La communauté ou corporation des « maîtres jardiniers de la ville, fauxbourgs et banlieue de Paris » regroupait les « jardiniers, maraîchers et préoliers » qui fournissaient les Halles de Paris en légumes, fruits et « herbages ». Ils cultivaient d’anciens marais (d’où le terme « maraîchers ») situés dans les faubourgs et la banlieue de Paris. À quelques jours du colloque « Droit(s) et jardin », penchons-nous sur cette communauté.
Albucasis. Observations sur la nature...
Parmi les signataires figure un certain Pierre le Nostre, « probablement l’ancêtre du célèbre dessinateur de jardins » selon René de Lespinasse (Les métiers et corporations de la ville de Paris, 1886-1897). Les statuts sont publiés à son de trompe et cri public le 31 mai 1600 « en la place des Halles, au milieu du marché aux Poirées, sur le Quai de la Mégisserie et Vallée de Miserre […] ». La communauté fait imprimer ses statuts en 1697 dans un recueil qui comprend aussi les lettres patentes et toutes les ordonnances relatives au métier. Une deuxième édition est publiée en 1765 par les quatre maîtres jurés en charge de la communauté.
Paris, Jean Sauvé, 1666-1690
Avant de présenter un chef d’œuvre pour accéder à la maîtrise, il faut avoir passé quatre ans comme apprenti puis avoir servi encore deux ans comme compagnon. Les enfants de maîtres sont reçus à la maîtrise sans avoir fait de chef d’œuvre ni de compagnonnage. Quant aux veuves des maîtres, elles jouissent des privilèges de leur défunt mari « tant qu’elles se contiennent en viduité » ; les apprentis peuvent terminer leur apprentissage sous leur direction « pourvu qu’elles se mêlent du métier ». Par contre elles ne peuvent pas prendre de nouvel apprenti et doivent déléguer le commerce des marchandises à des compagnons.
Nul, s’il n’est jardinier, ne peut apporter à Paris pour les vendre « aucun concombres, melons, artichauts, herbages et autres choses dépendant du métier de jardinage » (art. 12). Seuls les bourgeois propriétaires de jardins font exception à cette règle, le mercredi et le samedi uniquement. Leurs denrées devront cependant être « visitées » par les jurés de la communauté. Si les légumes sont jugés impropres à la vente, le bourgeois s’expose à la confiscation de sa marchandise et doit verser une amende de vingt sols, pour moitié au roi et pour moitié aux jurés. Par ailleurs les revendeurs et revenderesses ne peuvent acheter « aucune chose dépendant de l’état de jardinage ailleurs qu’en ladite Halle » afin que les jurés en aient connaissance (art. 13). Les visites des jurés seront sujettes à contestation, notamment de la part des habitants du village du Roulle, qui considèrent qu’ils sont hors de leur juridiction ; ils seront déboutés en 1618 et en 1619 et devront « souffrir d’être visités quatre fois l’année », les maîtres jardiniers ne prenant pour chaque visite que dix sols tournois (p. 27-28 des statuts édités en 1765).
Traité des arbres fruitiers. T. 1, Henri-Louis Duhamel Du Monceau
de sable, à trois lis de jardin d’argent, tigés et feuillés de sinople posés deux en chef et un en pointe, et un chef d’azur chargé d’un soleil d’or.
Saint Fiacre, patron des jardiniers, 1842
Le cochon, Rembrandt, 1643