Titre : L'Ordre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1948-06-04
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32829724j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 juin 1948 04 juin 1948
Description : 1948/06/04 (A2,N228). 1948/06/04 (A2,N228).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5117357n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-1857
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/11/2021
2e année. - No 228
PRIX : 10 FRANCS
Directeur politique : Émile BURÉ
VENDREDI
4 JUIN 1948
UN SEDAN DIPLOMATIQUE
A LONDRES
les Six
ont terminé
leurs travaux
les méprisables dessous
de la guerre palestinienne
L AVERTISSEMENT
du président
VINCENT AURIOL
Toutes les thèses françaises
ont été sacrifiées sans contre partie
aux inco mpréhensions anglo -saxonnes
Vers une Allemagne unifiée et revancharde
En Terre Sainte, Musulmans et Juifs ont réalisé depuis
longtemps, en dépit des religions, une parfaite entente
MAIS LA FÉODALITÉ ARABE
ET LE CAPITALISME ANGLAIS
par Émile
BURÉ
Les républicains de l’Empire
Les républicains de l’Empire qui formèrent les cadres de
la Troisième République furent perpétuellement en crainte de la
dictature, des « prétoriens » dont ils avaient eu à souffrir le
« deux décembre ». Abec Arthur Ranc qui exerça sur eux une
immense influence à peu près incompréhensible aujourd’hui,
devant lequel Gambetta comme Clemenceau s’inclinaient, ils
tenaient que le Président de la République devait être « neutre ».
Cette neutralité pesa beaucoup à ceux qui se succédèrent à
l’Elysée jusqu’à la dernière guerre. Ils s’efforcèrent du mieux
qu’ils purent, en dépit des limites qu’elle imposait à leur action,
de ne point laisser s’amoindrir entre leurs mains le pouvoir qui
leur était échu. Mais leur effort à la longue devint de plus en
plus inutile « Comme Silvio Pellico dans le cloître de Santa
Margherita, écrivait déjà Raymond Poincaré dans ses Souvenirs,
je faisais Le mie prigioni au palais de l’Elysée. Triste maison...
Mes entretiens avec M. Doumergue et avec quelques-uns des mi
nistres, d’assez rares visites d’hommes politiques, les séances
des conseils, la lecture des comptes rendus parlementaires,
DELIQUESCENCE i
La Troisième Force
peut-elle sauver un régime en perdition?
par René SAIVE
La
par S. de GIVET
Conférence des Six est ter-
voilà tout ce qui me rattachait à la vie publique ».
Raymond Poincaré exagérait la misère de sa situation, il,
a pu imposer le gouvernement de Clemenceau qui gagna la
guerre qu’était sur le point de perdre le gouvernement de Pain-
levé, docile au défaitisme de Pétain et s’il ne parvint pas à
empêcher la signature de l’armistice prématuré du 11 novembre
1918, du moins en dénonça-t-il le péril. Il songea alors à démis
sionner et, comme je lui reprochais un jour d’être demeuré en
place, il me donna longuement les raisons de sa décision qui
étaient somme toute valables. Mais il reste que la démission
pour un Président de la République peut être, à de certains
moments critiques, acte positif et non pas geste négatif. C’est
entre les mains de ce dernier une arme qu’il ne doit pas négliger
s’il ne lui faut en user qu’à bon escient. Je me félicite que
Vincent Auriol le comprenne et le proclame avec courage.
Le discours qu’a prononcé à Quimper notre Président de
la République a rappelé à plusieurs de nos confrères celui que
'prononça naguère Millerand pour donner appui électoral au
bloc national en lutte alors contre le cartel des gauches qui
l’obligea à quitter l’Elysée lorsqu’il eut sur son adversaire rem
porté la victoire. Il le leur a rappelé à tort, selon moi. C’est,
je n’en doute pas, en effet, de Poincaré et non pas de Millerand
que Vincent Auriol s’est inspiré avec la chaleur, la fougue méri
dionales, nullement désagréables en la circonstance, qui lui ap
partiennent.
Gardien de la Constitution gouvernementale, Vincent Au
riol a pour mission de la défendre dit ne faillira pas à sa
mission. Au Pàrivmenrrdè décider si "elleconvient au temps que
nous vivons ! S’il s’avisait de la reviser, il donnerait, lui per
sonnellement, suite convenable à la révision qu’il aurait effec
tuée, selon qu’elle satisferait ou ne satisferait *pas à ses convic
tions de démocrate parlementaire ; « Le jour, a-t-il déclaré,
où un chef de gouvernement ou les ministres de ce gouverne
ment ne seraient plus responsables devant les élus de la nation,
le jour où le Parlement ne pourrait plus exercer, au nom du
peuple souverain son contrôle, il n’y aurait plus de République,
et je vous prie de croire que je n’assisterais jamais à cette agonie
sans reprendre, s’il le fallait, dans le rang, le combat républi
cain. »
C’est parfaitement clair et parfaitement honnête.
Les partisans du général de ,
Gaulle ont entendu l’avertisse-
Les socialistes ont cherché que
relle à M. René Mayer à propos
des licenciements de fonctionnai
res. M. René Mayer avait raison.
Les socialistes avaient tort: leurs
scrupules juridiques dissimulaient
assez mal le désir qu’ils avaient
de soustraire à la guillotine le
plus grand nombre possible de
leurs électeurs de choc. On sait
trop en effet que la S.F.I.O., par
ti fondant par excellence, ne
peut plus se permettre le moindre
écart de conduite à l’égard de
troupes visiblement désenchan
tées. Et c’était leur demander un
sacrifice hors de proportion avec
leurs disponibilités électorales que
d’exiger d’eux la simple applica
tion de la loi du 7 janvier.
Pourtant la prolifération admi
nistrative — pour reprendre un
mot de M. Bruyneel — est un fait
navrant, et ruineux, dont le pays,
mis à l’épreuve d’une fiscalité
redoutable, ne peut s’accommoder
plus longtemps. Dans chaque ser
vice, dans chaque département,
dans chaque ville, le contribua
ble peut montrer du doigt les
fonctionnaires inutiles qui ne pa
raissent avoir été créés et mis au
monde que pour dévorer en toute
quiétude leur petite part du bud
get national. Au Palais-Bourbon
même, un scandale permanent
s’étale sous le regard blasé des
représentants du peuple. Ce
scandale a la forme de M. Zak-
sas. Pour ceux qui ne s’en sou
viennent plus, rappelons que ce
fort honnête homme eut son
quart d’heure de célébrité au mo
ment de la première Constituan
te. C’est Jui qui fut chargé de ré
diger et rapporter les textes sur
lesquels devait reposer la IVe
République. Letton d’origine et
socialiste de religion, M. Zaksas
n’avait malheureusement à sa
disposition qu’une syntaxe chan
celante et trèmblotante, si bien
qu’on dut charger l’honorable
Senghor, député noir du Sénégal,
d’un délicat travail de mise au
point. La Constitution Zaksas-
Senghor se perdit néanmoins
corps et biens dans une tempête
de rires quelque part entre Dakar
et Riga. Parlementairement, M.
Zaksas était mort. Administrati
vement, tous les espoirs lui
étaient permis. Aussi bien le
nomma-t-on trésorier - payeur
général du Cameroun.
(Lire la suite en page 6)
minée. Nous en sortons battus,
et, paraît-il, contents.
Ne se vante-t-on pas, dans
les milieux qui approchent M.
Georges Bidault, d’avoir obtenu
in extremis hs plus valables apai
sements, les garanties les plus
substantielles, les plus sensation
nelles concessions grâce à une
audacieuse manœuvre de flanc ?
Voici l’histoire telle qu’on la.conte
au bout du Quai :
Depuis le début de la Confé
rence, nos représentants se heur
taient à une systématique obs
truction des diplomaties anglo-
américaines, représentées notam
ment, et d’une manière particu
lièrement désagréable, par le
trop fameux général Clay. Un
refus d’une sécheresse à peine
courtoise était opposé à toutes
nos suggestions. Les intérêts mo
raux et matériels de la France
dans le présent (réparations) et
plus encore dans l’avenir (sécu
rité) étaient considérés avec au
tant de désinvolture que les inté-
rêts
thie.
dans
de l’Allemagne, de sympa-
délégation française reçut,
les trois derniers jours de
la conférence, des instructions
impératives de Paris : il était
impossible, devant la révolte, tar-
(Lire la suite en page 3)
POUR SA GRANDE SAISON
Savis sea ta phiô kelle, et ta
p£uô cdaûtaâle mille du monde
par FRANCK-DOMINIQUE
A NOS LECTEURS
Le prochain numéro de
L’ORDRE DE
paraîtra
le vendredi 11
6 pages - 10
PARIS
juin
francs
Après la visite, tout entourée
de luxe et de courtoisie, que le jeune
couple princier d’Angleterre a ren
due à Paris, notre capitale entend
fermement placer sa saison sous le
signe de la beauté et de la charité.
De la beauté, en découvrant sou
dain, par un effort charmant, son
visage radieux d’aVant guerre, en
offrant tour à tour — et durant
tout un mois — ses plus riches pa-
ne peuvent prospérer que dans le sang
idéal de vie
LA POLITIQUE PAR L’IMAGE
(De la « San Francisco Chronicle. »)
Sur l’affiche, on lit : « Un mon
de pacifique se bâtira sur ce ter
rain. »
i Les fondations de la bâtisse por
tent : « Relations russo-américai
nes. »
égyptien
par Georges MEYER
ment qui leur était donné et
ils s’en sont émus. Je ne sais
pas pourquoi vraiment. Il est
évident, en effet, que si le gé
néral de Gaulle arrivait à ses
fins, s’il parvenait à instituer,
selon son désir, une Républi
que à l’américaine dont le pou
voir, chez nous, serait sans
contrepoids et prendrait aussi
tôt forme de dictature person
nelle, Vincent Auriol devrait
incontinent quitter l’Elysée
pour n’en être point chassé.
A quoi bon rêver d’un gaul
lisme de compromis, de conci
liation, d’un gaullisme cen
tre gauche, qui oscillerait
tantôt à droite tantôt à gauche
dans le respect des lois de la
Quatrième République selon
les nécessités du moment ? De
Gaulle est de Gaulle et il en
tend commander sans obser
vations ni murmure, comme il
(Lire la suite en page 6)
SAUF
“ COUP DUR ”
POLITIQUE
VERS LA BAISSE ?
HÉLAS
NON !
S.M.Norodom
Sihanouk
roi du Cambodge
est à Paris
Un prince et un pays
également fidèles
à 1*amitié française
(lire l’article en 6e page)
L’ÉCHÉANCE DE JUIN
ne fera pas déferler
la vague des grèves
Les prix de détail
ont
leur
avant 1*
automne
Force ouvrière et Syndicats
chrétiens ont décidé d’unir leurs
efforts étroitement pour rendre
effective la revalorisation du pou
voir d’achat par
les prix.
De son côté, la
sa commission
une action sur
C. G. T. a réuni
administrative.
Dans la résolution que celle-ci a
votée à l’unanimité, il est d’abord
indiqué que « la C.G.T. entend
poursuivre sa campagne tenace
pour une baisse réelle des prix ».
Mais les moyens définis diffè
rent de ceux que préconise le car
tel de baisse : la C. G. T. deman
de aux comités d’entreprises d’a
gir pour la réduction des marges
bénéficiaires dans l’industrie par
un contrôle permanent et « scru
puleux » des bénéfices.
Mais la commission administra
tive a mis essentiellement l’accent
par René DANY
sur la question des revendica
tions : minimum vital de 12.900
francs, soit une augmentation de
20 % avec répercussion sur l’en
semble de la hiérarchie des salai
res, garanti contre une hausse
éventuelle du coût de la vie par
un rajustement automatique.
Pour les fonctionnaires, la C.
G. T., appuyant les décisions pri
ses par l’Union générale des Fé
dérations de fonctionnaires, s’élè
ve contre les projets gouverne
mentaux concernant « le dégage
ment des cadres ».
Notons enfin que « la Commis
sion administrative reconnaît que
toute fédération d’industrie frap
pée par le chômage est fondée à
revendiquer le retour aux qua
rante heures, sans diminution des
salaires... »
(Lire la suite en page 6)
LA SEMAINE DE PIERRE LŒWEL
RIESUIRIRECTION D’HITLER
Chaque juif qui meurt en Pa
lestine y est tué par une balle an
glaise. Chaque Arabe qui meurt en
Palestine y meurt pour la cause an
glaise. On comprend que dans ces
conditions la Grande-Bretagne ne
soit pas pressée de mettre fin à un
conflit qu'elle a préparé, engagé, ré
chauffé et qu’elle entretient, où des
hommes meurent, les uns pour leur
idéal et leur patrie, les autres pour
son compte, et où elle peut légiti
mement croire n’avoir plus rien à
perdre, y ayant déjà perdu l’hon
neur.
Car c’est deux fois le perdre que
de le perdre l’ayant incarné. Si du
rant les cinq ans de guerre durant
lesquels pour le monde entier, pour
les juifs comme tous les hommes
libres (mais pour eux avec des rai
sons peut-être plus pressantes), l’An
gleterre apparut comme le dernier
rempart des libertés humaines dressé
contre l’invasion délirante de la bar
barie, si durant ces cinq ans des voix
prophétiques nous avaient dit: « Et
aussitôt q.ue Hitler aura été abattu,
ce seront ses peuples, ses hommes
et ses alliés qu'Albion favorisera !
Et le coin de terre où les survivants
aux massacres voudront aller cher
cher refuge, c’est elle qui le leur
disputera ! Bien mieux, ceux qui
Hitler n’aura pu atteindre, c’est elle
qui les fera massacrer! » Oui. si l’on
nous avait dit ces choses, les aurions-
nous crues ? Mais, on nous disait
ces choses, ou tout au moins des
choses semblables, et mieux vaut ne
pas rappeler qui nous les disait...
Je ne sais si M. Bevin va au
temple le dimanche, mais il a du
sang de Jésus sur la main. Maudite
tache qu'aucun parfum d’Arabie
n’effacera, comme pour lady Mac
beth. Ce sang d’ailleurs ne trou
ble personne. « L’histoire, ai-je
lu quelque part, apprendra plus tard
les efforts que fait le Vatican pour
mettre fin au conflit qui ensanglante
les Lieux Saints ». L’histoire l’ap
prendra, sans nul doute, mais nous
aurions bien voulu l’apprendre avant
elle. Car l’Infidèle n’a pas seulement
bombardé Jérusalem, ô vicaire du
Christ ! toute la terre qu’il ensan
glante. c’est celle de la race de ton
dieu ! Quand il s’agissait de com
battre le nazisme, on nous disait que
le pape était ligoté pat la crainte de
nuire aux catholiques allemands. A-
t-il peur, aujourd’hui qu’il se tait, de
nuire aux catholiques arabes ?...
Jérusalem ! Ville sainte dépecée
dans ses églises qui se la disputaient,
ville morte que le sionisme avait re
vivifiée. Le plan de partage a pu l’in-
ternationaliser : elle était la capitale
intellectuelle d’Israël. Là vivaient et
travaillaient, venus de tous les coins
de la terre, les poètes, les peintres,
les musiciens, les savants. L’Univer
sité hébraïque abritait des collections
inestimables, le Centre Médical réu
nissait, venant d’Europe, ce que la
science la plus moderne a conçu pour
la recherche médicale et la pra f iqw>
opératoire. Là Venaient se faire soi
gner juifs et Arabes.
La civilisation de l’émir, du
muphti et de M. Bevin a passé là.
Tout est ruine et deuil. Demain
sur le miracle de la Palestine juive
ressuscitée s’étendra la stérilité de
l'Arabe fanatique, famélique, misé
rable, tandis que de proche en pro
che grondera aux oreilles de l’Eu
rope le mouvement du panarabisme
en marche.
Cependant le châtiment commen
ce. On ne sème pas impunément sut
le monde les maléfices à peine dé
truits. Protégé, le nationalisme al
lemand se réveille. Encouragé, le
racisme prend officiellement le pou
voir en Afrique du Sud. Dans tous
les pays Hitler sort de la tombe.
Hitler n’était donc pas mort ? Non.
A quoi occupait-il ses loisirs ? A
se faire naturaliser citoyen britan
nique.
ascension et ils risquent
fort de continuer
par H. BUFFANDEAU
Les difficultés se précisent.
Bien que celles causées par les
contradictions politiques internes
qui cohabitent au sein du gouver
nement soient pour l’instant en
vedette, ü n’en reste pas moins
que la situation financière et celle
des prix demeure au premier
plan de l’actualité.
La crise éventuelle de trésore
rie, résultat, d’une part, du désé
quilibre de nature entre les recet
tes du Trésor et les dépenses qu’il
doit couvrir et, de l’autre, de la
crise commerciale latente que
nous avons été les premiers à si
gnaler, peut être hâtée par le
blocage des échanges internatio
naux de notre pays, de plus en
plus pauvre en devises en dépit
du plan Marshall.
Nous produisons trop cher, et
rien dans la politique gouverne
mentale n’est venu encore essayer
de corriger ce vice rédhibitoire.
Certes, on fait valoir la stabi-
lisation
prix de
l’année,
que les
de fait de l’indice des
détail depuis le début de
Nous voulons bien croire
restrictions de crédit et
les sévères ponctions fiscales de
janvier-février 1948 y sont pour
quelque chose. Mais si on se re
porte aux indices des années pré
cédentes, on constate que ce
phénomène paraît aussi revêtir
un caractère saisonnier.
Indices des
mentaires :
janv. fév.
prix de détail
ali-
1944
1945
1946
1947
1948
262
297
480
847
268
307
481
851
1437 1541
mars avr. mai
269
312
480
833
1518
267
317
481
830
1524
270
342
543
883
1541
oct.
279
435
866
1309
?
Ainsi, pendant cinq ans l’indice
a montré une certaine stabilité
jusqu’en mai... pour bondir dans
les mois d’été et d’automne.
En sera-t-il de même en 1948 ?
Disons-le tout net, c’est à crain
dre.
Certes une baisse de la viande
et de certains légumes est à pré
voir, mais le blé, mais le lait...
Tandis que, d’autre part, les in
cidences de Ig dévaluation qu’il
est impossible de celer plus long
temps vont s’exercer, en dépit
d’une réduction des marges com
merciales qui, en cette période de
mévente précipitera le malaise.
Le cas des filés de coton réglé,
il restera celui des cotonnades.
Les commerçants ont accepté de
tenir jusqu’au 15 juillet, mais
aussitôt après ce sera
massive, 80 à 100 7.
Il en est de même
chaussures.
Une fois de plus, on
la hausse
pour les
se trouve
dans une impasse, au moment où
les problèmes économiques des
productions de base étant ' résolus
quantitativement, il était possible
d’envisager l’avenir sous un jour
favorable.
rures, sa grâce la plus douce, son
élégance en des fêtes merveilleuses;
mais aussi de la charité, prouvant
qu’on peut masquer ses plaies et ne
pas oublier, en donnant sans comp
ter — et durant tout ce mois —
à ceux qui ont besoin et surtout aux
enfants.
Voulant regagner son titre étin
celant, la Ville-Lumière est décidée
à éblouir les milliers de touristes
qu’elle attend, pour la première fois
depuis des années en si grand nom
bre; elle veut, peut-être mieux mê
me qu'au moment de la victoire où
la joie ne pouvait cacher tous les
deuils et toutes les ruines, leur en
faire voix < de toutes les couleurs »!
Ouverte depuis le 31 mai, la
quinzaine de la rose a donné le ton,
ornant les massifs, égayant les murs,
envahissant surtout, d’une façon dé
licate ou majestueuse, toutes les vi
trines; chaque étalagiste s’est trans
formé en fleuriste soucieux de mieux
disposer ses gerbes et ses guirlandes,
de dessiner de plus jolis motifs que
ceux de son voisin, se prêtant ainsi
(Lire la suite en page 6)
(« Karikatur », Constantinople.)
Cœur à cœur.
M. Tsaldaris
changez de disque !
Ou vous pourriez bien être
d'ici peu abandonné par vos
commanditaires !
Les offres de paix
du général Markos
(lire P article en 6 e page)
1. " M nier / X
(« Komsomolskata Pravda », Moscou.)
Alfred Lotitz, ministre dénazifié
de Bavière, a déclaré à la Neue
Zeitung que la plupart des membres
du parti nazi, n’avaient été que.
des victimes d’Hitler et qu’ils
avaient le plus souvent témoigné
d’une telle modération qu’ils méri
teraient plutôt une décoration que
Rien n’illustre mieux la res
ponsabilité de l’O.N.U. et celle
de l’Angleterre dans l’affaire
de Palestine que la conclusion
de la trêve conclue le 1er juin
à minuit tant par la Ligue
arabe que par le gouvernement
provisoire de l’État juif. Il a
suffi, en effet, que l’on mon
trât quelque énergie à Lake
Success et que l’on envisageât
la mise en exécution de sanc
tions pour que les pays arabes
partis en guerre sur les con
seils et avec l’appui armé de
l’Angleterre acceptassent d’ar
rêter le combat çt de partici
per à de nouvelles négocia
tions.
Etait-il, dans ces conditions,
bien nécessaire de laisser se
perpétrer cette lâche agres
sion, de permettre que des
armes, des officiers britanni
ques prient la responsabilité
de destructions et de massa
cres qui, dans le monde civi
lisé et en Angleterre même où
l’opinion publique apparaît
infiniment plus avisée que
M. Bevin, ont révolté tous les
hommes épris de justice et de
droit.
Quant à la France officielle,
elle est restée muette. Le gou
vernement a sans doute bien
d’autres soucis.
Ne croyons pas un seul ins
tant qu’une telle attitude ser
vira nos intérêts en pays mu
sulmans. En terre d’Islam,
toute faiblesse de l’Europe est
aussitôt exploitée et l’on admi
re — tout en les craignant par
fois mais en les acceptant tou
jours — l’autorité dans la dé
cision, la force et l’énergie
dans les moyens. C’est ce qui
fit au Moyen-Orient, avant et
pendant une partie de la
guerre, le succès du fascisme
à Damas, à Bagdad et au
Caire.
Or dans ce drame palesti
nien, voulu et patiemment pré
paré par les fonctionnaires
britanniques coloniaux, ce ne
sont nullement — et l’Islam,
qui a jugé à sa juste valeur le
Mufti de Jérusalem et ses
complices, le sait — les inté
rêts des Arabes de Palestine
qui sont en jeu. Entre les
masses arabes, attirées de tous
les pays alentour par l’attrait
d’une vie meilleure en Terre
Sainte et les populations jui
ves, aucune opposition n’a
jamais séparé les éléments
locaux et le conflit n’a été créé
artificiellement par l’Angle
terre que pour permettre le
heurt des ambitions rivales et
irréductibles des dynasties ha-
chemites et séoudite et pour
finalement — comme il appa
raîtra plus tard lorsque le vrai
problème se présentera —
soulever au profit des intérêts
britanniques Damas et Amman
contre Ryad et La Mecque
contre Le Caire.
Quant aux ouvriers musul
mans et juifs de Palestine, ils
ont eux-mêmes réglé depuis
longtemps pacifiquement tou
tes les questions qui les con
cernent. Associés au sein de
Z’Achomer Ath Sahir, groupe
ment d’importance numérique
considérable qui unit la gran
de majorité des travailleurs
arabes et sionistes, en dépit des
féodaux musulmans et de l’ad
ministration mandataire, ils
vivraient parfaitement en paix
si d’incessantes interventions
étrangères et des agitateurs
professionnels, anciens agents
nazis ou fascistes, ne venaient
entraver leur œuvre commune.
En vérité, le partage voté
par l’O.N.U. et l’immigration
sioniste, source de richesse et
de mieux-être pour les masses
arabes, n’a rien à voir avec le
drame qui ensanglante ce pays.
A côté du problème palesti
nien très simple en lui-même,
puisque réduit à ses seuls élé
ments, il aurait, sans difficulté,
trouvé sa solution, il existe
une question d’Orient montée
de toutes pièces par Londres
dans cette région du monde
si importante pour la sécu
rité de l’Empire pour y étaglir
sur de nouvelles bases son au
torité et y affirmer, à la faveur
de la guerre, tout à la fois son
influence politique et ses in
térêts materiels si puissants.
Le problème a essentielle
ment deux aspects. L’un poli
tique très complexe, que l’in
terpénétration des intérêts bri
tanniques et ceux des diverses
dynasties qui dominent au
Caire, à Ryad, à Bagdad et à
Amman rend extrêmement dé
licat. L’autre, plus particuliè
rement physique, économique
et social, plus simple dans ses
éléments essentiels, mais plus
difficile encore à résoudre
puisqu’il existe depuis des siè
cles et qu’à l’inverse du pro
grès • qui régit le reste du
(Lire la suite en page 6)
la
; prison.
Projet de décoration à leur usage.
LA LUNE !
Toujours la lune! Des avi
culteurs britanniques affir
ment, après de longues ob
servations, que les œufs de
poules sont sensiblement plus
gros quand ils sont pondus
pendant la montée de la lune
que pendant sa descente.
Par contre, ils se mettent
moins aisément en con-
serve.
LA TRIBUNE
LIBRE
Premier pèlerinage
au Mur des Fédérés
Violentes bagarres: le sang coule
Clemenceau interpelle
(lire notre article en sixième page)
ORDRE DE PARIS”
Lan seule défense
par Julien BENDA
de faire exécuter, on peut
Donc le gouvernement grec vient
dire sans jugement, des masses entières de communistes. Je vais effarer
bien de mes lecteurs en déclarant que je l’approuve.
Non pas, certes, pour la cause qu’il défend — cause nettement
antidémocratique, quoi qu’il raconte, dont je me sépare pleinement
— mais pour la manière dont il la défend, qui est de terroriser 1 ad
versaire ou du moins de l’essayer. Je tiens que, pour un parti quel
qu’il soit, dont un ennemi puissant veut l’extermination, c’est la seule
manière efficace de se défendre, toutes les autres n étant que plai
santerie.
Une preuve cruciale est le cas du parti des démocrates français
(je parle des sincères) à l’égard de la réaction.
Voilà un parti qui se trouve en face d’un monde décidé —
il le déclare et le prouve — à l’abattre « par tous les moyens »;
qui, lorsqu’il est le plus fort, institue les cours prévotales. les cours
martiales du lendemain de la Commune, les révocations sans expli
cation prononcées par le gouvernement de Vichy, qui n’a pas hésité
pour vous assassiner à livrer la France à l’ennemi, qui vous annonce
pour demain, s’il gagne, une nouvelle Terreur blanche; un monde
qui a pour lui l’argent, toute une presse, toute une France, donc extrê
mement puissant. Or, contre un tel adversaire vous vous défendez
en exigeant de vos tribunaux une justice strictement « impartiale »,
résolue à cent fois acquitter un coupable plutôt que de trop frapper
un accusé, une justice fondée sur des enquêtes ultra-minutieuses, qui
peuvent durer des mois, des années, une justice tout imprégnée
d’ « humanité ». de « charité » ! Vous pouvez contempler l’effet
d’une telle défense.
Si, lors de son passage par Lyon, en 1944, quand il s’enfuyait
à l’étranger comme Louis XVI à Varennes devant la montée de la
République, vous aviez immédiatement fusillé Pétain et tenu, depuis,
ses partisans avec un revolver sous le nez, vous ne les verriez pas
aujourd’hui faire des gorges chaudes de vos foudres, avant de danser
peut-être demain la danse du scalp sur vos cadavres. a
J’entends votre sursaut : « Mais ce sont là des mœurs de
guerre ! Vous prêchez la guerre civile ! » Que vous faut-il pour
comprendre que nous sommes en pleine guerre civile ? D’ailleurs, la
France n’est-elle pas en guerre civile depuis la Révolution ?
Et encore : « Et l’apaisement ? La réconciliation nationale ? »
Comme si les bénéficiaires de votre « humanité » ne clamaient pas
que, dès qu’ils le pourront, ils reprendront leur guerre au couteau
contre tout un monde de leurs concitoyens. Relisez la déclaration
de Xavier Valat à ses juges, après son quasi-acquittement.
En somme, ces démocrates qui entendent que nous exercions
une justice exempte d’esprit de parti, de passion, de tendance, veulent
tout simplement que nous soyons divins. Or je n’ai pas encore compris
pourquoi je suis tenu, parce que démocrate, d’être Dieu le Père.
Je tiens que le démocrate a parfaitement droit à la passion -—
la passion démocratique — avec ce que la passion comporte d in
justice.
La passion, dit un mot célèbre, est la mesure de la puissance
humaine. Cupidilos est humane potentia mensura (Spinoza). J’estime
que le démocrate n’a aucunement à être dénué de puissance humaine.
On sait le refrain : « Alors vous êtes tout pareils à ceux
que vous prétendez combattre, les fascistes, les césariens; eux aussi,
entendent affirmer la puissance humaine. » En ce que nous entendons
affirmer celte puissance, nous leur sommes, en effet, tout pareils :
la différence est que nous entendons l’affirmer au nom d’un autre
idéal qu’eux.
Au reste, n’allons pas croire que ces mauvais bergers de la
démocratie agissent tous par croyance à la nature céleste de ce
régime; la plupart sont mus par des ressorts beaucoup moins nobles,
dont le principal est la terreur de la réaction, sans parler d’une secrète
partie liée avec elle. Ne prenons pas la lâcheté pour de l’angélisme.
Une vraie défense de la démocratie ne pourra venir que d’hommes
qui embrassent cet idéal avec intolérance pour tout ce qui n’est pas
lui, avec un esprit de sectarisme. Quant à la justice parfaite, je m’en
délecte dans Platon ou dans la Critique de la raison pratique; je ne
la cherche pas dans la conduite mutuelle des partis politiques.
PRIX : 10 FRANCS
Directeur politique : Émile BURÉ
VENDREDI
4 JUIN 1948
UN SEDAN DIPLOMATIQUE
A LONDRES
les Six
ont terminé
leurs travaux
les méprisables dessous
de la guerre palestinienne
L AVERTISSEMENT
du président
VINCENT AURIOL
Toutes les thèses françaises
ont été sacrifiées sans contre partie
aux inco mpréhensions anglo -saxonnes
Vers une Allemagne unifiée et revancharde
En Terre Sainte, Musulmans et Juifs ont réalisé depuis
longtemps, en dépit des religions, une parfaite entente
MAIS LA FÉODALITÉ ARABE
ET LE CAPITALISME ANGLAIS
par Émile
BURÉ
Les républicains de l’Empire
Les républicains de l’Empire qui formèrent les cadres de
la Troisième République furent perpétuellement en crainte de la
dictature, des « prétoriens » dont ils avaient eu à souffrir le
« deux décembre ». Abec Arthur Ranc qui exerça sur eux une
immense influence à peu près incompréhensible aujourd’hui,
devant lequel Gambetta comme Clemenceau s’inclinaient, ils
tenaient que le Président de la République devait être « neutre ».
Cette neutralité pesa beaucoup à ceux qui se succédèrent à
l’Elysée jusqu’à la dernière guerre. Ils s’efforcèrent du mieux
qu’ils purent, en dépit des limites qu’elle imposait à leur action,
de ne point laisser s’amoindrir entre leurs mains le pouvoir qui
leur était échu. Mais leur effort à la longue devint de plus en
plus inutile « Comme Silvio Pellico dans le cloître de Santa
Margherita, écrivait déjà Raymond Poincaré dans ses Souvenirs,
je faisais Le mie prigioni au palais de l’Elysée. Triste maison...
Mes entretiens avec M. Doumergue et avec quelques-uns des mi
nistres, d’assez rares visites d’hommes politiques, les séances
des conseils, la lecture des comptes rendus parlementaires,
DELIQUESCENCE i
La Troisième Force
peut-elle sauver un régime en perdition?
par René SAIVE
La
par S. de GIVET
Conférence des Six est ter-
voilà tout ce qui me rattachait à la vie publique ».
Raymond Poincaré exagérait la misère de sa situation, il,
a pu imposer le gouvernement de Clemenceau qui gagna la
guerre qu’était sur le point de perdre le gouvernement de Pain-
levé, docile au défaitisme de Pétain et s’il ne parvint pas à
empêcher la signature de l’armistice prématuré du 11 novembre
1918, du moins en dénonça-t-il le péril. Il songea alors à démis
sionner et, comme je lui reprochais un jour d’être demeuré en
place, il me donna longuement les raisons de sa décision qui
étaient somme toute valables. Mais il reste que la démission
pour un Président de la République peut être, à de certains
moments critiques, acte positif et non pas geste négatif. C’est
entre les mains de ce dernier une arme qu’il ne doit pas négliger
s’il ne lui faut en user qu’à bon escient. Je me félicite que
Vincent Auriol le comprenne et le proclame avec courage.
Le discours qu’a prononcé à Quimper notre Président de
la République a rappelé à plusieurs de nos confrères celui que
'prononça naguère Millerand pour donner appui électoral au
bloc national en lutte alors contre le cartel des gauches qui
l’obligea à quitter l’Elysée lorsqu’il eut sur son adversaire rem
porté la victoire. Il le leur a rappelé à tort, selon moi. C’est,
je n’en doute pas, en effet, de Poincaré et non pas de Millerand
que Vincent Auriol s’est inspiré avec la chaleur, la fougue méri
dionales, nullement désagréables en la circonstance, qui lui ap
partiennent.
Gardien de la Constitution gouvernementale, Vincent Au
riol a pour mission de la défendre dit ne faillira pas à sa
mission. Au Pàrivmenrrdè décider si "elleconvient au temps que
nous vivons ! S’il s’avisait de la reviser, il donnerait, lui per
sonnellement, suite convenable à la révision qu’il aurait effec
tuée, selon qu’elle satisferait ou ne satisferait *pas à ses convic
tions de démocrate parlementaire ; « Le jour, a-t-il déclaré,
où un chef de gouvernement ou les ministres de ce gouverne
ment ne seraient plus responsables devant les élus de la nation,
le jour où le Parlement ne pourrait plus exercer, au nom du
peuple souverain son contrôle, il n’y aurait plus de République,
et je vous prie de croire que je n’assisterais jamais à cette agonie
sans reprendre, s’il le fallait, dans le rang, le combat républi
cain. »
C’est parfaitement clair et parfaitement honnête.
Les partisans du général de ,
Gaulle ont entendu l’avertisse-
Les socialistes ont cherché que
relle à M. René Mayer à propos
des licenciements de fonctionnai
res. M. René Mayer avait raison.
Les socialistes avaient tort: leurs
scrupules juridiques dissimulaient
assez mal le désir qu’ils avaient
de soustraire à la guillotine le
plus grand nombre possible de
leurs électeurs de choc. On sait
trop en effet que la S.F.I.O., par
ti fondant par excellence, ne
peut plus se permettre le moindre
écart de conduite à l’égard de
troupes visiblement désenchan
tées. Et c’était leur demander un
sacrifice hors de proportion avec
leurs disponibilités électorales que
d’exiger d’eux la simple applica
tion de la loi du 7 janvier.
Pourtant la prolifération admi
nistrative — pour reprendre un
mot de M. Bruyneel — est un fait
navrant, et ruineux, dont le pays,
mis à l’épreuve d’une fiscalité
redoutable, ne peut s’accommoder
plus longtemps. Dans chaque ser
vice, dans chaque département,
dans chaque ville, le contribua
ble peut montrer du doigt les
fonctionnaires inutiles qui ne pa
raissent avoir été créés et mis au
monde que pour dévorer en toute
quiétude leur petite part du bud
get national. Au Palais-Bourbon
même, un scandale permanent
s’étale sous le regard blasé des
représentants du peuple. Ce
scandale a la forme de M. Zak-
sas. Pour ceux qui ne s’en sou
viennent plus, rappelons que ce
fort honnête homme eut son
quart d’heure de célébrité au mo
ment de la première Constituan
te. C’est Jui qui fut chargé de ré
diger et rapporter les textes sur
lesquels devait reposer la IVe
République. Letton d’origine et
socialiste de religion, M. Zaksas
n’avait malheureusement à sa
disposition qu’une syntaxe chan
celante et trèmblotante, si bien
qu’on dut charger l’honorable
Senghor, député noir du Sénégal,
d’un délicat travail de mise au
point. La Constitution Zaksas-
Senghor se perdit néanmoins
corps et biens dans une tempête
de rires quelque part entre Dakar
et Riga. Parlementairement, M.
Zaksas était mort. Administrati
vement, tous les espoirs lui
étaient permis. Aussi bien le
nomma-t-on trésorier - payeur
général du Cameroun.
(Lire la suite en page 6)
minée. Nous en sortons battus,
et, paraît-il, contents.
Ne se vante-t-on pas, dans
les milieux qui approchent M.
Georges Bidault, d’avoir obtenu
in extremis hs plus valables apai
sements, les garanties les plus
substantielles, les plus sensation
nelles concessions grâce à une
audacieuse manœuvre de flanc ?
Voici l’histoire telle qu’on la.conte
au bout du Quai :
Depuis le début de la Confé
rence, nos représentants se heur
taient à une systématique obs
truction des diplomaties anglo-
américaines, représentées notam
ment, et d’une manière particu
lièrement désagréable, par le
trop fameux général Clay. Un
refus d’une sécheresse à peine
courtoise était opposé à toutes
nos suggestions. Les intérêts mo
raux et matériels de la France
dans le présent (réparations) et
plus encore dans l’avenir (sécu
rité) étaient considérés avec au
tant de désinvolture que les inté-
rêts
thie.
dans
de l’Allemagne, de sympa-
délégation française reçut,
les trois derniers jours de
la conférence, des instructions
impératives de Paris : il était
impossible, devant la révolte, tar-
(Lire la suite en page 3)
POUR SA GRANDE SAISON
Savis sea ta phiô kelle, et ta
p£uô cdaûtaâle mille du monde
par FRANCK-DOMINIQUE
A NOS LECTEURS
Le prochain numéro de
L’ORDRE DE
paraîtra
le vendredi 11
6 pages - 10
PARIS
juin
francs
Après la visite, tout entourée
de luxe et de courtoisie, que le jeune
couple princier d’Angleterre a ren
due à Paris, notre capitale entend
fermement placer sa saison sous le
signe de la beauté et de la charité.
De la beauté, en découvrant sou
dain, par un effort charmant, son
visage radieux d’aVant guerre, en
offrant tour à tour — et durant
tout un mois — ses plus riches pa-
ne peuvent prospérer que dans le sang
idéal de vie
LA POLITIQUE PAR L’IMAGE
(De la « San Francisco Chronicle. »)
Sur l’affiche, on lit : « Un mon
de pacifique se bâtira sur ce ter
rain. »
i Les fondations de la bâtisse por
tent : « Relations russo-américai
nes. »
égyptien
par Georges MEYER
ment qui leur était donné et
ils s’en sont émus. Je ne sais
pas pourquoi vraiment. Il est
évident, en effet, que si le gé
néral de Gaulle arrivait à ses
fins, s’il parvenait à instituer,
selon son désir, une Républi
que à l’américaine dont le pou
voir, chez nous, serait sans
contrepoids et prendrait aussi
tôt forme de dictature person
nelle, Vincent Auriol devrait
incontinent quitter l’Elysée
pour n’en être point chassé.
A quoi bon rêver d’un gaul
lisme de compromis, de conci
liation, d’un gaullisme cen
tre gauche, qui oscillerait
tantôt à droite tantôt à gauche
dans le respect des lois de la
Quatrième République selon
les nécessités du moment ? De
Gaulle est de Gaulle et il en
tend commander sans obser
vations ni murmure, comme il
(Lire la suite en page 6)
SAUF
“ COUP DUR ”
POLITIQUE
VERS LA BAISSE ?
HÉLAS
NON !
S.M.Norodom
Sihanouk
roi du Cambodge
est à Paris
Un prince et un pays
également fidèles
à 1*amitié française
(lire l’article en 6e page)
L’ÉCHÉANCE DE JUIN
ne fera pas déferler
la vague des grèves
Les prix de détail
ont
leur
avant 1*
automne
Force ouvrière et Syndicats
chrétiens ont décidé d’unir leurs
efforts étroitement pour rendre
effective la revalorisation du pou
voir d’achat par
les prix.
De son côté, la
sa commission
une action sur
C. G. T. a réuni
administrative.
Dans la résolution que celle-ci a
votée à l’unanimité, il est d’abord
indiqué que « la C.G.T. entend
poursuivre sa campagne tenace
pour une baisse réelle des prix ».
Mais les moyens définis diffè
rent de ceux que préconise le car
tel de baisse : la C. G. T. deman
de aux comités d’entreprises d’a
gir pour la réduction des marges
bénéficiaires dans l’industrie par
un contrôle permanent et « scru
puleux » des bénéfices.
Mais la commission administra
tive a mis essentiellement l’accent
par René DANY
sur la question des revendica
tions : minimum vital de 12.900
francs, soit une augmentation de
20 % avec répercussion sur l’en
semble de la hiérarchie des salai
res, garanti contre une hausse
éventuelle du coût de la vie par
un rajustement automatique.
Pour les fonctionnaires, la C.
G. T., appuyant les décisions pri
ses par l’Union générale des Fé
dérations de fonctionnaires, s’élè
ve contre les projets gouverne
mentaux concernant « le dégage
ment des cadres ».
Notons enfin que « la Commis
sion administrative reconnaît que
toute fédération d’industrie frap
pée par le chômage est fondée à
revendiquer le retour aux qua
rante heures, sans diminution des
salaires... »
(Lire la suite en page 6)
LA SEMAINE DE PIERRE LŒWEL
RIESUIRIRECTION D’HITLER
Chaque juif qui meurt en Pa
lestine y est tué par une balle an
glaise. Chaque Arabe qui meurt en
Palestine y meurt pour la cause an
glaise. On comprend que dans ces
conditions la Grande-Bretagne ne
soit pas pressée de mettre fin à un
conflit qu'elle a préparé, engagé, ré
chauffé et qu’elle entretient, où des
hommes meurent, les uns pour leur
idéal et leur patrie, les autres pour
son compte, et où elle peut légiti
mement croire n’avoir plus rien à
perdre, y ayant déjà perdu l’hon
neur.
Car c’est deux fois le perdre que
de le perdre l’ayant incarné. Si du
rant les cinq ans de guerre durant
lesquels pour le monde entier, pour
les juifs comme tous les hommes
libres (mais pour eux avec des rai
sons peut-être plus pressantes), l’An
gleterre apparut comme le dernier
rempart des libertés humaines dressé
contre l’invasion délirante de la bar
barie, si durant ces cinq ans des voix
prophétiques nous avaient dit: « Et
aussitôt q.ue Hitler aura été abattu,
ce seront ses peuples, ses hommes
et ses alliés qu'Albion favorisera !
Et le coin de terre où les survivants
aux massacres voudront aller cher
cher refuge, c’est elle qui le leur
disputera ! Bien mieux, ceux qui
Hitler n’aura pu atteindre, c’est elle
qui les fera massacrer! » Oui. si l’on
nous avait dit ces choses, les aurions-
nous crues ? Mais, on nous disait
ces choses, ou tout au moins des
choses semblables, et mieux vaut ne
pas rappeler qui nous les disait...
Je ne sais si M. Bevin va au
temple le dimanche, mais il a du
sang de Jésus sur la main. Maudite
tache qu'aucun parfum d’Arabie
n’effacera, comme pour lady Mac
beth. Ce sang d’ailleurs ne trou
ble personne. « L’histoire, ai-je
lu quelque part, apprendra plus tard
les efforts que fait le Vatican pour
mettre fin au conflit qui ensanglante
les Lieux Saints ». L’histoire l’ap
prendra, sans nul doute, mais nous
aurions bien voulu l’apprendre avant
elle. Car l’Infidèle n’a pas seulement
bombardé Jérusalem, ô vicaire du
Christ ! toute la terre qu’il ensan
glante. c’est celle de la race de ton
dieu ! Quand il s’agissait de com
battre le nazisme, on nous disait que
le pape était ligoté pat la crainte de
nuire aux catholiques allemands. A-
t-il peur, aujourd’hui qu’il se tait, de
nuire aux catholiques arabes ?...
Jérusalem ! Ville sainte dépecée
dans ses églises qui se la disputaient,
ville morte que le sionisme avait re
vivifiée. Le plan de partage a pu l’in-
ternationaliser : elle était la capitale
intellectuelle d’Israël. Là vivaient et
travaillaient, venus de tous les coins
de la terre, les poètes, les peintres,
les musiciens, les savants. L’Univer
sité hébraïque abritait des collections
inestimables, le Centre Médical réu
nissait, venant d’Europe, ce que la
science la plus moderne a conçu pour
la recherche médicale et la pra f iqw>
opératoire. Là Venaient se faire soi
gner juifs et Arabes.
La civilisation de l’émir, du
muphti et de M. Bevin a passé là.
Tout est ruine et deuil. Demain
sur le miracle de la Palestine juive
ressuscitée s’étendra la stérilité de
l'Arabe fanatique, famélique, misé
rable, tandis que de proche en pro
che grondera aux oreilles de l’Eu
rope le mouvement du panarabisme
en marche.
Cependant le châtiment commen
ce. On ne sème pas impunément sut
le monde les maléfices à peine dé
truits. Protégé, le nationalisme al
lemand se réveille. Encouragé, le
racisme prend officiellement le pou
voir en Afrique du Sud. Dans tous
les pays Hitler sort de la tombe.
Hitler n’était donc pas mort ? Non.
A quoi occupait-il ses loisirs ? A
se faire naturaliser citoyen britan
nique.
ascension et ils risquent
fort de continuer
par H. BUFFANDEAU
Les difficultés se précisent.
Bien que celles causées par les
contradictions politiques internes
qui cohabitent au sein du gouver
nement soient pour l’instant en
vedette, ü n’en reste pas moins
que la situation financière et celle
des prix demeure au premier
plan de l’actualité.
La crise éventuelle de trésore
rie, résultat, d’une part, du désé
quilibre de nature entre les recet
tes du Trésor et les dépenses qu’il
doit couvrir et, de l’autre, de la
crise commerciale latente que
nous avons été les premiers à si
gnaler, peut être hâtée par le
blocage des échanges internatio
naux de notre pays, de plus en
plus pauvre en devises en dépit
du plan Marshall.
Nous produisons trop cher, et
rien dans la politique gouverne
mentale n’est venu encore essayer
de corriger ce vice rédhibitoire.
Certes, on fait valoir la stabi-
lisation
prix de
l’année,
que les
de fait de l’indice des
détail depuis le début de
Nous voulons bien croire
restrictions de crédit et
les sévères ponctions fiscales de
janvier-février 1948 y sont pour
quelque chose. Mais si on se re
porte aux indices des années pré
cédentes, on constate que ce
phénomène paraît aussi revêtir
un caractère saisonnier.
Indices des
mentaires :
janv. fév.
prix de détail
ali-
1944
1945
1946
1947
1948
262
297
480
847
268
307
481
851
1437 1541
mars avr. mai
269
312
480
833
1518
267
317
481
830
1524
270
342
543
883
1541
oct.
279
435
866
1309
?
Ainsi, pendant cinq ans l’indice
a montré une certaine stabilité
jusqu’en mai... pour bondir dans
les mois d’été et d’automne.
En sera-t-il de même en 1948 ?
Disons-le tout net, c’est à crain
dre.
Certes une baisse de la viande
et de certains légumes est à pré
voir, mais le blé, mais le lait...
Tandis que, d’autre part, les in
cidences de Ig dévaluation qu’il
est impossible de celer plus long
temps vont s’exercer, en dépit
d’une réduction des marges com
merciales qui, en cette période de
mévente précipitera le malaise.
Le cas des filés de coton réglé,
il restera celui des cotonnades.
Les commerçants ont accepté de
tenir jusqu’au 15 juillet, mais
aussitôt après ce sera
massive, 80 à 100 7.
Il en est de même
chaussures.
Une fois de plus, on
la hausse
pour les
se trouve
dans une impasse, au moment où
les problèmes économiques des
productions de base étant ' résolus
quantitativement, il était possible
d’envisager l’avenir sous un jour
favorable.
rures, sa grâce la plus douce, son
élégance en des fêtes merveilleuses;
mais aussi de la charité, prouvant
qu’on peut masquer ses plaies et ne
pas oublier, en donnant sans comp
ter — et durant tout ce mois —
à ceux qui ont besoin et surtout aux
enfants.
Voulant regagner son titre étin
celant, la Ville-Lumière est décidée
à éblouir les milliers de touristes
qu’elle attend, pour la première fois
depuis des années en si grand nom
bre; elle veut, peut-être mieux mê
me qu'au moment de la victoire où
la joie ne pouvait cacher tous les
deuils et toutes les ruines, leur en
faire voix < de toutes les couleurs »!
Ouverte depuis le 31 mai, la
quinzaine de la rose a donné le ton,
ornant les massifs, égayant les murs,
envahissant surtout, d’une façon dé
licate ou majestueuse, toutes les vi
trines; chaque étalagiste s’est trans
formé en fleuriste soucieux de mieux
disposer ses gerbes et ses guirlandes,
de dessiner de plus jolis motifs que
ceux de son voisin, se prêtant ainsi
(Lire la suite en page 6)
(« Karikatur », Constantinople.)
Cœur à cœur.
M. Tsaldaris
changez de disque !
Ou vous pourriez bien être
d'ici peu abandonné par vos
commanditaires !
Les offres de paix
du général Markos
(lire P article en 6 e page)
1. " M nier / X
(« Komsomolskata Pravda », Moscou.)
Alfred Lotitz, ministre dénazifié
de Bavière, a déclaré à la Neue
Zeitung que la plupart des membres
du parti nazi, n’avaient été que.
des victimes d’Hitler et qu’ils
avaient le plus souvent témoigné
d’une telle modération qu’ils méri
teraient plutôt une décoration que
Rien n’illustre mieux la res
ponsabilité de l’O.N.U. et celle
de l’Angleterre dans l’affaire
de Palestine que la conclusion
de la trêve conclue le 1er juin
à minuit tant par la Ligue
arabe que par le gouvernement
provisoire de l’État juif. Il a
suffi, en effet, que l’on mon
trât quelque énergie à Lake
Success et que l’on envisageât
la mise en exécution de sanc
tions pour que les pays arabes
partis en guerre sur les con
seils et avec l’appui armé de
l’Angleterre acceptassent d’ar
rêter le combat çt de partici
per à de nouvelles négocia
tions.
Etait-il, dans ces conditions,
bien nécessaire de laisser se
perpétrer cette lâche agres
sion, de permettre que des
armes, des officiers britanni
ques prient la responsabilité
de destructions et de massa
cres qui, dans le monde civi
lisé et en Angleterre même où
l’opinion publique apparaît
infiniment plus avisée que
M. Bevin, ont révolté tous les
hommes épris de justice et de
droit.
Quant à la France officielle,
elle est restée muette. Le gou
vernement a sans doute bien
d’autres soucis.
Ne croyons pas un seul ins
tant qu’une telle attitude ser
vira nos intérêts en pays mu
sulmans. En terre d’Islam,
toute faiblesse de l’Europe est
aussitôt exploitée et l’on admi
re — tout en les craignant par
fois mais en les acceptant tou
jours — l’autorité dans la dé
cision, la force et l’énergie
dans les moyens. C’est ce qui
fit au Moyen-Orient, avant et
pendant une partie de la
guerre, le succès du fascisme
à Damas, à Bagdad et au
Caire.
Or dans ce drame palesti
nien, voulu et patiemment pré
paré par les fonctionnaires
britanniques coloniaux, ce ne
sont nullement — et l’Islam,
qui a jugé à sa juste valeur le
Mufti de Jérusalem et ses
complices, le sait — les inté
rêts des Arabes de Palestine
qui sont en jeu. Entre les
masses arabes, attirées de tous
les pays alentour par l’attrait
d’une vie meilleure en Terre
Sainte et les populations jui
ves, aucune opposition n’a
jamais séparé les éléments
locaux et le conflit n’a été créé
artificiellement par l’Angle
terre que pour permettre le
heurt des ambitions rivales et
irréductibles des dynasties ha-
chemites et séoudite et pour
finalement — comme il appa
raîtra plus tard lorsque le vrai
problème se présentera —
soulever au profit des intérêts
britanniques Damas et Amman
contre Ryad et La Mecque
contre Le Caire.
Quant aux ouvriers musul
mans et juifs de Palestine, ils
ont eux-mêmes réglé depuis
longtemps pacifiquement tou
tes les questions qui les con
cernent. Associés au sein de
Z’Achomer Ath Sahir, groupe
ment d’importance numérique
considérable qui unit la gran
de majorité des travailleurs
arabes et sionistes, en dépit des
féodaux musulmans et de l’ad
ministration mandataire, ils
vivraient parfaitement en paix
si d’incessantes interventions
étrangères et des agitateurs
professionnels, anciens agents
nazis ou fascistes, ne venaient
entraver leur œuvre commune.
En vérité, le partage voté
par l’O.N.U. et l’immigration
sioniste, source de richesse et
de mieux-être pour les masses
arabes, n’a rien à voir avec le
drame qui ensanglante ce pays.
A côté du problème palesti
nien très simple en lui-même,
puisque réduit à ses seuls élé
ments, il aurait, sans difficulté,
trouvé sa solution, il existe
une question d’Orient montée
de toutes pièces par Londres
dans cette région du monde
si importante pour la sécu
rité de l’Empire pour y étaglir
sur de nouvelles bases son au
torité et y affirmer, à la faveur
de la guerre, tout à la fois son
influence politique et ses in
térêts materiels si puissants.
Le problème a essentielle
ment deux aspects. L’un poli
tique très complexe, que l’in
terpénétration des intérêts bri
tanniques et ceux des diverses
dynasties qui dominent au
Caire, à Ryad, à Bagdad et à
Amman rend extrêmement dé
licat. L’autre, plus particuliè
rement physique, économique
et social, plus simple dans ses
éléments essentiels, mais plus
difficile encore à résoudre
puisqu’il existe depuis des siè
cles et qu’à l’inverse du pro
grès • qui régit le reste du
(Lire la suite en page 6)
la
; prison.
Projet de décoration à leur usage.
LA LUNE !
Toujours la lune! Des avi
culteurs britanniques affir
ment, après de longues ob
servations, que les œufs de
poules sont sensiblement plus
gros quand ils sont pondus
pendant la montée de la lune
que pendant sa descente.
Par contre, ils se mettent
moins aisément en con-
serve.
LA TRIBUNE
LIBRE
Premier pèlerinage
au Mur des Fédérés
Violentes bagarres: le sang coule
Clemenceau interpelle
(lire notre article en sixième page)
ORDRE DE PARIS”
Lan seule défense
par Julien BENDA
de faire exécuter, on peut
Donc le gouvernement grec vient
dire sans jugement, des masses entières de communistes. Je vais effarer
bien de mes lecteurs en déclarant que je l’approuve.
Non pas, certes, pour la cause qu’il défend — cause nettement
antidémocratique, quoi qu’il raconte, dont je me sépare pleinement
— mais pour la manière dont il la défend, qui est de terroriser 1 ad
versaire ou du moins de l’essayer. Je tiens que, pour un parti quel
qu’il soit, dont un ennemi puissant veut l’extermination, c’est la seule
manière efficace de se défendre, toutes les autres n étant que plai
santerie.
Une preuve cruciale est le cas du parti des démocrates français
(je parle des sincères) à l’égard de la réaction.
Voilà un parti qui se trouve en face d’un monde décidé —
il le déclare et le prouve — à l’abattre « par tous les moyens »;
qui, lorsqu’il est le plus fort, institue les cours prévotales. les cours
martiales du lendemain de la Commune, les révocations sans expli
cation prononcées par le gouvernement de Vichy, qui n’a pas hésité
pour vous assassiner à livrer la France à l’ennemi, qui vous annonce
pour demain, s’il gagne, une nouvelle Terreur blanche; un monde
qui a pour lui l’argent, toute une presse, toute une France, donc extrê
mement puissant. Or, contre un tel adversaire vous vous défendez
en exigeant de vos tribunaux une justice strictement « impartiale »,
résolue à cent fois acquitter un coupable plutôt que de trop frapper
un accusé, une justice fondée sur des enquêtes ultra-minutieuses, qui
peuvent durer des mois, des années, une justice tout imprégnée
d’ « humanité ». de « charité » ! Vous pouvez contempler l’effet
d’une telle défense.
Si, lors de son passage par Lyon, en 1944, quand il s’enfuyait
à l’étranger comme Louis XVI à Varennes devant la montée de la
République, vous aviez immédiatement fusillé Pétain et tenu, depuis,
ses partisans avec un revolver sous le nez, vous ne les verriez pas
aujourd’hui faire des gorges chaudes de vos foudres, avant de danser
peut-être demain la danse du scalp sur vos cadavres. a
J’entends votre sursaut : « Mais ce sont là des mœurs de
guerre ! Vous prêchez la guerre civile ! » Que vous faut-il pour
comprendre que nous sommes en pleine guerre civile ? D’ailleurs, la
France n’est-elle pas en guerre civile depuis la Révolution ?
Et encore : « Et l’apaisement ? La réconciliation nationale ? »
Comme si les bénéficiaires de votre « humanité » ne clamaient pas
que, dès qu’ils le pourront, ils reprendront leur guerre au couteau
contre tout un monde de leurs concitoyens. Relisez la déclaration
de Xavier Valat à ses juges, après son quasi-acquittement.
En somme, ces démocrates qui entendent que nous exercions
une justice exempte d’esprit de parti, de passion, de tendance, veulent
tout simplement que nous soyons divins. Or je n’ai pas encore compris
pourquoi je suis tenu, parce que démocrate, d’être Dieu le Père.
Je tiens que le démocrate a parfaitement droit à la passion -—
la passion démocratique — avec ce que la passion comporte d in
justice.
La passion, dit un mot célèbre, est la mesure de la puissance
humaine. Cupidilos est humane potentia mensura (Spinoza). J’estime
que le démocrate n’a aucunement à être dénué de puissance humaine.
On sait le refrain : « Alors vous êtes tout pareils à ceux
que vous prétendez combattre, les fascistes, les césariens; eux aussi,
entendent affirmer la puissance humaine. » En ce que nous entendons
affirmer celte puissance, nous leur sommes, en effet, tout pareils :
la différence est que nous entendons l’affirmer au nom d’un autre
idéal qu’eux.
Au reste, n’allons pas croire que ces mauvais bergers de la
démocratie agissent tous par croyance à la nature céleste de ce
régime; la plupart sont mus par des ressorts beaucoup moins nobles,
dont le principal est la terreur de la réaction, sans parler d’une secrète
partie liée avec elle. Ne prenons pas la lâcheté pour de l’angélisme.
Une vraie défense de la démocratie ne pourra venir que d’hommes
qui embrassent cet idéal avec intolérance pour tout ce qui n’est pas
lui, avec un esprit de sectarisme. Quant à la justice parfaite, je m’en
délecte dans Platon ou dans la Critique de la raison pratique; je ne
la cherche pas dans la conduite mutuelle des partis politiques.
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