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Le Globe terrestre, dit « Globe doré »

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25 mai 2023

À la Renaissance, les navigateurs européens sillonnent le monde. Au fil des grands voyages de découverte et d’exploration, la sphéricité de la Terre se confirme, ses contours se précisent. Ce globe, dit « Globe doré », exposé jusqu’à la fin de l’été 2023 au musée de la BnF, fait la somme des savoirs géographiques anciens et des nouvelles connaissances.

Globe dit « globe doré », Nova et integra universi orbs (sic) descripsio, BnF département des Cartes et plans, GE A-333 (RES)

Tout comme les marins qui partent à l’assaut des mers, lançons-nous dans l’exploration de cette petite boule de cuivre doré d’une vingtaine de centimètres de diamètre et plongeons dans le monde tel qu’on le percevait dans les années 1530.  Et cela grâce à l’observation de détails issus de la reproduction en 3 dimensions de l’objet disponible dans la bibliothèque numérique Gallica.

Débutons notre périple en suivant les traces de Fernand de Magellan (1480-1521) qui se lance en 1519 dans la première circumnavigation et dont tout l’itinéraire est ici représenté par cette ligne fine partant du sud de la péninsule ibérique.

Le cartographe, non connu, ne se limite pas aux traits, aux formes et aux contours de l’espace représenté : il puise dans un vaste répertoire iconographique et fait la part belle aux figures fabuleuses issues des légendes antiques, des textes religieux et des récits de voyageurs. Les océans grouillent d’animaux effrayants qui surgissent des flots au passage des vaisseaux imprudents. À l’équateur, une sirène, pourvue de deux queues, entame son chant enivrant et piège les marins qui s’aventureraient trop près d’elle.

Nous poursuivons notre périple, et au sortir du détroit de Magellan, une myriade de monstres marins émerge des profondeurs aquatiques. À la croisée de l’imaginaire et des observations réelles des poissons et des cétacés de grandes tailles, ces êtres hybrides sont autant de menaces pour les navires dont nous avons ici une splendide représentation, encadrée par deux énormes baleines aux défenses de sangliers ou à la tête de chien et par un dauphin aux allures de serpent de mer, orné d’une crête de dragon.

Nous atteignons ensuite le cap de Bonne-Espérance. Au large, un monstre nous guette, aventurons-nous dans l’univers des rois, des peuples fabuleux et des animaux fantastiques tels que les voyageurs les ont décrits. Dragons et phénix s’élancent dans les airs tandis qu’un éléphant, aussi majestueux que menaçant, parcourt le continent. 

 

Sur le chemin du retour, nous dépassons le golfe de Guinée et, après nous être faufilés entre deux créatures marines, nous atteignons les îles Canaries. Portons à nouveau notre regard vers le continent et survolons le fleuve Niger, ses deltas et ses lacs, perdons-nous dans les montagnes dont les reliefs sont figurés par ces ensembles de crêtes.

Avant de rejoindre l’Europe, autorisons-nous une dernière escapade sur le continent américain. Se retrouvent les tracés d’un cartographe allemand contemporain de notre globe, Johann Schöner (1477-1547), qui fond le nord de l’Amérique et l’Asie en un seul grand bloc.

Fruit du mélange des informations données par les lettres de Hernán Cortés (1485-1547) et des souvenirs puisés dans les récits de Marco Polo, cette représentation influence toute la production cartographique des années 1530, qu’il s’agisse de ce globe dit de bois ou de la mappemonde cordiforme d’Oronce Fine (1494-1555).

Le tracé de la côte orientale de l’Amérique du Nord doit sa précision aux reconnaissances faites par Giovanni da Verrazzano (1485-1528), navigateur italien au service de François Ier. On note ainsi la mention « Terra francesca nuper lustrata » (Terre française récemment découverte) qui désigne l’actuelle Nouvelle-Angleterre.

Retrouvons le chemin de l’Amérique méridionale et notons, à côté des multiples affluents du bassin amazonien, et au-dessous d’un énorme ours, l’inscription « America inventa 1497 » référence à l’hommage fait par Martin Waldseemüller (1570-1520) au navigateur Amerigo Vespucci (1454-1512), premier Européen à conclure à l’existence de ce nouveau continent.

Achevons notre parcours au bras de cet étrange humain sans tête, dont le visage est situé au milieu du torse : représentant des Blemmyes, un peuple monstrueux du répertoire des « merveilles de l’Inde » décrit notamment par Pline L’Ancien.

 

Le globe doré figure parmi les pièces conservées par le département des Cartes et plans et présentées dans la galerie Mazarin du musée de la Bibliothèque nationale de France, aux côtés d’un globe terrestre de Vincenzo Coronelli, des feuilles du somptueux « Atlas Miller » ou encore la sphère armillaire géocentrée de Jérôme Martinot datée du début du XVIIIe siècle. Venez admirer ces œuvres, et bien d’autres, sur le site Richelieu de la BnF.

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