Titre : L'Ordre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1948-04-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32829724j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 avril 1948 10 avril 1948
Description : 1948/04/10 (A2,N192). 1948/04/10 (A2,N192).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5117321b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-1857
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/11/2021
Après la guerre " froide”
et la guerre " tiède”
la guerre “écossaise” !
AU PROCHAIN CONGRÈS R. P. F.
La dissolution
va être réclamée
Guerre-révolution
LETTRE DE NEW-YORK
SITUATION CONFUSE A BERLIN
guerre-suicide
par Emile BURÉ
Avec plusieurs de mes confrères j’ai été invité, hier, à
entendre, dans les salons de l’ambassade de Tchécoslovaquie,
les parlementaires tchécoslovaques qui viennent d’assister au
congrès de Nice, qui réunit des parlementaires de tous les
pays, à l’exception des parlementaires américains qui avaient
été empêchés de s’y rendre pour des motifs qui ne rele
vaient pas,. d'ailleurs, de la politique. Ce congrès semble
avoir fait œuvre utile. D'abord il a permis aux parlementai res
tchécoslovaques d'expliquer la crise de Prague qui a été ex
ploitée cyniquement dans tous les pdys et singulièrement dans
le nôtre, à l’effet d’envenimer la querelle américano-russe;
ensuite il a lancé un appel à la paix qui aurait mérité d'être
largement répandu pour faire échec au bellicisme dont les
manifestations sont de jour en jour plus inquiétantes.
La conduite de la Russie soviétique dans la conférence
interalliée n'a pas été exemplaire, notamment et l’endroit dt
la France, mais il convient, en toute justice, de constater qu’elle
a le droit de s’émouvoir, alors que les plus hautes person
nalilés de l’Amérique capitaliste annoncent les mesures qu’il:
prennent- ou qu’ils comptent prendre pour avoir raison d’elle
par la force des armes. Cependant que M. Symington, secré
taire à l'Air, précise que « nos superforteresses peuvent dé
sormais bombarder n’importe quelle région de la Russie »
M. Kenneth Royall, secrétaire à la Guerre, réclame des bases
en Europe, et M. Bridges, président de la commission séna
toriale des crédits, déclare : « Il faut financer et armer les
groupes anticommunistes d’Europe orientale. » Le général
Marshall lui-même prévient, d’une part, ses compatriotes que
« l’aide à l’Europe leur coûtera plus cher parce qu’il leur
faudra combler la déficience en armes des pays de l’Europe
occidentale » et, d’autre part, les citoyens des pays de l’Eu
rope centrale et en particulier ceux de l’Italie, qu’ils seront
abandonnés à leur misère s’ils ne votent pas comme lui ét les
siens le désirent. Des deux il leur faut opter : démocratie d
l’américaine ou la mort.
Je ne suis pas, en la circonstance, démocrate à l’améri
caine. Je trouve, moi, qu’une même forme de démocratie n’est
pas forcément convenable à tous les pays, qu’une constitution
valable pour un pays ne l’est pas forcément pour un autre.
Question de climat économique, social, culturel et j’ai ainsi
fort bien compris ce qui se passa récemment à Prague, avant
même que les parlementaires tchécoslovaques, dont vous lirez
plus loin les déclarations, voulussent bien me l’expliquer.
La Tchécoslovaquie est pays de grande industrie et le
ministère à direction communiste, Gottivald, qui s’était cons
titué dans ce pays, suivait dans le domaine économique et
social une politique qui, naturellement, était désagréable à
nombre de capitalistes, mêmes démocrates, ou se croyant tels,
aussi aux ministres qui partageaient leur désagrément. Une
crise ministérielle s’ouvrit donc, peut-être sous la pression de
certains représentants malavisés et de puissances étrangères
hostiles au communisme et partant au soviétisme. Crise re
doutable qui eût fort bien pu se dénouer dans l’illégalité, un
coup d’Etat de gauche répondant à un coup d’Etat de droite.
Fort heureusement, les communistes et les social-démocrates
tchécoslovaques qui, ne l’oublions pas, formaient déjà la ma
jorité du Parlement tchécoslovaque, prévinrent ce malheur en
s’unissant pour permettre au président Benès de constituer,
selon la Constitution, un nouveau cabinet où figurent des dé
putés appartenant à tous les partis, même au parti se récla
mant du catholicisme, qui furent tous représentés au congrès
de Nice et que nous avons eu, jeudi, l’occasion d’entendre.
Nos socialistes sont sévères pour leurs camarades tchéco
slovaques social-démocrates qui ont rendu possible cette com
binaison. Ils les accusent de s’être soumis aux communistes
et ils ne Craignent pas même de porter la même accusation
contre le président Benès, neutre de par sa fonction même.
Ils manquent au réalisme en ne distingant pas la situation de
Tchécoslovaquie de celle de la France et, au demeurant, ce
n’est pas parce qu’ils ont abandonné leur programme qu’ils
ne parlent plus guère « de la socialisation des moyens de
production et d’échange » qu’ils sont en droit d’exiger que
leurs camarades tchécoslovaques social-démocrates agissent de
même façon qu’eux. Entendons-nous bien, je ne leur reproche
pas leurs abandons, je leur demande, m’exprimant sans pas
sion, objectivement, de vouloir bien considérer que la Tchéco
slovaquie n’est pas la France, ce qu’il leur est possible, sans
doute, de m’accorder aisément.
Tous les pays de l’Europe centrale et des Balkans qui
furent alliés ou amis de la France ou qui, visiblement, aspi
rent à le devenir, tous ces pays qui peuvent servir de trait
d’union entre nos pays et la Russie soviétique dans l’orbite de
laquelle ils se meuvent, me demeurent chers et je me désole
quand je lis des articles du genre de celui que vient de publier
la Bataille, sous la signature de Jean Rochère, oii sont exaltés
les atroces exploits des maquis anticommunistes constitués
dans ces pays en vue du renversement de leurs gouvernements
respectifs, selon les prescriptions du puissant sénateur améri
cain Bridges l Ami François Quilici, toi qui fus à Paris anti-
munichois de la première heure et, à Londres, Free French
de haute qualité, laisse à d’autres journaux qui ne sont pas
rares le soin d'engager notre pays dans une guerre-révolution
qui serait pour lui guerre-suicide.
PAUL HOFFMAN
adm in istrateui
DU PLAN MARSHALL
New-York, le 6 mars 1948. —
Il faut convenir avec joie que les
incidents de Berlin n’ont pas été
dramatisés pra la presse amé-
caine. Tout en reconnaissant leur
gravité, les journaux n'ont pas
imprimé un mot pour aggraver la
tension internationale. Nous som
mes persuadés que si le commu
nisme était battu en Italie l'état
des esprit, de ce côté de l’océan,
se détendrait et que l’accord en-
re les deux colosses, qui semble
impossible aujourd'hui, pourrait
se faire par des concessions réci
proques tenant compte de la réa
lité des faits. C’est ce que croit
aussi M. Walter Lippmann, que
Buré reconnaît être le meilleur
spécialiste en politique étrangère.
L’Italie demeure donc la grande
épreuve. Il appartient ainsi au
peuple italien, qui a la chance de
n'avoir pas d’armée rouge sur son
par Léon CUERDAN
so] (comme ce fut le cas des na
tions des Balkans et de l'Europe
Centrale, ce qui leur valut des ré
gimes communistes). de choisir
entre la paix et la guerre
Cinq noms étaient prononcés
pour le poste d’administrateur du
plan d’aide à l’Europe : ceux de
MM. William Clayton, ancien
sous-secrétaire d'Etat ; Eric John
ston, ex-président de la Chambre
de commerce, devenu une des
personnalités dominantes de l’in
dustrie cinématographique : Fer
dinand Eberstadt. banquier et in
dustriel, ayant rempli les fonc
tions de président du board des
munitions de l’armée et de la ma
rine ; John MacCloy, président de
la Banque Internationale, et
(Lire la suite en troisième page.)
UN GRAND ÉCRIVAIN ITALIEN A PARIS
Alberto Moravia
croit à la littérature
et pas à la guerre
Alberto Moravia, retour de Lon
dres et en route pour l’Italie, séjour
ne actuellement à Paris. L’auteur
d'Agostino a une taille et une carrure
athlétiques : la claudication qui lut
reste d’une longue maladie d’enfan
ce (cinq ans de lit !) n’ôte rien à
son allant. Il vient tout juste de
passer la quarantaine. Mais sa carriè
re littéraire est déjà vieille de vingt
ans. Entre sa dix-septième et sa
vingtième année il écrivait son pre
mier roman. Les. Indifférents, avec
une charmante simplicité. Moravia
se défend des mérites de sa précocité.
—• On paye très cher des déburs
trop précoces. On croit être arrivé
déjà, quand on a seulement posé des
jalons : c’est fausser les perspectives:
on risque aussi de s’épuiser très vite:
de fait j’ai dû attendre pour écrire
de nouveau.
Nous lui demandons quelques dé
tails sur la vie littéraire italienne, qui
connaît un renouveau vigoureux.
— Il y a une vie littéraire très
intense en Italie depuis la fin de la
guerre. La chute du fascisme a amené
un nouveau mouvement et toute une
floraison de jeunes écrivains. Ce
mouvement semble se caractériser par
un nouveau réalisme- On ne pou
vait parler réel sous le fascisme : le
seul réel autorisé était le fascisme
lui-même.
— L’influence américaine se fait-
elle sentir dans ce mouvement ?
— 1 II est certain que les roman
ciers américains inspirent souvent la
technique des jeunes romanciers ita
liens. Nombreux sont ceux qui re
courent au style parlé, voire même
argotique.
—• Ce n’est pas votre cas ; n’est-
ce point trop hasarder que recon
naître, tant pour la forme que poui
le fond, une certaine analogie entre
vos ouvrages et ceux de Camus ?
— C’est possible. Dans Les Indif-
férents jétudie un thème qui res
semble à celui de L’Etranger de Ci-
mus, mes héros se sentant « étran
gers » ou « indifférents » à eux-
mêmes.
« Quant à la forme, je ne crois
pas aux techniques en matière de
roman. La technique pure n’existe
pas : c'est l’inspiration qui compte.
« Il n’est, pas besoin de faire usa
ge d’une technique nouvelle pour
exprimer des idées neuves. On peut
de nos jours écrire un roman va
lable en écrivant comme Flaubert ou
Montaigne. Je préfère pour ma part
un certain classicisme. Si l’on entend
par là netteté des contours. »
Nous parlons ensuite de l’Angle-
terre d’où revient Moravia. Il admire
beaucoup la solidité et le sens social
des Anglais. Sur le plan littéraire,
c’est surtout T. S. Eliot qu’il ap
précie.
Il a été frappé par la force avec
laquelle s’imposait aux Anglais la
peur d’un nouveau conflit :
— Personnellement, je ne crois
pas à une nouvelle guerre mondiale.
La guerre arrive lorsque tous les au
tres moyens de règlement ont échoué.
Ce n’est pas encore le cas. D’ailleurs
ni les U.S.A. ni l’U.R.S.S. n’oni
une idéologie guerrière.
M. DOMINO.
Après le tunnel
sous la Manche...
Le tunnel sous
la Méditerranée
il a été souvent question,
derniers temps, du tunnel
ces
sous
la Manche. Mais on oublie qu’il
existe des projets bien
- _ plus
ardus, tendant à relier Gibraltar
LES BRITANNIQUES ACCEPTENT
la proposition soviétique
d’une enquête commune
sur l’accident de Gatow
LE CONSEIL DE CONTROLE NE SE RÉUNIRA PAS AUJOURD'HUI
À la conférence de Genève
sur la liberté de la presse
UNANIMITE SUR UNE
MOTION PRESENTEE
PAR LES ETATS-UNIS
ET L’U.R.S.S.
C’est toujours Vers Berlin que
regardent les milieux diplomati
ques. I^es récents incidents qui
s'y sont déroulés et qui ont abouti
à la catastrophe de Gatow ris-
quent
des informations qui
Je veux être agriculteur
Une
sera
de choisir
politique agricole digne de ce nom
celle qui permettra aux jeunes gens
et non de subir
la vie des champs
à la côte africaine
Un technicien espagnol,
Gallego Herera, envisage
tunnel flottant de 26 mètres
lorge sur 18 m. 50 de haut ma
M.
un
de
in-
plus que jamais
e Marseille
Mais le Parlement
y croit
moins que jamais
Condamnation solennelle de
l’excitation à la guerre et de
la propagation des fausses
nouvelles
Genève, 9 avril. — La Grande-
Bretagne, les Etats-Unis et l'U.R.
S S. ont, avec sept autres pays,
rédigé une motion de condamna
tion solennelle de l'excitation à la
guerre et de la propagation des
fausses nouvelles.
Cette motion a été adoptée à
l'unanimité aux milieu des applau
dissements de la conférence des
Nations Unies sur la liberté de la
presse et de l'information.
La conférence a décidé, par 22
voix contre une, de créer pour
trois ans un organisme chargé
de veiller à la libre circulation des
informations, et qui recommandera
nous sont parvenues hier le prou
vent '— de pousser aussi bien la
Russie que les « Occidentaux » à
rechercher immédiatement une
solution générale au problème al
lemand.
C’est. au fond, le côté le plus
grave des incidents ferroviaires,
et de l’accident aérien de Gatow.
Parmi les informations diffu-
sées hier par les agences, les
sont rassurantes, les autres
alarmantes.
Rassurantes, l’acceptation
unes
sont
par
les Britanniques de la proposition
soviétique d’une enquête commune
sur l’accident aérien de Gatow.
Alarmantes, par contre, la déci
sion du général Clay de ne pas
convoquer le conseil de contrôle
allié de Berlin. Alarmantes aussi,
1. De favoriser une liberté plus
grande et éliminer les obstacles
s'opposant à la libre circulation
des nouvelles ;
2. S'opposer à toute propagande
nazie. fasciste ou autre, ■
sion ou de discrimination
nationale ou religieuse :
3. Etendre et. améliorer
• cords entre gouvernements
liant l’information ;
raciale,
les. ■ ac-
concer-
4. Faciliter le travail des cor
respondants étrangers.
Troubles en Colombie
Le gouvernement aux mains
des émeutiers
çait hier soir que des émeutiers
avaient pris d’assaut le palais
national de Bogota (Colombie)
où se tient la conférence pan
américaine. Plusieurs pièces du
palais ont été incendiées. Le gou
vernement serait aux mains des
émeutiers.
LIVRAISONS
du plan Marshall
pour avril
D’après certaines informations
les premières livraisons du plan
Marshall parviendraient en
France dans le courant d'avril.
Le programme des livraisons
se décomposerait comme suit :
189.000 tonnes de céréales re
présentant 22 millions de dollars;
452.000 tonnes de charbon;
305.000 tonnes d’essence;
Des machines représentant 750
millions de francs.
Le programme des premiers
trois mois prévoit pour la France
un total de 375 millions de dol
lars.
La France a épuisé le
crédit consenti par la
Banque Mondiale
les informations selon lesquelles
les Américains auraient décidé de
créer à Francfort un gouverne
ment de l’Allemagne de l’Ouest.
Alarmantes de la même façon, la
nouvelle selon laquelle les Sovié
tiques créeraient à Berlin un gou-
vernement central allemand,
avant les élections italiennes.
Quoi qu’il en soit, la France ne
doit pas rester passive devant
tous ces événements diplomati
ques. M. Couve de Murville est
à Berlin. Son rôle, à notre avis,
devrait consister à éviter que les
Russes d’un côté, les Anglo-Amé
ricains de l’autre, règlent trop
vite, sur un « coup de tête », le
Le premier congrès national du
R.P.F., que le général de Gaulle
inaugurera vendredi matin, à neuf
heures précises, a-t il été spécifié
rue de Solférino aux parlemens
taires amis, instamment pries
s’ils veulent participer à ces assi-
ses. d’avoir rejoint, dès le jeudi
soir, la cité phocéenne, est attendu
comme une importante manifestas
tion politique, mais il n'est pas
nécessaire d’avoir été jusqu’à
Delphes interroger la Pythie,
pour
pale
(Lire
problème allemand.
avait. depuis la libération,
position traditionnelle, liée
France
une
au
souci de sa propre sécurité et de
celle de ses alliés; ce serait peut-
être le moment de la faire pré
valoir .tout en jouant un rôle
conciliateur. '
(Lire nos informations en page 3)
SUR LE FRONT PALESTINIEN
Les hommes du T bureau d’Anders
défendent le pétrole américain
dans le Proche-Orient
savoir quelle sera la princi-
conclusion
dissolution.
ROBERT-PIMIENTA.
la suite en troisième pageA.
Une conférence de presse
du général Cochet
La Résistance
se réorganise
Le comité d’action
tance a donné hier
Maison des blindés,
rence de presse sous
de la résis-
matin, à la
une conté»
la présider*
ce du général Cochet ancien dé-
légué militaire pour le théâtre
d’opérations sud, et en présence
des membres du comité, MM. Guils
lain de Benouville, Bertin-Che-
vance, Bordier, Brunswig, Clos-
son, du colonel Ginas, de MM,
Jean-Pierre Lévy. Longchambon,
Louis Marin, Henri Ribière, Ro-
Avant que la guerre et l’occu
pation ne viennent apporter- à
l’agriculture les conditions qui de
vaient lui permettre de connaître
une prospérité, d’ailleurs toute
relative — il est vrai qu’en cette
matière, on ne juge pas de la
prospérité en fonction de ce qu’elle
représente effectivement pour la
corporation, mais par comparai
son avec la situation faite aux
autres corporations — l'agriculture
française menait une vie difficile,
voisine de la misère.
Alors l’exode rural s’expliquait,
non seulement par la dureté et les
exigences du travail de la terre,
par l’austérité de la vie rurale,
mais aussi parce que ce travail
ne payait pas.
Mais au cours de la période qui
vient de s’écouler et dans laquelle
l’agriculture a profité d’un état
d’aisance d’autant plus sensible
que la misère était plus grande
dans certains milieux et notam
ment dans la classe ouvrière des
villes, l’exode rural s’est-il ralenti,
diminué, voire arrêté ?
Certes, tant que l’occupant a
fait peser sur notre jeunesse et
sur nos ouvriers, la menace d’une
expédition dans le grand Reich,
V campagne a reçu, abrité, nourri,
des équipes nombreuses qui ve
naient chercher chez elle une pro
tection et un refuge. A l’époque
nos paysans ont d’ailleurs utilisé
heureusement ce surcroît inavoué
de population qui solutionnait en
même temps — dans une certaine
mesure, il est vrai, car la compé
tence n’y était pas — le problème
de la main-d’œuvre, et celui de
la solitude paysanne. Tous les ré
fugiés, les cachés, les « planqués »
apportaient un peu « d’air de la
ville », et réussissaient à créer à
la campagne un état d'esprit nou-
par R. MONTFORT
veau. La solidarité nationale
jouait à plein et c’est le souvenir,
le seul souvenir sans doute ré
confortant que l’on puisse gar
der de ces années-là !
Mais le débarquement — l’arri
vée des armées alliées — devait ra
masser sur son passage tous ces
ouvriers, toute cette jeunesse ur
baine désormais délivrée de M.
Bruneton et de ses menaces de
départ en Allemagne et le courant
patriotique était si puissant qu’il
entraînait aussi les jeunes paysans
eux-mêmes qui voulaient avoir
leur propre part de gloire dans
les sacrifices et la victoire.
L’agriculture devait être ainsi
brutalement dépouillée de contin
gents considérables de travailleurs
et se retrouver dans un isolement
encore plus grand.
Pour être juste, il faut voir là,
en dehors des autres raisons d’or
dre atmosphérique, la cause d’un
certain recul des cultures au len
demain de la libération .
Après avoir connu cette période
de relative prospérité dont la du
rée aura été éphémère — et n'aura
en fait correspondu qu’à la pé
riode de difficultés d’approvision
nement subie par le pays —
l’agriculture va se retrouver dans
tenu à faible profondeur par des
ancres.
Un autre projet, dû au colonel
Pedro Jevenois, comporte un
tracé coudé qui lui permet d’évi
ter les grandes profondeurs en
s’abaissant seulement à 400 mè
tres : la traversée en ligne droite
exigerait une descente à 1.000
mètres de profondeur
Une méthode hardie de trem
blement de terre artificiel ap
pliquée au moyen de charges de
dynamite atteignant 40 kilos a
révélé la présence d’une énorme
couche de marne imperméable,
reliant les deux continents par-
dessous le détroit. Le tunnel
pourra donc être exécuté, ici
comme sous la Manche, en toute l
il ne reste plus aux ingénieurs
qu’à choisir parmi les deux pro
jets exposés ci-dessus.
J. D.
Washington.
La Banque
Mondiale a fait savoir aujourd'hui
que la France a épuisé entièrement
le crédit de 250.000 millions de
dollars qui lui fut octroyé le 9
mai de l’année dernière.
La bataille fait rage
sur le Mont Castel
Jérusalem, 9 avril. — Les ca
nons de campagne du Yarmouk
(armée de libération arabe) bom
bardent ce soir les troupes de la
Haganah qui occupent le village
du mont Castel à l’ouest de Jéru
salem.
Elizabeth d'Angleterre
à Paris le 15 mai
Le 15 mai prochain, le Conseil
municival de Paris offrira un thé
à l’Hôtel de Lauzun, quai d’An
jou. en l’honneur de la princesse
Elizabeth et du duc d’Edimbourg.
LA QUOTIDIENNE de Pierre LŒWEL
une situation semblable à
d’avant guerre.
L’exode rural continuera.
celle
Mais
M. Schuman ira-t-il
aux Tourelles ?
La crise du logement n’af-
fecte pas seulement les par
ticuliers. Menacé d’expulsion,
le gouvernement serait sur
le point d’abandonner l’Hôtel
Matignon. On sait, en effet,
qu’un garçon de café en re
vendique la propriété à la
suite d’un héritage qu’exa
minent actuellement les tri
bunaux.
Ne sachant où transporter
ses pénates, M. Robert Schu
man s’est adressé à son mi
nistre des armées M. P. Teit-
gen. Et aussitôt quatre lignes
publiées dans le « Journal
officiel » ont donné satisfac
tion au chef du gouverne
ment. Il disposera désormais
d’une caserne qui fut aussi
ce n’est point cela qui est inquié
tant, car l’exode rural n’est pas
un mal en lui-même, ce n’est qu'un
indice de signalisation du pro
grès qui a marqué au travers des
siècles, les diverses étapes de la
civilisation.
Ce qui est inquiétant c’est
qu’aucun jeune homme ayant à
choisir une carrière ne se décide
à dire : « Moi je veux être agri
culteur ! »
Ce qui est pénible, c’est de pen
ser que trop nombreux sont ceux
qui travaillent la terre, non pas
pour avoir choisi ce métier, mais
pour l’avoir subi.
Une politique agricole digne de
ce nom sera celle qui créera les
conditions de vie dans l’agricul-
ture, permettant
un jeune
homme s’interrogeant, à l’aube
de sa vie professionnelle, de se
dire : « Moi, je veux être agri
culteur ! »
Ce jour-là, bien des choses au
ront changé et peut-être qu’alors,
les anti-paysans auront des rai
sons valables de jalouser l’agri
culteur.
La guerre des Trois n’aura pas lieu
Je publie une Quotidienne qui
dit les « chances » de guerre. Elle
paraît le matin où, histoire de sou
mettre les esprits à la douche écos
saise par un procédé d’information
qui rappelle une autre époque, on
nous annonce que les maréchaux
Montgomery et Sokolou/sky ayant
dîné ensemble, une réconciliation ar
rosée de vodka s’en est suivie. Sut
quoi « détente à Berlin », euphorie,
optimisme, tout va pour le mieux
dans la meilleure des planètes pos
sible. Et je me fais naturellement
moquer par les amis quf accusent ce
penchant irrésistible au pessimisme,
cette • humeur noire, cette déprava
tion de l'esprit, et cætera. Vingt-
quatre heures s'écoulent, les fumées
de l'ivresse se dissipent : patatras,
rien ne va plus : nouvelle tension d
Berlin, graves inquiétudes, tout va
mal dans une planète décidément en
discorde. Mes pronostics sombres
trouvent moins de censeurs.
Je veux bien en démordre, croît»
l’ami que ne croit pas à la guerre,
et que j’interroge anxieusement dans
l’espérance, non qu'il me convainque,
mais qu'il me rassure. Mais les
« guerres des nerfs » et les « drôles
de guerres » me sont restées sur l’es
tomac et comme jusqu'à présent elles
ont conduit à la guerre tout court,
j’avoue ne pas considérer comme de
petites manœuvres platoniques ces
méthodes de combat dans lequelles
les protagonistes croient pouvoir
toujours tirer à blanc et s'imaginant
qu’on dit à la machine infernale
« tu n'iras pas plus loin ». Minerve
sortit tout armée du cerveau de Ju
piter mais Mats peut bien en faite
autant et je reprends mon aphorisme
rien moins que rassurant : il y a
promesse de guerre formelle entre
deux conceptions idéologiques qui se
disputent la possession du monde
sans compromis possible lorsqu’elles
sont toutes deux au service des for
ces matérielles les plus puissantes du
monde.
Selon une dépêche de Jérusa
lem, parue il y a quelque temps
dans le « Daily Herald », l'orga
nisation « Haganah » avait en
levé à Jérusalem sept soldats po
lonais de l’armée Anders, suspec
tés d’avoir participé à l'action
terroriste des” Arabes. Quelques
jours plus tard, d’après une autre
information publiée par la presse
anglaise, au côté de six soldats et
de quatre policiers britanniques,
deux Polonais d’Anders avaient
été exécutés après qu’il fut cons
taté qu’ils avaient pris part à une
reconnaissance ayant pour objectif
de révéler les heures de passage
des cars convoyés du service juif
des voyageurs. Un autre homme
d’Anders avait été tué pour avoir
participé à l’assassinat de trois
juifs dans un café de Jérusalem.
Comment les Polonais se trou
vent-ils à Jérusalem ? Pourquoi
les voyons-nous encore char
gés d’exécuter ce « sale boulot » ?
Des journaux égyptiens de gau
che rapportaient récemment que
environ vingt officiers et sous-
officiers allemands libérés des
camps de prisonniers d'Egypte fu
rent transportés par les Anglais
en Palestine et affectés à des uni
tés arabes.
Les prisonniers allemands ne
sont du reste pas les seuls à s’af
fairer au milieu de bandes arabes.
Si des groupes d’hommes d’An-
ders sont aujourd’hui ‘fixés en
Palestine, pourquoi est-ce faire ?
Aujourd’hui les éléments affec
tés aux unités arabes y remplis
sent des fonctions d'officiers ins
tructeurs et d’agents de liaison
avec le quartier général anglais.
Dans de nombreux cas, ils parti-
cinent directement à l’action
contre les juifs et à l'espionnage
au profit des Arabes.
Pourquoi précisément au profit
des Arabes ? Car aujourd’hui, en
Palestine, l’agitation — organisée
et dirigée par le grand mufti, un
bon et vieil ami d’Hitler — est
inspirée et soutenue par les An
glais. Cette agitation n'a rien de
commun avec les intérêts réels
des masses populaires arabes et ne
sert, en premier lieu, qu’à proté
ger la position des Anglo-Améri
cains au Moyen-Orient.
Il n’est donc pas étonnant de
voir des hommes d’Anders agir
dans les rangs arabes. On est ainsi
fixé sur le sens des paroles que
l’aventurier Anders prononça en
(Lire la suite en troisième page.)
« Ce comité est la résultant a
des efforts poursuivis depuis da
longs mois par plusieurs d’entre
nous, émus et inquiets de l’offen-
apparition de ceux qui naguère,
s’étalent mis au service’ de l’en-
nemi. et de leur incroyable pré-
t-ntion de reprendre la direction
spirituelle
Puis, le
« Notre
de la France. »
général Cochet a eon
action sera une action
de salubrité publique et, pour ce
faire, nous faisons appel au pa-
LA BATAILLE DE LA PRESSE
Le rôle difficile de la S. A. E. P
LA PAROLE EST AU CONSEIL D’ETAT
A n
dans
lendemain de la libération,
un bel élan patriotique, le
■prime ries où ils étaient
gouvernement, poussé par l’opi
nion unanime, décida que les
journaux de la collaboration ne.
reparaîtraient plus jamais. Des
poursuites furent intentées. Fui
ne doutait qu’elles aboutissent à
la condamnation des coupables.
En fait,
rapidement, on
s’aperçut que la plupart des Gr ¬
ganes
avaient obtenu
des décisions politiques de clas
sement. Forts de ce qu’ils consi
déraient comme l’équivalent d’un
acquittement en justice, ils lais
saient déjà entendre .qu'ils al
laient revendiquer la restitution
de leurs biens.
Mais aller dans cette voie eût
abouti à mettre à la porte pu
rement et sim pie ment les jour
naux de la résistance. Devant
cette perspective scandaleuse, le
Parlement sentit la nécessité de
consolider le droit d’occupation de
nouveaux journaux sur les im-
LA CHRONIQUE DE L
Visant
disant
spécialement le
ses qui avaient
( innocentées »,
lateur vota la loi 'du 11
installés^
cas des
été sal
le légis-
mai 1943
qui établit définitivement l’expro.
priation des anciennes sociétés de
presse. Elle confia leur gestion G
une société nationale spécialement
créée à cet effet, la S.N.E.F.
Or il semble qu’on ait accu
mulé à plaisir les difficultés de-
vaut les pas de cette dernière^
Tout d'abord ce fut, et c’est en
core la bataille des décrets de
transfert.
cipe du
Alors que la loi pose
ussion possible le prin-
transfert immédiat des
entreprises visées, deux ans après
so lt vote de
décrets
restent en souffrance. Bien mieu.
des décrets pris en 1946 n’ont pus
encore été suivis des arrêtés d'ap
plication qui, seuls, permettent à
Robert DREUX.
(Lire la suite en troisième page.)
ORDRE DE PARIS
Les communistes contre ‘existentialisme
par ROGER A. PRIOURET
Nous avons connu, après la libération, un Pierre
Hervé polémiste — et polémiste de la grande
lignée. Nous avons connu ensuite un Pierre Hervé
parlementaire qui, celui-là, n est pas parmi les
meilleurs. Nous voici, avec un petit livre qui
s’intitule Individu et Marxisme en présence d’un
Pierre Hervé, philosophe — et philosophe qui écrit
dans une belle langue apaisée et claire.
Bien entendu Pierre Hervé traite du problème
que recontrent les intellectuels communistes chaque
fois qu'ils débordent le cadre de l’action, de la
propagande et de la polémique : 1 homme, sa
.personnalité et ses droits, sont-ils sauvegardés dans
la lutte menée contre le capitalisme ? Sont-ils
sauvegardés, la victoire assurée contre le capita
lisme, dans la construction de la cité socialiste ?
En d’autres termes et dans le concret, sont-ils
sauvegardés dans le parti communiste français et
dans la Russie actuelle ?
Pour répondre, notre philosophe se place devant
l’ennemi intellectuel de son parti : l’existentialisme.
Rappelons-nous les discours de MM. Thorez et
Casanova au congrès de Strasbourg. Pierre Hervé
est donc « dans la ligne » quand il écrit :
« ... Une fièvre d’individualisme s’est emparée
de quelques milieux d’intellectuels. Je dis intention
nellement une fièvre. Ce regain d’individualisme
ne paraît pas, en effet, devoir être considéré
comme une manifestation de force morale et de
santé... Hier, l’individualisme était confiant, pro
gressif, révolutionnaire. Aujourd’hui le voici pes
simiste, angoissé. C’est l'individualisme noir. Il
se plaint, il se lamente... »
Et il ajoute : « Je veux montrer comment cet
individualisme entraîne en dépit de ses inconsé-
quences, des résultats dangereux aussi
l’ordre intellectuel que dans l’ordre
politique. »
Nul doute que ce nouveau mal du
l’existentialisme. Encore faut-il souligner
bien dans
social et
Siècle soit
que Pierre
Hervé adopte, non seulement « la ligne », mais
les procédés. Quant le parti communiste trouve
sur sa route un adversaire gênant, il démolit
l’homme jusque dans sa vie privée. Quand il
combat une doctrine, il commence par la caricaturer
pour mieux la réfuter : ainsi Lénine ramenant
l’idéalisme à Berkeley et à l’irréalité du monda
extérieur. De même, en lisant Pierre Hervé, on a
le sentiment que l’homme des néo-individualistes
se ramène à l’Etranger de Camus, comme si ce
livre renfermait toutes les idées de Camus et l’œuvre
de Camus toute la philosophie existentielle.
Mais, du même coup, Pierre Hervé renonce
à comprendre ce qu’il veut réfuter. Quelqu’un dont
le témoignage ne peut lui être suspect — au moins
depuis quelque temps — M. Emmanuel Mounie
a montré le sens profond de l’existentialisme et sa
place dans la pensée philosophique (I). Les
ancêtres les plus lointains de Sartre et de Gabriel
Marcel ne sont pas Kierkegaard et Heidegger. Da
tout temps, contre les vastes constructions paral
lèles de l’idéalisme et du matérialisme, se sont
élevés des philosophes pour rappeler que l’homme
était le point de départ et le terme de la démarche
spéculative. L’existentialisme avant la lettre, c’était
Pascal : « Il ne peut y avoir de système de.
l'existence. » C’était même Socrate et son
« connais-toi toi-même ».
(Lire la suite en troisième page A
(1) Introduction aux existentialismes (Denoël)
et la guerre " tiède”
la guerre “écossaise” !
AU PROCHAIN CONGRÈS R. P. F.
La dissolution
va être réclamée
Guerre-révolution
LETTRE DE NEW-YORK
SITUATION CONFUSE A BERLIN
guerre-suicide
par Emile BURÉ
Avec plusieurs de mes confrères j’ai été invité, hier, à
entendre, dans les salons de l’ambassade de Tchécoslovaquie,
les parlementaires tchécoslovaques qui viennent d’assister au
congrès de Nice, qui réunit des parlementaires de tous les
pays, à l’exception des parlementaires américains qui avaient
été empêchés de s’y rendre pour des motifs qui ne rele
vaient pas,. d'ailleurs, de la politique. Ce congrès semble
avoir fait œuvre utile. D'abord il a permis aux parlementai res
tchécoslovaques d'expliquer la crise de Prague qui a été ex
ploitée cyniquement dans tous les pdys et singulièrement dans
le nôtre, à l’effet d’envenimer la querelle américano-russe;
ensuite il a lancé un appel à la paix qui aurait mérité d'être
largement répandu pour faire échec au bellicisme dont les
manifestations sont de jour en jour plus inquiétantes.
La conduite de la Russie soviétique dans la conférence
interalliée n'a pas été exemplaire, notamment et l’endroit dt
la France, mais il convient, en toute justice, de constater qu’elle
a le droit de s’émouvoir, alors que les plus hautes person
nalilés de l’Amérique capitaliste annoncent les mesures qu’il:
prennent- ou qu’ils comptent prendre pour avoir raison d’elle
par la force des armes. Cependant que M. Symington, secré
taire à l'Air, précise que « nos superforteresses peuvent dé
sormais bombarder n’importe quelle région de la Russie »
M. Kenneth Royall, secrétaire à la Guerre, réclame des bases
en Europe, et M. Bridges, président de la commission séna
toriale des crédits, déclare : « Il faut financer et armer les
groupes anticommunistes d’Europe orientale. » Le général
Marshall lui-même prévient, d’une part, ses compatriotes que
« l’aide à l’Europe leur coûtera plus cher parce qu’il leur
faudra combler la déficience en armes des pays de l’Europe
occidentale » et, d’autre part, les citoyens des pays de l’Eu
rope centrale et en particulier ceux de l’Italie, qu’ils seront
abandonnés à leur misère s’ils ne votent pas comme lui ét les
siens le désirent. Des deux il leur faut opter : démocratie d
l’américaine ou la mort.
Je ne suis pas, en la circonstance, démocrate à l’améri
caine. Je trouve, moi, qu’une même forme de démocratie n’est
pas forcément convenable à tous les pays, qu’une constitution
valable pour un pays ne l’est pas forcément pour un autre.
Question de climat économique, social, culturel et j’ai ainsi
fort bien compris ce qui se passa récemment à Prague, avant
même que les parlementaires tchécoslovaques, dont vous lirez
plus loin les déclarations, voulussent bien me l’expliquer.
La Tchécoslovaquie est pays de grande industrie et le
ministère à direction communiste, Gottivald, qui s’était cons
titué dans ce pays, suivait dans le domaine économique et
social une politique qui, naturellement, était désagréable à
nombre de capitalistes, mêmes démocrates, ou se croyant tels,
aussi aux ministres qui partageaient leur désagrément. Une
crise ministérielle s’ouvrit donc, peut-être sous la pression de
certains représentants malavisés et de puissances étrangères
hostiles au communisme et partant au soviétisme. Crise re
doutable qui eût fort bien pu se dénouer dans l’illégalité, un
coup d’Etat de gauche répondant à un coup d’Etat de droite.
Fort heureusement, les communistes et les social-démocrates
tchécoslovaques qui, ne l’oublions pas, formaient déjà la ma
jorité du Parlement tchécoslovaque, prévinrent ce malheur en
s’unissant pour permettre au président Benès de constituer,
selon la Constitution, un nouveau cabinet où figurent des dé
putés appartenant à tous les partis, même au parti se récla
mant du catholicisme, qui furent tous représentés au congrès
de Nice et que nous avons eu, jeudi, l’occasion d’entendre.
Nos socialistes sont sévères pour leurs camarades tchéco
slovaques social-démocrates qui ont rendu possible cette com
binaison. Ils les accusent de s’être soumis aux communistes
et ils ne Craignent pas même de porter la même accusation
contre le président Benès, neutre de par sa fonction même.
Ils manquent au réalisme en ne distingant pas la situation de
Tchécoslovaquie de celle de la France et, au demeurant, ce
n’est pas parce qu’ils ont abandonné leur programme qu’ils
ne parlent plus guère « de la socialisation des moyens de
production et d’échange » qu’ils sont en droit d’exiger que
leurs camarades tchécoslovaques social-démocrates agissent de
même façon qu’eux. Entendons-nous bien, je ne leur reproche
pas leurs abandons, je leur demande, m’exprimant sans pas
sion, objectivement, de vouloir bien considérer que la Tchéco
slovaquie n’est pas la France, ce qu’il leur est possible, sans
doute, de m’accorder aisément.
Tous les pays de l’Europe centrale et des Balkans qui
furent alliés ou amis de la France ou qui, visiblement, aspi
rent à le devenir, tous ces pays qui peuvent servir de trait
d’union entre nos pays et la Russie soviétique dans l’orbite de
laquelle ils se meuvent, me demeurent chers et je me désole
quand je lis des articles du genre de celui que vient de publier
la Bataille, sous la signature de Jean Rochère, oii sont exaltés
les atroces exploits des maquis anticommunistes constitués
dans ces pays en vue du renversement de leurs gouvernements
respectifs, selon les prescriptions du puissant sénateur améri
cain Bridges l Ami François Quilici, toi qui fus à Paris anti-
munichois de la première heure et, à Londres, Free French
de haute qualité, laisse à d’autres journaux qui ne sont pas
rares le soin d'engager notre pays dans une guerre-révolution
qui serait pour lui guerre-suicide.
PAUL HOFFMAN
adm in istrateui
DU PLAN MARSHALL
New-York, le 6 mars 1948. —
Il faut convenir avec joie que les
incidents de Berlin n’ont pas été
dramatisés pra la presse amé-
caine. Tout en reconnaissant leur
gravité, les journaux n'ont pas
imprimé un mot pour aggraver la
tension internationale. Nous som
mes persuadés que si le commu
nisme était battu en Italie l'état
des esprit, de ce côté de l’océan,
se détendrait et que l’accord en-
re les deux colosses, qui semble
impossible aujourd'hui, pourrait
se faire par des concessions réci
proques tenant compte de la réa
lité des faits. C’est ce que croit
aussi M. Walter Lippmann, que
Buré reconnaît être le meilleur
spécialiste en politique étrangère.
L’Italie demeure donc la grande
épreuve. Il appartient ainsi au
peuple italien, qui a la chance de
n'avoir pas d’armée rouge sur son
par Léon CUERDAN
so] (comme ce fut le cas des na
tions des Balkans et de l'Europe
Centrale, ce qui leur valut des ré
gimes communistes). de choisir
entre la paix et la guerre
Cinq noms étaient prononcés
pour le poste d’administrateur du
plan d’aide à l’Europe : ceux de
MM. William Clayton, ancien
sous-secrétaire d'Etat ; Eric John
ston, ex-président de la Chambre
de commerce, devenu une des
personnalités dominantes de l’in
dustrie cinématographique : Fer
dinand Eberstadt. banquier et in
dustriel, ayant rempli les fonc
tions de président du board des
munitions de l’armée et de la ma
rine ; John MacCloy, président de
la Banque Internationale, et
(Lire la suite en troisième page.)
UN GRAND ÉCRIVAIN ITALIEN A PARIS
Alberto Moravia
croit à la littérature
et pas à la guerre
Alberto Moravia, retour de Lon
dres et en route pour l’Italie, séjour
ne actuellement à Paris. L’auteur
d'Agostino a une taille et une carrure
athlétiques : la claudication qui lut
reste d’une longue maladie d’enfan
ce (cinq ans de lit !) n’ôte rien à
son allant. Il vient tout juste de
passer la quarantaine. Mais sa carriè
re littéraire est déjà vieille de vingt
ans. Entre sa dix-septième et sa
vingtième année il écrivait son pre
mier roman. Les. Indifférents, avec
une charmante simplicité. Moravia
se défend des mérites de sa précocité.
—• On paye très cher des déburs
trop précoces. On croit être arrivé
déjà, quand on a seulement posé des
jalons : c’est fausser les perspectives:
on risque aussi de s’épuiser très vite:
de fait j’ai dû attendre pour écrire
de nouveau.
Nous lui demandons quelques dé
tails sur la vie littéraire italienne, qui
connaît un renouveau vigoureux.
— Il y a une vie littéraire très
intense en Italie depuis la fin de la
guerre. La chute du fascisme a amené
un nouveau mouvement et toute une
floraison de jeunes écrivains. Ce
mouvement semble se caractériser par
un nouveau réalisme- On ne pou
vait parler réel sous le fascisme : le
seul réel autorisé était le fascisme
lui-même.
— L’influence américaine se fait-
elle sentir dans ce mouvement ?
— 1 II est certain que les roman
ciers américains inspirent souvent la
technique des jeunes romanciers ita
liens. Nombreux sont ceux qui re
courent au style parlé, voire même
argotique.
—• Ce n’est pas votre cas ; n’est-
ce point trop hasarder que recon
naître, tant pour la forme que poui
le fond, une certaine analogie entre
vos ouvrages et ceux de Camus ?
— C’est possible. Dans Les Indif-
férents jétudie un thème qui res
semble à celui de L’Etranger de Ci-
mus, mes héros se sentant « étran
gers » ou « indifférents » à eux-
mêmes.
« Quant à la forme, je ne crois
pas aux techniques en matière de
roman. La technique pure n’existe
pas : c'est l’inspiration qui compte.
« Il n’est, pas besoin de faire usa
ge d’une technique nouvelle pour
exprimer des idées neuves. On peut
de nos jours écrire un roman va
lable en écrivant comme Flaubert ou
Montaigne. Je préfère pour ma part
un certain classicisme. Si l’on entend
par là netteté des contours. »
Nous parlons ensuite de l’Angle-
terre d’où revient Moravia. Il admire
beaucoup la solidité et le sens social
des Anglais. Sur le plan littéraire,
c’est surtout T. S. Eliot qu’il ap
précie.
Il a été frappé par la force avec
laquelle s’imposait aux Anglais la
peur d’un nouveau conflit :
— Personnellement, je ne crois
pas à une nouvelle guerre mondiale.
La guerre arrive lorsque tous les au
tres moyens de règlement ont échoué.
Ce n’est pas encore le cas. D’ailleurs
ni les U.S.A. ni l’U.R.S.S. n’oni
une idéologie guerrière.
M. DOMINO.
Après le tunnel
sous la Manche...
Le tunnel sous
la Méditerranée
il a été souvent question,
derniers temps, du tunnel
ces
sous
la Manche. Mais on oublie qu’il
existe des projets bien
- _ plus
ardus, tendant à relier Gibraltar
LES BRITANNIQUES ACCEPTENT
la proposition soviétique
d’une enquête commune
sur l’accident de Gatow
LE CONSEIL DE CONTROLE NE SE RÉUNIRA PAS AUJOURD'HUI
À la conférence de Genève
sur la liberté de la presse
UNANIMITE SUR UNE
MOTION PRESENTEE
PAR LES ETATS-UNIS
ET L’U.R.S.S.
C’est toujours Vers Berlin que
regardent les milieux diplomati
ques. I^es récents incidents qui
s'y sont déroulés et qui ont abouti
à la catastrophe de Gatow ris-
quent
des informations qui
Je veux être agriculteur
Une
sera
de choisir
politique agricole digne de ce nom
celle qui permettra aux jeunes gens
et non de subir
la vie des champs
à la côte africaine
Un technicien espagnol,
Gallego Herera, envisage
tunnel flottant de 26 mètres
lorge sur 18 m. 50 de haut ma
M.
un
de
in-
plus que jamais
e Marseille
Mais le Parlement
y croit
moins que jamais
Condamnation solennelle de
l’excitation à la guerre et de
la propagation des fausses
nouvelles
Genève, 9 avril. — La Grande-
Bretagne, les Etats-Unis et l'U.R.
S S. ont, avec sept autres pays,
rédigé une motion de condamna
tion solennelle de l'excitation à la
guerre et de la propagation des
fausses nouvelles.
Cette motion a été adoptée à
l'unanimité aux milieu des applau
dissements de la conférence des
Nations Unies sur la liberté de la
presse et de l'information.
La conférence a décidé, par 22
voix contre une, de créer pour
trois ans un organisme chargé
de veiller à la libre circulation des
informations, et qui recommandera
nous sont parvenues hier le prou
vent '— de pousser aussi bien la
Russie que les « Occidentaux » à
rechercher immédiatement une
solution générale au problème al
lemand.
C’est. au fond, le côté le plus
grave des incidents ferroviaires,
et de l’accident aérien de Gatow.
Parmi les informations diffu-
sées hier par les agences, les
sont rassurantes, les autres
alarmantes.
Rassurantes, l’acceptation
unes
sont
par
les Britanniques de la proposition
soviétique d’une enquête commune
sur l’accident aérien de Gatow.
Alarmantes, par contre, la déci
sion du général Clay de ne pas
convoquer le conseil de contrôle
allié de Berlin. Alarmantes aussi,
1. De favoriser une liberté plus
grande et éliminer les obstacles
s'opposant à la libre circulation
des nouvelles ;
2. S'opposer à toute propagande
nazie. fasciste ou autre, ■
sion ou de discrimination
nationale ou religieuse :
3. Etendre et. améliorer
• cords entre gouvernements
liant l’information ;
raciale,
les. ■ ac-
concer-
4. Faciliter le travail des cor
respondants étrangers.
Troubles en Colombie
Le gouvernement aux mains
des émeutiers
çait hier soir que des émeutiers
avaient pris d’assaut le palais
national de Bogota (Colombie)
où se tient la conférence pan
américaine. Plusieurs pièces du
palais ont été incendiées. Le gou
vernement serait aux mains des
émeutiers.
LIVRAISONS
du plan Marshall
pour avril
D’après certaines informations
les premières livraisons du plan
Marshall parviendraient en
France dans le courant d'avril.
Le programme des livraisons
se décomposerait comme suit :
189.000 tonnes de céréales re
présentant 22 millions de dollars;
452.000 tonnes de charbon;
305.000 tonnes d’essence;
Des machines représentant 750
millions de francs.
Le programme des premiers
trois mois prévoit pour la France
un total de 375 millions de dol
lars.
La France a épuisé le
crédit consenti par la
Banque Mondiale
les informations selon lesquelles
les Américains auraient décidé de
créer à Francfort un gouverne
ment de l’Allemagne de l’Ouest.
Alarmantes de la même façon, la
nouvelle selon laquelle les Sovié
tiques créeraient à Berlin un gou-
vernement central allemand,
avant les élections italiennes.
Quoi qu’il en soit, la France ne
doit pas rester passive devant
tous ces événements diplomati
ques. M. Couve de Murville est
à Berlin. Son rôle, à notre avis,
devrait consister à éviter que les
Russes d’un côté, les Anglo-Amé
ricains de l’autre, règlent trop
vite, sur un « coup de tête », le
Le premier congrès national du
R.P.F., que le général de Gaulle
inaugurera vendredi matin, à neuf
heures précises, a-t il été spécifié
rue de Solférino aux parlemens
taires amis, instamment pries
s’ils veulent participer à ces assi-
ses. d’avoir rejoint, dès le jeudi
soir, la cité phocéenne, est attendu
comme une importante manifestas
tion politique, mais il n'est pas
nécessaire d’avoir été jusqu’à
Delphes interroger la Pythie,
pour
pale
(Lire
problème allemand.
avait. depuis la libération,
position traditionnelle, liée
France
une
au
souci de sa propre sécurité et de
celle de ses alliés; ce serait peut-
être le moment de la faire pré
valoir .tout en jouant un rôle
conciliateur. '
(Lire nos informations en page 3)
SUR LE FRONT PALESTINIEN
Les hommes du T bureau d’Anders
défendent le pétrole américain
dans le Proche-Orient
savoir quelle sera la princi-
conclusion
dissolution.
ROBERT-PIMIENTA.
la suite en troisième pageA.
Une conférence de presse
du général Cochet
La Résistance
se réorganise
Le comité d’action
tance a donné hier
Maison des blindés,
rence de presse sous
de la résis-
matin, à la
une conté»
la présider*
ce du général Cochet ancien dé-
légué militaire pour le théâtre
d’opérations sud, et en présence
des membres du comité, MM. Guils
lain de Benouville, Bertin-Che-
vance, Bordier, Brunswig, Clos-
son, du colonel Ginas, de MM,
Jean-Pierre Lévy. Longchambon,
Louis Marin, Henri Ribière, Ro-
Avant que la guerre et l’occu
pation ne viennent apporter- à
l’agriculture les conditions qui de
vaient lui permettre de connaître
une prospérité, d’ailleurs toute
relative — il est vrai qu’en cette
matière, on ne juge pas de la
prospérité en fonction de ce qu’elle
représente effectivement pour la
corporation, mais par comparai
son avec la situation faite aux
autres corporations — l'agriculture
française menait une vie difficile,
voisine de la misère.
Alors l’exode rural s’expliquait,
non seulement par la dureté et les
exigences du travail de la terre,
par l’austérité de la vie rurale,
mais aussi parce que ce travail
ne payait pas.
Mais au cours de la période qui
vient de s’écouler et dans laquelle
l’agriculture a profité d’un état
d’aisance d’autant plus sensible
que la misère était plus grande
dans certains milieux et notam
ment dans la classe ouvrière des
villes, l’exode rural s’est-il ralenti,
diminué, voire arrêté ?
Certes, tant que l’occupant a
fait peser sur notre jeunesse et
sur nos ouvriers, la menace d’une
expédition dans le grand Reich,
V campagne a reçu, abrité, nourri,
des équipes nombreuses qui ve
naient chercher chez elle une pro
tection et un refuge. A l’époque
nos paysans ont d’ailleurs utilisé
heureusement ce surcroît inavoué
de population qui solutionnait en
même temps — dans une certaine
mesure, il est vrai, car la compé
tence n’y était pas — le problème
de la main-d’œuvre, et celui de
la solitude paysanne. Tous les ré
fugiés, les cachés, les « planqués »
apportaient un peu « d’air de la
ville », et réussissaient à créer à
la campagne un état d'esprit nou-
par R. MONTFORT
veau. La solidarité nationale
jouait à plein et c’est le souvenir,
le seul souvenir sans doute ré
confortant que l’on puisse gar
der de ces années-là !
Mais le débarquement — l’arri
vée des armées alliées — devait ra
masser sur son passage tous ces
ouvriers, toute cette jeunesse ur
baine désormais délivrée de M.
Bruneton et de ses menaces de
départ en Allemagne et le courant
patriotique était si puissant qu’il
entraînait aussi les jeunes paysans
eux-mêmes qui voulaient avoir
leur propre part de gloire dans
les sacrifices et la victoire.
L’agriculture devait être ainsi
brutalement dépouillée de contin
gents considérables de travailleurs
et se retrouver dans un isolement
encore plus grand.
Pour être juste, il faut voir là,
en dehors des autres raisons d’or
dre atmosphérique, la cause d’un
certain recul des cultures au len
demain de la libération .
Après avoir connu cette période
de relative prospérité dont la du
rée aura été éphémère — et n'aura
en fait correspondu qu’à la pé
riode de difficultés d’approvision
nement subie par le pays —
l’agriculture va se retrouver dans
tenu à faible profondeur par des
ancres.
Un autre projet, dû au colonel
Pedro Jevenois, comporte un
tracé coudé qui lui permet d’évi
ter les grandes profondeurs en
s’abaissant seulement à 400 mè
tres : la traversée en ligne droite
exigerait une descente à 1.000
mètres de profondeur
Une méthode hardie de trem
blement de terre artificiel ap
pliquée au moyen de charges de
dynamite atteignant 40 kilos a
révélé la présence d’une énorme
couche de marne imperméable,
reliant les deux continents par-
dessous le détroit. Le tunnel
pourra donc être exécuté, ici
comme sous la Manche, en toute l
il ne reste plus aux ingénieurs
qu’à choisir parmi les deux pro
jets exposés ci-dessus.
J. D.
Washington.
La Banque
Mondiale a fait savoir aujourd'hui
que la France a épuisé entièrement
le crédit de 250.000 millions de
dollars qui lui fut octroyé le 9
mai de l’année dernière.
La bataille fait rage
sur le Mont Castel
Jérusalem, 9 avril. — Les ca
nons de campagne du Yarmouk
(armée de libération arabe) bom
bardent ce soir les troupes de la
Haganah qui occupent le village
du mont Castel à l’ouest de Jéru
salem.
Elizabeth d'Angleterre
à Paris le 15 mai
Le 15 mai prochain, le Conseil
municival de Paris offrira un thé
à l’Hôtel de Lauzun, quai d’An
jou. en l’honneur de la princesse
Elizabeth et du duc d’Edimbourg.
LA QUOTIDIENNE de Pierre LŒWEL
une situation semblable à
d’avant guerre.
L’exode rural continuera.
celle
Mais
M. Schuman ira-t-il
aux Tourelles ?
La crise du logement n’af-
fecte pas seulement les par
ticuliers. Menacé d’expulsion,
le gouvernement serait sur
le point d’abandonner l’Hôtel
Matignon. On sait, en effet,
qu’un garçon de café en re
vendique la propriété à la
suite d’un héritage qu’exa
minent actuellement les tri
bunaux.
Ne sachant où transporter
ses pénates, M. Robert Schu
man s’est adressé à son mi
nistre des armées M. P. Teit-
gen. Et aussitôt quatre lignes
publiées dans le « Journal
officiel » ont donné satisfac
tion au chef du gouverne
ment. Il disposera désormais
d’une caserne qui fut aussi
ce n’est point cela qui est inquié
tant, car l’exode rural n’est pas
un mal en lui-même, ce n’est qu'un
indice de signalisation du pro
grès qui a marqué au travers des
siècles, les diverses étapes de la
civilisation.
Ce qui est inquiétant c’est
qu’aucun jeune homme ayant à
choisir une carrière ne se décide
à dire : « Moi je veux être agri
culteur ! »
Ce qui est pénible, c’est de pen
ser que trop nombreux sont ceux
qui travaillent la terre, non pas
pour avoir choisi ce métier, mais
pour l’avoir subi.
Une politique agricole digne de
ce nom sera celle qui créera les
conditions de vie dans l’agricul-
ture, permettant
un jeune
homme s’interrogeant, à l’aube
de sa vie professionnelle, de se
dire : « Moi, je veux être agri
culteur ! »
Ce jour-là, bien des choses au
ront changé et peut-être qu’alors,
les anti-paysans auront des rai
sons valables de jalouser l’agri
culteur.
La guerre des Trois n’aura pas lieu
Je publie une Quotidienne qui
dit les « chances » de guerre. Elle
paraît le matin où, histoire de sou
mettre les esprits à la douche écos
saise par un procédé d’information
qui rappelle une autre époque, on
nous annonce que les maréchaux
Montgomery et Sokolou/sky ayant
dîné ensemble, une réconciliation ar
rosée de vodka s’en est suivie. Sut
quoi « détente à Berlin », euphorie,
optimisme, tout va pour le mieux
dans la meilleure des planètes pos
sible. Et je me fais naturellement
moquer par les amis quf accusent ce
penchant irrésistible au pessimisme,
cette • humeur noire, cette déprava
tion de l'esprit, et cætera. Vingt-
quatre heures s'écoulent, les fumées
de l'ivresse se dissipent : patatras,
rien ne va plus : nouvelle tension d
Berlin, graves inquiétudes, tout va
mal dans une planète décidément en
discorde. Mes pronostics sombres
trouvent moins de censeurs.
Je veux bien en démordre, croît»
l’ami que ne croit pas à la guerre,
et que j’interroge anxieusement dans
l’espérance, non qu'il me convainque,
mais qu'il me rassure. Mais les
« guerres des nerfs » et les « drôles
de guerres » me sont restées sur l’es
tomac et comme jusqu'à présent elles
ont conduit à la guerre tout court,
j’avoue ne pas considérer comme de
petites manœuvres platoniques ces
méthodes de combat dans lequelles
les protagonistes croient pouvoir
toujours tirer à blanc et s'imaginant
qu’on dit à la machine infernale
« tu n'iras pas plus loin ». Minerve
sortit tout armée du cerveau de Ju
piter mais Mats peut bien en faite
autant et je reprends mon aphorisme
rien moins que rassurant : il y a
promesse de guerre formelle entre
deux conceptions idéologiques qui se
disputent la possession du monde
sans compromis possible lorsqu’elles
sont toutes deux au service des for
ces matérielles les plus puissantes du
monde.
Selon une dépêche de Jérusa
lem, parue il y a quelque temps
dans le « Daily Herald », l'orga
nisation « Haganah » avait en
levé à Jérusalem sept soldats po
lonais de l’armée Anders, suspec
tés d’avoir participé à l'action
terroriste des” Arabes. Quelques
jours plus tard, d’après une autre
information publiée par la presse
anglaise, au côté de six soldats et
de quatre policiers britanniques,
deux Polonais d’Anders avaient
été exécutés après qu’il fut cons
taté qu’ils avaient pris part à une
reconnaissance ayant pour objectif
de révéler les heures de passage
des cars convoyés du service juif
des voyageurs. Un autre homme
d’Anders avait été tué pour avoir
participé à l’assassinat de trois
juifs dans un café de Jérusalem.
Comment les Polonais se trou
vent-ils à Jérusalem ? Pourquoi
les voyons-nous encore char
gés d’exécuter ce « sale boulot » ?
Des journaux égyptiens de gau
che rapportaient récemment que
environ vingt officiers et sous-
officiers allemands libérés des
camps de prisonniers d'Egypte fu
rent transportés par les Anglais
en Palestine et affectés à des uni
tés arabes.
Les prisonniers allemands ne
sont du reste pas les seuls à s’af
fairer au milieu de bandes arabes.
Si des groupes d’hommes d’An-
ders sont aujourd’hui ‘fixés en
Palestine, pourquoi est-ce faire ?
Aujourd’hui les éléments affec
tés aux unités arabes y remplis
sent des fonctions d'officiers ins
tructeurs et d’agents de liaison
avec le quartier général anglais.
Dans de nombreux cas, ils parti-
cinent directement à l’action
contre les juifs et à l'espionnage
au profit des Arabes.
Pourquoi précisément au profit
des Arabes ? Car aujourd’hui, en
Palestine, l’agitation — organisée
et dirigée par le grand mufti, un
bon et vieil ami d’Hitler — est
inspirée et soutenue par les An
glais. Cette agitation n'a rien de
commun avec les intérêts réels
des masses populaires arabes et ne
sert, en premier lieu, qu’à proté
ger la position des Anglo-Améri
cains au Moyen-Orient.
Il n’est donc pas étonnant de
voir des hommes d’Anders agir
dans les rangs arabes. On est ainsi
fixé sur le sens des paroles que
l’aventurier Anders prononça en
(Lire la suite en troisième page.)
« Ce comité est la résultant a
des efforts poursuivis depuis da
longs mois par plusieurs d’entre
nous, émus et inquiets de l’offen-
apparition de ceux qui naguère,
s’étalent mis au service’ de l’en-
nemi. et de leur incroyable pré-
t-ntion de reprendre la direction
spirituelle
Puis, le
« Notre
de la France. »
général Cochet a eon
action sera une action
de salubrité publique et, pour ce
faire, nous faisons appel au pa-
LA BATAILLE DE LA PRESSE
Le rôle difficile de la S. A. E. P
LA PAROLE EST AU CONSEIL D’ETAT
A n
dans
lendemain de la libération,
un bel élan patriotique, le
■prime ries où ils étaient
gouvernement, poussé par l’opi
nion unanime, décida que les
journaux de la collaboration ne.
reparaîtraient plus jamais. Des
poursuites furent intentées. Fui
ne doutait qu’elles aboutissent à
la condamnation des coupables.
En fait,
rapidement, on
s’aperçut que la plupart des Gr ¬
ganes
avaient obtenu
des décisions politiques de clas
sement. Forts de ce qu’ils consi
déraient comme l’équivalent d’un
acquittement en justice, ils lais
saient déjà entendre .qu'ils al
laient revendiquer la restitution
de leurs biens.
Mais aller dans cette voie eût
abouti à mettre à la porte pu
rement et sim pie ment les jour
naux de la résistance. Devant
cette perspective scandaleuse, le
Parlement sentit la nécessité de
consolider le droit d’occupation de
nouveaux journaux sur les im-
LA CHRONIQUE DE L
Visant
disant
spécialement le
ses qui avaient
( innocentées »,
lateur vota la loi 'du 11
installés^
cas des
été sal
le légis-
mai 1943
qui établit définitivement l’expro.
priation des anciennes sociétés de
presse. Elle confia leur gestion G
une société nationale spécialement
créée à cet effet, la S.N.E.F.
Or il semble qu’on ait accu
mulé à plaisir les difficultés de-
vaut les pas de cette dernière^
Tout d'abord ce fut, et c’est en
core la bataille des décrets de
transfert.
cipe du
Alors que la loi pose
ussion possible le prin-
transfert immédiat des
entreprises visées, deux ans après
so lt vote de
décrets
restent en souffrance. Bien mieu.
des décrets pris en 1946 n’ont pus
encore été suivis des arrêtés d'ap
plication qui, seuls, permettent à
Robert DREUX.
(Lire la suite en troisième page.)
ORDRE DE PARIS
Les communistes contre ‘existentialisme
par ROGER A. PRIOURET
Nous avons connu, après la libération, un Pierre
Hervé polémiste — et polémiste de la grande
lignée. Nous avons connu ensuite un Pierre Hervé
parlementaire qui, celui-là, n est pas parmi les
meilleurs. Nous voici, avec un petit livre qui
s’intitule Individu et Marxisme en présence d’un
Pierre Hervé, philosophe — et philosophe qui écrit
dans une belle langue apaisée et claire.
Bien entendu Pierre Hervé traite du problème
que recontrent les intellectuels communistes chaque
fois qu'ils débordent le cadre de l’action, de la
propagande et de la polémique : 1 homme, sa
.personnalité et ses droits, sont-ils sauvegardés dans
la lutte menée contre le capitalisme ? Sont-ils
sauvegardés, la victoire assurée contre le capita
lisme, dans la construction de la cité socialiste ?
En d’autres termes et dans le concret, sont-ils
sauvegardés dans le parti communiste français et
dans la Russie actuelle ?
Pour répondre, notre philosophe se place devant
l’ennemi intellectuel de son parti : l’existentialisme.
Rappelons-nous les discours de MM. Thorez et
Casanova au congrès de Strasbourg. Pierre Hervé
est donc « dans la ligne » quand il écrit :
« ... Une fièvre d’individualisme s’est emparée
de quelques milieux d’intellectuels. Je dis intention
nellement une fièvre. Ce regain d’individualisme
ne paraît pas, en effet, devoir être considéré
comme une manifestation de force morale et de
santé... Hier, l’individualisme était confiant, pro
gressif, révolutionnaire. Aujourd’hui le voici pes
simiste, angoissé. C’est l'individualisme noir. Il
se plaint, il se lamente... »
Et il ajoute : « Je veux montrer comment cet
individualisme entraîne en dépit de ses inconsé-
quences, des résultats dangereux aussi
l’ordre intellectuel que dans l’ordre
politique. »
Nul doute que ce nouveau mal du
l’existentialisme. Encore faut-il souligner
bien dans
social et
Siècle soit
que Pierre
Hervé adopte, non seulement « la ligne », mais
les procédés. Quant le parti communiste trouve
sur sa route un adversaire gênant, il démolit
l’homme jusque dans sa vie privée. Quand il
combat une doctrine, il commence par la caricaturer
pour mieux la réfuter : ainsi Lénine ramenant
l’idéalisme à Berkeley et à l’irréalité du monda
extérieur. De même, en lisant Pierre Hervé, on a
le sentiment que l’homme des néo-individualistes
se ramène à l’Etranger de Camus, comme si ce
livre renfermait toutes les idées de Camus et l’œuvre
de Camus toute la philosophie existentielle.
Mais, du même coup, Pierre Hervé renonce
à comprendre ce qu’il veut réfuter. Quelqu’un dont
le témoignage ne peut lui être suspect — au moins
depuis quelque temps — M. Emmanuel Mounie
a montré le sens profond de l’existentialisme et sa
place dans la pensée philosophique (I). Les
ancêtres les plus lointains de Sartre et de Gabriel
Marcel ne sont pas Kierkegaard et Heidegger. Da
tout temps, contre les vastes constructions paral
lèles de l’idéalisme et du matérialisme, se sont
élevés des philosophes pour rappeler que l’homme
était le point de départ et le terme de la démarche
spéculative. L’existentialisme avant la lettre, c’était
Pascal : « Il ne peut y avoir de système de.
l'existence. » C’était même Socrate et son
« connais-toi toi-même ».
(Lire la suite en troisième page A
(1) Introduction aux existentialismes (Denoël)
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