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L'orme

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30 octobre 2023

Le feuillage des grands ormes a longtemps ombragé jardins, promenades et boulevards. Ces arbres jadis familiers des promeneurs risquent cependant de disparaître de nos paysages, en raison d’une maladie qui les menace.

Ulmus campestris Smith, dans Amédée Masclef, Atlas des plantes de France utiles, nuisibles et ornementales, t. 3, P. Klincksieck, Paris, 1891.

Les ormes appartiennent au genre Ulmus qui se distingue notamment par la forme de ses fleurs, sans pétales et rassemblées sur les rameaux en glomérules d’une couleur rougeâtre. Le fruit prend la forme d’une samare à l’aile membraneuse. Parmi les différentes espèces d’ormes, l’orme champêtre (Ulmus campestris L.) est sans doute le plus répandu.

L’orme se prête à plusieurs usages. Ses racines ont été particulièrement prisées pour leurs propriétés astringentes. L’orme, et notamment l’orme tortillard (Ulmus mediolina), est un arbre apprécié pour son bois, employé en charpenterie et en menuiserie.

François-Racine de Monville, Théâtre découvert sous un berceau de grands ormes, extrait de Jardins anglo-chinois, Paris, [G. L. Le Rouge], [entre 1775 et 1789].

L’orme est une espèce vedette de l’urbanisme : dès l’époque moderne, les ormes se sont multipliés en ville, dans les parcs ou en alignement le long des avenues, « formant d’agréables abris contre les rayons du soleil ». Cette ombre épaisse en fait également un « arbre des rêves », loué par Virgile. A l’image du chêne, l’orme peut aussi se parer des atours d’un arbre de justice et trône au centre des places des villages. Il peut atteindre une taille imposante et ne passe pas inaperçu.

Orme de 80 ans mourant de graphiose. Sites et monuments : bulletin de la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique générale de la France, avril/juin 1977, n° 78, p. 7.

Les populations d’ormes sont cependant menacées depuis plus d’un siècle par la graphiose. Cette maladie qui « massacre sans pitié » ces arbres est due au champignon  Ophiostoma ulmi, transmis par un coléoptère, le grand scolyte de l’orme. Le risque que représente cette maladie pour la survie de l’orme est rapidement pris en considération par les botanistes et autres professionnels des forêts : en 1923, le premier Congrès international pour la protection de la nature souligne l’existence de ce « péril très sérieux ».

Jules-Adolphe Chauvet, A l'orme Saint Gervais : 3e Arrondissement. 19e siècle.

Il est désormais rare de croiser un orme en ville, au détour d’un carrefour. La mémoire de ces grands arbres survit cependant dans la toponymie urbaine : nombreuses sont les mentions d’ormes ou d’ormeaux dans les noms de rues, de parcs ou d’avenues. Parmi les ormes qui peuplent les villes, certains sont entrés dans la postérité. C’est le cas de l’orme Saint-Gervais à Paris. Il est attesté qu’un orme était présent dès le Moyen Âge en face de la façade de l’église Saint-Gervais : maintes fois replanté, il est devenu un emblème du quartier et son souvenir survit aussi dans les enseignes des magasins.

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Commentaires

Soumis par Jacqva le 13/11/2023

Vu votre article dans Tela Botanica du 9 novembre.
S'il est vrai que la plus grande partie des grands ormes ont disparu, il y a au moins un endroit dans lequel ils sont nombreux. Ce lieu est à Maubeuge dans les remparts. Il y en a de toutes tailles, petits, moyens et grands, plusieurs fleurissent et libèrent leurs samares. d'autres émettent des rejets que malheureusement les jardiniers communaux coupent systématiquement. j'ai moi-même été très surpris d'en trouver autant alors que je croyais ces grands arbres disparus.

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