Le magnolia
Plante à l’histoire millénaire, le magnolia a traversé les océans pour laisser s’épanouir ses fleurs majestueuses dans les parcs et jardins européens.
Le nom de magnolia lui est donné en 1703 par Charles Plumier (1646 – 1704), botaniste de Louis XIV, en hommage à Pierre Magnol (1638 – 1715), directeur du Jardin botanique de Montpellier à la fin du XVIIe siècle. Pourtant, le magnolia est bien plus ancien puisque la structure de la plante se rapproche de celles des premières plantes à fleurs. Ainsi, des fossiles de Magnolia acuminata témoignent de l’existence de cette espèce il y a 20 millions d’années.
Le magnolia s’épanouit à l’origine en Asie et de l’est de l’Amérique du Nord jusqu’aux régions tropicales d’Amérique du Sud et centrale. Il faut attendre le XVIIIe siècle pour que les premières graines soient ramenées des Amériques par l’amiral nantais Roland-Michel Barrin de la Galissonnière. Commencent alors les aventures européennes du magnolia, dont le premier arbre de l’espèce Magnolia Grandiflora s’épanouit au domaine de la Maillardière, si l’on en croit un récit devenu légendaire. Placé sous serre à l’instar de nombreux autres arbres exotiques, ce premier plant désespère son jardinier car l’arbre se refuse à fleurir des années durant. Alors qu’il capitule et s’apprête à s’en débarrasser, son épouse suggère de le planter en pleine terre. L’arbre chétif se développe alors et donne, quelques années plus tard, d’amples fleurs qui font la renommée du domaine.
Le genre magnolia appartient à la famille des Magnoliacées. Le nombre exact d’espèces est incertain et varie, selon les sources, entre 100 et 220 espèces d’arbres. Pouvant mesurer de trois à trente mètres, le magnolia est particulièrement remarqué pour sa floraison spectaculaire. Ses grandes fleurs à coupe sont composées de six à neuf tépales - les pétales et les sépales sont indifférenciés - dont la couleur varie du blanc au rose en passant par le jaune et le pourpre. Ces fleurs solides permettent au magnolia d’accueillir des coléoptères, essentiels à sa pollinisation. Elles renferment en leur cœur des fruits en forme de cône qui contiennent des graines à tégument rouges.
Anonyme, « Magnolia Lenné » dans Revue Horticole, Paris, La Maison rustique, 1866. Hortalia.
La floraison gagne en abondance les années passant. Elle a lieu au printemps, avant les feuilles pour les espèces caduques et en été pour les espèces à feuillage persistant. Ses feuilles rappellent par leur forme ovale ou lancéolées celles du laurier. Elles mesurent de 10 à 20 cm et sont d’un vert luisant au-dessus, avec un duvet court et couleur rouille au-dessous. Arbre rustique à la longévité notoire, le magnolia résiste aussi bien au gel qu’à la pollution urbaine. Il s’épanouit particulièrement au soleil, raison pour laquelle il est apprécié comme arbre d’ornement dans les parcs et jardins.
La beauté singulière du magnolia habille également les intérieurs au tournant du XXe siècle, lorsque s’épanouit l’Art nouveau. Ses fleurs majestueuses décorent de nombreux éléments du mobilier, des luminaires aux meubles marquetés, se faisant une place de choix parmi les motifs floraux prisés des artistes. Cependant, les qualités du magnolia ne sont pas seulement esthétiques, différentes vertus thérapeutiques lui sont également attribuées. En médecine traditionnelle chinoise, son écorce a longtemps été employée comme tonique et anti-inflammatoire tandis que depuis près d’un siècle, l’huile essentielle extraite des feuilles de magnolia est utilisée pour favoriser l’apaisement nerveux et le sommeil.
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