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Hommage à Pierre de Ronsard (1524-2024)

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23 avril 2024

1524-2024 : l’illustre poète de la Pléiade, Pierre de Ronsard, « Prince des poètes et poète des princes », né en septembre 1524 et mort le 27 décembre 1585, nous enchante depuis un demi–millénaire.

 
Par une exposition intitulée Ronsard : la trompette et la lyre, la Bibliothèque nationale avait rendu hommage en 1985 au poète mort 400 ans plus tôt, le 27 décembre 1585. Ici, nous désirons le célébrer en cette année des 500 ans de sa naissance, qui eut lieu en septembre, et non pas au printemps, où nous l’aurions symboliquement davantage attendu. Chaque année voit la mise en gloire des grands artistes et écrivains. Indubitablement, en France, cette fois, c’est le tour de Pierre de Ronsard, « Prince des poètes et poète des princes », comme on l’a beaucoup désigné.

Le plus célèbre incipit de la poésie française, une ode à Cassandre tirée des Amours (1552), a quelque peu malmené la renommée de Ronsard, mais comment ne pas l’évoquer ici ? Cette joliesse, cette tendresse ne furent pas le tout du poète ! Les places et attributs des grands auteurs sont aussi des constructions, notamment scolaires : ce « Mignonne, allons voir si la rose… » est quelque peu écrasant. Ce qui ne nous empêche pas d’être ravis par ce vocabulaire, tel que « desclose », « vesprée », « pourprée », cette musicalité, par l’effet répétitif des « las », comme si nous voyions chaque pétale tomber.
 

 
À côté de cela, moins étudiés, Les Derniers Vers – ainsi de « Je n’ai plus que les os » – ne sont pas sans nous faire réentendre François Villon. Ronsard était de tempérament assez sévère, contrairement à ce qu’on croit savoir de lui à travers ses poèmes amoureux. Sa gloire fut telle qu’il eut droit à des funérailles solennelles en février 1586, où toute la cour se pressa. Dès la même année, une première biographie voit le jour, rédigée par Claude Binet, le Discours sur la vie de Ronsard.

 
Entre ces deux pôles, quelle vie bien remplie ! Pour nombre d’entre nous, Ronsard, avec son compère Du Bellay, c’est la Pléiade : comme nous l’avions déjà résumé ailleurs, la Pléiade, appellation adoptée en 1556, après celle de la Brigade, réunit sept poètes français majeurs, soucieux de se détacher du latin et de renouveler la langue française. Les sources de leur inspiration se situent principalement dans la mythologie et les littératures grecques et latines.

La Défense et illustration de la langue française, texte militant de Joachim Du Bellay, est un coup de tonnerre dans le ciel radieux des lettres dominées alors par Marot et Saint-Gelais. La modernité, terme souvent galvaudé, éclate ici véritablement. C’est une révolution. L’alexandrin, acclimaté à la poésie française, est valorisé pour longtemps, Ronsard ayant « coupé le filet que la France avoit soubs la langue », comme l’ont dit ses pairs admirateurs, ainsi que le rapporte Pierre Villey, dans son Pierre de Ronsard, en 1914.

Bien sûr, Ronsard, c’est l’amour : sous les trois prénoms fameux de Cassandre (Salviati), bien réelle quant à elle en ses quinze ans, pour qui sont écrits Les amours et fixées les règles du sonnet, qui célèbrent aussi Marie, pour laquelle Ronsard fut bien moins platonique, d’Hélène de Surgères, qui le dédaigne, et à laquelle il fait reproche : « Quand vous serez bien vieille… », ce sont aussi tant d’autres rencontres… Ronsard, séducteur impénitent, quoique s’y cassant souvent les dents ? C’est sans doute tout le charme de la chose et la source d’inspiration la plus efficace.
 

Mais Ronsard est également le parangon du poète de cour, d’abord soutenu par Henri II, puis par Charles IX, dont il est aussi l’aumônier, puisqu’il avait reçu la tonsure en 1543, ne l’oublions pas. Temps heureux : poèmes de circonstances, organisation des fêtes royales, instruction du prince… Circonstances plus malheureuses, plus troubles : Ronsard, sous la bannière des Catholiques se révèle redoutable. Les Discours des misères de ce temps (1562), la Continuation des mêmes Discours, la Remontrance au peuple de France, montrent assez son engagement au cœur des guerres de Religion et dévoile un visage moins commun du poète. Les Protestants sont très virulents aussi à son égard par voie de libelles et pamphlets. Tous ces textes moins scolairement étudiés pourraient être passionnants, quels que soient les temps sombres à traverser.

Et puis, faites-vous donc plaisir cette année : ne manquez pas d’aller au Prieuré Saint-Cosme, que lui a offert en 1565, en guise de reconnaissance, le roi Charles IX, juste à côté de Tours, où une exposition, organisée en partenariat avec le Centre d’études Supérieures de la Renaissance, Sorbonne Université et l'Université Paris-Cité, se tiendra du 22 juin au 22 septembre 2024, dans le réfectoire des chanoines, lieu de vie et sépulture du poète. Vous pourrez rêver au poète sous des berceaux de roses qui portent son nom, sans doute la rose française la plus célèbre, créée en 1987 par la rosiériste Louisette Meilland : opulente, sensuelle, qui passe par toutes les nuances de la chair et qui sent si finement.
 

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