par toute une bande de d’usuriers cosmo
polites.
Et il est à prévoir que Méline et son
compère Lebon, s’ils étaient restés au pou
voir, eussent continué la désorganisation
de cette colonie. Quel besoin avaient-ils de
déplacer M. Cambon pour y envoyer le
policier Lépine ?
i Eh bien t nous, Français, imbus de Géné
rosité, de Liberté, de Justice, c’est sur cette
trilogie que nous devons faire reposer les
principes de notre colonisation.
Recherchons des colons sérieux, instruits
sur la culture exotique, riches en volonté
et en intentions. Diminuons leurs charges
et donnons leur des fonctionnaires actifs et
intelligents directement responsables de
leur administration.
Il nous faut également assimiler nos co
loniaux à nos rouages administratifs sur l'es
conseils départementaux et communaux,
en un mot leur faire comprendre les bien
faits de la civilisation, tout en les tenant
éloignés de la centralisation à outrance qui
mine notre état social.
Diogène.
L’évolution dans la cordonnerie
Il y a bien peu d’industries ayant subi,
depuis quelques temps, une transformation
Adresser les abonnements et les annonces à M. YINGENT, administrateur du journal
aussi profonde que la cordonnerie : les ou
tils simples et peu coûteux ont été rempla
cés par la machine, et la division du tra
vail y a atteint ses dernières limites.
On ne croyait pas, il n’v a pas bien long
temps, que la machine aurait pu trouver
dans la cordonnerie une application si
étendue : l’ouvrier qui donnait le dernier
coup, et dont l’action paraissait échapper
à la machine, ce qui faisait de lui un petit
aristocrate parmi ses camarades, a perdu
aujourd’hui toute son importance. La plu
part de ces ouvriers, dans les centres les
plus importants de la cordonnerie, ne trou
vent presque plus de travail. L’évolution à
l’aide de la machine est pénétrée, silen
cieuse et rapide, dans cette industrie.
La cordonnerie moderne a subi une
transformation si grande qu’il y a des fa
briques pouvant produire plus de trente
mille paires de bottines et souliers par
semaine, La machine à coudre a ouvert la
voie; le clouement des souliers et bottines
vint après : le travail se trouvant ainsi faci
lité. De nouvelles inventions ne pouvaient
pas tarder à se produire; ces inventions, en
simplifiant de plus en plus le travail, ont
été suivies par d’autres assez nombreuses,
de sorte qu’il faut à l’heure actuelle un
grand nombre d’ouvriers, hommes, femmes
et entants, aidés par la machine, pour fa
briquer une paire de bottines.
Le résultat de cette transformation a été
d’augmenter, dans des proportions inatten
dues, la productivité du travail : elle atteint
aujourd'hui 25 O/oenviron. Presque 20 O/o
des ouvriers ont été ainsi déplacés; les
petites cordonneries, ne pouvant pas appli
quer le machinisme aussi largement qu’il
le faudrait pour soutenir la concurrence,
disparaissent peu à peu. Les tarifs des sa
laires, établis sur des bases surannées, ne
sont plus applicables ; les dernières grèves
ont montré, d’une manière irréfutable, que
tous les efforts des organisations ne pou
vaient rien contre la puissance du capital
coalisé. Les Syndicats peuvent réclamer le
salaire minimum pour leurs membres,
mais l’employeur peut les renvoyer sans
peine, la machine pouvant en remplacer
facilement le travail.
L’application si étendue du machinisme
a rendu inutile le travail domestique; le
travail est mieux tait à l’atelier et y donne
des résultats, sans comparaison, plus im
portants. Les ouvriers qui travaillent dans
la fabrique s’en trouveraient bien mieux
qu’auparavant, si les vibrations continuel
les de la machine n’avaient pas des consé
quences assez graves sur la santé.
Aussi, par suite de la transformation qu’a
subie, dans ces derniers temps, la cordon
nerie, le chômage s’y est accentué; il est
même devenu chronique, étant impossible,
même aux meilleures maisons, d’avoir tou
jours des commandes qui leur permettent
de donner du travail à tous leurs ouvriers.
Ainsi, dans cette branche d’industrie, la
lutte pour la vie devient de plus en plus
pénible et douloureuse, et de jour en jour
plus difficile d’y trouver un travail régulier
et durable. L’évolution économique en
traîne ainsi, pour le prolétariat, une aug
mentation de misère et de souffrances. La
productivité du travail ne peut profiter,
sous le régime actuel, qu’aux capitalistes,
qu’à ceux qui possèdent les instruments de
production ; il en sera toujours ainsi tant
que les moyens de travail n’auront pas été
socialisés.
Les Veillées de Plaisance
La dernière veillée de la saison,
une des plus symboliques, a eu lieu
mardi dernier, sur le Mont-Parnasse,
au milieu d’une joie intense, atténuée
quelque peu par le regret d’une pé
riode interruptive qui semblera lon
gue, la seconde série de ces veillées
fraternelles ne reprenant qu’en octo
bre prochain.
Mais la vision de ces soirées, qui
furent un salutaire réveil de l’esprit
provincial, dans toute son originalité
et dans toute sa beauté, fera patien
ter les âmes imbues d’art, qui re
trouvèrent à la lueur évocante des
kalels, l’intime et fraîche poésie des
terroirs oubliés parmi les bruits et
les heurts de la grande ville, des ter
roirs que beaucoup ne reverront peut-
être plus jamais.
On n’a pas craint, dans ce milieu
d’enthousiasme et de vie débordante,
de revêtir pieusement, avec une co
quetterie respectueuse, ainsi qu’il sied
à des fervents des coutumes et des
traditions, les anciens costumes ré
gionaux, ces jolis costumes si bien
appropriés aux climats régnants et
aux travaux les plus coutumiers des
parties diverses de notre beau pays
français.
Et c’était, pour tons les veilleurs,
des sensations délicieuses et fortes,
à voir évoluer, prestes ou lentes,
parmi les feuillages aux arômes fo
restiers,— que nous avions été cou
per le matin même, en dépit des gar
des et des réglements, dans les bois
de Meudon, — les gentes dames et
gracieuses jeunes filles qui, les unes
en arlésiennes ou berrichonnes, les
autres en bretonnes ou alsaciennes,
nous rappelaient mélancoliquement
ce que fut notre pays jadis, lorsque
l’amour de l’Art et de la Nature ai
dant, on faisait bellement et noble
ment des meubles sculptés, des fers
forgés, des étoffes tissées précieuse
ment et des cathédrales.
Hugues Lapaire, le vaillant poète
berrichon, tint sous le charme toute
l’assemblée lorsque, avec une bon-
hommie et une finesse bien spéciales
aux terriens du pays de George Sand,
il se mit à dire les belles poésies pa
toisantes, issues de son âme bucoli
que, célébrant les amours villageois,
les peines et les joies des rudes tra
vailleurs de la terre. Gomme un air
de vielle joué par le maître sculpteur
Jean Baffier, le verbe coloré du poète
fit passer devant nos yeux la joliesse
des bruyères fleuries, les labours où
se silhouettent les bœufs trapus et
lents, les bois où dorment les nids,
les rios qui chantent parmi les cres
sons, le village recueilli et le clocher
sonnant gaiement les noces ou les
Angélus.
Jules Lafforgue, le poète du pays
des Arvernes, fit monter dans les
cœurs de bien douces mélancolie^
lorsque, d’une voix chaude maisgrave,
il chanta la lampe familière des chau
mières de son rude et beau pays au
vergnat :
Le Kalel, c’est la lampe antique et familière,
Il est de cuivre lourd et vite à se ternir,
Sa lumière est fumeuse, incertaine et grossière
Et, pourtant,, le Kalel est de bon souvenir.
C’est qu’il nous est un peu le foyer de famille
Et la terre natale et le sol nourricier ;
Tout au fond du passé très doucement ii brille
Gomme notre jeunesse et le bonheur premier.
Félix Lorioux, dans la chanson
du Semeur, du maître chansonnier
Pierre Dupont, mit toute son angle œt
toute sa voix, une voix faite pour
s’allier aux vibrations des brises, les
soirs de labour.
Fernani Izouard termina la veil
lée littéraire avec deux des pins beaux
chants du grand Mistral.
Lors vinrent, pour faire danser, le
maître joueur de vielle Bousset, de
Cérilly, l’élève du grand Compagnon
de Nevers, et Joinville Billaud, le
cornemuseux de la vallée de la Creuse.
Montés sur des tonneaux autour des
quels s’enroulaient des lierres et des
chèvre-feuilles, ils attaquèrent ben
brament pour la grande joie de tous,
les vieux airs d’autrefois, ceux qui
firent danser sur les places ensoleil
lées de nos villages, lors des jours
de liesse, nos grands - pères et nos
grand’mères.
Puis, Jean Baffier, le châgne du
Berry, le descendant robuste des
grands maîtres tailleurs de pierre de
notre art national, tenant par les
mains la gente madame Latour de
Saint-Pierre-le-Moûtier, dansa d’une
façon magistrale et souple, le branle
et la bourrée.
Et, jusqu’à trois heures du matin,
les vieilles danses d’autrefois, si pit
toresques et si animées, revécurent en
ce milieu d’Art, et nul sourire grQs-
sier ne vint effleurer les lèvres de çes
veilleurs qui forment l’élite du monde
des Arts.
Nous ne saurions trop féliciter
mesdames Yvonne Erasme, Louise
Bauer, Marie Huot, Bru, Henriette
Gantier. Marie Ichters, Hélène De-
jnay, Léontine Lecompte, Maria Her-
mans, pour la grâce avec laquelle
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