André Citroën
Les 100 ans de Citroën (1919-2019), sont l’occasion de revenir sur l’histoire d’un homme, André Citroën, ingénieur et homme d’affaires, ainsi que sur les inventions et innovations dont il est à l’origine dans le secteur de l’automobile. Il est le fondateur de la marque aux chevrons.
Les débuts
André Citroën est né à Paris le 5 février 1878 dans une famille d’immigrés juifs hollandais. Son père, Lévi, arrivé en France en 1870, est diamantaire. Le patronyme Citroën signifie citron en néerlandais. Sa mère est d’origine polonaise. Ils sont 5 enfants. Son père se suicide lorsqu’il a 6 ans, et sa mère décède en 1898.
André fait ses études secondaires au Lycée Condorcet où il est un brillant élève. Il prend la nationalité française à sa majorité, en 1899. L’année suivante, il sort diplômé de l’Ecole polytechnique.
En 1902, il s’associe à Jacques et Paul Hinstin pour fonder l’entreprise « Citroën, Hinstin et Cie » située à Corbeil-Essonnes puis à Paris Rue Saint Denis ; elle fabrique des pièces pour les locomotives. Lors d’un séjour en Pologne, il achète à Kégresse le brevet d’exploitation de l’engrenage à double chevron qui deviendra plus tard le logo de la marque Citroën.
En 1906, il devient administrateur et directeur des véhicules Mors. Cette entreprise est une pionnière de la construction automobile entre 1895 et 1925 et elle se rend célèbre pour ses succès dans les courses automobiles. Elle fusionnera avec l’entreprise Citroën lors de sa fondation en 1919.
En 1912, Citroën fait un voyage aux Etats-Unis et y rencontre Henry Ford dont il visite les nouvelles usines de Détroit. Il observe le travail à la chaîne et l’organisation scientifique du travail (OST) théorisés par F. W. Taylor (1856-1915). Une traduction de ses écrits paraît dès 1907 dans « Revue de métallurgie » : « Etudes sur l’organisation du travail dans les usines ». Il retournera aux Etats-Unis en 1923 et 1931.
A son retour, il modernise l’entreprise Mors et la production annuelle passe de 120 voitures à 1200 voitures en 10 ans.
En 1914, il épouse Georgina Bingen, Italienne, fille de banquier. Ainsi, les relations familiales de Citroën, son réseau politique (il adhère aux républicains en 1907) et financier ainsi que d’anciens camarades de Polytechnique vont l’aider à créer son entreprise.
En 1915, Il construit une usine quai de Javel à Paris pour fabriquer des obus et participer à l’effort de guerre. Entre 1915 et 1918, il livre 24 millions d’obus. La fabrication est assurée à 80 % par des femmes surnommées les « Munitionnettes ». Attentif au bien-être de ses ouvriers et ouvrières. André Citroën, œuvre dans le domaine social en mettant à disposition des vestiaires, des sanitaires, des services médicaux, des crèches, une cantine, des magasins.
Après-guerre : l’Âge d’or (1919-1935)
En 1919, André Citroën décide de reconvertir son usine d’obus dans l’automobile. Ce qui lui sera, plus tard, reproché notamment par le journal l’Humanité.
La première voiture, la 10 HP de type A, est commercialisée en juin 1919. Sa conception est confiée à l’ingénieur Jules Salomon. Ce premier modèle est classique avec propulsion, essieux rigides, freins à câbles sur les seules roues arrière, suspension arrière et direction à boîtier. Le démarreur et l’éclairage sont électriques. Ce sera la première voiture produite en grande série. Le même moteur est utilisé par les voitures-chenilles qui servent pour les croisières et aussi pour les tracteurs. Les chenilles équipent les véhicules tout terrain. Il commence aussi à fabriquer des camions, des autobus, des tracteurs et d’autres voitures utilitaires.
En 1922, sort un autre modèle : la 5 CV de couleur jaune : « La petite citron ». Grâce à la mise en place d’un paiement à crédit, cette voiture se vend bien. Elle est présentée au XVIIe salon de l’automobile.
Dès 1921, il devient le premier constructeur automobile européen. Sa réussite, est le fruit de l’innovation, des prises de risques et d’une très bonne communication. La presse le surnomme le « Ford français » ou le « Napoléon de l’automobile ». Il veut produire vite et plus. Il pense que la consommation de masse est gage de paix pour les peuples. Sa notoriété dépasse les frontières et en 1927, l’aviateur américain, Charles Lindbergh, visite l’usine Citroën.
Pour communiquer, il utilise tous les supports pour faire de la réclame : les affiches, la presse et la radio. Il lance des nouveaux types de campagnes publicitaires. En 1922, lors du salon de l’automobile, un avion écrit Citroën dans le ciel. De 1924 à 1934, il fait illuminer la Tour Eiffel avec le nom Citroën. Il est à ce jour, le seul à avoir utilisé la Tour Eiffel comme support publicitaire. Il invente des petites autos pour les enfants.
Il crée un almanach Citroën à partir de 1932, avec des conseils pratiques et des informations touristiques. Il créée aussi son journal : « Le Citroën » distribué gratuitement.
Il fait visiter les usines de quai de Javel aux acheteurs potentiels. Il développe, dans les années 30, une politique architecturale des concessions avec l'architecte Maurice-Jacques Ravazé dans le style Art déco. Il conseille les concessionnaires dans l'agencement de leurs garages. C'est en effet grâce à ses grandes baies vitrées que les modèles de voitures sont visibles depuis la rue. A l’intérieur, des glaces montrent les modèles sous tous les angles. Le plus connu est le garage Citroën de Lyon.
Les concessions ont une triple mission : vendre, réparer et communiquer. Elles assurent le service après-vente, et la sécurité est déjà un argument de vente. En 1934, il y a 24 concessions en France.Des caravanes parcourent la France, l’Europe. Leur venue est annoncée par affiche. La voiture est encore un produit de rêve et attire la curiosité.
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