Titre : La Revue des beaux-arts : peinture, sculpture, architecture, gravure, musique, renseignements artistiques, expositions, concours : gazette hebdomadaire fondée en 1830 / dir. Henri Revers
Auteur : Union provinciale des arts décoratifs (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1909-12-01
Contributeur : Revers, Henry. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858203k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2009 Nombre total de vues : 2009
Description : 01 décembre 1909 01 décembre 1909
Description : 1909/12/01 (SER3,N130)-1909/12/31 (SER3,N133). 1909/12/01 (SER3,N130)-1909/12/31 (SER3,N133).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k120076b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-50380
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/09/2008
N" 130 (3e Série) DIMANCHE 5 DÉCEMBRE 1909.
Ue N° 25 Centimes
LA REVUE DES
peinture Sculpture (Architecture j J
gravure Musique l
^ONNIiMENTS j Edition ordinaire 10 fr. "T
PEANCE I Edition de luxe 2O fr.
L'édition de ida-f contient chaque semaine
des reiiroiliirlion* de nntitrea, hors texte.
ÉTEANG-EH • 20 fr. et 30 Ir.
n ..·r
&ENRY RE"ERS no t RÉDACTION: Jeudi et Samedi, 4 h. à 6 h. (Ad ° ° t t GE'RGES RENE
fiENRV REVERS, Directeur 'SECRÉTARIAT: Lnndi.et Mercredi 2 à4 b. Administrateur, GECR6ES RENE
Le Mystère de la Peinture
II n'est pas accepté d'abonnements pour nue t
durée moindre d'une tuilier, mais le jtaienient
peut rire eUcctué trimestriellement.
BUREAUX A LONDRES Piccndilly-W
1
Mettons à part les peintres, du moins
ceux chez lesquels on trouve non seule-
ment du talent, mais encore une cons-
cience claire des procédés dont ils se
ser vent; mettons a part la bande des fins
renards qui est composée de collection-
neurs et d'experts; et aussi les rares
critiques d'art qui ne sont pas des littéra-
teurs déguisés. Après ces éliminations,
on peut se demander si à Paris, où les
expositions de peinture sont si nombreu-
ses et attirent tant de foule, et une foule
payante, il existe seulement deux cents
personnes qui sachent distinguer un bon
tableau d'une croûte, qui se rendent
compte surtout en quoi, pour quelle rai-
son, une peinture est supérieure à une
autre. Je parie que si demain on mettait
en vente, dans un magasin du boulevard
des Italiens, au prix de cent francs, un
Rembrandt inconnu, personne, sauf des
professionnels (peintres, experts ou cri-
tiques) n'offrirait de l'acheter.
Tout ceci est dit simplement pour sou-
ligner le contraste remarquableet plaisant,
qui existe entre le goût pour la peinture,
qui est aujourd'hui si répandu, et l'impuis-
sance des gens à la comprendre. Nous
parlons ici, bien entendu, de la peinture
comme expression des formes, des cou-
leurs, des lumières, et non comme moyen n
de représenterdes sujets ou des anecdotes.
Il est bien évident que toutes les per-
sonnes un peu cultivées savent compren-
dre le sujet d'un tableau, goûter la res-
semblance d'un portrait, le piquant d'une
scène de genre, la curiosité d'une recons-
titution historique, le drame d'un tableau
de bataille c'est le sujet seul qui attire
la foule et la retient; on peut s'en rendre
compte aux expositions en voyant l'écra-
sement des visiteurs devant certaines toi-
les, où il se passe quelque chose. Mais les
peintres ont l'habitude d'opposer au sujet
le morceau et quoique cette dernière
expression soit de sens étroit, elle sup-
pose bien qu'il existe un art pictural qui
a sa valeur propre et complètement indé-
pendante du sujet traité et pouvant même
se passer de tout sujet. Le public ne
comprend rien au morceau.
Devons-nous demander aux peintres de
nous expliquer le morceau? Sans doute,
nous nous ferons un devoir d'affirmer
qje, malgré les divergences d'école, de
modes, de temps et de tempérament, des
peintres réussissent assez bien à se mettre
d'accord sur la valeur de certaines pein-
tures. Les Rembrandt sont beaux d'une
beauté absolue qui rayonne pour tous; et
les jugements des gens compétents, des
professionnels seront tout aussi concor-
dants sur des toiles de valeur moindre.
Ce n'est donc pas simple affaire de fan-
taisie m de suggestion. Certainement, il
existe un critérium de la beauté picturale.
Mais nous constatons que les peintres ne
réussissent pas, le plus souvent, à nous
donner une description claire, logique, et
vraiment scientifique de ce critérium.
Quand ils font de la critique d'art, ils ne
sont pas beaucoup moins littéraires que.
des littérateurs témoin Fromentin: et de
plus, ils sont souvent plus nerveux, plus
absolus, plus injustes, plus sectaires, et
surtout moins compréjiensifs, ce qui est
leur droit de créateurs. Quand ils ensei-
gnent, ils ne jugent guère que sur'la
qualité de l'impression ressentie, et non
les moyens àemployer pourobtenirl'effct;
quant à 1 impression ils ne la décrivent
que d'une manière ou très banale ou très
littéraire. « Ce n'est pas assez naïf.- C'est
sec. C'est dur. – C'est creux. Ça
n'est pas sensible. – Cette peinture man-
que d'air. Ça n'est pas de la chair.
C'est lourd, c'est vulgaire. Ça y est.
Ça n'y est pas. »
Le meilleur procédé d'enseignement
serait de travailler longtemps et sincère-
ment devant des élèves attentifs, en leur
GAZETTE HEBDOMADAIRE
jPoaxdLée en 1S3O
expliquant par un commentaire précis, la
raison de tous les gestes. Y a-t-il beaucoup
de maîtres qui consentent à payer ainsi de
leur personne et à dévoiler sans réticence
leurs méthodes de travail les plus person-
nelles, les plus intimes, celles qu'ils ont
imaginées, qui sont leur œuvre, lu raison
de leur succès? Quelques-uns refusent
même de laisser voir leurs ébauches, car
une ébauche est une confidence; et le
regard curieux qu'on y jetterait leur paraît
aussi coupable que l'acte de violer le
secret d'une lettre.
Quant aux critiques d'art, nous ne pou-
vons pas espérer qu'ils nous donneront
les renseignements que les peintres nous
refusent. La lecture de leurs articles et de
leurs salons nous renseigne sur les goûts
du jour ou les maîtres qui se vendent;
mais les questions-hautes de technique et
de philosophie n'y sont point traitées.
C'est que d'une part, beaucoup de criti-
ques d'art n'ont jamais touché a un pin-
ceau, et malgré l'intelligence la plus péné-
trante il est difficile de comprendre un
art dont on n'a pas essayé soi-même les
opérations; d'autre part, ceux qui pour-
raient parler le plus savamment de ces
choses sont obligés de se mettre à la por-
tée d'un public ignorant, sous peine de
n'être pas lus, or, quand on est ignorant,
on ne peut comprendre qu'une chose, la
littérature. Mais ici faire de la littérature
c'est tricher.
Essayons, pour notre part, de tricher
le moins possible.
Les pages qu'on va lire sont une intro-
duction à une étude plus complète, et
rigoureusement expérimentale que nous
avons l'ambition de faire sur quelques
maîtres contemporains. Il nous a semblé
qu'avant de les interroger, il faut avoir
quelques idées des questions àleurposer.
En écrivant notre introduction nous nous
sommes mis fréquemment au point de
vue de l'amateur, qu'un goût très vif porte
vers la peinture, et qui désire ne pas
rester devant une toile sans la compren-
dre, comme un chien qui écoute avec
intérêt le tic-tac d'une montre. Du reste,
l'éducationartistique répond actuellement
à une préoccupation générale, puisqu'on
parmi pan nu la Août
Georges DRACK, Secrétaire
REDACTION 29, Rue de Paradis, PARIS
Téléphone -a-SS-eO
BEAUX-ARTS
Renseignements (Artistiques
.Expositions Concours
L'abonnement est renouvelé de plein doit, faute de pré-
venir par lettre avant l'expiration. Les règlements trimestriels
doivent être adi-csssês en mandais à l'administration, au cas la
contraire les frais de revoiwrenient (50 centimes) sont à la
charge de l'abonné. l/uboiinement part invariablement des
1" Janvier, ?•* Avril. J- Juillet et 3B- Octobre. La Revue lie
parait pas du 15 Août â {In Septembre-
Ue N° 25 Centimes
LA REVUE DES
peinture Sculpture (Architecture j J
gravure Musique l
^ONNIiMENTS j Edition ordinaire 10 fr. "T
PEANCE I Edition de luxe 2O fr.
L'édition de ida-f contient chaque semaine
des reiiroiliirlion* de nntitrea, hors texte.
ÉTEANG-EH • 20 fr. et 30 Ir.
n ..·r
&ENRY RE"ERS no t RÉDACTION: Jeudi et Samedi, 4 h. à 6 h. (Ad ° ° t t GE'RGES RENE
fiENRV REVERS, Directeur 'SECRÉTARIAT: Lnndi.et Mercredi 2 à4 b. Administrateur, GECR6ES RENE
Le Mystère de la Peinture
II n'est pas accepté d'abonnements pour nue t
durée moindre d'une tuilier, mais le jtaienient
peut rire eUcctué trimestriellement.
BUREAUX A LONDRES Piccndilly-W
1
Mettons à part les peintres, du moins
ceux chez lesquels on trouve non seule-
ment du talent, mais encore une cons-
cience claire des procédés dont ils se
ser vent; mettons a part la bande des fins
renards qui est composée de collection-
neurs et d'experts; et aussi les rares
critiques d'art qui ne sont pas des littéra-
teurs déguisés. Après ces éliminations,
on peut se demander si à Paris, où les
expositions de peinture sont si nombreu-
ses et attirent tant de foule, et une foule
payante, il existe seulement deux cents
personnes qui sachent distinguer un bon
tableau d'une croûte, qui se rendent
compte surtout en quoi, pour quelle rai-
son, une peinture est supérieure à une
autre. Je parie que si demain on mettait
en vente, dans un magasin du boulevard
des Italiens, au prix de cent francs, un
Rembrandt inconnu, personne, sauf des
professionnels (peintres, experts ou cri-
tiques) n'offrirait de l'acheter.
Tout ceci est dit simplement pour sou-
ligner le contraste remarquableet plaisant,
qui existe entre le goût pour la peinture,
qui est aujourd'hui si répandu, et l'impuis-
sance des gens à la comprendre. Nous
parlons ici, bien entendu, de la peinture
comme expression des formes, des cou-
leurs, des lumières, et non comme moyen n
de représenterdes sujets ou des anecdotes.
Il est bien évident que toutes les per-
sonnes un peu cultivées savent compren-
dre le sujet d'un tableau, goûter la res-
semblance d'un portrait, le piquant d'une
scène de genre, la curiosité d'une recons-
titution historique, le drame d'un tableau
de bataille c'est le sujet seul qui attire
la foule et la retient; on peut s'en rendre
compte aux expositions en voyant l'écra-
sement des visiteurs devant certaines toi-
les, où il se passe quelque chose. Mais les
peintres ont l'habitude d'opposer au sujet
le morceau et quoique cette dernière
expression soit de sens étroit, elle sup-
pose bien qu'il existe un art pictural qui
a sa valeur propre et complètement indé-
pendante du sujet traité et pouvant même
se passer de tout sujet. Le public ne
comprend rien au morceau.
Devons-nous demander aux peintres de
nous expliquer le morceau? Sans doute,
nous nous ferons un devoir d'affirmer
qje, malgré les divergences d'école, de
modes, de temps et de tempérament, des
peintres réussissent assez bien à se mettre
d'accord sur la valeur de certaines pein-
tures. Les Rembrandt sont beaux d'une
beauté absolue qui rayonne pour tous; et
les jugements des gens compétents, des
professionnels seront tout aussi concor-
dants sur des toiles de valeur moindre.
Ce n'est donc pas simple affaire de fan-
taisie m de suggestion. Certainement, il
existe un critérium de la beauté picturale.
Mais nous constatons que les peintres ne
réussissent pas, le plus souvent, à nous
donner une description claire, logique, et
vraiment scientifique de ce critérium.
Quand ils font de la critique d'art, ils ne
sont pas beaucoup moins littéraires que.
des littérateurs témoin Fromentin: et de
plus, ils sont souvent plus nerveux, plus
absolus, plus injustes, plus sectaires, et
surtout moins compréjiensifs, ce qui est
leur droit de créateurs. Quand ils ensei-
gnent, ils ne jugent guère que sur'la
qualité de l'impression ressentie, et non
les moyens àemployer pourobtenirl'effct;
quant à 1 impression ils ne la décrivent
que d'une manière ou très banale ou très
littéraire. « Ce n'est pas assez naïf.- C'est
sec. C'est dur. – C'est creux. Ça
n'est pas sensible. – Cette peinture man-
que d'air. Ça n'est pas de la chair.
C'est lourd, c'est vulgaire. Ça y est.
Ça n'y est pas. »
Le meilleur procédé d'enseignement
serait de travailler longtemps et sincère-
ment devant des élèves attentifs, en leur
GAZETTE HEBDOMADAIRE
jPoaxdLée en 1S3O
expliquant par un commentaire précis, la
raison de tous les gestes. Y a-t-il beaucoup
de maîtres qui consentent à payer ainsi de
leur personne et à dévoiler sans réticence
leurs méthodes de travail les plus person-
nelles, les plus intimes, celles qu'ils ont
imaginées, qui sont leur œuvre, lu raison
de leur succès? Quelques-uns refusent
même de laisser voir leurs ébauches, car
une ébauche est une confidence; et le
regard curieux qu'on y jetterait leur paraît
aussi coupable que l'acte de violer le
secret d'une lettre.
Quant aux critiques d'art, nous ne pou-
vons pas espérer qu'ils nous donneront
les renseignements que les peintres nous
refusent. La lecture de leurs articles et de
leurs salons nous renseigne sur les goûts
du jour ou les maîtres qui se vendent;
mais les questions-hautes de technique et
de philosophie n'y sont point traitées.
C'est que d'une part, beaucoup de criti-
ques d'art n'ont jamais touché a un pin-
ceau, et malgré l'intelligence la plus péné-
trante il est difficile de comprendre un
art dont on n'a pas essayé soi-même les
opérations; d'autre part, ceux qui pour-
raient parler le plus savamment de ces
choses sont obligés de se mettre à la por-
tée d'un public ignorant, sous peine de
n'être pas lus, or, quand on est ignorant,
on ne peut comprendre qu'une chose, la
littérature. Mais ici faire de la littérature
c'est tricher.
Essayons, pour notre part, de tricher
le moins possible.
Les pages qu'on va lire sont une intro-
duction à une étude plus complète, et
rigoureusement expérimentale que nous
avons l'ambition de faire sur quelques
maîtres contemporains. Il nous a semblé
qu'avant de les interroger, il faut avoir
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