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L’œuvre gravé d’Aristide Maillol (1861-1944)

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29 avril 2022

Aristide Maillol est connu pour ses sculptures. On sait moins qu’il a pratiqué d’autres techniques en déclinant parfois un même sujet dans divers procédés, dont la gravure comme le démontre l’exposition Aristide Maillol (1861-1944). La quête de l'harmonie présentée au Musée d’Orsay.

"La Vague", gravure sur bois d'Aristide Maillol, 1898

Au cours de la première partie de sa carrière, Maillol a admiré Gauguin et Puvis de Chavannes et a tissé des liens étroits avec les artistes Nabis. C’est au cours d’un séjour à Banuyls où il installa un atelier de tapisserie qu’il exécuta sa première gravure sur bois : La Vieille à la jarre (1892). Le thème du nu féminin devint rapidement son sujet de prédilection comme on peut le voir dans ses premiers bois comme Femme étendue sur une draperie (1892) où l’influence de Gauguin est manifeste. Il déclina la figure de la baigneuse en tapisserie, en peinture et en gravure dans La Vague (vers 1896).
 

 
Presque en même temps que le bois, Maillol commença à pratiquer la lithographie, dessinant sur pierre ou sur papier report. Cette technique plus libre lui permettait de traduire le modelé des corps, comme on peut le voir dans Le Concert champêtre, zincographie de style Art nouveau. Là encore, Maillol reprend en gravure un sujet traité en tapisserie.

 

Dans d’autres planches représentant des nus féminins, comme Femme de dos drapée, on perçoit l’influence de Renoir. Il utilisa cette technique pour illustrer Belle chair d’Emile Verhaeren édité par Pelletan en 1931. Ses illustrations représentent des nus féminins aux formes généreuses et se rapprochent des croquis exécutés pour ses sculptures.

 

Maillol pratiqua en effet surtout l’estampe afin d’illustrer des livres de bibliophilie. Si la Réserve des livres rares conserve des exemplaires de ces livres, des défets de plusieurs d’entre eux sont conservés au Département des estampes et de la photographie. Maillol a illustré une douzaine de livres, le  plus souvent avec des gravures sur bois, mais aussi au moyen de lithographies et d’eaux-fortes. C’est pour le compte  de son mécène, le comte Harry Kessler, que l’artiste illustra son premier livre, les Eglogues de Virgile pour la Cranach-Presse, maison d’édition qu’il a fondée. En raison des difficultés financières rencontrées par Kessler, plusieurs éditions qu’il prévoyait de faire avec Maillol ne virent pas le jour et furent reprises par d’autres éditeurs. La publication des Géorgiques de Virgile aurait ainsi dû suivre celle des Églogues, mais elle fut finalement menée à son terme en 1950 par les éditions Gonin qui publièrent avant cela Les Pastorales, ou Daphnis et Chloé de Longus (1937).

 
 

 
Maillol trouva dans l’histoire de Daphnis et Chloé matière à inspiration et l’illustra de gravures sur bois. Le Département des estampes conserve plusieurs gravures destinées à l’illustration de cet ouvrage. L’artiste resta fidèle à l’intrigue du roman de Longus, mais, il évita de figurer les scènes violentes, privilégiant les représentations bucoliques et les passages relatant les relations des deux jeunes gens.

 

Le style des gravures n’est guère différent de celui des Églogues : elles sont de format carré ou rectangulaire et gravées de manière linéaire. Selon sa méthode habituelle, Maillol commençait par dessiner son motif, avant de le reporter sur le bois, puis évidait les tracés. Le passage du dessin à la gravure le conduisait à simplifier les formes en supprimant les traits superflus. Les compositions sont centrées et montrent les personnages souvent présentés par deux, généralement sans décors. Des images de chèvres et de brebis viennent ponctuer l’ouvrage à intervalles réguliers. Dans ces gravures, Maillol ne cherche pas à recréer une imagerie antique, mais représente une Arcadie intemporelle, puisant son inspiration dans son environnement quotidien.

 
Le Livret de Folastries de Pierre de Ronsard est le seul ouvrage pour lequel Maillol a utilisé l’eau-forte pour ses illustrations. Il fut commandité par Ambroise Vollard mais ne fut édité qu’après sa mort. Le trait délicat des gravures traduit des scènes intimes rappelant les illustrations du XVIIIème siècle. Ces planches sont teintées d’érotisme : l’artiste était en effet fasciné par la représentation du couple amoureux regrettant de ne pouvoir le figurer en sculpture en raison des interdits moraux en vigueur à l’époque.
 

 
Les gravures de Maillol sont de facture classique. Elles sont restées longtemps inédites et ne furent le plus souvent publiées que des années après leur création. Si Maillol illustrateur et graveur était dans l’ombre du sculpteur, ces œuvres qui d’une ligne sobre traduisent des motifs arcadiens, permettent de saisir toute l’étendue de la création de l’artiste.

Voir aussi

Les estampes d'Aristide Maillol dans Gallica 
Les Sélections consacrées à l’estampe après 1800 dans Gallica

Pour en savoir plus 

Aristide Maillol (1861-1944). La quête de l'harmonie. Exposition au Musée d'Orsay, jusqu'au 21 août 2022
Aristide Maillol, par  Bertrand Lorquin, Genève : Skira ; Paris : Seuil, 2002
Aristide Maillol,  sous la dir. de Ursel Berger et Jörg Zutter , ​Paris : Flammarion ; Lausanne : Musée des beaux-arts, 1996

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