Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1928-01-11
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 janvier 1928 11 janvier 1928
Description : 1928/01/11 (A44,N15494). 1928/01/11 (A44,N15494).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t543857p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
La Dé
LE PETIT ALGERIEN
44 e ANNEE P»
N» 15494 JO “ n!
ABONNEMENTS : 8 mois. 6 mois. 1 an.- ♦ ___ _ f liMJk —*-
Al»r Algérie si fp «i h fp g-, f, a AIiMliiJIOTD A TI fil! FT orniPTIMI « ANNONCES A Rrn àMC* ....
France, Tunisie, Maroc. 24 fr! » 47 fr! 90 fr ♦ HülilImO IIIH1 lün CI ntUHblIUÜ ♦ «...
Etranger 48 fr. « 95 fr! 185 fr! î 9, BoiïliSVard Lalerrîère ALGER i ALGER : Agence Africaine, 57, rue d'Ialy téléphone : 4.39)
Envoyer a fr. 50 pour chaque changement d’adresse. % téléphoné ■ * ns rmmue* dosta..* . ♦ ?AI»1S Agence Africaine, rue des Filles Saint-Thomas. 3-
Les Abonnements partent des 1« et 15 de chaque mois, I TELEPHONE. 1.02 CHEQUES POSTAUX . 20.21 f El dan3 les prmcip aies Agences de France et de l’Etraagei
MERCREDI II JANVIER 1928
Soiieiin ju Jour
(De notre rédacteur parisien)
LA RENTRÉE
Paris, 10 janvier.
Pendant qu'au Palais-Bourbon on
se demande avec effroi si quelques dé
putés communistes feront les mois de
prison auxquels ils ont été condam
nés, les Soviets nous montrent com
ment ils s'y prennent pour se débar
rasser d'une opposition gênants. Ah !
ils n'y vont pus de main morte, avec
des hommes qui ont été ministres,
comme Trutshy ; des ambassadeurs,
connue. Bakowskg et K amené f, ou
'grand chef de la troisième Internatio
nale, comme ZinoVief. Ils les envoient
réfléchir dans les steppes glacées de
là Sibérie, sur Ues beautés du régime
bolchevik.
Ce sont pourtant de véritables cri
mes contre la Patrie, qu'ont commis
les Cachin, les Dorioi, les Vaillant-
Couturier. et. autres, et Vo-n. ne conté
prend pas vraiment qu'ôif. s’appitoy.e
sur le sort d'individus qui, s'ils étaient
les maîtres, n'hésiteraient pas à met
tre la France à feu et à sang.
Tant d'indulgence concerte.- Le
gouvernement a bien raison de poser
la question de confiance pour exiger
de la Chambre qu'elle prenne ses res
ponsabilités.
La, session parlementaire qui s'ou
vre aujourd'hui sera calme, c'est du
moins l'opinion générale et, par sur
croît, ejle sera courte. On prévoti
qu’elle prendra fin dans la première
quinzaine de mars, attendu, comme je
vous Pal fait- prévoir il y a deux ou
trois semaines, que le gouvernement
compte fixer au 22 avril la date des
élections générales.
M. Poincaré se. propose d'en exposer
le programme , au cours du grand dé
bat. annoncé sur sa politique de re
dressement monétaire, financier et
économique. Ce débat aura lieu, vrai
semblablement, au cours de la semai
ne prochaine.
On me dit que le président div Con
seil, après avoir justifié ce qu'il a fait
jusqu'ici, indiquera que la politique
'd'Union Nationale, inaugurée par lui
le 2:1 juillet 1926, doit. se poursuivre
pendant encore longtemps, au moins
trois ans.
Les élections -prochaines ne doivent
donc être qu'un épisode et nullement
vu terme* Ce qu'il faudra demander
aux électeurs, c'est qu'ils continuent
leur confiance aux élus qui ont ap
prouvé et soutenu cette politique, afin
qu'elle puisse être poursuivie sans en
combre, avec les mêmes hommes et
avec l’appui des mêmes groupements.
C’est, en somme, ce qu’a dit il y a
quelques mois M. Tardieu,' dans son
discours de Belfort. Il faut achever
l'œuvre commencée de redressement.
Ce doit être tout le programme de la
seconde moitié de la législature finis
sante : trêve des luttes des partis,
trêve de la politique pure.
C'est sur ce terra,if>, que sera mainte
nue la solidarité ministérielle. Les
hommes au pouvoir continueront à
écarter les problèmes qui divisent,
pour réaliser ceux qui unissent et qui
sont seuls de nature à restaurer la
prospérité nationale.
Ce programme ne manquera pas
d'obtenir l'adhésion de la majorité de
là Chambre. Toutefois, il ne faut nas
se dissimuler qu'il mécontentera l'ex
trême gauche, laquelle se compose des
communistes, des socialistes et, d'une
cinquantaine de radicaux-socialistes.
Tant pis pour eux, on se passera de
leiur concours.
L. Marcellin.
LÉGION D’HONNEUR
Ministère du travail, de l’hygiène,
de l’assistance et de la prévoyance
sociaie
Paris, 10 janvier. — Sont promus :
Au grade de commandeur :
M. Borderel Jean, président de la
Chambre Syndicale des entrepreneurs
de charpentes de Paris et de la Seine.
M. le docteur Brocq, médecin, des
hôpitaux à Paris.
Au grade d’officier :
M. le docteur Abadie Jean, chirur
gien en chef de l’hôpital d’Oran.
Le secret
de
Glozel
Les Inondations en Angleterre
La rivière Durent, à Hartford (Kent), grossie par ta fonte des neiges, a sou
dainement débordé de son lit et envahi Les rues de la ville, avant que les ha
bitants aient pu prendre des dispositions. L,es voitures des laitiers, pen
dant leur tournée matinale à Dartford.
Ceux qui le détiennent certainement,
• ce sont les Fradin père et fils, que
on voit sur notre instantané.
Les Adjoints Indigènes
flans les Municipalités d’Algérie
La proposition de loi
de M. Morinaud
est l’objet d’un rapport favorable
Paris, 10 janvier. — Au nom de
la commission de l’Algérie, M. Au
guste Brunet, député de la Réunion,
vient de présenter à la Chambre un
rapport favorable à l’adoption de la
proposition de M. Morinaud, ten
dant à instituer, dans les Conseils
municipaux de l’Algérie, un poste
d’adjoint indigène choisi parmi les
conseillers élus par les indigènes.
Dans son rapport, M. Brunet s’ex
prime ainsi :
La loi du 14 février 1919 a appelé
les indigènes de l’Algérie, non ci
toyens français, restant soumis par
conséquent à leur statut personnel, à
élire aux Conseils municipaux des
communes de plein exercice des re
présentants siégeant au même titre et
avec les mêmes droits que les mem
bres français de ces assemlbées.
La collaboration qui s’est ainsi ins
tituée entre les conseillers munici
paux citoyens français et les conseil
lers municipaux indigènes, a été des
plus heureuses. Aussi bien, permet-
elle d’une façon directe, aux collecti
vités indigènes participant par ses
mandataires qualifiés à l’administra
tion des villes, de faire valoir leurs
intérêts propres dans le cadre des in
térêts généraux de nos jeunes cités de
l’Afrique du Nord.
L’usage s’est même spontanément
établi dans certains grands centres de
vie municipale, à Alger, à Constanti-
ne, à Bougie, etc., de désigner un élu
indigène comme adjoint au maire,
Chargé de s’occuper spécialement des
questions intéressant les indigènes.
Or, le Conseil d’Etat a récemment dé
claré, à l’occasion d’une espèce qui
lui avait été soumise, que de pareilles
désignations étaient illégales, motif
pris de ce s qu’il . faut être citoyen
français pour pouvoir être élu maire
ou adjoint.
Le rapporteur rappelle qu’à la
suite de celte dteision, le: Conseil
municipal de Constantin^ a voté un
vœu en faveur de la proposition de
M. Morinaud, et il conclut :
La commission de l’Algérie estime
qu’il faut habiliter les élus indigènes,
participant déjà aux travaux des Con
seils municipaux et prenant leur part
de responsabilités dans la gestion com
munale, à remplir cette mission de
liaison indispensable entre leurs com
patriotes • et leurs coreligionnaires, et
les maires des communes urbaines
-auxquels incombe le soin de s’occuper
à la fois de tout ce qui concerne la
vie collective des français, des indigè
nes et des citoyens français, trouve
ront dans leurs adjoints indigènes des
conseillers avertis des intérêts et des
besoins de leurs ressortissants indi
gènes.
L’adjoint indigène ne pourra, bien
entendu, remplacer le maire ou l’ad
joint citoyen français. Son rôle est li
mité aux questions intéressant les in
digènes non citoyens. Cette réforme,
pour modeste qu’elle soit, réalise une
précieuse garantie en faveur de nos
sujets musulmans. D’autre part, en
ajoutant à la capacité de l’élu indi
gène, elle lui fournit le. moyen de
prendre une conscience plus immédia
te et plus complète de ses devoirs
dans la vie de la cité.
Le cas des députés
communistes en fuite
Paris, 10 janvier — Aux alentours
de la Chambre, à la suite de conféren
ces qui ont eu lieu dans la matinée
aux ministères de Ja justice et de l'in
térieur, diverses mesures ont été pri
sés au Palais-Bourbon, en prévision de
la venue de MM. Cachin, Vaillant-
Couturier, Marty, Doriot et Duclos,
oui, pour ne pas réintégrer la prison
de la Santé, se cachent depuis la clô
ture de la session extraordinaire.
A 11 heures, on a essayé les sonnet
tes d’alarme et la fermeture des gril
les. Tout a bien fonctionné. Un ser
vice discret de police surveille les alen
tours du Palais-Bourbon, avec ordre
d’arrêter les députés communistes, s’ils
se présentent à la grille ; mais ceux-
ci, au. courant sans doute des inten
tions du gouvernement, se sont bien
gardés de venir. Ils attendront sans
doute, avant de quitter leur retraite,
que la Chambre se soit prononcée sur
leur eas t
AD PAYS DES SOVIETS
Les « Besprisornyies », ou enfants
abandonnés
Paris, 10 janvier. — Dans le Ma
tin. (Henri de Korab) :
Cinquante petits monstres, couverts
de guenilles, les pieds enveloppés de
chiffons boueux, font la chasse aux
marchandes ; un autre groupe leur
coupe la retraite ; elle s sont cernées ;
elles lâchent leurs paniers en. gémis
sant, et pour échapper aux dizaines
de petites mains qui les aggripperit,
abandonnent leurs fichus de laine et
leurs « touloups » en peau de bique.
Ce cauchemar s’étend à toute la Rus
sie.
Il y a maintenant des « besprisor-
nyies' » dans chaque train partant vers
le" Sud ou ver s Ta Sibérie ; ils arrivent
de Moscou. Accrochés aux boggies ou
aux tampons, pendant le jour, ces gos
ses tragiques s’enhardissent la nuit,
rôdent dans les couloirs, se glissent
sous les banquettes, et il est constant
qu’.un voyageur, réveillé en sursaut,
aperçoive soudain dans une face cou
verte de suie et de saleté, les yeux
avides d’un « malgardé », qui cherche
à s’emparer de sa valise.
À une gare quelconque, sur l’ordre
d’un chef mystérieux, ils descendent
tous et se répandent dans la campa
gne. Les poulaillers et les potagers
sont alors mis au pillage. Habiles com
me de petites bêtes sauvages à échap
per aux poursuites, ils refont mille ki
lomètres et plus pour rentrer dans les
grandes villes.
Ils y retrouvent leurs lieux de réu
nion et leurs cercles dans les chan
tiers abandonnés, dans les sous-sols,
où, plus d’une fois, on les a surpris,
jouant aux cartes des sommes assez
fortes, se repassant des paquets de co
caïne chapardés dans quelque pharma
cie, se posant en protecteurs de leurs
petites compagnes intoxiquées, prosti
tuées et contaminées à l’âge de dix
ans.
C’est dans des repaires que les pe
tits vagabonds des grands chemins de
viennent de vrais bandits. Non con
tents de s’attaquer aux marchandes
au panier, de briser des vitrines et de
fouiller les passants, c’est, là qu’ils
complotent leurs crimes.
Le vice-consul d’Italie à Odessa, au
quel ses agresseurs, après l’avoir tué,
ont arraché ses dents en ,or, a été une
victime des « mal gardés ». Combien
sont-ils en Russie ? répond Mme
Kroupskaïa, la Veuve de Lenine.
Les chefs die l’opposition
sont déportés >
Berlin, 10 janvier — Le.« Berliner
Tageblatt » publie dans son édition du
province une’ information sensation
nelle de son, correspondant de Moscou.
La dépêche est datée du 5 ; elle aurait
ainsi été retardée de quatre, jours dans
la transmission: Aux termes' de cette
information, le Gùépéou a commencé
à déporter les chefs de l'opposition.
Trente d’entre eux ont reçu l’ordre de
se • tenir prêts à partir pour Arkhan-
gei (Russie asiatique) et pour la Sibé
rie Une douzaine d’exilés sont déjà
partis. Trotski, Radek, Rakowsky, Ka-
rnenev, Zinoviev et levdokimov seront
également déportés. Rakowsky va être
envoyé dans le gouvernement de Viat-
ka, à 500 kilomètres de toute voie fer
lée.
Parmi 1er, condamnés à la déporta
tion se trouvent également Smi-lga, qui
joua un rôle important dans la recons
titution de l’industrie russe ; Scrèbria-
kov, qui négocia la reprise des rela
tions économiques avec les Etats-
Unis ; le publiciste Sosnovsiky, et d’au
tres journalistes, et ceux ambassa
deurs, qui, naguère encore, représen
taient les Soviets à l'étranger, et en
fin l’ancien commissaire à l’intérieur
et exécuteur du tsar, Bieloborodov.
Le « Berliner Tageblatt » fait suivre
la dépêche de son correspondant d’un
long commentaire, en disant due ce
bannissement de trente personnalités
éminentes de l'opposition accentuera
les appréciations pessimistes sur la
situation politique actuelle de la Rus
sie .soviétique.
Conseil des Ministres
Paris, 10 janvier. — Les membres
du gouvernement se sont réunis, ce
matin, en Conseil, à l’Elysée, sous
la présidence de M. Gaston Dou-
mergue.
L’EXPORTATION DES CAPITAUX
Le président du Conseil,.ministre
des finances, a soumis à la signatu
re du Président de la République,
un décret suspendant l’application
de la loi du 3 avril 1918, sur l'ex
portation des captitaux et des lois
l’ayant modifiée ou complétée.
la CROIX DE GUERRE AUX ECOLES
D’AGRICULTURE * ET VETERINAIRES
Le Conseil a décidé d’accorder la
croix de guerre à l’école d’agricul
ture de Grignon et aux écoles natio
nales d’agriculture, l’insigne et le
diplôme devant être remis à i’Ecole
de Grignon.
Le Conseil a décidé également
d’accorder la croix de guerre aux
Ecoles nationales vétérinaires d’Al-
fort, de Lyon et de Toulouse.
ETAT-MAJOR DE LA MARINE
M. Georges Levgves, ministre de
la marine, a soumis à la signature
du Président de la République, un
décret nommant le vice-amiral Vio
lette, chef d’état-rnajor de la mari
ne, en remplacement du vice-amiral
Salaün, placé dans la 2° section du
cadre de l’état-major général de
l’armée navale, à compter du 13
janvier prochain.
CONSEIL SUPERIEUR DE LA MARINE
Le ministre de la marine a égale
ment fait signer un décret nommant
membres du Conseil supérieur de la
marine pour l’année 1928, le vice-
amiral Violette, chef d’état-major
général ; le vice-amiral Fatou, ins
pecteur général des forces mariti
mes de la Méditerranée ; le vice-
amiral Jehenne, inspecteur général
des forces maritiipes du Nord ; le
vice-amiral Doctieur, commandant
en chef de la première escadre ; le
vice-amiral Grandclément, comman
dant en chef de la 4 e région mari
time, et le vice-amiral Le Vavas-
seur, commandant en chef de la 2®
région.
LES SALAIRES DES CHEMINOTS
Le -.ministre' des travaux publics a
mis le Conseil au courant des ef
forts qu’il poursuit pour aboutir à
un accord sur la question des .sa
laires des cheminots.
LE PROCHAIN CONSEIL
Les ministres se réuniront en Con
seil de Cabinet, jeudi, et en Conseil
des ministres, vendredi.
LA RENTRÉE DU PARLEMENT
PI. Fernand Bouisson est reeiu président fle la Gttaiire
Chambre
La libe rté de s mers
C’est la clef de la politique
américaine
Paris, 10 janvier. — Dans 1’Action
Française (Jacques Bainville) :
Il v a dix ans que la liberté des
mers est la clef de la politique amé
ricaine. C’est pour la liberté des mers,
au temps de la guerre sous-marine à
outrance que les Etats-Unis étaient
intervenus contre l’Allemagne. M.
Lloyd Georges ayant, rayé la Liberté
des. mers des 14 points du Président
Wilson, eélui-ci revint en Amérique
comme un vaincu ; le Sénat rejeta le
traité 1 de Versailles et la S.D.N. Enfin,,
lorsque l’Angleterre se dégage du pro
tocole de Genève, c’est parce que le
blocus d’un agresseur risquerait de
la mettre .en conflit avec les Etats-
Unis lesquels continueraient à faire
du commerfte-avec le pays objet des
sanctions. Alors, les. anglais compren
nent tout de suite que les pactes con
çus par M. Kellogg, proscrivant la
guerre entre toutes les nations, deux
à deux, sans qu’une tierce puissance
soit mêlée à leurs conventions, aurait
pour effet d’empêcher même un sim
ple blocus comme celui que prévoyait
le covenant de Genève et, par consé
quent, de rétablir par voie indirecte
le point wilsonien de la. liberté des
mers, point que contredisait d’ail
leurs le covenant également wilso-
niens On dira que les anglais orfè
vres voient la mer partout ; mais leur
explication est assez satisfaisante.
reurs guerrières des nations et tout
progrès sembla définitivement ajour
né. Mais ceux que l’on appelait des
rêveurs, des utopistes, des philantro-
pes, des chiméristes ; ceux qui étaient
traités par les gens bien pensants de
rebelles, d’apostats, dfinternationalis-
tes, d’hommes sans patrie, de traîtres
à la nation persistèrent, inébranlable
ment, dans la lutte contre le fléau.
De 18G7 à 1907, cent dix Sociétés de
la .paix prirent naissance. L’institu
tion de la conférence internationale
se réunit les 19 et 30 juin et ce fut,
pour l’idée de l’arbitrage, un progrès
considérable. Ensuite fut créé le bu
reau international de la paix, siégeant
à Rerne.
Ces Congrès de paix eurent lieu, et
l’Institut du Droit International fut
fondé.
Les temps-sont venus pour l’avène
ment de la grande révolution pacifi
que. A la conférence de La Haye, la
circulaire, de Mouravieff, ministre des
affaires "étrangères de l’Empire Russe,
adressée le 1 er août 1898 à; tous les re
présentants et accrédités étrangers à
Saint-Pétêrsbourg, a été connue un
coup de tônùerre. Ainsi nous ; avons
assisté à : ce fait extraordinaire : le
plus' puissant monarque du monde,
l’empereur; ayant sous sa domination
absolue 120 millions d’hommes, re
connaît que la guerre est- un fléau et
que la paix armée est un fardeau écra
sant pour les peuples. Il déclare qu’il
faut faire triompher la grande con
ception de la paix universelle. Il ré
pète ce que les philosophes, les pen
seurs, les poètes ont clafiié dans . le
désert,- et sa voix est à l’unisson de
nos utopies, ainsi que Ta si justement
dit, hier, notre grand Ferdinand Buis
son, lé jeune laùréat du Prix Nobel.
.C’est le jour de l’ouverture de la
première conférence de La Haye, qu’a
commencé le régime du développe
ment, insuffisant, hélas ! pour empê
cher le cataclysme qui a bouleversé
le monde et qui a été le plus meur
trier, le plus destructeur qu’on ait ja
mais vu. v
Mais de là est née la place, le rôle
ténu par ]e§ représentants de 1a. Frân
ce à Genève et à Locarno, et. les ef
forts qu’ils ont faits, afin de poursui
vie T’œuvre deV conciliation mondiale
èt l’organisation de la paix.
Qui peu toublier leur lutte magnifi
que en faveur du désarmement f
Est-ce que de ious côtés ne- se por
duisent pas des faits démontrant les
progrès de la civilisation ?
LA CIVILISATION REPUBLICAINE
Et,' à ce propos, je crois nécessaire
indispensable, de résumer, en quel
ques phrases, ce que veut dire et doi
signifier le grand mot de « civilisa
lion » et comment la comprennent les
vrais républicains : Us la compren
rient, comme Turgot et Condorcet.
C’est pour eux le progrès évident,
dans le passé, et-nécessaire, dans l’a
venir.
Séance du 10 janvier .
La séance est ouverte, à 15 heu
res, sous la présidence de M. Pi
nard, doyen d’âge, assisté des six
membres les plus jeunes de l’as
semblée, en qualité de secrétaires
d’âge. Qei sont : MM. Calmon, La-
mazou-Betbeder, Contre, G. Ri
chard, A. Reynaud et Maupoil.
Le président déclare ouverte la
session ordinaire de 1928 et pronon
ce l’allocution suivante :
Discours du doyen d âge
Messieurs et chers collègues,
Aux derniers jours de ma' 84 e année,
j’ai encore le privilège et l’honriehr in
signe d’occuper pendant quelques ins
tants le siège du président'de la
Chambre des représentants du peuple
français. Représentant du peuple fran
çais ! Que! beau titre, quelle lourde,
tâche à remplir ! Aussi belle que diffi
cile, elle nécessite sans cesse les inter
rogations de la conscience n’ayant ja
mais en vue que le bien public.
On ne réussit, pourtant, que bien ra
rement à satisfaire ses électeurs et -les
autres ; mais je n’ai rien à vous ap
prendre à ce sujet, et je v£Üx,'tolut de
suite, mes chers collègues, vous adres
ser à tous mes souhaits pour la con
servation de ce que nous avons de plus
précieux : la santé.
Cela dit, il ine plaît de vous expri
mer, aussi brièvement que possible, à
1a. fin de cette législature, quels sont
mes sentiments sur la situation ac
tuelle de notre cher pays.
LA SITUATION INTERIEURE
du pays
Précédemment, je vous m, à plu
sieurs reprises, fait connaître mon op
timisme. Aujourd’hui, je voua; déclare
que mon optimisme est, malgré les
contingences, les apparences et les
craintes, absolument indéfectible. En
voici les raisons :
Au seuil de cette année, il m’est per
mis de dire, bien- que mes connaissan
ces sur ce point soient tout à fait rudi
rhôntaiteis, 'que notre situation finan
cière m’apparaît chaque jour aussi
rassurante que possible. Au point de
vue de la tenue morale du pays, sauf
une petite et regrettable exception
qui disparaîtra bientôt, je pense et je
l’espère, on ne peut la désirer meii
leure.
NOS RELATIONS INTERNATIONALES
. , , . _ , , Avec Condorcet, ils proclament qu’il
Au point de vue de nos relations ex-j U > a g t g marqué, aucun terme au per-
tériéures, au point de vuç internatiCM fèctionneinènt des facultés humaines,
Rai, que s’est-il passe pendant 1 année et q Ue ia perfectibilité de l’homme est
vraiment indéfinie. Des enseignements
Les chutes du Niagara
qui vient de s’écouler ? Où en sommes
nous ’
Là surtout se • trouvent les raisons
de mon. optimisme. Est-ce que, de par
l’influence de la S.D.N. pendant l’an
née. qui vient de s’écouler, des guer
res n’ont pas déjà»été, évitées ? Est-ce
que, tout un cortège d’événements
symptomatiques .n’est pas apparu et
n’apparaît-il pas chaque jour plus
nombreux et plus caractéristique, an
nonçant. révolution des peuples vers
la paix et faisant présager le triomphe
de la paix universelle, dont l’espoir est
né à la conférence de la Haye ?
Avant • de répondre à cette question
précise, permettez-moi de jeter un re
gard en arrière; où je n’irai pas très
loin, et' pour cause.
LE PROGRES DE LA CIVILISATION
Ainsi que le dit mon éminent et
cher ami M. Charles Richet; dans son
de l’Histoire, ils adoptent une triple
loi : 1° T égalité croissante des diver
ses nations entre elles ; 2° l’égalité
croissante dés individus, à l’intérieur
de chaque nation ; 3° l’amélioration
des individus eux-mêmes dans leur
culiure intellectuelle, dans leur con
duite morale et jusqu’à dans leur
constitution physique.
Les individus meurent, l’humanité
ne comporte pas de vieillesse. Aussi
doiÇelle, et peut-elle, indéfiniment,. se
civiliser! La civilisation est née avec
la notion sacrée du respect qu’on doit
avoir pour tout être hünïain. Quelle
que soit son origine et quelle que soit
son infirmité, pour nous, l’homme ne
peut, et ne doit pas être l’ennemi de
l’homme. - - , • ■ • >
Permettez-moi de vous dire que je
vais plus loin : je ne reconnais à per
sonne, même à la société, le droit
prononcés il y a quelques jour s a
'Elysée, par le Président de la Répu
blique et par le doyen du corps diplo
matique, l’on ne trouve pas une com-
munion absolue dans l'amour de la
paix ? D’autre part, est-ce que partout
l’on ne parie pas de mettre l'horrible
guerre hors la loi ?
Est ce que ne vient pas de nous arri
ver d’Amérique un concours inespéré ?
Et qui donc, aujourd’hui, oserait pro
clamer que le pacifisme est une chi
mère ?
Cette assertion, dans toutes les cou
ches, serait odieuse, et, dans certaines,
blasphématoire.
Cela ne suffit-il pas -à légitimer mon
optimisme ?
Oui, oui, la guerre est aux abois, !
On ne peut, dès aujourd’hui, prévoir
le moment où l’histoire enregistrera sa
mort c’est-à-dire l’événement mon
dial le plus important et le plus utile
dans les fastes de l’humanité ; c’est-à-
dire la fin de la guerre et l’avènement
de la paix universelle, perpétuelle.
En pensant aux mots qui terminent
le beau livre de Charles Richet; et en
les modifiant quelque peu sâns trahir,
j’en suis certain, la pensée de l’auteur,
je crois que l’on pourrait écrire avant
longtemps : il y a eu dans nos sociétés
humaines un mal ancien et terrible,
absurde, d’ailleurs . c’est la guerre 1
Par la guerre, des souffrances in
nombrables et inépuisables ont sévi
sur la pauvre humanité. La guerre a
fait de s veuves, des orphelins, des in
valides et des (mendiants en nombre in
calculable.
Sans la guerre, il y aurait au mon
de moins de larmes, moins de misè
res, moins de douleurs La perspective
d’une vie mei-lieùre' pour les généra
tions futures, me fait éprouver le bon
heur le plus grand et le plus vrai :
celui qu’on peut donner aux autres !
Mais si aujourd’hui la France est
toujours à .l'avant-garde, à qui doit-
elle dette situation si enviable ? N’est-
ce pas à tous ceux qui, désignés- par
le gouvernement, l’ont représentée et
la représentent à-la S.D.N. et qui ont
su la montrer avec ses véritables sen
timents naturels-xle beauté, de justice
et de générosité, sentiments qui la font
grande et rayonnante dans le monde
entier !
Aussi,-mes chers collègues,-je suis
certain d’être votre interprète en.
adressant à M. le Président de la Ré
publique Française, au Gouvernement,
entier, l’hommage de notre profonde
reconnaissance, ‘ainsi qu’à tous ceux
q,ui,' depuis , si longtemps, ont lutté
et à ceux qui luttent, actuellement,
pour instituer entre toutes les nations
la' paix universelle.
Honneur et gloire à eux tous ! ,
Monsieur le président du Conseil,
laissez-irioi vous dire que, plus que
personne, je désire le redressement du
franc.
Je vous félicite du résultat que vous •
avez obtenu déjà, mais permettez-moi
d’ajouter, en terminant, qu’un autre
capital, dont je n’ai pas à vous signa
ler la valeur, a un égal besoin urgent
de redressement : c’est le relèvement
de la natalité française, en nombre et
en qualité.
Vive la République Française !
L’allocution de M. Pinard est saluée,
à différentes reprises, par les vifs ap
plaudissements de l’assemblée..
cher ami M ^^ries Kicnec uans^un de . supprimer la vie d » un être mamaial
admirable et combien prophétique U j T *T st t dnif a»™ véritable ri
vre, « le passé de la guerre et l’avenir \entable ei
de la paix », écrit en 1907, et dont mal- viiisation
Les Prêts Américains
à l'Allemagne
Berlin, 10 janvier. — Les prêts amé
ricains à l’Allemagne en 1927 se sont
élevés à 288.200.000 dollars, soit 40.000.000
de moins que l’année précédente. Le
total des emprunts allemands aux
Etats-iUnis s’élève, pour ces trois «der
nières années, à 895.900.000 dollars.
Une vue remarquaole aes chutes du
Niagara pendant la période d’hiver.
Leur beauté est inégalable et beaucoup
de touristes viennent admirée ce spec
tacle»
heureusement je ne puis vous extraire
que quelques citations, l’idée d’une
justice internationale souveraine ne
peut se rencontrer ni chez les grecs,
ni chez les romains, car pour eux
l’étranger était le barbare à qui on
ne devait ni justice, ni merci.
J’ajoute, moi, que Sparte avait ses
ilotes , et Rome ses esclaves. L’abomi
nable et hideuse guerre régnait en
maîtresse : guerres de conquêtes ma
térielles ou spirituelles, guerres de
vengeances.
Jusqu’à la Révolution française, un
seul acte de civilisation fut opposé à
la guerre : la médiation. Déjà, appa
raissaient l’idée de justice, se substi
tuant à la violence, et la notion mo
rale, souveraine du droit supérieur à
la force.
L’idée d’arbitrage émise par Saint-
Simon restait dans le domaine philo
sophique et théorique. C’est seulement
après les sanglantes et désastreuses
guerres de l’Empire, qu’apparaissent
les Sociétés et les Congrès de la paix.
La grande lutte, le grand combat
va s’engager entre la paix et la guerre.
Les Ligues se fondent, les Congrès
s’organisent. Le premier véritable
Congrès international de la paix, sié
gera à Paris, en 1848. C’était l’époque
des aspirations généreuses, âge d’en
thousiasme et de foi, où la régénéra
tion du monde paraissait imminente.
Le discours d’ouverture, prononcé
par Victor-Hugo, est admirable. Je ne
crois pas qu’en aucune langue, et à
aucune époque, il ait été prononcé des
paroles aussi éloquentes, aussi pro
phétiques, exprimées en un aussi ma
gnifique langage.
M. Charles Richet regrette de ne
pouvoir en donner qu’un fragment
dans son livre. Permettez-moi, de vous
en. donner une seule phrase
« Un jour viendra où Ton montrera
un canon dans les musées, comme on
y montre aujourd’hui un instrument
de torture, en s’étonnant que cela ait
pu être ».
Hélas I ce n’était là qu’un rêve en
core. Le despotisme allait déchaîner,
• à nouveau et pour longtemps,, les îu-
D’après cette doctrine, quelle belle
route-les humains ont à parcourir !
HOMMAGE A LA FRANCE ’ ‘ '
La marche en avant sera d'autant
plus rapide qu’elle -augmentera ia
somme ue nos connaissances. Partout,
à l’heure actuelle, cette grande idée
se fait jour. Permettez-moi de vous en
donner une preuve : Le 4 décembre
a eu lieu, dans la grande salle de
l’Académie des Sciences de Moscou,
une séance solennelle consacrée au
centenaire de la naissance du chi
miste français Berthelot, à laquelle
assistaient des représentants .scienti
fiques de Leningrade . et de Moscou,
ainsi que du corps diplomatique.
La séance d’aujourd’hui, a déclaré
Kar.pinski, président de l’Académie
des Sciences, est la dernière manifes
tation de notre participation aux fêtes
qui ont eq lieu à la mémoire du grand
chimiste français. En tant que savant,
Berthelot appartient à toute l’humani
té. Ses géniales recherches et ses re
marquables travaux font partie du
Trésor de la science et de la civilisa
tion mondiales. Mais nous n’oublions
pas, cependant, que sa pensée péné
trante et créatrice, d’une profondeur
et d’une clarté étonnantes et sa bril
lante synthèse philosophique sont
l’expression du génie du peuple fran
çais.
Je suis particulièrement heureux de
pouvoir le dire aujourd’hui, dans cet
te salle, où nous avons le plaisir de
voir les- représentants d’un pays au
quel nous lient les rapports intellec
tuels les plus étroits.
Tout en nous inclinant devant la
claire mémoire de la science, nous
saluons en même temps le grand peu
ple français, sa culture et ses glorieux
savants.
LA GUERRE HORS LA LOI
Ces paroles ne sont-elles pas sugges
tives ? Est-ce que dans le» discours
L'élection du bureau
M. FERNAND BOUISSON EST ELU
PRESIDENT
L’ordre du jour appelle les scrutins
pour l’élection du bureau définitif.
Il est procédé au tirage au sort des
scrutateurs.
Le scrutin, à la tribune, pour l’élec
tion du président est ouvert à 15 h. 30.
Les scrutins pour les élections de
quatre vice-présidents, de 8 secrétaires
et de 3 questeurs, sont ouverts en
même temps, dans un salon voisin de
la salle des séances.
Ces scrutins resteront ouverts pen
dant une heure.
Les scrutins sont clos à 16 h. 30.
Le président annonce qu’il va être
procédé à leur dépouillement.
' La séance est suspendue.
A la reprise, à 18 heures, le pré
sident annonce lé résultat du scru
tin pour l'élection du président dé
finitif.
Nombre de votants, 412 ; bulletins
blancs ou nuis, 50 ; suffrages expri
més, 362 ; majorité absolue, 182.
Ont obtenù : MM. Bouisson, 34f
voix ; Cachin, 20 voix ; divers, 2.
M. Fernand Bouisson, ayant ob
tenu la majorité absolue des suffra-
L’ACTUALITE
(par Henriot)
f)
h
- Que les années passent vite ! Que
celle-ci du moins vous apporte toutesi
les félicités que 'voï*s 4ésirez t cher lec*
leur «
LE PETIT ALGERIEN
44 e ANNEE P»
N» 15494 JO “ n!
ABONNEMENTS : 8 mois. 6 mois. 1 an.- ♦ ___ _ f liMJk —*-
Al»r Algérie si fp «i h fp g-, f, a AIiMliiJIOTD A TI fil! FT orniPTIMI « ANNONCES A Rrn àMC* ....
France, Tunisie, Maroc. 24 fr! » 47 fr! 90 fr ♦ HülilImO IIIH1 lün CI ntUHblIUÜ ♦ «...
Etranger 48 fr. « 95 fr! 185 fr! î 9, BoiïliSVard Lalerrîère ALGER i ALGER : Agence Africaine, 57, rue d'Ialy téléphone : 4.39)
Envoyer a fr. 50 pour chaque changement d’adresse. % téléphoné ■ * ns rmmue* dosta..* . ♦ ?AI»1S Agence Africaine, rue des Filles Saint-Thomas. 3-
Les Abonnements partent des 1« et 15 de chaque mois, I TELEPHONE. 1.02 CHEQUES POSTAUX . 20.21 f El dan3 les prmcip aies Agences de France et de l’Etraagei
MERCREDI II JANVIER 1928
Soiieiin ju Jour
(De notre rédacteur parisien)
LA RENTRÉE
Paris, 10 janvier.
Pendant qu'au Palais-Bourbon on
se demande avec effroi si quelques dé
putés communistes feront les mois de
prison auxquels ils ont été condam
nés, les Soviets nous montrent com
ment ils s'y prennent pour se débar
rasser d'une opposition gênants. Ah !
ils n'y vont pus de main morte, avec
des hommes qui ont été ministres,
comme Trutshy ; des ambassadeurs,
connue. Bakowskg et K amené f, ou
'grand chef de la troisième Internatio
nale, comme ZinoVief. Ils les envoient
réfléchir dans les steppes glacées de
là Sibérie, sur Ues beautés du régime
bolchevik.
Ce sont pourtant de véritables cri
mes contre la Patrie, qu'ont commis
les Cachin, les Dorioi, les Vaillant-
Couturier. et. autres, et Vo-n. ne conté
prend pas vraiment qu'ôif. s’appitoy.e
sur le sort d'individus qui, s'ils étaient
les maîtres, n'hésiteraient pas à met
tre la France à feu et à sang.
Tant d'indulgence concerte.- Le
gouvernement a bien raison de poser
la question de confiance pour exiger
de la Chambre qu'elle prenne ses res
ponsabilités.
La, session parlementaire qui s'ou
vre aujourd'hui sera calme, c'est du
moins l'opinion générale et, par sur
croît, ejle sera courte. On prévoti
qu’elle prendra fin dans la première
quinzaine de mars, attendu, comme je
vous Pal fait- prévoir il y a deux ou
trois semaines, que le gouvernement
compte fixer au 22 avril la date des
élections générales.
M. Poincaré se. propose d'en exposer
le programme , au cours du grand dé
bat. annoncé sur sa politique de re
dressement monétaire, financier et
économique. Ce débat aura lieu, vrai
semblablement, au cours de la semai
ne prochaine.
On me dit que le président div Con
seil, après avoir justifié ce qu'il a fait
jusqu'ici, indiquera que la politique
'd'Union Nationale, inaugurée par lui
le 2:1 juillet 1926, doit. se poursuivre
pendant encore longtemps, au moins
trois ans.
Les élections -prochaines ne doivent
donc être qu'un épisode et nullement
vu terme* Ce qu'il faudra demander
aux électeurs, c'est qu'ils continuent
leur confiance aux élus qui ont ap
prouvé et soutenu cette politique, afin
qu'elle puisse être poursuivie sans en
combre, avec les mêmes hommes et
avec l’appui des mêmes groupements.
C’est, en somme, ce qu’a dit il y a
quelques mois M. Tardieu,' dans son
discours de Belfort. Il faut achever
l'œuvre commencée de redressement.
Ce doit être tout le programme de la
seconde moitié de la législature finis
sante : trêve des luttes des partis,
trêve de la politique pure.
C'est sur ce terra,if>, que sera mainte
nue la solidarité ministérielle. Les
hommes au pouvoir continueront à
écarter les problèmes qui divisent,
pour réaliser ceux qui unissent et qui
sont seuls de nature à restaurer la
prospérité nationale.
Ce programme ne manquera pas
d'obtenir l'adhésion de la majorité de
là Chambre. Toutefois, il ne faut nas
se dissimuler qu'il mécontentera l'ex
trême gauche, laquelle se compose des
communistes, des socialistes et, d'une
cinquantaine de radicaux-socialistes.
Tant pis pour eux, on se passera de
leiur concours.
L. Marcellin.
LÉGION D’HONNEUR
Ministère du travail, de l’hygiène,
de l’assistance et de la prévoyance
sociaie
Paris, 10 janvier. — Sont promus :
Au grade de commandeur :
M. Borderel Jean, président de la
Chambre Syndicale des entrepreneurs
de charpentes de Paris et de la Seine.
M. le docteur Brocq, médecin, des
hôpitaux à Paris.
Au grade d’officier :
M. le docteur Abadie Jean, chirur
gien en chef de l’hôpital d’Oran.
Le secret
de
Glozel
Les Inondations en Angleterre
La rivière Durent, à Hartford (Kent), grossie par ta fonte des neiges, a sou
dainement débordé de son lit et envahi Les rues de la ville, avant que les ha
bitants aient pu prendre des dispositions. L,es voitures des laitiers, pen
dant leur tournée matinale à Dartford.
Ceux qui le détiennent certainement,
• ce sont les Fradin père et fils, que
on voit sur notre instantané.
Les Adjoints Indigènes
flans les Municipalités d’Algérie
La proposition de loi
de M. Morinaud
est l’objet d’un rapport favorable
Paris, 10 janvier. — Au nom de
la commission de l’Algérie, M. Au
guste Brunet, député de la Réunion,
vient de présenter à la Chambre un
rapport favorable à l’adoption de la
proposition de M. Morinaud, ten
dant à instituer, dans les Conseils
municipaux de l’Algérie, un poste
d’adjoint indigène choisi parmi les
conseillers élus par les indigènes.
Dans son rapport, M. Brunet s’ex
prime ainsi :
La loi du 14 février 1919 a appelé
les indigènes de l’Algérie, non ci
toyens français, restant soumis par
conséquent à leur statut personnel, à
élire aux Conseils municipaux des
communes de plein exercice des re
présentants siégeant au même titre et
avec les mêmes droits que les mem
bres français de ces assemlbées.
La collaboration qui s’est ainsi ins
tituée entre les conseillers munici
paux citoyens français et les conseil
lers municipaux indigènes, a été des
plus heureuses. Aussi bien, permet-
elle d’une façon directe, aux collecti
vités indigènes participant par ses
mandataires qualifiés à l’administra
tion des villes, de faire valoir leurs
intérêts propres dans le cadre des in
térêts généraux de nos jeunes cités de
l’Afrique du Nord.
L’usage s’est même spontanément
établi dans certains grands centres de
vie municipale, à Alger, à Constanti-
ne, à Bougie, etc., de désigner un élu
indigène comme adjoint au maire,
Chargé de s’occuper spécialement des
questions intéressant les indigènes.
Or, le Conseil d’Etat a récemment dé
claré, à l’occasion d’une espèce qui
lui avait été soumise, que de pareilles
désignations étaient illégales, motif
pris de ce s qu’il . faut être citoyen
français pour pouvoir être élu maire
ou adjoint.
Le rapporteur rappelle qu’à la
suite de celte dteision, le: Conseil
municipal de Constantin^ a voté un
vœu en faveur de la proposition de
M. Morinaud, et il conclut :
La commission de l’Algérie estime
qu’il faut habiliter les élus indigènes,
participant déjà aux travaux des Con
seils municipaux et prenant leur part
de responsabilités dans la gestion com
munale, à remplir cette mission de
liaison indispensable entre leurs com
patriotes • et leurs coreligionnaires, et
les maires des communes urbaines
-auxquels incombe le soin de s’occuper
à la fois de tout ce qui concerne la
vie collective des français, des indigè
nes et des citoyens français, trouve
ront dans leurs adjoints indigènes des
conseillers avertis des intérêts et des
besoins de leurs ressortissants indi
gènes.
L’adjoint indigène ne pourra, bien
entendu, remplacer le maire ou l’ad
joint citoyen français. Son rôle est li
mité aux questions intéressant les in
digènes non citoyens. Cette réforme,
pour modeste qu’elle soit, réalise une
précieuse garantie en faveur de nos
sujets musulmans. D’autre part, en
ajoutant à la capacité de l’élu indi
gène, elle lui fournit le. moyen de
prendre une conscience plus immédia
te et plus complète de ses devoirs
dans la vie de la cité.
Le cas des députés
communistes en fuite
Paris, 10 janvier — Aux alentours
de la Chambre, à la suite de conféren
ces qui ont eu lieu dans la matinée
aux ministères de Ja justice et de l'in
térieur, diverses mesures ont été pri
sés au Palais-Bourbon, en prévision de
la venue de MM. Cachin, Vaillant-
Couturier, Marty, Doriot et Duclos,
oui, pour ne pas réintégrer la prison
de la Santé, se cachent depuis la clô
ture de la session extraordinaire.
A 11 heures, on a essayé les sonnet
tes d’alarme et la fermeture des gril
les. Tout a bien fonctionné. Un ser
vice discret de police surveille les alen
tours du Palais-Bourbon, avec ordre
d’arrêter les députés communistes, s’ils
se présentent à la grille ; mais ceux-
ci, au. courant sans doute des inten
tions du gouvernement, se sont bien
gardés de venir. Ils attendront sans
doute, avant de quitter leur retraite,
que la Chambre se soit prononcée sur
leur eas t
AD PAYS DES SOVIETS
Les « Besprisornyies », ou enfants
abandonnés
Paris, 10 janvier. — Dans le Ma
tin. (Henri de Korab) :
Cinquante petits monstres, couverts
de guenilles, les pieds enveloppés de
chiffons boueux, font la chasse aux
marchandes ; un autre groupe leur
coupe la retraite ; elle s sont cernées ;
elles lâchent leurs paniers en. gémis
sant, et pour échapper aux dizaines
de petites mains qui les aggripperit,
abandonnent leurs fichus de laine et
leurs « touloups » en peau de bique.
Ce cauchemar s’étend à toute la Rus
sie.
Il y a maintenant des « besprisor-
nyies' » dans chaque train partant vers
le" Sud ou ver s Ta Sibérie ; ils arrivent
de Moscou. Accrochés aux boggies ou
aux tampons, pendant le jour, ces gos
ses tragiques s’enhardissent la nuit,
rôdent dans les couloirs, se glissent
sous les banquettes, et il est constant
qu’.un voyageur, réveillé en sursaut,
aperçoive soudain dans une face cou
verte de suie et de saleté, les yeux
avides d’un « malgardé », qui cherche
à s’emparer de sa valise.
À une gare quelconque, sur l’ordre
d’un chef mystérieux, ils descendent
tous et se répandent dans la campa
gne. Les poulaillers et les potagers
sont alors mis au pillage. Habiles com
me de petites bêtes sauvages à échap
per aux poursuites, ils refont mille ki
lomètres et plus pour rentrer dans les
grandes villes.
Ils y retrouvent leurs lieux de réu
nion et leurs cercles dans les chan
tiers abandonnés, dans les sous-sols,
où, plus d’une fois, on les a surpris,
jouant aux cartes des sommes assez
fortes, se repassant des paquets de co
caïne chapardés dans quelque pharma
cie, se posant en protecteurs de leurs
petites compagnes intoxiquées, prosti
tuées et contaminées à l’âge de dix
ans.
C’est dans des repaires que les pe
tits vagabonds des grands chemins de
viennent de vrais bandits. Non con
tents de s’attaquer aux marchandes
au panier, de briser des vitrines et de
fouiller les passants, c’est, là qu’ils
complotent leurs crimes.
Le vice-consul d’Italie à Odessa, au
quel ses agresseurs, après l’avoir tué,
ont arraché ses dents en ,or, a été une
victime des « mal gardés ». Combien
sont-ils en Russie ? répond Mme
Kroupskaïa, la Veuve de Lenine.
Les chefs die l’opposition
sont déportés >
Berlin, 10 janvier — Le.« Berliner
Tageblatt » publie dans son édition du
province une’ information sensation
nelle de son, correspondant de Moscou.
La dépêche est datée du 5 ; elle aurait
ainsi été retardée de quatre, jours dans
la transmission: Aux termes' de cette
information, le Gùépéou a commencé
à déporter les chefs de l'opposition.
Trente d’entre eux ont reçu l’ordre de
se • tenir prêts à partir pour Arkhan-
gei (Russie asiatique) et pour la Sibé
rie Une douzaine d’exilés sont déjà
partis. Trotski, Radek, Rakowsky, Ka-
rnenev, Zinoviev et levdokimov seront
également déportés. Rakowsky va être
envoyé dans le gouvernement de Viat-
ka, à 500 kilomètres de toute voie fer
lée.
Parmi 1er, condamnés à la déporta
tion se trouvent également Smi-lga, qui
joua un rôle important dans la recons
titution de l’industrie russe ; Scrèbria-
kov, qui négocia la reprise des rela
tions économiques avec les Etats-
Unis ; le publiciste Sosnovsiky, et d’au
tres journalistes, et ceux ambassa
deurs, qui, naguère encore, représen
taient les Soviets à l'étranger, et en
fin l’ancien commissaire à l’intérieur
et exécuteur du tsar, Bieloborodov.
Le « Berliner Tageblatt » fait suivre
la dépêche de son correspondant d’un
long commentaire, en disant due ce
bannissement de trente personnalités
éminentes de l'opposition accentuera
les appréciations pessimistes sur la
situation politique actuelle de la Rus
sie .soviétique.
Conseil des Ministres
Paris, 10 janvier. — Les membres
du gouvernement se sont réunis, ce
matin, en Conseil, à l’Elysée, sous
la présidence de M. Gaston Dou-
mergue.
L’EXPORTATION DES CAPITAUX
Le président du Conseil,.ministre
des finances, a soumis à la signatu
re du Président de la République,
un décret suspendant l’application
de la loi du 3 avril 1918, sur l'ex
portation des captitaux et des lois
l’ayant modifiée ou complétée.
la CROIX DE GUERRE AUX ECOLES
D’AGRICULTURE * ET VETERINAIRES
Le Conseil a décidé d’accorder la
croix de guerre à l’école d’agricul
ture de Grignon et aux écoles natio
nales d’agriculture, l’insigne et le
diplôme devant être remis à i’Ecole
de Grignon.
Le Conseil a décidé également
d’accorder la croix de guerre aux
Ecoles nationales vétérinaires d’Al-
fort, de Lyon et de Toulouse.
ETAT-MAJOR DE LA MARINE
M. Georges Levgves, ministre de
la marine, a soumis à la signature
du Président de la République, un
décret nommant le vice-amiral Vio
lette, chef d’état-rnajor de la mari
ne, en remplacement du vice-amiral
Salaün, placé dans la 2° section du
cadre de l’état-major général de
l’armée navale, à compter du 13
janvier prochain.
CONSEIL SUPERIEUR DE LA MARINE
Le ministre de la marine a égale
ment fait signer un décret nommant
membres du Conseil supérieur de la
marine pour l’année 1928, le vice-
amiral Violette, chef d’état-major
général ; le vice-amiral Fatou, ins
pecteur général des forces mariti
mes de la Méditerranée ; le vice-
amiral Jehenne, inspecteur général
des forces maritiipes du Nord ; le
vice-amiral Doctieur, commandant
en chef de la première escadre ; le
vice-amiral Grandclément, comman
dant en chef de la 4 e région mari
time, et le vice-amiral Le Vavas-
seur, commandant en chef de la 2®
région.
LES SALAIRES DES CHEMINOTS
Le -.ministre' des travaux publics a
mis le Conseil au courant des ef
forts qu’il poursuit pour aboutir à
un accord sur la question des .sa
laires des cheminots.
LE PROCHAIN CONSEIL
Les ministres se réuniront en Con
seil de Cabinet, jeudi, et en Conseil
des ministres, vendredi.
LA RENTRÉE DU PARLEMENT
PI. Fernand Bouisson est reeiu président fle la Gttaiire
Chambre
La libe rté de s mers
C’est la clef de la politique
américaine
Paris, 10 janvier. — Dans 1’Action
Française (Jacques Bainville) :
Il v a dix ans que la liberté des
mers est la clef de la politique amé
ricaine. C’est pour la liberté des mers,
au temps de la guerre sous-marine à
outrance que les Etats-Unis étaient
intervenus contre l’Allemagne. M.
Lloyd Georges ayant, rayé la Liberté
des. mers des 14 points du Président
Wilson, eélui-ci revint en Amérique
comme un vaincu ; le Sénat rejeta le
traité 1 de Versailles et la S.D.N. Enfin,,
lorsque l’Angleterre se dégage du pro
tocole de Genève, c’est parce que le
blocus d’un agresseur risquerait de
la mettre .en conflit avec les Etats-
Unis lesquels continueraient à faire
du commerfte-avec le pays objet des
sanctions. Alors, les. anglais compren
nent tout de suite que les pactes con
çus par M. Kellogg, proscrivant la
guerre entre toutes les nations, deux
à deux, sans qu’une tierce puissance
soit mêlée à leurs conventions, aurait
pour effet d’empêcher même un sim
ple blocus comme celui que prévoyait
le covenant de Genève et, par consé
quent, de rétablir par voie indirecte
le point wilsonien de la. liberté des
mers, point que contredisait d’ail
leurs le covenant également wilso-
niens On dira que les anglais orfè
vres voient la mer partout ; mais leur
explication est assez satisfaisante.
reurs guerrières des nations et tout
progrès sembla définitivement ajour
né. Mais ceux que l’on appelait des
rêveurs, des utopistes, des philantro-
pes, des chiméristes ; ceux qui étaient
traités par les gens bien pensants de
rebelles, d’apostats, dfinternationalis-
tes, d’hommes sans patrie, de traîtres
à la nation persistèrent, inébranlable
ment, dans la lutte contre le fléau.
De 18G7 à 1907, cent dix Sociétés de
la .paix prirent naissance. L’institu
tion de la conférence internationale
se réunit les 19 et 30 juin et ce fut,
pour l’idée de l’arbitrage, un progrès
considérable. Ensuite fut créé le bu
reau international de la paix, siégeant
à Rerne.
Ces Congrès de paix eurent lieu, et
l’Institut du Droit International fut
fondé.
Les temps-sont venus pour l’avène
ment de la grande révolution pacifi
que. A la conférence de La Haye, la
circulaire, de Mouravieff, ministre des
affaires "étrangères de l’Empire Russe,
adressée le 1 er août 1898 à; tous les re
présentants et accrédités étrangers à
Saint-Pétêrsbourg, a été connue un
coup de tônùerre. Ainsi nous ; avons
assisté à : ce fait extraordinaire : le
plus' puissant monarque du monde,
l’empereur; ayant sous sa domination
absolue 120 millions d’hommes, re
connaît que la guerre est- un fléau et
que la paix armée est un fardeau écra
sant pour les peuples. Il déclare qu’il
faut faire triompher la grande con
ception de la paix universelle. Il ré
pète ce que les philosophes, les pen
seurs, les poètes ont clafiié dans . le
désert,- et sa voix est à l’unisson de
nos utopies, ainsi que Ta si justement
dit, hier, notre grand Ferdinand Buis
son, lé jeune laùréat du Prix Nobel.
.C’est le jour de l’ouverture de la
première conférence de La Haye, qu’a
commencé le régime du développe
ment, insuffisant, hélas ! pour empê
cher le cataclysme qui a bouleversé
le monde et qui a été le plus meur
trier, le plus destructeur qu’on ait ja
mais vu. v
Mais de là est née la place, le rôle
ténu par ]e§ représentants de 1a. Frân
ce à Genève et à Locarno, et. les ef
forts qu’ils ont faits, afin de poursui
vie T’œuvre deV conciliation mondiale
èt l’organisation de la paix.
Qui peu toublier leur lutte magnifi
que en faveur du désarmement f
Est-ce que de ious côtés ne- se por
duisent pas des faits démontrant les
progrès de la civilisation ?
LA CIVILISATION REPUBLICAINE
Et,' à ce propos, je crois nécessaire
indispensable, de résumer, en quel
ques phrases, ce que veut dire et doi
signifier le grand mot de « civilisa
lion » et comment la comprennent les
vrais républicains : Us la compren
rient, comme Turgot et Condorcet.
C’est pour eux le progrès évident,
dans le passé, et-nécessaire, dans l’a
venir.
Séance du 10 janvier .
La séance est ouverte, à 15 heu
res, sous la présidence de M. Pi
nard, doyen d’âge, assisté des six
membres les plus jeunes de l’as
semblée, en qualité de secrétaires
d’âge. Qei sont : MM. Calmon, La-
mazou-Betbeder, Contre, G. Ri
chard, A. Reynaud et Maupoil.
Le président déclare ouverte la
session ordinaire de 1928 et pronon
ce l’allocution suivante :
Discours du doyen d âge
Messieurs et chers collègues,
Aux derniers jours de ma' 84 e année,
j’ai encore le privilège et l’honriehr in
signe d’occuper pendant quelques ins
tants le siège du président'de la
Chambre des représentants du peuple
français. Représentant du peuple fran
çais ! Que! beau titre, quelle lourde,
tâche à remplir ! Aussi belle que diffi
cile, elle nécessite sans cesse les inter
rogations de la conscience n’ayant ja
mais en vue que le bien public.
On ne réussit, pourtant, que bien ra
rement à satisfaire ses électeurs et -les
autres ; mais je n’ai rien à vous ap
prendre à ce sujet, et je v£Üx,'tolut de
suite, mes chers collègues, vous adres
ser à tous mes souhaits pour la con
servation de ce que nous avons de plus
précieux : la santé.
Cela dit, il ine plaît de vous expri
mer, aussi brièvement que possible, à
1a. fin de cette législature, quels sont
mes sentiments sur la situation ac
tuelle de notre cher pays.
LA SITUATION INTERIEURE
du pays
Précédemment, je vous m, à plu
sieurs reprises, fait connaître mon op
timisme. Aujourd’hui, je voua; déclare
que mon optimisme est, malgré les
contingences, les apparences et les
craintes, absolument indéfectible. En
voici les raisons :
Au seuil de cette année, il m’est per
mis de dire, bien- que mes connaissan
ces sur ce point soient tout à fait rudi
rhôntaiteis, 'que notre situation finan
cière m’apparaît chaque jour aussi
rassurante que possible. Au point de
vue de la tenue morale du pays, sauf
une petite et regrettable exception
qui disparaîtra bientôt, je pense et je
l’espère, on ne peut la désirer meii
leure.
NOS RELATIONS INTERNATIONALES
. , , . _ , , Avec Condorcet, ils proclament qu’il
Au point de vue de nos relations ex-j U > a g t g marqué, aucun terme au per-
tériéures, au point de vuç internatiCM fèctionneinènt des facultés humaines,
Rai, que s’est-il passe pendant 1 année et q Ue ia perfectibilité de l’homme est
vraiment indéfinie. Des enseignements
Les chutes du Niagara
qui vient de s’écouler ? Où en sommes
nous ’
Là surtout se • trouvent les raisons
de mon. optimisme. Est-ce que, de par
l’influence de la S.D.N. pendant l’an
née. qui vient de s’écouler, des guer
res n’ont pas déjà»été, évitées ? Est-ce
que, tout un cortège d’événements
symptomatiques .n’est pas apparu et
n’apparaît-il pas chaque jour plus
nombreux et plus caractéristique, an
nonçant. révolution des peuples vers
la paix et faisant présager le triomphe
de la paix universelle, dont l’espoir est
né à la conférence de la Haye ?
Avant • de répondre à cette question
précise, permettez-moi de jeter un re
gard en arrière; où je n’irai pas très
loin, et' pour cause.
LE PROGRES DE LA CIVILISATION
Ainsi que le dit mon éminent et
cher ami M. Charles Richet; dans son
de l’Histoire, ils adoptent une triple
loi : 1° T égalité croissante des diver
ses nations entre elles ; 2° l’égalité
croissante dés individus, à l’intérieur
de chaque nation ; 3° l’amélioration
des individus eux-mêmes dans leur
culiure intellectuelle, dans leur con
duite morale et jusqu’à dans leur
constitution physique.
Les individus meurent, l’humanité
ne comporte pas de vieillesse. Aussi
doiÇelle, et peut-elle, indéfiniment,. se
civiliser! La civilisation est née avec
la notion sacrée du respect qu’on doit
avoir pour tout être hünïain. Quelle
que soit son origine et quelle que soit
son infirmité, pour nous, l’homme ne
peut, et ne doit pas être l’ennemi de
l’homme. - - , • ■ • >
Permettez-moi de vous dire que je
vais plus loin : je ne reconnais à per
sonne, même à la société, le droit
prononcés il y a quelques jour s a
'Elysée, par le Président de la Répu
blique et par le doyen du corps diplo
matique, l’on ne trouve pas une com-
munion absolue dans l'amour de la
paix ? D’autre part, est-ce que partout
l’on ne parie pas de mettre l'horrible
guerre hors la loi ?
Est ce que ne vient pas de nous arri
ver d’Amérique un concours inespéré ?
Et qui donc, aujourd’hui, oserait pro
clamer que le pacifisme est une chi
mère ?
Cette assertion, dans toutes les cou
ches, serait odieuse, et, dans certaines,
blasphématoire.
Cela ne suffit-il pas -à légitimer mon
optimisme ?
Oui, oui, la guerre est aux abois, !
On ne peut, dès aujourd’hui, prévoir
le moment où l’histoire enregistrera sa
mort c’est-à-dire l’événement mon
dial le plus important et le plus utile
dans les fastes de l’humanité ; c’est-à-
dire la fin de la guerre et l’avènement
de la paix universelle, perpétuelle.
En pensant aux mots qui terminent
le beau livre de Charles Richet; et en
les modifiant quelque peu sâns trahir,
j’en suis certain, la pensée de l’auteur,
je crois que l’on pourrait écrire avant
longtemps : il y a eu dans nos sociétés
humaines un mal ancien et terrible,
absurde, d’ailleurs . c’est la guerre 1
Par la guerre, des souffrances in
nombrables et inépuisables ont sévi
sur la pauvre humanité. La guerre a
fait de s veuves, des orphelins, des in
valides et des (mendiants en nombre in
calculable.
Sans la guerre, il y aurait au mon
de moins de larmes, moins de misè
res, moins de douleurs La perspective
d’une vie mei-lieùre' pour les généra
tions futures, me fait éprouver le bon
heur le plus grand et le plus vrai :
celui qu’on peut donner aux autres !
Mais si aujourd’hui la France est
toujours à .l'avant-garde, à qui doit-
elle dette situation si enviable ? N’est-
ce pas à tous ceux qui, désignés- par
le gouvernement, l’ont représentée et
la représentent à-la S.D.N. et qui ont
su la montrer avec ses véritables sen
timents naturels-xle beauté, de justice
et de générosité, sentiments qui la font
grande et rayonnante dans le monde
entier !
Aussi,-mes chers collègues,-je suis
certain d’être votre interprète en.
adressant à M. le Président de la Ré
publique Française, au Gouvernement,
entier, l’hommage de notre profonde
reconnaissance, ‘ainsi qu’à tous ceux
q,ui,' depuis , si longtemps, ont lutté
et à ceux qui luttent, actuellement,
pour instituer entre toutes les nations
la' paix universelle.
Honneur et gloire à eux tous ! ,
Monsieur le président du Conseil,
laissez-irioi vous dire que, plus que
personne, je désire le redressement du
franc.
Je vous félicite du résultat que vous •
avez obtenu déjà, mais permettez-moi
d’ajouter, en terminant, qu’un autre
capital, dont je n’ai pas à vous signa
ler la valeur, a un égal besoin urgent
de redressement : c’est le relèvement
de la natalité française, en nombre et
en qualité.
Vive la République Française !
L’allocution de M. Pinard est saluée,
à différentes reprises, par les vifs ap
plaudissements de l’assemblée..
cher ami M ^^ries Kicnec uans^un de . supprimer la vie d » un être mamaial
admirable et combien prophétique U j T *T st t dnif a»™ véritable ri
vre, « le passé de la guerre et l’avenir \entable ei
de la paix », écrit en 1907, et dont mal- viiisation
Les Prêts Américains
à l'Allemagne
Berlin, 10 janvier. — Les prêts amé
ricains à l’Allemagne en 1927 se sont
élevés à 288.200.000 dollars, soit 40.000.000
de moins que l’année précédente. Le
total des emprunts allemands aux
Etats-iUnis s’élève, pour ces trois «der
nières années, à 895.900.000 dollars.
Une vue remarquaole aes chutes du
Niagara pendant la période d’hiver.
Leur beauté est inégalable et beaucoup
de touristes viennent admirée ce spec
tacle»
heureusement je ne puis vous extraire
que quelques citations, l’idée d’une
justice internationale souveraine ne
peut se rencontrer ni chez les grecs,
ni chez les romains, car pour eux
l’étranger était le barbare à qui on
ne devait ni justice, ni merci.
J’ajoute, moi, que Sparte avait ses
ilotes , et Rome ses esclaves. L’abomi
nable et hideuse guerre régnait en
maîtresse : guerres de conquêtes ma
térielles ou spirituelles, guerres de
vengeances.
Jusqu’à la Révolution française, un
seul acte de civilisation fut opposé à
la guerre : la médiation. Déjà, appa
raissaient l’idée de justice, se substi
tuant à la violence, et la notion mo
rale, souveraine du droit supérieur à
la force.
L’idée d’arbitrage émise par Saint-
Simon restait dans le domaine philo
sophique et théorique. C’est seulement
après les sanglantes et désastreuses
guerres de l’Empire, qu’apparaissent
les Sociétés et les Congrès de la paix.
La grande lutte, le grand combat
va s’engager entre la paix et la guerre.
Les Ligues se fondent, les Congrès
s’organisent. Le premier véritable
Congrès international de la paix, sié
gera à Paris, en 1848. C’était l’époque
des aspirations généreuses, âge d’en
thousiasme et de foi, où la régénéra
tion du monde paraissait imminente.
Le discours d’ouverture, prononcé
par Victor-Hugo, est admirable. Je ne
crois pas qu’en aucune langue, et à
aucune époque, il ait été prononcé des
paroles aussi éloquentes, aussi pro
phétiques, exprimées en un aussi ma
gnifique langage.
M. Charles Richet regrette de ne
pouvoir en donner qu’un fragment
dans son livre. Permettez-moi, de vous
en. donner une seule phrase
« Un jour viendra où Ton montrera
un canon dans les musées, comme on
y montre aujourd’hui un instrument
de torture, en s’étonnant que cela ait
pu être ».
Hélas I ce n’était là qu’un rêve en
core. Le despotisme allait déchaîner,
• à nouveau et pour longtemps,, les îu-
D’après cette doctrine, quelle belle
route-les humains ont à parcourir !
HOMMAGE A LA FRANCE ’ ‘ '
La marche en avant sera d'autant
plus rapide qu’elle -augmentera ia
somme ue nos connaissances. Partout,
à l’heure actuelle, cette grande idée
se fait jour. Permettez-moi de vous en
donner une preuve : Le 4 décembre
a eu lieu, dans la grande salle de
l’Académie des Sciences de Moscou,
une séance solennelle consacrée au
centenaire de la naissance du chi
miste français Berthelot, à laquelle
assistaient des représentants .scienti
fiques de Leningrade . et de Moscou,
ainsi que du corps diplomatique.
La séance d’aujourd’hui, a déclaré
Kar.pinski, président de l’Académie
des Sciences, est la dernière manifes
tation de notre participation aux fêtes
qui ont eq lieu à la mémoire du grand
chimiste français. En tant que savant,
Berthelot appartient à toute l’humani
té. Ses géniales recherches et ses re
marquables travaux font partie du
Trésor de la science et de la civilisa
tion mondiales. Mais nous n’oublions
pas, cependant, que sa pensée péné
trante et créatrice, d’une profondeur
et d’une clarté étonnantes et sa bril
lante synthèse philosophique sont
l’expression du génie du peuple fran
çais.
Je suis particulièrement heureux de
pouvoir le dire aujourd’hui, dans cet
te salle, où nous avons le plaisir de
voir les- représentants d’un pays au
quel nous lient les rapports intellec
tuels les plus étroits.
Tout en nous inclinant devant la
claire mémoire de la science, nous
saluons en même temps le grand peu
ple français, sa culture et ses glorieux
savants.
LA GUERRE HORS LA LOI
Ces paroles ne sont-elles pas sugges
tives ? Est-ce que dans le» discours
L'élection du bureau
M. FERNAND BOUISSON EST ELU
PRESIDENT
L’ordre du jour appelle les scrutins
pour l’élection du bureau définitif.
Il est procédé au tirage au sort des
scrutateurs.
Le scrutin, à la tribune, pour l’élec
tion du président est ouvert à 15 h. 30.
Les scrutins pour les élections de
quatre vice-présidents, de 8 secrétaires
et de 3 questeurs, sont ouverts en
même temps, dans un salon voisin de
la salle des séances.
Ces scrutins resteront ouverts pen
dant une heure.
Les scrutins sont clos à 16 h. 30.
Le président annonce qu’il va être
procédé à leur dépouillement.
' La séance est suspendue.
A la reprise, à 18 heures, le pré
sident annonce lé résultat du scru
tin pour l'élection du président dé
finitif.
Nombre de votants, 412 ; bulletins
blancs ou nuis, 50 ; suffrages expri
més, 362 ; majorité absolue, 182.
Ont obtenù : MM. Bouisson, 34f
voix ; Cachin, 20 voix ; divers, 2.
M. Fernand Bouisson, ayant ob
tenu la majorité absolue des suffra-
L’ACTUALITE
(par Henriot)
f)
h
- Que les années passent vite ! Que
celle-ci du moins vous apporte toutesi
les félicités que 'voï*s 4ésirez t cher lec*
leur «
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.01%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.01%.
- Auteurs similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1" Bibliothèque Diplomatique Numérique Bibliothèque Diplomatique Numérique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MAEDIGen0" La Grande Collecte La Grande Collecte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "GCGen1"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bd6t543857p/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bd6t543857p/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bd6t543857p/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bd6t543857p/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bd6t543857p
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bd6t543857p
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bd6t543857p/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest