Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-10-17
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 octobre 1885 17 octobre 1885
Description : 1885/10/17 (A1,N93). 1885/10/17 (A1,N93).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t543228f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
Première année. — N* 93
PREFECTUii
DEPOT
D AI.ÜEh
LEGAL
Le numéro 5 centimes
Samedi, 17 octobre 1885.
A.LGHRIR
France .
JOURNAL P0LST1ÛiM QÜ0T l DSEi
ABONNEMENTS :
Trois mois
4.50
6
Six mois
8
12
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives asi tœasonoas et rsci*m*g
Algérie, être adressées à ÏASSKCI HAVAS, boulevard de la
En France, les commonications sont reçues savoir :
À Marseiilh, chos M. Gustàvs ALLARD, rne dn Bansset, 4 ;
A Paris, cboï MAL AUDBÜÜRG et G'*, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DEPECHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 16 Octobre 1885 .
LE
SERVICE DES ENFANTS ASSISTÉS
dans le département d’Alger
Le rapport présenté par M. Roncajolla,
inspecteur départemental du service des
Enfants assistés, sur la situation générale
de ce service, mérite d’être lu d’un bout à
l’autre par toutes les personnes qui s’inté
ressent aux questions sociales, et il en est
peu qui soient plus dignes de solliciter l’at
tention que celles qui ont trait à la vitalité de
l’enfance. Notre format ne nous permet
malheureusement que de relever quelques
faits.
Le nombre des enfants assistés dans le
département est considérable.
Au 31 décembre 1883, il comprenait 787
inscrits, savoir : Enfants de 1 jour à 12 ans
356, de 12 à 21 ans 431, plus 140 enfants
secourus.
104 admissions ont eu lieu en 1884 dans
la catégorie des enfants de 1 jour à 12 ans,
ce qui a porté le total de cette catégorie,
par suite du passage des enfants ayant fini
leur 12 a année dans la seconde, les décès et
îa remise de certains sujets à leurs parents
ou aux départements d’origine, â 372.
Les motifs d’admission en 1884 de ces 104
enfants sont les suivants :
Enfants ayant leurs parents détenus, 10 ;
ayant bénéficié de secours temporaires, 4 ;
légitimes dont les parents ont disparu, 8 ;
reçus à bureau ouvert, 14 ; exposés au tour,
33 ; orphelins n’ayant aucun ascendant au
quel on puisse recourir, 35.
Il y a sur l’année précédente une augmen
tation de 30 enfants portant notamment sur
la catégorie des abandonnés, dont 2 exposi
tions au tour.
Depuis 1881, le nombre des enfants expo
sés au tour est en constante progression ;
de 21 en 1881, il s’est élevé à 31 en 1883 et à
33 en 1884, bien, dit M. Roncajola, que
cette dernière année les secours aux filles-
mères aient été largement distribués. Pour
les six premiers mois de 1885, on compte
13 expositions au tour au lieu de 19 en
1884.
L’inspecteur du service des enfants assis
tés attribue cet accroissement aux manœu
vres intéressées de certaines sages-femmes
tenant des maisons d’accouchement, et dont
les établissements ne sont ni surveillés ni
même réglementés.
Il y a évidemment là une lacune très
grave qu’il appartient au préfet d’Alger de
combler.
Quant à l'accroissement des enfants aban
donnés plus tard, le nombre ascendant des
mères libres y entre pour une certaine part,
bien que l’administration se montre fort
large dans l’octroi des secours destinés à
prévenir l’abandon, puisque sur 194 deman
des de secours formées en 1884, 174 ont été
accueillies favorablement sans distinction
d’enfants légitimes ou naturels.
Si, à ce point de vue, la situation n’est pas
satisfaisante, il est douloureux de constater
l’augmentation du nombre de parents qui
tentent de rejeter sur la Société les devoirs
que la paternité ou la maternité leur impo
sent ; en revanche, l’état sanitaire des en
fants assistés est de nature à donner une
entière satisfaction, car il en ressort la cons
tatation que l’admission dans le service de
l’assistance a été le salut pour beaucoup
d’entre eux.
La proportion de la mortalité pour une
population de 379 enfants assistés de 1 jour
à 12 ans, a été, en 1882, de 4,38 0 /q ; en
1883, de 5,33 û/o et en 1884, de 4,48 0/(j,
alors qu’elle s’est élevée à 12,42 0/o pour les
enfants secourus. La proportion est encore
meilleure pour le premier semestre de 1885,
puisqu’elle ne s’élève, pour les enfants trou
vés, abandonnés ou orphelins, qu’à 3,43 0/o
et à 7,09 pour les enfants secourus. C’est au
cours de la période de 1 à 2 ans que la mor
talité est la plus grande.
C’est évidemment au bon choix des nour
rices et aux soins qui entourent les jeunes
enfants dans l’hospice dépositaire, qu’il faut
attribuer cette excellente situation sani
taire. .
Le service de l’Assistance emploie une
cinquantaine de nourrices par an, recrutées
parmÀ des Italiennes ou des Espagnoles,
pour la plupart nées en Algérie et mariées
à des cultivateurs ; on y trouve très peu de
Françaises et pas de Mauresques, l’adminis
tration n’admettant pas ces dernières en
raison de la difficulté de la surveillance et
de l’intérêt qu’elle a à voir les nourrices
conserver, après l’allaitement, leurs nourris
sons comme gardiennes. Une remarque à
faire cependant, est que, dans son rapport
sur la protection des enfants du premier
âge, le docteur Jobert place les nourrices
indigènes au premier rang, puis viennent
les espagnoles, les italiennes et les françai
ses.:
Emporté par l’intérêt de notre sujet, nous
nous voyons obligé de consacrer un second
article à la situation morale des enfants as
sistés.
inlopatioiis algériennes
Malgré les bruits qui ont circulé depuis
quelques jours, M. Bomber, député d Al
ger, 'ne partira pas encore.pour France.
M. Rourlier tient beaucoup à prendre part
au travaux du Conseil général, il est donc
probable que notre sympathique député ne
pa tira pour Paris que dans un mois seule
ment/
X
Contrairement à ce que l’on avait annon
cé, MM. Thomson et Treille s’embarqueront
vendredi pour France.
.. . X
Un nouveau congé d’inactivité, pendant
l’année scolaire 1885-1886, est accordé, sur
sa demande, à M. Guiliemiti, ancien pro
fesseur de physique au lycée d’Alger.
X
Les examens pour l’obtention du certificat
de grammaire auront lieu le 5 novembre
prochain, au Lycée d’Alger, à partir de huit
heures du matin.
L’examen eomp'émentaire prévu par le
décret du 1 er août 1883, déterminant les con
ditions d’études des officiers de santé, aura
lieu immédiatement après,
L’épreuve des langues vivantes est obli
gatoire .
Les inscriptions seront reçues à l’inspec
tion d’Alger, 16, rue Qdpuch.
' X
On nous apprend que M. Gros, directeur
de l’école normale de Constantine, est appe
lé à la direction de l’Ecole normale djAlger..
Nous ne pouvons que le féliciter. *
X
Une fouie nombreuse assistait, dimanche,
à l’inauguration du buste de Gambetta, au
village de ce nom.
MM. Etienne èt Jacques, M. Aymé, mai
re, un grand nombre de membres du Con
seil municipaLêtaient présents.
Plusieurs discours ont été prononcés, puis
les fêtes ont commencé ; malh - ureusement
elles ont été contrariées par un vent qui
soufflait avec violence et qui continue à
souffler à l’heure où nous écrivons.
X
Nous apprenons que le Conseil général de
Bône, faisant droit aux anciennes et nom
breuses réclamations de M. Hiegel, vétéri
naire à Bône, vient de mettre à sa disposi
tion un crédit de mille francs pour faire des
expériences de vaccinations charbonneu
ses.
X
Un bataillon du 34 e esl arrivé pour rem
placer le 11 e de ligne â Bône, qui part pour
Tébessa, Kheachela et Aï r-Beïda.
X
Sont définitivement admises à Cran, aix
brevet de eapacPê :
MIL: Barbier ; Mme ’Rr.assin ; Mlles Boul-
la, Carabelii, Gbabert D. lagrange, Durand
Marie. Ferré, Fübhart, Gouaux, Humbert,
Larguier, Larlique, M'assotq Mme Maurel;,
Mlles Morlet, Nerat de Lesguisé, Périn,
Porna?ès, Parait r. Raimbaud, Roman, Ray,
Savelli, Tabat, Tirelli, Touboul.
SESSION D’OCTOBRE
Nous empruntons à l'indépendant Far-
ticle suivant sur la séance du Conseil géné
ral de Constantine.
On verra jusqu’à quel point M. Fawtier
sait pousser l’audace :
« La séance de samedi, 10, a été passa
blement orageuse. Au calme des deux pre
mières séances a succédé un tumulte indes
criptible, un désordre inqualifiable, que le
président d’une part et le préfet de l’autre,
ont eu beaucoup de peine à arrêter.
» M. Fawtier arrivait ce jour-là et il
i fallait bie . qu’il montrât au Conseil tout ce
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 20.
LES
PAR
A. RAGOT et G. PRADEL (1)
PREMIÈRE PARTIE
LES DEUX TESTAMENTS
Deux percherons, blancs d’écume, attelés
de bricoles, couverts de queues de renards
et de grelots, arrêtaient devant le perron un
omnibus anglais. Sur le siège,, un postillon
aux couleurs et aux armes de Trêmeur fai
sait claquer à tour de bras un perpignan
sans fin.
Auprès du postilloa se trouvait un domes
tique sans livrée. Il sauta à terre et ouvrit
la portière à un homme de trente ans envi
ron, bien pris, distingué, qui portait avec
une grande élégance un simple costume de
voyage.
— Voyous un peu le neveu, murmura
Suzanne.
— ;-—r—
(1) Reproduction interdite aux journaux qui n’ont
9M traité avec la Société des Gens de Lettres.
Puis, après avoir embrassé d’un seul coup
d’œil l’ensemble et le détail, elle reprit :
— Mais il est très, très, très bien, ce ne
veu. Elle a bon goût, Mlle de Nerville. Ah
ça ! est-ce que cet animal de capitaine de
viendrait jaloux ? Est-ce que son mécon
tentement de la venue du neveu mlaurait
pour cause... Ah! mais non, par exem
ple ! , ,
M. de Trémeur venait d’apparaître sur îa
plate-forme du grand escalier. Il descendit
trois marches pour aller au-devant du
comte ; celui-ci gravit prestement les de
grés ; les deux hommes s’embrassèrent.
— Tablean de famille, murmura Suzanne,
qui ne perdait pas un détail de cette scène
— touchant tableau da famille. Seulement
c’est pour la forme ; ça manque absolument
d’effusion. Là-dessus, je vais me recoucher.
Ce qui n’empêche pas, fit-elle après réfle
xion, qu’il est très bien. Ce serait amusant
de lui faire oublier la Nerville. Malheureu-
•sement, on ne peut pas tout faire à la fois,
et il ne faut pas courir deux lièvres.
Cela dit, la jeune femme se pelotonna
dans sa couche, se mirant complaisamment
dans une petite glace qui se trouvait sur le
somno ; puis elle se perdit dans une rêverie
profonde.
Cependant, tandis que le duc et son ne
veu èchangaient des paroles plus affectueu
ses dans la forme que dans le fond, Clé
ment, le valet de chambre du comte, des
cendait de la plate-forme de l’omnibus des
malles, des valises et un nécessaire de
voyage. Un instant après,ces bagages étaient
installés par ses soins dans l’appurtement
du comte, et ce dernier y rejoignit bientôt
son domestique.
Clément avait le même âge que son maî
tre. Il était d’un blond faux ; le visage com
plètement rasé, qu’éclairaient deux yeux
jaunes dont les regards en dessous et voilés
n’étaient pas toujours d’accord. Raide, guin
dé, avec un col carcan le maintenant droit,
la raie au milieu du front et des aecroehe-
cbeurs, M. Clément représentait bien le plus
joli assemblage de tous les défauts et de
tous les vices.
Le comte s’était habitué à lui, car Clé
ment avait su se rendra indispensable ; de
plus il affirmait à tout instant qu’il était
« très attaché à monsieur le comte. »
Tandis que le valet de chambre préparait
la toilette de son maître et mettait en ordre
Sur une psyché de marbre les ustensiles d’un
nécessaire en or, Gontran s’était jeté sur un
canapé et paraissait soucieux.
Ce voyage l’assommait. Un manteau de
plomb, aussi lourd que triste, lui descendait
sur les épaules du moment qu’il mettait le
pied à Trémeur. Il ne pensait point sans
frémir aux quelques jours qu’il allait être
obligé de passer au château, perdu au fond
de la Bretagne, lui qui ne se sentait respirer
qu’entre la Madeleine, le boulevard Mont
martre et le Bois de Boulogne. Il songeait à
Blanche de Nerville, dont il était fou ; il
rêvait à cette fille si jolie, si coquette, qui
lui avait jeté un véritable sort. Il pensait
aussi à un nommé Yieumoi, un huissier qui
l’inondait de papier timbré. C’étaient ces
fameux papiers qui l’avaient obligé à quit
ter Paris, à laisser Blanche, les chevaux, le
club, je boulevard, toute cette vie montée
qui était devenue pour lui u.n besoin fou.
Acculé dans ses derniers retranchements, li
se voyait forcé d’avoir recours à son oncle,
qui l’avait déjà maintes et maintes fois obli
gé.
Ce n’est pas, pour employer le langage
trivial de M. Clément, que l’oncle -fût « dur
à la dèlenle », non ; mais Goatran sentait
parfaitement qu’il avait froissé cet oncle en
lui manquant de respect, en le négligeant
outre mesure, en le metmnt tout à fait de
côté et en ne venant frapper à sa porte que
pour lui demander de l’argent.
Cette fois encore, il fallait à tout prix
faire une large saignée à la bourse de son
oncle. Et cette saignée demandait des for
mes, du temps. Il ne pouvait sérieusement
dPe à M. de Trémeur : « mon oncle, il me
» faut encore quatre-vingt, mille francs, ou
» sans cela un certain Yieumoi fera saisir
» mes voitures, mes chevaux et les meubles
» de mon appariement II faut, en outre, de
» l’argent à Mlle Blanche de Nerville, ou
» sans cela la dite de Nerville ira en cher-
B^cher ailleurs, ce qui ne lui sera pas diffi-
» cile, mais me causera une souffrance
» atroce. »
Non, sérieusement, il ne pouvait à brûle-
pourpoint dire tout cela à son oncle, et il
en enrageait. La voix de Clément le tira de
ses réflexions.
— Je ferai remarquer à M. le comte qu’il
lai reste juste le temps de faire sa toilette*
PREFECTUii
DEPOT
D AI.ÜEh
LEGAL
Le numéro 5 centimes
Samedi, 17 octobre 1885.
A.LGHRIR
France .
JOURNAL P0LST1ÛiM QÜ0T l DSEi
ABONNEMENTS :
Trois mois
4.50
6
Six mois
8
12
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives asi tœasonoas et rsci*m*g
Algérie, être adressées à ÏASSKCI HAVAS, boulevard de la
En France, les commonications sont reçues savoir :
À Marseiilh, chos M. Gustàvs ALLARD, rne dn Bansset, 4 ;
A Paris, cboï MAL AUDBÜÜRG et G'*, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DEPECHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 16 Octobre 1885 .
LE
SERVICE DES ENFANTS ASSISTÉS
dans le département d’Alger
Le rapport présenté par M. Roncajolla,
inspecteur départemental du service des
Enfants assistés, sur la situation générale
de ce service, mérite d’être lu d’un bout à
l’autre par toutes les personnes qui s’inté
ressent aux questions sociales, et il en est
peu qui soient plus dignes de solliciter l’at
tention que celles qui ont trait à la vitalité de
l’enfance. Notre format ne nous permet
malheureusement que de relever quelques
faits.
Le nombre des enfants assistés dans le
département est considérable.
Au 31 décembre 1883, il comprenait 787
inscrits, savoir : Enfants de 1 jour à 12 ans
356, de 12 à 21 ans 431, plus 140 enfants
secourus.
104 admissions ont eu lieu en 1884 dans
la catégorie des enfants de 1 jour à 12 ans,
ce qui a porté le total de cette catégorie,
par suite du passage des enfants ayant fini
leur 12 a année dans la seconde, les décès et
îa remise de certains sujets à leurs parents
ou aux départements d’origine, â 372.
Les motifs d’admission en 1884 de ces 104
enfants sont les suivants :
Enfants ayant leurs parents détenus, 10 ;
ayant bénéficié de secours temporaires, 4 ;
légitimes dont les parents ont disparu, 8 ;
reçus à bureau ouvert, 14 ; exposés au tour,
33 ; orphelins n’ayant aucun ascendant au
quel on puisse recourir, 35.
Il y a sur l’année précédente une augmen
tation de 30 enfants portant notamment sur
la catégorie des abandonnés, dont 2 exposi
tions au tour.
Depuis 1881, le nombre des enfants expo
sés au tour est en constante progression ;
de 21 en 1881, il s’est élevé à 31 en 1883 et à
33 en 1884, bien, dit M. Roncajola, que
cette dernière année les secours aux filles-
mères aient été largement distribués. Pour
les six premiers mois de 1885, on compte
13 expositions au tour au lieu de 19 en
1884.
L’inspecteur du service des enfants assis
tés attribue cet accroissement aux manœu
vres intéressées de certaines sages-femmes
tenant des maisons d’accouchement, et dont
les établissements ne sont ni surveillés ni
même réglementés.
Il y a évidemment là une lacune très
grave qu’il appartient au préfet d’Alger de
combler.
Quant à l'accroissement des enfants aban
donnés plus tard, le nombre ascendant des
mères libres y entre pour une certaine part,
bien que l’administration se montre fort
large dans l’octroi des secours destinés à
prévenir l’abandon, puisque sur 194 deman
des de secours formées en 1884, 174 ont été
accueillies favorablement sans distinction
d’enfants légitimes ou naturels.
Si, à ce point de vue, la situation n’est pas
satisfaisante, il est douloureux de constater
l’augmentation du nombre de parents qui
tentent de rejeter sur la Société les devoirs
que la paternité ou la maternité leur impo
sent ; en revanche, l’état sanitaire des en
fants assistés est de nature à donner une
entière satisfaction, car il en ressort la cons
tatation que l’admission dans le service de
l’assistance a été le salut pour beaucoup
d’entre eux.
La proportion de la mortalité pour une
population de 379 enfants assistés de 1 jour
à 12 ans, a été, en 1882, de 4,38 0 /q ; en
1883, de 5,33 û/o et en 1884, de 4,48 0/(j,
alors qu’elle s’est élevée à 12,42 0/o pour les
enfants secourus. La proportion est encore
meilleure pour le premier semestre de 1885,
puisqu’elle ne s’élève, pour les enfants trou
vés, abandonnés ou orphelins, qu’à 3,43 0/o
et à 7,09 pour les enfants secourus. C’est au
cours de la période de 1 à 2 ans que la mor
talité est la plus grande.
C’est évidemment au bon choix des nour
rices et aux soins qui entourent les jeunes
enfants dans l’hospice dépositaire, qu’il faut
attribuer cette excellente situation sani
taire. .
Le service de l’Assistance emploie une
cinquantaine de nourrices par an, recrutées
parmÀ des Italiennes ou des Espagnoles,
pour la plupart nées en Algérie et mariées
à des cultivateurs ; on y trouve très peu de
Françaises et pas de Mauresques, l’adminis
tration n’admettant pas ces dernières en
raison de la difficulté de la surveillance et
de l’intérêt qu’elle a à voir les nourrices
conserver, après l’allaitement, leurs nourris
sons comme gardiennes. Une remarque à
faire cependant, est que, dans son rapport
sur la protection des enfants du premier
âge, le docteur Jobert place les nourrices
indigènes au premier rang, puis viennent
les espagnoles, les italiennes et les françai
ses.:
Emporté par l’intérêt de notre sujet, nous
nous voyons obligé de consacrer un second
article à la situation morale des enfants as
sistés.
inlopatioiis algériennes
Malgré les bruits qui ont circulé depuis
quelques jours, M. Bomber, député d Al
ger, 'ne partira pas encore.pour France.
M. Rourlier tient beaucoup à prendre part
au travaux du Conseil général, il est donc
probable que notre sympathique député ne
pa tira pour Paris que dans un mois seule
ment/
X
Contrairement à ce que l’on avait annon
cé, MM. Thomson et Treille s’embarqueront
vendredi pour France.
.. . X
Un nouveau congé d’inactivité, pendant
l’année scolaire 1885-1886, est accordé, sur
sa demande, à M. Guiliemiti, ancien pro
fesseur de physique au lycée d’Alger.
X
Les examens pour l’obtention du certificat
de grammaire auront lieu le 5 novembre
prochain, au Lycée d’Alger, à partir de huit
heures du matin.
L’examen eomp'émentaire prévu par le
décret du 1 er août 1883, déterminant les con
ditions d’études des officiers de santé, aura
lieu immédiatement après,
L’épreuve des langues vivantes est obli
gatoire .
Les inscriptions seront reçues à l’inspec
tion d’Alger, 16, rue Qdpuch.
' X
On nous apprend que M. Gros, directeur
de l’école normale de Constantine, est appe
lé à la direction de l’Ecole normale djAlger..
Nous ne pouvons que le féliciter. *
X
Une fouie nombreuse assistait, dimanche,
à l’inauguration du buste de Gambetta, au
village de ce nom.
MM. Etienne èt Jacques, M. Aymé, mai
re, un grand nombre de membres du Con
seil municipaLêtaient présents.
Plusieurs discours ont été prononcés, puis
les fêtes ont commencé ; malh - ureusement
elles ont été contrariées par un vent qui
soufflait avec violence et qui continue à
souffler à l’heure où nous écrivons.
X
Nous apprenons que le Conseil général de
Bône, faisant droit aux anciennes et nom
breuses réclamations de M. Hiegel, vétéri
naire à Bône, vient de mettre à sa disposi
tion un crédit de mille francs pour faire des
expériences de vaccinations charbonneu
ses.
X
Un bataillon du 34 e esl arrivé pour rem
placer le 11 e de ligne â Bône, qui part pour
Tébessa, Kheachela et Aï r-Beïda.
X
Sont définitivement admises à Cran, aix
brevet de eapacPê :
MIL: Barbier ; Mme ’Rr.assin ; Mlles Boul-
la, Carabelii, Gbabert D. lagrange, Durand
Marie. Ferré, Fübhart, Gouaux, Humbert,
Larguier, Larlique, M'assotq Mme Maurel;,
Mlles Morlet, Nerat de Lesguisé, Périn,
Porna?ès, Parait r. Raimbaud, Roman, Ray,
Savelli, Tabat, Tirelli, Touboul.
SESSION D’OCTOBRE
Nous empruntons à l'indépendant Far-
ticle suivant sur la séance du Conseil géné
ral de Constantine.
On verra jusqu’à quel point M. Fawtier
sait pousser l’audace :
« La séance de samedi, 10, a été passa
blement orageuse. Au calme des deux pre
mières séances a succédé un tumulte indes
criptible, un désordre inqualifiable, que le
président d’une part et le préfet de l’autre,
ont eu beaucoup de peine à arrêter.
» M. Fawtier arrivait ce jour-là et il
i fallait bie . qu’il montrât au Conseil tout ce
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 20.
LES
PAR
A. RAGOT et G. PRADEL (1)
PREMIÈRE PARTIE
LES DEUX TESTAMENTS
Deux percherons, blancs d’écume, attelés
de bricoles, couverts de queues de renards
et de grelots, arrêtaient devant le perron un
omnibus anglais. Sur le siège,, un postillon
aux couleurs et aux armes de Trêmeur fai
sait claquer à tour de bras un perpignan
sans fin.
Auprès du postilloa se trouvait un domes
tique sans livrée. Il sauta à terre et ouvrit
la portière à un homme de trente ans envi
ron, bien pris, distingué, qui portait avec
une grande élégance un simple costume de
voyage.
— Voyous un peu le neveu, murmura
Suzanne.
— ;-—r—
(1) Reproduction interdite aux journaux qui n’ont
9M traité avec la Société des Gens de Lettres.
Puis, après avoir embrassé d’un seul coup
d’œil l’ensemble et le détail, elle reprit :
— Mais il est très, très, très bien, ce ne
veu. Elle a bon goût, Mlle de Nerville. Ah
ça ! est-ce que cet animal de capitaine de
viendrait jaloux ? Est-ce que son mécon
tentement de la venue du neveu mlaurait
pour cause... Ah! mais non, par exem
ple ! , ,
M. de Trémeur venait d’apparaître sur îa
plate-forme du grand escalier. Il descendit
trois marches pour aller au-devant du
comte ; celui-ci gravit prestement les de
grés ; les deux hommes s’embrassèrent.
— Tablean de famille, murmura Suzanne,
qui ne perdait pas un détail de cette scène
— touchant tableau da famille. Seulement
c’est pour la forme ; ça manque absolument
d’effusion. Là-dessus, je vais me recoucher.
Ce qui n’empêche pas, fit-elle après réfle
xion, qu’il est très bien. Ce serait amusant
de lui faire oublier la Nerville. Malheureu-
•sement, on ne peut pas tout faire à la fois,
et il ne faut pas courir deux lièvres.
Cela dit, la jeune femme se pelotonna
dans sa couche, se mirant complaisamment
dans une petite glace qui se trouvait sur le
somno ; puis elle se perdit dans une rêverie
profonde.
Cependant, tandis que le duc et son ne
veu èchangaient des paroles plus affectueu
ses dans la forme que dans le fond, Clé
ment, le valet de chambre du comte, des
cendait de la plate-forme de l’omnibus des
malles, des valises et un nécessaire de
voyage. Un instant après,ces bagages étaient
installés par ses soins dans l’appurtement
du comte, et ce dernier y rejoignit bientôt
son domestique.
Clément avait le même âge que son maî
tre. Il était d’un blond faux ; le visage com
plètement rasé, qu’éclairaient deux yeux
jaunes dont les regards en dessous et voilés
n’étaient pas toujours d’accord. Raide, guin
dé, avec un col carcan le maintenant droit,
la raie au milieu du front et des aecroehe-
cbeurs, M. Clément représentait bien le plus
joli assemblage de tous les défauts et de
tous les vices.
Le comte s’était habitué à lui, car Clé
ment avait su se rendra indispensable ; de
plus il affirmait à tout instant qu’il était
« très attaché à monsieur le comte. »
Tandis que le valet de chambre préparait
la toilette de son maître et mettait en ordre
Sur une psyché de marbre les ustensiles d’un
nécessaire en or, Gontran s’était jeté sur un
canapé et paraissait soucieux.
Ce voyage l’assommait. Un manteau de
plomb, aussi lourd que triste, lui descendait
sur les épaules du moment qu’il mettait le
pied à Trémeur. Il ne pensait point sans
frémir aux quelques jours qu’il allait être
obligé de passer au château, perdu au fond
de la Bretagne, lui qui ne se sentait respirer
qu’entre la Madeleine, le boulevard Mont
martre et le Bois de Boulogne. Il songeait à
Blanche de Nerville, dont il était fou ; il
rêvait à cette fille si jolie, si coquette, qui
lui avait jeté un véritable sort. Il pensait
aussi à un nommé Yieumoi, un huissier qui
l’inondait de papier timbré. C’étaient ces
fameux papiers qui l’avaient obligé à quit
ter Paris, à laisser Blanche, les chevaux, le
club, je boulevard, toute cette vie montée
qui était devenue pour lui u.n besoin fou.
Acculé dans ses derniers retranchements, li
se voyait forcé d’avoir recours à son oncle,
qui l’avait déjà maintes et maintes fois obli
gé.
Ce n’est pas, pour employer le langage
trivial de M. Clément, que l’oncle -fût « dur
à la dèlenle », non ; mais Goatran sentait
parfaitement qu’il avait froissé cet oncle en
lui manquant de respect, en le négligeant
outre mesure, en le metmnt tout à fait de
côté et en ne venant frapper à sa porte que
pour lui demander de l’argent.
Cette fois encore, il fallait à tout prix
faire une large saignée à la bourse de son
oncle. Et cette saignée demandait des for
mes, du temps. Il ne pouvait sérieusement
dPe à M. de Trémeur : « mon oncle, il me
» faut encore quatre-vingt, mille francs, ou
» sans cela un certain Yieumoi fera saisir
» mes voitures, mes chevaux et les meubles
» de mon appariement II faut, en outre, de
» l’argent à Mlle Blanche de Nerville, ou
» sans cela la dite de Nerville ira en cher-
B^cher ailleurs, ce qui ne lui sera pas diffi-
» cile, mais me causera une souffrance
» atroce. »
Non, sérieusement, il ne pouvait à brûle-
pourpoint dire tout cela à son oncle, et il
en enrageait. La voix de Clément le tira de
ses réflexions.
— Je ferai remarquer à M. le comte qu’il
lai reste juste le temps de faire sa toilette*
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