Titre : L'Ordre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1948-02-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32829724j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 février 1948 01 février 1948
Description : 1948/02/01 (A2,N133)-1948/02/02. 1948/02/01 (A2,N133)-1948/02/02.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5117262s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-1857
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/11/2021
Une histoire à récrire:
"Le retrait des 3.000
ou la nouvelle Anabase”!
24 année. -- N 9 133,
PRIX : 5 FRANCS
Directeur politique: Émile BURÉ
DIMANCHE et LUNDI
1er et 2 février 1948.
Lire aujourd’hul
EN 2 9 page :
Les vues d’un ancien diplomate de Weimar sur
le problème allemand, par M. NADOLNY,
ancien ambassadeur à Moscou.
En 3* page §
I3 ’ r
Vieux neuf en Allemagne^
■ ■ : bar L. LEONTIN
Les Concourt contre Sacha Guitry,
par É. VIGOUROUX,
AMOURS Aujourd’hui
INTERDITES
par René SAIVE
Selon M. Robert Verdier, du Populaire, les socialistes, au
cours de ces derniers jours, ont été guidés par un double
souci : celui de « veiller à la continuité et la stabilité de l'au
torité démocratique » et aussi celui d’ « appliquer une poli
tique conforme aux aspirations des masses^ populaires ». Il
ajoute : « Nous ne maintenons pas moins, à l’égard des lois
qui viennent d’être votées, la plupart des réserves que nous
avons faites... Les amendements que nos camarades ont fait
adopter, et la mesure de retrait des billets de cinq mille francs,
ont modifié sensiblement les premiers textes. Ils n’ont pas
fait tomber toutes nos préventions. »
L’article de M. Robert Verdier éclaire un épisode assez
confus des débats parlementaires de la semaine passée, en
fixant aussi clairement que possible la paternité de la $ ponc
tion » fiduciaire. C’était jusqu’ici un point controversé. Nous
savons maintenant que l'opération monétaire impromptu de
jeudi dernier fut le résultat d'un ultimatum socialiste. Ainsi
s’explique la valse des projets de loi, ou plutôt ce prodigieux
boogie-woogie qui prouve peut-être l’attachement passionne
de la S.F.I.O. à la formule gouvernementale actuelle mais s’ap
parente au « zazouisme » politique le plus pur.
Mais l'aveu le plus grave de M. Robert \erdier intéresse
directement l’avenir de la Troisième Force. Les réserves »
qu’il exprime à l’égard de la politique financière et écono
mique du ministère portent en germe des désaccords profonds
et peut-être insurmontables. Car il nous semble bien que ,1
porte-parole du parti socialiste condamne le programme géné
ral de MM. Schuman et Mayer, lorsqu’il se refuse « à rétablir
l’équilibre économique du pays en sacrifiant allègrement les
intérêts des travailleurs par une politique fondée exclusive
ment sur la recherche de la confiance des détenteurs de capi
taux ». Il y a’là, sans doute, quelque exagération démagogique.
Il reste que sur le problème essentiel du relèvement et plus
précisément sur les moyens de le réaliser des divergences es
sentielles se révèlent au sein de la majorité.
Nous entendons, certes, que M. Robert Verdier, effrayé
des conséquences possibles, propose « une large et loyale
confrontation des doctrines ». c’est-à-dire, en somme, l’éla
boration d’un programme acceptable par les différents élé
ments de la Troisième Force. On nous rendra cette justice que.
dès l’origine, nous avions mis eh garde le M.R.P., le Rassem
blement des gauches et le parti socialiste lui-même contre la
confusion chaleureuse de leur coalition. On avait bien voulu,
à l’époque, retenir la chaleur et nous laisser la confusion. On
s’était même gaussé gentiment de notre prétention à vouloir
mettre, selon tes saines traditions de l’agriculture, les bœufs
devant la charrue. Il parait aujourd’hui que nous avions raison.
Quoi qu’il en soit, voici la Troisième Force revenue sur
la ligne de départ qu’elle avait imprudemment franchie et
obligée de convaincre ses champions qu’une course par équipes
ne se peut gagner que si tous courent dans le même sens.
Quelles sont alors les perspectives ? Mis à part le M.R.P.
qui paraît sacrifier de bonne grâce aux nécessités du moment
et bénéficie d’ailleurs de la direction théorique des opéra
tions, les partenaires du « centrisme » sont pénétrés de
l'excellence de leurs dogmes respectifs. Autant qu’on en puisse
juger, la S.F.I.O. n’entend apostasier que sur des détails. Elle
ne le fera, au demeurant, que dans la mesure où elle occupera
au gouvernement des postes de direction. L’agitation de cer
tains de ses membres, du moins, le laisse craindre. Quant
aux radicaux, ils viennent de tenir à la salle Wagram un
« petit congrès » qui ne laisse aucun doute sur leurs inten
tions. Ils veulent avant tout préserver leur originalité : s'ils
reprouvent à la fois le gaullisme et le communisme. ils s’en
gagent résolument sur les traces de M. René Mayer et renou
vellent avec éclat leur serment de fidélité au manifeste libéral
du congrès de Nice. Ils préconisent « un rassemblement rémi-
blicain » — M. Daladier dixit — mais on discerne bien que.
dans leur esprit, ce rassemblement devra rester soumis à une
inspiration prépondérante : radicale, bien entendu.
Querelles d'écoles, querelles d’influences, querelles de per
sonnes, tout concourt, en vérité, pour maintenir la Troisième
Force dans l’état d’inorganisation qui fut, dès sa naissance, sa
caractérislique essentielle. Ayant entrepris de se battre sut
deux fronts, elle en voit un troisième se former sur ses ar
rières. Rançon d’une union fondée sur des amours interdites.
les banques
n'ouvriront pas
Aucune fièvre chez les déposants
Pourra-t-on rester dans les délais ?
La fièvre est bien tombée. Dans
les banques, hier matin, on • ne
se pressait guère plus qu'aux fins
de mois normales. Et les clients
qui, dès 8 h. 30, attendaient de
vant les grilles closes de certains
établissements du centre ne té-
mo gnaient d’aucune impatience
particulière.
Dans les agences centrales on
se bouscule de-ci de-là lin peu,
mais sans nervosité anormale, et
l’allure du débit restait satisfai
sante. Les postes-clés : paiement
des chèques, virements, avaient
été renforcés et les employés
faisaient des « extras » avec bon
ne humeur. Par contre, en maints
établissements, 1 e s bordereaux
manquaient et plus d'un dépo
sant dut repartir avec des liasses
de billets; Incidents regrettables,
mais dont il n’y a pas à s’exagérer
l’importance.
Contre-ordre dans l'après-midi
d'hier : les banques demeureront
fermées aujourd’hui. Elles pour ¬
ront ainsi mettre plus méthodi
quement en place leur dispositif.
Lundi tout sera au point.
Le marché libre
C’est également lundi que com
mencera à fonctionner le marché
libre des changes à la Bourse de
Paris. Les séances officielles s’ou
vriront à 13 h. 45 et se termine
ront à 14 h. 30. Les transactions
s’effectueront exclusivement au
comptant et les cours cotés seront
ceux du virement télégraphique.
Il n’y aura pas de cours moyen,
à tout le moins pour l’instant.
Chaque transaction devra porter
au minimum sur 2.000 dollars
U.S.A. ou 25.000 escudos portu
gais.
Le dépôt commencera lundi
matin aux heures habituelles d’ou-
verture des banques.
Quant aux opérations deman
dées par la clientèle, nota mment
(Lire la suite en troisième page.)
Pour des dates!
Il y a tout lieu de penser que seront prorogées les
dates limites fixées pour le versement des billets de
5.000 et aussi celles pour la souscription à Vemprunt
nouveau, libératoire du prélèvement
par H. BUFFANDEAU
Pour éviter les tractations aux
quelles l’échange des billets de
1545 avait donné lieu, le gouver
nement n'a donné cette fois que
deux jours, lundi et- mardi, aux
détenteurs de coupures de 5.000
francs pour en effectuer le dépôt.
L’intention est louable, mais
le délai est à la fois trop long
car de vendredi à mardi une per-,
sonne « débrouillarde » peut faire
beaucoup de choses, et un peu
brève si les pouvoirs publics veu
lent éviter à la population des
gênes parfois sérieuses.
A-t-on songé aux queues inter
minables qui vont se former dès
lundi, même si dans les établis
sements les guichets sont doublés
ou triplés ! Pendant ce temps la
ménagère ne s’occupera pas de
son ménage ou bien son mari
fera de l’ « absentéisme » forcé.
A la campagne, la situation est
encore plus complexe. Il existe,
spécialement dans les régions
ouest à population dispersée, des
écart où la radio est inconnue
faute d’électricité et ou seul
l’hebdomadaire pénètre. Y a-t-on
Les quatre raisons du “coup de semonce”
donné à G. Dimitrov par la “Pravda”
pensé? La publicité faite peut ne
toucher les intéressés que trop
tard.
Même situation dans les dépar-
taments montagneux, ou écarts,
et même bourgades, sont isolés
par les neiges. On prend plus de
précautions au moment des élec
tions.
Et puis, le paysan est méfiant
des bruits courent. Il voudrait
comprendre La brusquerie, avec
laquelle le gouvernement le
presse, ne sera pas, soyons-en
certains, le moindre sujet de
mécontentement.
Ne pourrait-on prévoir d’avance
certaines exceptions dans les cas
justifiés ?
Une seconde question est à
poser, qui est plus grave encore
L’emprunt « alternatif » sera clos
le 14 février. Or, d’ici cette date,
les remboursements auront, peut-
être, commencé mais vraisem
blablement pour des sommes né
gligeables. Les personnes qui
avaient antérieurement l’intention
et la possibilité de s’acquitter
ainsi de leur prélèvement, qui
avaient pris des dispositions pour
ce faire, vont se trouver dans
l'impossibilité de le faire.
Tout le monde ne peut pas
vendre sa récolte ou son stock,
quand il y en a, en dix jours, car
on n’est payé qu’à l’enlèvement.
Cette situation aboutit à faus
ser l’esprit de la loi sur le prélè-
ALLIANCE Jours décisifs ™ ÎÜN “™ U0ÜS
SECRÈTE pour l’unité Gandhi
anglo-américaine?
Du plan Marshall
au plan Washington
Washington, 30 janvier (Reu
ter). — On se refuse au Dépar
tement d’Etat à commenter une
information publiée par le Chicago
Tribune et selon laquelle les
Etats-Unis et la Grande-Bretagne
se seraient mis d'accord pour une
alliance secrète offensive en rap
port avec le plan Marshall.
Toutefois on a appris de Lon
dres dans la journée qu'un porte-
parole du Foreign Office avait
démenti catégoriquement cette
nouvelle.
Selon le Chicago Tribune, ce
plan, connu dans les sphères
gouvernementales sous le nom de
« plan Washington » accorderait
la part du lion à la Grande-Bre
tagne sur le plan Marshall, si en
retour la Grande-Bretagne s’en
gageait à venir en aide aux Etats-
Unis au cas où ceux-ci seraient
attaqués par la Rus ie ou déclare-
raient la guerre a la Russie.
VERS UNE NOUVELLE
AUGMENTATION
DES TARIFS
des transports parisiens
La commission mixte des
Transports qui s’est réunie à
l'Hôtel de Ville a été saisie
d’une proposition du minis
tre des Travaux publics ten
dant à une nouvelle augmen
tation des tarifs du métro
politain et de« autobus. Cette
hausse, estime le ministre,
est rendue indispensable par
les augmentations des prix
du courant électrique et du
carburant liquide.
La proposition précise que
si le billet de métro était
porté de 5 à 6 francs le défi
cit persisterait ; à 7 francs,
l'exploitation serait encore
légèrement déficitaire, et il
faudrait 8 francs pour qu'elle
devienne bénéficiaire.
Le ticket d’autobus passe
rait, lui, à 3 fr. 50 ou 4 francs
en carnets et 6 francs au
détail. Cartes hebdomadaires
et de travail avoisineraient
50 francs. Il serait égale
ment question de rétablir les
premières classes et
p. ix de 15 francs.
La décision serait
par Christian Pineau
le 10 février.
ce au
prise
avant
syndicale internationale
des Trade-Unions britanniques à la F. S. M
La crise du syndicalisme inter
national est ouverte. Elle tend
même à accélérer son rythme.
Les dissensions qui travaillent
aujourd’hui la Fédération syndi
cale mondiale ne sont certes pas
récentes. Nous avons essayé ré
cemment d’en montrer les origi-
nés lointaines. Mais de nouveaux
éléments d'appréciation viennent
d’apparaître qui sont plus que
des symptômes : des menaces
directes.
C’est la Fédération générale du
travail belge qui a mis le feu aux
poudres en avançant la convoca
tion d’une réunion générale grou
pant les syndicats des seize pays
intéressés par le plan Marshall.
Cependant des syndicats hollan
dais annonçaient leur accord avec
les grandes lignes de l’aide améri
caine à l'Europe et se déclaraient
prêts à accorder leur participa
tion à une conférence syndicale
des « seize ».
On sait d'autre part que l’Amp,
rican Fédération of Labour a, de
son côté, approuvé le principe du
plan Marshall, tout en demandant
qu’il soit instauré un contrôle
syndical sur son fonctionnement.
L’initiative belge prenait dans
ces conditions une importance de
plus en plus grande. Et sa signi
fication était d’autant plus mar
quée que la conférence syndicale
proposée débordait le cadre de la
F. S. M. Assurément certaines
Fédérations internationales, en
opposition avec la politique de la
F. S. M., avaient déjà convoqué
des assemblées qui constituaient
un signe visible de raidissement.
Mais cela n'avait rien, en soi, de
eontraire aux statuts interna
tionaux.
Ou’en serait-Il de la réunion
proposée par les syndicats belges?
La poursuite d’une telle initia-
nécessitait, au
ac-
cord des Trade-Unions britan
niques. C’est aujourd’hui chose
faite. Sous une forme nuancée
car les T.U. reprennent le projet
belge au conditionnel.
Le conseil général du Trade-
Union’s Congress vient, en effet,
de décider « de
comme libre de
une
réunion
se considérer
participer à
internationale
des syndicats — ou d’organiser
une
telle réunion
ayant
pour tâche d’étudier le plan Mars
hall ». Cette décision ne prendra
effet que si la Fédération syndi
cale mondiale ne convoque pas.
d'ici la mi-février, son
exécutif ‘pour discuter
comité
notam-
ment le programme de recons-
truction européenne. Les syndi
cats britanniques ont demandé au
bureau de la F. S. M. de répondre
avant la fin de la semaine pro
chaine. C'est un véritable ultima
tum.
Au terme de cette évolution cri
tique. la situation peut donc être
résumée ainsi :
— Ou la F. S. M. convoque
sous quinze jours son comité exé
cutif avec un ordre du jour com
portant le plan Marshall et la dis-
R. DANY.
(Lire la suite en troisième page.)
Nouvelle règlementation
de la vente de l’essence
En vue de réserver aux priori-
taires les
carburant
Commerce
suivantes
stocks amenuisés de
auto, le ministre du
a. arrêté les mesures
applicables dès le
dans la Seine, la Sei-
ne-et-Oise et la Seine-et-Marne :
un nombre limité de pompistes
sera réapprovisionné. Le carbu-
rant sera distribué contre remise
des tickets habituels et d'Une
quantité égale de « Tickets con-
tremarqués ».
La liste des - pompistes sera,
affichée chez les sous réparti
teurs, et aux préfectures des dé
partements intéressés.
Shinwell contre Bevin
Le ministre de la presse déclare
que la réussite du plan Marshall
Londres.
dépend de
Dans un discours
a été
incinéré
Cinq complices de l’assassin
sont arrêtés
MANIFESTATIONS MONSTRES
contre la secte du Maharava
La Nouvelle-Delhi. — Les ob-
sèques et l’incinération de Gan-
dhi ont revêtu ce caractère si-
multané de grandeur, de simpli-
cité qui ont marqué toute la vie
du Mahatma.
Simplicité par la modeste char-
rette tirée par les fidèles et sur
laquelle repose le corps.
Grandeur par le million d’Hin-
dons hurlant leur désespoir aux
cris de « Gandhisi Ki Jai a
(vive Gandhi).
Durant la nuit, le corps du
Mahatma avait été veillé à la,
manière hindoue et reposait sur
un lit de roses rouges autour du-
quel le sol était jonché de fleurs
apportées par les visiteurs.
La levée du corps s’est dérou-
lée en présence de lord Mount-
batten et des représentants du
corps diplomatique pendant que
les membres de l’entourage de
Gandhi chantaient les hymnes
que ce dernier appréciait et qui
constituaient la liturgie employée
au cours de ses prières quoti-
diennes.
Tête et buste nus, le corps da
Gandhi est déposé sur une sin-
(Lire l’article en troisième page?
L’armée d’aujourd’hui
utilise les sondages
par Pierre
ROCHE
Sans doute n’est-il pas trop
tard pour revenir sur l’affaire
Dimitrov. On sait que les décla
rations et la politique du prési
dent du Conseil bulgare, touchant
la formation d’une Fédération
balkanique, se sont attiré un cui
sant désaveu de La Pravda. On
a enregistré ce dé-aveu ; on n’a
généralement pas cherché à l’in-
terpréter. Peut-être vaut-il la
peine d’essayer une brève expli
cation.
1° Quel est le jeu de Moscou ?
C’est sans doute de cimenter aussi
fortement que possible un bloc
balkanique, mais à condition, si
l’on peut dire, d’employer un ci
ment économique plutôt qu’un
ciment politique. Les accords com
merciaux resserrent les liens en
tre les contractants aussi bien et
mieux que les accords militaires
ou juridiques. Et ils ont l’avan
tage d’éveiller moins de suspi-
cions ;
2° Or, l’initiative de M. Dimitrov,
précisément, en éveillait beau
coup, — trop au gré de Moscou.
Sans même parler des puissances
occidentales, que le Kremlin sem
ble décidé à ne pas heurter de
front, le projet de Fédération
balkanique avait provoqué des
réactions de mécontentement de
la part des Polonais, des Hon
grois et des Tchèques, inquiets de
voir le maréchal Tito et M. Di
mitrov s’attribuer un monopole
de direction et de prestige dans les
affaires balkaniques ;
3“ Il est permis de croire, aussi,
que ce monopole, ou même sa
simple apparence, n’avait rien qui
pût plaire aux dirigeants sovié
tiques. Si Belgrade, après la nais
sance du Kominform, devient une
Mecque, la concurrence ne de-
viendra-t-elle pas dangereuse
pour la Mecque moscovite ? Même
si elle n’est pas dangereuse, elle
risque d’être gênante : et
l’U.R.S.S. n’aime pas beaucoup
qu’on lui porte ombrage ;
4° Enfin, le Kremlin a sans
doute jugé que M. Dimitrov, dans
le langage implacable qu'il a tenu
ces jours derniers à l’adresse des
sociaux-démocrates des Etats sa
tellites, en les menaçant d’anéan-
tissement s’ils ne marchaient pas
droit, avait été trop loin. Il y a
des choses qu’on fait, mais qu’on
ne dit pas. Le silence est une des
grandes lois de la diplomatie et
de la politique soviétiques. Pour
avoir trop parlé, et trop nette
ment, le président du Conseil
bulgare méritait un coup de se
monce. Il a été donné avec éclat.
Telles, sont les raisons qu’on
peut trouver au sensationnel édi
torial de La Pravda. Quels qu’en
soient d’ailleurs les dessous il im
porte de s’en réjouir : l’attitude
prise par le porte-parole du
Kremlin ne tient à multiplier ni
les germes de défiante, ni les
causes de conflit international. Et
c’est, après tout, ce qui importe
le plus.
Claude VIVIERES.
vement en faisant disparaître
pratiquement l'option. Ce qui au
rait été prêté devra être versé
à fonds perdus sous forme d’im
pôt.
Le gouvernement a la possibi
lité de montrer qu’il joue le
« fair play » et qu’il ne s’agit pas
d'une rouerie administrative des
tinée à violer la volonté du légis
lateur. Il n’a qu’à p oroger de une
ou deux semaines la durée de la
souscription à la première tran
cha de l’emprunt en cours et, en
même temps, autoriser les sous
cripteurs à payer avec tout ou
partie des reçus nominatifs qui
leur auront été remis.
prononcé à Nottingham, M. Em
manuel Shinwell, ministre de la
Guerre. a étudié la situation euro
péenne non point tant en minis
tre du gouvernement Attlee qu’en
président de l’exécutif du Labour
Partu.
— pour les socialistes d’Europe,
a-t-il dit, le plan d’aide américai
ne est à la fois un défi qu’ils doi
vent relever et une occasion qu'ils
ne doivent pas laisser échapper.
Le Labour Party, en coopération
avec le parti S.F.I.O., a déjà pris
l’initiative de convoquer une con
férence des partis socialistes inté-
seul démontrer combien les crain
tes russes sont infondées ; la re
construction économique de l’Eu
rope occidentale ne menace pas la
sécurité soviétique, aussi long
temps que les principes socialistes
ne sont pas ignorés.
« L'Angleterre. a terminé le mi
nistre de la Guerre, a des senti
ments tout aussi amicaux aujour
d'hui envers la Russie que durant
la guerre, mais la coopération avec
le peuple russe doit être fondée
sur le ‘respect mutuel et la tolé
rance démocratique. »
Bien avant cette guerre, et mê
me déjà du temps de l’autre, on
soulignait la /lécessité qu’il y avait
de veiller au bon moral de la
troupe, et c’est en ce sens, en se
référant à ce principe, que l'on
disait du colonel qu’il devait être,
et qu’il était, le père du régiment,
mais pratiquement, ce n’était
qu’une formule vague, sans grande
portée, et à laquelle on ne prêtait
vraiment quelque attention que
lorsqu’un conflit avait éclaté.
En fait, il a fallu attendre une
époque toute récente, deux ans
environ, pour qu’il y ait dans cha
que unité des officiers spéciale
ment chargés de ces questions du
moral.
Aujourd’hui, dans chaque ré
gion militaire,, dans chaque corps,
à chaque degré de la hiérarchie
officielle, quelqu’un s’occupe de
tout ce qui peut avoir une influen
ce sur le moral des hommes.
Ce n’est plus une vaine formule
C’est quelque chose d’effectif,
quelque chose qui existe et qui
agit.
De l’échelon compagnie à l’état-
major de l’armée et au ministre,
il y a maintenant une liaison qui,
par l’intermédiaire du bataillon,
de la demi-brigade et de la ré
gion militaire dans chaque corps
l’état-major de résoudre, soit di
rectement, soit par des contacts
avec les différents bureaux (in
tendance, services médico-sociaux,
etc A les problèmes qui lui sont si
gnalés.
On a même vu le cas, il n’y a
pas longtemps, d’un rapport d’un
officier de compagnie arrivant:
jusqu’au ministre.
L’armée, cependant, n’a pas que
les officiers du moral comme sour
ces d’information.
On sait, en effet, qu’il est pos
sible. au moyen de sondages con
venablement conduits, de se faire
tune représentation très fidèle de
′ l’état d’esprit d’une collectivité en
interrogeant un nombre réduit d^
ses membres.
Le champ d’action de ses en
quêtes a d’abord été limité à l’exa
men des problèmes de la vie civi
le. ?nais au cours de la dernière
guerre les états-majors anglo-sa
xons ont entrepris de les utiliser
pour se tenir exactement au cou
rant du moral de leurs troupes.
La France y est venue elle aussi.
Les rapports rédigés par les of
ficiers du moral fournissent assu
rément de très utiles indications,
mais ils ne comportent pas d’in
dications statistiques permettant
d’évaluer de quelle façon se ré
partissent les opinions et quelle
est l’importance relative des di
vers facteurs mis en lumière.
Il y a donc intérêt à compléter
ces informations par des enquêtes
qui ne soient pas soumises aux
servitudes inévitables de l’appré
ciation personnelle.
L’échantilionnage
Le principe du sondage est da
conclure sur un ensemble après
avoir étudié une partie seulement
de cet ensemble. Le point le plus
délicat, peut-être, de l’opération
(Lire ta suite en troisième page.?
LA QUOTIDIENNE de Pierre LŒWEL
Sur la mort de Gandhi
Quelle vie et quelle mort ! Au
lendemain même du jour où, par la
seule menace de son jeûne, il obtient
des Hindous qui le vénèrent à légal
d’une divinité leur renoncement à une
lutte fratricide, le coup de revolver
d’un fanatique abat l'apôtre de la
non-résistance, et la violence se ven
ge sur ce vieillard émacié des affronts
qu’elle avait reçus de sa seule spiri
tualité.
Sur un monde qui n’a connu que
des conducteurs de peuples cyniques,
matérialistes, ayant les armes à la
main. Gandhi, le mahatma (« la
grande âme »). incarnait la puis-
sance inapaisable du non pommas
prononcé par un pape ou par un
dieu, du temps que les papes et les
dieux parlaient et agissaient. Mais
que le spectacle étonnant de ce pro
phète arrêtant les flots n’aille point
nous tromper sur le sens de sa doc
trine politique.
Pouvons -, n o u s l'avouer? Au
emps où nous croyions encore à ce
pouvoir de la civilisation occidenta
le, cette doctrine nous paraissait fort
peu louable, et notre admiration al
lait à Rabin dranath Tagore et non
à Gandhi. L’un croyait en l’union
nécessaire de l’Orient et de l’Occident
et reprenait à son compte l’immor
telle parole de Térence en procla
mant que toutes les gloires de l’hu
manité étaient siennes. L’autre, au
contraire, n’enseignait en fin de
compte qu’un nationalisme ignorant,
superstitieux, borné, qu’une doctri
ne étroite, obscurantiste et pauvre,
repliant l’Inde dans sa médiocre ci
vilisation comme dans un linceul. Et
c était au temps où Soumyendranath
Tagore, le neveu du grand Tagore.
dénonçait le gandbisme comme
asse vissant les masses hindoues aux
intrigues des prêtres, à l’autocratie
féodale, en capitalisme indigène.
Nous pensions ces choses au mo
ment où nous croyions que tous les
peuples auraient à se sauver ensemble
ou à disparaître ensemble, en un
temps où nous comparions la civi
lisation orientale avec l'occidentale.
Voilà certes ce que nous n’oserions
plus faire aujourd’hui. Nous avons
perdu le droit de parler. Nous avons
perdu le droit de donner des leçons
à quiconque. Nous avons perdu la
face.
Aux quatre coins
OFFENSI VE
DES FANTOMES
ANGLAIS
nants », fondé en An
gleterre en 1862, vient
d’être reconstitué. Les
journaux britanniques
publient le compte rendu
de nouvelles manifesta
tions, soi-disant sensa
tionnelles, attribuées aux
cavaliers sans tête, aux
femmes transparentes et
aux chiens invisibles. M.
Harry Price, un riche
Anglais, est président de
cette association. Il s’est
spécialisé dans l’étude
des fantômes et revenants
de tout acabit. Et il ne
se passe pas un jour sans
qu’il ne reçoive un abon
dant courtier lui signa-
!^nt des apparitions. Il
est aidé dans ses recher
ches par une centaine de
« bénévoles ». mais se
penche personnellement
sur les « cas » les plus
intéressants.
DU THIB ET
A LA SORBONNE
Connaissez - vous les
commentaires des « Çlo-
kas » du « Sum.A.
Tags » par Situ, et ceux
du Tags A Sug par
Don A. Grub ?
Non, n’est-cv pas ?
C’est sans doute que
vous n’entendez pas le
tibétain. Dès lors vous
auriez écouté avec le
plus grand profit la sou
tenance de thèse de M.
Jacques Durr qui trai
tait hier en Sorbonne cet
épineux sujet. C’est la
première fois que sous
le portrait de Richelieu
on pouvait entendre la
langue des lamas. Les
quelque trente personnes
qui avaient le privilège
d’en profiter n’ont pas
paru très sensibles à cet
avantage !
Un jury de philolo
gues jugeait les travaux
de M. Durr : son pré
sident n e connaissait
point la langue tibé
taine. ‘ Que cela nous
console de notre igno
rance !
DU NOUVEAU
EN AUTRICHE.
L'occupation militai
re en Autriche est-elle
sur le point de prendre
fin ? Il en est fort ques
tion en ce moment par
mi les troupes qui y
participent. Elles ont dû
plusieurs fois déjà effec.
tuer leurs préparatifs de
départ, et depuis un cer
tain nombre de jours
sont soumises avec in
tensité au petit jeu des
ordres et contre-ordres
alternatifs de partir puis
de rester, ensuite de par
tir, enfin de rester, qui
dans une armée d’occu
pation précèdent tou
jours très tégulièremeni
les départs définitifs.
•
LE PORTIER-
GENTILHOMME
S’il y a bien encore,
à notre époque, des châ
teaux et des salons, il
faut aller parfois dam
les loges de concierge, ou
dans le hall des grands
hôtels pour retrouver
d'authentiques figures de
l'aristocratie. Le baron
de Caux, qui fut l’un
des plus « dandys » de
la cour de Napoléon III
et qui, malgré ses 95
ans se tient encore droit
comme un « i » est
portier dans un des rares
hôtels épargnés par lo
guerre à Boulogne-sur-
Mer. Superbe dans sa
livrée galonnée, il intro
duit les clients comme
jadis il recevait ses in
vités dans son hôtel par
ticulier. Il n est pas rare
de voir le baron de Caux
oublier un instant son
uniforme et se précipi
ter, des fleurs à la main
vers une jolie femme
dont il a connu le pèt»
ou la mère.
ressés pour discuter de la coopé
ration européenne dans le cadre
du plan Marshall. Cette initiative
d’ordre pratique vaut mieux que
des plans chimériques d’union eu
ropéenne qui ne tiennent aucun
compte des transformations poli
tiques et économiques de l'Europe
depuis 1914.
« Le Labour Party, a ajouté M.
Shinwell, désire avant tout l’union
de 'toutes les nations d'Europe.
Fous sommes donc déçus que nos
amis d’Europe Orientale n'aient
pas trouvé possible de se joindre à
nous dans le cadre du plan Mar
shall, mais la porte leur en est
toujours ouverte. N'oublions pas
que l’Europe a été hier une entité
économique et qu’elle le redevien
dra demain.
« Le fait que sans commerce
avec l’Est européen, le plan Mar
shall ne peut réussir, devrait à lui
VISAGES DE PARIS
Du temps
où les animaux
seuls étaient dressés
Dans une petite rue proche du
boulevard Saint-Germain un attrou
pement, malgré la pluie qui tombe
fine et persistante.
La foule rit, applaudit. Quels
sont ceux qui arrivent à secouer ainsi
l'apathie des Parisiens ? Ce sont des
montreurs d'animaux savants qui
promènent un cheval, une chèvre,
un chien et une échelle double.
Les pièces tombent dans le vieux
chapeau mais la recette n'est pas bien
grosse. Et les trois dresseurs se la
mentent.
« Nous avons perdu notre ours
qui est mort d'une pleurésie. Un
autre vaudrait des centaines de mille
francs.
t Nous finirons par vendre nos
animaux à des cirques, mais... nous
les aimons bien. »
Et l’homme, un peu mélancolique,
s’en va, portant la lourde échelle
sur son dos.
J. MERLIN.
TRIBUNE LIBRE DE L’ “ ORDRE DE PARIS ,f
Savants “à la page”
par Julien BENDA
Je lisais l’autre jour dans ['Ordre, à propos de
notre situation au Maroc, laquelle, paraît-il, est
parfaite du point de vue de Sirius : « Comme
l’écrivait le regretté O. Pesle, l’opinion française
est trop sensible à l’actualité, à ce que Paul Valéry
appelait le fait actuel. »
Je n’ai pas besoin de faire observer à mon
lecteur que, si Valéry appelait l’actualité le fait
actuel, il brillait par autant d’originalité que mon
concierge (je veux d’ailleurs croire qu’on nous sup
prime là un contexte qui donne quelque saveur à
cette équation) ; mais le « regretté O. Pesle »,
sans doute un savant économiste dont j’ignorais le
nom, a voulu citer un littérateur illustre, montrer
qu’il est un familier de sa pensée, chose d’autant
plus flatteuse que celle-ci passe pour n’être acces
sible qu’à quelques-uns, « au nombre desquels,
dira-t-il avec Malherbe, on me range ».
il y a là un phénomène, à cette heure,. très
général : l’application des savants (cela se voit
surtout chez les médecins) à faire savoir qu’ils
ne sont pas des manants empêtrés dans leur
science, mais des gens bien lavés, ouverts à
la littérature, voire à la plus moderne ! que,
dans tous les domaines, ils sont « à la page ».
A tout instant je lis, dans un article sur le
cancer du rein, sur la plurivalence chimique
ou sur les courants alternatifs, des « comme dit
Claudel », « comme dit Jules Romains », « comme
dit Giraudoux », plus récemment, « comme dit
Sartre », « comme dit Paul Eluard », suivis de
dictats qui n’ont généralement qu’un rapport très
lointain avec le sujet, mais dont il est évident que
celui qui les arbore pense s’octroyer par là un
titre de haute information littéraire. A charge de
revanche, d’ailleurs, nos littérateurs usant à tout
moment — proprement : abusant — de citations
de savants (Einstein et L. de Broglie donnent
beaucoup) ; aussi de philosophes (Bergson, Bache
lard, Jean Wahl), mais là avec justice, la plupart
des philosophes actuels étant surtout des littérateurs.
La prétention que je signale ici chez les savants
s affirme encore par leur manie d’introduire, dans
des études toutes techniques, des velléités littéraires,
généralement aussi piteuses qu’intempestives (je
pense aux couchers de soleil de' Paul Hazard
dans ses articles des Nouvelles littéraires et au
récent discours de réception du docteur Mondor
à l’Académie), hissant ainsi le drapeau du genre
que Montaigne nomme le « pédantesque à la
cavalière » et insufflant à leur' style un air de
légèreté qui rappelle assez bien la chorégraphie des
danses d’ours. Ces savants ne paraissent pas se
douter que Cauchy et Claude Bernard, dont la
phrase n’esayait pas d’en remontrer à Chateu-
briand ou à Flaubert, ont prouvé que le style
scientifique est capable de beauté, sans qu’il lui soit
besoin de singer le littéraire.
La cause de ce phénomène — très moderne 3
Fermât ne citait pas Chapelain, et Lavoisier ne
prétendait pas rivaliser avec Jean-Jacques Rousseau 1
— est qu'aujourd'hui les cloisons sociales sont
tombées et que les savants, qui autrefois vivaient
entre eux, formant une sorte de monastère, se sont
répandus dans le siècle, ont fréquenté les salons,
dont ils ont pris les allures mentales — se piquer
de littérature en est une éminente — dans la ter
reur, s’ils paraissaient n’avoir que l’esprit do
science, de passer pour des cuistres. Je vois mai
ce qu’ils y ont gagné.
Quant à être cité, et implicitement admiré,
comme Valéry, pour un mot qui est le néant, c’est,
pour un auteur, la consécration. Je n’aurai là gloire
que le jour où je lirai : Comme l’a dit profonde- ,
ment Julien Benda, l’agriculture manque de bru.
"Le retrait des 3.000
ou la nouvelle Anabase”!
24 année. -- N 9 133,
PRIX : 5 FRANCS
Directeur politique: Émile BURÉ
DIMANCHE et LUNDI
1er et 2 février 1948.
Lire aujourd’hul
EN 2 9 page :
Les vues d’un ancien diplomate de Weimar sur
le problème allemand, par M. NADOLNY,
ancien ambassadeur à Moscou.
En 3* page §
I3 ’ r
Vieux neuf en Allemagne^
■ ■ : bar L. LEONTIN
Les Concourt contre Sacha Guitry,
par É. VIGOUROUX,
AMOURS Aujourd’hui
INTERDITES
par René SAIVE
Selon M. Robert Verdier, du Populaire, les socialistes, au
cours de ces derniers jours, ont été guidés par un double
souci : celui de « veiller à la continuité et la stabilité de l'au
torité démocratique » et aussi celui d’ « appliquer une poli
tique conforme aux aspirations des masses^ populaires ». Il
ajoute : « Nous ne maintenons pas moins, à l’égard des lois
qui viennent d’être votées, la plupart des réserves que nous
avons faites... Les amendements que nos camarades ont fait
adopter, et la mesure de retrait des billets de cinq mille francs,
ont modifié sensiblement les premiers textes. Ils n’ont pas
fait tomber toutes nos préventions. »
L’article de M. Robert Verdier éclaire un épisode assez
confus des débats parlementaires de la semaine passée, en
fixant aussi clairement que possible la paternité de la $ ponc
tion » fiduciaire. C’était jusqu’ici un point controversé. Nous
savons maintenant que l'opération monétaire impromptu de
jeudi dernier fut le résultat d'un ultimatum socialiste. Ainsi
s’explique la valse des projets de loi, ou plutôt ce prodigieux
boogie-woogie qui prouve peut-être l’attachement passionne
de la S.F.I.O. à la formule gouvernementale actuelle mais s’ap
parente au « zazouisme » politique le plus pur.
Mais l'aveu le plus grave de M. Robert \erdier intéresse
directement l’avenir de la Troisième Force. Les réserves »
qu’il exprime à l’égard de la politique financière et écono
mique du ministère portent en germe des désaccords profonds
et peut-être insurmontables. Car il nous semble bien que ,1
porte-parole du parti socialiste condamne le programme géné
ral de MM. Schuman et Mayer, lorsqu’il se refuse « à rétablir
l’équilibre économique du pays en sacrifiant allègrement les
intérêts des travailleurs par une politique fondée exclusive
ment sur la recherche de la confiance des détenteurs de capi
taux ». Il y a’là, sans doute, quelque exagération démagogique.
Il reste que sur le problème essentiel du relèvement et plus
précisément sur les moyens de le réaliser des divergences es
sentielles se révèlent au sein de la majorité.
Nous entendons, certes, que M. Robert Verdier, effrayé
des conséquences possibles, propose « une large et loyale
confrontation des doctrines ». c’est-à-dire, en somme, l’éla
boration d’un programme acceptable par les différents élé
ments de la Troisième Force. On nous rendra cette justice que.
dès l’origine, nous avions mis eh garde le M.R.P., le Rassem
blement des gauches et le parti socialiste lui-même contre la
confusion chaleureuse de leur coalition. On avait bien voulu,
à l’époque, retenir la chaleur et nous laisser la confusion. On
s’était même gaussé gentiment de notre prétention à vouloir
mettre, selon tes saines traditions de l’agriculture, les bœufs
devant la charrue. Il parait aujourd’hui que nous avions raison.
Quoi qu’il en soit, voici la Troisième Force revenue sur
la ligne de départ qu’elle avait imprudemment franchie et
obligée de convaincre ses champions qu’une course par équipes
ne se peut gagner que si tous courent dans le même sens.
Quelles sont alors les perspectives ? Mis à part le M.R.P.
qui paraît sacrifier de bonne grâce aux nécessités du moment
et bénéficie d’ailleurs de la direction théorique des opéra
tions, les partenaires du « centrisme » sont pénétrés de
l'excellence de leurs dogmes respectifs. Autant qu’on en puisse
juger, la S.F.I.O. n’entend apostasier que sur des détails. Elle
ne le fera, au demeurant, que dans la mesure où elle occupera
au gouvernement des postes de direction. L’agitation de cer
tains de ses membres, du moins, le laisse craindre. Quant
aux radicaux, ils viennent de tenir à la salle Wagram un
« petit congrès » qui ne laisse aucun doute sur leurs inten
tions. Ils veulent avant tout préserver leur originalité : s'ils
reprouvent à la fois le gaullisme et le communisme. ils s’en
gagent résolument sur les traces de M. René Mayer et renou
vellent avec éclat leur serment de fidélité au manifeste libéral
du congrès de Nice. Ils préconisent « un rassemblement rémi-
blicain » — M. Daladier dixit — mais on discerne bien que.
dans leur esprit, ce rassemblement devra rester soumis à une
inspiration prépondérante : radicale, bien entendu.
Querelles d'écoles, querelles d’influences, querelles de per
sonnes, tout concourt, en vérité, pour maintenir la Troisième
Force dans l’état d’inorganisation qui fut, dès sa naissance, sa
caractérislique essentielle. Ayant entrepris de se battre sut
deux fronts, elle en voit un troisième se former sur ses ar
rières. Rançon d’une union fondée sur des amours interdites.
les banques
n'ouvriront pas
Aucune fièvre chez les déposants
Pourra-t-on rester dans les délais ?
La fièvre est bien tombée. Dans
les banques, hier matin, on • ne
se pressait guère plus qu'aux fins
de mois normales. Et les clients
qui, dès 8 h. 30, attendaient de
vant les grilles closes de certains
établissements du centre ne té-
mo gnaient d’aucune impatience
particulière.
Dans les agences centrales on
se bouscule de-ci de-là lin peu,
mais sans nervosité anormale, et
l’allure du débit restait satisfai
sante. Les postes-clés : paiement
des chèques, virements, avaient
été renforcés et les employés
faisaient des « extras » avec bon
ne humeur. Par contre, en maints
établissements, 1 e s bordereaux
manquaient et plus d'un dépo
sant dut repartir avec des liasses
de billets; Incidents regrettables,
mais dont il n’y a pas à s’exagérer
l’importance.
Contre-ordre dans l'après-midi
d'hier : les banques demeureront
fermées aujourd’hui. Elles pour ¬
ront ainsi mettre plus méthodi
quement en place leur dispositif.
Lundi tout sera au point.
Le marché libre
C’est également lundi que com
mencera à fonctionner le marché
libre des changes à la Bourse de
Paris. Les séances officielles s’ou
vriront à 13 h. 45 et se termine
ront à 14 h. 30. Les transactions
s’effectueront exclusivement au
comptant et les cours cotés seront
ceux du virement télégraphique.
Il n’y aura pas de cours moyen,
à tout le moins pour l’instant.
Chaque transaction devra porter
au minimum sur 2.000 dollars
U.S.A. ou 25.000 escudos portu
gais.
Le dépôt commencera lundi
matin aux heures habituelles d’ou-
verture des banques.
Quant aux opérations deman
dées par la clientèle, nota mment
(Lire la suite en troisième page.)
Pour des dates!
Il y a tout lieu de penser que seront prorogées les
dates limites fixées pour le versement des billets de
5.000 et aussi celles pour la souscription à Vemprunt
nouveau, libératoire du prélèvement
par H. BUFFANDEAU
Pour éviter les tractations aux
quelles l’échange des billets de
1545 avait donné lieu, le gouver
nement n'a donné cette fois que
deux jours, lundi et- mardi, aux
détenteurs de coupures de 5.000
francs pour en effectuer le dépôt.
L’intention est louable, mais
le délai est à la fois trop long
car de vendredi à mardi une per-,
sonne « débrouillarde » peut faire
beaucoup de choses, et un peu
brève si les pouvoirs publics veu
lent éviter à la population des
gênes parfois sérieuses.
A-t-on songé aux queues inter
minables qui vont se former dès
lundi, même si dans les établis
sements les guichets sont doublés
ou triplés ! Pendant ce temps la
ménagère ne s’occupera pas de
son ménage ou bien son mari
fera de l’ « absentéisme » forcé.
A la campagne, la situation est
encore plus complexe. Il existe,
spécialement dans les régions
ouest à population dispersée, des
écart où la radio est inconnue
faute d’électricité et ou seul
l’hebdomadaire pénètre. Y a-t-on
Les quatre raisons du “coup de semonce”
donné à G. Dimitrov par la “Pravda”
pensé? La publicité faite peut ne
toucher les intéressés que trop
tard.
Même situation dans les dépar-
taments montagneux, ou écarts,
et même bourgades, sont isolés
par les neiges. On prend plus de
précautions au moment des élec
tions.
Et puis, le paysan est méfiant
des bruits courent. Il voudrait
comprendre La brusquerie, avec
laquelle le gouvernement le
presse, ne sera pas, soyons-en
certains, le moindre sujet de
mécontentement.
Ne pourrait-on prévoir d’avance
certaines exceptions dans les cas
justifiés ?
Une seconde question est à
poser, qui est plus grave encore
L’emprunt « alternatif » sera clos
le 14 février. Or, d’ici cette date,
les remboursements auront, peut-
être, commencé mais vraisem
blablement pour des sommes né
gligeables. Les personnes qui
avaient antérieurement l’intention
et la possibilité de s’acquitter
ainsi de leur prélèvement, qui
avaient pris des dispositions pour
ce faire, vont se trouver dans
l'impossibilité de le faire.
Tout le monde ne peut pas
vendre sa récolte ou son stock,
quand il y en a, en dix jours, car
on n’est payé qu’à l’enlèvement.
Cette situation aboutit à faus
ser l’esprit de la loi sur le prélè-
ALLIANCE Jours décisifs ™ ÎÜN “™ U0ÜS
SECRÈTE pour l’unité Gandhi
anglo-américaine?
Du plan Marshall
au plan Washington
Washington, 30 janvier (Reu
ter). — On se refuse au Dépar
tement d’Etat à commenter une
information publiée par le Chicago
Tribune et selon laquelle les
Etats-Unis et la Grande-Bretagne
se seraient mis d'accord pour une
alliance secrète offensive en rap
port avec le plan Marshall.
Toutefois on a appris de Lon
dres dans la journée qu'un porte-
parole du Foreign Office avait
démenti catégoriquement cette
nouvelle.
Selon le Chicago Tribune, ce
plan, connu dans les sphères
gouvernementales sous le nom de
« plan Washington » accorderait
la part du lion à la Grande-Bre
tagne sur le plan Marshall, si en
retour la Grande-Bretagne s’en
gageait à venir en aide aux Etats-
Unis au cas où ceux-ci seraient
attaqués par la Rus ie ou déclare-
raient la guerre a la Russie.
VERS UNE NOUVELLE
AUGMENTATION
DES TARIFS
des transports parisiens
La commission mixte des
Transports qui s’est réunie à
l'Hôtel de Ville a été saisie
d’une proposition du minis
tre des Travaux publics ten
dant à une nouvelle augmen
tation des tarifs du métro
politain et de« autobus. Cette
hausse, estime le ministre,
est rendue indispensable par
les augmentations des prix
du courant électrique et du
carburant liquide.
La proposition précise que
si le billet de métro était
porté de 5 à 6 francs le défi
cit persisterait ; à 7 francs,
l'exploitation serait encore
légèrement déficitaire, et il
faudrait 8 francs pour qu'elle
devienne bénéficiaire.
Le ticket d’autobus passe
rait, lui, à 3 fr. 50 ou 4 francs
en carnets et 6 francs au
détail. Cartes hebdomadaires
et de travail avoisineraient
50 francs. Il serait égale
ment question de rétablir les
premières classes et
p. ix de 15 francs.
La décision serait
par Christian Pineau
le 10 février.
ce au
prise
avant
syndicale internationale
des Trade-Unions britanniques à la F. S. M
La crise du syndicalisme inter
national est ouverte. Elle tend
même à accélérer son rythme.
Les dissensions qui travaillent
aujourd’hui la Fédération syndi
cale mondiale ne sont certes pas
récentes. Nous avons essayé ré
cemment d’en montrer les origi-
nés lointaines. Mais de nouveaux
éléments d'appréciation viennent
d’apparaître qui sont plus que
des symptômes : des menaces
directes.
C’est la Fédération générale du
travail belge qui a mis le feu aux
poudres en avançant la convoca
tion d’une réunion générale grou
pant les syndicats des seize pays
intéressés par le plan Marshall.
Cependant des syndicats hollan
dais annonçaient leur accord avec
les grandes lignes de l’aide améri
caine à l'Europe et se déclaraient
prêts à accorder leur participa
tion à une conférence syndicale
des « seize ».
On sait d'autre part que l’Amp,
rican Fédération of Labour a, de
son côté, approuvé le principe du
plan Marshall, tout en demandant
qu’il soit instauré un contrôle
syndical sur son fonctionnement.
L’initiative belge prenait dans
ces conditions une importance de
plus en plus grande. Et sa signi
fication était d’autant plus mar
quée que la conférence syndicale
proposée débordait le cadre de la
F. S. M. Assurément certaines
Fédérations internationales, en
opposition avec la politique de la
F. S. M., avaient déjà convoqué
des assemblées qui constituaient
un signe visible de raidissement.
Mais cela n'avait rien, en soi, de
eontraire aux statuts interna
tionaux.
Ou’en serait-Il de la réunion
proposée par les syndicats belges?
La poursuite d’une telle initia-
nécessitait, au
ac-
cord des Trade-Unions britan
niques. C’est aujourd’hui chose
faite. Sous une forme nuancée
car les T.U. reprennent le projet
belge au conditionnel.
Le conseil général du Trade-
Union’s Congress vient, en effet,
de décider « de
comme libre de
une
réunion
se considérer
participer à
internationale
des syndicats — ou d’organiser
une
telle réunion
ayant
pour tâche d’étudier le plan Mars
hall ». Cette décision ne prendra
effet que si la Fédération syndi
cale mondiale ne convoque pas.
d'ici la mi-février, son
exécutif ‘pour discuter
comité
notam-
ment le programme de recons-
truction européenne. Les syndi
cats britanniques ont demandé au
bureau de la F. S. M. de répondre
avant la fin de la semaine pro
chaine. C'est un véritable ultima
tum.
Au terme de cette évolution cri
tique. la situation peut donc être
résumée ainsi :
— Ou la F. S. M. convoque
sous quinze jours son comité exé
cutif avec un ordre du jour com
portant le plan Marshall et la dis-
R. DANY.
(Lire la suite en troisième page.)
Nouvelle règlementation
de la vente de l’essence
En vue de réserver aux priori-
taires les
carburant
Commerce
suivantes
stocks amenuisés de
auto, le ministre du
a. arrêté les mesures
applicables dès le
dans la Seine, la Sei-
ne-et-Oise et la Seine-et-Marne :
un nombre limité de pompistes
sera réapprovisionné. Le carbu-
rant sera distribué contre remise
des tickets habituels et d'Une
quantité égale de « Tickets con-
tremarqués ».
La liste des - pompistes sera,
affichée chez les sous réparti
teurs, et aux préfectures des dé
partements intéressés.
Shinwell contre Bevin
Le ministre de la presse déclare
que la réussite du plan Marshall
Londres.
dépend de
Dans un discours
a été
incinéré
Cinq complices de l’assassin
sont arrêtés
MANIFESTATIONS MONSTRES
contre la secte du Maharava
La Nouvelle-Delhi. — Les ob-
sèques et l’incinération de Gan-
dhi ont revêtu ce caractère si-
multané de grandeur, de simpli-
cité qui ont marqué toute la vie
du Mahatma.
Simplicité par la modeste char-
rette tirée par les fidèles et sur
laquelle repose le corps.
Grandeur par le million d’Hin-
dons hurlant leur désespoir aux
cris de « Gandhisi Ki Jai a
(vive Gandhi).
Durant la nuit, le corps du
Mahatma avait été veillé à la,
manière hindoue et reposait sur
un lit de roses rouges autour du-
quel le sol était jonché de fleurs
apportées par les visiteurs.
La levée du corps s’est dérou-
lée en présence de lord Mount-
batten et des représentants du
corps diplomatique pendant que
les membres de l’entourage de
Gandhi chantaient les hymnes
que ce dernier appréciait et qui
constituaient la liturgie employée
au cours de ses prières quoti-
diennes.
Tête et buste nus, le corps da
Gandhi est déposé sur une sin-
(Lire l’article en troisième page?
L’armée d’aujourd’hui
utilise les sondages
par Pierre
ROCHE
Sans doute n’est-il pas trop
tard pour revenir sur l’affaire
Dimitrov. On sait que les décla
rations et la politique du prési
dent du Conseil bulgare, touchant
la formation d’une Fédération
balkanique, se sont attiré un cui
sant désaveu de La Pravda. On
a enregistré ce dé-aveu ; on n’a
généralement pas cherché à l’in-
terpréter. Peut-être vaut-il la
peine d’essayer une brève expli
cation.
1° Quel est le jeu de Moscou ?
C’est sans doute de cimenter aussi
fortement que possible un bloc
balkanique, mais à condition, si
l’on peut dire, d’employer un ci
ment économique plutôt qu’un
ciment politique. Les accords com
merciaux resserrent les liens en
tre les contractants aussi bien et
mieux que les accords militaires
ou juridiques. Et ils ont l’avan
tage d’éveiller moins de suspi-
cions ;
2° Or, l’initiative de M. Dimitrov,
précisément, en éveillait beau
coup, — trop au gré de Moscou.
Sans même parler des puissances
occidentales, que le Kremlin sem
ble décidé à ne pas heurter de
front, le projet de Fédération
balkanique avait provoqué des
réactions de mécontentement de
la part des Polonais, des Hon
grois et des Tchèques, inquiets de
voir le maréchal Tito et M. Di
mitrov s’attribuer un monopole
de direction et de prestige dans les
affaires balkaniques ;
3“ Il est permis de croire, aussi,
que ce monopole, ou même sa
simple apparence, n’avait rien qui
pût plaire aux dirigeants sovié
tiques. Si Belgrade, après la nais
sance du Kominform, devient une
Mecque, la concurrence ne de-
viendra-t-elle pas dangereuse
pour la Mecque moscovite ? Même
si elle n’est pas dangereuse, elle
risque d’être gênante : et
l’U.R.S.S. n’aime pas beaucoup
qu’on lui porte ombrage ;
4° Enfin, le Kremlin a sans
doute jugé que M. Dimitrov, dans
le langage implacable qu'il a tenu
ces jours derniers à l’adresse des
sociaux-démocrates des Etats sa
tellites, en les menaçant d’anéan-
tissement s’ils ne marchaient pas
droit, avait été trop loin. Il y a
des choses qu’on fait, mais qu’on
ne dit pas. Le silence est une des
grandes lois de la diplomatie et
de la politique soviétiques. Pour
avoir trop parlé, et trop nette
ment, le président du Conseil
bulgare méritait un coup de se
monce. Il a été donné avec éclat.
Telles, sont les raisons qu’on
peut trouver au sensationnel édi
torial de La Pravda. Quels qu’en
soient d’ailleurs les dessous il im
porte de s’en réjouir : l’attitude
prise par le porte-parole du
Kremlin ne tient à multiplier ni
les germes de défiante, ni les
causes de conflit international. Et
c’est, après tout, ce qui importe
le plus.
Claude VIVIERES.
vement en faisant disparaître
pratiquement l'option. Ce qui au
rait été prêté devra être versé
à fonds perdus sous forme d’im
pôt.
Le gouvernement a la possibi
lité de montrer qu’il joue le
« fair play » et qu’il ne s’agit pas
d'une rouerie administrative des
tinée à violer la volonté du légis
lateur. Il n’a qu’à p oroger de une
ou deux semaines la durée de la
souscription à la première tran
cha de l’emprunt en cours et, en
même temps, autoriser les sous
cripteurs à payer avec tout ou
partie des reçus nominatifs qui
leur auront été remis.
prononcé à Nottingham, M. Em
manuel Shinwell, ministre de la
Guerre. a étudié la situation euro
péenne non point tant en minis
tre du gouvernement Attlee qu’en
président de l’exécutif du Labour
Partu.
— pour les socialistes d’Europe,
a-t-il dit, le plan d’aide américai
ne est à la fois un défi qu’ils doi
vent relever et une occasion qu'ils
ne doivent pas laisser échapper.
Le Labour Party, en coopération
avec le parti S.F.I.O., a déjà pris
l’initiative de convoquer une con
férence des partis socialistes inté-
seul démontrer combien les crain
tes russes sont infondées ; la re
construction économique de l’Eu
rope occidentale ne menace pas la
sécurité soviétique, aussi long
temps que les principes socialistes
ne sont pas ignorés.
« L'Angleterre. a terminé le mi
nistre de la Guerre, a des senti
ments tout aussi amicaux aujour
d'hui envers la Russie que durant
la guerre, mais la coopération avec
le peuple russe doit être fondée
sur le ‘respect mutuel et la tolé
rance démocratique. »
Bien avant cette guerre, et mê
me déjà du temps de l’autre, on
soulignait la /lécessité qu’il y avait
de veiller au bon moral de la
troupe, et c’est en ce sens, en se
référant à ce principe, que l'on
disait du colonel qu’il devait être,
et qu’il était, le père du régiment,
mais pratiquement, ce n’était
qu’une formule vague, sans grande
portée, et à laquelle on ne prêtait
vraiment quelque attention que
lorsqu’un conflit avait éclaté.
En fait, il a fallu attendre une
époque toute récente, deux ans
environ, pour qu’il y ait dans cha
que unité des officiers spéciale
ment chargés de ces questions du
moral.
Aujourd’hui, dans chaque ré
gion militaire,, dans chaque corps,
à chaque degré de la hiérarchie
officielle, quelqu’un s’occupe de
tout ce qui peut avoir une influen
ce sur le moral des hommes.
Ce n’est plus une vaine formule
C’est quelque chose d’effectif,
quelque chose qui existe et qui
agit.
De l’échelon compagnie à l’état-
major de l’armée et au ministre,
il y a maintenant une liaison qui,
par l’intermédiaire du bataillon,
de la demi-brigade et de la ré
gion militaire dans chaque corps
l’état-major de résoudre, soit di
rectement, soit par des contacts
avec les différents bureaux (in
tendance, services médico-sociaux,
etc A les problèmes qui lui sont si
gnalés.
On a même vu le cas, il n’y a
pas longtemps, d’un rapport d’un
officier de compagnie arrivant:
jusqu’au ministre.
L’armée, cependant, n’a pas que
les officiers du moral comme sour
ces d’information.
On sait, en effet, qu’il est pos
sible. au moyen de sondages con
venablement conduits, de se faire
tune représentation très fidèle de
′ l’état d’esprit d’une collectivité en
interrogeant un nombre réduit d^
ses membres.
Le champ d’action de ses en
quêtes a d’abord été limité à l’exa
men des problèmes de la vie civi
le. ?nais au cours de la dernière
guerre les états-majors anglo-sa
xons ont entrepris de les utiliser
pour se tenir exactement au cou
rant du moral de leurs troupes.
La France y est venue elle aussi.
Les rapports rédigés par les of
ficiers du moral fournissent assu
rément de très utiles indications,
mais ils ne comportent pas d’in
dications statistiques permettant
d’évaluer de quelle façon se ré
partissent les opinions et quelle
est l’importance relative des di
vers facteurs mis en lumière.
Il y a donc intérêt à compléter
ces informations par des enquêtes
qui ne soient pas soumises aux
servitudes inévitables de l’appré
ciation personnelle.
L’échantilionnage
Le principe du sondage est da
conclure sur un ensemble après
avoir étudié une partie seulement
de cet ensemble. Le point le plus
délicat, peut-être, de l’opération
(Lire ta suite en troisième page.?
LA QUOTIDIENNE de Pierre LŒWEL
Sur la mort de Gandhi
Quelle vie et quelle mort ! Au
lendemain même du jour où, par la
seule menace de son jeûne, il obtient
des Hindous qui le vénèrent à légal
d’une divinité leur renoncement à une
lutte fratricide, le coup de revolver
d’un fanatique abat l'apôtre de la
non-résistance, et la violence se ven
ge sur ce vieillard émacié des affronts
qu’elle avait reçus de sa seule spiri
tualité.
Sur un monde qui n’a connu que
des conducteurs de peuples cyniques,
matérialistes, ayant les armes à la
main. Gandhi, le mahatma (« la
grande âme »). incarnait la puis-
sance inapaisable du non pommas
prononcé par un pape ou par un
dieu, du temps que les papes et les
dieux parlaient et agissaient. Mais
que le spectacle étonnant de ce pro
phète arrêtant les flots n’aille point
nous tromper sur le sens de sa doc
trine politique.
Pouvons -, n o u s l'avouer? Au
emps où nous croyions encore à ce
pouvoir de la civilisation occidenta
le, cette doctrine nous paraissait fort
peu louable, et notre admiration al
lait à Rabin dranath Tagore et non
à Gandhi. L’un croyait en l’union
nécessaire de l’Orient et de l’Occident
et reprenait à son compte l’immor
telle parole de Térence en procla
mant que toutes les gloires de l’hu
manité étaient siennes. L’autre, au
contraire, n’enseignait en fin de
compte qu’un nationalisme ignorant,
superstitieux, borné, qu’une doctri
ne étroite, obscurantiste et pauvre,
repliant l’Inde dans sa médiocre ci
vilisation comme dans un linceul. Et
c était au temps où Soumyendranath
Tagore, le neveu du grand Tagore.
dénonçait le gandbisme comme
asse vissant les masses hindoues aux
intrigues des prêtres, à l’autocratie
féodale, en capitalisme indigène.
Nous pensions ces choses au mo
ment où nous croyions que tous les
peuples auraient à se sauver ensemble
ou à disparaître ensemble, en un
temps où nous comparions la civi
lisation orientale avec l'occidentale.
Voilà certes ce que nous n’oserions
plus faire aujourd’hui. Nous avons
perdu le droit de parler. Nous avons
perdu le droit de donner des leçons
à quiconque. Nous avons perdu la
face.
Aux quatre coins
OFFENSI VE
DES FANTOMES
ANGLAIS
nants », fondé en An
gleterre en 1862, vient
d’être reconstitué. Les
journaux britanniques
publient le compte rendu
de nouvelles manifesta
tions, soi-disant sensa
tionnelles, attribuées aux
cavaliers sans tête, aux
femmes transparentes et
aux chiens invisibles. M.
Harry Price, un riche
Anglais, est président de
cette association. Il s’est
spécialisé dans l’étude
des fantômes et revenants
de tout acabit. Et il ne
se passe pas un jour sans
qu’il ne reçoive un abon
dant courtier lui signa-
!^nt des apparitions. Il
est aidé dans ses recher
ches par une centaine de
« bénévoles ». mais se
penche personnellement
sur les « cas » les plus
intéressants.
DU THIB ET
A LA SORBONNE
Connaissez - vous les
commentaires des « Çlo-
kas » du « Sum.A.
Tags » par Situ, et ceux
du Tags A Sug par
Don A. Grub ?
Non, n’est-cv pas ?
C’est sans doute que
vous n’entendez pas le
tibétain. Dès lors vous
auriez écouté avec le
plus grand profit la sou
tenance de thèse de M.
Jacques Durr qui trai
tait hier en Sorbonne cet
épineux sujet. C’est la
première fois que sous
le portrait de Richelieu
on pouvait entendre la
langue des lamas. Les
quelque trente personnes
qui avaient le privilège
d’en profiter n’ont pas
paru très sensibles à cet
avantage !
Un jury de philolo
gues jugeait les travaux
de M. Durr : son pré
sident n e connaissait
point la langue tibé
taine. ‘ Que cela nous
console de notre igno
rance !
DU NOUVEAU
EN AUTRICHE.
L'occupation militai
re en Autriche est-elle
sur le point de prendre
fin ? Il en est fort ques
tion en ce moment par
mi les troupes qui y
participent. Elles ont dû
plusieurs fois déjà effec.
tuer leurs préparatifs de
départ, et depuis un cer
tain nombre de jours
sont soumises avec in
tensité au petit jeu des
ordres et contre-ordres
alternatifs de partir puis
de rester, ensuite de par
tir, enfin de rester, qui
dans une armée d’occu
pation précèdent tou
jours très tégulièremeni
les départs définitifs.
•
LE PORTIER-
GENTILHOMME
S’il y a bien encore,
à notre époque, des châ
teaux et des salons, il
faut aller parfois dam
les loges de concierge, ou
dans le hall des grands
hôtels pour retrouver
d'authentiques figures de
l'aristocratie. Le baron
de Caux, qui fut l’un
des plus « dandys » de
la cour de Napoléon III
et qui, malgré ses 95
ans se tient encore droit
comme un « i » est
portier dans un des rares
hôtels épargnés par lo
guerre à Boulogne-sur-
Mer. Superbe dans sa
livrée galonnée, il intro
duit les clients comme
jadis il recevait ses in
vités dans son hôtel par
ticulier. Il n est pas rare
de voir le baron de Caux
oublier un instant son
uniforme et se précipi
ter, des fleurs à la main
vers une jolie femme
dont il a connu le pèt»
ou la mère.
ressés pour discuter de la coopé
ration européenne dans le cadre
du plan Marshall. Cette initiative
d’ordre pratique vaut mieux que
des plans chimériques d’union eu
ropéenne qui ne tiennent aucun
compte des transformations poli
tiques et économiques de l'Europe
depuis 1914.
« Le Labour Party, a ajouté M.
Shinwell, désire avant tout l’union
de 'toutes les nations d'Europe.
Fous sommes donc déçus que nos
amis d’Europe Orientale n'aient
pas trouvé possible de se joindre à
nous dans le cadre du plan Mar
shall, mais la porte leur en est
toujours ouverte. N'oublions pas
que l’Europe a été hier une entité
économique et qu’elle le redevien
dra demain.
« Le fait que sans commerce
avec l’Est européen, le plan Mar
shall ne peut réussir, devrait à lui
VISAGES DE PARIS
Du temps
où les animaux
seuls étaient dressés
Dans une petite rue proche du
boulevard Saint-Germain un attrou
pement, malgré la pluie qui tombe
fine et persistante.
La foule rit, applaudit. Quels
sont ceux qui arrivent à secouer ainsi
l'apathie des Parisiens ? Ce sont des
montreurs d'animaux savants qui
promènent un cheval, une chèvre,
un chien et une échelle double.
Les pièces tombent dans le vieux
chapeau mais la recette n'est pas bien
grosse. Et les trois dresseurs se la
mentent.
« Nous avons perdu notre ours
qui est mort d'une pleurésie. Un
autre vaudrait des centaines de mille
francs.
t Nous finirons par vendre nos
animaux à des cirques, mais... nous
les aimons bien. »
Et l’homme, un peu mélancolique,
s’en va, portant la lourde échelle
sur son dos.
J. MERLIN.
TRIBUNE LIBRE DE L’ “ ORDRE DE PARIS ,f
Savants “à la page”
par Julien BENDA
Je lisais l’autre jour dans ['Ordre, à propos de
notre situation au Maroc, laquelle, paraît-il, est
parfaite du point de vue de Sirius : « Comme
l’écrivait le regretté O. Pesle, l’opinion française
est trop sensible à l’actualité, à ce que Paul Valéry
appelait le fait actuel. »
Je n’ai pas besoin de faire observer à mon
lecteur que, si Valéry appelait l’actualité le fait
actuel, il brillait par autant d’originalité que mon
concierge (je veux d’ailleurs croire qu’on nous sup
prime là un contexte qui donne quelque saveur à
cette équation) ; mais le « regretté O. Pesle »,
sans doute un savant économiste dont j’ignorais le
nom, a voulu citer un littérateur illustre, montrer
qu’il est un familier de sa pensée, chose d’autant
plus flatteuse que celle-ci passe pour n’être acces
sible qu’à quelques-uns, « au nombre desquels,
dira-t-il avec Malherbe, on me range ».
il y a là un phénomène, à cette heure,. très
général : l’application des savants (cela se voit
surtout chez les médecins) à faire savoir qu’ils
ne sont pas des manants empêtrés dans leur
science, mais des gens bien lavés, ouverts à
la littérature, voire à la plus moderne ! que,
dans tous les domaines, ils sont « à la page ».
A tout instant je lis, dans un article sur le
cancer du rein, sur la plurivalence chimique
ou sur les courants alternatifs, des « comme dit
Claudel », « comme dit Jules Romains », « comme
dit Giraudoux », plus récemment, « comme dit
Sartre », « comme dit Paul Eluard », suivis de
dictats qui n’ont généralement qu’un rapport très
lointain avec le sujet, mais dont il est évident que
celui qui les arbore pense s’octroyer par là un
titre de haute information littéraire. A charge de
revanche, d’ailleurs, nos littérateurs usant à tout
moment — proprement : abusant — de citations
de savants (Einstein et L. de Broglie donnent
beaucoup) ; aussi de philosophes (Bergson, Bache
lard, Jean Wahl), mais là avec justice, la plupart
des philosophes actuels étant surtout des littérateurs.
La prétention que je signale ici chez les savants
s affirme encore par leur manie d’introduire, dans
des études toutes techniques, des velléités littéraires,
généralement aussi piteuses qu’intempestives (je
pense aux couchers de soleil de' Paul Hazard
dans ses articles des Nouvelles littéraires et au
récent discours de réception du docteur Mondor
à l’Académie), hissant ainsi le drapeau du genre
que Montaigne nomme le « pédantesque à la
cavalière » et insufflant à leur' style un air de
légèreté qui rappelle assez bien la chorégraphie des
danses d’ours. Ces savants ne paraissent pas se
douter que Cauchy et Claude Bernard, dont la
phrase n’esayait pas d’en remontrer à Chateu-
briand ou à Flaubert, ont prouvé que le style
scientifique est capable de beauté, sans qu’il lui soit
besoin de singer le littéraire.
La cause de ce phénomène — très moderne 3
Fermât ne citait pas Chapelain, et Lavoisier ne
prétendait pas rivaliser avec Jean-Jacques Rousseau 1
— est qu'aujourd'hui les cloisons sociales sont
tombées et que les savants, qui autrefois vivaient
entre eux, formant une sorte de monastère, se sont
répandus dans le siècle, ont fréquenté les salons,
dont ils ont pris les allures mentales — se piquer
de littérature en est une éminente — dans la ter
reur, s’ils paraissaient n’avoir que l’esprit do
science, de passer pour des cuistres. Je vois mai
ce qu’ils y ont gagné.
Quant à être cité, et implicitement admiré,
comme Valéry, pour un mot qui est le néant, c’est,
pour un auteur, la consécration. Je n’aurai là gloire
que le jour où je lirai : Comme l’a dit profonde- ,
ment Julien Benda, l’agriculture manque de bru.
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