Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-11-07
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 137484 Nombre total de vues : 137484
Description : 07 novembre 1872 07 novembre 1872
Description : 1872/11/07 (Numéro 4226). 1872/11/07 (Numéro 4226).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune
Description : Collection numérique : La Commune de Paris Collection numérique : La Commune de Paris
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k225187z
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
DOUZIÈME ANNÉE. N° 4226 .• .#, •'< ON SABONNE AU BUREAU DU JOURNAL 10 FAUBOURG MONTMARTRE, 10
JEUDI 7 NOVEMBRE 1872
£.• ABONNEMENTS (DÉPARTEMENTS)
Trois mois 17 iu Six mois 84 fr. >– Un an C8 fr.
LES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQLX MOIS
ABONNEMENTS (PARIS)
Trois mois 44 fr. Six mois 28 fr. Urt an- 60 It
LES ABOMVEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
-A.Ï A-v>i.:x ~•>~ ;i *»*
Un numéro (à I»arïs) 155 centimes
~r; t
Un numéro (départements) »O centimes.
ANNONCES mm. fauchey-i.affitte-biili.ieu et c, 8, pln'co AI. dupokt, 7, rue Coq-Héron, et au bureau du journal.
,V;.i ~•' "• (Droit d'insertion réservé à la réduction), .» •
~i~i. ri-
î>j c:. «a rédaction ne répond pas des articles communiqués
• et ne se charge pas de les renvoyer.
F 'if. ?-'• -.• :• ~~> --J
PARIS, 6 NOVEMBRE
BULLETIN DU JOUR
On annonce de Londres que le nou-
'veau traité de commerce a été signé
<îiier par lord Granville et le chargé
-d'affaires de France. On sait déjà par
'les communications faites à la cham-
_'i)re de commerce de Manchester quel-
les sont les principales clauses de cet
-arrangement le gouvernement n'atten-
dra' sans doute pas la réunion de l'As-
"sAnblée pour en faire connaître le texte,
qui ne peut manquer d'ailleurs d'être
prochainement publié par les journaux
'anglais.
Le peuple américain a procédé hier à
'la nomination des électeurs présiden-
tiels. A l'heure où nous écrivons, les
«résultats complets du vote ne nous sont
'pas encore connus, mais ce que nous en
..savons, ne laisse aucun doute sur l'issue
^définitive de cette bataille électorale.
'Ainsi que tout le monde s'accordait à le
• -prévoir le candidat des démocrates
;îunis aux républicains, M. Horace Gree-
•Jey, est battu, et la réélection du géné-
cral Grant est pleinement assurée. Le
parti républicain proprement dit l'a em-
porté dans tous les Etats du Nord; il au-
/xait obtenu, paraît-il, la majorité même
-«dans la ville deNew-York jusqu'ici tou-
'jours acquise à ses adversaires; dans
'l'Etat de Pennsylvanie l'écart en sa fa-
iyeur ne serait pas moindre de 110,000
voix. Les élections qui avaient lieu en
pnême temps dans divers Etats soit
• j>our le Congrès de l'Union, soit pour
!les fonctions locales, lui ont été éga-
lement favorables, et les dépêches si-
-gnalent nombre de nominations répu-
blicaines.
''[ La dernière campagne des gens de la
droite en faveur de la monarchie est dé-
cidément ouverte. On a vu que le signal
en avait été donné ces jours-ci dans 'le
banquet conservateur de Bordeaux. Nous
j trouvons aujourd'hui dans le Monde une
'pétition à l'Assemblée nationale qui,
suivant ce journal, se signe en ce mo-
ment à Paris, et qui sans doute ne tar-
dera pas à circuler aussi dans les pro-
vinces. Cette pétition respire le plus
;pur royalisme; les pétitionnaires y de*
mandent aux représentants de sauve-
garder dans l'avenir l'indépendance et la
•dignité de la nation « en confiant
;à un souverain qui ne change plus la
j garde de principes qui ne changent
pas. » Ce souverain, c'est naturellement
Henri V. « Il faut, disent-ils, à la France
•.lin roi dont les droits soient indiscuta-
;bles, consacrés par les siècles et par
des antécédents d'honneur tels que ses
adversaires mêmes soient forcés de lui
rendre hommage. M. le comte de Cham-
'fiorA vient de nous donner, par la fran-
;chise de ses déclarations, un gage sur-
abondant d'une loyauté qui jamais ne
,peut être soupçonnée. En imposant le res-
Ipect, il s'est rendu nécessaire.» La
pétition trace ensuite le tableau le plus
riant de toutes les félicités qui dérive-
ront de cette restauration «Autour d'un
vrai roi rentré comme Henri IV dans sa
'capitale, on verra se presser toutes les
,forces vives de la nation; le trône rede-
viendra l'ouvrage avancé qui protège
nos maisons ouvertes etnos paisibles fa-
milles l'intérêt public fera la stabilité
de ce trône rétabli pour la sécurité gé-
^FEUILLETON DU TEMPS
DU 7 NOVEMBRE 2
LE TOUR DU MONDE 1
», h' :» wto> • •
QUATRE-VINGTS JOURS
i rlv -"i^rH'^i
.1 'i. ·
,w;t; ;;fiOV. ••~••~ V
>i; III ••«~'«~ ~'»,,
OU S'ENGAGE UNE conversation qui potmnA I
COUTER CHER A PHILEAS FOGG
Phileas Fogg avait quitté sa maison de
Saville-row à onze heures et demie; et
après avoir placé treize cent soixante-
quinze fois son pied droit devant son pied
gauche et treize cent soixante-seize fois
son pied gauche devant son pied droit, il
.arriva au Reform-Club, vaste édifice élevé
•dans Pall-Mall, et qui n'a pas coûté moins
-<ûe trois millions à bâtir.
Phileas Fogg se rendit aussitôt à la
salle à manger, dont les neuf fenêtres
«'ouvraient sur un beau jardin aux arbres
déjà dorés par l'automnç. Là, il prit place
â la table habituelle où son couvert l'at-
±endait;son déjeuner se composait d'un
î-org^'oë^vre, d'un poisson bouilli relevé
d'une « reârïiQ£ sauce de premier choix,
~d'un rosbeaf gcarlate agrémenté de con-
diments « musheron », d'un gâteau farci
de tiges de rhubarbe et de groseilles ver-
yoir le Temps du G novembre.
nérale. Les puissances européennes ne
tarderont pas à le reconnaître et à re-
chercher l'alliance d'un Etat qui se
distinguera par sa prospérité, la sta-
bilité du gouvernement et le prestige
de la monarchie. Cette monarchie, qui
a fait la France ce qu'elle était, saura
la relever et lui rendre l'appui de ses
voisins, tandis qu'avec la république
nous n'inspirerons confiance à aucun
des grands peuples de l'Europe, et ré-
duits à nous trouver toujours seuls con-
tre tous, nous serons condamnés, pour
être respectés, à entretenir des armées
ruineuses. » Les auteurs du factum in-
vitent donc la Chambre à donner, à
la France une Constitution qui "te.}
fasse vivre libre sous Henri V, « sous ce
prince auguste qui est prêt à tout lui sa-
crifier fors l'honneur.» Ils terminent par
un appel aux princes d'Orléans qui in-
dique le bout de l'oreille fusionnistc
« Il n'y a pas deux familles royales,
il n'y en a qu'une et toute famille n'a
qu'un chef. Les princes d'Orléans n'ont
pas oublié que Louis-Philippe, leur père
et leur aïeul, quelques jours avant de
mourir, recommandait à ses fils de ré-
tablir l'union dans la maison de Fran-
ce. » Cotte pétition n'est, comme on voit,
que le résumé de tous les lieux com-
muns monarchiques qui traînent depuis
tantôt dix-huit mois dans les journaux
du parti. Le Monde voudra bien sans
doute nous tenir au courant de ses des-
tinées et nous apprendre combien elle
aura recueilli de signatures. Comme in-
dice des mouvements auxquels on se
livre dans le parti légitimiste, il faut en
rappocher la nouvelle donnée par l'U-
nivers que M. le comte de Chambord est
actuellement à Brégenz, sur le lac de
Constance, et que plusieurs députésdela
droite iront lui présenter leurs hommages
avant leur rentrée en session. Mention-
nons aussi la réponse que le prétendant
vient defaire à une adresse qui lui avait
été envoyée du Gard, et que publie la Ga-
zelle de Nîmes. Cette lettre n'offre rien de
particulièrement remarquable et ne ren-
ferme que de vagues généralités, mais
elle témoigne de l'activité qu'on déploie
dans le camp monarchique.
Les journaux bonapartistes publient
la correspondance échangée entre le
procureur général et le prince Napoléon,
à l'occasion de la plainte dirigée par ce
dernier contre les auteurs de soir expul-
sion nous la reproduisonsplus loin. Dans
sa réponse au chef du parquet, le prince,
éconduit par ce fonctionnaire qui le ren-
voie à l'Assemblée nationale, annonce sa
résolution d'épuiser tous les degrés de
juridiction et de ne pas se fatiguer do
cette lutte inégale. Il a évidemment l'in-
tention de faire beaucoup de bruit, mais
.il ne réussira pas à vaincre l'indifférence
de l'opinion publique. On sait ce que nous
pensons des mesures exceptionnelles;
mais, ainsi que nous l'avons déjà dit, s'il
est dos hommes qui ont, en notre pays,
mauvaise grâce à s'abriter derrière le
droit commun et surtout à. prétendre
l'incarner en eux, ce sont ceux qui ont
dans leur bagage les souvenirs du 18
brumaire et du 2 décembre, sans parler
de l'exécution du duc d'Enghien, et de
tant d'autres ontrages aux libertés
publiques.
♦
DEPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
SERVICE HAVAS-BULLIER
Luxembourg.
Luxembourg', G novembre.
L'ouverture de la Chambre a été faite par le
tes, d'un morceau de chester, le tout ar-
rosé de quelques tasses d'un thé spéciale-
ment recueilli pour l'office du Reform-
Club.
A midi quarante-sept, ce gentleman se
leva et se dirigea vers le grand salon,
somptueux « hall » orné de peintures ri-
chement encadrées. Là, un domestique lui
remit le Times non coupé, dont Phileas
Fogg opéra le laborieux dépliage avec une
sûreté de main qui dénotait une grande
habitude de cette difficile opération. La
lecture de ce journaloccupa Phileas Fogg
jusqu'à trois heures quarante-cinq, et celle
du Daily Teîegraph, qui lui succéda,
dura jusqu'au dîner. Ce repas s'accomplit
dans les mêmes conditions" que le déjeu-
ner avec adjonction de « royal biïtish
sauce ».
A huit heures moins vingt, le gentleman
reparut dans le grand salon et s'absorba
dans la lecture du Morning Chronic/e.
Une demi-heure plus tard, divers habi-
tués du Reform-Club faisaient leur en-
trée et s'approchaient de la cheminée où
brûlait un feu de houille. C'étaient les
partenaires habituels de Mr. Phileas Fogg,
comme lui, enragés joueurs de whist
l'ingénieur Andrew Stuart, les banquiers
John Sullivan et Samuel Fallentin le
brasseur Thomas Flanagan, Gauthier
Ralph, un des administrateurs de la Ban-
que d'Angleterre, personnages riches et
considérés, mê.e dans ce club qui compte
parmi ses membres les sommités de l'in-
dustrie et de la finance,
« Eh bien! Ralph, demanda Thomas
Flanagan, où en est cette affaire de vol?
Eh bien, répondit Andrew Stuart, la
Banque en sera pour son argent.
J'espère, ,au contraire, dit Gauthier
Ralph, que nous mettrons la main sur
l'auteur du vol. Des inspecteurs de police,
gens fort habiles, ont été envoyés en Amé-
rique et en Europe, dans tous les princi-
paux ports d'embarquement et de débar-
quement, et il sera difficile à ce monsieur
de leur échapper.
jfais on a
prince Henri des Pays-Bas. Le prince a remer-
cié le pays des sympathies manifestées lors de
la mort de la princesse. Il a dit que la nationa-
lité luxembourgeoise, qui a semblé si souvent
menacée, a trouvé une nouvelle garantie dans
la déclaration faite à la suite de la convention
du 11 juin dernier, par les puissances signatai-
res du traité de Londres, déclaration dans la-
quelle les puissances considèrent comme subsis-
tants toujours les engagements qu'elles ont con-
tractés par ce traité.
Etats-Unis..
Washington, 5 novembre.
Les républicains libéraux, partisans de AI. Ho-
race Greeley, l'ont emporté clans les élections de
l'Etat de Louisiane. M. Mae Every a été élu gou-
verneur à une majorité de 10,000 voix.
New-York, 5 novembre, soir.
M. Washburn, républicain, a été réélu gou-
verneur de Massachussets. MM. Hooper, Dawes,
Hoar, Buttler ont été réélus membres du Con-
grès. Qn croit que le général Banks sera battu
par M. Gooch.
M. Young, républicain, a été élu gouverneur
de l'Etat de Jowah; M. Osborn, républicain, a
été élu gouverneur du Kansas M. Bazlcv, répu-
blicain, a été élu gouverneur du Michigau M.
Oglesby, républicain, a été élu dans l'Illinois.
Beaucoup de démocrates s'abstiennent de vo-
ter. Très peu d'électeurs votent pour M. O'Con-
nor.
On croit que le général Grant aura 250 votes
électoraux, et une majorité de 400,000 voix.
New-York, 5 novembre, soir.
La ville et l'Etat de New-York se sont décla-
rés en faveur du général Grant avec une majo-
rité de 25,000 voix.
New-York, 5 novembre, soir.
La réélection du général Grant est assurée.
Les républicains l'ont emporté dans tous les
Etats du Nord.
La majorité en faveur du général Grant, à
New-York, est de 35,000 voix, et de 110,000 en
Pensylvanie.
Wasliington, 5 novembre.
Le général Grant a reçu une dépêche annon-
çant .que le résultat des "élections dans la Loui-
siane est tout à fait favorable aux républicains.
Les élections se sont passées ti anquillcment,
aujourd'hui, dans tous les EtaK Les résultats
connus jusqu'il présent indiquent de grandes
majorités en faveur du général Grant.
Les républicains ont triomphé dans les Etats
de New-Hamphire, Rhodo Island et New-York.
Il est probable que l'Etat de Massachussets
n'enverra que des membres républicains au Con-
grès, avec une majorité de 11,000 voix.
j
Angleterre.
Londres, 5 novembre, soir.
Lord Granville et le chargé d'affaires de France
ont signé aujourd'hui le traité de commerce. La
Uazellu of/iciclle le publiera probablement ven-
dredi.
La Bourse de Londres sera fermée samedi pro-
chain, à l'occasion de l'installation du lord-
maire.
Autriche.
Vienne, 5 novembre, soir.
Les Diètes provinciales ont été ouvertes au-
jourd'hui. Le gouvernement' a présenté dans
toutes un projet relatif à l'établissement des
juges de paix.
Dans les Diètes de Moravie et de la Bukowi-
ne, les députés fédéralistes étaient absents.
Dans celle du Tyrol, les députés du Trentin
étaient également absents.
Dans la Diète de Gallicie, il n'a pas été pré-
senté de proposition d'adresse. Dans la Diète do
la .Basse-Autriche, une proposition a été faite
demandant au gouvernement de diriger la ré-
forme électorale dans le sens des élections di-
rectes au Roi hsrath. Dans la Diète de Bohème,
une proposition a été présentée demandant la
nomination d'une commission pour effectuer les
réformes nécessaires dans la loi électorale pour
la Diète de Bohème.
Turquie.
1 Constantinople, C novembre, soir.
Dans une audience que le sultan a donnée sa-
medi ii M. Elliot, ambassadeur d'Angleterre, Sa
Majesté a déclaré qu'il n'avait aucune intention
de rappeler Mahmoud au pouvoir.
Espagne. • v>
Madrid, 5 novembre, soir.
Un manifeste de députés constitutionnels, si-
gné par l'amiral Topete, le maréchal Serrano et
tous les anciens ministres du parti, déclare
qn'ils sont solidaires du cabinet Sagasta, et pro-
teste contre l'illégalité de la dernière dissolution
des Cortès.
Le Congrès a pris en considération les propo-
sitions de M. Orenze demandant la suppression
des loteries et la réduction du nombre des mi-
nistres il cinq. Il a repoussé diverses proposi-
tions du même député demandant l'abolition des
monopoles du tabac, du papier timbré, la sup-
pression des classes passives, des directions mi-
litaires, de la présidence des tribunaux, des ar-
senaux, des fabriques, des armes, des comman-
dements maritimes. M. llomero Giron a été élu
vice-président par 159 voix contre 108 obtenues
'1
leur? demanda Andrew Stuart.
D'abord, ce n'est pas un voleur, répon-
dit sérieusement Gauthier Ralph.
Comment? ce n'est pas un voleur, cet
individu qui a soustrait pour cinquante
cinq mille livres de bank-notes (1 million
3i5,000 francs) ?
-Non, répondit Ralph.
C'est donc un industriel? dit John
Sullivan.
Le Morning Chroniele assure que c'est
un gentleman. »
Celui qui fit cette réponse n'était autre
que Phileas Fogg, dont la tête émergeait
alors du flot de papier amassé autour de
lui. En même temps, Phileas Fogg sa-
lua ses collègues, qui lui rendirent son
salut.
Le fait dont il était question, que les di-
vers journaux du Royaume-Uni discu-
taient avec ardeur, s'était accompli trois
jours auparavant, le 29 septembre. Une
liasse de bank-notes, formant l'énorme
somme de cinquante-cinq mille livres,
avait été prise sur la tablette du caissier
principal de la Banque d'Angleterre.
A qui s'étonnait qu'un tel vol eût pu
s'accomplir aussi facilement, le sous-gou-
verneur Gauthier Ralph se hornait à ré-
pondre qu'à ce moment même, le caissier
s'occupait d'enregistrer une recette de
trois shillings six pences|ot qu'on ne saurait
avoir l'œil à tout.
Mais il convient de faire observer ici
ce qui rend le fait plus explicable que
cet admirable établissement de Bank of
England parait se soucier extrêmement
de la dignité du public. Point de gardes,
point d'invalides, point de grillages L'or,
l'argent, les billets sont exposés librement
et pour ainsi dire à la merci du premier
venu. On ne saurait mettre en suspicion
l'honorabilité d'un passant quelconque. Un
des meilleurs observateurs des usages an-
glais raconte même ceci Dans une des
salles de la Banque où il se trouvait un
jour, il eut la curiosité de voir de plus
près un lingot d'or pesant sept à huit li-
vres,
~e. ~r. ,r,`. `~
par le marquis de Sardoal. Il y a eu 5 bulletins
blancs.
Portugal.
Lisbonne, 5 novembre
La Chambre des pairs a reçu une communi-
cation de M. Anjcja, protestant contre la con-
stitution de la Chambre des pairs en tribunal,
comme étant un acte illégal. Il fait ressor-
tir l'anomalie qu'on le convoque comme juge
dans une affaire où il est accusé.
M. Moraes Carvalho a été élu rapporteur. a
Le jour de la prochaine séance n'est pas indi-
qué.
Nous demandions l'autre jour, à pro-
pos du banquet de Bordeaux, en quoi
les intérêts conservateurs seraient mieux
garantis par une monarchie libérale
que par la république. « Ils auraient en
» face d'eux les mêmes adversaires, »
disions-nous, « et ils n'auraient d'alter-
» native que de discuter avec eux ou de
» les déporter; mais s'ils les dépro-
» taient, où serait la monarchie libé-
» raie? »
L' Univers nous répond
Où serait la monarchie libérale ? Mais
d'abord s'agit-il d'une monarchie libérale?
Nous en convenons avec le Temps, une
monarchie libérale, qui en serait réduite
à discuter avec ses adversaires (les radi-
caux), est aussi impossible qu'inutile; une
république libérale qui voudrait traiter
avec les communards, le serait, également.
Il n'y a pas de gouvernement libéral, il
n'y a que des gouvernements d'autorité,
aussi bien républiques que monarchies.
Tout gouvernement vit de loi, d'ordre et
de discipline ceux qui ont voulu essayer
du libéralisme sont tombés, témoin la Res-
tauration et l'Empire. La monarchie libé-
rale est une chimère, rêvée par des utopistes.
Les arguments du Temps contre elle peu-
vent être bons, mais ils ne valent rien
contre une restauration monarchique telle
que la désirent les vrais conservateurs.
Nous pourrions faire observer qu'il y
a dans le monde des monarchies libéra-
les, et que nous en voyons tout près de
nous, qui non-seulement supportent la
discussion, mais en vivent. Mais il ne
s'agit- pas de ce qui se passe ailleurs,
il s'agit de la France et de ce que
peut signifier la campagne monar-
chique si vivement poussée depuis
quelques jours. A ce point de vue, il
suffit de prendre acte des paroles de
Y Univers et de lui savoir gré de sa fran-
chise. La monarchie libérale, dit-il, est
une chimère c'est aux monarchistes
libéraux de Bordeaux à s'expliquer
avec lui et à le convertir, s'ils le peu-
vent. Nous doutons qu'ils y réussissent
et nous croyons qu'en lait, et en ce qui
touche la France, l'Univers a complète-
ment raison. Il faut repousser l'évi-
dence, il faut fermer les yeux à la lu-
mière du jour pour ne pas prévoir que
le rétablissement de la monarchie se-
rait accompagné de la plus .épouvanta-
ble réaction. Les forces libérales qui se
seraient engagées dans une telle entre-
prise se trouveraient annulées. A un
point de vue général et doctrinaire, le
libéralisme peut hésiter entre la mo-
narchie et la république mais, dans la
situation présente, il n'a pas le choix.
En se ralliant franchement à la répu-
blique et en y revendiquant sa place; il
a quelque chance de contenir les radi-
caux en épousant la monarchie, il a la
certitude d'être confisqué par l'absolu-
tisme. Telle est l'alternative.
Dans une lettre adressée au National,
M. Louis Blanc se prononce très expli-
citement pour la pondération des pou-
voirs, mais il combat à la fois l'institu-
tion d'une seconde Chambre et celle d'un
pouvoir exécutif assez fort, assez indé-
pendant d'origine pour faire contre-
poids à la toute-puissance d'une Assem-
blée unique. C'est au pouvoir judiciaire
qu'il voudrait confier le rôle de modé-
du caissier; il prit ce lingot, l'examina, le
passa à son voisin, celui-ci à un autre, si
bien que le lingot, de main en main, s'en
alla jusqu'au fond d'un corridor obscur, et
ne revint, qu'une demi-heure après, repren-
dre sa place, sans que le caissier eût seule-
ment levé la tête.
Mais, le 29 septembre, les choses ne se
passèrent pas tout à fait ainsi; la liasse
de bank-notes ne revint pas et quand la
magnifique horloge, posée au-dessus du
« drawing-office sonna à cinq heures la
fermeture des bureaux, la Banque d'An-
gleterre n'avait plus qu'à passer cinquante-
cinq mille livres par le compte de profits
et pertes.
Le vol bien et dûment reconnu, des
agents, des « détectives choisis parmi les
plus habiles, furent envoyés dans les prin-
cipaux ports, à Liverpool, à Glasgow, au
Havre, à Suez, à Brindisi, à New-
York, etc., avec promesse, en cas de suc-
cès, d'une prime de deux mille livres
(50,000 fr.) et cinq pour cent de la somme
qui serait retrouvée. En attendant les
renseignements que devait fournir l'en-
quête immédiatement commencée, ces in-
specteurs avaient pour mission d'observer
scrupuleusement tous 'les vo.yageurs en
arrivée ou en partance,
Or, précisément, ainsi que le disait le
Morning Chronic/e, on avait lieu de suppo-
ser que l'auteur du vol ne faisait partie
d'aucune des sociétés de voleurs d'Angle-
terre. Pendant cette journée du 29 sep-
tembre, un gentleman bien mis, de bonnes
manières, l'air distingué, avait été remar-
qué, qui allait et venait dans la salle des
payements, théâtre du vol. L'enquête avait
permis de refaire assez exactement le si-
gnalement de ce gentleman, signalement
qui fut aussitôt adressé à tous les détec-
tives du Royaume-Uni et du continent.
Quelques bons esprits-et Gauthier Ralph
était du nombre se croyaient donc fon-
dés à espérer que le voleur n'échapperait
pas,
Comme on le pense, ce fait était à l'or-
dre du jour à Londres et dans toute l'An*
rateur en lui permettant d'apprécier, au
point de vue de la légalité constitution-
nelle, les décisions législatives qu'il se-
rait requis d'appliquer, et de réduire à'
l'état de lettre morte celles qu'il juge-
rait irrégulières et oppressives. M. Louis
Blanc estime que cette innovation suffi-
rait pour prévenir et pour réprimer au
besoin les velléités dictatoriales d'une
Assemblée
« Vous croyez, dit-il, que je suis pour
le gouvernement d'une Assemblée sans
contre-poids vous vous trompez. Per-
sonne n'est plus frappé que moi des
dangers inhérents à l'exercice du pou-
voir absolu; et je ne connais rien de
plus à redouter qu'un despotisme irres-
ponsable. Mais ce n'est ni dans l'institu-
tion d'une seconde Chambre, ni dans
l'institution d'un président à vie ou tem-
poraire qu'il faut chercher une garantie
contre de tels périls. A mon sens, le vé-
ritable contre-poids serait dans l'établis-
sement d'un pouvoir judiciaire armé du
droit d'annuler en leur application par-
tielle les lois contraires à la Constitu-
tion. C'est ce qui existe aux Etats-
Unis. »
Nous craignons que l'honorable M.
Louis Blanc ne se fasse singulièrement
illusion sur la portée de l'analogie qu'il
emprunte à la Constitution amélicaine.
Sans parler des différences profondes
qui existent entre notre organisation ju-
diciaire et celle des Etats-Unis, du peu
de goût que nous avons, et non sans
raison, pour les tribunaux qui font de la
politique, de la nécessité qu'il y aurait,
avant de les'essayer à ce nouveau rôle,
de remanier de fond en comble leur per-
sonnel, leur mode de recrutement, leurs
traditions et leurs habitudes d'esprit,
sans parler, disons-nous, de cette révo-
lution judiciaire nécessairement lente
et laborieuse qui devrait précéder l'in-
novation politique, on peut se demander
si cette innovation aurait, au point de
vue de la pondération des pouvoirs, l'ef-
ficacité que M. Louis Blanc lui suppose.
Les Américains eux-mêmes ne le pen-
sent pas, et ils croient si peu que les
corps judiciaires, quels que soient leurs s
pouvoirs et leur autorité morale, puis-
sent suppléer une seconde Chambre,
qu'ils ont eux-mêmes un Sénat. Faut -il
relever à ce propos l'erreur de certains
publicistes qui ne veulent voir dans le
Sénat américain qu'une institution fé-
dérale, spécialement destinée à représen-
ter les Etats de l'Union, et qui perdrait
toute raison d'être dans l'hypothèse d'un
Etat unitaire?
Cette thèse est absolument inexacte,
et il suffit, pour l'écarter, d'observer
qu'il n'y a pas aux Etats-Unis un seul
Sénat, mais trente-huit, sur lesquels un
seul est fédéral. Les trente-sept autres
fonctionnent dans les différents Etats
de l'Union où ils sont partie intégrante
de la législature. Il est même très re-
marquable que ces nombreux Etats, dif-
férents d'origine et tous également li-
bres de constituer à leur guise leur
gouvernement intérieur, soient ainsi
tombés d'accord sur la nécessité d'une
double représentation.
C'.est donc bien l'idée politique et non
l'idée fédérale qui a accrédité aux Etats-
Unis le système des deux Chambres, et,
remarque fatale à la thèse de M. Louis
Blanc, cette idée fédérale, qui n'a rien
à voir avec l'institution des Sénats amé-
ricains, se retrouve précisément dans les
attributions judiciaires exceptionnelles
que réclame pour nous l'éminent publi-
ciste.
Les tribunaux fédéraux, qu'il a spé-
cialement en vue et, en première li-
gne, la cour suprême des Etats-Unis,
gleterre. On discutait, on se passionnait
pour ou contre les probabilités du succès
de la police métropolitaine. On ne s'éton-
nera donc pas d'entendre les membres du
Reform-Clnb traiter la même question,
d'autant plus que l'un des sous-gouver-
neurs de la Banque se trouvait parmi
eux.
L'honorable Gauthier Ralph ne voulait
pas douter du résultat des recherches, es-
timant que la prime offerte devrait singu-
lièrement aiguiser le zèle et l'intelligence
des agents. Mais son collègue, Andrew
Stuart, était loin de partager cette con-
fiance. La discussion continua donc entre
les gentlemen qui s'étaient assis à la table
de whist, Stuart devant Flanagan, Fallen-
pin devant Phileas Fogg. Pendant le jeu,
les joueurs ne parlaient pas, mais entre
les robbres, la conversation interrompue
reprenait de plus belle.
« Je soutiens, dit Andrew Stuart, que
les chances sont en faveur du voleur qui
ne peut manquer d'être un habile hom-
me 1,
Allons donc! répondit Ralph, il n'y a
plus un pays dans lequel il puisse se ré-
fugier.
Par exemple.
Où voulez-vous qu'il aille?
Je n'en sais rien, répondit Andrew
Stuart; mais, après tout, la terre est as-
sez vaste.
Elle l'était autrefois. » dit à mi-voix
Phileas Fogg; puis « à vous de couper,
monsieur, ajouta-t-il en présentant les
cartes à Thomas Flanagan.
La discussion fut suspendue pendant le
robbre. Mais bientôt, Andrew Stuart la re-
prenait, disant
« Comment, autrefois! Est-ce que la
terre a diminué, par hasard?
Sans doute, répondit Gauthier Ralph;
je suis de l'avis de Mr. Fogg. La terre a
diminué puisqu'on la parcourt maintenant
dix fois plus vite qu'il y a cent ans. Et
c'est ce qui, dans le cas dont nous nous
occupons, rendra les recherches plus ra-
pides.
sont, en effet, dans une certaine me-
sure, les gardiens de la Constitu-
tion en cas de désaccord entre cette
Constitution et la loi, c'est la première
qu'ils appliquent de préférence à la se-
conde, mais il ne faut pas oublier que
la Constitution des Etats-Unis est avant
tout un contrat, un acte d'association
entre des Etats qui n'ont pas aliéné leur
autonomie et qui ont le droit de la dé-
fendre contre l'autorité fédérale cen-
trale. Toute loi qui étendrait le pacte à
des cas qu'il n'a pas prévus, toute me-
sure législative qui modifierait le con-
trat sans la participation des intéressés,
serait donc, et avec raison, non avenue
pour les tribunaux fédéraux spéciale-
ment chargés de maintenir l'intégrité
de ce pacte. Sans doute leur interven-
tion serait également licite s'il s'agis-
sait d'infractions commises par la légis-
lature de l'Etat ou de l'Union aux lois
fondamentales qui garantissent les droits
privés, mais ce n'est là qu'un aspect
très secondaire de l'institution la puis-
sance reconnue donnée au magistrat
américain tend réellement beaucoup
moins à protéger le citoyen contre les
excès de pouvoir du législateur qu'à
protéger les membres de l'Union contre
les empiétements du pouvoir fédéral.
Il résulte aussi de cette observation
que la distinction est beaucoup plus
I,LQW 1W cit A.m'1-jLi~ ~tt'~U~t~ )-ut.
jamais l'être en France eutre la Consti-
tution et les lois, entre le pouvoir- con-
stituant et le pouvoir législatif. La Con-
stitution de l'Union est, à proprement
parler, l'acte de société des Etats réu-
nis par le lien fédéral il émane d'un
pouvoir spécial absolument distinct du
pouvoirfCégïslatif; et qui lui est hiérar-
chiquement supérieur aussi est-il tou-
jours facile de discerner les stipulations
fondamentales de l'acte constitutionnel
des lois que produit chaque année la
législature de l'Union ou celle des dif-
férents Etats. En France, au contraire,
la distinction est loin d'être aussi nette!
et beaucoup d'excellents esprits en sont
même à se demander s'il v a lieu de la
maintenir théoriquement," alors que le
discrédit mérité des scrutins plébisci-
taires l'ont déjà condamnée dans la pra-
tique. En fondant sur cette distinction
son fragile système de pondération des
pouvoirs, M. Louis Blanc préjuge né-
cessairement cette question; il la pré-
juge dans le sens le moins sûr, et tout
s'écroulerait si le pays, désabusé des
plébiscites et peu disposé à maintenir la
distinction artificielle des Assemblées
constituantes et des Assemblées légis-
latives, remettait à la même autorité le
droit de pourvoir aux lois fondamenta-
les, aux lois organiques et aux autres
branches de la législation.
Enfin, si par impossible, on pouvait
passer -outre à de telles objections, il
resterait toujours la question d'effica-
cité de l'expédient proposé.
Comment le pouvoir judiciaire, sub-
divisé en tant de juridictions, obligé d'at-
tendre, pour trancher les questions,
qu'on les lui défère par un procès, in-
capable d'ailleurs de statuer comme au-
trefois par « arrêts de règlement», et
obligé de limiter aux parties en cause
les effets de sa décision, courrait-il op-
poser un sérieux contre-poids à la dicta-
ture d'une Assemblée? Et a supposer
qu'il puisse, par ce moyen, atteindre
des lois vraiment funestes, comment
pourrait-il agir sur les résolutions tout
aussi dangereuses par lesquelles une
Assemblée unique engagerait les finan-
ces du pays ou son action diplomatique*
L'expédient proposé par M. Louis
sous l'inspiration trop peu réfléchie des.
voTeifr I1'611^ facile ^Si la fuite du
voleur!
di™Ia^0Uer'manSieui>Stu-^ n
dit I'ltileas Fogg,
vSu eu??11!'8 Stuart n'était pas con-
vaincu, et la partie achevée °
« Il faut avouer, monsieur Ralph, reprit-
il, que vous avez trouvé là une manière
plaçante de dire que la terre a diminue!
Ainsi parce qu'on en fait maintenant le
tour en trois mois.
m~i E° ?uatl'e-vnigts jours seulement, dit
Phileas Fogg.
En en'et, messieurs, ajouta John Sul-
livan, quatre-vingts jours depuis que la
section entre Rothal et Allahabad a été
ouverte sur le « Great-Indian peninsular
railway» et voici le calcul établ par e
Mornwg Çhromcfc
De Londres à Suez par le mont Cents et
Brindisi, railways et paquebots. 7 jours
De Suez à Bombay, paquebot. 13
De Bombay à Calcutta, rail-
way. 3
De Calcutta à Hong'-Kong-
(dune), paquebot. 12
De Hong-Kong à Yokohama
(Japon), paquebot. 6'
De Yokoliama à San Fran-
cisco, paquebot. 22
De San Francisco à New-
York,railway. 7
De New-York à4,ondi-(,,s, pa- .,1
quebotetrailway. 10
Total. 80 jours.
Oui, quatre-vingts jours, s'écria An-
drew Stuart, qui, par inattention, coupa
une carte maîtresse, mais non compris le
mauvais temps, les vents contraires les
naufrages, les déraillements, etc.
Tout compris, répondit Phileas Fogg,
en continuant de jouer, car, cette fois, la
discussion ne respectait plus le whist
Même si les Indous ou les Indiens en-
Itvènt les rails! décria Andrew -Stuart,
JEUDI 7 NOVEMBRE 1872
£.• ABONNEMENTS (DÉPARTEMENTS)
Trois mois 17 iu Six mois 84 fr. >– Un an C8 fr.
LES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQLX MOIS
ABONNEMENTS (PARIS)
Trois mois 44 fr. Six mois 28 fr. Urt an- 60 It
LES ABOMVEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
-A.Ï A-v>i.:x ~•>~ ;i *»*
Un numéro (à I»arïs) 155 centimes
~r; t
Un numéro (départements) »O centimes.
ANNONCES mm. fauchey-i.affitte-biili.ieu et c, 8, pln'co
,V;.i ~•' "• (Droit d'insertion réservé à la réduction), .» •
~i~i. ri-
î>j c:. «a rédaction ne répond pas des articles communiqués
• et ne se charge pas de les renvoyer.
F 'if. ?-'• -.• :• ~~> --J
PARIS, 6 NOVEMBRE
BULLETIN DU JOUR
On annonce de Londres que le nou-
'veau traité de commerce a été signé
<îiier par lord Granville et le chargé
-d'affaires de France. On sait déjà par
'les communications faites à la cham-
_'i)re de commerce de Manchester quel-
les sont les principales clauses de cet
-arrangement le gouvernement n'atten-
dra' sans doute pas la réunion de l'As-
"sAnblée pour en faire connaître le texte,
qui ne peut manquer d'ailleurs d'être
prochainement publié par les journaux
'anglais.
Le peuple américain a procédé hier à
'la nomination des électeurs présiden-
tiels. A l'heure où nous écrivons, les
«résultats complets du vote ne nous sont
'pas encore connus, mais ce que nous en
..savons, ne laisse aucun doute sur l'issue
^définitive de cette bataille électorale.
'Ainsi que tout le monde s'accordait à le
• -prévoir le candidat des démocrates
;îunis aux républicains, M. Horace Gree-
•Jey, est battu, et la réélection du géné-
cral Grant est pleinement assurée. Le
parti républicain proprement dit l'a em-
porté dans tous les Etats du Nord; il au-
/xait obtenu, paraît-il, la majorité même
-«dans la ville deNew-York jusqu'ici tou-
'jours acquise à ses adversaires; dans
'l'Etat de Pennsylvanie l'écart en sa fa-
iyeur ne serait pas moindre de 110,000
voix. Les élections qui avaient lieu en
pnême temps dans divers Etats soit
• j>our le Congrès de l'Union, soit pour
!les fonctions locales, lui ont été éga-
lement favorables, et les dépêches si-
-gnalent nombre de nominations répu-
blicaines.
''[ La dernière campagne des gens de la
droite en faveur de la monarchie est dé-
cidément ouverte. On a vu que le signal
en avait été donné ces jours-ci dans 'le
banquet conservateur de Bordeaux. Nous
j trouvons aujourd'hui dans le Monde une
'pétition à l'Assemblée nationale qui,
suivant ce journal, se signe en ce mo-
ment à Paris, et qui sans doute ne tar-
dera pas à circuler aussi dans les pro-
vinces. Cette pétition respire le plus
;pur royalisme; les pétitionnaires y de*
mandent aux représentants de sauve-
garder dans l'avenir l'indépendance et la
•dignité de la nation « en confiant
;à un souverain qui ne change plus la
j garde de principes qui ne changent
pas. » Ce souverain, c'est naturellement
Henri V. « Il faut, disent-ils, à la France
•.lin roi dont les droits soient indiscuta-
;bles, consacrés par les siècles et par
des antécédents d'honneur tels que ses
adversaires mêmes soient forcés de lui
rendre hommage. M. le comte de Cham-
'fiorA vient de nous donner, par la fran-
;chise de ses déclarations, un gage sur-
abondant d'une loyauté qui jamais ne
,peut être soupçonnée. En imposant le res-
Ipect, il s'est rendu nécessaire.» La
pétition trace ensuite le tableau le plus
riant de toutes les félicités qui dérive-
ront de cette restauration «Autour d'un
vrai roi rentré comme Henri IV dans sa
'capitale, on verra se presser toutes les
,forces vives de la nation; le trône rede-
viendra l'ouvrage avancé qui protège
nos maisons ouvertes etnos paisibles fa-
milles l'intérêt public fera la stabilité
de ce trône rétabli pour la sécurité gé-
^FEUILLETON DU TEMPS
DU 7 NOVEMBRE 2
LE TOUR DU MONDE 1
», h' :» wto> • •
QUATRE-VINGTS JOURS
i rlv -"i^rH'^i
.1 'i. ·
,w;t; ;;fiOV. ••~••~ V
>i; III ••«~'«~ ~'»,,
OU S'ENGAGE UNE conversation qui potmnA I
COUTER CHER A PHILEAS FOGG
Phileas Fogg avait quitté sa maison de
Saville-row à onze heures et demie; et
après avoir placé treize cent soixante-
quinze fois son pied droit devant son pied
gauche et treize cent soixante-seize fois
son pied gauche devant son pied droit, il
.arriva au Reform-Club, vaste édifice élevé
•dans Pall-Mall, et qui n'a pas coûté moins
-<ûe trois millions à bâtir.
Phileas Fogg se rendit aussitôt à la
salle à manger, dont les neuf fenêtres
«'ouvraient sur un beau jardin aux arbres
déjà dorés par l'automnç. Là, il prit place
â la table habituelle où son couvert l'at-
±endait;son déjeuner se composait d'un
î-org^'oë^vre, d'un poisson bouilli relevé
d'une « reârïiQ£ sauce de premier choix,
~d'un rosbeaf gcarlate agrémenté de con-
diments « musheron », d'un gâteau farci
de tiges de rhubarbe et de groseilles ver-
yoir le Temps du G novembre.
nérale. Les puissances européennes ne
tarderont pas à le reconnaître et à re-
chercher l'alliance d'un Etat qui se
distinguera par sa prospérité, la sta-
bilité du gouvernement et le prestige
de la monarchie. Cette monarchie, qui
a fait la France ce qu'elle était, saura
la relever et lui rendre l'appui de ses
voisins, tandis qu'avec la république
nous n'inspirerons confiance à aucun
des grands peuples de l'Europe, et ré-
duits à nous trouver toujours seuls con-
tre tous, nous serons condamnés, pour
être respectés, à entretenir des armées
ruineuses. » Les auteurs du factum in-
vitent donc la Chambre à donner, à
la France une Constitution qui "te.}
fasse vivre libre sous Henri V, « sous ce
prince auguste qui est prêt à tout lui sa-
crifier fors l'honneur.» Ils terminent par
un appel aux princes d'Orléans qui in-
dique le bout de l'oreille fusionnistc
« Il n'y a pas deux familles royales,
il n'y en a qu'une et toute famille n'a
qu'un chef. Les princes d'Orléans n'ont
pas oublié que Louis-Philippe, leur père
et leur aïeul, quelques jours avant de
mourir, recommandait à ses fils de ré-
tablir l'union dans la maison de Fran-
ce. » Cotte pétition n'est, comme on voit,
que le résumé de tous les lieux com-
muns monarchiques qui traînent depuis
tantôt dix-huit mois dans les journaux
du parti. Le Monde voudra bien sans
doute nous tenir au courant de ses des-
tinées et nous apprendre combien elle
aura recueilli de signatures. Comme in-
dice des mouvements auxquels on se
livre dans le parti légitimiste, il faut en
rappocher la nouvelle donnée par l'U-
nivers que M. le comte de Chambord est
actuellement à Brégenz, sur le lac de
Constance, et que plusieurs députésdela
droite iront lui présenter leurs hommages
avant leur rentrée en session. Mention-
nons aussi la réponse que le prétendant
vient defaire à une adresse qui lui avait
été envoyée du Gard, et que publie la Ga-
zelle de Nîmes. Cette lettre n'offre rien de
particulièrement remarquable et ne ren-
ferme que de vagues généralités, mais
elle témoigne de l'activité qu'on déploie
dans le camp monarchique.
Les journaux bonapartistes publient
la correspondance échangée entre le
procureur général et le prince Napoléon,
à l'occasion de la plainte dirigée par ce
dernier contre les auteurs de soir expul-
sion nous la reproduisonsplus loin. Dans
sa réponse au chef du parquet, le prince,
éconduit par ce fonctionnaire qui le ren-
voie à l'Assemblée nationale, annonce sa
résolution d'épuiser tous les degrés de
juridiction et de ne pas se fatiguer do
cette lutte inégale. Il a évidemment l'in-
tention de faire beaucoup de bruit, mais
.il ne réussira pas à vaincre l'indifférence
de l'opinion publique. On sait ce que nous
pensons des mesures exceptionnelles;
mais, ainsi que nous l'avons déjà dit, s'il
est dos hommes qui ont, en notre pays,
mauvaise grâce à s'abriter derrière le
droit commun et surtout à. prétendre
l'incarner en eux, ce sont ceux qui ont
dans leur bagage les souvenirs du 18
brumaire et du 2 décembre, sans parler
de l'exécution du duc d'Enghien, et de
tant d'autres ontrages aux libertés
publiques.
♦
DEPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
SERVICE HAVAS-BULLIER
Luxembourg.
Luxembourg', G novembre.
L'ouverture de la Chambre a été faite par le
tes, d'un morceau de chester, le tout ar-
rosé de quelques tasses d'un thé spéciale-
ment recueilli pour l'office du Reform-
Club.
A midi quarante-sept, ce gentleman se
leva et se dirigea vers le grand salon,
somptueux « hall » orné de peintures ri-
chement encadrées. Là, un domestique lui
remit le Times non coupé, dont Phileas
Fogg opéra le laborieux dépliage avec une
sûreté de main qui dénotait une grande
habitude de cette difficile opération. La
lecture de ce journaloccupa Phileas Fogg
jusqu'à trois heures quarante-cinq, et celle
du Daily Teîegraph, qui lui succéda,
dura jusqu'au dîner. Ce repas s'accomplit
dans les mêmes conditions" que le déjeu-
ner avec adjonction de « royal biïtish
sauce ».
A huit heures moins vingt, le gentleman
reparut dans le grand salon et s'absorba
dans la lecture du Morning Chronic/e.
Une demi-heure plus tard, divers habi-
tués du Reform-Club faisaient leur en-
trée et s'approchaient de la cheminée où
brûlait un feu de houille. C'étaient les
partenaires habituels de Mr. Phileas Fogg,
comme lui, enragés joueurs de whist
l'ingénieur Andrew Stuart, les banquiers
John Sullivan et Samuel Fallentin le
brasseur Thomas Flanagan, Gauthier
Ralph, un des administrateurs de la Ban-
que d'Angleterre, personnages riches et
considérés, mê.e dans ce club qui compte
parmi ses membres les sommités de l'in-
dustrie et de la finance,
« Eh bien! Ralph, demanda Thomas
Flanagan, où en est cette affaire de vol?
Eh bien, répondit Andrew Stuart, la
Banque en sera pour son argent.
J'espère, ,au contraire, dit Gauthier
Ralph, que nous mettrons la main sur
l'auteur du vol. Des inspecteurs de police,
gens fort habiles, ont été envoyés en Amé-
rique et en Europe, dans tous les princi-
paux ports d'embarquement et de débar-
quement, et il sera difficile à ce monsieur
de leur échapper.
jfais on a
prince Henri des Pays-Bas. Le prince a remer-
cié le pays des sympathies manifestées lors de
la mort de la princesse. Il a dit que la nationa-
lité luxembourgeoise, qui a semblé si souvent
menacée, a trouvé une nouvelle garantie dans
la déclaration faite à la suite de la convention
du 11 juin dernier, par les puissances signatai-
res du traité de Londres, déclaration dans la-
quelle les puissances considèrent comme subsis-
tants toujours les engagements qu'elles ont con-
tractés par ce traité.
Etats-Unis..
Washington, 5 novembre.
Les républicains libéraux, partisans de AI. Ho-
race Greeley, l'ont emporté clans les élections de
l'Etat de Louisiane. M. Mae Every a été élu gou-
verneur à une majorité de 10,000 voix.
New-York, 5 novembre, soir.
M. Washburn, républicain, a été réélu gou-
verneur de Massachussets. MM. Hooper, Dawes,
Hoar, Buttler ont été réélus membres du Con-
grès. Qn croit que le général Banks sera battu
par M. Gooch.
M. Young, républicain, a été élu gouverneur
de l'Etat de Jowah; M. Osborn, républicain, a
été élu gouverneur du Kansas M. Bazlcv, répu-
blicain, a été élu gouverneur du Michigau M.
Oglesby, républicain, a été élu dans l'Illinois.
Beaucoup de démocrates s'abstiennent de vo-
ter. Très peu d'électeurs votent pour M. O'Con-
nor.
On croit que le général Grant aura 250 votes
électoraux, et une majorité de 400,000 voix.
New-York, 5 novembre, soir.
La ville et l'Etat de New-York se sont décla-
rés en faveur du général Grant avec une majo-
rité de 25,000 voix.
New-York, 5 novembre, soir.
La réélection du général Grant est assurée.
Les républicains l'ont emporté dans tous les
Etats du Nord.
La majorité en faveur du général Grant, à
New-York, est de 35,000 voix, et de 110,000 en
Pensylvanie.
Wasliington, 5 novembre.
Le général Grant a reçu une dépêche annon-
çant .que le résultat des "élections dans la Loui-
siane est tout à fait favorable aux républicains.
Les élections se sont passées ti anquillcment,
aujourd'hui, dans tous les EtaK Les résultats
connus jusqu'il présent indiquent de grandes
majorités en faveur du général Grant.
Les républicains ont triomphé dans les Etats
de New-Hamphire, Rhodo Island et New-York.
Il est probable que l'Etat de Massachussets
n'enverra que des membres républicains au Con-
grès, avec une majorité de 11,000 voix.
j
Angleterre.
Londres, 5 novembre, soir.
Lord Granville et le chargé d'affaires de France
ont signé aujourd'hui le traité de commerce. La
Uazellu of/iciclle le publiera probablement ven-
dredi.
La Bourse de Londres sera fermée samedi pro-
chain, à l'occasion de l'installation du lord-
maire.
Autriche.
Vienne, 5 novembre, soir.
Les Diètes provinciales ont été ouvertes au-
jourd'hui. Le gouvernement' a présenté dans
toutes un projet relatif à l'établissement des
juges de paix.
Dans les Diètes de Moravie et de la Bukowi-
ne, les députés fédéralistes étaient absents.
Dans celle du Tyrol, les députés du Trentin
étaient également absents.
Dans la Diète de Gallicie, il n'a pas été pré-
senté de proposition d'adresse. Dans la Diète do
la .Basse-Autriche, une proposition a été faite
demandant au gouvernement de diriger la ré-
forme électorale dans le sens des élections di-
rectes au Roi hsrath. Dans la Diète de Bohème,
une proposition a été présentée demandant la
nomination d'une commission pour effectuer les
réformes nécessaires dans la loi électorale pour
la Diète de Bohème.
Turquie.
1 Constantinople, C novembre, soir.
Dans une audience que le sultan a donnée sa-
medi ii M. Elliot, ambassadeur d'Angleterre, Sa
Majesté a déclaré qu'il n'avait aucune intention
de rappeler Mahmoud au pouvoir.
Espagne. • v>
Madrid, 5 novembre, soir.
Un manifeste de députés constitutionnels, si-
gné par l'amiral Topete, le maréchal Serrano et
tous les anciens ministres du parti, déclare
qn'ils sont solidaires du cabinet Sagasta, et pro-
teste contre l'illégalité de la dernière dissolution
des Cortès.
Le Congrès a pris en considération les propo-
sitions de M. Orenze demandant la suppression
des loteries et la réduction du nombre des mi-
nistres il cinq. Il a repoussé diverses proposi-
tions du même député demandant l'abolition des
monopoles du tabac, du papier timbré, la sup-
pression des classes passives, des directions mi-
litaires, de la présidence des tribunaux, des ar-
senaux, des fabriques, des armes, des comman-
dements maritimes. M. llomero Giron a été élu
vice-président par 159 voix contre 108 obtenues
'1
leur? demanda Andrew Stuart.
D'abord, ce n'est pas un voleur, répon-
dit sérieusement Gauthier Ralph.
Comment? ce n'est pas un voleur, cet
individu qui a soustrait pour cinquante
cinq mille livres de bank-notes (1 million
3i5,000 francs) ?
-Non, répondit Ralph.
C'est donc un industriel? dit John
Sullivan.
Le Morning Chroniele assure que c'est
un gentleman. »
Celui qui fit cette réponse n'était autre
que Phileas Fogg, dont la tête émergeait
alors du flot de papier amassé autour de
lui. En même temps, Phileas Fogg sa-
lua ses collègues, qui lui rendirent son
salut.
Le fait dont il était question, que les di-
vers journaux du Royaume-Uni discu-
taient avec ardeur, s'était accompli trois
jours auparavant, le 29 septembre. Une
liasse de bank-notes, formant l'énorme
somme de cinquante-cinq mille livres,
avait été prise sur la tablette du caissier
principal de la Banque d'Angleterre.
A qui s'étonnait qu'un tel vol eût pu
s'accomplir aussi facilement, le sous-gou-
verneur Gauthier Ralph se hornait à ré-
pondre qu'à ce moment même, le caissier
s'occupait d'enregistrer une recette de
trois shillings six pences|ot qu'on ne saurait
avoir l'œil à tout.
Mais il convient de faire observer ici
ce qui rend le fait plus explicable que
cet admirable établissement de Bank of
England parait se soucier extrêmement
de la dignité du public. Point de gardes,
point d'invalides, point de grillages L'or,
l'argent, les billets sont exposés librement
et pour ainsi dire à la merci du premier
venu. On ne saurait mettre en suspicion
l'honorabilité d'un passant quelconque. Un
des meilleurs observateurs des usages an-
glais raconte même ceci Dans une des
salles de la Banque où il se trouvait un
jour, il eut la curiosité de voir de plus
près un lingot d'or pesant sept à huit li-
vres,
~e. ~r. ,r,`. `~
par le marquis de Sardoal. Il y a eu 5 bulletins
blancs.
Portugal.
Lisbonne, 5 novembre
La Chambre des pairs a reçu une communi-
cation de M. Anjcja, protestant contre la con-
stitution de la Chambre des pairs en tribunal,
comme étant un acte illégal. Il fait ressor-
tir l'anomalie qu'on le convoque comme juge
dans une affaire où il est accusé.
M. Moraes Carvalho a été élu rapporteur. a
Le jour de la prochaine séance n'est pas indi-
qué.
Nous demandions l'autre jour, à pro-
pos du banquet de Bordeaux, en quoi
les intérêts conservateurs seraient mieux
garantis par une monarchie libérale
que par la république. « Ils auraient en
» face d'eux les mêmes adversaires, »
disions-nous, « et ils n'auraient d'alter-
» native que de discuter avec eux ou de
» les déporter; mais s'ils les dépro-
» taient, où serait la monarchie libé-
» raie? »
L' Univers nous répond
Où serait la monarchie libérale ? Mais
d'abord s'agit-il d'une monarchie libérale?
Nous en convenons avec le Temps, une
monarchie libérale, qui en serait réduite
à discuter avec ses adversaires (les radi-
caux), est aussi impossible qu'inutile; une
république libérale qui voudrait traiter
avec les communards, le serait, également.
Il n'y a pas de gouvernement libéral, il
n'y a que des gouvernements d'autorité,
aussi bien républiques que monarchies.
Tout gouvernement vit de loi, d'ordre et
de discipline ceux qui ont voulu essayer
du libéralisme sont tombés, témoin la Res-
tauration et l'Empire. La monarchie libé-
rale est une chimère, rêvée par des utopistes.
Les arguments du Temps contre elle peu-
vent être bons, mais ils ne valent rien
contre une restauration monarchique telle
que la désirent les vrais conservateurs.
Nous pourrions faire observer qu'il y
a dans le monde des monarchies libéra-
les, et que nous en voyons tout près de
nous, qui non-seulement supportent la
discussion, mais en vivent. Mais il ne
s'agit- pas de ce qui se passe ailleurs,
il s'agit de la France et de ce que
peut signifier la campagne monar-
chique si vivement poussée depuis
quelques jours. A ce point de vue, il
suffit de prendre acte des paroles de
Y Univers et de lui savoir gré de sa fran-
chise. La monarchie libérale, dit-il, est
une chimère c'est aux monarchistes
libéraux de Bordeaux à s'expliquer
avec lui et à le convertir, s'ils le peu-
vent. Nous doutons qu'ils y réussissent
et nous croyons qu'en lait, et en ce qui
touche la France, l'Univers a complète-
ment raison. Il faut repousser l'évi-
dence, il faut fermer les yeux à la lu-
mière du jour pour ne pas prévoir que
le rétablissement de la monarchie se-
rait accompagné de la plus .épouvanta-
ble réaction. Les forces libérales qui se
seraient engagées dans une telle entre-
prise se trouveraient annulées. A un
point de vue général et doctrinaire, le
libéralisme peut hésiter entre la mo-
narchie et la république mais, dans la
situation présente, il n'a pas le choix.
En se ralliant franchement à la répu-
blique et en y revendiquant sa place; il
a quelque chance de contenir les radi-
caux en épousant la monarchie, il a la
certitude d'être confisqué par l'absolu-
tisme. Telle est l'alternative.
Dans une lettre adressée au National,
M. Louis Blanc se prononce très expli-
citement pour la pondération des pou-
voirs, mais il combat à la fois l'institu-
tion d'une seconde Chambre et celle d'un
pouvoir exécutif assez fort, assez indé-
pendant d'origine pour faire contre-
poids à la toute-puissance d'une Assem-
blée unique. C'est au pouvoir judiciaire
qu'il voudrait confier le rôle de modé-
du caissier; il prit ce lingot, l'examina, le
passa à son voisin, celui-ci à un autre, si
bien que le lingot, de main en main, s'en
alla jusqu'au fond d'un corridor obscur, et
ne revint, qu'une demi-heure après, repren-
dre sa place, sans que le caissier eût seule-
ment levé la tête.
Mais, le 29 septembre, les choses ne se
passèrent pas tout à fait ainsi; la liasse
de bank-notes ne revint pas et quand la
magnifique horloge, posée au-dessus du
« drawing-office sonna à cinq heures la
fermeture des bureaux, la Banque d'An-
gleterre n'avait plus qu'à passer cinquante-
cinq mille livres par le compte de profits
et pertes.
Le vol bien et dûment reconnu, des
agents, des « détectives choisis parmi les
plus habiles, furent envoyés dans les prin-
cipaux ports, à Liverpool, à Glasgow, au
Havre, à Suez, à Brindisi, à New-
York, etc., avec promesse, en cas de suc-
cès, d'une prime de deux mille livres
(50,000 fr.) et cinq pour cent de la somme
qui serait retrouvée. En attendant les
renseignements que devait fournir l'en-
quête immédiatement commencée, ces in-
specteurs avaient pour mission d'observer
scrupuleusement tous 'les vo.yageurs en
arrivée ou en partance,
Or, précisément, ainsi que le disait le
Morning Chronic/e, on avait lieu de suppo-
ser que l'auteur du vol ne faisait partie
d'aucune des sociétés de voleurs d'Angle-
terre. Pendant cette journée du 29 sep-
tembre, un gentleman bien mis, de bonnes
manières, l'air distingué, avait été remar-
qué, qui allait et venait dans la salle des
payements, théâtre du vol. L'enquête avait
permis de refaire assez exactement le si-
gnalement de ce gentleman, signalement
qui fut aussitôt adressé à tous les détec-
tives du Royaume-Uni et du continent.
Quelques bons esprits-et Gauthier Ralph
était du nombre se croyaient donc fon-
dés à espérer que le voleur n'échapperait
pas,
Comme on le pense, ce fait était à l'or-
dre du jour à Londres et dans toute l'An*
rateur en lui permettant d'apprécier, au
point de vue de la légalité constitution-
nelle, les décisions législatives qu'il se-
rait requis d'appliquer, et de réduire à'
l'état de lettre morte celles qu'il juge-
rait irrégulières et oppressives. M. Louis
Blanc estime que cette innovation suffi-
rait pour prévenir et pour réprimer au
besoin les velléités dictatoriales d'une
Assemblée
« Vous croyez, dit-il, que je suis pour
le gouvernement d'une Assemblée sans
contre-poids vous vous trompez. Per-
sonne n'est plus frappé que moi des
dangers inhérents à l'exercice du pou-
voir absolu; et je ne connais rien de
plus à redouter qu'un despotisme irres-
ponsable. Mais ce n'est ni dans l'institu-
tion d'une seconde Chambre, ni dans
l'institution d'un président à vie ou tem-
poraire qu'il faut chercher une garantie
contre de tels périls. A mon sens, le vé-
ritable contre-poids serait dans l'établis-
sement d'un pouvoir judiciaire armé du
droit d'annuler en leur application par-
tielle les lois contraires à la Constitu-
tion. C'est ce qui existe aux Etats-
Unis. »
Nous craignons que l'honorable M.
Louis Blanc ne se fasse singulièrement
illusion sur la portée de l'analogie qu'il
emprunte à la Constitution amélicaine.
Sans parler des différences profondes
qui existent entre notre organisation ju-
diciaire et celle des Etats-Unis, du peu
de goût que nous avons, et non sans
raison, pour les tribunaux qui font de la
politique, de la nécessité qu'il y aurait,
avant de les'essayer à ce nouveau rôle,
de remanier de fond en comble leur per-
sonnel, leur mode de recrutement, leurs
traditions et leurs habitudes d'esprit,
sans parler, disons-nous, de cette révo-
lution judiciaire nécessairement lente
et laborieuse qui devrait précéder l'in-
novation politique, on peut se demander
si cette innovation aurait, au point de
vue de la pondération des pouvoirs, l'ef-
ficacité que M. Louis Blanc lui suppose.
Les Américains eux-mêmes ne le pen-
sent pas, et ils croient si peu que les
corps judiciaires, quels que soient leurs s
pouvoirs et leur autorité morale, puis-
sent suppléer une seconde Chambre,
qu'ils ont eux-mêmes un Sénat. Faut -il
relever à ce propos l'erreur de certains
publicistes qui ne veulent voir dans le
Sénat américain qu'une institution fé-
dérale, spécialement destinée à représen-
ter les Etats de l'Union, et qui perdrait
toute raison d'être dans l'hypothèse d'un
Etat unitaire?
Cette thèse est absolument inexacte,
et il suffit, pour l'écarter, d'observer
qu'il n'y a pas aux Etats-Unis un seul
Sénat, mais trente-huit, sur lesquels un
seul est fédéral. Les trente-sept autres
fonctionnent dans les différents Etats
de l'Union où ils sont partie intégrante
de la législature. Il est même très re-
marquable que ces nombreux Etats, dif-
férents d'origine et tous également li-
bres de constituer à leur guise leur
gouvernement intérieur, soient ainsi
tombés d'accord sur la nécessité d'une
double représentation.
C'.est donc bien l'idée politique et non
l'idée fédérale qui a accrédité aux Etats-
Unis le système des deux Chambres, et,
remarque fatale à la thèse de M. Louis
Blanc, cette idée fédérale, qui n'a rien
à voir avec l'institution des Sénats amé-
ricains, se retrouve précisément dans les
attributions judiciaires exceptionnelles
que réclame pour nous l'éminent publi-
ciste.
Les tribunaux fédéraux, qu'il a spé-
cialement en vue et, en première li-
gne, la cour suprême des Etats-Unis,
gleterre. On discutait, on se passionnait
pour ou contre les probabilités du succès
de la police métropolitaine. On ne s'éton-
nera donc pas d'entendre les membres du
Reform-Clnb traiter la même question,
d'autant plus que l'un des sous-gouver-
neurs de la Banque se trouvait parmi
eux.
L'honorable Gauthier Ralph ne voulait
pas douter du résultat des recherches, es-
timant que la prime offerte devrait singu-
lièrement aiguiser le zèle et l'intelligence
des agents. Mais son collègue, Andrew
Stuart, était loin de partager cette con-
fiance. La discussion continua donc entre
les gentlemen qui s'étaient assis à la table
de whist, Stuart devant Flanagan, Fallen-
pin devant Phileas Fogg. Pendant le jeu,
les joueurs ne parlaient pas, mais entre
les robbres, la conversation interrompue
reprenait de plus belle.
« Je soutiens, dit Andrew Stuart, que
les chances sont en faveur du voleur qui
ne peut manquer d'être un habile hom-
me 1,
Allons donc! répondit Ralph, il n'y a
plus un pays dans lequel il puisse se ré-
fugier.
Par exemple.
Où voulez-vous qu'il aille?
Je n'en sais rien, répondit Andrew
Stuart; mais, après tout, la terre est as-
sez vaste.
Elle l'était autrefois. » dit à mi-voix
Phileas Fogg; puis « à vous de couper,
monsieur, ajouta-t-il en présentant les
cartes à Thomas Flanagan.
La discussion fut suspendue pendant le
robbre. Mais bientôt, Andrew Stuart la re-
prenait, disant
« Comment, autrefois! Est-ce que la
terre a diminué, par hasard?
Sans doute, répondit Gauthier Ralph;
je suis de l'avis de Mr. Fogg. La terre a
diminué puisqu'on la parcourt maintenant
dix fois plus vite qu'il y a cent ans. Et
c'est ce qui, dans le cas dont nous nous
occupons, rendra les recherches plus ra-
pides.
sont, en effet, dans une certaine me-
sure, les gardiens de la Constitu-
tion en cas de désaccord entre cette
Constitution et la loi, c'est la première
qu'ils appliquent de préférence à la se-
conde, mais il ne faut pas oublier que
la Constitution des Etats-Unis est avant
tout un contrat, un acte d'association
entre des Etats qui n'ont pas aliéné leur
autonomie et qui ont le droit de la dé-
fendre contre l'autorité fédérale cen-
trale. Toute loi qui étendrait le pacte à
des cas qu'il n'a pas prévus, toute me-
sure législative qui modifierait le con-
trat sans la participation des intéressés,
serait donc, et avec raison, non avenue
pour les tribunaux fédéraux spéciale-
ment chargés de maintenir l'intégrité
de ce pacte. Sans doute leur interven-
tion serait également licite s'il s'agis-
sait d'infractions commises par la légis-
lature de l'Etat ou de l'Union aux lois
fondamentales qui garantissent les droits
privés, mais ce n'est là qu'un aspect
très secondaire de l'institution la puis-
sance reconnue donnée au magistrat
américain tend réellement beaucoup
moins à protéger le citoyen contre les
excès de pouvoir du législateur qu'à
protéger les membres de l'Union contre
les empiétements du pouvoir fédéral.
Il résulte aussi de cette observation
que la distinction est beaucoup plus
I,LQW 1W cit A.m'1-jLi~ ~tt'~U~t~ )-ut.
jamais l'être en France eutre la Consti-
tution et les lois, entre le pouvoir- con-
stituant et le pouvoir législatif. La Con-
stitution de l'Union est, à proprement
parler, l'acte de société des Etats réu-
nis par le lien fédéral il émane d'un
pouvoir spécial absolument distinct du
pouvoirfCégïslatif; et qui lui est hiérar-
chiquement supérieur aussi est-il tou-
jours facile de discerner les stipulations
fondamentales de l'acte constitutionnel
des lois que produit chaque année la
législature de l'Union ou celle des dif-
férents Etats. En France, au contraire,
la distinction est loin d'être aussi nette!
et beaucoup d'excellents esprits en sont
même à se demander s'il v a lieu de la
maintenir théoriquement," alors que le
discrédit mérité des scrutins plébisci-
taires l'ont déjà condamnée dans la pra-
tique. En fondant sur cette distinction
son fragile système de pondération des
pouvoirs, M. Louis Blanc préjuge né-
cessairement cette question; il la pré-
juge dans le sens le moins sûr, et tout
s'écroulerait si le pays, désabusé des
plébiscites et peu disposé à maintenir la
distinction artificielle des Assemblées
constituantes et des Assemblées légis-
latives, remettait à la même autorité le
droit de pourvoir aux lois fondamenta-
les, aux lois organiques et aux autres
branches de la législation.
Enfin, si par impossible, on pouvait
passer -outre à de telles objections, il
resterait toujours la question d'effica-
cité de l'expédient proposé.
Comment le pouvoir judiciaire, sub-
divisé en tant de juridictions, obligé d'at-
tendre, pour trancher les questions,
qu'on les lui défère par un procès, in-
capable d'ailleurs de statuer comme au-
trefois par « arrêts de règlement», et
obligé de limiter aux parties en cause
les effets de sa décision, courrait-il op-
poser un sérieux contre-poids à la dicta-
ture d'une Assemblée? Et a supposer
qu'il puisse, par ce moyen, atteindre
des lois vraiment funestes, comment
pourrait-il agir sur les résolutions tout
aussi dangereuses par lesquelles une
Assemblée unique engagerait les finan-
ces du pays ou son action diplomatique*
L'expédient proposé par M. Louis
sous l'inspiration trop peu réfléchie des.
voTeifr I1'611^ facile ^Si la fuite du
voleur!
di™Ia^0Uer'manSieui>Stu-^ n
dit I'ltileas Fogg,
vSu eu??11!'8 Stuart n'était pas con-
vaincu, et la partie achevée °
« Il faut avouer, monsieur Ralph, reprit-
il, que vous avez trouvé là une manière
plaçante de dire que la terre a diminue!
Ainsi parce qu'on en fait maintenant le
tour en trois mois.
m~i E° ?uatl'e-vnigts jours seulement, dit
Phileas Fogg.
En en'et, messieurs, ajouta John Sul-
livan, quatre-vingts jours depuis que la
section entre Rothal et Allahabad a été
ouverte sur le « Great-Indian peninsular
railway» et voici le calcul établ par e
Mornwg Çhromcfc
De Londres à Suez par le mont Cents et
Brindisi, railways et paquebots. 7 jours
De Suez à Bombay, paquebot. 13
De Bombay à Calcutta, rail-
way. 3
De Calcutta à Hong'-Kong-
(dune), paquebot. 12
De Hong-Kong à Yokohama
(Japon), paquebot. 6'
De Yokoliama à San Fran-
cisco, paquebot. 22
De San Francisco à New-
York,railway. 7
De New-York à4,ondi-(,,s, pa- .,1
quebotetrailway. 10
Total. 80 jours.
Oui, quatre-vingts jours, s'écria An-
drew Stuart, qui, par inattention, coupa
une carte maîtresse, mais non compris le
mauvais temps, les vents contraires les
naufrages, les déraillements, etc.
Tout compris, répondit Phileas Fogg,
en continuant de jouer, car, cette fois, la
discussion ne respectait plus le whist
Même si les Indous ou les Indiens en-
Itvènt les rails! décria Andrew -Stuart,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 68.69%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 68.69%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"Le Briard : journal républicain, organe des intérêts de la Brie ["puis" journal régional ... "ou" journal de la démocratie] /ark:/12148/bd6t53936607d.highres L'Union bourguignonne : ["puis" journal de Dijon] : paraissant les mercredis, vendredis et dimanches ["puis" paraissant tous les jours, les dimanches et les jeudis exceptés "puis" paraissant les lundi, mardi, mercredi, vendredi et samedi] /ark:/12148/bd6t526290287.highresFrance-Japon France-Japon /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "FranceJp0" Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
- Auteurs similaires Nefftzer Auguste Nefftzer Auguste /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Nefftzer Auguste" or dc.contributor adj "Nefftzer Auguste")Hébrard Adrien Hébrard Adrien /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Hébrard Adrien" or dc.contributor adj "Hébrard Adrien")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k225187z/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k225187z/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k225187z/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k225187z/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k225187z
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k225187z
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k225187z/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest