Les réécritures du Roman de Renart

Imitant la vitalité de son héros, le Roman de Renart ne cesse de surgir sous de nouvelles formes. Dès le XIIIe siècle, les réécritures du Roman redonnent à l'anti-héros insoumis de nouvelles occasions de dénoncer les vices de son temps.

Il semble impossible de mettre un point final aux aventures du goupil. À la fin du XIIIe siècle, Jacquemart Gielee reprend les mêmes personnages pour écrire une œuvre d’édification morale à la forme allégorique et symbolique, Renart le Nouvel, où Renart devient l’incarnation du Mal, maître du monde. Plus clairement polémiques et dirigées contre les Ordres Mendiants, deux autres œuvres du XIIIe siècle utilisent la forme du Roman de Renart : Renart le Bestourné de Rutebeuf (vers 1261) et le Couronnement de Renart. Au XIVe siècle, enfin, un clerc de Troyes renvoyé pour conduite scandaleuse (probablement rien de pire qu'un mariage) livre la dernière version médiévale de Renart afin de dénoncer les vices de son temps.

Dès le Moyen Âge, ses aventures ont été traduites par Heinrich der Glichesaere (Reinhart Fuchs), en italien (Rainardo e Lesengrino), en néerlandais (Van den Vos Reinaerde et Reinaerts Historie). Le filou dont l’espièglerie a profondément influencé notre histoire littéraire a su conserver les faveurs de son public. Le Roman de Renart s’illustre comme œuvre d'un rayonnement extraordinaire et inspire jusqu'au Reineke Fuchs de Goethe.