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L'amaryllis

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29 juillet 2024

Durant les mois d’hiver, lorsque la nature est en dormance, l’amaryllis entre en scène pour éblouir son audience. Surgissant de terre, d’énormes trompettes de fleurs blanches, roses, rouges carmin ou vermeil, s’invitent dans nos intérieurs depuis leur acclimatation il y a quelques siècles.

Nicolas Robert, Amaryllis belladona / Haemanthus coccineus 17e siècle Collection des vélins du Muséum national d’histoire naturelle, portefeuille 10, folio 43

Bien connu des amateurs de plantes d’intérieur, le nom commun amaryllis se rapporte en réalité aux genres botaniques Amaryllis et Hippeastrum, et recouvre également quelques espèces de plantes bulbeuses étrangères à ces deux ensembles. Du fait de leur ressemblance, ces différentes plantes ont longtemps été confondues, à commencer par le naturaliste Carl von Linné, qui attribua le nom Amaryllis à l’actuel Hippeastrum. Ce n’est qu’en 1987 que les deux genres ont été officiellement distingués, bien que l’usage du nom courant perdure. Les amaryllis que l’on trouve dans les boutiques de fleuristes sont des Hippeastrum parfois qualifiés d’amaryllis d’appartement. Quoi qu’il en soit, toutes ces espèces font partie de la famille des Amaryllidacées.

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Pierre-Joseph Redouté, Amaryllis longifolia, 1794
Collection des vélins du Muséum national d’histoire naturelle, portefeuille 10, folio 54

Cousines des lys, les amaryllis sont des plantes bulbeuses dont les fleurs, perchées à la cime d’une haute tige, sont remarquables par leur taille, leur forme en trompette et le parfum qu’elles exhalent.

Originaire d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, plus précisément des régions tropicales et subtropicales, le genre Hippeastrum comporte actuellement environ quatre-vingts espèces. En passant entre les mains des botanistes, les premières espèces introduites en Europe au 18e siècle ont donné naissance à de multiples variétés hybrides.

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G. Severeyns, Amaryllis Rougieri, La Maison rustique, 1882

L’Amaryllis ‘Red Lion’ (Hippeastrum « Red Lion ») figure comme l’un des plus emblématiques représentants du genre. En hiver et au début du printemps, une forte tige émerge de terre pour porter une ombelle de deux à six fleurs rouge foncé à anthères jaunes, pouvant mesurer jusqu’à quinze centimètres de diamètre. Ses feuilles disposées en lanières autour de la base ne viennent agrémenter que légèrement plus tard cette floraison qui se passe de garniture. Elle côtoie d’autres variétés hybrides comme les Amaryllis ‘Orange Sovereign’, ‘Apple Blossom’, ‘Striped’, entre autres.

Dans leurs environnements naturels, les espèces d’Hippeastrum évoluent dans des conditions très variées. Une grande partie se développe dans les sous-bois ou en pleine terre. Mais, certaines espèces telles Hippeastrum angustifolium affectionnent au contraire les aires humides et inondables, comme le sud-est du Brésil, le Paraguay et le nord-est de l’Argentine. Quelques espèces comme Hippeastrum aulicum ou Hippeastrum calyptratum sont épiphytes : elles croissent en s’accrochant à des pierres ou d’autres végétaux, sans pour autant les parasiter.

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Anonyme, Amaryllis belladona
Collection des vélins du Muséum national d’histoire naturelle, portefeuille 10, folio 44

Au contraire d’Hippeastrum, le genre Amaryllis se réduit à une seule espèce vivace, qui pousse naturellement en Afrique du Sud, l’Amarylis belladonna ou lis de Jersey. Ses différentes variétés arborent des noms de toponymes sud-africains : ‘Barbeton’, avec ses fleurs rose foncé, ‘Cape Town’, à fleurs vermeil foncé, ‘Hathor’, à fleurs blanches, ‘Johannesburg’, avec des fleurs rose pâle, ‘Kimberley’, à fleurs rose carmin avec un centre blanc.

En Europe, l’Amaryllis belladonna s’est facilement acclimatée dans les régions méditerranéennes où elle fleurit à la fin de l’été. De son bulbe rond et fibreux surgit une hampe de quatre-vingt centimètres environ. A son sommet, une quinzaine de fleurs d’un rose soutenu diffusent un parfum délicat.

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Nicolas Robert, Amaryllis sarniensis
Collection des vélins du Muséum national d’histoire naturelle, portefeuille 10, folio 45

Il faut ajouter à ces deux genres l’Amaryllis de Guernesey (Nerine sarniensis) ou encore l’Amaryllis Croix Saint-Jacques (Sprekelia formosissima).

Si les différentes parties de la plante ne peuvent être consommées en raison de leur toxicité, la fragrance d’amaryllis a servi à composer des cosmétiques, notamment des parfums.

Suivant l’exemple de Virgile dans la poésie pastorale les Bucoliques (ou Églogues), qui donna à l’un de ses personnages le nom Amaryllis, les créations artistiques des 18e et 19e siècles regorgent de références à ce nom. Dans le ballet La princesse d’Elide de Simon-Joseph Pellegrin, présenté pour la première fois par l’Académie royale de musique en 1728, Amaryllis incarne la princesse au cœur de l’intrigue. De la même manière, le personnage Amarillis donne son nom à une pastorale du compositeur André Campra. Au 19e siècle, Antoine Benoît Vigarosy choisit L’Amaryllis comme titre de son recueil de méditations, souvenirs et tableaux publié en 1837.

Le nom comme les fleurs inspirent les artistes. En peinture, l’amaryllis se décline dans l’Art Nouveau ou encore dans des tableaux d’Emil Nolde et d’Henri Matisse. Mais, c’est peut-être l’artiste Georgia O’Keeffe, en réalisant ses vues de fleurs, qui a su le mieux immortaliser l’essence des Amaryllis.

Amaryllis du Japon, Parfumerie du monde élégant, 1891

Pour aller plus loin

Plusieurs notices sur les différentes espèces du genre Hippeastrum ou sur l’espèce Amaryllis belladonna sont consultables sur le site de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN) : Hippeastrum elegans, Hippeastrum puniceum, Amaryllis belladonna.
Les collections numérisées de l’Herbier du Muséum comportent de nombreux spécimens d’Hippeastrum et d’Amaryllis belladonna.
Nathalie Barthès, Nathalie Bucsek, Sarah Lacoste et al., Plantes à bulbes, Editions Atlas, 2013.

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