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André Citroën

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20 juillet 2020

Les 100 ans de Citroën (1919-2019), sont l’occasion de revenir sur l’histoire d’un homme, André Citroën, ingénieur et homme d’affaires, ainsi que sur les inventions et innovations dont il est à l’origine dans le secteur de l’automobile. Il est le fondateur de la marque aux chevrons.

Exposition des voitures Citroën,1925. Bibliothèque Forney

Les débuts
André Citroën est né à Paris le 5 février 1878 dans une famille d’immigrés juifs hollandais. Son père, Lévi, arrivé en France en 1870, est diamantaire. Le patronyme Citroën signifie citron en néerlandais. Sa mère est d’origine polonaise. Ils sont 5 enfants. Son père se suicide lorsqu’il a 6 ans, et sa mère décède en 1898.
André fait ses études secondaires au Lycée Condorcet où il est un brillant élève. Il prend la nationalité française à sa majorité, en 1899. L’année suivante,  il sort diplômé de l’Ecole polytechnique.
En 1902, il s’associe à Jacques et Paul Hinstin pour fonder l’entreprise « Citroën, Hinstin et Cie » située à Corbeil-Essonnes puis à Paris Rue Saint Denis ; elle fabrique des pièces pour les locomotives.  Lors d’un séjour en Pologne, il achète à Kégresse le brevet d’exploitation de l’engrenage à double chevron qui deviendra plus tard le logo de la marque Citroën.

[Camille] Jenatzy sur Mors [Grand prix de l'A. C. F. 1908, course automobile à Dieppe le 7 juillet] / [Agence Rol], 1908
 

En 1906, il devient administrateur et directeur des véhicules Mors. Cette entreprise est une pionnière de la construction automobile entre 1895 et  1925 et elle se rend célèbre pour ses succès dans les courses automobiles. Elle fusionnera avec l’entreprise Citroën lors de sa fondation en 1919.
En 1912, Citroën fait un voyage aux Etats-Unis et y rencontre Henry Ford dont il visite les nouvelles usines de Détroit. Il observe le travail à la chaîne et l’organisation scientifique du travail (OST) théorisés par F. W. Taylor (1856-1915). Une traduction de ses écrits paraît dès 1907 dans « Revue de métallurgie » : « Etudes sur l’organisation du travail dans les usines ». Il retournera aux Etats-Unis en 1923 et 1931.
A son retour, il modernise l’entreprise Mors et la production annuelle passe de 120 voitures à 1200 voitures en 10 ans.
En 1914, il épouse Georgina Bingen, Italienne, fille de banquier. Ainsi, les relations familiales de Citroën, son réseau politique (il adhère aux républicains en 1907) et financier ainsi que d’anciens camarades de Polytechnique vont l’aider à créer son entreprise.
En 1915, Il construit une usine quai de Javel à Paris pour fabriquer des obus et participer à l’effort de guerre. Entre 1915 et 1918, il livre 24 millions d’obus. La fabrication est assurée à 80 % par des femmes surnommées les « Munitionnettes ». Attentif au bien-être de ses ouvriers et ouvrières. André Citroën, œuvre dans le domaine social en mettant à disposition des vestiaires, des sanitaires, des services médicaux, des crèches, une cantine, des magasins.

Après-guerre : l’Âge d’or (1919-1935)
En 1919, André Citroën décide de reconvertir son usine d’obus dans l’automobile.  Ce qui lui sera, plus tard, reproché notamment par le journal l’Humanité.

La première voiture, la 10 HP de type A, est commercialisée en juin 1919. Sa conception est confiée à l’ingénieur Jules Salomon. Ce premier modèle est classique avec propulsion, essieux rigides, freins à câbles sur les seules roues arrière, suspension arrière et  direction à boîtier. Le démarreur et l’éclairage sont électriques. Ce sera la première voiture produite en grande série. Le même moteur est utilisé par les voitures-chenilles qui  servent pour les croisières et aussi pour les tracteurs. Les chenilles équipent les véhicules tout terrain. Il commence aussi à fabriquer des camions, des autobus, des tracteurs et d’autres voitures utilitaires.

 En 1922, sort un autre modèle : la 5 CV de couleur jaune : « La petite citron ». Grâce à la mise en place d’un paiement à crédit, cette voiture se vend bien. Elle est présentée au XVIIe salon de l’automobile.

Dès 1921, il devient le premier constructeur automobile européen. Sa réussite, est le fruit de l’innovation, des prises de risques et d’une très bonne communication. La presse le surnomme le « Ford français » ou le « Napoléon de l’automobile ».  Il veut produire vite et plus. Il pense que la consommation de masse est gage de paix pour les peuples. Sa notoriété dépasse les frontières et en 1927, l’aviateur américain, Charles Lindbergh, visite l’usine Citroën.
Pour communiquer, il utilise tous les supports pour faire de la réclame : les affiches, la presse et la radio. Il lance des nouveaux types de campagnes publicitaires. En 1922, lors du salon de l’automobile, un avion écrit Citroën dans le ciel. De 1924 à 1934, il fait illuminer la Tour Eiffel avec le nom Citroën. Il est à ce jour, le seul à avoir utilisé la Tour Eiffel comme support publicitaire. Il invente des petites autos  pour les enfants.

 
 

Il crée un almanach Citroën à partir de 1932, avec des conseils pratiques et des informations touristiques. Il créée aussi son journal : « Le Citroën » distribué gratuitement.
Il fait visiter les usines de quai de Javel aux acheteurs potentiels. Il développe, dans les années 30, une politique architecturale des concessions avec l'architecte Maurice-Jacques Ravazé dans le style Art déco. Il conseille les concessionnaires dans l'agencement de leurs garages. C'est en effet grâce à ses grandes baies vitrées que les modèles de voitures sont visibles depuis la rue. A l’intérieur, des glaces montrent les modèles sous tous les angles. Le plus connu est le garage Citroën de Lyon.
Les concessions ont une  triple mission : vendre, réparer et communiquer. Elles assurent le service après-vente, et la sécurité est déjà un argument de vente. En 1934, il y a 24 concessions en France.Des caravanes parcourent la France, l’Europe. Leur venue est annoncée par affiche. La voiture est encore un produit de rêve et attire la curiosité.

 

 

En 1933, Il fait rebâtir l’usine Javel et commence à produire la traction-avant de type 7 qui sort en octobre 1934. C’est l’ingénieur aéronautique, André Lefebvre, qui la conçoit. Elle est très innovante avec des roues avant motrice, un moteur flottant, la carrosserie en acier, une boîte de vitesse automatique. Mais les innovations sont prématurées et entraînent des problèmes techniques. La politique de l’entreprise conduit à de nombreuses grèves en 1933.
 

La Citroën "7", 1934

En décembre 1934, l’usine est en liquidation judiciaire, subissant en plus la récession économique due au krach boursier de 1929. Michelin, fabriquant de pneumatiques et principal créancier, obtient le contrôle de la société.
André Citroën, ne s’en remettra pas, il décède en juillet 1935. Les chroniques nécrologiques saluent une personnalité remarquable mais qui « avait vu trop grand » selon Ouest-Eclair du 4 juillet  1935.

 

Citroën après la mort de son fondateur
Ce sont donc les Michelin qui assurent la prospérité de l’entreprise.  L’ingénieur André Lefebvre, embauché par André Citroën en 1933, restera ingénieur en chef du bureau d'études automobiles André Citroën jusqu’en 1958. La fabrication de la traction-avant de type 15 CV s’arrête en 1955. C’est le modèle utilisé par le gang des tractions avant, groupe de malfaiteurs qui commet des braquages à partir de 1946 en Île-de-France et sur la Côte d’Azur.
André Lefebvre est aussi, en 1948, le père de la 2 CV, adoptée par plusieurs générations de Français. Petite voiture bon marché, elle a beaucoup de succès. Elle est d’abord la voiture des ouvriers, puis dans les années 60-70, les soixante-huitards se l’approprient et elle devient la voiture de la liberté. Citroën cesse sa production en 1988. Parallèlement à la 2 CV, André Lefebvre conçoit une voiture de luxe : la DS qui deviendra la voiture des présidents. Sur le plan technique, elle est à suspension hydropneumatique ce qui lui donne un certain confort aux voitures qui en sont équipées. Le système est inventé par Paul Magès et est utilisé à partir de 1955 jusqu’à 2017.

Amitié et nature, 1964

Citroën prend le contrôle de Panhard, dans le but de disposer des voitures de moyenne gamme. En 1968, il rachète Maserati pour développer les voitures de sport.
En mai 1968, Citroën est dans la tourmente. Les ouvriers de Citroën, en partie immigrés, se révoltent. Des revendications sociales et slogans apparaissent sur des affiches
Citroën ne se remet pas du choc pétrolier de 1973 et déclare faillite l’année suivante, 40 ans après la première liquidation. La société Citroën est rachetée par Peugeot S. A. en 1976 sur demande du gouvernement français. Malgré tout, la marque se maintient et innove toujours.
Depuis 1958, le Quai Javel s’appelle Quai André Citroën ; l’usine, devenue une friche depuis l’arrêt de production des voitures en 1975, a laissé la place à un parc à son nom. Ainsi la mémoire d’André Citroën perdure.
Une présentation d’ouvrages patrimoniaux est visible en Salle C jusqu’au 31 août 2020 et une bibliographie sélective est disponible en ligne.

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