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Le Théâtre des cités du Monde dans Gallica

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27 mars 2019

Le Civitates orbis terrarum, Atlas de Braun et Hogenberg ou encore Théâtre des cités du Monde est le plus connu des premiers atlas de villes. Publié en six volumes pour la première fois de 1572 à 1617 à Cologne, en latin, il regroupe une incroyable collection de gravures sur cuivre.

Oenipons, sive Enipontus vulgo Inssprück, Tirolensis comitatus urbs amplissima M.D.LXXV. 1645

A ces représentations détaillées des villes et des paysages, en vue à vol d’oiseau, s’ajoutent de nombreux éléments de décors tels que des véhicules, navires, personnages en costumes d’époque et d’innombrables scènes de genre. Chacune de ces planches aux couleurs dominantes de vert pour la terre, rouge pour la cité et bleu pour l’eau sont accompagnées d’un texte explicatif.
 

 

 

Aujourd’hui, cet atlas est principalement connu sous les noms de ses deux principaux auteurs : Georg Braun (1541-1622) un ecclésiastique, qui s’est principalement occupé du texte, et Frans Hogenberg (1535-1590) illustre graveur de cette période. Néanmoins, un grand nombre de contributeurs aux nationalités diverses ont participé à l’élaboration de cet atlas. Il est possible de citer, entre autres, le graveur Simon Novellanus (1538-1590) ; l’artiste Goerg Hoefnagel (1542-1600) ; le peintre et graveur Abraham de Bruyne (1540-1587), qui a par ailleurs coloré certaines des vues du Civitates; ou encore Jacob Van Deventer (1500-1575) important cartographe de l’époque qui dessina une grande partie des villes les plus réalistes de l’atlas.
 
Il est également à noter que ce Théâtre des cités du Monde n’est pas un témoignage uniquement effectué via la vision et de l’observation des villes du XVIème siècle par Braun et Hogenberg. Ces derniers prenaient comme sources les écrits et illustrations de leurs contemporains tels que, parfois mot pour mot, Léon l’Africain (1494-1535) et sa Description de l’Afrique (1550) pour 17 villes africaines de l’atlas comme Alger, le Caire ou Alexandrie ou encore, pour ne citer que lui, Sebastian Münster (1488-1552) et sa Cosmographey (1598) pour certaines représentations comme celle de la ville de Sion.
 


Sion   Cosmographey – Sebastian Münster - 1598
 
 

L’intention était de rassembler le plus de villes possible de telle sorte que Georg Braun alors en pleine réalisation des premiers volumes encourageait ses contemporains dans ce sens :

« Je désirerais inviter aimablement celui qui ne trouve pas la ville de son père ou sa ville natale dans ces deux premiers livres, à la dessiner telle qu’elle est et à me l’envoyer, je la ferai alors graver par l’habile Franz Hogenberg, l’insérerai dans le premier ou le second livre ou la retiendrai pour le troisième livre. »
 
Rencontrant un vif succès à l’époque, le Théâtre des cités du Monde connut de nombreuses rééditions, avec notamment des ajouts de planches, ainsi qu’une traduction en langue allemande à partir de 1574 et en français dès 1575.
Possédant plusieurs exemplaires de ces planches des Civitates orbis terrarum, la Bibliothèque nationale de France a décidé de s’intéresser plus particulièrement à la version française fraichement disponible sur Gallica.
 
Il existe plusieurs éditions de cette version française de l’atlas de Braun et Hogenberg, dont peu d’exemplaires subsistent aujourd’hui. Plus rares encore ceux qui sont complets. Le département des Cartes et Plans conserve les 3 premiers volumes en français de la version de 1645, coloriés, et traduits par Jérôme Van Belle. Les planches ont été détachées des volumes à la suite d’une restauration de 1988, ce qui permet de les visualiser indépendamment les unes des autres sur Gallica.
 

L’atlas des villes de Braun et Hogenberg, déjà à caractère éducatif à l’époque, est encore aujourd’hui un outil précieux pour les historiens et les curieux, car ses estampes emplies de détails donnent au lecteur un aperçu très précis de l’économie, de la société et de la vie culturelle de l’époque.
 
Georg Braun écrivait dans l’introduction du Civitates orbis terrarum que les villes devaient être conçues de telle sorte que le spectateur "puisse regarder dans toutes les rues et les ruelles et que toutes les maisons et les places soient sous ses yeux". Il est donc temps d’aller y faire un tour, un seul clic vous sépare des plus belles villes et cités du monde.

  • Aurore Damry

Commentaires

Soumis par Alice le 06/04/2019

Billet très intéressant et atlas fascinant. Tant de merveilles réunies dans Gallica que vous nous faites découvrir chaque jour. Bravo et merci.

Soumis par Lucie le 18/07/2019

J'ai découvert cet article il y a peu. Une fois la lecture commencée, on veut tout découvrir. Bravo et merci.

Soumis par Amaury le 13/11/2022

L'aperçu du passé me fascinera toujours.
Il y a quelque chose qui me transporte, comme une histoire bien écrite.
Et le projet de base de Braun est transcendé par ces illustrations colorées.
Pouvoir regarder des villes dans une époque révolue et s'approcher un peu plus de notre passé est vraiment un privilège, le Google Street avant l'heure haha.
Plus sérieusement, merci Gallica pour cet apport culturel disponible à tous.

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