Dans le style des graphistes

Dans le cadre de la refonte de Gallica, l'équipe de Gallica a fait appel à un atelier de graphistes afin de repenser l’ergonomie du site. À travers cet article inspiré du traditionnel portrait de Gallicanaute, nous vous proposons de les découvrir, ainsi que leur travail.

Stefan de Vivies et Lionel Avignon - © Hartland Villa

Pouvez-vous vous présenter ?

Hartland Villa est un atelier de création visuelle constitué de Lionel Avignon et Stefan de Vivies, directeurs artistiques-graphistes associés qui œuvrent depuis plus de 20 ans sur l’identité visuelle d’institutions culturelles en France et à l’international.

Affiches réalisées par Hartland Villa pour le Festival de Cannes, de gauche à droite en 2021, 2022, 2023 et 2024.

Ce qui nous caractérise, c’est une liberté, une spontanéité qui articule créativité plastique et rigueur typographique. À l’instar de la démarche de la BnF et de Gallica envers leurs publics, nous nous appliquons à développer une image dans une approche créative et analytique, certes ; mais dans l’attention de rester accessibles et lisibles pour le public. 

Nous œuvrons beaucoup à imaginer l’identité visuelle dans les domaines de la culture, musées (Centre Pompidou), musique (philharmonie de paris, pochettes de disques), danse, opéra, mode, et c’est aujourd’hui beaucoup autour du monde du cinéma que nous sommes identifiés, à l’image de nos collaborations avec le Festival international du film de Cannes depuis 4 ans.

Nous commençons toujours notre travail de recherche en nous appuyant sur l’histoire, l’ADN, et les problématiques très concrètes de chacun de nos commanditaires. Ainsi dans nos travaux, les réponses ne se ressemblent pas et aboutissent à des images, des illustrations, des jeux typographiques qui peuvent être très différents esthétiquement les uns des autres.

Comment avez-vous appréhendé la refonte de Gallica ?

Face à la demande de renforcer l’identité de Gallica, « fenêtre numérique » à l’intérieur de la grande BnF, nous avons d’abord tenté d’en imaginer la signature, une forme de logo. Nous avons lancé des pistes autour de ce qu’est une bibliothèque historique, numérique… Ce travail devait impérativement s’associer au logo BnF. Nous avons spontanément cherché autour de l’idée de fiches, de dépliants, de tiroirs qui s’ouvrent, d’étagères qui se déploient. Mais aussi sur l’idée de l’immensité de documents et des possibles offerts. Rendre tangible un pont entre les différentes générations et « strates » de la bibliothèque, de l’ère analogique vers l’ère numérique.

De plus, l’analyse a été faite que le site précédent reflétait désormais une image avec trop de ramifications, trop d’entrées et de confusion. Il fallait repenser le parcours de l’utilisateur dans le site et lui proposer un menu organisé et éditorialisé de manière plus claire. Le nouveau site devait tourner autour de trois éléments principaux :

D’abord l’outil de recherche est l’élément premier qui est là pour inciter à la recherche par thèmes ou par mots clés, puisque c’est là la fonction naturelle de Gallica. Il fallait lui donner la première place. Ensuite, le Blog était la partie qui vivait encore très bien, avec un « post » par jour auquel on peut s’abonner et qui se diffuse également vers les réseaux sociaux. Il nous a semblé naturel de le remettre hautement à l’honneur sur la « Home » du site. Il est devenu avec une pointe d’humour « le BloGallica ». Enfin, entre les deux, une section « l’air du temps » s’intercale et permet de mettre à l’honneur des articles liés à l’actualité, celle du monde, de la France ou encore de la BnF par exemple, comme des expositions ou l’acquisition de nouveaux documents.

Notre travail a donc été de repenser cette ergonomie de l’information et de la circulation dans le site. Il était aussi capital de penser cette navigation sur plusieurs types d’écrans, pour plusieurs types d’usages et d’usagers. L’interface sur smartphone notamment est désormais essentielle et représente une part importante des connexions. Par ailleurs, il nous est également apparu que la refonte graphique passait par plus de sobriété et par le choix d’une simple typographie identitaire, sans trop « logotyper » Gallica. Avec un caractère qui lierait patrimoine et modernité, pour s’inscrire dans l’héritage et le moment présent.

Logo final de Gallica en « Fraunces », la typographie retenue

Un document Gallica vous a-t-il particulièrement guidé dans ce travail ?

Le célèbre « J’Accuse » de Zola en une de l’Aurore est dans l’inconscient français et en constitue un parfait exemple d’inspiration.

L'Aurore, 13 janvier 1898

La typographie « Fraunces » s’est alors imposée. Elle contient l’impact que nous recherchions pour s’associer de manière claire et subtile au logo de la BnF. Elle contient la force des unes et des manchettes de journaux, de l’histoire de la presse, elle allait apporter à nos titrages le pont que nous recherchions entre des codes issus du papier appliqués ici sur le web. D’un point de vue purement technique, la Frances diffusée par Google, nous garantissait une des meilleures compatibilités possibles pour garantir un affichage fonctionnel sur tous les types de plateformes chez les usagers.

Le mot de la fin ?

Pour nous le nouveau site Gallica reflète par son graphisme un lien charnière entre édition presse et édition numérique, c’est-à-dire le pont que nous cherchions à construire entre passé et présent.