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L'histoire de la climatologie

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30 novembre 2015

Alors que s'ouvre la Conférence  des Nations-Unies sur le climat à Paris (COP21), connaître le climat passé et les conséquences de ses variations s’avère indispensable. Pour ce faire, les climatologues s’appuient sur plusieurs types d’informations, et notamment sur des documents consultables dans Gallica.

Tableau des zones ou climats physiques de l'Europe, 1843

L'intérêt pour les phénomènes climatologiques remonte à l'Antiquité. Ainsi, au IVe siècle avant Jésus-Christ, Aristote s’intéresse à la physique du climat et conçoit dans ses Météorologiques une planète constituée de quatre éléments qui interagissent : le feu, l’air, l’eau et la terre. Plus proche de nous, plusieurs historiens travaillent à reconstituer l'histoire du climat. Au XIXe siècle,  Joseph-Jean-Nicolas Fuster  (1801-1876) analyse l'évolution du climat en Gaule puis en France dans son livre Des changements dans le climat de la France : histoire de ses révolutions météorologiques  en s’appuyant sur les écrits de Cicéron, Tacite, Grégoire de Tours et sur les archives des monastères ou seigneuries. Au XXe siècle, Emmanuel Le Roy Ladurie et Emmanuel Garnier reconstituent les climats passés et analysent les conséquences de leurs variations sur  les sociétés humaines. C’est ce qu’on appelle, de façon simplifiée, la climatologie historique.

Il faut attendre le XVIIe siècle et l‘arrivée des instruments météorologiques pour disposer de véritables mesures. La Bibliothèque de l’Institut de France dispose dans ces fonds d’un des plus anciens relevés météorologiques : le manuscrit de Louis Morin, médecin, qui réalise trois ou quatre fois par jour des observations météorologiques à partir de 1665. Même si on trouve trace d’un premier réseau d’observation à Florence entre 1657 et 1667, les premiers réseaux de mesures vraiment organisés se constituent dans le courant du XVIIIe siècle, à l’initiative des médecins qui veulent relier morbidité et conditions climatiques. L’abbé Louis Cotte coordonne ce réseau pour le compte de la *Société royale de médecine, puis pour celui de la société royale d’agriculture. Il pose dans son Traité de météorologie les grands principes de la climatologie moderne, en se fondant sur des observations météorologiques de l’époque effectuées sur l’ensemble de la planète, depuis Manille jusqu’à Saint-Louis du Sénégal en passant par Mexico, Varsovie et le Spitzberg.

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Les moyennes des températures et pressions relevées sur le réseau de Louis Cotte – Extrait de son traité de météorologie

Cette initiative française n’est pas unique en Europe. L’Allemagne, par exemple, est à l’origine du réseau de la société palatine qui comprenait 39 stations, situées en Europe, au Groënland et en Amérique du Nord. Ces stations étaient toutes équipées des mêmes appareils, et conduisaient un programme d'observations unifié (mesures à 7h, 14h et 21h de temps local). Les données étaient ensuite comparées et publiées dans les Epheremerides Societatis Meteorologicae Palatinae (Éphémérides de Mannheim), dont on a douze volumes pour les années 1781 à 1792. Les troubles de la Révolution française mettent fin à ces réseaux.

Au début du XIX°,  Jean-Baptiste Lamarck  publie des annuaires météorologiques et fait des propositions pour développer la météorologie. En France, les mesures de température sont assurées dès 1797 par l'Observatoire de Paris, qui publie un Bulletin international (jusqu'en 1886). La Société météorologique de France (SMF) est fondée en 1852, qui commence la publication annuelle des annuaires météorologiques de la France, , disponibles sur le portail documentaire de Météo-France. Le service météorologique international à l’Observatoire de Paris est créé en 1854, sur une proposition d’Urbain le Verrier. Il organise un premier réseau d’observations avec des stations reliées par télégraphe afin de prévenir les tempêtes. Pour mieux appréhender le climat, il choisit en 1865 de s’appuyer sur les écoles normales d’instituteurs pour disposer de mesures dans chaque département. Les commissions météorologiques départementales sont mises en place dans la foulée. Si leur mission première est d’étudier les orages, elles publient également des bilans climatologiques, au minimum tous les ans.

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Charles-Alfred Angot(1848-1924), un des fondateurs de la climatologie moderne

A la mort d’Urbain le Verrier, le service météorologique international devient le Bureau central de la météorologie (BCM), qui reprend dans ses Annales la publication des mesures météorologiques. Un de ses directeurs,  Charles Alfred Angot (1848-1924) est considéré par Emmanuel le Roy Ladurie comme « un des pères de la climatologie moderne ». Il va rationaliser l’observation (choix des instruments, contrôle, échanges internationaux,…) et surtout commencer à réaliser des études climatologiques : il formalise dans ses traités élémentaires de météorologie la réalisation de celles-ci. Le BCM devient en 1920 l’Office national de la météorologie (ONM), puis en 1945 la Météorologie nationale, avant de devenir, en 1993, l’établissement public Météo-France. Tous les services météorologiques ont eu et ont toujours un service (ou une direction)  « climatologie » en charge de stocker les données d’observation, de les contrôler et de publier des bilans climatologiques ou des études.

Marie-Hélène Pépin, chef du service documentation, Météo-France

Pour en savoir plus :

 

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