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Robert de Cotte, architecte du roy

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24 octobre 2019

Au cœur du deuxième arrondissement, entre la rue Richelieu et la rue Vivienne, un ancien palais princier abrite depuis trois siècles les collections de la Bibliothèque nationale de France. Découvrez l’histoire de ce site à travers des documents méconnus disponibles sur Gallica.

Profil et coupe de la partie où sont mis les globes, Agence Robert de Cotte, 1717.

Entre septembre 1721 et février 1722, l’abbé Bignon, bibliothécaire du roi, organise le déménagement des collections royales dans l’Hôtel de Nevers. Cette ancienne partie du palais Mazarin donnant sur la rue de Richelieu vient en effet d’être affectée à la Bibliothèque royale, après que le banquier écossais John Law, ci-devant propriétaire, a fait faillite et a fui le pays. Or l’Hôtel de Nevers n’est ni adapté à sa nouvelle fonction, ni en bonne état : des travaux s’imposent. Ils sont alors confiés à un certain Robert de Cotte.
 

Né en 1656, Robert de Cotte est l'un des grands architectes français dans la lignée des Mansart. Reçu en 1687 à l'Académie royale d'architecture, il en devient le directeur en 1708 et le premier architecte du roi. Elève puis beau-frère de Jules Hardouin-Mansart, il lui reste fidèle dans sa conception classique des façades, tout en faisant montre d’une liberté croissante dans l’ornementation qu’il tire vers le baroque.
 

Elévation du Château de la Samaritaine du côté du Pont neuf, Agence Robert de Cotte, dessin, 1712.
 

La longévité de Robert de Cotte lui a permis de laisser un nombre conséquent de réalisations. Certaines d’entre elles, particulièrement célèbres, sont parvenues jusqu’à nous. On peut par exemple citer la place Bellecour à Lyon, aménagée par ses soins. Elle est encore aujourd’hui la cinquième plus grande place de France. Robert de Cotte s’est également illustré dans la rénovation ou la reconstruction de plusieurs palais épiscopaux. Il donne ainsi son aspect classique au Palais du Tau à Reims, construit le Palais Rohan à Strasbourg, reconstruit le palais épiscopal de Verdun, et même les bâtiments de l’abbaye Saint-Denis.
 

Lyon, place Bellecour : projet d'élévation d'un petit corps de bâtiment sur le côté Sud de la place, Agence Robert de Cotte, dessin à la plume et encre de Chine, 1714.
 

On lui doit également de beaux hôtels particuliers dont il a réalisé les plans, comme l’Hôtel d’Estrées, actuel siège de l’ambassade de Russie, ou encore la transformation de certains lieux emblématiques. L’un des plus célèbres et des plus beaux n’est autre que l’Hôtel de la Vrillière, à deux pas de l’Hôtel de Nevers, qu’il transforme pour le comte de Toulouse, fils naturel de Louis XIV, faisant notamment redécorer la somptueuse Galerie Dorée.
 

Paris, hôtel de Toulouse : deux projets de trophées pour la porte d'entrée de la Galerie dorée, dessin d’Antoine François Vassé (1681-1736) adressé à Robert de Cotte.
 

Robert de Cotte ne démissionne de sa charge qu’en 1734, devenu quasiment aveugle, et meurt l’année suivante. L’empreinte qu’il a laissée à la Bibliothèque royale est toujours bien présente : l’aile principale de la cour d’honneur qu’il a réalisée porte son nom.
Cette partie du bâtiment nécessitait en effet un gros travail de reprise. John Law avait confié le soin à l’architecte Mollet d’édifier cette aile parallèle à l’Hôtel de Nevers, mais les travaux n’avaient pu être achevés correctement. De Cotte reprend l’intégralité de l’édifice puis ajoute derrière l’avant-corps du bâtiment neuf un « salon » destiné à recevoir les globes de Coronelli – aujourd’hui présentés dans le hall ouest du site François Mitterrand.
 
Il entreprend également la réfection de l’Hôtel de Nevers, faisant percer dix-huit portes-fenêtres au rez-de-chaussée pour le rendre utilisable et décloisonnant l’étage. Le roi a affecté 500 000 livres sur ce chantier, permettant à Robert de Cotte de transformer les lieux afin qu’ils correspondent à leur nouvelle vocation, qu’ils n’ont jamais cessé d’avoir depuis.
 
Après son retrait, la charge d’architecte du roi est reprise par Jacques V Gabriel. Ce dernier reprend les plans de Robert de Cotte et achève son projet de fermeture de la cour d’honneur avec la construction d’une petite aile au nord. Si les travaux de Labrouste ont fait disparaître la quasi-totalité de l’Hôtel de Nevers, l’aile Robert de Cotte est toujours en place. Les globes ont quitté les lieux et leur salon a laissé place à la salle ovale, cependant la galerie haute de l’étage, complétée et restaurées par Jean-Louis Pascal à la fin du XIXe siècle, présente toujours un décor raffiné dans le style XVIIIe, servant aujourd’hui d’écrin au département des Manuscrits.
 
Pour aller plus loin :
Richelieu. Quatre siècles d'histoire architecturale au cœur de Paris, dir. Aurélien Conraux, Anne-Sophie Haquin et Christine Mengin, BnF Éditions/INHA, 2017.
 

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