L'adduction en eau potable : l'exemple de Paris et sa banlieue (1802-1860) 2/3
Le canal de l'Ourcq
Le canal de l'Ourcq diffère essentiellement de tous les canaux qui ont été exécutés jusqu'à présent, parce qu'il remplira en même temps les fonctions d'un aqueduc et celles d'un canal de navigation. [...] Envisagé sous le premier point de vue, le canal de l'Ourcq doit amener des eaux salubres dans la capitale.
Des réservoirs et de nouvelles fontaines sont construites dont le bassin peut servir également de lavoir. L'alimentation en eau du nord de Paris jusqu'alors peu desservi est prévu ainsi que la construction « de fontaines dans l'enceinte des hospices, des maisons de détention, bibliothèques, casernes et autres établissements auxquels les eaux de l'Ourcq pourront être délivrées gratuitement ».
Ces nouvelles fontaines sont édifiées selon un style gréco-romain et oriental « égyptien » caractéristique de l'Empire : la fontaine du château d'eau près du bassin de la Villette, conçue en 1811 par Pierre-Simon Girard lui-même est ornée de quatre couples de lions en fonte, la fontaine du Châtelet est modifiée, agrémentée par des sphinx crachant de l'eau et des palmiers ornant les chapiteaux.
Les puits artésiens
Une nouvelle solution est alors explorée avec le forage de puits artésien, celui de Grenelle, sous la Restauration, de 1833 à 1841 puis celui de Passy, au début du second Empire, de 1855 à 1861. Le forage d'un puits artésien consiste à aller chercher une couche aquifère sous pression et ainsi créer les conditions nécessaires au jaillissement de l'eau. Le puits artésien de Grenelle avec 548 mètres de profondeur est le plus profond jamais construit jusqu’alors, comme le montre la coupe géologique comparée aux tailles des principaux monuments de Paris de l'époque :
Le forage est l'occasion de mettre au point de nouvelles méthodes et outils de percement, tel le trépan, comme le rappelle E. Marzy dans son ouvrage L'Hydraulique, paru en 1883 dans la Bibliothèque des merveilles.
La colonne monumentale en fonte qui sert de débouché du puits, appelée « colonne de Breteuil », est habillée d'un escalier. La colonne est démolie en 1903, remplacée par un monument dédié à Pasteur, ce qui lui vaut une ode de Willy, mari de Colette, dans le Figaro. D'autres puits artésiens sont également construits au milieu du XIXe siècle : le puits artésien de Passy, de la place Hebert, de la Butte aux Cailles.On forait et on alésait une certaine longueur de puits ; on y descendait un premier bout de tube […] on ajustait un second bout de tube au premier, on descendait l'ensemble des deux bouts et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on eût tubé toute la partie alésée.
Pour en savoir plus :
Les Eaux de Paris dans le parcours consacré à l'histoire de Paris