Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-11-06
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 06 novembre 1872 06 novembre 1872
Description : 1872/11/06 (Numéro 4225). 1872/11/06 (Numéro 4225).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
DOUZIÈME ANNÉE. N» 4225
ON S ABONNE AU BUREAU DU JOURNAL 10 FAUBOURG^MÔNTMARTRE, 10
MERCREDI 6 NOVEMBRE 1872
.• ABONNEMENTS (DÉPARTEMENTS)"
Trois mois V» fr. Six mois 34 fr. Un an OS fr.
k. LES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) »© centimes.
La rédaction ne répond pas des articles communiqués
^ejsÉita et ne se charge pas de les renvoyer.
~J--A ABONNEMENTS (PARIS) •
Trois mois 14 fr. Six mois 28 fr. Un an Go U.
LES AUO.MVEMEKTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (à Paris) 1Î5 centimes
ANNONCES mm. FArcnEY-tAFFiTTE-BULtiER et c°, 8. place de la Hoursei
U. DUPORT, 7, rue Coq-Héron, et au bureau du journal. 1:
(Droit d'insertion réservé à la rédaction) '~<
AVIS
MM. les Abonnés des départements dont
fabonnement expire le 15 novembre sont
priés de le renouveler le plus tôt possible,
s'ils ne veulent éprouver d'interruption dans
renvoi du journal. (Joindre une bande impri-
mée et un mandat de poste ou à vue sur Paris.)
AUX ABONNÉS D'ALSACE-LORRAINE
Jusqu'à nouvel avis, les abonnements
pour 1 Alsace-Lorraine sont acceptés au
prix de France.
On peut souscrire chez tous les li-
braires.
.) 7:)'
Nous rappelons à nos abonnés que toute
réclamation ou demande cle changement
d'adresse doit être accompagnée d'une der-
nière bande imprimée. a
PARIS, 5 NOVEMBRE
l&UU-ET IN DU J 0 U R
^hprïfir.çiilJi t-i>
Le mouvement relatif aux prières pu-
liques ordonnées par l'Assemblée va
croissant dans le monde religieux
l'idée des neuvaines préparatoires fait
son chemin et donne lieu, dit Y Univers,
à une correspondance pleine d'enthou-
siasme entre ses promoteurs et les évo-
ques. En même temps, l'arrière-pensée
politique que l'on entend mêler à ces
manifestations continue à percer dans
les mandements publiés à cette oc-
casion par les prélats. Nous avons
sous les yeux celui de M. l'ar-
chevêque de Paris; il est plus me-
suré dans la forme que la circulaire
de M. Dupanloup il n'y est question ni
de reptiles ni de bêtes malfaisantes
couvrant le sol à la suite des grands ora-
ges qui ébranlent le monde, mais le
fond en est le même c'est toujours la
guerre au principe de la sécularisation
de l'Etat et à l'esprit moderne. « La con-
stitution essentielle de la France, dit M.
Guibert, était d'être la nation très chré-
tienne, avec la vocation spéciale de dé-
fendre l'Eglise; c'est ce qui fit sa force
et sa stabilité. Elle a été grande et puis-
sante tant qu'elle n'a pas menti à son
origine et qu'elle n'a point failli à
sa glorieuse mission. Mais qu'est-
il arrivé parmi nous ? Notre na-
tion s'élevait au milieu de l'Eu-
rope comme un Etat d'une soli-
dité à défier tous les coups et qui ex-
citait l'admiration (du monde entier,
parce qu'il était assis surla base des
doctrines chrétiennes. Un jfénie malfai-
sant s'est attaché avec une infati-
gable persévérance à détruire ce fonde-
ment sacré, et l'œuvre de quatorze siè-
cles s'est écroulée misérablement. »
Plus loin, l'archevêque de Paris déplore
le soin jaloux avec lequel, depuis un
siècle, la législation a écarté de toutes
nos institutions l'influence de la reli-
gion parmi les causes de nos malheurs
il signale l'inobservation de la loi du di-
manche, les tendances de l'enseigne-
ment public, les doctrines impies et per-
verses répandues par la presse et par les
livres: «Aujourd'hui encore, ajoute-t-il,
malgré tant de leçons si décisives, ne se
rencontre-t-il pas des hommes, frappés
de cécité, qui, demandent que l'éduca-
tion de la jeunesse soit soustraite à l'in-
fluence chrétienne et même qu'on éta-
blisse une séparation radicale entre l'or-
dre civil et l'ordre religieux. » Le réqui-
sitoire est complet comme on voit il
FEUILLETON DU TEMPS
DU 6 NOVEMBRE 1
;e;. w=y .<.1,
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1
LE TOUR DU MONDE
QUATRE-VINGTS JOURS
i: & .t~¿~r~"
¡'rh~¡.
1 r'
dans LEQUEL PHILEAS FOGG ET PASSEPARTOUT
S'ACCEPTENT RÉCIPROQUEMENT, L'UN COMME MAITRE,
r L'AUTRE comme domestique.
En l'année 1872, la maison portant le
numéro 7 de Saville-row, Burlington Gar-
dens, maison dans laquelle Sheridan
mourut en 1814, était habitée par Phi-
leas Fogg, esq., l'un des membres les plus
singuliers et les plus remarqués du Re-
form-Club de Londres, bien qu'il semblât
prendre à tâche de ne rien faire qui pût
attirer l'attention.
A l'un des plus grands hommes d'Etat
qui hor.orent l'Angleterre, succédait donc
ce Phileas Fogg, personnage énigmatique
dont on ne sarait rien, sinon que c'était
un fort galant uPmme, et l'un des plu»
beaux gentlemen de la ,haute société an-
glaise.
ne reste plus qu'à conclure, et l'honora-
ble prélat n'y manque pas; il faut en
revenir aux principes chrétiens, se bor-
ne-t-il à dire, mais sous la réserve cal-
culée de ces mots; ce qu'rl~*a 'évidem-
ment voulu entendre c'est le retour à la
religion d'Etat.
On trouvera plus loin, aux dépêches
de Berlin, le résumé d'une lettre auto-
graphe adressée par le czar à un prince
prussien, à l'occasion de l'anniversaire
de sa naissance, et dont les journaux al-
lemands ne manqueront sans doute de
faire un peu de bruit.jDans cette lettre où
se trouvent; paraît-il, rappelées les vic-
toires remportées sur la France dans la
dernière guerre, l'empereur Alexandre
ne se contente pas de témoigner de son
intention de resserrer plus étroitement
encore les liens d'amitié qui unissent la
Russie à l'Allemagne, il exprime encore
le vœu que cette amitié s'étende aux gé-
nérations futures. Le souverain russe-
est, comme on sait, assez prodigue de
manifestations de ce genre envers la
cour de Berlin.
Les journaux anglais nous apportent
de nombreux détails'sur la démonstra-
tion qui a eulieu dimanche à Hyde-Park
(Londres) en faveur des prisonniers fe-
nians; les manifestants étaient nom-
breux le Daily News n'en évalue pas le
chiffre à moins de 30,000. Des discours
violents ont été prononcés par divers
orateurs; on a fort maltraité M. Glacl-
tone et le gouvernement anglais; on a
même parlé de renversement. La police
a laissé faire, et, après avoir ainsi jeté
feu et flammes, toute cette foule
surexcitée a fini par se disperser
fort paisiblement ce qui fournit au
Daily News l'occasion de dire en maniè-
re d'appréciation « L'eau de Seltz,
quand elle est débouchée et mise en
libre communication avec l'air, est une
boisson très inoffensive, quel que soit
son pétillement mais si, au contraire,
elle est hermétiquement bouchée et
qu'on la chauffe, elle produira une ex-
plosion violente et dangereuse. »
Hier a eu lieu, comme on sait, la ren-
trée des cours et tribunaux de Paris. A
cette occasion, M. Renouard, procureur
général à la cour de cassation, a pro-
noncé un remarquable discours dont on
trouvera plus loin quelques extraits.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
i. ~/iJ.
SERVICE HAVAS-BULLIER
Espagne.
Madrid, 4 novembre, 5 h. 50 soir.
Le ministre de lamarine a présenté au Sénat
un projet de loi concernant les prises mari-
times.
Au Congrès, M. Maisonavc a dénoncé des abus
commis à Gibraltar contre des garde-côtes qui
poursuivaient des contrebandiers.
M. Martos a répondu que ce fait était sans im-
portance.
M. Orenso a appuyé la proposition d'abolition
de la peine de mort.
Pays-Bas.
Amsterdam, 4 novembre.
La Banque de Hollande a élevé le taux de son
escompte de 4 à 4 1/2 pour cent.
Angleterre.
Londres, 4 novembre.
M. le comte de Beust est parti samedi pour
Dresod, afin de représenter la cour impériale
d'Autriche au cinquantième anniversaire du
mariage du roi et de la reine de Saxe.
Londres, 4 novembre, soir.
Un meeting influent, tenu à Guidhall, sous la
présidence du lord-maire, a adopté à l'unanimité
des résolutions pour la suppression du- com-
merce des esclaves dans l'Afrique orientale.
· Londres, 5 novembre.
On mande de Berlin au Times que le corps ex-
péditionnaire russe envoyé contre le khiva a été
rappelé.
Londres 5 novembre.
La chambre de commerce de Manchester a
tenu hier sa réunion trimestrielle sous la prési-
dence de M. Iîugh Masson. Le nouveau traité
de commerce franco-anglais, qui a formé le prin-
cipal sujet de la discussion, a été vivement at-
taqué.
Le président a déclaré qu'il vaudrait mieux
que le traité fut abandonné complètement et ne
On disait qu'il ressemblait à Byron,
par la tête, car il était irréprochable,
quant aux pieds, mais un Byron sans
passion, refroidi, impassible, qui aurait
vécu mille ans sans vieillir physique-
ment.
Anglais, à coup sûr, Phileas Fogg n'était
peut-être pas Londonnér. On ne l'avait ja-
mais vu ni à la Bourse, ni à la Banque, ni
dans aucun des comptoirs de la Cité. Ni
les bassins ni les docks de Londres n'a-
vaient jamais reçu un navire ayant pour
armateur Phileas Fogg. Ce gentleman ne
figurait dans aucun comité d'administra-
tion. Son nom n'avait jamais retenti dans
un collège d'avocats, ni au Temple, ni à
Lincoln's-inn, ni à Gray's-inn. Jamais il
ne plaida ni à la Cour du chancelier ni au
Banc de la Reine, ni à l'Echiquier, ni en
Cour ecclésiastique. Il n'était ni indus-
triel, ni négociant, ni marchand, ni agri-
culteur. Il ne faisait partie ni de l'Institu-
tion Royale de la Grande-Bretagne, ni de
l'Institution de Londres, ni de Ylnslitu-
tion des Artisans, ni de Y Institut ion
Rnssel, ni de V Institution littéraire de
l'Ouest, ni de V Institution dit Droit, ni de
cette Institution des Arts et des Sciences
réunis, qui est placée sous le patronage di-
rect de sa Gracieuse Majesté. Il n'apparte-
nait enfin à aucune des nombreuses so-
ciétés qui pullulent dans la capitale de
l'Angleterre, depuis la Société de VA rmo-
nica jusqu'à la Société entomologique, fon-
dée principalement dans le but de détruire
les insectes nuisibles.
Phileas Fogg était membre du Reform-
Club, et voilà tout.
A qui s'étonnerait de ce qu'un gentle-
nlar -mssi mystérieux comptât parmi les
membres de £* honorable association,
fût remplacé par aucun autre, plutôt que de
faire de nouveaux sacrifices qui porteraient at-
teinte au libre-échange. MM. Slagg, Jacob
Bright et sir Edouard Watkin ont pris part à la
discussion.
Le comte d'IIarcourt est attendu il Londres
vers la fin de la semaine.
Etats-Unis. <•
New-York, 4 novembre, soir.
Les Français qui résident il New-York ont
formé une société pour venir en aide aux Alsa-
ciens-Lorrains. On recueille des souscriptions a
cet effet.
Philadelphie, 4 novembre, soir.
Les républicains ont confiance dans la réélec-
tion du général Grant à la présidence ils pen-
sent qu'il réunira au moins les trois quarts des
votes.
Ils espèrent aussi l'emporter à New-York.
Les élections de la Louisiane ont lieu aujour-
d'hui celles du Texas seront terminées ven-
dredi.
Allemagne.
Berlin, 4 novembre.
Hier, à l'occasion du 50e anniversaire de la nais
sance du prince Charles, en qualité de proprié-
tatre d'un régiment russe, une députation de ce
régiment lui a présenté une lettre autographe
de l'empereur de Russie, avec les insignes de
l'ordre de Saint-Georges de 3° classe. La lettre
impériale exprime la sympathie du czar pour
l'armée prussienne.
Elle rappelle le temps oit Prussiens et Russes
unis ensemble combattaient pour la même cau-
se. Elle rappelle encore les victoires remportées
par les Prussiens daus la dernière guerre contre
la France, victoires auxquelles le prince Charles
a pris part, aux côtés de l'empereur Guillaume.
La lettre se termine par ces mots « J'espère
que vous reconnaîtrez' mon intention de resser-
rer plus étroitement encore les liens d'amitié qui
nous unissent, et je souhaite que ces liens em-
brassent aussi les générations futures, »
Vienne, 4 novembre, soir.
On mande de Constantinople il la Nouvelle
praxse libre
Midliat Pacha refuse d'entrer dans le cabinet.
On assure que le khédive, pendant sa visite il
Constantinople, a annoncé au sultau son projet
d'envoyer une expédition en Abyssinie, et on
ajoute que le gouvernement de la'Porte ne s'op-
posera pas à l'annexion éventuelle de l' Abyssi-
nic à l'Egypte.
L'Univers croit pouvoir déclarer que
les royalistes feront, dans la prochaine
session de l'Assemblée une manifesta-
tion en faveur de la monarchie. < Sans
doute, ajoute-t-il, les hommes de fusion
et de compromis chercheront encore à
louvoyer entre le oui et le non, mais
l'extrême droite et une fraction notable
de la droite porteront le débat sur son
vrai terrain. Diverses informations par-
ticulières nous permettent de l'affirmer.
Si la vraie droite royaliste se trouve
alors constituée en minorité,. elle ga-
gnera comme autorité morale et même
comme force politique ce qu'elle aura
perdu en apparence comme nombre.» »
Cette déclaration est d'accord avec cel-
les des diverses fractions du parti. Après
les discours de Bordeaux, nous avons
eu la lettre du marquis de Dampier re,
et l'Union nous apporte aujourd'hui
même un nouveau manifeste légiti-
miste de M. Boyer, député du Gard.
M. Boyer demande que la question soit
enfin posée entre e la république
et la monarchie, et il déduit les raisons
pour lesquelles il s'opposera, quant à
lui, à l'adoption de la république. Nous
ne nous arrêterons point à ces raisons,
parmi lesquelles figure la nécessité de
rétablir' le pouvoir temporel: le seul
point qui mérite d'être relevé dans ces
manifestations de la droite, c'est l'in-
tention désormais certaine de provo-
querun vote de l'Assemblée sur la ques-
tion monarchique, et dans tous les cas,
de refuser tout concours à l'établisse-
ment d'une autre forme de gouverne-
ment. Les membres du parti, s'ils ne
peuvent avoir la satisfaction de fonder
le gouvernement de leur choix, auront
du moins celle de ne point aider leur
pays à se tirer d'affaire autrement
Cette résolution est d'autant plus
inexplicable, nous allions dire inexcu-
sable, que le parti dont il s'agit ne sau-
rait se l'aire aucune illusion sur ses
chances de succès. Il sait aussi bien
que nous qu'il sera en minorité dans
l'Assemblée; nous dirons plus, il en est
réduit à désirer sa propre défaite. Ce
qu'il doit redouter le plus, ce n'est pas
on répondra qu'il passa sur la recomman-
dation de MM. Baring frères, chez les-
quels il avait un crédit ouvert. De là, une
certaine «surface» due à ce que ses chè-
ques étaient régulièrement payés à vue
par le débit de son compte courant, inva-
riablement créditeur.
Ce Phileas Fogg était-il riche ? Incontes-
tablement. Mais comment il avait fait for-
tune, c'est ce que les mieux informés ne
pouvaient dire, et Mr. Fogg était le der-
nier auquel il convint de s'adresser pour
l'apprendre. En tout cas, il n'était prodi-
gue de rien, mais non avare, car partout
où il manquait un appoint pour une chose
noble, utile ou généreuse, il l'apportait si-
lencieusement ou même, autant que pos-
sible, anonymement.
En somme, rien de moins communicatif
que ce gentleman. Il parlait aussi peu que
possible, et semblait d'autant plus mysté-
rieux qu'il était silencieux. Cependant, sa
vie était à jour, mais ce qu'il faisait, était
si mathématiquement toujours la même
chose, que l'imagination, mécontente,
cherchait au delà.
Avait-il voyagé? C'était probable, car
personne ne possédait mieux que lui la
carte du monde. Il n'était endroit si reculé
dont il ne parût avoir une connaissance
spéciale. Quelquefois, mais en peu de mots,
brefs et clairs, il redressait les mille pro-
pos qui circulaient dans le club touchant
les voyageurs perdus ou égarés; il indi-
quait les vrais probabilités, et ses paroles
s'étaient trouvées souvent comme inspi-
rées par une seconde vue, tant l'événe-
ment finissait toujours par les justifier.
C'était un homme qui avait dû voyager
partout, en esprit tout au moins.
Ce qui était certain toutefois, c'est que
depuis de longues aimées, Phileas Fogg
un échec, c'est une victoire parlemen-
taire. Cette victoire, en effet, ne serait
jamais que l'affaire de peu de voix, et
serait insufffisante, par conséquent,
pour une si grosse entreprise que la
fondation d'une monarchie. Se repre-
sente-t-on la France relevant le trône
de Charles X, après quarante ans de
vacance, à une majorité de dix ou vingt
voix? Mais combien cette considération
ne devient-elle pas plus décisive encore,
lorsqu'on réfléchit qu'il ne s'agit pas
seulement d'énoncer une préférence
pour une forme de gouvernement,
mais de renverser un régime qui a
déjà incontestablement jeté des ra-
cines lorsqu'on pense que l'Assemblée
ne représente plus aujourd'hui que très
imparfaitement le sentiment du pays,
et qu'ainsi un vote en faveur du réta-
hlissement de la monarchie serait géné-
ralement regardé comme un abus de pou-
voir, comme une sorte de coup d'Etat,
peut-être même comme un appel à
la guerre civile. On frémit, en vérité,
quand on voit tant d'illusions chez des
hommes chargés de concourir au relè-
vement de la France.
Mais ce qui nous frappe le plus dans
les manifestations de la droite monar-
chique, c'est la nature superstitieuse
des notions politiques de- ce grand parti.
Nous l'avons souvent fait remarquer,
mais nous n'en avons jamais eu encore
lu^exemple aussi parlant les gouver-
nements ne sont pas des moyens pour
les hommes dont nous parlons, ce sont
des croyances, des dogmes, des sacre-
ments. On leur attribue une vertu
occulte. Nous n'avons qu'àadoptcrla mo-
narchie pour retrouver l'ordre, la liberté
et les alliances, voir refleurir la reli-
gion et les mœurs. La république, au
contraire, n'est pas une institution dont
on puisse tirer parti, ni un gouverne-
ment dont les tendances dépendent
de ceux qui y prennent part,' c'est
un pur poison, un produit de l'en-
fer, le synonime de l'ariarchio et de la
dissolution sociale. De la les scrupules
de conscience de tant d'excellents ci-
toyens qui estimeraient un sacrilège de
contribuer par un vote à l'établissement
d'un pareil régime. Il est vrai que
les républicains ne se font pas faute
d'en dire autant, en ayant soin toute-
fois de renverser les termes pour eux,
c'est la monarchie qui est l'Antéchrist,
et la république -qui est le salut. Ainsi
va la politique chez nous, mélange d'en-
fantillage et de fanatisme, procédant
par professions de-foi et par excommu-
nications, laissant tous les jours moins
de terrain au simple patriotisme et au
simple bon sens. Quel spectacle, bon Dieu,
que celui de ces partis qui parlent de fon-
der une constitution, et qui passent leur
temps à se charger comme des régi-
ments ennemis ou à s'excommunier
comme des sectaires!
Nous recevons de divers côtes des plain-
tes sur les procédés de la douane française.
Nos nationaux en souffrent aussMiion que
les Anglais. Mais ces derniers sont peu en-
durants, aussi la chambre de commerce
de Huddersfleld, en Angleterre, s'est-elle
adressée au foreign-office pour solliciter
son intervention auprès du gouvernement
français.
Peu de mots suffiront pour mettre le lec-
teur au fait.
Les marchandises importées sont sou-
mises à un droit spécifique (tant par quin-
tal, par hectolitre, par tète) ou à un droit
à la valeur. Dans ce dernier cas, l'impor-
tateur est tenu de déclarer la valeur de la
marchandise, et si les agents de la douane
trouvent la déclaration vraisemblable,
l'importateur paye la taxe proportionnelle
inscrite au tarif, et la marchandise est
« admise à la consommation. »
Mais lorsque la déclaration paraît faus-
se ? On soumet la marchandise à des ex-
perts. On commence par la saisir, à titre
provisoire bien entendu, et, parait-il, ce
n'avait pas quitté Londres. Ceux qui
avaient l'honneur de le connaître un peu
plus que les autres, attestaient que, si ce
n'est sur ce chemin direct qu'il parcourait
chaque jour pour venir de sa maison au
club, personne ne pouvait prétendre l'a-
voir jamais vu ailleurs. Son seul passe-
temps était de lire les journaux et de
jouer au whist. A ce jeu du silence, si
bien approprié à sa nature, il gagnait sou-
vent, mais ses gains n'entraient jamais
dans sa bourse et figuraient pour une som-
me importante à son budget de charité.
D'ailleurs, il faut le remarquer. Mr. Fogg
jouait évidemment pour jouer, non pour r
gagner; le jeu était pour lui un combat,
une lutte contre une difficulté, mais une
lutte sans mouvement, sans déplacement,
sans fatigue, et cela allait à son carac-
tère.
On ne connaissait à Phileas-Fogg ni
femme, ni enfants ce qui peut arriver
aux gens les plus honnêtes, ni parents
ni amis, ce qui est plus rare en vérité.
Phileas Fogg vivait seul dans sa maison
de Saville-row, où personne ne pénétrait.
De son intérieur, jamais il n'était ques-
tion. Un seul domestique suffisait à le ser-
vir. Déjeunant, dînant au club à des heures
chronométriquement déterminées, dans
la même salle, ai la même table, ne trai-
tant point ses collègues, n'invitant aucun
étranger, il ne rentrait chez lui que pour
se coucher, à minuit précis, sans jamais
user de ces chambres confortables que le
Reform-Club tient à la disposition des
membres du cercle. Sur vingt-quatre heu-
res, il en passait dix à son domicile, soit
qu'il dormît, soit qu'il s'occupât de sa toi-
lette. S'il se promenait, c'était invariable-
ment, d'un pas égal, dans la salle d'entrée
parquetée en marqueterie, ou sur la galerie
provisoire ne devient que trop souvent du
définitif. Or, on se plaint précisément de
la fréquence abusive des saisies, prove-
nant de l'ignorance des agents.
En effet, pour qu'une marchandise an-
glaisé puisse êtreitapdrT&PTertlf5¥8ifëë 'et
supporter les droits de douane, les frais
de transport et le bénéfice des intermé-
diaires, il faut qu'elle soit notablement
moins chère que la marchandise similaire
française. Notons que, probablement l'im-
portateur profite, dans sa déclaration, des
5 ou 10 0/0 de tolérance que la loi prévoit,
et l'on comprendra que les douaniers
français doivent trouver souvent bien bas
les prix et valeurs déclarées.
Ce n'est pas tout. Si encore, nous dit-on,
les experts étaient tous des hommes en-
tendus, il n'y aurait que demi-mal mais
généralement les experts ne sont pas dans
le commerce habitués au prix de détail,
tous droits et frais payés, ils sont beau-
coup plus souvent que de raison, disposés
à trouver fausses les déclarations du fa-
bricant, dont les prix en gros sont néces-
sairement bien inférieurs à ceux du dé-
taillant.
Supposons maintenant le cas le plus fa-
vorable les experts admettent la déclara-
tion. Il n'en résultera pas moins/dans
beaucoup de cas, de sérieux inconvénients
dus à la saisie temporaire. Selon la nature
de la marchandise, et selon l'époque de
l'entrée, la vente pourra être manquée, au
préjudice du fabricant anglais quelque-
fois, mais plus souvent encore au préju-
dice des négociants français.
Voilà le mal sur lequel nos correspon-
dants insistent avec force. Le remède pro-
posé semble d'une application d'autant
plus facile que la pratique administrative
use déjà de procédés analogues. Il consis-
terait en ceci lorsqu'une déclaration pa-
raîtra suspecte, au lieu d'arrêter le mou-
vement de la marchandise, on se borne-
rait à en prendre des échantillons, et de
prescrire le dépôt d'une somme équiva-
lente aux droits et à l'amende qui pour-
rait être encourue en cas de fraude.
De cette manière, les affaires iront leur
train, et l'expertise suivra sa marche ré-
gulière sans les arrêter.
Maintenant quel parait être le meilleur
moyen de connaître la. valeur réelle des
marchandises importées? On propose de
faire déposer à la douane centrale de Pa-
ris, et mémo dans .quelques grands cen-
tres douaniers des départements, des
échantillons-types, certifiés par les cham-
bres de commerce anglaises ou françaises,
ou selon les cas par les deux, et c'est par
la comparaison avec ces types que les dé-
clarations seraient contrôlées. La décision
ne devrait être prononcée qu'après avoir
entendu l'importateur ou son représen-
tant.
Nous croyons que ces propositions mé-
ritent d'être examinées en tout cas,
il y a lieu d'aviser.
LETTRES MES ÉTATS-UNIS
New-York, 19 octobre.
Battus et mécontents, les partisans de
M. Greeley refusent d'accepter leur dé-
faite pour irréparable. Après avoirdûment
injurié leurs adversaires, après les avoir
accusés, comme il était de rigueur, de tous
les genres de fraude électorale connus en
ce pays (violation d'urnes, vote à répéti-
tion, fausses lettres dejiaturalisation, etc.),
ils se sont trouvés, non sans étonnement
peut-être, moins vaincus qu'on ne l'avait
dit tout d'abord.
Dans l'Indiana, en effet, c'est leur candi-
dat, M. Hendricks, qui a été élu gouver-
neur, à la majorité de 1,200 voix seule-
ment. Ce qui atténue, toutefois, ce demi-
succès, c'est qu'à part cette seule excep-
tion, le ticket républicain a passé tout en-
tier, depuis le lieutenant-gouverneur jus-
qu'au trésorier. Les deux tiers des mem-
bres du Congrès, élus dans l'Etat, sont
également républicains. Enfin, ce même
parti a la majorité dans la législature dé
l'Etat.
Cette victoire partielle, tout incomplète
qu'elle soit, n'en a pas moins permis aux
démocrates de rallier leurs troupes effa-
rouchées, et la première stupeur passée,
de se préparer avec une vigueur nouvelle
à la bataille décisive de novembre. Je ne
vous redirai pas les ingénieuses combi-
circulaire, au-dessus de laquelle s'arrondit
un dôme à vitraux bleus, que supportent
vingt colonnes ioniques en porphyre rouge.
S'il dînait ou déjeunait, c'étaient les cuisi-
nes, le garde-manger, l'office, la poissonne-
rie, lalaiteriedu club qui fournissaient à sa
table leurs succulentes réserves; c'étaient
les domestiques du club, graves personna-
ges en habit noir, chaussés de souliers à
semelles de molleton, qui le servaient dans
une porcelaine spéciale et sur un admira-
ble linge en toile de Saxe; c'étaient les
cristaux à moule perdu du club qui conte-
naient son sherry, son porto ou son claret
mélangé de cannelle, de capillaire et de cin-
namone c'était enfin la glace du club,
glace venue à grands frais des lacs d'Amé-
rique, qui entretenait ses boissons dans
un satisfaisant état de fraîcheur.
Si vivre dans ces conditions, c'est être
un excentrique, il faut convenir que l'ex-
centricité a du bon!
La maison de Saville-row, sans être
somptueuse, se recommandait par un ex-
trême confort. D'ailleurs, avec les habitu-
des invariables du locataire, le service s'y
réduisait à peu. Toutefois, Phileas Fogg
exigeait de son unique domestique une
ponctualité, une régularité extraordinai-
res. Ce jour là même 2 octobre Phi-
leas Fogg avait donné son congé à James
Forster, ce garçon s'étant rendu coupable
de lui apporter pour sa barbe de l'eau à
quatre-vingt-quatre degrés Farenheit au
lieu de quatre-vingt-six, et il attendait son
successeur qui devait se présenter entre
onze heures et onze heures et demie.
Phileas Fogg, carrément assis dans son
fauteuil, les deux pieds rapprochés com-
me ceux d'un soldat à la parade, les mains
appuyées sur les genoux, le corps droit,
la tête haute, regardait marefter J'aiguille
t.-i:s> ~~•>~ ).• :.U: a-. •~j.aitr.ï"
naisons de chiffres et les raisonnements
spécieux, au moyen desquels ce parti
cherche à ramener l'espérance dans son
camp. Jusqu'à quel point se fait-il illusion
à lui-même ? Gela parait difficile à déter-
~HM~~«'< -hi~'f
Au reste, il faut que -vous sachiez que
les républicains n'ont pas été sans se lais-
ser entamer en certains points, et qu'ils
n'ont retrouvé leurs anciennes majorités
ni dans l'Ohio, ni dans la Pennsylvanie. Si
j'ajoute qu'on avu la majorité se déplacer
parfois dans certains Etats entre les élec-
tions d'octobre et celles de novembre,
vous comprendrez que les partisans de M.
Greeley se refusent à abandonner une
partie gravement compromise, mais non
absolument désespérée. En toute chose, il
faut faire la part de l'inconnu. D'ailleurs,
il n'est pas d'un médiocre intérêt pour les
partis de savoir qui des deux l'emportera
dans les élections d'Etat. Aussi la bataille
électorale a-t-elle repris avec une fureur
nouvelle, et c'est merveille de voir faire
les combattants. l
Seuls les démocrates purs répugnent en-
core à se jeter dans la mêlée. C'est là une
troupe de réserve qui n'a pas donné jus-
qu'ici. A Baltimore, par exemple, on a re-
marqué l'abstention de la population lors
d'une magnifique procession aux flam-
beaux qui eut lieu, il y a huit jours, en
l'honneur de M. Greeley. Le correspon-
dant du Courrier des Etats-Unis, qui n'est
pas suspect en la matière, rapporte que
la procession était grandiose, mais que les
spectateurs ne manifestaient .aucun en-
thousiasme. « Ils écoutaient, dit-il, sans y
répondre, les hurrahs pour Greeley qui par-
taient du sein de la procession. On eùt
dit que le résultat défavorable des élec-
tions d'octohre avait jeté comme un man-
teau de glace sur cette population de Bal-
timore, qui d'ailleurs est bien un peu trop
démocrate pour aimer beaucoup Greeley.
Aucune fenêtre n'était illuminée.»
On voit par là qu'il ne faut pas être trop
démocrate pour regarder avec faveur le
candidat du parti démocratique. Assuré-
ment ce singulier résultat de la confusion
des idées et des partis ne peut qu'être très
préjudiciable à M. Greeley.
L'esprit de parti finira-t-il par l'empor-
ter sur des répugnances d'autant plus dif-
ficiles à vaincre qu'elles sont purement
personnelles il est permis d'en douter.
On se rappelle que M. Charles O'Connor,
le chef des démocrates irréconciliables, a
formellement annoncé qu'il considérait
l'élection de Grant comme un moindre
mal que celle de Greeley.
M. William H. Seward est mort d'une
congestion pulmonaire, à sa résidence
d'Auburn. Il était âgé de soixante et onze
ans. Vous savez qu'il était revenu récem-
ment d'un voyage autour du monde, du-
rant lequel il avait fait preuve d'une sin-
gulière vigueur de corps et d'esprit.
Il était né à Flôrida, dans l'Etat de New-
York, d'un père Gallois et d'une mère
Irlandaise. Ses études terminées, il alla
diriger un collège pendant un an à Milled-
geville, dans la Géorgie. A son retour dans
son pays natal, il étudia le droit et entra
au barreau en 1822. Il fut successivement
élu sénateur de l'Etat de New-York en
1830, gouverneur du même Etat en 1838 et
en' 1840, sénateur des Etats-Unis en 1849X
Dès 1844, il s'était prononcé de la façon la
plus formelle contre l'esclavage. Sa remar-
quable aptitude au travail, un singulier
mélange de souplesse intellectuelle et de
ténacité dans les vues, la lucidité de son
esprit, son talent comme debaler en firent
un des hommes les plus considérables de
son parti.
L'agitation sécessionniste le trouva à
son poste de sénateur où il avait été réélu.
Dans deux discours qui eurent un grand
retentissement à cette époque, il se pro-
nonça en faveur du maintien ue l'Union.
«j'adhère à l'Union, disai'c-il, avec mes
amis, avec mon parti, avec mon Etat j'y
adhérerai sans eux, s'il le faut. Que la
guerre civile doive éclater ou non, mon
choix est fait, et j'en accepte les consé-
quences. »
A cette époque, il était considéré comme
le chef du parti républicain. Aussi la con-
vention de Chicago, qui en 186* désipvia
Lincoln comme candidat du parti répu-
blicain à la présidence, donna-t-olle^ au
premier tour de scrutin, 173 voix à M
Seward contre 103 à Lincoln. Ce qui finit
par déterminer la Convention en faveur
de la pendule,-appareil compliqué qui in-
diquait les heures, les minutes, les secon-
dés, les jours, les quantièmes et l'année. A
onze heures et demie sonnant, Mr. Fogg de-
vait, suivant sa quotidienne habitude,
quitter la maison et se rendre au Reform-
Club.
En ce moment, on frappa à la porte du
petit salon dans lequel se tenait Phileas
Fogg.
James Forster, le congédié, apparut.
« Le .nouveau domestique, » dit-il.
Un garçon âgé d'une trentaine d'années
se montra et salua.
« Vous êtes Français et vous vous nom-
mez John? lui demanda Phileas Fogg.
Jean, n'en déplaise à monsieur, ré-
pondit le nouveau venu,Jean Passepar-
tout, un surnom qui m'est resté, et que
justifiait mon aptitude naturelle à me tirer
d'affaire. Je crois être un honnête garçon,
monsieur, mais, pour être franc, j'ai fait plu-
sieurs métiers. J'ai été chanteur ambu-
lant, puis écuyer dans un cirque, faisant
de la voltige comme Léotard, et dan-
sant sur la corde comme Blondin; puis
je suis devenu professeur de gymnastique,
afin de rendre mes talents plus utiles, et
en dernier lieu, j'étais sergent de pompiers,
à Paris. J'ai même dans mon dossier des
incendies remarquables. Mais voilà cinq
ans que j'ai quitté la France et que, vou-
lant goûter de la vie de famille, je suis
valet de chambre en Angleterre. Or, me
trouvant sans place, et apprenant que
Mr. Phileas Fogg est l'homme le plus
exact et le plus sédentaire du Royaume-
Uni, je me présente donc chez monsieur
avec l'espérance d'y vivre tranquille et
d'oublier jusqu'à ce nom de Passenar-
tout.
Pa.ssepartout me convient, répondit
ON S ABONNE AU BUREAU DU JOURNAL 10 FAUBOURG^MÔNTMARTRE, 10
MERCREDI 6 NOVEMBRE 1872
.• ABONNEMENTS (DÉPARTEMENTS)"
Trois mois V» fr. Six mois 34 fr. Un an OS fr.
k. LES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) »© centimes.
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^ejsÉita et ne se charge pas de les renvoyer.
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Trois mois 14 fr. Six mois 28 fr. Un an Go U.
LES AUO.MVEMEKTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (à Paris) 1Î5 centimes
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(Droit d'insertion réservé à la rédaction) '~<
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priés de le renouveler le plus tôt possible,
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mée et un mandat de poste ou à vue sur Paris.)
AUX ABONNÉS D'ALSACE-LORRAINE
Jusqu'à nouvel avis, les abonnements
pour 1 Alsace-Lorraine sont acceptés au
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On peut souscrire chez tous les li-
braires.
.) 7:)'
Nous rappelons à nos abonnés que toute
réclamation ou demande cle changement
d'adresse doit être accompagnée d'une der-
nière bande imprimée. a
PARIS, 5 NOVEMBRE
l&UU-ET IN DU J 0 U R
^hprïfir.çiilJi t-i>
Le mouvement relatif aux prières pu-
liques ordonnées par l'Assemblée va
croissant dans le monde religieux
l'idée des neuvaines préparatoires fait
son chemin et donne lieu, dit Y Univers,
à une correspondance pleine d'enthou-
siasme entre ses promoteurs et les évo-
ques. En même temps, l'arrière-pensée
politique que l'on entend mêler à ces
manifestations continue à percer dans
les mandements publiés à cette oc-
casion par les prélats. Nous avons
sous les yeux celui de M. l'ar-
chevêque de Paris; il est plus me-
suré dans la forme que la circulaire
de M. Dupanloup il n'y est question ni
de reptiles ni de bêtes malfaisantes
couvrant le sol à la suite des grands ora-
ges qui ébranlent le monde, mais le
fond en est le même c'est toujours la
guerre au principe de la sécularisation
de l'Etat et à l'esprit moderne. « La con-
stitution essentielle de la France, dit M.
Guibert, était d'être la nation très chré-
tienne, avec la vocation spéciale de dé-
fendre l'Eglise; c'est ce qui fit sa force
et sa stabilité. Elle a été grande et puis-
sante tant qu'elle n'a pas menti à son
origine et qu'elle n'a point failli à
sa glorieuse mission. Mais qu'est-
il arrivé parmi nous ? Notre na-
tion s'élevait au milieu de l'Eu-
rope comme un Etat d'une soli-
dité à défier tous les coups et qui ex-
citait l'admiration (du monde entier,
parce qu'il était assis surla base des
doctrines chrétiennes. Un jfénie malfai-
sant s'est attaché avec une infati-
gable persévérance à détruire ce fonde-
ment sacré, et l'œuvre de quatorze siè-
cles s'est écroulée misérablement. »
Plus loin, l'archevêque de Paris déplore
le soin jaloux avec lequel, depuis un
siècle, la législation a écarté de toutes
nos institutions l'influence de la reli-
gion parmi les causes de nos malheurs
il signale l'inobservation de la loi du di-
manche, les tendances de l'enseigne-
ment public, les doctrines impies et per-
verses répandues par la presse et par les
livres: «Aujourd'hui encore, ajoute-t-il,
malgré tant de leçons si décisives, ne se
rencontre-t-il pas des hommes, frappés
de cécité, qui, demandent que l'éduca-
tion de la jeunesse soit soustraite à l'in-
fluence chrétienne et même qu'on éta-
blisse une séparation radicale entre l'or-
dre civil et l'ordre religieux. » Le réqui-
sitoire est complet comme on voit il
FEUILLETON DU TEMPS
DU 6 NOVEMBRE 1
;e;. w=y .<.1,
~"• •• ><&•.
,[ r, ~•
1
LE TOUR DU MONDE
QUATRE-VINGTS JOURS
i: & .t~¿~r~"
¡'rh~¡.
1 r'
dans LEQUEL PHILEAS FOGG ET PASSEPARTOUT
S'ACCEPTENT RÉCIPROQUEMENT, L'UN COMME MAITRE,
r L'AUTRE comme domestique.
En l'année 1872, la maison portant le
numéro 7 de Saville-row, Burlington Gar-
dens, maison dans laquelle Sheridan
mourut en 1814, était habitée par Phi-
leas Fogg, esq., l'un des membres les plus
singuliers et les plus remarqués du Re-
form-Club de Londres, bien qu'il semblât
prendre à tâche de ne rien faire qui pût
attirer l'attention.
A l'un des plus grands hommes d'Etat
qui hor.orent l'Angleterre, succédait donc
ce Phileas Fogg, personnage énigmatique
dont on ne sarait rien, sinon que c'était
un fort galant uPmme, et l'un des plu»
beaux gentlemen de la ,haute société an-
glaise.
ne reste plus qu'à conclure, et l'honora-
ble prélat n'y manque pas; il faut en
revenir aux principes chrétiens, se bor-
ne-t-il à dire, mais sous la réserve cal-
culée de ces mots; ce qu'rl~*a 'évidem-
ment voulu entendre c'est le retour à la
religion d'Etat.
On trouvera plus loin, aux dépêches
de Berlin, le résumé d'une lettre auto-
graphe adressée par le czar à un prince
prussien, à l'occasion de l'anniversaire
de sa naissance, et dont les journaux al-
lemands ne manqueront sans doute de
faire un peu de bruit.jDans cette lettre où
se trouvent; paraît-il, rappelées les vic-
toires remportées sur la France dans la
dernière guerre, l'empereur Alexandre
ne se contente pas de témoigner de son
intention de resserrer plus étroitement
encore les liens d'amitié qui unissent la
Russie à l'Allemagne, il exprime encore
le vœu que cette amitié s'étende aux gé-
nérations futures. Le souverain russe-
est, comme on sait, assez prodigue de
manifestations de ce genre envers la
cour de Berlin.
Les journaux anglais nous apportent
de nombreux détails'sur la démonstra-
tion qui a eulieu dimanche à Hyde-Park
(Londres) en faveur des prisonniers fe-
nians; les manifestants étaient nom-
breux le Daily News n'en évalue pas le
chiffre à moins de 30,000. Des discours
violents ont été prononcés par divers
orateurs; on a fort maltraité M. Glacl-
tone et le gouvernement anglais; on a
même parlé de renversement. La police
a laissé faire, et, après avoir ainsi jeté
feu et flammes, toute cette foule
surexcitée a fini par se disperser
fort paisiblement ce qui fournit au
Daily News l'occasion de dire en maniè-
re d'appréciation « L'eau de Seltz,
quand elle est débouchée et mise en
libre communication avec l'air, est une
boisson très inoffensive, quel que soit
son pétillement mais si, au contraire,
elle est hermétiquement bouchée et
qu'on la chauffe, elle produira une ex-
plosion violente et dangereuse. »
Hier a eu lieu, comme on sait, la ren-
trée des cours et tribunaux de Paris. A
cette occasion, M. Renouard, procureur
général à la cour de cassation, a pro-
noncé un remarquable discours dont on
trouvera plus loin quelques extraits.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
i. ~/iJ.
SERVICE HAVAS-BULLIER
Espagne.
Madrid, 4 novembre, 5 h. 50 soir.
Le ministre de lamarine a présenté au Sénat
un projet de loi concernant les prises mari-
times.
Au Congrès, M. Maisonavc a dénoncé des abus
commis à Gibraltar contre des garde-côtes qui
poursuivaient des contrebandiers.
M. Martos a répondu que ce fait était sans im-
portance.
M. Orenso a appuyé la proposition d'abolition
de la peine de mort.
Pays-Bas.
Amsterdam, 4 novembre.
La Banque de Hollande a élevé le taux de son
escompte de 4 à 4 1/2 pour cent.
Angleterre.
Londres, 4 novembre.
M. le comte de Beust est parti samedi pour
Dresod, afin de représenter la cour impériale
d'Autriche au cinquantième anniversaire du
mariage du roi et de la reine de Saxe.
Londres, 4 novembre, soir.
Un meeting influent, tenu à Guidhall, sous la
présidence du lord-maire, a adopté à l'unanimité
des résolutions pour la suppression du- com-
merce des esclaves dans l'Afrique orientale.
· Londres, 5 novembre.
On mande de Berlin au Times que le corps ex-
péditionnaire russe envoyé contre le khiva a été
rappelé.
Londres 5 novembre.
La chambre de commerce de Manchester a
tenu hier sa réunion trimestrielle sous la prési-
dence de M. Iîugh Masson. Le nouveau traité
de commerce franco-anglais, qui a formé le prin-
cipal sujet de la discussion, a été vivement at-
taqué.
Le président a déclaré qu'il vaudrait mieux
que le traité fut abandonné complètement et ne
On disait qu'il ressemblait à Byron,
par la tête, car il était irréprochable,
quant aux pieds, mais un Byron sans
passion, refroidi, impassible, qui aurait
vécu mille ans sans vieillir physique-
ment.
Anglais, à coup sûr, Phileas Fogg n'était
peut-être pas Londonnér. On ne l'avait ja-
mais vu ni à la Bourse, ni à la Banque, ni
dans aucun des comptoirs de la Cité. Ni
les bassins ni les docks de Londres n'a-
vaient jamais reçu un navire ayant pour
armateur Phileas Fogg. Ce gentleman ne
figurait dans aucun comité d'administra-
tion. Son nom n'avait jamais retenti dans
un collège d'avocats, ni au Temple, ni à
Lincoln's-inn, ni à Gray's-inn. Jamais il
ne plaida ni à la Cour du chancelier ni au
Banc de la Reine, ni à l'Echiquier, ni en
Cour ecclésiastique. Il n'était ni indus-
triel, ni négociant, ni marchand, ni agri-
culteur. Il ne faisait partie ni de l'Institu-
tion Royale de la Grande-Bretagne, ni de
l'Institution de Londres, ni de Ylnslitu-
tion des Artisans, ni de Y Institut ion
Rnssel, ni de V Institution littéraire de
l'Ouest, ni de V Institution dit Droit, ni de
cette Institution des Arts et des Sciences
réunis, qui est placée sous le patronage di-
rect de sa Gracieuse Majesté. Il n'apparte-
nait enfin à aucune des nombreuses so-
ciétés qui pullulent dans la capitale de
l'Angleterre, depuis la Société de VA rmo-
nica jusqu'à la Société entomologique, fon-
dée principalement dans le but de détruire
les insectes nuisibles.
Phileas Fogg était membre du Reform-
Club, et voilà tout.
A qui s'étonnerait de ce qu'un gentle-
nlar -mssi mystérieux comptât parmi les
membres de £* honorable association,
fût remplacé par aucun autre, plutôt que de
faire de nouveaux sacrifices qui porteraient at-
teinte au libre-échange. MM. Slagg, Jacob
Bright et sir Edouard Watkin ont pris part à la
discussion.
Le comte d'IIarcourt est attendu il Londres
vers la fin de la semaine.
Etats-Unis. <•
New-York, 4 novembre, soir.
Les Français qui résident il New-York ont
formé une société pour venir en aide aux Alsa-
ciens-Lorrains. On recueille des souscriptions a
cet effet.
Philadelphie, 4 novembre, soir.
Les républicains ont confiance dans la réélec-
tion du général Grant à la présidence ils pen-
sent qu'il réunira au moins les trois quarts des
votes.
Ils espèrent aussi l'emporter à New-York.
Les élections de la Louisiane ont lieu aujour-
d'hui celles du Texas seront terminées ven-
dredi.
Allemagne.
Berlin, 4 novembre.
Hier, à l'occasion du 50e anniversaire de la nais
sance du prince Charles, en qualité de proprié-
tatre d'un régiment russe, une députation de ce
régiment lui a présenté une lettre autographe
de l'empereur de Russie, avec les insignes de
l'ordre de Saint-Georges de 3° classe. La lettre
impériale exprime la sympathie du czar pour
l'armée prussienne.
Elle rappelle le temps oit Prussiens et Russes
unis ensemble combattaient pour la même cau-
se. Elle rappelle encore les victoires remportées
par les Prussiens daus la dernière guerre contre
la France, victoires auxquelles le prince Charles
a pris part, aux côtés de l'empereur Guillaume.
La lettre se termine par ces mots « J'espère
que vous reconnaîtrez' mon intention de resser-
rer plus étroitement encore les liens d'amitié qui
nous unissent, et je souhaite que ces liens em-
brassent aussi les générations futures, »
Vienne, 4 novembre, soir.
On mande de Constantinople il la Nouvelle
praxse libre
Midliat Pacha refuse d'entrer dans le cabinet.
On assure que le khédive, pendant sa visite il
Constantinople, a annoncé au sultau son projet
d'envoyer une expédition en Abyssinie, et on
ajoute que le gouvernement de la'Porte ne s'op-
posera pas à l'annexion éventuelle de l' Abyssi-
nic à l'Egypte.
L'Univers croit pouvoir déclarer que
les royalistes feront, dans la prochaine
session de l'Assemblée une manifesta-
tion en faveur de la monarchie. < Sans
doute, ajoute-t-il, les hommes de fusion
et de compromis chercheront encore à
louvoyer entre le oui et le non, mais
l'extrême droite et une fraction notable
de la droite porteront le débat sur son
vrai terrain. Diverses informations par-
ticulières nous permettent de l'affirmer.
Si la vraie droite royaliste se trouve
alors constituée en minorité,. elle ga-
gnera comme autorité morale et même
comme force politique ce qu'elle aura
perdu en apparence comme nombre.» »
Cette déclaration est d'accord avec cel-
les des diverses fractions du parti. Après
les discours de Bordeaux, nous avons
eu la lettre du marquis de Dampier re,
et l'Union nous apporte aujourd'hui
même un nouveau manifeste légiti-
miste de M. Boyer, député du Gard.
M. Boyer demande que la question soit
enfin posée entre e la république
et la monarchie, et il déduit les raisons
pour lesquelles il s'opposera, quant à
lui, à l'adoption de la république. Nous
ne nous arrêterons point à ces raisons,
parmi lesquelles figure la nécessité de
rétablir' le pouvoir temporel: le seul
point qui mérite d'être relevé dans ces
manifestations de la droite, c'est l'in-
tention désormais certaine de provo-
querun vote de l'Assemblée sur la ques-
tion monarchique, et dans tous les cas,
de refuser tout concours à l'établisse-
ment d'une autre forme de gouverne-
ment. Les membres du parti, s'ils ne
peuvent avoir la satisfaction de fonder
le gouvernement de leur choix, auront
du moins celle de ne point aider leur
pays à se tirer d'affaire autrement
Cette résolution est d'autant plus
inexplicable, nous allions dire inexcu-
sable, que le parti dont il s'agit ne sau-
rait se l'aire aucune illusion sur ses
chances de succès. Il sait aussi bien
que nous qu'il sera en minorité dans
l'Assemblée; nous dirons plus, il en est
réduit à désirer sa propre défaite. Ce
qu'il doit redouter le plus, ce n'est pas
on répondra qu'il passa sur la recomman-
dation de MM. Baring frères, chez les-
quels il avait un crédit ouvert. De là, une
certaine «surface» due à ce que ses chè-
ques étaient régulièrement payés à vue
par le débit de son compte courant, inva-
riablement créditeur.
Ce Phileas Fogg était-il riche ? Incontes-
tablement. Mais comment il avait fait for-
tune, c'est ce que les mieux informés ne
pouvaient dire, et Mr. Fogg était le der-
nier auquel il convint de s'adresser pour
l'apprendre. En tout cas, il n'était prodi-
gue de rien, mais non avare, car partout
où il manquait un appoint pour une chose
noble, utile ou généreuse, il l'apportait si-
lencieusement ou même, autant que pos-
sible, anonymement.
En somme, rien de moins communicatif
que ce gentleman. Il parlait aussi peu que
possible, et semblait d'autant plus mysté-
rieux qu'il était silencieux. Cependant, sa
vie était à jour, mais ce qu'il faisait, était
si mathématiquement toujours la même
chose, que l'imagination, mécontente,
cherchait au delà.
Avait-il voyagé? C'était probable, car
personne ne possédait mieux que lui la
carte du monde. Il n'était endroit si reculé
dont il ne parût avoir une connaissance
spéciale. Quelquefois, mais en peu de mots,
brefs et clairs, il redressait les mille pro-
pos qui circulaient dans le club touchant
les voyageurs perdus ou égarés; il indi-
quait les vrais probabilités, et ses paroles
s'étaient trouvées souvent comme inspi-
rées par une seconde vue, tant l'événe-
ment finissait toujours par les justifier.
C'était un homme qui avait dû voyager
partout, en esprit tout au moins.
Ce qui était certain toutefois, c'est que
depuis de longues aimées, Phileas Fogg
un échec, c'est une victoire parlemen-
taire. Cette victoire, en effet, ne serait
jamais que l'affaire de peu de voix, et
serait insufffisante, par conséquent,
pour une si grosse entreprise que la
fondation d'une monarchie. Se repre-
sente-t-on la France relevant le trône
de Charles X, après quarante ans de
vacance, à une majorité de dix ou vingt
voix? Mais combien cette considération
ne devient-elle pas plus décisive encore,
lorsqu'on réfléchit qu'il ne s'agit pas
seulement d'énoncer une préférence
pour une forme de gouvernement,
mais de renverser un régime qui a
déjà incontestablement jeté des ra-
cines lorsqu'on pense que l'Assemblée
ne représente plus aujourd'hui que très
imparfaitement le sentiment du pays,
et qu'ainsi un vote en faveur du réta-
hlissement de la monarchie serait géné-
ralement regardé comme un abus de pou-
voir, comme une sorte de coup d'Etat,
peut-être même comme un appel à
la guerre civile. On frémit, en vérité,
quand on voit tant d'illusions chez des
hommes chargés de concourir au relè-
vement de la France.
Mais ce qui nous frappe le plus dans
les manifestations de la droite monar-
chique, c'est la nature superstitieuse
des notions politiques de- ce grand parti.
Nous l'avons souvent fait remarquer,
mais nous n'en avons jamais eu encore
lu^exemple aussi parlant les gouver-
nements ne sont pas des moyens pour
les hommes dont nous parlons, ce sont
des croyances, des dogmes, des sacre-
ments. On leur attribue une vertu
occulte. Nous n'avons qu'àadoptcrla mo-
narchie pour retrouver l'ordre, la liberté
et les alliances, voir refleurir la reli-
gion et les mœurs. La république, au
contraire, n'est pas une institution dont
on puisse tirer parti, ni un gouverne-
ment dont les tendances dépendent
de ceux qui y prennent part,' c'est
un pur poison, un produit de l'en-
fer, le synonime de l'ariarchio et de la
dissolution sociale. De la les scrupules
de conscience de tant d'excellents ci-
toyens qui estimeraient un sacrilège de
contribuer par un vote à l'établissement
d'un pareil régime. Il est vrai que
les républicains ne se font pas faute
d'en dire autant, en ayant soin toute-
fois de renverser les termes pour eux,
c'est la monarchie qui est l'Antéchrist,
et la république -qui est le salut. Ainsi
va la politique chez nous, mélange d'en-
fantillage et de fanatisme, procédant
par professions de-foi et par excommu-
nications, laissant tous les jours moins
de terrain au simple patriotisme et au
simple bon sens. Quel spectacle, bon Dieu,
que celui de ces partis qui parlent de fon-
der une constitution, et qui passent leur
temps à se charger comme des régi-
ments ennemis ou à s'excommunier
comme des sectaires!
Nous recevons de divers côtes des plain-
tes sur les procédés de la douane française.
Nos nationaux en souffrent aussMiion que
les Anglais. Mais ces derniers sont peu en-
durants, aussi la chambre de commerce
de Huddersfleld, en Angleterre, s'est-elle
adressée au foreign-office pour solliciter
son intervention auprès du gouvernement
français.
Peu de mots suffiront pour mettre le lec-
teur au fait.
Les marchandises importées sont sou-
mises à un droit spécifique (tant par quin-
tal, par hectolitre, par tète) ou à un droit
à la valeur. Dans ce dernier cas, l'impor-
tateur est tenu de déclarer la valeur de la
marchandise, et si les agents de la douane
trouvent la déclaration vraisemblable,
l'importateur paye la taxe proportionnelle
inscrite au tarif, et la marchandise est
« admise à la consommation. »
Mais lorsque la déclaration paraît faus-
se ? On soumet la marchandise à des ex-
perts. On commence par la saisir, à titre
provisoire bien entendu, et, parait-il, ce
n'avait pas quitté Londres. Ceux qui
avaient l'honneur de le connaître un peu
plus que les autres, attestaient que, si ce
n'est sur ce chemin direct qu'il parcourait
chaque jour pour venir de sa maison au
club, personne ne pouvait prétendre l'a-
voir jamais vu ailleurs. Son seul passe-
temps était de lire les journaux et de
jouer au whist. A ce jeu du silence, si
bien approprié à sa nature, il gagnait sou-
vent, mais ses gains n'entraient jamais
dans sa bourse et figuraient pour une som-
me importante à son budget de charité.
D'ailleurs, il faut le remarquer. Mr. Fogg
jouait évidemment pour jouer, non pour r
gagner; le jeu était pour lui un combat,
une lutte contre une difficulté, mais une
lutte sans mouvement, sans déplacement,
sans fatigue, et cela allait à son carac-
tère.
On ne connaissait à Phileas-Fogg ni
femme, ni enfants ce qui peut arriver
aux gens les plus honnêtes, ni parents
ni amis, ce qui est plus rare en vérité.
Phileas Fogg vivait seul dans sa maison
de Saville-row, où personne ne pénétrait.
De son intérieur, jamais il n'était ques-
tion. Un seul domestique suffisait à le ser-
vir. Déjeunant, dînant au club à des heures
chronométriquement déterminées, dans
la même salle, ai la même table, ne trai-
tant point ses collègues, n'invitant aucun
étranger, il ne rentrait chez lui que pour
se coucher, à minuit précis, sans jamais
user de ces chambres confortables que le
Reform-Club tient à la disposition des
membres du cercle. Sur vingt-quatre heu-
res, il en passait dix à son domicile, soit
qu'il dormît, soit qu'il s'occupât de sa toi-
lette. S'il se promenait, c'était invariable-
ment, d'un pas égal, dans la salle d'entrée
parquetée en marqueterie, ou sur la galerie
provisoire ne devient que trop souvent du
définitif. Or, on se plaint précisément de
la fréquence abusive des saisies, prove-
nant de l'ignorance des agents.
En effet, pour qu'une marchandise an-
glaisé puisse êtreitapdrT&PTertlf5¥8ifëë 'et
supporter les droits de douane, les frais
de transport et le bénéfice des intermé-
diaires, il faut qu'elle soit notablement
moins chère que la marchandise similaire
française. Notons que, probablement l'im-
portateur profite, dans sa déclaration, des
5 ou 10 0/0 de tolérance que la loi prévoit,
et l'on comprendra que les douaniers
français doivent trouver souvent bien bas
les prix et valeurs déclarées.
Ce n'est pas tout. Si encore, nous dit-on,
les experts étaient tous des hommes en-
tendus, il n'y aurait que demi-mal mais
généralement les experts ne sont pas dans
le commerce habitués au prix de détail,
tous droits et frais payés, ils sont beau-
coup plus souvent que de raison, disposés
à trouver fausses les déclarations du fa-
bricant, dont les prix en gros sont néces-
sairement bien inférieurs à ceux du dé-
taillant.
Supposons maintenant le cas le plus fa-
vorable les experts admettent la déclara-
tion. Il n'en résultera pas moins/dans
beaucoup de cas, de sérieux inconvénients
dus à la saisie temporaire. Selon la nature
de la marchandise, et selon l'époque de
l'entrée, la vente pourra être manquée, au
préjudice du fabricant anglais quelque-
fois, mais plus souvent encore au préju-
dice des négociants français.
Voilà le mal sur lequel nos correspon-
dants insistent avec force. Le remède pro-
posé semble d'une application d'autant
plus facile que la pratique administrative
use déjà de procédés analogues. Il consis-
terait en ceci lorsqu'une déclaration pa-
raîtra suspecte, au lieu d'arrêter le mou-
vement de la marchandise, on se borne-
rait à en prendre des échantillons, et de
prescrire le dépôt d'une somme équiva-
lente aux droits et à l'amende qui pour-
rait être encourue en cas de fraude.
De cette manière, les affaires iront leur
train, et l'expertise suivra sa marche ré-
gulière sans les arrêter.
Maintenant quel parait être le meilleur
moyen de connaître la. valeur réelle des
marchandises importées? On propose de
faire déposer à la douane centrale de Pa-
ris, et mémo dans .quelques grands cen-
tres douaniers des départements, des
échantillons-types, certifiés par les cham-
bres de commerce anglaises ou françaises,
ou selon les cas par les deux, et c'est par
la comparaison avec ces types que les dé-
clarations seraient contrôlées. La décision
ne devrait être prononcée qu'après avoir
entendu l'importateur ou son représen-
tant.
Nous croyons que ces propositions mé-
ritent d'être examinées en tout cas,
il y a lieu d'aviser.
LETTRES MES ÉTATS-UNIS
New-York, 19 octobre.
Battus et mécontents, les partisans de
M. Greeley refusent d'accepter leur dé-
faite pour irréparable. Après avoirdûment
injurié leurs adversaires, après les avoir
accusés, comme il était de rigueur, de tous
les genres de fraude électorale connus en
ce pays (violation d'urnes, vote à répéti-
tion, fausses lettres dejiaturalisation, etc.),
ils se sont trouvés, non sans étonnement
peut-être, moins vaincus qu'on ne l'avait
dit tout d'abord.
Dans l'Indiana, en effet, c'est leur candi-
dat, M. Hendricks, qui a été élu gouver-
neur, à la majorité de 1,200 voix seule-
ment. Ce qui atténue, toutefois, ce demi-
succès, c'est qu'à part cette seule excep-
tion, le ticket républicain a passé tout en-
tier, depuis le lieutenant-gouverneur jus-
qu'au trésorier. Les deux tiers des mem-
bres du Congrès, élus dans l'Etat, sont
également républicains. Enfin, ce même
parti a la majorité dans la législature dé
l'Etat.
Cette victoire partielle, tout incomplète
qu'elle soit, n'en a pas moins permis aux
démocrates de rallier leurs troupes effa-
rouchées, et la première stupeur passée,
de se préparer avec une vigueur nouvelle
à la bataille décisive de novembre. Je ne
vous redirai pas les ingénieuses combi-
circulaire, au-dessus de laquelle s'arrondit
un dôme à vitraux bleus, que supportent
vingt colonnes ioniques en porphyre rouge.
S'il dînait ou déjeunait, c'étaient les cuisi-
nes, le garde-manger, l'office, la poissonne-
rie, lalaiteriedu club qui fournissaient à sa
table leurs succulentes réserves; c'étaient
les domestiques du club, graves personna-
ges en habit noir, chaussés de souliers à
semelles de molleton, qui le servaient dans
une porcelaine spéciale et sur un admira-
ble linge en toile de Saxe; c'étaient les
cristaux à moule perdu du club qui conte-
naient son sherry, son porto ou son claret
mélangé de cannelle, de capillaire et de cin-
namone c'était enfin la glace du club,
glace venue à grands frais des lacs d'Amé-
rique, qui entretenait ses boissons dans
un satisfaisant état de fraîcheur.
Si vivre dans ces conditions, c'est être
un excentrique, il faut convenir que l'ex-
centricité a du bon!
La maison de Saville-row, sans être
somptueuse, se recommandait par un ex-
trême confort. D'ailleurs, avec les habitu-
des invariables du locataire, le service s'y
réduisait à peu. Toutefois, Phileas Fogg
exigeait de son unique domestique une
ponctualité, une régularité extraordinai-
res. Ce jour là même 2 octobre Phi-
leas Fogg avait donné son congé à James
Forster, ce garçon s'étant rendu coupable
de lui apporter pour sa barbe de l'eau à
quatre-vingt-quatre degrés Farenheit au
lieu de quatre-vingt-six, et il attendait son
successeur qui devait se présenter entre
onze heures et onze heures et demie.
Phileas Fogg, carrément assis dans son
fauteuil, les deux pieds rapprochés com-
me ceux d'un soldat à la parade, les mains
appuyées sur les genoux, le corps droit,
la tête haute, regardait marefter J'aiguille
t.-i:s> ~~•>~ ).• :.U: a-. •~j.aitr.ï"
naisons de chiffres et les raisonnements
spécieux, au moyen desquels ce parti
cherche à ramener l'espérance dans son
camp. Jusqu'à quel point se fait-il illusion
à lui-même ? Gela parait difficile à déter-
~HM~~«'< -hi~'f
Au reste, il faut que -vous sachiez que
les républicains n'ont pas été sans se lais-
ser entamer en certains points, et qu'ils
n'ont retrouvé leurs anciennes majorités
ni dans l'Ohio, ni dans la Pennsylvanie. Si
j'ajoute qu'on avu la majorité se déplacer
parfois dans certains Etats entre les élec-
tions d'octobre et celles de novembre,
vous comprendrez que les partisans de M.
Greeley se refusent à abandonner une
partie gravement compromise, mais non
absolument désespérée. En toute chose, il
faut faire la part de l'inconnu. D'ailleurs,
il n'est pas d'un médiocre intérêt pour les
partis de savoir qui des deux l'emportera
dans les élections d'Etat. Aussi la bataille
électorale a-t-elle repris avec une fureur
nouvelle, et c'est merveille de voir faire
les combattants. l
Seuls les démocrates purs répugnent en-
core à se jeter dans la mêlée. C'est là une
troupe de réserve qui n'a pas donné jus-
qu'ici. A Baltimore, par exemple, on a re-
marqué l'abstention de la population lors
d'une magnifique procession aux flam-
beaux qui eut lieu, il y a huit jours, en
l'honneur de M. Greeley. Le correspon-
dant du Courrier des Etats-Unis, qui n'est
pas suspect en la matière, rapporte que
la procession était grandiose, mais que les
spectateurs ne manifestaient .aucun en-
thousiasme. « Ils écoutaient, dit-il, sans y
répondre, les hurrahs pour Greeley qui par-
taient du sein de la procession. On eùt
dit que le résultat défavorable des élec-
tions d'octohre avait jeté comme un man-
teau de glace sur cette population de Bal-
timore, qui d'ailleurs est bien un peu trop
démocrate pour aimer beaucoup Greeley.
Aucune fenêtre n'était illuminée.»
On voit par là qu'il ne faut pas être trop
démocrate pour regarder avec faveur le
candidat du parti démocratique. Assuré-
ment ce singulier résultat de la confusion
des idées et des partis ne peut qu'être très
préjudiciable à M. Greeley.
L'esprit de parti finira-t-il par l'empor-
ter sur des répugnances d'autant plus dif-
ficiles à vaincre qu'elles sont purement
personnelles il est permis d'en douter.
On se rappelle que M. Charles O'Connor,
le chef des démocrates irréconciliables, a
formellement annoncé qu'il considérait
l'élection de Grant comme un moindre
mal que celle de Greeley.
M. William H. Seward est mort d'une
congestion pulmonaire, à sa résidence
d'Auburn. Il était âgé de soixante et onze
ans. Vous savez qu'il était revenu récem-
ment d'un voyage autour du monde, du-
rant lequel il avait fait preuve d'une sin-
gulière vigueur de corps et d'esprit.
Il était né à Flôrida, dans l'Etat de New-
York, d'un père Gallois et d'une mère
Irlandaise. Ses études terminées, il alla
diriger un collège pendant un an à Milled-
geville, dans la Géorgie. A son retour dans
son pays natal, il étudia le droit et entra
au barreau en 1822. Il fut successivement
élu sénateur de l'Etat de New-York en
1830, gouverneur du même Etat en 1838 et
en' 1840, sénateur des Etats-Unis en 1849X
Dès 1844, il s'était prononcé de la façon la
plus formelle contre l'esclavage. Sa remar-
quable aptitude au travail, un singulier
mélange de souplesse intellectuelle et de
ténacité dans les vues, la lucidité de son
esprit, son talent comme debaler en firent
un des hommes les plus considérables de
son parti.
L'agitation sécessionniste le trouva à
son poste de sénateur où il avait été réélu.
Dans deux discours qui eurent un grand
retentissement à cette époque, il se pro-
nonça en faveur du maintien ue l'Union.
«j'adhère à l'Union, disai'c-il, avec mes
amis, avec mon parti, avec mon Etat j'y
adhérerai sans eux, s'il le faut. Que la
guerre civile doive éclater ou non, mon
choix est fait, et j'en accepte les consé-
quences. »
A cette époque, il était considéré comme
le chef du parti républicain. Aussi la con-
vention de Chicago, qui en 186* désipvia
Lincoln comme candidat du parti répu-
blicain à la présidence, donna-t-olle^ au
premier tour de scrutin, 173 voix à M
Seward contre 103 à Lincoln. Ce qui finit
par déterminer la Convention en faveur
de la pendule,-appareil compliqué qui in-
diquait les heures, les minutes, les secon-
dés, les jours, les quantièmes et l'année. A
onze heures et demie sonnant, Mr. Fogg de-
vait, suivant sa quotidienne habitude,
quitter la maison et se rendre au Reform-
Club.
En ce moment, on frappa à la porte du
petit salon dans lequel se tenait Phileas
Fogg.
James Forster, le congédié, apparut.
« Le .nouveau domestique, » dit-il.
Un garçon âgé d'une trentaine d'années
se montra et salua.
« Vous êtes Français et vous vous nom-
mez John? lui demanda Phileas Fogg.
Jean, n'en déplaise à monsieur, ré-
pondit le nouveau venu,Jean Passepar-
tout, un surnom qui m'est resté, et que
justifiait mon aptitude naturelle à me tirer
d'affaire. Je crois être un honnête garçon,
monsieur, mais, pour être franc, j'ai fait plu-
sieurs métiers. J'ai été chanteur ambu-
lant, puis écuyer dans un cirque, faisant
de la voltige comme Léotard, et dan-
sant sur la corde comme Blondin; puis
je suis devenu professeur de gymnastique,
afin de rendre mes talents plus utiles, et
en dernier lieu, j'étais sergent de pompiers,
à Paris. J'ai même dans mon dossier des
incendies remarquables. Mais voilà cinq
ans que j'ai quitté la France et que, vou-
lant goûter de la vie de famille, je suis
valet de chambre en Angleterre. Or, me
trouvant sans place, et apprenant que
Mr. Phileas Fogg est l'homme le plus
exact et le plus sédentaire du Royaume-
Uni, je me présente donc chez monsieur
avec l'espérance d'y vivre tranquille et
d'oublier jusqu'à ce nom de Passenar-
tout.
Pa.ssepartout me convient, répondit
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