Titre : Syndicalisme
Auteur : Confédération française des travailleurs chrétiens. Auteur du texte
Auteur : Confédération française démocratique du travail. Auteur du texte
Éditeur : CFTC (Paris)
Éditeur : CFDTCFDT (Paris)
Date d'édition : 1936-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34349313m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 avril 1936 01 avril 1936
Description : 1936/04/01 (A1,N4). 1936/04/01 (A1,N4).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52191754c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-JO-395
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/02/2024
Ire Année. - Ne 4
Pri^ : 50 centimes
Avril 1936.
Syndicalisme
organe mensuel
de la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens
Propagande !
Il reste, en France,
dix millions
de travailleurs
non syndiqués
ABONNEMENTS : 1 an ... 10 fr.
Prix spécial pour les syndiqués . 5 fr.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION : 5, RUE CADET, PARIS (IX e )
Téléphone : Provence 44-90
Chèques postaux : Paris 283-24
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii iiiiiiiiiiiiiiiiiuoiiiiiiiii i iiniiiiiiii iPisiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiBiiiiiiiiiHi mnunuununuuunn miiiiisininninnmEmnm nHnMinmmminmun
Les femmes et le travail
aux machines
La C. F. T. C. a toujours laissé se
développer librement dans son sein le
mouvement syndical féminin. Ne né
gligeant aucune mesure propre à faci
liter le retour de la mère au foyer en
donnant au père de famille un salaire
suffisant pour subvenir aux besoins de
toute la maisonnée (allocations fami
liales, salaire minimum, etc.) elle pro
fesse que les femmes contraintes a
travailler par les conditions économi
ques actuelles ou leur situation so
ciale, sont qualifiées pour défendre
elles-mêmes leurs conditions de tra
vail et réclamer un salaire en rapport
avec l’effort fourni.
Aussi les syndicats féminins chré
tiens, qu’ils soient groupés en Fédéra
tions autonomes ou rattachés à des
Fédérations mixtes, se sont-ils toujours
attachés à défendre le principe « à
rendement égal, salaire égal », qui
n’est autre qu’une transposition dans
le domaine professionnel de la for
mule évangélique : « A chacun selon
ses œuvres. » Ce faisant, ils ont cons
cience de servir non seulement la cause
du travail féminin mais aussi celle de
tous les travailleurs en luttant contre
l’avilissement général des salaires.
■
Ayant des intérêts communs à dé
fendre, les différents syndicats affiliés
à la C. F. T. C. ont pensé qu’il ne leur
suffisait pas de militer dans leur pro
pre profession, mais qu’ils devaient se
rapprocher et s’épauler mutuellement
pour une action commune sur toutes
sortes de questions que la crise éco
nomique et le développement du ma
chinisme rendent de plus en plus pres
santes. De là est née, l’année dernière,
à la suite du Congrès de la C. F. T. C.,
la Commission Féminine Confédérale,
sorte de Commission Technique per
manente où sont représentés les grou
pements féminins chrétiens ayant leur
siège à Paris : Union des Syndicats de
l’Abbaye, Fédération des Syndicats
professionnels du Boulevard des Ca
pucines, Syndicat Professionnel des
P. T. T., fonctionnaires, cheminotes,
etc... et qui se tient en contact avec
les groupements féminins ou mixtes
de province : syndicats de l’Isère, de
la Loire, etc...
Une des premières préoccupations
de la Commission a été de mettre à
l’étude la question du travail des fem
mes aux machines et de ses répercus
sions sur la santé des travailleuses. Il
s’agit ici, bien entendu, non seulement
A LA RESCOUSSE
La Presse marche...
Il est vraiment curieux de voir avec quel
empressement la grande presse rend compte
des moindres manifestations des organisa
tions affiliées à la C. G. T. Nous pensons,
notamment, au Congrès de la Fédération cé-
gétiste des employés qui a eu lieu, ce mois-
ci, à Strasbourg, et auquel le Petit Pari
sien, pour ne citer que lui, avait délégué
l’une de ses plus distinguées collaboratrices.
C’est donc en première page que cet im
portant organe a rendu compte du congrès
en question...
En cherchant bien, aux alentours de la
cinquième page, un lecteur attentif aurait
peut-être réussi à trouver, en son temps,
dans ce même journal, quelques lignes de
compte rendu du Congrès de la Fédération
des Syndicats chrétiens d’Employés.
Or notre Fédération est, de loin, la plus
importante des organisations françaises d’em
ployés. Pourquoi donc cette différence de
traitement de la part de la grande presse ?
...et les «services» aussi
C’est une force, pour un groupement, que
de pouvoir mettre en branle, à sa guise, la
presse, même bourgeoise ; mais il est plus
efficace, encore, d’avoir l’appui des bureaux
ministériels.
Ainsi, lors des élections qui se déroulè
rent, au dernier Conseil supérieur des Assu
rances sociales, pour la désignation des mem
bres de la Commission permanente, un dé
légué des Caisses « Le Travail » (C. G. T.)
se trouva présenté et élu, tandis que les
Caisses « Familiales », trois ou quatre fois
plus importantes par le nombre de leurs
adhérents, se voyaient éliminées de ladite
Commission.
A quoi la C. F. T. C. ne parviendrait-elle
pas si elle disposait d’appuis aussi efficaces ?
LE GRINCHEUX
des diverses machines de bureau, mais
aussi de celles qui sont utilisées dans
les ateliers et les usines.
Des enquêtes partielles déjà menées
et des doléances reçues par les syndi
cats, il résulte trop clairement que
l'emploi des machines, tel qu’il est
pratiqué presque partout, aboutit à un
surmenage et à une usure nerveuse
qui entraînent très rapidement de fâ
cheuses conséquences sur les organis
mes féminins. On ne se préoccupe, la
plupart du temps, que du rendement
stimulé sans cesse par des procédés de
chronométrage et de primes combinés
et on ne tient aucun compte de la ré
sistance physique du personnel.
Une organisation rationnelle et hu
maine du travail aux machines s’im
pose donc pour remédier à une situa
tion d’autant plus déplorable qu’il s’a
git de femmes, mères d’aujourd’hui ou
de demain.
■
Pour démontrer la nécessité de cette
organisation et être à même d’en sug
gérer les modalités, la Commission a
ouvert une enquête parmi toutes les
travailleuses intéressées, enquête dont
le but est de mettre en évidence les
inconvénients du travail aux machines
et ses conséquences au point de vue
physiologique, mental et nerveux, aussi
bien sur la santé des travailleuses que
sur celle de leurs enfants.
Elle a pensé, en outre, qu’en asso
ciant à cette enquête le corps médical
et les Services d’Hygiène Sociale, elle
pourrait recueillir des renseignements
précieux et que ceux qui sont à même
de constater les ravages causés dans
l’organisme par un labeur exagéré sau
raient proposer les remèdes qui per
mettraient de prévenir les maladies
pour n’avoir pas ensuite à les guérir.
Cette enquête, dont les conclusions
seront discutées à la réunion féminine
qui précédera le congrès confédéral, le
30 mai, n’est que l’amorce de l’action
a entreprendre par la Commission pour
obtenir des conditions plus humaines
de travail.
Elle constituera aussi une barrière
aux abus du machinisme qui attei
gnent indistinctement hommes et fem
mes et elle mettra ainsi en œuvre les
principes de solidarité interprofession
nelle qui animent les syndicats affi
liés à la C. F. T. C.
MARCELLE BERDIN
Un grand ami de la C. F. T. G.,
Mgr Vanneufville, est mort
(Voir en page 2 l’article de J. Zirnheld)
Nos grands Congrès Syndicaux
Nous entrons dans la période des Congrès régionaux et fédéraux. A Tourcoing 2.500 personnes ont entendu l’exposé du Plan
de la C. F. T. C., qui figurait également à l’ordre du jour du Congrès de Fougères, le 5 Avril.
UN GROUPE DE DÉLÉGUÉS AU CONGRÈS DE L’UNION DES SYNDICATS LIBRES DU NORD A TOURCOING, LE 29 MARS.
(Au centre J. Zirnheld, président de la C. F. T. C ; à sa droite Torcq, président de l’Union et Blain, secrétaire général delà Fédération du Textile;
à sa gauche Ch. Broutin, secrétaire général de l’Union)
Syndiqués
et syndicables
Parler d’unité ouvrière, alors qu’il reste
tant de travailleurs qui ne sont pas en
core syndiqués, quand ce n’est pas de la
comedie, c'est du verbiage.
Sans doute, il faut admettre que la
fraction organisée du travail, même infé
rieure en nombre, est qualifiée pour pré
senter les revendications professionnelles.
Il est parfaitement logique que les plus
conscients des travailleurs se chargent de
parler pour tous, et on ne peut les laisser
souffrir dans leurs intérêts les plus légi
times à cause de l’apathie des non-syn
diqués.
Une seule condition est indispensable :
tous les travailleurs ayant les mêmes
droits, la formule fasciste qui accorde à
quelques-uns une autorité mystique sur
tous leurs camarades, en raison d’on ne
sait quelle investiture de parti, ne sau
rait être admise.
Pour certains milieux français socialis
tes et syndicalistes, l’expérience de Mos
cou, confiant aux membres du parti com
muniste une véritable tutelle sur la nation,
semble avoir trop servi d’exemple. Il y a
des « chefs », désignés par des voies qui,
pour paraître publiques, n’en sont pas
moins mystérieuses, et auxquels la plèbe
doit obéir.
La masse ouvrière française ne paraît
pas, quoi qu’on en dise, disposée à s’en
régimenter de la sorte et à subir le joug.
On peut lui reprocher d’être individualiste,
égoïste et indifférente. Reconnaissons que
le syndicat, tel qu’on le lui a présenté le
plus souvent, cégétiste, unitaire ou uni
fié, ne présentait guère d’attrait pour un
homme raisonnable et qui pouvait souhai
ter défendre ses intérêts de travailleur
sans rien abdiquer de ses idées.
En temps de grève, ces travailleurs peu
vent bien, pour un temps, « rallier leurs
organisations » ; ils y trouvent une atmos
phère tellement insupportable qu’aussitôt
le péril passé ils s’empressent de s’enfuir.
Si l’égoïsme les guide alors, ce sentiment
n’est pas le seul ; il y a la crainte d’être
enrégimenté, de faire nombre pour des
revendications qui n’auraient plus rien de
professionnel.
Ce n’est pas en procédant ainsi qu’on
organisera sérieusement et efficacement la
classe ouvrière. Certes, il faut lui propo
ser un idéal, puisque l’orientation de no
tre existence dépend toujours de notre
philosophie. Mais c’est en se cantonnant
strictement dans l’ordre des questions
professionnelles que les formations syn
dicales auront le plus de chances de re
cueillir de nombreux adhérents fidèles et
vraiment organisés.
Les conditions économiques où nous vi
vons rendent singulièrement plus impé
rieuse, pour tout travailleur, la nécessité
d’appartenir à un syndicat. Nous sommes
convaincus que, parmi les professionnels
non syndiqués, une sensible majorité pour
rait et devrait appartenir à nos forma
tions, si leur existence et leur esprit
étaient mieux connus. Que nos camarades
n’oublient jamais que le premier travail
reste celui de la propa- -
gande, même et surtout in- 6%
dividuelle, et que c’est par S(mg
ce travail que s’affirmeront ( N )
et notre doctrine syndicale (
et nos solutions. ou o
Disons-le...
BON APPETIT !
Il y aurait bien des détails amusants à
relever dans les discussions du Congrès
d’unité des deux C. G. T.
Le camarade Piquemal (Contributions
indirectes) apporta à la tribune cette obser
vation qui lui avait été faite par un pay
san :
« Battre le fascisme, c’est bien, mais il
ne faudrait pas que la lutte antifasciste ab
sorbe la totalité de l’action prolétarienne ;
on nous a fait manger du curé pendant
trente ans et il ne fatidrait pas qu’aujour-
d’hui on nous fasse manger du fasciste... »
Seulement, peu après, l’orateur proclamait
qu’il était grand temps de réagir contre « le
travail souterrain des patronages religieux et
des hordes fascistes du capital », à l’égard
de la jeunesse.
Comme quoi il semble bien que l’appétit
de M. Piquemal, quoi qu’il en dise, est loin
encore d’être assouvi...
RUPTURE D‘ EQUILIBRE
N’est-ce pas au congrès de 1933 qu’un
délégué de la Gironde constatait, non sans
mélancolie, que, dans cette assemblée de
toutes les organisations de la C. G. T., les
groupements de fonctionnaires étaient en
majorité et qu’ainsi il devenait malaisé de
parler de « congrès ouvrier » ?
Qu’a-t-il pu dire, ce même délégué, s’il
s’est trouvé à Toulouse, au congrès d’unifi
cation ?
Il y avait 35 fédérations nationales repré
sentées. Dix d’entre elles groupent des tra
vailleurs disposant de statuts : fonctionnai
res, cheminots, services publics et concédés ;
25 sont des fédérations du commerce et de
l’industrie.
Les 10 fédérations de fonctionnaires et
assimilés disposaient, au congrès, de plus de
5.000 mandats ; les 25 fédérations ouvrières,
de 2.800 seulement.
Les cinq plus fortes Fédérations de per
sonnels à statuts détenaient, à elles seules, la
majorité absolue. La seule Fédération des
Cheminots avait plus de voix que, réunies,
les trois plus importantes Fédérations ou
vrières : bâtiment, métallurgie et livre...
TOLERANCE !
L’unité organique est faite entre la C. G. T.
et la C. G. T. U., certes : mais l’union des
cœurs ?
Voici ce que M. Monmousseau en pense :
Nous sommes tous, les uns et les autres,
j’en suis convaincu, trop heureux d’avoir pu
trouver le terrain de rassemblement, le ter
rain de la tolérance mutuelle, le terrain de
la fraternité collective, pour pouvoir écouter
d’une oreille complaisante certaines invita
tions aux luttes intestines. (Le Peuple du
4 mars 1936.)
On se tolère, c’est déjà quelque chose...
Cette « tolérance » n’empêche pas les
militants des syndicats unifiés de se com
battre avec vigueur sur le plan des élections
législatives. Les uns, en effet, ceux qui vien
nent de la vieille C. G. T., soutiennent les
socialistes ; les autres, les ex-unitaires, se
battent pour les communistes.
Le plus curieux, c’est qu’en maints en
droits les dirigeants syndicaux sont candi-'
dats et qu’on peut voir, comme c’est le cas
dans une circonscription minière du Pas-de-
Calais, deux candidats adverses appartenant
au même « vieux » syndicat cégétiste « uni
fié ».
Des tâches soi
pour la proche
L’instant est venu d’exposer l’œuvre
sociale accomplie par la législature qui
se termine ; et il sera bon d examiner en
même temps les taches urgentes qui s’im
poseront, sur le même plan, à la nou
velle Chambre.
L’article doit être court ; il sera vite
assez long pour parler de l’œuvre sociale
réalisée par la Chambre sortante.
Si l’on s’interroge pour signaler quel
ques réalisations, on est surpris de ne ren
contrer qu'un vide presque total. Crai
gnant alors une absence de mémoire, on
se renseigne davantage. Cependant, on
doit se rendre a l’évidence : a part quel
ques petites « réformettes », autant ne
pas parler de l’œuvre sociale de la 15 e lé
gislature.
La Chambre, il faut le reconnaître, a
amorcé une réalisation économique et
sociale de réelle importance, celle des
Ententes professionnelles obligatoires.
Cette loi, malgré ses insuffisances, ouvrait
des voies à l’organisation corporative.
N’en parlons pas trop cependant, car le
texte est en instance devant le Sénat :
nous apprendrons son échec ou ses pos
sibilités d’application.
Pourtant, n’accablons pas trop nos par
lementaires, soyons généreux, accordons-
leur les circonstances atténuantes. La
15 e législature s’est déroulée sous la pres
sion de la crise économique. Cette crise,
en une large mesure, a amené les déficits
budgetaires et les décrets-lois impopu
laires dans certaines de leurs disposi
tions ; puis, il y eut les luttes de partis,
les majorités de rechange, les menaces
contre la paix intérieure et la paix exté
rieure. Tout cela dominait, jusqu’à pré
sent, l’activité parlementaire.
Pour être plus complet, disons encore
que nos assemblées, se livrant depuis plus
d’un siècle à des travaux d’ordre politique,
se trouvent désemparées d’avoir à faire
face à des tâches d’ordre économique et
social, tâches complexes et considérables
pour lesquelles elles sont peu préparées.
Une adaptation du pouvoir législatif et
du pouvoir exécutif s’impose devant cette
situation nouvelle ; la Chambre agoni
sante a vécu d’après les anciennes métho
des, c’est la principale raison de son im
puissance sociale.
Mentionnons cependant, pour être équi
table, le vote et la promulgation de la loi
qui, après onze années d’expérience, a
donné un statut régulier au Conseil na
tional économique.
•
« Quelles sont les tâches urgentes qui
s’imposeront, sur le plan économique et
social, à la 16 e législature ? », et voilà la
seconde question qui se pose.
Ici, nous répondons :
A quoi servirait, pour la C. F. T. C., d’a
voir établi un Plan, si elle n’y avait inclus
des tranches de réalisations suivant leur
ordre d’urgence ? Pourquoi aurait-elle
dressé ce Plan, s’il n’était requis par des
nécessités impérieuses ?
Et, pour compléter cette réponse, di
sons à « Syndicalisme » : Les tâches ur
gentes de la prochaine législature, eh
bien ! c’est de réaliser une partie du Plan
de la C. F. T. C. !
laies urgentes
ine législature
Il faudrait, bien entendu, commencer
par les réformes les plus urgentes : mi-
nima obligatoires de salaires, réforme des
Allocations Familiales, prévention sociale
contre les maladies, prévention profes
sionnelle contre les accidents ; protection
du travail juvénile et féminin ; diminu
tion progressive de la durée du travail ;
politique du logement et extension de la
petite propriété ouvrière et rurale ; lutte
contre le chômage par un programme de
travaux rentables. Il n’est que de suivre
les pages douze et treize du Plan pour
trouver une abondante besogne de réali
sations sociales.
Mais, pour, ce faire, il faut inaugurer
une méthode. Le Parlement, conscient de
sa relative incompétence, se devrait d’or
ganiser une collaboration bien plus effec
tive avec les syndicats professionnels, avec
le Conseil Supérieur du Travail et le
Conseil National Economique. Or, à moins
Notre camarade Henri Meck, député-maire
de Molsheim, conseiller général du Bas-Rhin,
secrétaire général de la Fédération des Syndi
cats indépendants d’Alsace et de Lorraine et
de la Fédération des Mineurs (C. F. T. C.) qui
a prononcé un excellent discours, à la Cham
bre, le 19 mars, pour constater l’insuffisance
de l’œuvre accomplie par cette assemblée sur
le plan social.
de rompre délibérément avec une tradi
tion trop routinière, le Parlement aura
bien de la peine à organiser cette colla
boration.
N’attendons pas, sans doute, de la
Chambre prochaine les réformes profon
des de structure soit du pouvoir politique,
soit du pouvoir économique. Il serait suf
fisant qu’elle s’oriente dans cette voie par
la série de réformes immédiates que nous
venons d’indiquer.
Il resterait ainsi de la besogne à la
Chambre de 1940, pour les transforma
tions de plus longue haleine. Il faut avouer
que nous sommes modéré en ne récla
mant pas tout de suite l’organisation d’un
véritable pouvoir professionnel et écono
mique.
■
Mais la 16 e législature sera-t-elle mar
quée par cette volonté résolue de redres ¬
sement économique et de progrès social ?
Les candidats qui déjà maintenant, par
des tractations entre groupes, estompent
leurs idées, arrondissent les angles trop
nets de leurs conceptions, afin de gagner
des voix sur leur droite et sur leur gau
che, auront-ils, demain, assez d’énergie
pour imposer à la majorité parlemen
taire un programme hardi de réalisations
rapides ?... Ne craindront-ils pas pour leur
réélection... déjà ?... En un mot, aurons-
nous des chefs ?
Et cependant, comme le réclamait déjà
le Père Gratry, il faudrait que les hom
mes mettent autant d’ardeur et d’ingénio
sité dans les œuvres de paix et de pro
grès qu’ils en mettent parfois dans les
tâches meurtrières de la guerre.
Pourtant, ne poussons pas si loin nos
prévisions.
Il s’agit d’indiquer la tâche et non pas
de dire si elle sera réalisée.
C’est à nous qu’il convient d’agir pour
que l’œuvre sociale que nous réclamons
s’accomplisse dans la plus large mesure
possible.
Le Parlement est sensible aux poussées
de l’opinion. A nous de le contraindre
dans ses lentes procédures, dans son apa
thie.
Puisse-t-il comprendre que, s’il veut vi
vre, il doit se renouveler. Car, vraiment,
il y a un contraste trop frappant entre
les nécessités impérieuses, changeantes,
de la vie professionnelle et les habitudes
de lenteur traditionnelle de nos Assem
blées délibérantes.
Il faudra bien un jour que cela change.
Préparons donc ce changement heureux
parl’éducation de l’opinion et par la
préparation des hommes.
LOUIS BLAIN
Pri^ : 50 centimes
Avril 1936.
Syndicalisme
organe mensuel
de la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens
Propagande !
Il reste, en France,
dix millions
de travailleurs
non syndiqués
ABONNEMENTS : 1 an ... 10 fr.
Prix spécial pour les syndiqués . 5 fr.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION : 5, RUE CADET, PARIS (IX e )
Téléphone : Provence 44-90
Chèques postaux : Paris 283-24
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii iiiiiiiiiiiiiiiiiuoiiiiiiiii i iiniiiiiiii iPisiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiBiiiiiiiiiHi mnunuununuuunn miiiiisininninnmEmnm nHnMinmmminmun
Les femmes et le travail
aux machines
La C. F. T. C. a toujours laissé se
développer librement dans son sein le
mouvement syndical féminin. Ne né
gligeant aucune mesure propre à faci
liter le retour de la mère au foyer en
donnant au père de famille un salaire
suffisant pour subvenir aux besoins de
toute la maisonnée (allocations fami
liales, salaire minimum, etc.) elle pro
fesse que les femmes contraintes a
travailler par les conditions économi
ques actuelles ou leur situation so
ciale, sont qualifiées pour défendre
elles-mêmes leurs conditions de tra
vail et réclamer un salaire en rapport
avec l’effort fourni.
Aussi les syndicats féminins chré
tiens, qu’ils soient groupés en Fédéra
tions autonomes ou rattachés à des
Fédérations mixtes, se sont-ils toujours
attachés à défendre le principe « à
rendement égal, salaire égal », qui
n’est autre qu’une transposition dans
le domaine professionnel de la for
mule évangélique : « A chacun selon
ses œuvres. » Ce faisant, ils ont cons
cience de servir non seulement la cause
du travail féminin mais aussi celle de
tous les travailleurs en luttant contre
l’avilissement général des salaires.
■
Ayant des intérêts communs à dé
fendre, les différents syndicats affiliés
à la C. F. T. C. ont pensé qu’il ne leur
suffisait pas de militer dans leur pro
pre profession, mais qu’ils devaient se
rapprocher et s’épauler mutuellement
pour une action commune sur toutes
sortes de questions que la crise éco
nomique et le développement du ma
chinisme rendent de plus en plus pres
santes. De là est née, l’année dernière,
à la suite du Congrès de la C. F. T. C.,
la Commission Féminine Confédérale,
sorte de Commission Technique per
manente où sont représentés les grou
pements féminins chrétiens ayant leur
siège à Paris : Union des Syndicats de
l’Abbaye, Fédération des Syndicats
professionnels du Boulevard des Ca
pucines, Syndicat Professionnel des
P. T. T., fonctionnaires, cheminotes,
etc... et qui se tient en contact avec
les groupements féminins ou mixtes
de province : syndicats de l’Isère, de
la Loire, etc...
Une des premières préoccupations
de la Commission a été de mettre à
l’étude la question du travail des fem
mes aux machines et de ses répercus
sions sur la santé des travailleuses. Il
s’agit ici, bien entendu, non seulement
A LA RESCOUSSE
La Presse marche...
Il est vraiment curieux de voir avec quel
empressement la grande presse rend compte
des moindres manifestations des organisa
tions affiliées à la C. G. T. Nous pensons,
notamment, au Congrès de la Fédération cé-
gétiste des employés qui a eu lieu, ce mois-
ci, à Strasbourg, et auquel le Petit Pari
sien, pour ne citer que lui, avait délégué
l’une de ses plus distinguées collaboratrices.
C’est donc en première page que cet im
portant organe a rendu compte du congrès
en question...
En cherchant bien, aux alentours de la
cinquième page, un lecteur attentif aurait
peut-être réussi à trouver, en son temps,
dans ce même journal, quelques lignes de
compte rendu du Congrès de la Fédération
des Syndicats chrétiens d’Employés.
Or notre Fédération est, de loin, la plus
importante des organisations françaises d’em
ployés. Pourquoi donc cette différence de
traitement de la part de la grande presse ?
...et les «services» aussi
C’est une force, pour un groupement, que
de pouvoir mettre en branle, à sa guise, la
presse, même bourgeoise ; mais il est plus
efficace, encore, d’avoir l’appui des bureaux
ministériels.
Ainsi, lors des élections qui se déroulè
rent, au dernier Conseil supérieur des Assu
rances sociales, pour la désignation des mem
bres de la Commission permanente, un dé
légué des Caisses « Le Travail » (C. G. T.)
se trouva présenté et élu, tandis que les
Caisses « Familiales », trois ou quatre fois
plus importantes par le nombre de leurs
adhérents, se voyaient éliminées de ladite
Commission.
A quoi la C. F. T. C. ne parviendrait-elle
pas si elle disposait d’appuis aussi efficaces ?
LE GRINCHEUX
des diverses machines de bureau, mais
aussi de celles qui sont utilisées dans
les ateliers et les usines.
Des enquêtes partielles déjà menées
et des doléances reçues par les syndi
cats, il résulte trop clairement que
l'emploi des machines, tel qu’il est
pratiqué presque partout, aboutit à un
surmenage et à une usure nerveuse
qui entraînent très rapidement de fâ
cheuses conséquences sur les organis
mes féminins. On ne se préoccupe, la
plupart du temps, que du rendement
stimulé sans cesse par des procédés de
chronométrage et de primes combinés
et on ne tient aucun compte de la ré
sistance physique du personnel.
Une organisation rationnelle et hu
maine du travail aux machines s’im
pose donc pour remédier à une situa
tion d’autant plus déplorable qu’il s’a
git de femmes, mères d’aujourd’hui ou
de demain.
■
Pour démontrer la nécessité de cette
organisation et être à même d’en sug
gérer les modalités, la Commission a
ouvert une enquête parmi toutes les
travailleuses intéressées, enquête dont
le but est de mettre en évidence les
inconvénients du travail aux machines
et ses conséquences au point de vue
physiologique, mental et nerveux, aussi
bien sur la santé des travailleuses que
sur celle de leurs enfants.
Elle a pensé, en outre, qu’en asso
ciant à cette enquête le corps médical
et les Services d’Hygiène Sociale, elle
pourrait recueillir des renseignements
précieux et que ceux qui sont à même
de constater les ravages causés dans
l’organisme par un labeur exagéré sau
raient proposer les remèdes qui per
mettraient de prévenir les maladies
pour n’avoir pas ensuite à les guérir.
Cette enquête, dont les conclusions
seront discutées à la réunion féminine
qui précédera le congrès confédéral, le
30 mai, n’est que l’amorce de l’action
a entreprendre par la Commission pour
obtenir des conditions plus humaines
de travail.
Elle constituera aussi une barrière
aux abus du machinisme qui attei
gnent indistinctement hommes et fem
mes et elle mettra ainsi en œuvre les
principes de solidarité interprofession
nelle qui animent les syndicats affi
liés à la C. F. T. C.
MARCELLE BERDIN
Un grand ami de la C. F. T. G.,
Mgr Vanneufville, est mort
(Voir en page 2 l’article de J. Zirnheld)
Nos grands Congrès Syndicaux
Nous entrons dans la période des Congrès régionaux et fédéraux. A Tourcoing 2.500 personnes ont entendu l’exposé du Plan
de la C. F. T. C., qui figurait également à l’ordre du jour du Congrès de Fougères, le 5 Avril.
UN GROUPE DE DÉLÉGUÉS AU CONGRÈS DE L’UNION DES SYNDICATS LIBRES DU NORD A TOURCOING, LE 29 MARS.
(Au centre J. Zirnheld, président de la C. F. T. C ; à sa droite Torcq, président de l’Union et Blain, secrétaire général delà Fédération du Textile;
à sa gauche Ch. Broutin, secrétaire général de l’Union)
Syndiqués
et syndicables
Parler d’unité ouvrière, alors qu’il reste
tant de travailleurs qui ne sont pas en
core syndiqués, quand ce n’est pas de la
comedie, c'est du verbiage.
Sans doute, il faut admettre que la
fraction organisée du travail, même infé
rieure en nombre, est qualifiée pour pré
senter les revendications professionnelles.
Il est parfaitement logique que les plus
conscients des travailleurs se chargent de
parler pour tous, et on ne peut les laisser
souffrir dans leurs intérêts les plus légi
times à cause de l’apathie des non-syn
diqués.
Une seule condition est indispensable :
tous les travailleurs ayant les mêmes
droits, la formule fasciste qui accorde à
quelques-uns une autorité mystique sur
tous leurs camarades, en raison d’on ne
sait quelle investiture de parti, ne sau
rait être admise.
Pour certains milieux français socialis
tes et syndicalistes, l’expérience de Mos
cou, confiant aux membres du parti com
muniste une véritable tutelle sur la nation,
semble avoir trop servi d’exemple. Il y a
des « chefs », désignés par des voies qui,
pour paraître publiques, n’en sont pas
moins mystérieuses, et auxquels la plèbe
doit obéir.
La masse ouvrière française ne paraît
pas, quoi qu’on en dise, disposée à s’en
régimenter de la sorte et à subir le joug.
On peut lui reprocher d’être individualiste,
égoïste et indifférente. Reconnaissons que
le syndicat, tel qu’on le lui a présenté le
plus souvent, cégétiste, unitaire ou uni
fié, ne présentait guère d’attrait pour un
homme raisonnable et qui pouvait souhai
ter défendre ses intérêts de travailleur
sans rien abdiquer de ses idées.
En temps de grève, ces travailleurs peu
vent bien, pour un temps, « rallier leurs
organisations » ; ils y trouvent une atmos
phère tellement insupportable qu’aussitôt
le péril passé ils s’empressent de s’enfuir.
Si l’égoïsme les guide alors, ce sentiment
n’est pas le seul ; il y a la crainte d’être
enrégimenté, de faire nombre pour des
revendications qui n’auraient plus rien de
professionnel.
Ce n’est pas en procédant ainsi qu’on
organisera sérieusement et efficacement la
classe ouvrière. Certes, il faut lui propo
ser un idéal, puisque l’orientation de no
tre existence dépend toujours de notre
philosophie. Mais c’est en se cantonnant
strictement dans l’ordre des questions
professionnelles que les formations syn
dicales auront le plus de chances de re
cueillir de nombreux adhérents fidèles et
vraiment organisés.
Les conditions économiques où nous vi
vons rendent singulièrement plus impé
rieuse, pour tout travailleur, la nécessité
d’appartenir à un syndicat. Nous sommes
convaincus que, parmi les professionnels
non syndiqués, une sensible majorité pour
rait et devrait appartenir à nos forma
tions, si leur existence et leur esprit
étaient mieux connus. Que nos camarades
n’oublient jamais que le premier travail
reste celui de la propa- -
gande, même et surtout in- 6%
dividuelle, et que c’est par S(mg
ce travail que s’affirmeront ( N )
et notre doctrine syndicale (
et nos solutions. ou o
Disons-le...
BON APPETIT !
Il y aurait bien des détails amusants à
relever dans les discussions du Congrès
d’unité des deux C. G. T.
Le camarade Piquemal (Contributions
indirectes) apporta à la tribune cette obser
vation qui lui avait été faite par un pay
san :
« Battre le fascisme, c’est bien, mais il
ne faudrait pas que la lutte antifasciste ab
sorbe la totalité de l’action prolétarienne ;
on nous a fait manger du curé pendant
trente ans et il ne fatidrait pas qu’aujour-
d’hui on nous fasse manger du fasciste... »
Seulement, peu après, l’orateur proclamait
qu’il était grand temps de réagir contre « le
travail souterrain des patronages religieux et
des hordes fascistes du capital », à l’égard
de la jeunesse.
Comme quoi il semble bien que l’appétit
de M. Piquemal, quoi qu’il en dise, est loin
encore d’être assouvi...
RUPTURE D‘ EQUILIBRE
N’est-ce pas au congrès de 1933 qu’un
délégué de la Gironde constatait, non sans
mélancolie, que, dans cette assemblée de
toutes les organisations de la C. G. T., les
groupements de fonctionnaires étaient en
majorité et qu’ainsi il devenait malaisé de
parler de « congrès ouvrier » ?
Qu’a-t-il pu dire, ce même délégué, s’il
s’est trouvé à Toulouse, au congrès d’unifi
cation ?
Il y avait 35 fédérations nationales repré
sentées. Dix d’entre elles groupent des tra
vailleurs disposant de statuts : fonctionnai
res, cheminots, services publics et concédés ;
25 sont des fédérations du commerce et de
l’industrie.
Les 10 fédérations de fonctionnaires et
assimilés disposaient, au congrès, de plus de
5.000 mandats ; les 25 fédérations ouvrières,
de 2.800 seulement.
Les cinq plus fortes Fédérations de per
sonnels à statuts détenaient, à elles seules, la
majorité absolue. La seule Fédération des
Cheminots avait plus de voix que, réunies,
les trois plus importantes Fédérations ou
vrières : bâtiment, métallurgie et livre...
TOLERANCE !
L’unité organique est faite entre la C. G. T.
et la C. G. T. U., certes : mais l’union des
cœurs ?
Voici ce que M. Monmousseau en pense :
Nous sommes tous, les uns et les autres,
j’en suis convaincu, trop heureux d’avoir pu
trouver le terrain de rassemblement, le ter
rain de la tolérance mutuelle, le terrain de
la fraternité collective, pour pouvoir écouter
d’une oreille complaisante certaines invita
tions aux luttes intestines. (Le Peuple du
4 mars 1936.)
On se tolère, c’est déjà quelque chose...
Cette « tolérance » n’empêche pas les
militants des syndicats unifiés de se com
battre avec vigueur sur le plan des élections
législatives. Les uns, en effet, ceux qui vien
nent de la vieille C. G. T., soutiennent les
socialistes ; les autres, les ex-unitaires, se
battent pour les communistes.
Le plus curieux, c’est qu’en maints en
droits les dirigeants syndicaux sont candi-'
dats et qu’on peut voir, comme c’est le cas
dans une circonscription minière du Pas-de-
Calais, deux candidats adverses appartenant
au même « vieux » syndicat cégétiste « uni
fié ».
Des tâches soi
pour la proche
L’instant est venu d’exposer l’œuvre
sociale accomplie par la législature qui
se termine ; et il sera bon d examiner en
même temps les taches urgentes qui s’im
poseront, sur le même plan, à la nou
velle Chambre.
L’article doit être court ; il sera vite
assez long pour parler de l’œuvre sociale
réalisée par la Chambre sortante.
Si l’on s’interroge pour signaler quel
ques réalisations, on est surpris de ne ren
contrer qu'un vide presque total. Crai
gnant alors une absence de mémoire, on
se renseigne davantage. Cependant, on
doit se rendre a l’évidence : a part quel
ques petites « réformettes », autant ne
pas parler de l’œuvre sociale de la 15 e lé
gislature.
La Chambre, il faut le reconnaître, a
amorcé une réalisation économique et
sociale de réelle importance, celle des
Ententes professionnelles obligatoires.
Cette loi, malgré ses insuffisances, ouvrait
des voies à l’organisation corporative.
N’en parlons pas trop cependant, car le
texte est en instance devant le Sénat :
nous apprendrons son échec ou ses pos
sibilités d’application.
Pourtant, n’accablons pas trop nos par
lementaires, soyons généreux, accordons-
leur les circonstances atténuantes. La
15 e législature s’est déroulée sous la pres
sion de la crise économique. Cette crise,
en une large mesure, a amené les déficits
budgetaires et les décrets-lois impopu
laires dans certaines de leurs disposi
tions ; puis, il y eut les luttes de partis,
les majorités de rechange, les menaces
contre la paix intérieure et la paix exté
rieure. Tout cela dominait, jusqu’à pré
sent, l’activité parlementaire.
Pour être plus complet, disons encore
que nos assemblées, se livrant depuis plus
d’un siècle à des travaux d’ordre politique,
se trouvent désemparées d’avoir à faire
face à des tâches d’ordre économique et
social, tâches complexes et considérables
pour lesquelles elles sont peu préparées.
Une adaptation du pouvoir législatif et
du pouvoir exécutif s’impose devant cette
situation nouvelle ; la Chambre agoni
sante a vécu d’après les anciennes métho
des, c’est la principale raison de son im
puissance sociale.
Mentionnons cependant, pour être équi
table, le vote et la promulgation de la loi
qui, après onze années d’expérience, a
donné un statut régulier au Conseil na
tional économique.
•
« Quelles sont les tâches urgentes qui
s’imposeront, sur le plan économique et
social, à la 16 e législature ? », et voilà la
seconde question qui se pose.
Ici, nous répondons :
A quoi servirait, pour la C. F. T. C., d’a
voir établi un Plan, si elle n’y avait inclus
des tranches de réalisations suivant leur
ordre d’urgence ? Pourquoi aurait-elle
dressé ce Plan, s’il n’était requis par des
nécessités impérieuses ?
Et, pour compléter cette réponse, di
sons à « Syndicalisme » : Les tâches ur
gentes de la prochaine législature, eh
bien ! c’est de réaliser une partie du Plan
de la C. F. T. C. !
laies urgentes
ine législature
Il faudrait, bien entendu, commencer
par les réformes les plus urgentes : mi-
nima obligatoires de salaires, réforme des
Allocations Familiales, prévention sociale
contre les maladies, prévention profes
sionnelle contre les accidents ; protection
du travail juvénile et féminin ; diminu
tion progressive de la durée du travail ;
politique du logement et extension de la
petite propriété ouvrière et rurale ; lutte
contre le chômage par un programme de
travaux rentables. Il n’est que de suivre
les pages douze et treize du Plan pour
trouver une abondante besogne de réali
sations sociales.
Mais, pour, ce faire, il faut inaugurer
une méthode. Le Parlement, conscient de
sa relative incompétence, se devrait d’or
ganiser une collaboration bien plus effec
tive avec les syndicats professionnels, avec
le Conseil Supérieur du Travail et le
Conseil National Economique. Or, à moins
Notre camarade Henri Meck, député-maire
de Molsheim, conseiller général du Bas-Rhin,
secrétaire général de la Fédération des Syndi
cats indépendants d’Alsace et de Lorraine et
de la Fédération des Mineurs (C. F. T. C.) qui
a prononcé un excellent discours, à la Cham
bre, le 19 mars, pour constater l’insuffisance
de l’œuvre accomplie par cette assemblée sur
le plan social.
de rompre délibérément avec une tradi
tion trop routinière, le Parlement aura
bien de la peine à organiser cette colla
boration.
N’attendons pas, sans doute, de la
Chambre prochaine les réformes profon
des de structure soit du pouvoir politique,
soit du pouvoir économique. Il serait suf
fisant qu’elle s’oriente dans cette voie par
la série de réformes immédiates que nous
venons d’indiquer.
Il resterait ainsi de la besogne à la
Chambre de 1940, pour les transforma
tions de plus longue haleine. Il faut avouer
que nous sommes modéré en ne récla
mant pas tout de suite l’organisation d’un
véritable pouvoir professionnel et écono
mique.
■
Mais la 16 e législature sera-t-elle mar
quée par cette volonté résolue de redres ¬
sement économique et de progrès social ?
Les candidats qui déjà maintenant, par
des tractations entre groupes, estompent
leurs idées, arrondissent les angles trop
nets de leurs conceptions, afin de gagner
des voix sur leur droite et sur leur gau
che, auront-ils, demain, assez d’énergie
pour imposer à la majorité parlemen
taire un programme hardi de réalisations
rapides ?... Ne craindront-ils pas pour leur
réélection... déjà ?... En un mot, aurons-
nous des chefs ?
Et cependant, comme le réclamait déjà
le Père Gratry, il faudrait que les hom
mes mettent autant d’ardeur et d’ingénio
sité dans les œuvres de paix et de pro
grès qu’ils en mettent parfois dans les
tâches meurtrières de la guerre.
Pourtant, ne poussons pas si loin nos
prévisions.
Il s’agit d’indiquer la tâche et non pas
de dire si elle sera réalisée.
C’est à nous qu’il convient d’agir pour
que l’œuvre sociale que nous réclamons
s’accomplisse dans la plus large mesure
possible.
Le Parlement est sensible aux poussées
de l’opinion. A nous de le contraindre
dans ses lentes procédures, dans son apa
thie.
Puisse-t-il comprendre que, s’il veut vi
vre, il doit se renouveler. Car, vraiment,
il y a un contraste trop frappant entre
les nécessités impérieuses, changeantes,
de la vie professionnelle et les habitudes
de lenteur traditionnelle de nos Assem
blées délibérantes.
Il faudra bien un jour que cela change.
Préparons donc ce changement heureux
parl’éducation de l’opinion et par la
préparation des hommes.
LOUIS BLAIN
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