Le thuya
Souvent qualifié de béton vert, le thuya constitue un élément récurrent de notre urbanisme. Appréciée pour sa robustesse, cette essence est fréquemment plantée et taillée en haie de jardin, constituant une clôture naturelle, garante d’intimité. L’herbier de Gallica vous propose de percer les secrets de cette muraille verte.
Du grec ancien tuià « offrir en sacrifice » et dérivé de thứon « bois parfumé », le genre Thuja se caractérise par sa cime pyramidale et ses branches courtes, dressées. Ses ramules, aplatis et articulés, sont recouverts de petites feuilles opposées, imbriquées « comme des écailles de poisson ». L’arbre porte à la fois des fleurs mâles et femelles. Ces cônes, appelés aussi strobiles, sont de forme allongée et composés de 8 à 12 écailles ligneuses. Appartenant à la famille des Cupressacées et à l’Ordre des Coniférales, le thuya croît spontanément en Amérique du Nord et en Asie orientale et compte plusieurs espèces.
Le thuya d’Occident (Thuja occidentalis), également nommé thuya du Canada, est très probablement la première essence d’origine américaine importée en France. C’est en 1534 que Jacques Cartier rapporte des rives du fleuve Saint-Laurent le premier pied de cet arbre lors de son expédition au Canada. Nommé « arbre de vie » par les populations indigènes locales en raison de son feuillage vert persistant, Jacques Cartier lui prête lui, à tort, des vertus médicinales, se méprenant ainsi sur le sens de son nom. L’odeur agréable de ses feuilles finit de le convaincre et le navigateur exige que soit embarqué un pied de thuya sur le trajet du retour.
Sur le bateau, ses feuilles sont données à manger aux marins souffrant du scorbut mais, celles-ci se révélant toxiques, l’arbre est finalement délaissé : il arrive intact à Saint-Malo. Et est offert par la suite au roi François Ier. Le botaniste Charles de l’Ecluse mentionne sa présence dans les jardins du château de Fontainebleau dans son ouvrage Rariorum aliquot stirpium per Hispanias observatarum historia au chapitre « De Arbore vitae ». Ne dépassant que rarement les 20 mètres de haut, son tronc plus ou moins cannelé se divise souvent en 2 ou 3 tiges secondaires. En Amérique du Nord, le thuya d’Occident est largement utilisé comme bois de construction et, à partir de ses rameaux garnis, sont même fabriqués des balais.
Le thuya d’Orient ou Biota (Thuja orientalis) est souvent considéré comme formant un genre à lui seul (Platycladus orientalis) . Originaire de Chine centrale et occidentale, son introduction en Europe est plus tardive que pour le thuya d’Occident. Le premier exemplaire connu est décrit par Linné au jardin botanique de Leyde.
En France, c’est le missionnaire Pierre Nicolas le Chéron d’Incarville, passionné de botanique et installé dans la cité impériale de Pékin depuis une dizaine d’années, qui envoie en 1753 les première graines du Thuja orientalis à l’intendant au Jardin du Roy, Georges-Louis Leclerc de Buffon. Encore aujourd’hui, il est possible d’admirer l’un des ces arbres historiques dans le Labyrinthe du Jardin des Plantes.
Le thuya d’Orient est une espèce à croissante lente, pouvant atteindre jusqu’à 10 mètres de haut. Ses cônes sont dressés et plus gros que ceux des autres thuyas, charnus et bleutés avant maturité. Depuis longtemps cultivé en Asie, le thuya d’Orient, également appelé arbre-de-vie, sert principalement d’arbre d’ornement.
Le thuya géant (Thuja plicata) est un arbre forestier à tronc droit pouvant atteindre jusqu’à 60 mètres de haut. Il est découvert en 1791 par le botaniste français Louis Née au large de la côte canadienne du Pacifique, au détroit de Nootka. Le thuya géant est très apprécié par les Amérindiens pour son écorce interne fibreuse, idéale pour la conception de totems, couvertures, vêtements et cordes.
Au XIXe siècle, il est également fait mention de l’utilisation du thuya dans la confection de meubles en France.
Aujourd’hui très apprécié dans nos jardins comme clôture naturelle, le thuya est également un refuge pour nombre d’espèces animales, qui vivent ainsi à l’abri des regards.
Commentaires
Matière médicale homeopathique
Samuel Hahnemann, le père de l’homéopathie, est parti d’un empoisonnement ou thuyas pour faire la démonstration de sa théorie : « soigner le mal par le mal ».
Ajouter un commentaire